L’AVENIR DU PROGRES

Le 7 février prochain, je participerai aux Entretiens de l’Institut Diderot consacrés à L’avenir du progrès. J’aimerais connaître votre sentiment avant de composer mon exposé et je vous propose comme trame pour la discussion un texte que vous connaissez peut-être déjà parce qu’il constitue l’épilogue de mon livre La crise (Fayard 2008 : 313-328).

Les tâches et les responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres

Expliquer la nature en ses propres termes

On trouve sous la plume de Schelling cette pensée merveilleuse que l’Homme est le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même. Les manifestations de cette prise de conscience ont adopté des formes diverses selon les lieux et les époques, et au sein d’une culture particulière, telle la nôtre, révèlent un processus en constante évolution. Faut-il alors reconnaître l’ensemble de ces manifestations comme également valides, la nature ayant eu autant de manières de prendre conscience d’elle-même qu’il y eut d’opinions exprimées ?

Aux débuts historiques de notre culture occidentale (la Chine est différente), un trait des représentations que l’Homme se fait de la nature et de lui–même en son sein, est que les explications produites ne parviennent pas à rester confinées dans le cadre qu’offre la nature elle–même, elles ne peuvent s’empêcher de s’en échapper constamment et invoquent un au–delà de son contexte : une mythologie d’agents inobservables et proprement « sur–naturels » La plupart des systèmes de croyance traditionnels sont de ce type, qui doivent couronner leurs chaînes explicatives par un « primus movens », un dieu introduit à un niveau arbitraire de la chaîne et censé rendre compte en dernière instance d’une famille de phénomènes liés entre eux pour des raisons essentiellement affectives.

C’est là qu’il convient de situer le critère de qualité minimum que doit présenter une conscience de la nature par elle–même : qu’elle trouve à se déployer entièrement au sein de son propre cadre, sans aucun débordement. La distinction est simple et permet d’écarter une multitude de tentatives ne présentant sur le plan conceptuel qu’un intérêt « documentaire » – même si elles jouèrent un rôle primordial dramatique dans l’histoire de la race humaine.

La pensée chinoise traditionnelle (essentiellement athée) a accompli cette tâche et, au sein de notre tradition, Aristote est le premier qui réussit cette gageure en proposant un système complet, composé d’une part d’observations empiriques de la nature, et d’autre part de « raisonnements » fondés sur celles–ci. Avec la philosophie d’abord, puis avec la « philosophie naturelle » qu’offre la science ensuite, des représentations de la nature sont produites qui ne requièrent rien d’autre comme termes d’un raisonnement, que sa décomposition en ses éléments et la description de l’interaction de ceux–ci à différents niveaux d’agrégation.

Le raisonnement, c’est évidemment pour Aristote, la faculté d’engendrer le syllogisme, c’est-à-dire, la possibilité d’associer deux concepts par le truchement d’un troisième – le moyen terme – auquel chacun d’eux est lié. La Raison s’assimile à la puissance du syllogisme d’étendre par ce moyen la « sphère d’influence conceptuelle » de chaque terme de proche en proche, de syllogisme en syllogisme, de manière potentiellement infinie. Ce pouvoir, c’est celui d’exporter une certitude acquise au–delà de son cercle immédiat. C’est dans la prise de conscience de la puissance du syllogisme par Socrate, Platon et Aristote mais aussi par leurs adversaires sophistes, Protagoras et Gorgias, que réside le miracle grec : la capacité d’expliquer la nature en ses propres termes.

Le moyen que la nature s’est offerte pour se surpasser

Notre espèce est, il faut bien le dire, mauvaise et agressive. Mal protégée dans son corps, elle n’a dû qu’à sa prédisposition à la rage de survivre aux affronts de la nature dont elle est une part mais qui aussi, l’entoure, et comme pour toute autre espèce, l’assiège. Les débuts de notre prise de conscience de la place qui est la nôtre au sein de ce monde, furent caractérisés par notre déni de cette hostilité de la nature envers nous. Les agents surnaturels que nous avons invoqués au fil des âges, dans nos religions et dans nos superstitions communes, nous permirent de construire l’image d’une nature beaucoup plus aimable à notre égard qu’elle ne l’est en réalité. En faisant intervenir dans nos explications des dieux créateurs du monde et des anges secourables, nous avons transformé les éléments qui provoquaient à juste titre notre frayeur en innocents trompe–l’oeils masquant un réel bienveillant existant au–delà des apparences. Ainsi, l’activité invisible de divers esprits signifie que la mortalité n’est qu’une illusion derrière laquelle se cache l’immortalité véritable, l’injustice mondaine cache la réalité de la justice divine, et ainsi de suite.

Ceci dit, il y eut à toutes les époques et en tous lieux, des esprits forts qui ne mirent pas tous leurs oeufs dans le même panier épistémologique et ne se contentèrent pas de consolations méta–physiques obtenues dans un univers parallèle et cherchèrent à éliminer notre inquiétude en s’attaquant de manière directe aux causes de nos frayeurs, à savoir en améliorant le monde tel qu’il nous a été offert. Et si ce monde est aujourd’hui vivable, tolérable, c’est bien parce que nous l’avons rendu tel par nos propres moyens et par eux seuls. Qu’un résultat partiel ait pu être obtenu est d’autant plus surprenant que notre hostilité à l’égard de nos congénères a toujours été extrême et que, comme l’avait déjà bien perçu l’anthropologue Johann Friedrich Blumenbach (1752–1840), nous avons été forcés, à l’instar de ce que nous avons imposé à de nombreuses espèces animales et à de nombreux végétaux, de nous domestiquer nous–mêmes à l’échelle de l’espèce tout entière.

Quelques milliers d’années plus tard, l’Homme assume aujourd’hui la place de ces agents surnaturels qu’il avait d’abord fantasmés : il s’est petit à petit, et avec une vitesse sans cesse croissante, glissé à la place où il avait d’abord situé ces esprits sans qui il s’était imaginé être incapable de vivre. Est–ce à dire qu’il est devenu par là démiurge lui–même ? Non, parce que la nature de ce dieu créateur était d’être un esprit, c’est–à–dire une fiction. Mais l’Homme est advenu lui–même à la place où il avait situé ces agents surnaturels. Or les actes secourables que ceux–ci produisaient sur le mode du miracle, il les produit aujourd’hui lui–même en guidant la nature vers la solution de ses propres problèmes. Ce faisant, il force par son industrie la nature à se dépasser. L’Homme n’est pas tellement, comme le voulait Schelling, le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même que celui qu’elle s’est donnée pour se surpasser.

Le dessein intelligent

L’Homme permet à la nature de se surpasser de multiples manières. Il ne s’agit pas pour lui d’infléchir les lois naturelles mais de subvertir les conditions dans lesquelles elles opèrent lorsqu’elles sont laissées à elles–mêmes, en l’absence de sa propre interférence.

L’Homme a d’abord transcendé sa propre essence en échappant à l’emprise de l’attraction terrestre. Non pas comme l’oiseau qui découvre par le vol un autre continent et qui, malgré le caractère exceptionnel de cet exploit, reste fidèle à sa propre essence, mais en échappant à l’inéluctabilité de son environnement qui veut que tout corps est attiré vers le bas sur la planète où il est né. L’Homme a découvert par le calcul qu’une vitesse supérieure à 11,2 kilomètres par seconde permet de neutraliser la gravitation universelle telle qu’elle s’exerce sur la Terre ; il a ensuite construit la machine qui lui permet de réaliser cet exploit. L’Homme est désormais prêt à coloniser d’autres planètes, voire d’autres systèmes stellaires.

Un thème qui fut à la mode il y a quelques années fut celui de notre capacité nouvellement acquise à détruire un astéroïde mortel se dirigeant vers nous. Lorsque ces armes auront trouvé ainsi leur authentique destination, l’ironie apparaîtra en pleine lumière du fait que nous les avions conçues d’abord pour nos guerres intestines. C’est notre méchanceté à l’égard de nous–mêmes qui en avait constitué le motif initial. Quoi qu’il en soi, nous avons cessé désormais d’être une simple moisissure à la surface d’une planète pour être l’agent qui fait échapper celle-ci à son propre destin naturel.

De même, l’Homme a découvert par l’expérimentation que les êtres vivants sont déterminés dans leur anatomie et leur physiologie par un code inscrit au coeur de la cellule ; il a ensuite mis au point les techniques qui lui permettent de manipuler le génome et de redéfinir ce qui caractérise une espèce, assignant ainsi aux individus comme au phylum tout entier, une nouvelle destinée. Ces techniques lui ouvrent la voie vers son immortalité potentielle. L’animal, en raison de sa prudence, pourrait vivre indéfiniment, et c’est pourquoi sa mort – au contraire de celle de l’arbre – est inscrite dans son génome. L’Homme mourra toujours, bien entendu, mais comme l’arbre dont la mort n’est pas programmée : à l’instar d’une planète, sa vie est celle d’un compromis entre les influences qu’il subit et il finit par mourir accidentellement lorsque l’action d’autres corps sur lui supprime les conditions de sa perpétuation. L’Homme sera comme l’arbre qui meurt pour avoir été frappé par la foudre ou en s’effondrant sous son propre poids. Comme l’avait déjà compris Hegel, l’intelligence de la nature est de trois ordres :

  1. mécanique : le mouvement de corps indifférents les uns aux autres et qui se fracassent l’un contre l’autre s’il arrive à leur trajectoire de se croiser,
  2. chimique : les corps sont attirés ou repoussés les uns par les autres et leur combinaison débouche sur des composés aux propriétés originales,
  3. biologique : des corps organisés qui ne sont pas indifférents les uns aux autres anticipent leurs comportements mutuels. L’animal connaît lui aussi l’attirance et la répulsion, mais celle-ci n’est plus fondée comme pour la molécule sur une réactivité immédiate mais sur une anticipation de ce qui se passerait si l’attirance conduisait au contact qui pourrait s’avérer maléfique, ou au contraire si la répulsion interdisait un contact qui pourrait s’avérer bénéfique. Comme l’anticipation modifie le comportement et que cette modification est d’abord perçue puis anticipée par les autres créatures en interaction, les rapports entre animaux ne cessent de se complexifier avec le temps. Ainsi, l’escalade entre espèces qui se livrent la guerre et perfectionnent les moyens d’attaque et de défense, au fil des générations. (Hegel [1817/1830] 1987 : § 192 – § 298)

A cela, l’Homme a ajouté un quatrième niveau : le dessein intelligent, absent de la nature, et qui tire parti de l’analogie. Ce qui caractérise l’intelligence humaine, c’est sa capacité à l’analogie, son talent à reconnaître des formes semblables dans des phénomènes distincts, et ceci en dépit de la nécessité d’opérer souvent cette reconnaissance à un niveau d’abstraction très élevé. La nature, avant qu’elle ne prenne la forme de l’Homme, s’est révélée incapable de tirer parti de l’analogie : elle a dû se contenter de progresser en creusant des chenaux divergeant en différents branchements mais qui demeurent irrévocablement indépendants, privés de la capacité de se féconder mutuellement. Elle est obligée dans chaque cas de réinventer entièrement la solution du problème, de la forme la plus simple jusqu’à son expression la plus complexe, quitte à retomber alors, par la convergence, sur une solution unique et déjà découverte par ailleurs. Ainsi, l’oeil du poulpe, un mollusque céphalopode, est proche de celui des mammifères les plus évolués mais sans qu’il y ait eu emprunt d’une lignée vers l’autre : les phylogenèses qui conduisent à l’un et à l’autre ne se sont jamais rejointes. Chacune de ces évolutions résulte de ses propres contraintes, le résultat seulement d’une sélection naturelle due aux interactions des individus appartenant à l’espèce avec leur environnement et non à une dynamique interne – si ce n’est celle de l’ordre du ratage que constitue la mutation.

L’Homme, au contraire, fertilise des inventions parallèles en croisant leurs destins : il recycle les bonnes idées dans un produit qui en opère la synthèse ; ainsi, dans l’invention du saxophone à partir de la clarinette : divers inventeurs s’engagèrent dans des voies divergentes mais n’hésitèrent jamais à emprunter pour leurs perfectionnements ultérieurs des bouts de solution découverts par des rivaux ; dans la forme finale que prit l’instrument, diverses approches furent combinées, réconciliées. Si l’Homme permet à la nature de se surpasser, c’est qu’il est seul capable de ce dessein intelligent. L’Homme est aujourd’hui démiurgique, créature créatrice mais au sein–même de la nature, non dans son extériorité comme le serait au contraire un agent sur–naturel. Les apparences nous suggèrent qu’il est seul à disposer de cette capacité : d’autres créatures en disposent peut-être ailleurs ou au sein de ces univers parallèles dont nous parlent les physiciens, mais de cela nous n’en savons rien. Aussi, quand je dis l’Homme, je pense également à toutes les espèces qui auraient pu atteindre ce niveau de surpassement de la nature telle qu’elle leur était offerte.

Le dépassement de la nature par l’Homme n’a pas encore eu lieu dans la sphère économique

L’Homme est la conscience de la nature. Par la technologie et par le dessein intelligent qui le caractérisent et où il fait se rejoindre et se féconder réciproquement des lignées d’inventions indépendantes, l’Homme surpasse les lois de la nature telles qu’elles lui ont été offertes au moment où il apparaît dans l’histoire du monde. C’est par sa propre industrie qu’il a aidé la nature à se surpasser en forçant ses lois à se subvertir au sein d’un environnement localisé où il les a convoquées. La médecine a surpassé la nature livrée à elle–même quand elle pénètre au sein de la cellule et subvertit l’essence des espèces et du coup, leur destin. La rationalité engendre dans la technologie le dessein intelligent – absent de la nature dans sa créativité spontanée telle qu’en elle–même.

De ce point de vue, et parmi les institutions humaines, l’économie est une exception anachronique parce que son mécanisme, celui du système aujourd’hui quasi–hégémonique du capitalisme, existe sous la forme primitive, brute, de la nature non surpassée par l’Homme, à savoir, celle de la sélection par la concurrence absolue des espèces comme des individus et leur tri par l’élimination des plus faibles. Le prix qui établit l’étalon des rapports marchands se constitue à la frontière que détermine le rapport de forces, non pas, comme on l’imagine le plus souvent aujourd’hui, entre des quantités abstraites, mais entre les groupes concrets des acheteurs et des vendeurs, tous également situés au sein d’une hiérarchie cautionnée par un système politique. Ceci, Aristote le savait déjà. En finance, le statut d’acheteur ou de vendeur peut s’inverser rapidement pour un agent particulier sans que ceci ne remette en question la détermination sociale du prix par un rapport de forces.

Au sein de l’économie donc, l’empreinte de l’Homme n’est pas encore visible et la nature y agit sous sa forme brute et brutale : au sein de cette sphère, l’Homme n’a pas surpassé jusqu’ici la nature telle qu’il y est soumis simplement en tant qu’être naturel.

L’Homme a sans doute progressé sur le plan politique, comme en témoigne la croissance dans la taille des groupes au sein desquels il a vécu au fil des âges. Les sociétés de chasseurs–cueilleurs étaient constituées de bandes, les « hordes » des anciens auteurs, comptant une cinquantaine d’individus. Aujourd’hui les États réunissent plusieurs centaines de millions de nationaux mais dans un climat qui encourage et continue d’entretenir l’agressivité de l’homme envers l’homme, contre quoi les sociétés ont dû lutter pour arriver à constituer des ensembles de la taille qu’on leur connaît aujourd’hui.

