Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Selon un article du New York Times, les banques américaines (Goldman Sachs, JP Morgan), toujours elles, seraient responsables de l’aggravation de la dette grecque. Elles auraient consenti des prêts sous forme de produits dérivés sophistiqués afin que les dettes n’apparaissent pas dans la comptabilité nationale et que les échéances soient reportées… aux calendes grecques. En échange, la Grèce aurait gagé les revenus futurs de son trafic aéroportuaire et autoroutier et même les revenus de sa loterie nationale. Incroyable !
Oui, les banques se spécialisent dans le « loophole », la faille dans le système, et vont vendre les moyens qu’elles inventent pour détourner les règles en vigueur aux gouvernements (quand ces règles sont supranationales), comme ici la Grèce, mais surtout aux entreprises et aux particuliers. Mais il n’y a pas que les banques ! Il s’agit là aussi d’une spécialité des grandes firmes comptables : qui a oublié les démêlés en 2005 de KPMG avec la justice américaine pour avoir vendu des « packages » d’évasion fiscale fondés sur des « firmes » créées spécialement pour rassembler les pertes subies par d’autres ?
Deux leçons à tirer de cela :
Primo, on ne peut pas compter sur le milieu des affaires pour s’auto-policer, le concept lui est étranger : il va là où il y a de l’argent à faire, quitte à enfoncer ensuite pour cela – comme dans le cas de la Grèce – celui à qui il vient de « rendre service » en échange d’une somme coquette.
Secundo, les réglementations particulières contiennent toujours des failles, que quelqu’un payé pour les trouver et pour découvrir ensuite le moyen de les contourner, trouverera facilement. C’est pourquoi les grands principes d’une « moralisation » de la finance, comme l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix ne doivent pas être introduits à l’aide de réglementations ad hoc mais faire partie des articles d’une constitution pour l’économie.
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77 réponses à “La finance ne s’auto-policera pas”