Billet invité.
En tant qu’auteur de l’article que M. Jorion me fait l’honneur de citer, je souhaite, après lecture de tous ces intéressants échanges, et après avoir écouté la vidéo de M. Jorion apporter quelques petites précisions que j’espère de nature à clarifier mon propos.
1. Je n’ai jamais dit que l’article L. 211-35 du Code Monétaire et Financier datait d’une Ordonnance de janvier 2009. Cette disposition, qui écarte la sanction civile applicable aux paris, date de bien plus longtemps. La Loi sur les marchés à terme date de 1885. Et, avant même la codification des lois financières devenues « Code Monétaire et Financier », cette disposition existait déjà et a été réitérée : loi de 1885, donc, puis loi de 1991, loi de 1993 et loi de 1996. Je ne souhaiterais donc pas que le lecteur pense que cette disposition dérogatoire date de 2009, ce que je n’ai jamais dit.
2. Si vous prenez le temps de bien lire mon article, je ne porte pas de jugement moral, ni technique sur l’existence de cette disposition qui pourrait permettre à certains dérivés d’échapper aux paris financier. Après tout, nous avons la loi que nous méritons et, autoriser les « paris financiers » procède, de mon point de vue, d’un choix politique et de société.
Mon objectif, par cet article, est de mettre en lumière l’inépuisable hypocrisie de nos Politiques. Plus exactement, il y a soit de l’incompétence de la part du politique à fustiger la spéculation, alors qu’elle existe dans la loi même (!), soit de l’hypocrisie, soit très peu de considération pour la population.
Ma contrainte, dans cet article, était de critiquer la positions des Politiques sur un plan technique, pour n’être pas accusé de poujadisme. Car, en la matière, tous les Politiques condamnent la spéculation. Dès lors, les dénoncer en tant qu’hypocrites – tous – pouvait me valoir l’accusation de faire du populisme. L’argument technique est imparable. En me limitant à la loi, rien qu’à la loi, je ne peux prêter le flanc à une telle critique. Ou alors, il faudra beaucoup d’adresse à celui qui s’y essaiera.
3. Mais ce n’est pas tout : après le « il faut interdire la spéculation », voici que notre Ministre des Finances, la Dame qui voulait mettre les Français au vélo pour faire des économies d’essence (là, je suis un peu poujadiste, et ce n’est pas bien !), nous parle d’interdire les CDS ! Je vous donne rendez-vous dans une prochaine édition du quotidien La Tribune : dans l’article que j’y publierai (et dont dispose déjà La Tribune), j’adopte une démarche identique à celle utilisée dans mon article sur les paris financier : la loi, rien que la loi. Et que nous dit la loi ? Et bien qu’un OPCVM, celui que vous et moi, et la Veuve de Carpentras, souscrivons, c’est-à-dire, un produit d’épargne grand public, peut acheter des CDS.
Là encore, je ne dénonce pas l’existence des CDS (j’en ferais, au demeurant, plutôt la promotion, et je peux expliquer pourquoi). Ce que je dénonce, c’est cette capacité de nos Politiques, en l’occurrence, notre Ministre des Finances, à faire le grand écart entre des principes totalement contradictoires (et sans risque de déchirure musculaire) et de tromper le Peuple. C’est proprement insupportable.
En tout cas, je remercie chacun d’entre vous, et M. Jorion, pour l’intérêt que vous avez pu trouver à me lire.
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