Contrairement à ce qui s’observe pour l’organisation politique, ou avec les techniques qui permettent à l’Homme aussi bien d’échapper à sa planète, qu’à toucher du doigt l’immortalité de son corps, l’économie reste encore entièrement à domestiquer. C’est pourquoi, vouloir situer le marché au centre de la société, et prôner qu’elle s’organise à son exemple, revient en réalité à proposer que les sociétés humaines fonctionnent sur le modèle de la nature à l’exception de l’Homme, en faisant fi de ce qu’il a introduit au sein de la nature comme les moyens pour elle de se surpasser. Autrement dit, c’est retourner d’intention délibérée à l’« état de nature » où, comme l’a observé Hobbes, l’Homme est un loup pour l’Homme. C’est en réponse à Hobbes que Rousseau imagine une époque, qu’il appelle « l’âge des cabanes », âge d’un Homme naturel miraculeusement abstrait des rigueurs des lois naturelles, époque qui précède la guerre de tous contre tous parce que la source de l’agressivité y est encore absente, parce que le marché n’y est pas encore au centre des institutions, parce qu’en ces temps édéniques, nul n’a encore prononcé les paroles qui suffiront à faire d’un agneau, un loup : « Ceci est à moi ! »

Le modèle capitaliste de l’économie – contenu par des rambardes que l’État construit autour de lui – n’est donc autre que celui, darwinien, de la sélection par la concurrence, celui qui règne dans la nature livrée à elle–même. À l’instar des espèces, qui sont toutes par nature opportunistes et colonisatrices dans les limites que leur impose leur environnement, les entreprises n’ont d’autre rationalité que leur tendance à enfler indéfiniment. Des équilibres provisoires et partiels s’établissent cependant, dont le seul ressort est l’agression, comme au sein de la nature en général, tel celui du système prédateur–proie. Les tentatives d’imposer à l’économie un autre ordre que l’ordre naturel se sont limitées jusqu’ici à vouloir y transposer le modèle étatique ; ces tentatives ont été au mieux peu convaincantes et au pire désastreuses. Un nouveau modèle, non inscrit dans la nature avant l’Homme, devra cependant être découvert car, même si l’on était disposé à tolérer la manière dont il régit les individus, générant d’une part la richesse excessive et de l’autre, plus tragiquement, la misère et la mort, le sort qu’il impose à la planète tout entière est en tout cas lui intolérable, l’absence de freins qui caractérise sa dynamique ayant aujourd’hui mis en péril l’existence–même de celle-ci en tant que source de vie.

Conclusion

L’Homme est non seulement le moyen que la nature s’est donnée pour prendre conscience d’elle–même mais aussi celui qu’elle a découvert pour se surpasser grâce au dessein intelligent qui, à notre connaissance, caractérise notre espèce seule au sein de l’univers. La sphère de l’économie demeure elle encore réglée par la nature laissée à elle–même, à savoir par une sélection fondée sur le rapport de forces où le plus puissant écrase le plus faible, principe agressif dont l’emprise déteint alors sur l’ensemble des rapports humains.

De manière tendancielle, les inquiétudes touchent à leur fin, les frayeurs qui avaient conduit l’Homme à croire aux dieux ont perdu petit à petit de leur urgence et finiront par s’effacer. Bien que les injonctions de ces dieux fussent, sinon totalement absentes, tout au moins, sibyllines, nous demeurions convaincus qu’une mission nous avait été confiée par eux. Notre foi dans l’existence de celle–ci s’évanouit avec le crépuscule des dieux. Il nous est néanmoins loisible de constater quel a été le destin objectif de notre espèce jusqu’ici et de tirer de ces observations une ligne de conduite pour la suite, autrement dit, de définir quelles sont, au temps où nous vivons, les tâches qui nous attendent et les responsabilités qui sont les nôtres. Il s’avère que notre responsabilité essentielle est précisément d’assumer sans états d’âme ces tâches où le sort a voulu nous appeler [1].

Constatant quelle fut notre destinée, nous ne pouvons nous empêcher de comparer le pouvoir qui est devenu le nôtre à celui que nous avions attribué autrefois aux êtres surnaturels que nous avions imaginés. Ces dieux créateurs situés à l’origine, nous apparaissent maintenant n’avoir été rien d’autre qu’une image de nous–mêmes projetée dans l’avenir, un avenir qui ne nous apparaît plus désormais aussi lointain. Il reste cependant à éliminer de nos sociétés le règne de la nature non–domestiquée en son sein telle qu’il s’exerce encore dans la sphère économique et celles autour d’elle qu’elle parvient à contaminer. Du moyen d’y parvenir, nous ne savons presque rien. Lorsque l’Homme aura réussi dans cette tâche, il sera devenu le moyen que la nature s’est donnée de créer le Dieu qui lui fit jusqu’ici tant défaut.

Références :

G. W. F. Hegel, Précis de l’encyclopédie des sciences philosophiques, trad. J. Gibelin (1817/1830). Paris : Vrin 1987

[1] « Gémir, pleurer prier est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. » (Alfred de Vigny, La mort du loup).

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403 réponses à “L’AVENIR DU PROGRES

  1. Avatar de Kercoz
    Kercoz

    @J. LAROCHE:
    Je partage votre point de vue sur le texte présenté , pourtant :
    ///Une grande civilisation est toujours une victoire remportée sur un obstacle et la réponse à un défi. Là où il n’y a pas d’épreuve, pas de défi, pas d’obstacle, il n’y a pas non plus de civilisation. Une humanité sans difficulté ne se développe pas. ///
    Vous adoptez aussi l’ idée de « progres » pour le concept de civilisation . Le fait que toutes les civilisations s’écroulent par épuisement des resources devrait pourtant faire douter de l’aspect vertueux de cet « essais » de la nature.
    La sortie du modèle naturel de gestion des groupes (scissiparité), pour l’hypertrophie pourrait etre un des multiples essais pour combattre l’entropie. L’aspect rutilant des civilisations (technologique pour la notre) est elle une preuve définitive de « progres » pour l’individu ordinaire ?
    Rien n’est moins sur , et faisant partie du système , nous ne pouvons en juger .
    La sortie du système parcellisé , est a mon sens , un echec (en terme de l’optimisation de l’individu). Par définition , puisque pour en sortir , nous sommes obligé d’inventer un outil de gestion pervers car simplifié , linéarisé et centralisateur . Notre système est dénaturé et ne peut qu’etre instable.

  2. Avatar de Benoît Caron

    Bonjour M. Jorion,

    L’Humain ne se distingue pas de la nature, il en est l’expression avec ses sens, sa conscience, et sa main.
    Il ne surpasse pas non plus les lois de la nature, il les utilise.
    Il ne pourra accéder au statut de divinité que lorsqu’il aura su s’affranchir des lois universelles fondamentales et qu’il en aura créées d’autres.
    L’Humain, cependant, de part sa capacité de synthèse et sa physiologie, se comporte comme une porte entre le potentiel et le matériel. Avec ses sens, sa conscience et sa main : il conçoit.
    La maladie dont souffre l’économie est le reflet de l’illusion de la propriété. L’Humain, expression de la nature, ne peut en posséder une partie.

    Cordialement,

    Benoit Caron.

    1. Avatar de Paul Jorion

      L’invention analogique n’existe pas dans la nature (telle qu’elle existe avant l’homme).

    2. Avatar de Benoît Caron

      M. Jorion,

      Qu’entendez-vous par « Invention Analogique » ? Cela a t-il un rapport avec la logique inductive ?
      L’Humain vu en tant que (prise de) conscience universelle sous-tend l’appartenance de l’espèce humaine à la Nature, l’Univers. Mettre l’Humain en relief est un biais anthropocentrique, tout comme distinguer ses actes de ceux de la nature. Vous l’avez fait remarquer en parlant de « moisissure ». Jamais tant qu’il ne « réécrira » les lois fondamentales (si tant est que cela se peut), l’Humain restera un élément naturel, produit et introspection universels.

      Cordialement,

      Benoît Caron.

      1. Avatar de Paul Jorion

        « Invention analogique »

        C’est expliqué dans le billet : le poulpe et le saxophone.

        « Mettre l’Humain en relief est un biais anthropocentrique »

        C’est une mauvaise habitude de la philosophie, j’en conviens.

        « l’Humain restera un élément naturel »

        Je dis surpasser la nature (telle qu’elle existe avant l’homme).

        J’ai souvent du mal avec les commentateurs de mes billets qui refusent par principe de lire mes livres. Aujourd’hui, j’ai du mal avec ceux qui refusent de lire même les billets ! 😉

    3. Avatar de sentier198
      sentier198

      @ Paul

      ce qu’essayent d’expliquer nombreux commentateurs ,ce me semble , c’est que quand vous dites « ..Je dis surpasser la nature (telle qu’elle existe avant l’homme)… » , je ne vois pas pour ma part en quoi l’on peut « surpasser » quoi que ce soit , et l’anthropocentrisme est donc là ..
      la nature est là avec ses règles , à nous de décrypter…c’est ici que réside le progrès possible..non ?

      cordialement

  3. Avatar de EOLE
    EOLE

    @ Paul (@ Sylla: éviter de lire ce qui suit)

    Si j’ai bien compris, il suffirait (presque) de débusquer la métaphysique sousjacente à l’économie (qui n’est par ce fait pas (encore) une science) pour rendre conscients les mécanismes brutaux qui oeuvrent en nous comme agents et pratiquement dans le même mouvement, lequel peut prendre une certaine durée, objectiver les lois d’une science économique socialement acceptable parce que « domestiquée ».

    Encore une fois, désolé pour les génies méconnus qui n’admettent pas qu’essayer de synthétiser une pensée, tentative ô combien réductrice j’en conviens, permette à de moins doués qu’eux d’essayer de progresser du moins dans leur compréhension.

    1. Avatar de sylla
      sylla

      pas pu m’en empêcher…^^

      …en plus je suis d’accord avec vous… !?!

      néanmoins, si vous avez des conseils, que je puisse améliorer mon expression…qu’est ce qui bloque selon vous?

      bien à vous

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      @sylla

      néanmoins, si vous avez des conseils, que je puisse améliorer mon expression…

      Sylla, sans acrimonie aucune et à mon humble avis, vous gagneriez en lisibilité et en clarté avec moins d’ellipses, de paraphrases multipliées, de provocations sibyllines (^^), de coq à l’âne primesautiers (mais usants) et, surtout, plus de MAJUSCULES (et d’usage du formatage...).

    3. Avatar de sylla
      sylla

      Un peu de maquillage

      OK

      et un nez jaune… ^^ vous préférer 🙂
      je trouve ^^ plus léger…

      Sur l’ellipse, çà fait deux fois, et je ne comprends pas. en plus, ce n’est pas vous qui pourrez m’aider du coup^^… 😉

      merci,
      cordialement.

      encore une fois désolé EOLE…

    4. Avatar de EOLE
      EOLE

      @ Sylla

      Sans rancune; chacun peut avoir ses humeurs et les manifester, dans une certaine mesure.

  4. Avatar de Martine

    « Il reste cependant à éliminer de nos sociétés le règne de la nature non–domestiquée en son sein telle qu’il s’exerce encore dans la sphère économique et celles autour d’elle qu’elle parvient à contaminer. »…et c’est pas gagné !!!
    http://www.liberation.fr/economie/01012310151-les-milliardaires-se-foutent-de-la-charite

  5. Avatar de nol
    nol

    Mr Jorion, je m’étonne de ne pas voir sur ce fil le commentaire que j’y ai laissé hier soir vers
    23h40. Est-ce dû à une panne du système ? Non pas que je tienne absolument à voir ma prose étalée ici, mais si cela vient d’une censure de votre part, j’aimerais bien en connaître les motifs.
    Cordialement.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Pas de commentaires hier soir entre 23h35 et 23h58, ce qui est en effet exceptionnellement long. Il n’est pas impossible qu’il y ait eu un problème technique dans cet intervalle. Si c’est le cas, désolé !

  6. Avatar de lisztfr
    lisztfr

    Si l’on voulait confier la civilisation des paons aux mâles de cette espèce, rien qu’à voir leurs excédants de plumes on y réfléchirait à deux fois. Tout observateur avisé se reporterait bien plutôt sur l’autre partenaire du couple qui déjà dans ses atours parait moins extravagant, et moins fou.

    Les lotophages, voilà le type de civilisation qui dure …

    La psychanalyse, l’histoire montrent le penchant pour la cruauté du mâle de notre espèce, il ne doit donc plus participer à la vie politique, et ce serait un grand écolier en ces matières d’arrêter de se leurrer et d’espérer. Il faut reconnaitre son incapacité à gérer la chose publique….

    Nous devons aller vers une civilisation entièrement féminine, une mysocratie, car c’est la seule chose qui n’a pas été essayée… Arrêtez de croire que vous y arriverez, à changer le monde, vous n’y arriverez pas même avec les meilleurs intentions ! Voyez l’Histoire telle que vous l’avez écrite, 1/2 est un jour de guerre en Occident ! Ce ne sont pas des femmes qui auraient déclenché la guerre de 14-18; je crois qu’elles sont plus capables d’empathie, je crois que toutes ces valeurs morales, ne sont qu’une nostalgie pour l’homme et une réalité pour la femme.

    Il faut être solidement armé contre la tentation la corruption… nous avons foulé au pied toutes les valeurs humaines et devons ABDIQUER la chose publique. ! La véritable humanité apparaitra lorsque le primate quittera la scène publique pour se mettre en stand-by définitif, pour des raisons de sécurité. Un courtisant, non un prince… la gloire est de renoncer ! A mon avis.

    Il y a très peu de femmes tortionnaires par exemple, tandis que les hommes tortionnaires sont légion. Vous imaginez une femme arrachant les ongles etc, non par contre beaucoup de psychopathes mâles torturent couramment.. La tendance criminelle du mâle se voit partout, elle est patente, élémentaire, fondamentale. Allez, regardez en vous même…

    1. Avatar de jean-luce morlie
      jean-luce morlie

      Nous avons quelques traces de violences féminines…

      voir à propos du sparagmos…

      http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1963_num_164_1_7895?_Prescripts_Search_tabs1=standard&

    2. Avatar de Ando
      Ando

      Il y a des tendances profondes et sans doute génétiques. Il y a aussi l’extraordinaire plasticité de l’humain. On a vu des femmes kapo dans les camps, guère moins sadiques (mais sans doute moins cérébrales, plus passionnées si l’on peut dire) que les hommes. En cérébralisant l’homme, avec l’explosion du développement du néocortex, l’évolution a crée à la fois le problème et sa solution. Dans son fonctionnement hasardeux et intense le cerveau humain créé sans cesse, dans un arrière-plan bien dissimulé, des associations de toutes natures (c’est sa capacité créatrice exceptionnelle), certaines sont innocentes d’autres sont monstrueuses. C’est une simple mécanique, et c’est sa fonction. L’antidote ce sont les capacités d’abstraction supérieures issues de ce même néocortex, qui vont traiter et canaliser la (toute) partie de ces associations qui affleurent à la conscience. Le mal existe, il est en nous à l’état virtuel donc il est partout, mais il n’est là que comme beaucoup d’autres choses. L’homme choisit de donner, ou non, la vie à ses démons. C’est un choix, une liberté.

    3. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Voilà une façon erronée de défendre les droits des femmes…
      ce qui restera pour longtemps à l’ordre du jour.

