Pourquoi dialoguer avec Marx ?

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Certains d’entre vous ont immédiatement compris ce que j’essayais de faire dans le billet précédent Où se situent les salariés, d’autres pas du tout. Je précise à l’intention de ces derniers : 1) qu’il n’y a aucun rapport entre cette discussion et une interdiction des paris sur les fluctuations de prix ; 2) qu’elle s’insère plutôt dans une réflexion sur revenus et travail, et dans le cadre encore plus général déjà esquissé dans Ce qu’il advient de l’argent qu’on gagne, à savoir « Comment faire coïncider production et consommation dans un monde où le travail est devenu une denrée rare ? »

Je découvre à cette occasion qu’il y a plusieurs avantages à comparer les arguments que je développe petit à petit avec ceux de Marx : 1) je me situe comme lui dans une perspective de « critique de l’économie politique », plutôt que de « science » économique, 2) ce qu’il a dit sur ces sujets est très familier à certains d’entre vous. Du coup, toute la discussion vient se loger dans un cadre qui me semble extrêmement fécond : critiquer la pensée de Marx, non pas en l’ignorant avec un sourire gêné, comme l’a fait depuis cent cinquante ans, la « science » économique, mais en la prenant au sérieux et en découvrant éventuellement de quelle manière elle est encore prisonnière de cette perspective bourgeoise qu’elle visait pourtant à dénoncer. Comme je l’ai dit hier dans un commentaire :

… en considérant les salaires comme « frais de production », Marx reprend à son compte la représentation « bourgeoise » du processus de production.

J’avais déjà eu l’occasion il y a quelques années de lui faire un reproche similaire à propos de la formation des prix : s’il ne comprend pas l’explication d’Aristote, c’est parce qu’il préfère une représentation « bourgeoise » en termes pseudo-physiques, à celle très politique d’Aristote, en termes de rapport de force entre acheteur et vendeur : en termes de « statut réciproque ».

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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