      Donner le pouvoir aux femmes dans la société capitaliste ?
      Si seulement les hommes, ou l’espèce avaient ce pouvoir…
      C’est le capital, dans nos sociétés, qui détient non pas le visage, mais les ressorts du pouvoir.

      La première guerre mondiale évoquée ici montre bien où est le pouvoir.
      C’est le conflit entre impérialismes, soit entre espaces concurrents d’accumulation du capital,
      qui est à l’origine de la Première boucherie mondiale, comme de la Seconde d’ailleurs, qui est sa continuation.

      A ce propos deux « infos » pour le fun:
      – la personne qui pouvait retenir la Première boucherie en abattant le capital en France et qui a été assassiné pour donner libre cours à la boucherie, ne s’appelait pas Jeanne, mais Jean (Jaurès)
      – les deux qui ont largement écourté cette boucherie avec la Révolution Russe n’étaient pas comères mais compères (Lénine et Trotski).

    4. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      On doit à la fois reconnaître que les femmes sont capables des mêmes turpitudes que les hommes , et simultanément qu’elles y sont globalement plutôt moins portées .

      Lors de mon départ en retraite , après dix dernières années en charge d’un service à 40 % féminin et 60 % masculin , de petits malins m’avaient demandé de m’exprimer sur l’apport de la mixité dans le travail . Je m’en était tité en disant que :

      En général une femme s’organise pour faire en deux heures ce qu’un homme démontre en deux heures comme étant impossible à organiser . Il n’y a aucune turpitude et aucune bêtise masculines ( à part peut être écrire son nom en faisant pipi sur la neige gelée ) qu’une femme ne sache faire aussi bien qu’un homme .Les groupes uni-maculins se supportent mieux entre eux et plus longtemps que les groupes uni- féminins . Les groupes mixtes ( sauf trop grandes affinités ) sont les plus riches, les plus créatifs et solides sur le long terme .
      Un homme oublie . Une femme jamais . Mais , heureusement , Alzheimer les guette tous les deux .

      Et par orgueil , j’ajoutais que j’avais autant de difficulté à reconnaître une supériorité féminine que masculine .

    5. Avatar de erb
      erb

      Salut à tous.
      La peur de l’autre s’amenuise. Elle est induite par des instincts que nous maîtrisons mieux, et son utilisation par les rois, les présidents ou les religieux pour dominer, est entrain de montrer sa limite.
      Les vieux, jeunes, rouges, jaunes, noirs, blancs, café au lait, petits et grands, femmes et hommes nous sommes tous humains, brièvement unis, dans le temps, et un espace inquiétant pour notre ignorance.
      Nos différences, se conjuguent à mon sens pour nous provoquer et nous sublimer.
      Nous essuyons biens des échecs et des revers dans notre recherche du bonheur, comme une espèce qui balbutie, tâtonne et fait ses premiers pas.
      Pourtant intuitivement, nous pressentons que s’unir est salutaire pour affronter d’autres épreuves autrement plus abrasives que celles qui nous paraissent en ce moment proche de la fin du monde.
      Les quelques terres émergées sur lesquelles la vie a pu s’ancrer et évoluer jusqu’à nous, sont les fruits d’un miracle tel, que nous pouvons tout envisager.
      A nous de considérer la vie sous le « bon angle » et penser que si la Nature a mis 15 milliards d’années ( car ce qui nous compose se trouvait déjà au sein de la matière originelle ) à nous parfaire, dotés du désir de faire au mieux, il y a fort à parier que notre potentiel n’est quasiment pas utilisé et que les différences de nos sexes et de nos couleurs, au même titre que notre mélange de races, jouent des rôles cruciaux en faveur de notre épanouissement harmonieux.
      Combien ont eu la chance d’être outillés jeunes d’un enseignement qui permette de se situer dans le temps, l’espace et de savoir s’en servir pour tracer un plan de route pour sa vie ?
      A la question :  » qu’attendez-vous des demains de votre vie ? », combien sont capables d’écrire 10 lignes cohérentes sur le sujet prouvant qu’ils y ont mûrement réfléchi ? Ils sont rares.
      La notion de prévoyance n’est non seulement pas enseignée, mais présentée comme ridicule, déplacée dans un monde si prompt au changement ! Nous en arrivons à ce que la nécessité de faire un plan pour édifier sa vie ne soit plus une évidence, alors qu’elle l’est pour construire la moindre maison !?!
      La plupart des jeunes ignorent l’échelle du temps et il pense souvent que nos origines se perdent dans la nuit des temps alors que nous venons à peine d’arriver au monde. Ne pas savoir où nous nous trouvons nous prive à coup sûr de la possibilité de choisir une direction. Même un plan parfait ne peut m’être d’aucune utilité si je ne connais pas ma position !
      Mais nous pouvons cultiver les forces de chacun au lieu de nos faiblesses. Autrement dit, nous aurons bientôt assez de courage pour nous positionner en élèves de la vie au lieu de nous ériger en professeurs des humains ?
      Ce qui est rassurant c’est que notre marge de progression semble infinie et pour faire des pas de géant en direction de la sagesse, tout est à portée de mains. La noblesse de nos philosophies et de nos religions qui louent le respect du vivant, sont en avance de 20 siècles sur nos actes, mais elles sont là a attendre patiemment d’être appliquées et nous pourrons alors en penser de nouvelles plus judicieuses encore pour éprouver au mieux l’amour de la vie.
      Pour l’instant les dirigeants ont encore peur de la prise de conscience planétaire et des actions qui inévitablement s’en suivront et mettront à jour leurs faiblesses et leurs attitudes inavouables.
      Doit-on les condamner pour leur maladie ou se contenter de leur appliquer des soins appropriés ?
      Évoluer ne pourra se faire sans l’active participation de gouvernants convertis à la paix.
      En effet, aucune civilisation dite humaine ne doit encore prétendre que les armes sont des outils nécessaires à la bonne marche du monde surtout après les 5000 siècles de souffrances et de larmes qu’elles ont induites sans ne jamais rien solutionner qui ne l’aurait été par des négociations justes et raisonnées. Les armes ne s’avèrent profitables qu’aux gens qui savent pertinemment que leurs prétentions sont déplacées, qu’elles bafouent l’intégrité de leurs semblables et qu’elles n’auront donc pas de chance d’obtenir au moyen de la raison à laquelle ils substituent des canons.
      Dés qu’ils auront moins peur, il accèderont à la volupté suprême de s’aimer en aimant l’autre et découvriront la profondeur de leur être.
      Nos différences nous construisent. Elles sont nombreuses et font de chacun de nous un exemplaire unique qui possède une partie de la solution.
      Nos similitudes nous unissent et nous permettent de pulser sur un même rythme et en s’écoutant mieux, nous comprendrons à quel point c’est d’un monde pacifié auquel tous nous rêvons.

      A tous, bon toujours.

    6. Avatar de erb
      erb

      Femmes et hommes différents certes. Si différents… je doute.
      Dissociables pour évoluer, je ne pense pas !
      Dans l’histoire passée et à venir chacun a tenu et devra tenir son rôle.
      A l’origine l’homme doit trouver la nourriture et pour cela s’exposer et découvrir le monde.
      La femme à « l’abri » des grottes garde la progéniture et doit faire preuve d’imagination pour interpréter ce monde que son homme affronte physiquement.
      Cette situation était encore la notre il y a 10 mille ans (elle a donc duré environ 500 mille ans ) et elle a forgé différemment les uns et les autres qui a la base avaient des tâches attribuées par la Nature qui impliquaient des destins distincts mais communs.
      L’expérience acquise par les unes et les autres est profitable à l’ensemble et j’aime à penser que nos divergences sont saines et munies des semences de la grandeur.
      La liste de nos désordres est longue et facile à dresser mais ne vaut que lorsqu’elle est associée
      à des propositions concrètes pour les améliorer qui sont elles, moins évidentes et plus complexes à développer.
      Aussi, j’invite chacun à ne pas oublier au moment d’analyser nos comportements et de les juger, que notre espèce est toute jeune.
      Jamais nous n’aurions l’idée de penser d’un enfant de 2 ans qu’il se condamne définitivement par ces actes fussent-ils déplacés !
      Grosso modo nous avons cet âge avec toute l’inexpérience et la curiosité qui l’ accompagnent Alors pourquoi appliquer des jugements rédhibitoires sur notre condition alors que nous ne savons encore rien de ce qui nous a fait ainsi et pourquoi !
      Quant à déclarer que vu notre passé notre avenir s’inscrira dans le cahot, c’est un raccourci qui oublie que les planètes peuvent changer d’orbite à tous moment et notre histoire nous voir nous transcender.
      Des vivants que nous connaissons, jamais métamorphose ne s’est opérée avec la fulgurance dont nous avons fait preuve. Cela devrait nous inspirer autre chose que du découragement.
      Bien que notre barbarie régresse, nos exigences sont si pressentes que nous ne regardons plus que nos lacunes culpabilisantes, que l’oligarchie croit bonne d’entretenir pour nous garder la tête sous l’eau.
      Résultat, elle boit la tasse avec nous sans pouvoir trouver la force d’appliquer des modèles de société identifiées comme étant respectueuses du vivant qu’en général elle se borne à tuer dans l’œuf par peur de voir leurs système supplanté par des pratiques saines où la magouille n’aurait plus sa place.
      Le sentiment de contrôler le cours des choses semble séduisant autant qu’illusoire et paraît rassurer l’Homme égaré alors  » qu’il suffit de LA vivre  » en se respectant soi pour LA vivre bien !

    7. Avatar de vigneron
      vigneron

      Guerre et commerce [ne sont] jamais l’un comme l’autre que l’expression de la rapacité des hommes elle-même la conséquence de l’ancestrale terreur de la faim et de la mort, ce qui faisait que tuer voler piller et vendre n’étaient en réalité qu’une seule et même chose un simple besoin de celui de rassurer, comme des gamins qui sifflent ou chantent font pour se donner du courage en traversant la nuit, ce qui explique pourquoi le chant en chœur fait partie au même titre que le maniement d’armes ou les exercices de tir du programme d’instruction des troupes parce que rien n’est pire que le silence.

      Claude Simon, La Route des Flandres.

      L’homme comme un animal scindé, affublé d’un seul adversaire et d’un seul partenaire, en une même entité, une même hantise : la Nature. Et donc sa nature.

  7. Avatar de Bertrand_M
    Bertrand_M

    1/ A toutes les époques accessibles à l’historien et à l’archéologue, le progrès technologique signifie se libérer des travaux pénibles en augmentant le rendement. Le temps gagné sur le travail nécessaire à la survie du groupe est utile pour fonder une culture.

    2/ Le capitalisme n’est qu’une voie pour accéder au progrès, il n’a rien de naturel puisqu’il s’agit d’un choix de société. Pourtant, les promoteurs zélés du libéralisme politique considèrent le capitalisme comme naturel pour justifier le choix de nos institutions, ce faisant, ils perpétuent la confusion traditionnelle entre nature et culture : C’est ce qui les perdra.

    3/ Il n’existe aucune institution occidentale susceptible de résister au progrès technologique à long terme. Que signifie le mot « compétitivité » associé au mot « travail » face à l’émergence de la robotique et le l’intelligence artificielle ? Que signifie le mot « rigueur » que le politicien voudrait mettre en œuvre de manière rationnelle et scientifique lorsque nos institutions sont là pour justifier le culte du Capital, qui n’a rien de scientifique mais qui se déduit d’un rapport de force admis culturellement ?

    4/ L’humain n’est pas foncièrement mauvais, ce qui est regrettable dans sa nature est qu’il justifie les institutions de l’Etat soit en invoquant des Dieux, soit en invoquant le caractère scientifique donc indépassable de l’accumulation du capital. Cette confusion provient de sa méconnaissance théorique du monde qui l’entoure et de sa propension à s’inventer des modèles pseudo-scientifiques fondés sur des syllogismes pour se rassurer politiquement. Les sociétés humaines si elles acceptent la société de consommation à outrance n’en sont pas moins peureuses lorsqu’elles découvrent que l’institution Etat n’est en rien le fruit d’une science politique mais un moyen traditionnel de perpétuer une logique maitre-esclave qui entrave le chemin de la connaissance (cf Wikileaks)

  8. Avatar de Peak.Oil.2008
    Peak.Oil.2008

    Cher Paul,

    Sans vouloir vous vexer je trouve que vous avez une vision très religieuse des choses.

    – Quand vous dites, « Notre espèce est, il faut bien le dire, mauvaise et aggressive », vous introduisez un jugement de valeur assez manichéen qui je trouve n’a pas sa place dans ce type de débat. C’est un point de vue partial qui sert d’ailleurs d’excuse à bien des gens pour légitimer bien des choses. Et nier ce jugement ne veut pas dire qu’il faut tomber dans l’excès inverse de l’angélisme ou du bon sauvage. En la matière je suis davantage pour une palette de gris, au moins par respect pour tous ceux qui se sont sacrifiés pour que d’autres puissent vivre. Et puis que dire de notre compassion naturelle (plutôt féminine) dont nous n’avons pas le monopole au sein des espèces ?

    – Quand vous dites, « L’Homme permet à la nature de se surpasser », je trouve que vous cachez mal votre foi en l’espèce humaine (en contradiction avec le nature mauvaise que vous assignez à l’Homme). En vous exprimant de la sorte j’ai l’impression que vous êtes pesque prêt à réduire la nature à une espèce or je considère que c’est une erreur car je pense qu’une espèce n’a pas d’avenir sans le lien d’interdépendance très fort qui la lie à sa matrice écologique. Si de nombreuses espèces ont permis à la nature d’évoluer certaines se sont surtout révélées être des culs-de-sac de l’évolution, et évoluer pour disparaître permet certes à la nature de se surpasser mais en éliminant ce qui n’a pas d’avenir. Dire que l’Homme permet à la nature de se surpasser sous-entend que l’avenir de la nature reposerait maintenant sur les épaules de notre seule espèce, or l’histoire du vivant nous montre que c’est tout l’inverse qui se produit en général, la nature évolue et se surpasse quand elle valorise la diversité entre les espèces et au sein des espèces. Donc plutôt que de surpasser le vivant il semble que notre espèce aille à contre courant du vivant par l’uniformisation et la généralisation qu’elle s’impose à elle-même et qu’elle impose à sa matrice écologique. Notre espèce fait régresser la nature plus qu’elle ne la fait progresser car elle tend elle-même vers un cul-de-sac de l’évolution en éliminant au passage la diversité et donc la résilience naturelle.

    – Quand vous dites ici, « Et si ce monde est aujourd’hui vivable, tolérable, c’est bien parce que nous l’avons rendu tel par nos propres moyens et par eux seuls. », vous cachez mal votre foi en la science et la technique et vous pointez du doigt l’incapacité de l’homme à accepter sa condition humaine naturelle ce qui l’amène à adapter l’environnement au lieu de s’addapter à lui. Par rapport à ceci je dirais que l’homme ‘civilisé’ baigne dans l’illusion que modifier l’environnement ne porte pas à conséquences et qu’il sera toujours capable de l’adapter en fonction de ses désidératas. Il y a là l’illusion que ce qui est acquis l’est pour de bon, ce qui est faux car rien n’est jamais acquis. En fin de compte c’est bien l’inverse qui nous observons, l’homme rend le monde invivable car l’homme épuise littéralement les réserves sur lesquelles il repose, et tout ce qu’il croyait être acquis se révèle l’être de moins en moins. Comme on le sait, quand une espèce prolifère plus vite que l’ensemble des ressources ne le permet, l’espèce se met en situation de dépassement (overshoot) qui engendre un effondrement naturel de la dite espèce et qui la voit se réaligner avec ce qui la supporte. Parfois il arrive que l’effondrement mène à une disparition totale de l’espèce car elle s’est rendue totalement inadaptée à un environnement qu’elle a modifié à l’excès par manque d’intelligence, l’espèce est alors dans un cul-de-sac. A part détruire les conditions d’existence vivable et tolérable future je ne vois pas très bien ce que notre espèce est en train de faire sur cette bonne vieille Terre.

    – Ou encore quand vous dites dans un de vos messages précédents : « Je ne CROIS pas en une vie dans l’au-delà ». Soit on est scientifique et on reconnaît que l’on ne sait pas se prononcer dans ce domaine, soit on est religieux et on présume savoir ce qui peut advenir de la conscience à la mort du corps. Croire en une non-conscience après la mort est une vision matérialiste et dogmatique des choses qui n’est que le contre-pied excessif des visions spirituelles tout aussi dogmatiques et qui présument savoir ce qu’il y a. Je considère que dire qu’il n’y a rien dans l’au-delà est la solution facile et heureuse car elle sous-entend implicitement la fin de toute souffrance. Perso, je considère ne pas savoir et je suis pour une sorte de pari de Pascal pour l’au-delà, non pas en envisageant ce que j’ai a gagné en pariant sur un quelque chose mais en envisageant ce que j’ai à perdre en pariant sur un quelque chose plutôt qu’un rien, un quelque chose qui me verait continuer à expérimenter le couple souffrance-plaisir. Dans le prolongement je CROIS bien sûr en l’impossibilité d’un enfer ou d’un paradis.

    Conclusion : Nous sommes pour la plupart des croyants qui ne s’assumons pas.

    1. Avatar de erb
      erb

      A Peak.Oil. 2008.

      Surtout, que nous venons d’éclore ! Personne ne nous demande d’expliquer et de trouver à tous prix et immédiatement les réponses et les solutions aux grands mystères de notre état !
      Pourtant notre intuition nous motive au dépassement et à l’osmose et notre quête démarre à peine.
      Nous fulminons de ne pouvoir nous accomplir plus vite et cette juste colère est à mon sens saine, nous emplie d’espoir et souligne nos bonnes volontés.
      Chaque seconde est un nouveau monde et sur le fumier germent aussi les roses.

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Chaque seconde est un nouveau monde

      « La vie est un enfer, chaque seconde un miracle », disait Cioran, expert en fumier… et en roses, un peu.

  9. Avatar de Peak.Oil.2008
    Peak.Oil.2008

    Pour lutter contre certaines idées reçues (que nous avons tous par ailleurs).

    Collapse of Complex Societies by Dr. Joseph Tainter 2010 (Part 1 of 5)
    (le son est un peu mauvais au début et puis cela devient correct)
    http://www.youtube.com/watch?v=ddmQhIiVM48

    Collapse of Complex Societies by Dr. Joseph Tainter 2010 (Part 2 of 5)
    http://www.youtube.com/watch?v=AkK06A32tTU

    Collapse of Complex Societies by Dr. Joseph Tainter 2010 (Part 3 of 5)
    http://www.youtube.com/watch?v=BgeP_NTCs_Q

    Collapse of Complex Societies by Dr. Joseph Tainter 2010 (Part 4 of 5)
    http://www.youtube.com/watch?v=9vLQekiVsB8

    Collapse of Complex Societies by Dr. Joseph Tainter 2010 (Part 5 of 5)
    http://www.youtube.com/watch?v=NhTKirUZiWQ

    1. Avatar de Kercoz
      Kercoz

      à PO 2008
      Idées reçues ? L’usage du terme « complexe » par le gros type est complètement erroné en terme mathématique . Le terme « complexité » en usage mathématique correspond a des modélisations mathématiques(equa diff complexes) . Il oppose un « archaique » a une photo d’einstein pour caricaturer la superbe complexité de la modernité . En fait l’indien suit une modélisation complexe . Le moderne doit simplifier sa modélisation en raison d’abondance d’intrants . D’ailleurs les thèses d’einstein ne sont pas complexes puisque ses equa sont reversibles .
      Pour survivre , le gros type en est réduit a faire de la scène …il ne survivrait pas 3 jours en autarcie . Pour le nourrir , il faut des esclaves , ou de l’énergie . Pour défendre le paradigme de la complexité , il faut se referera a des gens comme ekelande , Gleick ou Prigogine .

  10. Avatar de Peak.Oil.2008
    Peak.Oil.2008

    Une vulgaristation des limites à la croissance et du RCA sur ABC

    Earth 2100: Civilization at Crossroads
    http://abcnews.go.com/Technology/Earth2100/

  11. Avatar de EOLE
    EOLE

    @ Paul

    Il n’est pas d’exemple, à ma connaissance, de l’émergeance d’une science unique hors de l’inconscient humain.
    Dans les cas que je connais, le substrat pré-scientifique se dissocie en deux sciences: l’une dure, l’autre molle, comme par exemple la chimie et la psychologie à partir de l’alchimie (cf. C. G. JUNG).
    Il pourrait aider de prendre ce phénomène en considération: du clivage l’économie, quelle science dure et quelle science molle peuvent-elles émerger?

  12. Avatar de Herrmiss
    Herrmiss

    S’agissant de notre rôle dans l’évolution de la biosphère, il est essentiel de bien percevoir l’étendue et la variété des menaces qui pèsent sur elle à très long terme, qui ne se limite pas aux chutes d’astéroïdes. Au premier chef la très lente mais implacable augmentation de l’activité solaire, estimée à 6% par milliard d’années, qui promet de gros problèmes dans quelques centaines de millions d’années « seulement ».

    Voir par exemple http://en.wikipedia.org/wiki/Future_of_the_Earth pour plus de détails.

    Alors que le discours habituel des journalistes scientifiques laisse croire que nous sommes tranquilles jusqu’à la conversion du soleil en géante rouge dans 5 milliards d’années, le couperet tombera dans 10 fois moins longtemps que ça. A moins que …

    A moins qu’une espèce vivante ne parvienne à installer à temps dans l’espace un parasol réglable capable de réduire le flux incident d’énergie solaire à une valeur optimale… Multiplier par 10 la durée de vie restante de la biosphère terrestre, ça me semble justifier suffisamment de ne pas jeter nos acquis scientifiques et techniques au panier de la Décroissance, et mériter de perpétuer une espèce capable de le faire – pourquoi pas la nôtre et sa suite, plutôt que de disparaître et d’obliger l’évolution à reprendre le boulot à partir des primates (s’il en reste) ? Servir enfin la biosphère après ne s’en être que trop servi – étape probablement inéluctable imposée par l’évolution.

    Je vous suggère d’intégrer dans votre réflexion ces éléments, qui me semblent s’y inscrire assez bien.

    Quelques remarques sur d’autres points :

    – il serait prudent d’éviter l’expression « dessein intelligent », utilisée par les intégristes religieux de tous poils comme faux nez du créationnisme.

    – je ne ferais pas un tel distinguo entre une économie sauvage et une science humanisée. Quand une bande de chimpanzés maîtrise le cassage des noix entre deux cailloux et la pêche aux termites avec un bâton étudié pour, elle élargit sa niche écologique et peut augmenter sa population, ni plus ni moins. Je ne vois pas que notre développement scientifique et technique mérite d’être analysé autrement, dans un cadre écologique classique. On voit d’ailleurs les problèmes qui surgissent chaque fois que ce processus d’agrandissement de niche se heurte à des limitations de ressources.

    – ressortir le bon vieux « connais-toi toi-même » de Socrate et Aristote ne serait pas superflu : c’est archi-connu mais reste presque entièrement à faire. Le mariage des neurosciences, de la biologie et de la génétique avec l’anthropologie et autres sciences sociales plus classiques offre un espoir de comprendre enfin suffisamment comment nous fonctionnons pour inventer de nouvelles formes d’organisation collective nous permettant de sortir des blocages actuels.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      – il serait prudent d’éviter l’expression « dessein intelligent », utilisée par les intégristes religieux de tous poils comme faux nez du créationnisme.

      Je me suis fait la même réflexion.
      Une provocation qui fait curieusement peu de vagues…

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      Pour l’intelligent design, Dawkins préfère parler de « créationnisme affublé d’un costume bon marché » .
      Mais bon on avait compris la petite provoc, le retournement, le sarcasme même, justement vis à vis des tenants de cette pseudo-science, puisque Paul évoque bel et bien un dessein intelligent humain, en fait une caractéristique exclusivement humaine :

      L’Homme est la conscience de la nature. Par la technologie et par le dessein intelligent qui le caractérisent et où il fait se rejoindre et se féconder réciproquement des lignées d’inventions indépendantes, l’Homme surpasse les lois de la nature telles qu’elles lui ont été offertes au moment où il apparaît dans l’histoire du monde.

      Fallait oser… c’est fait.

    3. Avatar de erb
      erb

      Salut Herrmiss.

      Merci pour ce message qui élève la réflexion.

    4. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Erb , Piotr et Hermiss ont bien parlé . Hugh !

  13. Avatar de Bourdon
    Bourdon

    Votre plus beau texte M. Jorion, votre formation 1ère d’anthropologue ressort, vous êtes je dirai plus doué et avez l’écriture plus fluide dans ce genre de réflexion qu’en matière d’économie.

    Je partage votre vision, juste apporté un avis personnel sur l’économie, et si c’était le moyen qu’avait l’homme d’inventer sa propre nature, en transformant les paysages et la matière 1ère en un autre produit qu’il lui-même conçu et réalisé…l’économie, le commerce et le capitalisme étant le moyen qu’il a trouvé et appliqué pour réaliser cette transformation de la nature à une certaine image….

    Reste que l’on pourrait peut-être changer cette image vers laquelle nous semblons naviguer, qu’elle sera-t-elle et de ce nouveau paradigme sans doute viendra la solution… ou la disparition…

    Quant à savoir si nous sommes la conscience de la nature, je dirai alors que nous avons oublié cette finalité…

    Pour l’église et Dieu, nos anciens n’avaient pas atteint notre niveau de connaissances, tant de choses surprenantes, le mot dieu arrêtait la pensée, c’était l’explication, dieu du vent, de la mer… des explications à l’inexplicable …

    Maintenant notre dieu actuel et unique est tout à fait différent ce me semble, plus conçu comme une manière d’expliquer notre vie que de donner un sens aux choses que l’on ignore, bref comme une philosophie de vie, un but à notre présence sur terre que nous nous serions donné à travers l’église.

    Hors cette église n’a pas évoluée, en ce sens sans doute devrons nous la réinventer pour nous donner la force et le courage d’affronter ce qui nous attend inéluctablement demain, une régression d’une telle ampleur, car la science sans conscience ne peut déboucher que sur un cataclysme.

    Aujourd’hui je suis d’accord avec vous et j’ai apprécié votre style… Merci et bonne fin d’année.

  14. Avatar de Routaboul

    Par avance je m »excuse pour les accents et autres caracteres francais non disponibles sur ce clavier.
    En prenant la concurrence comme modele naturel que l homme doit depasser au sein de la sphere economique, deux erreurs sont commises me semble t il.
    1- La selection naturelle n’est pas ‘la nature’, c’est un des principes de sa dynamique et donc la réduire a cela est dommageable.
    2- L’homme ne peut pas dépasser la nature mais l’analyser pour mieux y intégrer l’économie en son sein en tant que science permettant une meilleure gestion du bonheur humain.

    Qqs points pour étayer le fait que la nature au-dela de la sélection naturelle est source d’inspiration pour l’economie :
    1 – darwin et la selection naturelle a effectivement inspiré l’économie mais pas que dans le sens ou le néolibéralisme nous le fait entendre aujourd’hui. Se reduire donc a prendre la nature uniquement sous son aspect darwinien de selection naturelle me semble etre une erreur.
    Pour rappel sur ce sujet, Marx s’est inspiré de la théorie de Darwin pour avancer sur la mort du capitalisme. En effet sans Darwin, Marx n’aurait sans doute pas conceptualisé une évolution du capitalisme et aurait continué sur la pensée des classique pré darwinnien intégrant le capitalisme et l’économie comme une problématique d’équilibre a atteindre (ce que les néo libéraux refont mais avec des ordinateurs pour justifier leur 150 ans de retard sur la science économique). Mais il faut aussi rendre a Cesar ce aui revient a Cesar car c’est bien un economiste qui a permis a Darwin de penser sa theorie. En effet c’est Malthus qui a fourni des éléments clefs a Darwin.

    2- Vouloir depasser la nature est impropre. Le terme de nature doit etre dépassé de son sens entendu par la simple theorie de Darwin. L’homme et sa pensée sont intégrés a la nature et c’est bien en pensant la nature et en l’analysant qu’il peut en prendre des sources d’inspirations pour mieux gérer l’économie qui le concerne directement.
    Pour exemple, je prends Keynes qui s’est inspiré de la théorie d’Einstein en transférant la notion de temps en monnaie et d’espace en marché. C’est donc par la nature et sa compréhension (la nature lie directement le temps et l’espace) que la science économique a pu avancer sur la pensée keynesienne.

    3 – A ce jour c’est via les sciences cognitives et notamment la problématique des systemes complexes (cahos, effet de seuil, niveau d’organisation, neguentropie…) que la pensée économique peut avancer. Or il s’agit bien de la nature dont nous nous inspirons encore et toujours… Il s’agit encore une fois de faire communiquer les sciences pour faire avancer la sphere economique qui malheureusement s’est fermée sur elle meme depuis 40 ans (merci a ce blog qui me fait mentir mais disons de maniere générale au sein des cours d’université d’économie que la communication est nulle). Quel grand penseur economiste etait fermée sur son domaine? D’ailleurs la valeur de ce blog est issue de son ouverture sur d’autres domaines. Peut etre une nouvelle generation d’économiste va arriver pendant ce déclin du néo libéralisme mais ils devront faire face a beaucoup de vieux réflexes…. Pour celui du rapport a la nature, il y a un travail enorme

  15. Avatar de astarte
    astarte

    Voici quelques questions (très naïves) que m’a inspiré votre texte.

    1)L’homme est un loup pour l’homme.
    Sommes-nous si sûrs que l’homme aie pu exister ou même que le loup puisse exister sans une société d’humains ou de loups. Le groupe implique une organisation hiérarchisée avec l’adoption d’une règle minimale, sa survivance. Ce principe implique l’intériorisation d’un principe vital, celui d’une solidarité a minima qui exclut l’attitude de chacun pour soi face au péril.
    La nature n’est que sociale. Nous n’en connaissons pas d’autre
    2)La science (ou bien la technique ?) peut-elle exister sans le syllogisme et la logique d’Aristote?

    3)Plus fondamentalement, le syllogisme exclue-t-il dans sa mise en œuvre le deus (ex ou in machina) ? Dans la prémisse mineure, n’avons-nous pas affaire à un point de vue , à un observateur capable d’une assertion concernant une catégorie. Le « Tous les hommes sont » ne suppose-t-il pas quand il dit l’impossibilité de fournir un élément de la catégorie qui ne réponde pas à cette qualité qu’un œil a pu embrasser de l’extérieur la catégorie ?
    Qu’est-ce qui fonde la véracité de la prémisse majeure., sinon une opinion ?
    Quel en est le garant ? À moins qu’elle ne soit qu’une simple hypothèse.

    4) la convocation d’une extériorité immanente n’a-t-elle pas aidé à la propulsion des sciences spéculatives et interprétatives du monde ? Qu’a-t-il donc fait le Grand Horloger ?

    5)
    Si chacun est construit comme un miroir du monde, dont il fait partie, en chacun persiste une tâche aveugle.
    collectivement, notre tache aveugle ne pourrait-elle pas être le point de vision de cette extériorité immanente?

    1. Avatar de Génissel Samuel
      Génissel Samuel

      juste pour dire que la phrase de Descarte: je ne peux concevoir une si belle horloge sans un grand horloger est quand on a quelques notions scientifiques assez fascinante, de part l’horloge qui résume bien par exemple les évolutions de populations prédateurs/proies en oscillations , quand au grand horloger il ne nous dérange guère au quotidien, alors….

    2. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      @Genissel Samuel :

      Voltaire ne va pas être content , bien que , là où il est ,il n’a plus à se soucier de s’assurer que la montre dispose d’une balancier ou d’une puce électronique , pour avoir une idée de la gueule de l’horloger .

    3. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      Astarte,

      Mon point de vue recoupe le votre il me semble, si toutefois je vous ai bien compris.

      L’extériorité immanente permet de se dispenser du Grand Horloger si l’on considère que cette extériorité n’est autre que celle qui se déploie dans l’esprit humain en tant que ce esprit
      est capable d’une exploration du Réel en concevant de nouvelles réalités possibles sur un plan distinct de celui de la réalité communément admise. L’hypothèse du Grand Horloger par contre suppose un univers dont toutes les parties seraient définies une fois pour toutes limite singulièrement toute possibilité d’approfondissement du Réel, sans doute l’Un que vous évoquiez dans un autre de vos commentaire au sujet du Progrès.
      Selon cette perspective le syllogisme n’exclut pas l’extériorité immanente, l’extériorité immanente est au contraire nécessaire pour fonder de nouvelles prémisses car tous les éléments du syllogisme ne dérivent pas d’une observation empirique.

  16. Avatar de béber l'ami des zatés

    L’homme devenant le moyen que  » la nature s’est donnée de créer le Dieu qui lui fit jusqu’ici tant défaut. »?.En voilà un catéchisme pas ordinaire.

    Vouai, vouai , vouai….
    Qui est le plus déïfié dans ce genre de propos , la nature ou l’homme ?
    Quoiqu’il en soit ,que ce soit l’un plus que l’autre ou l’un et pas l’autre , il reste le paradoxe de la perfection issue de l’imperfection .

    Dieu ferait défaut ?
    Tout dépend de l’image que l’on se fait de Dieu .
    Pour certains, l’invisible est déjà visible …. »j’étais pauvre…, j’étais nu… etc… »
    Mais pour comprendre cela, il faudrait supposer la possibilité d’ une perfection qui ne serait pas orgueilleuse.

    1. Avatar de sylla
      sylla

      bonjour béber !

      dans ce texte, la nature semble prendre conscience d’elle même par l’intermédiaire de l’homme (c’est de l’idéalisme allemand du début 19ème).
      « Dieu ferait défaut ? » les siècles passent mais la place semble attendre 🙂 certains s’y essayent tjrs…c’est un peu comme excalibur…
      en même temps, sans clef de voûte, l’arcade s’effondre.

      « une perfection qui ne serait pas orgueilleuse » j’aime bien, mais c’est limite oxymore, non?

      bien à vous

    2. Avatar de béber l'ami des zatés

      bonjour sylla

      Pour l’être humain , la notion de Dieu évoque les notions de perfection , de puissance , d’éternité, de création , de vérité, et pour certaines religions d’unicité.

      Mais, mais pour qui a vécu un peu, l’homme se révélant une imperfection de la nature… il est fort étrange qu’il ose ,parfois, prétendre avoir une idée de ce que serait LA perfection .

      Pour comprendre l’idée d’une perfection non orgueilleuse, il faut envisager les notions de simplicité et d’accessibilité.

      Peut être n’êtes vous pas chrétien(ne?), peut être ce monde vous échappe ?
      En tout cas , votre politesse vous honore.

      Un texte clée sur le christianisme , que beaucoup ici cherchent à expliquer sans connaitre .
      S’il n’en fallait qu’un , ce serait celui là
      http://www.stignace.net/SiteMT/Paroles/mt25_31_46.htm

      Bien à vous, de même 😉

    3. Avatar de sylla
      sylla

      bonjour béber !

      « Peut être n’êtes vous pas chrétien(ne?) » Bonne question. Pour être franc, je me la pose moi même^^
      le nombre d’églises et de ceux qui se font appelés « père » cependant m’échaudent. de même un tel pouvoir lorsqu’il prétend régner : à mon avis, gloser sur l’Un, au delà de ce qu’en dit par ex Parménide ou Héraklite (et encore…), c’est de l’orgueil en soi, non?

       » peut être ce monde vous échappe ? »
      de fait^^ çà a l’air : si je préfère la dialectique de l’amour à celle de la raison, c’est autant par logique que par pragmatisme et souci des autres.

      « Etymologie : du grec logos, parole et par extension, raison et kratos, pouvoir, autorité

      La logocratie est un régime « idéologique » où règne une « parole » officielle, une vérité officielle constituée de phrases slogans et de discours prophétiques. Le langage ne sert pas qu’à dénommer les choses ou à donner du sens, il devient l’instrument du pouvoir et un moyen de domination. Le terme fait, en général, référence à un régime totalitaire.

      Le mot logocratie peut prendre plusieurs sens suivant le contexte où les auteurs :

      * On appelle aussi logocratie les régimes où le pouvoir émane du Logos, du Verbe, de la Parole divine révélée (Bible, Coran), que seul le représentant de Dieu sur Terre sait interpréter et qui devient la Loi divine (la charia dans l’islam). Exemple, la République islamique d’Iran.

      * Jean Guillaume, baron de Colins (1783-1859), économiste français, partisan d’un socialisme rationnel, prônait l’avènement d’une logocratie fondée sur la souveraineté de la raison (logos est pris dans son sens par extension). Pour Colins, la démocratie est le « règne de la force enrobée de sophisme » où le pouvoir revient aux plus riches et aux plus habiles, donc aux plus forts. Il désigne par logocratie, le pouvoir scientifique futur qui permettra de remettre le pouvoir aux plus moraux et aux plus méritants. » http://www.toupie.org/Dictionnaire/Logocratie.htm

      je crois que c’est cette prétention à accéder à l’être et de pouvoir en dire autre chose que immuable, premier (issu de sa volonté propre), unique, éternel, qui transforme le métaphysicien et ses disciples en tyrans. Steiner que je cite un peu plus bas développe cette approche, mais qq part il fait ce qu’il dénonce. (post 94)

      « Mais, mais pour qui a vécu un peu, l’homme se révélant une imperfection de la nature… il est fort étrange qu’il ose ,parfois, prétendre avoir une idée de ce que serait LA perfection .
      Pour comprendre l’idée d’une perfection non orgueilleuse, il faut envisager les notions de simplicité et d’accessibilité. » Une perfection à la hauteur de l’imperfection humaine? je ne saisis pas vraiment. mais derrière le vocabulaire, je crois comprendre et qq part agréer (à part le pb pratique du juge « suprême »).

      Je vous disais « dans ce texte, la nature semble prendre conscience d’elle même par l’intermédiaire de l’homme (c’est de l’idéalisme allemand du début 19ème). » car il faut se rappeler que l’allemand est une reconstruction de Goethe issue de la traduction par Luther de la bible, et d’une trentaine de dialectes. La philosophie Allemande qui suivit (19ème) est directement issue de cette matrice (de même nos philosophies politiques modernes, par d’autres chemins). La prédestination telle qu’interprétée par les protestants se trouve par ex bien svt en conflit d’avec l’extrait de Matthieu que vous proposez. Mais ces même protestants se révoltaient à juste titre contre les élucubrations des papes, notamment celui (un médicis?) qui vendait des places au paradis pour construire sa chapelle sixtine. Cette question théologique permit aux puissants de s’affronter sur les champs de bataille ; et ces guerres de « religions » traumatisent encore l’esprit contemporains au point de lui faire traiter les religieux comme des fanatiques. Ces guerres de religions firent naître aussi bien la première banque centrale (amsterdam) que les colonisations où l’individu pouvait s’ »émanciper ». L’église a croqué le pouvoir dès le concile de Nicée.

      Sachant cela, simplicité et accessibilité semblent bien nécessaire au bon sens, mais pas forcément possibles justement. d’ailleurs l’extrait de Matthieu le rappelle : « Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? … Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » » les justes ne seront justes que sous sa loi qd il sera, non sous la leur ou une autre, mais leurs efforts seront reconnus et ne seront pas vains.
      Ce serait pourtant bien pratique, je suis d’accord, un peu de coeur et d’esprit dans ce corps social caverneux, mais pour paraphraser Tolkien, le « retour du roi » n’est pas de notre choix.

      Je suis en train de « réfléchir » sur le point moral de l’aristotélisme, la philia, que mr du Jonchay se devait logiquement de rencontrer sur son chemin : il n’y a a priori malheureusement pas de nécessité chez Aristote (à part l’amour du vrai) à proprement parler d’un tel concept : il est ad hoc et donc interchangeable, tant que la définition de vérité (en accord avec la logique et l’expérience) est respectée : Alexandre le grand trucidant Diogène ou tranchant le noeud Gordien pour le démêler, ou esquintant ses hommes venus simplement se libérer du joug perse à l’unification du monde connu, est un disciple d’Aristote très cohérent (la juste mesure ou le juste milieu s’évaporent face à l’unité et au pouvoir (ou le Bien ou la Vérité) sans un socle solide).

      Si vous avez qq chose de dicible, il sera le bienvenu pour cette recherche. L’indicible aussi, mais cela sera plus personnel : ces nourritures spirituelles ont pour moi autant de substance que les autres.

      bien à vous

    4. Avatar de béber l'ami des étoiles

      Pour le disible , facile , c’est au fond , à gauche .Il semblerait que certains auteurs continuent de faire la toilette aux textes anciens.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Banquet_(Platon)

      Pour l’indicible ,moins facile, c’est au fond de soi.
      La philia est probablement cette part d’amour qu’il y a en chaque être humain .
      Je vous laisse cogiter sur le scénario suivant qui nourrira votre intellect affamé :

      à supposer que cette part soit une part de Dieu .

      Bien à vous.

  17. Avatar de LA TAUPE ROUGE
    LA TAUPE ROUGE

    Les tâches et les responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres

    Une critique « radicale » (dans le sens d’aller à la racine ) du capitalisme relativement partagé dans le blog/block ne peut conduire qu’à la conviction de la nécessité et de l’urgence de préparer et de concevoir un « ordre nouveau ». Economie et Politique s’entremêlent inextricablement.
    Comme d’habitude, on constate que la frontière entre ceux qui « pensent » qu’on ne peut jamais rien changer et ceux qui ne veulent rien changer est poreuse et semble ne pas être gardée.
    Mon court propos (N° 8, le dernier temps qu’il fait) se proposait de passer de la crise financière à la crise anthropologique, rien que çà, mais surtout, sans éviter : la crise « POLITIQUE ».
    Je me suis vu répondre çà, de la part de Yueh.
    « Le capitalisme reste le système qui se rapproche le plus de la nature humaine. »
    Comme dirait Paul, c’est un modéré, Yueh aurait pu écrire, le capitalisme c’est la nature humaine.
    Cette phrase est terriblement ravageuse, c’est pourquoi j’y ai répondu avec nervosité et je m’en excuse auprès de Yueh.
    Car, je sais bien qu’en affirmant une idée, on cherche surtout à promouvoir une image de nous-même que cette image est formée, par notre propre histoire, notre milieu et ses rapports sociaux, pour ne pas dire les « rapports de production » [puisque Fab nous dit (comme Warren Buffet) que la lutte des classes est un concept dépassé].
    Les concepts sont des outils avec lesquels nous organisons notre connaissance générale du monde, ils ne dérivent pas en premier lieu de notre rapport concret et scientifique aux choses, mais plutôt des relations sociales entre les utilisateurs de ces mêmes concepts.
    Par conséquent, il n’y a pas de « nature humaine » inaltérable, a-historique, à-géographique, a-sociale. La « science » elle même ne reflète pas une réalité indépendante de l’homme, elle n’est vraie que dans la mesure où elle exprime des processus en cours dans une situation historique donnée.
    D’où parle Paul ? D’un champ de coton au Burkina Faso ou à l’Institut Diderot ?
    A qui parle-t-il ? A une union ouvrière de travailleurs licenciés et délocalisés ou à des individualités isolées sur un blog ?
    On peut considérer que l’ « objet » analysé est le même, au même au même instant, ce ne sont pas les même mots, ce n’est plus la même facette de l’objet qui est observée, tout un autre discours, d’autres concepts …
    Pourtant peut-on se mettre d’accord pour dire que les concepts « utiles », sont ceux qui ne servent pas qu’ à commenter le monde mais aussi à le changer.
    Faut-il encore s’étonner, devant une crise de cette ampleur qu’il n’y ait « plus de pilote dans l’avion », du gigantesque naufrage de la « science » économique et du silence saisissant des intellectuelles ?
    Mais, effectivement, je croyais bien que cette affaire de « nature humaine » était à remiser au cimetière des vieilles querelles philosophiques, à côté de la controverse de Valladolid …
    Que nenni !
    Il n’y a pas si longtemps, 3/4ans, il était courant de penser que le débat sur les grands enjeux politiques et sociaux étaient dépassés et relégués dans les poubelles de l’histoire.
    Devant les catastrophes annoncées, les mêmes « individus » convertissent leur désarroi face à l’évolution effrayante de la situation à court terme, par un intérêt accru pour l’évolution à long terme.
    Ce qui fait, bien entendu, de la lecture de Darwin un enjeu politique.
    Ce pauvre Charles Darwin a toujours bon dos, les notions de « sélection naturelle » et de « survie du plus apte » ont été mal comprises à son époque, elles ont servi à justifier le libéralisme économique le plus sauvage, la gauche « humaniste-progressiste », s’y est trompée et ne lui a pardonné cette récupération.
    Il n’y a pas eu de rencontre entre Darwin et Marx, Engels lui même s’est trompé sur les thèses de Darwin.
    Cette histoire est très bien expliquée par Patrick Tort.
    http://www.darwinisme.org/perso/
    http://www.futura-sciences.com/fr/biographie/t/homme-1/d/tort_26/
    Patrick Tort exonère de façon très convancante Darwin ces mauvaises accusations. Il rappelle qu’avant La Filiation de l’homme, publié en 1871, Darwin n’a rien écrit sur l’homme. Après la publication de L’Origine, il lui fallut donc plus de dix ans de réflexions pour se décider à parler de sa propre espèce. ( Il ne pouvait encore faire de la peine à sa pauvre femme très croyante et déjà secouée par sa théorie de l’évolution et de l’énorme scandale qu’elle avait suscité.)
    Darwin n’avait donc pas pour intention de projeter abruptement le struggle for life sur les sociétés humaines. C’est ce décalage entre ses deux ouvrages fondamentaux qui a été exploité malheureusement et qui pollue encore aujourd’hui ce débat.
    En réalité et en dépit de ce qu’en fait dire une « tapageuse ignorance », Darwin était, selon Patrick Tort, d’abord « vigoureusement opposé au racisme ».
    Parick Tort développe notamment ce qu’il nomme l’ »effet réversif de la sélection », dont les éléments seraient en germe dans La Filiation. Un « effet » au terme duquel la sélection naturelle sélectionne l’homme civilisé, donc la civilisation, qui ensuite s’oppose à la sélection et à l’élimination du moins apte.
    La morale serait ainsi une propriété émergente de la sélection naturelle. « Contrairement à nombre de ses lecteurs, Darwin n’a jamais oublié un instant que la sélection naturelle ne se borne pas à sélectionner des variations organiques avantageuses, écrit Patrick Tort. Elle sélectionne aussi (…) des instincts », et notamment « une « sympathie » altruiste et solidaire dont les deux principaux effets sont la protection des faibles et la reconnaissance indéfiniment extensible de l’autre comme semblable. »
    Que dit Patrick Tort ?
    « Le libéralisme n’a retenu du darwinisme que le noyau appauvri de la théorie sélective : la survie des plus aptes dans un contexte de lutte pour l’existence et de compétition éliminatoire. Or dans la partie anthropologique de son œuvre, Darwin échappe à cette logique : la sélection conjointe des instincts sociaux (origine de la sympathie et des sentiments moraux) et de la rationalité (institutrice de règles sociales) la renverse en une dynamique du secours aux faibles et aux moins aptes dans l’état social civilisé. La sélection produit ainsi l’émergence de comportements anti-éliminatoires, dont l’avantage ne se mesure plus en termes directement individuels et biologiques, mais en termes sociaux.

    Pour le dire simplement, l’évolution de l’espèce humaine « tend » ( c’est une tendance comme la « baisse tendancielle du taux de profit » ou le réchauffement climatique, il peut y avoir des accidents passagers) à maintenir l’équilibre et l’harmonie des groupes sociaux, des sociétés, et répond ainsi à la tendance humaine à exiger plus de confort physique et morale qui ne peut être nourri que par plus de solidarité, plus de partage et « tend » à éliminer les éléments nuisibles à cette aspiration.
    L’évolution de la morale, toutes les institutions et des législations de plus en plus sophistiqués pour garantir cette « ordre » le démontre, et la magnifique aventure de l’espèce humaine, malgré tout ses aléas en est la vérification.
    Qui sont aujourd’hui les éléments de l’humanité qui pose le problème de la propre survie de l’espèce ?
    Nous tous, du jeune du bidonville de Kinshasa à l’actionnaire de Général Electrique ?
    Tous responsables ? Tous coupables ?
    Il y a comme un blocage fondamental à devoir envisager qu’un autre monde est possible et nécessaire mais que le changement n’ira pas de soi, comme un évidence qui s’imposera par elle même à toute la société y compris des gens d‘en haut.
    L’affliction, l’étonnement, les lamentations, les appels solennels sans lendemain, sont les postures les plus facilement partageables et les stratégies de « dénis » et d’évitements vont encore fleurir .
    Comme l’expliquait déjà très bien Gramsci :
    L’ « hégémonie» c’est justement quant une classe minoritaire arrive à convaincre la majorité que la défense de ses intérêts particuliers sert l’intérêt général et qu’elle peut ainsi pour ce faire, obtenir des dominés leur consentement. L’utilisation de la contrainte brutale, même si elle s’insinue comme une menace dans tous les rapports sociaux du capitalisme et de l’impérialisme doit être éviter au profit de toutes les institutions pour générer l’asservissement volontaire : individualisme, éducation, sport, consommation, etc.
    C’est pourquoi l’avènement nécessaire et urgent d’une société gérant les biens communs pour le bien de tous (le crédit et la monnaie sont des biens communs) ne passe prioritairement ni par le putsch, ni par l’affrontement direct, mais par un combat culturel contre les intellectuels qui servent la « classe dominante », plus que « dirigeant »e aujourd’hui, réduite à une infime minorité. Dans la société capitaliste la société civile est une composante importante de la domination qui doit en conséquence être l’objet d’un combat. Les formes de convenance avec l’ordre établi sont infinies, des plus grossières, la corruption, aux plus sophistiquées : la controverse sans limite,
    « Les tâches et les responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres »
    Quel beau titre, quand on le lit ce titre, les mots sont forts ! des accents du « Que faire ? » de Lénine
    Quelles sont les tâches ?
    On pourrait imaginer la suite :
    Que faut-il faire concrètement ? Rédiger un manifeste, une constitution, organiser une conférence internationale, avec tous les « ténors » de la crise pour lancer un appel comme à Zimerwald pour empêcher la guerre 14/18, …
    Quelles sont nos responsabilités ?
    On pourrait imaginer la suite :
    Faire de ce blog un centre de réflexion où les débats seraient organisés (comment on parle à 1000 )?
    L’imposer dans les médias, les partis politiques, les syndicats, … ?
    Constituer un réseau, pour se structurer, pour durer, pour créer une force d’action diffuse et souple conforme à l’esprit pluraliste et ouvert du blog ?
    Intervenir dans le débat général, avec un impact global dans le champ économique et politique
    Une question mérite d’être posée :
    Est-ce qu’une intervention sur la « nature humaine », une comparaison entre les lois de la nature bien complexes et celles de l’économie capitaliste ou des affirmations comme « le capitalisme c’est nous et nos affects » ne permettent-elles pas d’échapper aux terribles et urgents questionnements :
    Quand l’énorme nuage du Tchernobyl de la finance devenue folle va-t-il s’abattre sur les peuples ?
    Quelles vont en être les conséquences concrètes, quelles seront les réactions des populations ?
    Pourrons-nous nous boucher les oreilles pour ne pas entendre les cris des émeutiers et ceux des braillards qui voudront les réduire au silence ?
    Seront-nous parmi les crieurs ou les braillards ?
    Comme disait joliment Jean-Luce Morlie : ( « Les aléas que générerait un rassemblement de passions portées par des braillards voulant être applaudis par une « Constituante ».) On dirait de l’Adolphe …Thiers !
    L’histoire nous montre que le « peuple » est imprévisible, c’est toujours la classe « dangereuse » et les « modérés », les classes moyennes se sont toujours rangées du côté des plus forts.
    « La crise, c’est quand le vieux monde se meurt et que le jeune monde hésite à naître ». Disait Gramsci

    1. Avatar de Eninel
      Eninel

      « Les tâches et les responsabilités qui sont aujourd’hui les nôtres »
      Quel beau titre, quand on le lit ce titre, les mots sont forts ! des accents du « Que faire ? » de Lénine
      Quelles sont les tâches ?
      On pourrait imaginer la suite :
      Que faut-il faire concrètement ? Rédiger un manifeste, une constitution, organiser une conférence internationale, avec tous les « ténors » de la crise pour lancer un appel comme à Zimerwald pour empêcher la guerre 14/18, …
      Quelles sont nos responsabilités ?
      On pourrait imaginer la suite :
      Faire de ce blog un centre de réflexion où les débats seraient organisés (comment on parle à 1000 )?
      L’imposer dans les médias, les partis politiques, les syndicats, … ?

      Je veux donner à Taupe Rouge le mérite de tenter de diriger le débat vers les vrais questions, l’essentiel :

      Partant du principe que nous avons tous sur ce blog la prétention de savoir que le titanic « capitaliste » est touché et qu’il va couler. Que tous peu ou prou nous allons boire le bouillon, la seule question qui vaille au nom de la sauvegarde du genre humain est que faire concrétement et à qui faut-il s’adresser en priorité si nous voulons faire oeuvre utile, limiter la casse, et permettre aux survivants de repartir sur des bases plus raisonnables et rationnelles que le capitalisme ?

      Notre hôte Paul nous invite à venir l’aider dans le but d’une intervention au sein d’un institut Diderot, en vue de livrer une énième prose sur la question de l’avenir du progrès. Grosso modo, Paul Jorion nous dit que l’obscurentisme, historiquement, est condamnée par l’histoire et les progrès scientifiques des temps modernes. Il affirme ce postulat généreux et somme toute assez vrai, mais il place un bémol dans cette croyance de la possibilité des hommes a déterminer les yeux ouvert leur avenir, en regrettant que dans l’ensemble des domaines d’activités, la science fait force de loi, sauf dans le domaine de l’économie politique. il touche juste encore. La science économique et la science politique est niées par 99,9 % des gens qui se disent progressistes. c’est un drame !

      Ici même, quelque 350 messages d’intervenants brillants, éduqués, intelligents, passionnés … mais tellement bavards, et finalement complétement à côté de la plaque ! C’est chiant à vous lire !

      Ce fil me fait vraiment penser à l’image d’Epinal de ces prêtres bysantins qui bavardaient gravement de la supériorité de leur intelligence, alors même que les barbares enfoncaient déjà à coup de bélier les remparts de la ville. j’ai l’impression que sur ce blog se met en place un concours obligeant chacun des intervenants à montrer qui sera le plus intelligent, le plus remarquable, le plus éduqué des savants. Evidemment je me trouve moi aussi pris au piége de ce concourt de coqueterie intellectuelle et ça commence à m’enerver cette affaire, puisque mon maître à penser me conseil, non pas de spéculer sur le monde, mais de le changer VRAIMENT !

      Le blog veut légitimement élargir son audience, mais dans le même temps, j’ai l’impression qu’il se dirige vers des débats hautement élitistes qui ne peut être que complétement illisible pour la classe sociale qui seule peut permettre à l’humanité de repartir dans le sens du progrès. C’est bien simple, le seul facteur progressiste qui reste sur le blog sont les billets de F Leclerq. Lui seul essaie d’expliquer avec des mots simples -pour des gens simples- la complexité de la finance. A contrario, Paul Jorion me semble aspirer de plus en plus vers une introspection intellectuelle de concepts ne me semblant pas dans l’immédiat si nécéssaire que cela d’aborder.

      Alors oui je loue le camarade Taupe Rouge de tirer la sonnette d’alarme. Simplfions nous la vie ! Vulgarisons notre savoir ! Tentons de refléchir sur le moyen d’atteindre le plus grands nombres des travailleurs, peut-être en passant par leurs organisations traditionnelles, et essayons d’inventer en partant de l’outil présent un nouveau média populaire et sincére.

      Le progrès humain est conditionné par l’avénement d’un nouveau mode de production, d’une nouvelle organisation politique et sociale, à l’échelle de la planéte. Ce sera le Socialisme ou un retour à l’obscurantisme moyenageux. Il n’y a pas d’autre alternative.

      Nous avons tout intérêt à nous convaincre de dispenser notre savoir -à petite dose, un peu comme on rentre un fil dans un chas étroit d’une aiguille – en direction des militants de la CGT, des travailleurs chinois qui seuls peuvent faire rendre gorge à cette caste d’apprentis capitalistes chinois fous et cyniques, des jeunes patriotes ivoiriens, des soldats nord-coréen etc.

      Que faut-il faire concrètement ? Rédiger un manifeste, une constitution, organiser une conférence internationale ? C’est le prolétariat, dans et pour la lutte des classes qui va construire le POR et la IOR. Le blog de Paul Jorion peut et doit aider. Il faut écrire comme le fait François leclerq pour ce qui concerne la finance, des articles politiques simples et vrais sur ce blog. Paul doit non pas adapter son discours aux savants, mais aux béotiens, à l’homme de la rue, à moi le camarade Eninel.

      La vérité est révolutionnaire, à partir du moment où elle est comprise.

    2. Avatar de interobjectif
      interobjectif

      La vérité est révolutionnaire, à partir du moment où elle est comprise.
      (Eninel)

      L’effort du philosophe révolutionnaire consistera donc à dégager, à expliciter les grands thèmes directeurs de l’attitude révolutionnaire et cet effort philosophique est lui-même un acte, car il ne peut les dégager que s’il se place dans le mouvement même qui les engendre et qui est le mouvement révolutionnaire.
      (Jean-Paul Sartre – Situations III, p. 181.)

      Pour que la Révolution soit, il ne suffit pas que Montesquieu la présente, que Diderot la prêche, que Beaumarchais l’annonce, que Condorcet la calcule, qu’Arouet la prépare, que Rousseau la prémédite; il faut que Danton l’ose.
      (Victor Hugo – Les Misérables, III, i, xi.)

      Y a-t-il un « Danton » sur ce Blog !?

  18. Avatar de EOLE
    EOLE

    @ Paul

    Contrairement à de nombreux autres commentateurs, j’apprécie que vous abordiez la question de la métaphysique qui soustend vos réflexions, vos écrits et vos propos. Les fanatiques de l’anti religieux vous reprochent ce qui est, pour moi, l’effort le plus important: qu’est-ce qui inconsciemment m’empêche d’objectiver pour faire d’un problème quelquechose qui puisse être résolu par la raison logique? Contrairement à ce qu’ils affirment, ignorer cette étape initiale empêche d’être vraiment soi-même face à la question. Celui qui n’est pas lui-même est alors le jouet de ses structures inconscientes: la métaphysique qu’il ne veut pas voir en lui et qui ne trouvant pas de sortie se porte inéluctablement sur les affects qu’il ne sait pas contrôler.

    Apprendre à connaître sa propre métaphysique et à se familiariser avec elle est le seul moyen de progresser. Cela n’a rien avoir avec une démarche religieuse sans l’exclure pour autant. Il dépend de sa propre métaphysique, une fois suffisament reconnue, de se voir comme croyant, quelle que soit sa religion, ou athée (ce qui pour moi est aussi une foi) ou agnostique pour qui la religion est indifférente, au moins dans ses interactions avec la totalité de son environnement. Je respecte chacun dans cette démarche.

    1. Avatar de Ando
      Ando

      « qu’est-ce qui inconsciemment m’empêche d’objectiver pour faire d’un problème quelquechose qui puisse être résolu par la raison logique? ».

      Si c’est le chemin que vous proposez il risque de vous conduire à quelques désillusions. En leur lit, la raison logique ne nous dit rien de plupart des « problèmes » dans lesquelles nous baignons. La conscience au sens de la neuroscience est une « propriété émergente ». La vision est exactement de la même nature, une propriété émergente. La raison logique n’a pas prise sur les propriétés émergentes car elle ne peut s’appliquer qu’à son contraire, ce qui peut se décomposer en éléments de base analysables et saisissables. Sitôt que vous appliquez la raison logique à une proprièté émergente celle-ci disparaît de votre vue. Pour autant vous continuez à voir et à être conscient.

    2. Avatar de EOLE
      EOLE

      @ Ando

      Pouvez-vous précisez ou clarifier? Pour l’instant votre pensée m’apparaît comme « une propriété émergente »…

    3. Avatar de Ando
      Ando

      @ Eole. Plus qu’une propriété émergente la pensée serait plutôt le résultat d’un processus. Le tout a un quelque chose en plus que la sommation de chacun des éléments qui font ce tout. Si cette chose « en plus » est dotée de propriétés particulières que l’on ne trouve pas dans les parties de ce tout il y a propriété émergente. La raison logique peut s’appliquer aux parties mais ne peut pas appréhender cette propriété, car celle-ci est insécable (si cette propriété était sécable elle perdrait précisément sa qualité de propriété émergente). La raison logique n’a pas de prise sur ce qui n’est pas décomposable en éléments plus petits qu’elle puisse mieux comprendre, quantifier et manipuler. La raison ne pourra pas vous dire ce que c’est si la chose n’est pas sécable sans perdre cette qualité particulière. L’émergence (si je puis dire lourdement..) de cette idée de « propriété émergente » pose aussi quelques questions sur la dichotomie sujet-objet.

      Apprendre à connaître sa propre métaphysique oui, mais ce sera difficile par la raison logique. A moins que nous n’entendiez par « sa propre métaphysique » un enchaînement conceptuel (la raison sera alors efficace).

    4. Avatar de Ando
      Ando

      @ Eole. A titre d’illustration.

      Sujet-objet, trois conditions :

      1. Il faut un « sujet ».
      2. Il faut un « objet ».
      3. Il faut une relation sujet-objet.

      1- Il faut un « sujet » (un « je »).

      Selon le sens commun, et puisqu’il faut un repère, le sujet est ce qui agit et qui est doué de conscience. Il a des contours délimités, il est localisable et reconnaissable. Il a une identité.

      Les neurosciences décrivent des mécanismes neurologiques où la présence d’un « sujet » n’est jamais évoquée, et ne semble d’ailleurs jamais nécessaire. Elles s’intéressent au phénomène de la conscience, mais ne posent pas l’existence d’un hypothétique « sujet » cérébral dont, de toutes les façons, l’indispensable unité/identité serait incompatible avec le fonctionnement (partage des tâches) par sous-ensembles et structures différenciées du système cérébral qu’elles décrivent. Exemple d’un discours de neuroscience :

      Mathias Pessiglione, chercheur à l’unité Inserm 610 de l’hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris, décrit ainsi la prise de décision sous l’angle neuronal : « On peut dire que chez l’homme, les régions corticales et sous-corticales ventrales, qui incluent le cortex orbitofrontal, les neurones dopaminergiques, l’amygdale impliquée dans les émotions et l’hippocampe impliqué dans la mémoire, évaluent de manière affective les choix possibles. Les régions dorsales du cortex préfrontal et des ganglions de la base exercent un contrôle cognitif sur ces évaluations et tranchent entre les différentes alternatives » (Sciences et avenir – sept. 2009 – n°751).

      Si je suis un « sujet » observant un « objet » je suis fondé à rechercher où se trouve ce sujet qui observe. Il n’existe, au stade ou en est la recherche sur le cerveau aujourd’hui, aucune zone localisée du cerveau dont on puisse dire : « là est le sujet qui observe ». Il existe des zones bien différenciées qui traitent l’image formée par la rétine, qui créent l’impression d’espace ou de distance, qui mémorisent et conceptualisent, mais rien qui ressemble à un « sujet observant ». A la question « où est le sujet observant ?» les neurologues sont en peine d’apporter une réponse. L’idée d’une « intégration » dans les centres corticaux supérieurs débouche alors sur la proposition : la vision (par exemple) est une propriété émergente, c’est-à-dire le résultat d’une intégration, de même que la conscience serait une propriété émergente du corps. C’est dire qu’il est impossible de comprendre où se trouve ce fameux « sujet observant » et que sa nature de « propriété émergente » en fait quelque chose de délicat à cerner. Qui observe le résultat de l’intégration ?.

      On peut tourner la difficulté en globalisant la définition du sujet. On fait le chemin en sens inverse. Si le « sujet observant » est une propriété émergente à laquelle on ne peut attribuer de localisation précise dans le cerveau c’est que c’est le cerveau dans son ensemble qui « voit ». Or, le cerveau est une partie du corps et la nécessaire unité physiologique de ce dernier interdit de considérer le cerveau seul comme un sujet, ne serait-ce que parce qu’il existe une imbrication totale, inséparable et vitale entre corps et cerveau. Sa matière blanche est le prolongement des nerfs qui parcourent tout le corps : le cerveau est aussi le corps. Notre « sujet » n’est donc plus le cerveau mais le corps. Nous voici revenus au point de départ : où est le sujet ? Dans la jambe, dans le bras ? Dans le foie ou les poumons ? Dans le cerveau ? etc…

      2- Il faut un objet.

      S’il y a un objet observé je suis fondé à rechercher où se trouve cet objet. Cet objet que je regarde est le résultat d’une perception dans le corps (intégrée par le cerveau) et nulle part ailleurs. Le monde extérieur ne peut émerger à la conscience qu’en tant qu’il est appréhendé par la vue, le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe, la pensée (les six sens, si comme les bouddhistes, on assimile la pensée à une sorte de sens). C’est-à-dire que ce « monde extérieur » n’acquiert de réalité que dans et par le corps. L’arbre que je vois au loin dans le pré, je ne le vois pas là où il est, mais dans le cerveau, dans le corps : je « sais » qu’il est là où il est mais ce n’est pas là où il est que je le vois. Seuls les cinq (ou six) sens donnent une consistance et une « réalité » au monde dit extérieur. Sujet et objet (ou représentation de l’objet) partagent une caractéristique commune : celle de se trouver au même endroit, dans le corps.

      On peut d’ailleurs se demander ce que serait une réalité qui ne serait pas appréhendée par nos sens. D’autres réalités sont, puisqu’il est impossible de prétendre que les sens de l’être humain, qui sont le résultat d’une évolution, façonnés par un environnement, soient les seuls qui permettent de saisir le « monde extérieur ». Le monde que perçoit le poisson est très différent du nôtre. Pour autant, sa réalité n’est pas moins « réelle » que la nôtre.

      3- Il faut une relation sujet objet.

      La notion de « relation » implique que l’on puisse clairement différencier deux domaines : le domaine de ce qui appartient au sujet, le domaine de ce qui relève de l’objet. La frontière entre ces deux domaines doit être localisable, à défaut il y a confusion entre le sujet et l’objet et donc absence de relation. Ce lien sujet-objet délimite également un « intérieur » (le corps qui est le lieu de la perception) et un « extérieur » (l’objet qui active la perception).

      Considéré sous l’angle de son fonctionnement, il apparaît que le cerveau n’établit pas spontanément de frontière nette entre « intérieur » et « extérieur ». Une équipe de chercheurs de l’université Claude Bernard et de l’INSERM de Lyon a ainsi montré au printemps 2009 que lorsque nous tenons un objet (outil, fourchette, etc…) le cerveau perçoit l’objet comme une extension de notre corps, qui fait donc partie de celui-ci (Science & Vie – sept. 2009). Il semble que ce soit le néocortex, et ses capacités d’abstraction, qui créé la différenciation intérieur/extérieur. Par ailleurs, les techniques de visualisation, utilisées dans l’entraînement sportif de haut niveau, ont pour effet de créer entre les neurones exactement les mêmes liaisons que celles qui naissent de l’entraînement physique lui-même. Le sportif peut réussir une figure difficile alors même qu’il l’a peu pratiquée en réalité, ou qu’il ne parvient pas ou mal à la réaliser. Le corps ne fait alors que valider, lors de l’exécution du mouvement, un schéma mental issu d’une visualisation. Le corps n’est pas un « objet extérieur » pour le cerveau.

      On sait que le nerf optique traite déjà une partie de l’image reconstituée par stimulations provenant des cônes et des bâtonnets alors que, jusqu’à présent, l’idée qui prévalait était que le cerveau « voyait » ce que l’œil transmettait, cet œil étant considéré à l’instar d’un appareil photographique, un vecteur neutre. L’image est donc déjà en partie construite avant d’être conduite par le nerf optique dans les aires visuelles du cerveau. De la pupille à la « propriété émergente » il y a en fait un continuum. Reprenons l’hypothèse de notre sujet observant impossible à localiser : à partir de quel endroit se trouve-t-il ? A partir de l’œil ? Evidemment non. A partir du nerf optique ? A partir des aires visuelles ? Non plus. A partir du cortex ? Toujours non. A partir d’une « propriété émergente » ? Mais qu’est-elle sinon une manière de dissimuler qu’on n’en sait rien ? Dans l’autre sens : à partir de quel endroit est l’objet ? A partir de l’œil ? Non pas. A partir des photons qui l’éclairent ? Non plus. A partir de l’objet en lui-même ? Mais qu’est ce que l’objet en lui-même sinon le résultat d’une perception ? On en revient donc à « qui perçoit dans le corps ? ».

      Tout se passe comme si la vision était un processus qui déborde les notions de sujet – objet. Ce n’est pas le « sujet » qui « voit », c’est un processus qui « voit » et de ce processus naît l’impression du sujet qui voit. De ce qui est regardé au résultat final (l’impression qui fait dire : « je vois » l’objet) il y a une chaîne ininterrompue, une chaîne de causalité : à chaque étape est rajouté un élément qui donnera le résultat final : ce qui est vu. Si un élément de ce lien vient à faire défaut (objet perçu, lumière, œil, nerf optique, aire visuelle, cortex, etc…) il n’y a plus de vision de cet objet. Si ce qui délimite les deux domaines du « sujet » et de l’ « objet » est impossible à déterminer c’est qu’il y a un continuum dont font partie à la fois « sujet » et « objet ». Ou plutôt : « sujet » et « objet » sont une façon conventionnelle et arbitraire d’attribuer un nom à quelque chose qui appartient à un même continuum, à une même unité; qui revient donc à différencier de manière simplement conceptuelle quelque chose d’uni. « Sujet » et « objet » sont intégrés au sein de la même réalité.

      Ce processus se moque des notions d’« intérieur » et d’« extérieur ». A partir de quand le processus de voir devient-il un processus intérieur au corps alors qu’il est impossible de localiser dans ce corps le sujet qui observe ? J’ai pris l’exemple de la vision pour illustrer la difficulté de tracer une frontière entre ce qui serait un « sujet » et ce qui serait un « objet », mais cet exemple peut être remplacé par n’importe lequel des autres sens.

      La proposition « le sujet est ce qui agit et qui est doué de conscience » est inexacte si le sujet est introuvable. La proposition correcte est alors « le sujet n’est pas, la conscience est », et puisque la conscience est permanente et que le sujet ne l’est pas, la conscience n’est pas l’attribut du sujet (la conscience ne saurait être l’attribut de quelque chose qui n’est pas). La conscience du sujet n’est une illusion qu’en tant qu’elle serait celle d’un sujet, mais en tant que telle elle est. C’est même peut-être la seule chose qui soit. D’elle on peut simplement dire qu’elle est une propriété du corps, ou qu’elle est dans le corps. La conscience est l’attribut du corps, non celui d’un illusoire sujet.

    5. Avatar de EOLE
      EOLE

      @ Ando

      Merci de toutes ces explications très intéressantes.
      Si je comprends bien, la séparation objet/sujet/relation ne saurait être que conceptuelle puisqu’aucun des trois ne saurait être mis en évidence hors des deux autres.
      Je trouve un peu court le « sujet » limité à son corps. Ce corps n’est-il pas totalement en relation avec ce que la pensée peut concevoir en dehors de lui? Ce corps dont les éléments constitutifs sont en perpétuelle transformation (il absorbe et rejette) tant qu’il jouit d’une vie intègre… Jamais ni tout à fait le même ni tout à fait un autre.
      La pensée est donc métaphysique et les arts plastiques montrent que la vision l’est aussi.
      Puisque vous faites appel aux neuro-sciences, moi qui n’ai que des informations « grand public » sur cette discipline, je m’autorise à penser, du fait de mon ressenti d’exister, que vouloir ignorer les interactions entre les différentes couches neuronales de mon cerveau ne fait que me conduire à la confusion. J’entends par là que si je ne suis pas conscient des instincts supportés par les couches les plus profondes, ni des affects qui participent au-dessus à leur régulation, les computations superstructurales de mon néo-cortex risquent de se trouver orientées à mon insu et contre leur logique même pour satisfaire à ces instincts primaux ou à mes affects secondaires. Voila pourquoi je crois fondamentale à toute pratique conceptuelle une introspection qui ne renie ni ne dénie la valeur de mes instincts et de mes affects.
      J’appelle « métaphysique » l’état présent de la carte intérieure qui me sert à représenter ma position actualisée de sujet pensant.

    6. Avatar de interobjectif
      interobjectif

      Introduction à la métaphysique :

      Si l’on compare entre elles les définitions de la métaphysique et les conceptions de l’absolu, on s’aperçoit que les philosophes s’accordent, en dépit de leurs divergences apparentes, à distinguer deux manières profondément différentes de connaître une chose. La première implique qu’on tourne autour de cette chose ; la seconde, qu’on entre en elle. La première dépend du point de vue où l’on se place et des symboles par lesquels on s’exprime. La seconde ne se prend d’aucun point de vue et ne s’appuie sur aucun symbole. De la première connaissance on dira qu’elle s’arrête au relatif; de la seconde, là où elle est possible, qu’elle atteint l’absolu.

      Soit, par exemple, le mouvement d’un objet dans l’espace. Je le perçois différemment selon le point de vue, mobile ou immobile, d’où je le regarde. Je l’exprime différemment, selon le système d’axes ou de points de repère auquel je le rapporte, c’est-à-dire selon les symboles par lesquels je le traduis. Et je l’appelle relatif pour cette double raison : dans un cas comme dans l’autre, je me place en dehors de l’objet lui-même. Quand je parle d’un mouvement absolu, c’est que j’attribue au mobile un intérieur et comme des états d’âme, c’est aussi que je sympathise avec les états et que je m’insère en eux par un effort d’imagination. Alors, selon que l’objet sera mobile ou immobile, selon qu’il adoptera un mouvement ou un autre mouvement, je n’éprouverai pas la même chose. Et ce que j’éprouverai ne dépendra ni du point de vue que je pourrais adopter sur l’objet, puisque je serai dans l’objet lui-même, ni des symboles par lesquels je pourrais le traduire, puisque j’aurai renoncé à toute traduction pour posséder l’original. Bref, le mouvement ne sera plus saisi du dehors et, en quelque sorte, de chez moi, mais du dedans, en lui, en soi. Je tiendrai un absolu.

      Soit encore un personnage de roman dont on me raconte les aventures. Le romancier pourra multiplier les traits de caractère, faire parler et agir son héros autant qu’il lui plaira : tout cela ne vaudra pas le sentiment simple et indivisible que j’éprouverais si je coïncidais un instant avec le personnage lui-même. Alors, comme de la source, me paraîtraient couler naturellement les actions, les gestes et les paroles. Ce ne seraient plus là des accidents s’ajoutant à l’idée que je me faisais du personnage, enrichissant toujours et toujours cette idée sans arriver à la compléter jamais. Le personnage me serait donné tout d’un coup dans son intégralité, et les mille incidents qui le manifestent, au lieu de s’ajouter à l’idée et de l’enrichir, me sembleraient au contraire alors se détacher d’elle, sans pourtant en épuiser ou en appauvrir l’essence. Tout ce qu’on me raconte de la personne me fournit autant de points de vue sur elle. Tous les traits qui me la décrivent, et qui ne peuvent me la faire connaître que par autant de comparaisons avec des personnes ou des choses que je connais déjà, sont des signes par lesquels on l’exprime plus ou moins symboliquement. Symboles et points de vue me placent donc en dehors d’elle ; ils ne me livrent d’elle que ce qui lui est commun avec d’autres et ne lui appartient pas en propre. Mais ce qui est proprement elle, ce qui constitue son essence, ne saurait s’apercevoir du dehors, étant intérieur par définition, ni s’exprimer par des symboles, étant incommensurable avec toute autre chose. Description, histoire et analyse me laissent ici dans le relatif. Seule, la coïncidence avec la personne même me donnerait l’absolu.

      C’est en ce sens, et en ce sens seulement, qu’absolu est synonyme de perfection. Toutes les photographies d’une ville prises de tous les points de vue possibles auront beau se compléter indéfiniment les unes les autres, elles n’équivaudront point à cet exemplaire en relief qui est la ville où l’on se promène. Toutes les traductions d’un poème dans toutes les langues possibles auront beau ajouter des nuances aux nuances et, par une espèce de retouche mutuelle, en se corrigeant l’une l’autre, donner une image de plus en plus fidèle du poème qu’elles traduisent, jamais elles ne rendront le sens intérieur de l’original. Une représentation prise d’un certain point de vue, une traduction faite avec certains symboles, restent toujours imparfaites en comparaison de l’objet sur lequel la vue a été prise ou que les symboles cherchent à exprimer.
      Mais l’absolu est parfait en ce qu’il est parfaitement ce qu’il est.

      C’est pour la même raison, sans doute, qu’on a souvent identifié ensemble l’absolu et l’infini. Si je veux communiquer à celui qui ne sait pas le grec l’impression simple que me laisse un vers d’Homère, je donnerai la traduction du vers, puis je commenterai ma traduction, puis je développerai mon commentaire, et d’explication en explication je me rapprocherai de plus en plus de ce que je veux exprimer ; mais je n’y arriverai jamais. Quand vous levez le bras, vous accomplissez un mouvement dont vous avez intérieurement, la perception simple ; mais extérieurement, pour moi qui le regarde, votre bras passe par un point, puis par un autre point, et entre ces deux points il y aura d’autres points encore, de sorte que, si je commence à compter, l’opération se poursuivra sans fin. Vu du dedans, un absolu est donc chose simple ; mais envisagé du dehors, c’est-à-dire relativement à autre chose, il devient, par rapport à ces signes qui l’expriment, la pièce d’or dont on n’aura jamais fini de rendre la monnaie. Or, ce qui se prête en même temps à une appréhension indivisible et à une énumération inépuisable est, par définition même, un infini.

      Il suit de là qu’un absolu ne saurait être donné que dans une intuition, tandis que tout le reste relève de l’analyse. Nous appelons ici intuition la sympathie par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un objet pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable. Au contraire, l’analyse est l’opération qui ramène l’objet à des éléments déjà connus, c’est-à-dire communs à cet objet et à d’autres. Analyser consiste donc à exprimer une chose en fonction de ce qui n’est pas elle. Toute analyse est ainsi une traduction, un développement en symboles, une représentation prise de points de vue successifs d’où l’on note autant de contacts entre l’objet nouveau, qu’on étudie, et d’autres, que l’on croit déjà connaître. Dans son désir éternellement inassouvi d’embrasser l’objet autour duquel elle est condamnée à tourner, l’analyse multiplie sans fin les points de vue pour compléter la représentation toujours incomplète, varie sans relâche les symboles pour parfaire la traduction toujours imparfaite. Elle se continue donc à l’infini. Mais l’intuition, si elle est possible, est un acte simple.

      Ceci posé, on verrait sans peine que la science positive a pour fonction habituelle d’analyser. Elle travaille donc avant tout sur des symboles. Même les plus concrètes des sciences de la nature, les sciences de la vie, s’en tiennent à la forme visible des êtres vivants, de leurs organes, de leurs éléments anatomiques. Elles comparent les formes les unes aux autres, elles ramènent les plus complexes aux plus simples, enfin elles étudient le fonctionnement de la vie dans ce qui en est, pour ainsi dire, le symbole visuel. S’il existe un moyen de posséder une réalité absolument au lieu de la connaître relativement, de se placer en elle au lieu d’adopter des points de vue sur elle, d’en avoir l’intuition au lieu d’en faire l’analyse, enfin de la saisir en dehors de toute expression, traduction ou représentation symbolique, la métaphysique est cela même. La métaphysique est donc la science qui prétend se passer de symboles.

      […]

      (Henri BergsonLa pensée et le mouvant, Introduction à la métaphysique, page 98 à 124)

    7. Avatar de Ando
      Ando

      @Eole. Merci à vous.

      Tout à fait, il me semble que cette distinction objet/sujet est d’abord conceptuelle. C’est une manière de dire que le sujet ne porte aucune essence en lui. L’individu est animé par un passé, une mémoire, des sensations, un vécu, des projets, etc…mais ce qui ressent ces choses n’a pas d’essence identifiée. Les souffrances, les joies, les plaisirs sont vécus sans qu’il soit besoin qu’un support fictif (le sujet) les ressente. Ces sensations sont d’ailleurs bien mieux vécues lorsque le « moi » (la personnalité du sujet) cède de son importance. Dire que l’individu est limité à son corps c’est dire que le seul élément qui soit tangible, et surtout réel, est ce corps. Non pas comme une entité isolée et autonome, mais comme une partie intégrante d’un flux (le flux de tout ce qui est en fait) qui heureusement et malheureusement inclut aussi ce que la pensée conçoit (la pensée est une production corporelle). Il est à la fois ce flux et une partie de ce flux. Coupé de ce flux, il disparaît très vite. Le sujet est une convention sociale : c’est en grande partie le milieu et la famille, la collectivité qui distribue les rôles et définit un « sujet ». Non seulement le sujet n’a pas d’identité en propre, mais en outre il est le jouet permanent d’un théâtre d’ombres mental dont il n’a pas conscience et qui oriente « ses » décisions. Il est possible de prendre conscience, partiellement, de ce sous-jaçent qui nous dirige (non pas dans sa production permanente, mais dans ses manifestations les plus visibles qui affleurent). Il s’agit juste de voir et non d’analyser (analyser à ce niveau c’est introduire encore ce qui nourrit cette mécanique de l’ombre, càd du jugement, du bien et du mal). Ce qui voit sans juger et sans penser c’est ce que j’appelle la conscience. Ce n’est pas une chose qui m’appartient, elle appartient à l’espèce (sans doute aussi à quelques mammifères).

    8. Avatar de jck
      jck

      @interobjectif
      « Quand je parle d’un mouvement absolu, c’est que j’attribue au mobile un intérieur et comme des états d’âme, c’est aussi que je sympathise avec les états et que je m’insère en eux par un effort d’imagination.  »

      La difficulté commence quand, par un effort d’imagination, vous essayez de vous mettre à la place d’un photon, de sympathiser avec ses états d’âme.
      A la vitesse de la lumière, les distances sont infiniment contractées, et le temps infiniment dilaté, que « voit » alors le photon?
      Toutes les distances étant égale à 0 du point de vu du photon, les mots « intérieur » et « extérieur » n’ont aucun sens, en fait les mots « repère » ou « point de vue » n’ont aucun sens.
      On ne peut donc appréhender le photon que depuis un repère extérieur ayant une vitesse inférieure à celle de la lumière. Et dans tous ces référentiels, on mesure la même vitesse pour le photon. Tous les repères sont équivalents. L’un n’est pas plus vrai que l’autre, l’un n’est pas plus absolu que l’autre.

    9. Avatar de interobjectif
      interobjectif

      @ jck,
      Pour vous répondre, un physicien pourrait citer ceci :

      Le déterminisme apparent des échelles macroscopiques doit aux petites échelles céder la place à un probabilisme qui se contente de supputer les éventualités possibles et leurs probabilités respectives.
      (Louis de Broglie, Physique et Microphysique, p. 294.)

      Tandis qu’un métaphysicien préférerais vous citer cela :

      Mais rien ne change à l’aspect total d’un corps, de quelque manière que la pensée le décompose, parce que ces diverses décompositions, ainsi qu’une infinité d’autres, sont déjà visibles dans l’image, quoique non réalisées : cette aperception actuelle, et non pas seulement virtuelle, de subdivisions dans l’indivisé est précisément ce que nous appelons objectivité.
      (Henri Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, p. 42.

  19. Avatar de Subotai
    Subotai

    Chais pas, je ne peux pas m’empêcher de penser à la La Fontaine, avec la Grenouille et le Bœuf…

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Qui est la grenouille et qui est le bœuf ?

  20. Avatar de béber l'ami des zatés

    « la pensée chinoise traditionnelle »

    Tout dépend où l’on situe l’ autrefois de la tradition , dans le temps tout aussi bien que géographiquement .

    http://www.zizitop.net/article-tout-savoir-sur-les-menhirs-suite-2-59592972.html

  21. Avatar de Joan
    Joan

    Voici des hommes qui n’ont visiblement pas besoin de notre progrès pour vivre heureux et en harmonie avec la nature. Il est vrai que ce sont de petites communautés, qui ne sont pas obsédées par l’idée de croître et multiplier.

    http://www.youtube.com/watch?v=FUPh2SQXOYY

    http://www.dailymotion.com/video/xduxj4_peuple-nenets-du-nord-de-la-russie_travel

    1. Avatar de dag
      dag

      Qui était cet anthropologue qui pointait la différence radicale des civilisations de l’être , vivant dans une dimension du temps non linéaire proche de l’éternité et des civilisations de l’avoir et du cumul , vivant dans une dimension du temps linéaire proche de l’instant et du court terme ?

  22. Avatar de Piotr
    Piotr

    « qui ne sont pas obsédées par l’idée de croître et multiplier. »

    La nature fait son œuvre;une crise d’appendicite par ci,une gastro-entérite par là…Le tri sélectif en somme…

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Réponse un peu sarcastique à Joan;qu’il me pardonne!

    2. Avatar de Joan
      Joan

      Ce sont les religions et en particulier les religions monothéistes qui se sont montrées irresponsables à ce sujet: « croissez et multipliez, Dieu pourvoira au reste ».
      Effectivement pour le reste c’est souvent le Diable qui y pourvoit, par les fléaux qu’il fait s’abattre sur l’humanité.
      Division des rôles très utile pour permettre au croyant de garder la foi en un Bon Dieu.
      C’est un peu comme la droite et la gauche en politique: il y a le père fouettard qui vous sucre vos acquis sociaux et le gentil papa gâteau qui vous promet qu’il les rétablira si il est élu.
      Actuellement c’est l’Islam qui pratique sans frein le « croissez et multipliez, pour le reste ‘Inch Allah’ « , avec tous les problèmes liés à la surpopulation que cela induit dans les pays concernés et la montée de l’intégrisme.
      Pour autant le Pape des catholiques reste toujours opposé à la contraception, et si la fécondité a baissé dans les pays riches c’est plutôt parce que l’avènement de l’Etat Providence a permis de moins compter tout au long de sa vie et en particulier pour ses vieux jours sur ses enfants.
      Mais le Diable néo-libéral va corriger cela, en continuant à détruire les systèmes sociaux.
      Je ne suis pas pour autant malthusien, je dois plutôt être influencé par le fait que je suis né en terres Cathares. Les Cathares considéraient en effet que seules des âmes déchues avaient le « privilège » de naître, vivre et mourir dans cette vallée de larmes.
      Ils n’étaient donc logiquement pas pour la prolifération des êtres humains sur cette terre. L’église catholique leur a fait payer ce manque d’optimisme, en les cramant sur les bûchers de la Sainte Inquisition, dont notre Pape actuel fut le préfet avant que d’être Pape.
      Maintenant cela ne s’appelle plus Sainte Inquisition, mais Congrégation pour la Doctrine de la Foi ou Saint Office. Elle n’organise heureusement plus des bûchers, mais veille aux déviances par rapport à la doctrine.

    3. Avatar de Alain A

      Joan

      Si l’on croit ;-), comme moi, que les religions sont des inventions culturelles humaines adaptées à leur environnement, on peut penser que les religions imaginées dans des tribus en guerre contre leurs voisines dans les déserts ou semi-déserts du Proche-Orient, on peut considérer que le « Croissez et multipliez » était assez adéquat. Avec beaucoup d’enfants, les tribus pouvaient faire la guerre et conquérir les paturâges des voisins.

      Ce qui est un peu stupide est surtout de garder les mêmes religions 1.000, 2.000, 3.000 ans après leur création et dans des environnements tout autres…

      Et si on se construisait ici une petite religion adaptée à la fin du matérialisme capitaliste ?

    4. Avatar de astarte
      astarte

      @ Joan
      on va pas s’ gêné, le p’tit sport facile international,
      un petit cliché sur les musulmans et l’islam, ah que ça pullule!!

      voir ici , un petit ouvrage de démographes sur la transition démographique.

  23. Avatar de logique
    logique

    Les dieux ont eux aussi subit d’énorme progrés. Aux tout début ils ne sagissait que de dieux représentant les forces de la nature, puis la nature elle même. Dans un second temps, surement une révolution intellectuelle, les dieux anciens furent oublier et les nouveaux dieux prirent alors forme humaine, cette nouvelle forme de religion est surement du a la sédentarisation des groupes. L’aurité des hommes prennait alors le dessus sur l’autorité de la nature. Et oui ! la création des dieux progresse.
    Les petits groupe formèrent des groupes de plus en plus grand, et le caractère humain se devellopait lui aussi en parrallèle, les dieux autoritaire dure s’entourer d’autre dieux afin de bien gerer l’organisation de ses grandes citées. Il fallait bien sur des dieux de fertillité, pour les moissons, des dieux de la guerre, pour la protection, la beauté, les art mais aussi les vices et les consequences de la culpbilité.

    Et puis personne ne sait pourquoi, un pauvre ingénieur charpentier a décider d’en finir avec tous ces dieux humains, en tout cas qui était le portrait cracher des caractéres et des sentiments humains ainsi que certaines fonction social et toujours la fertilité, qui a su résister aux progrés, pour définir dieux comme un être unique est tout puissants et surtotu dénuer des attributs humains, je ne connais pas par coeur les péchés, j’y suis abonné, surtout pendant les fêtes en son honneur :)).

    Se dieux unique, c’est quand même du progrés. La ou il fallait 20 humains 1 seul être suprème auquel il était indispensable de ressembler, dans les dirent, pas dans les faits.

    Maintenant nous connaissont la suite du progrés, il n’y a plus de dieux et surtout pas de grands architecte ou l’univers a pris conscience. Les nouveaux dieux moderne, du XX siecle, semble beaucoup des dieux de plaisirs et de loisir, ou en tout cas la substance magique qui autorise les plaisir et les loisirs. Le marché boursier, le grand casino mondial, le tourismes, les artistes. Les dieux sont revenu sur terre du coup; et il semble donc constater que le progrés qui jusqu’a maintenant impliquait une progession du symbole de dieux, voie cette progression s’inverser.

    En retournant en arrière, il y a fort a parier que des dieux necessaire a la bonne gestion de groupe de personne étant devenu énorme, les dieux de la guerre risque de refaire surface.
    Par contre c’est les forme de guerre qui elle a changer. Les dieux du foot, est autre dieux de la bourse ou de la technomogie, recele de potion beaucoup plus moderne pour nous forcer a un retour en arrière. Il serrait temps d’envisager le progrés dans son enssemble est non pas que pour son efficacité commercial.

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Athées et idolâtres…

    2. Avatar de logique
      logique

      Athées et idolâtres…

      J’aime bien ce piont de vue, c’est un bon résumé. Mais je pense que c’est mal connaitre la nature humaine que de la croire athée dans son enssemble, elle n’est athée que chez un trés petit nombre mais elle reste idolatres pour l’enssemble, a quelques exeptions près.

      Donc dieux, n’est pas completement mort même si un petit nombre de nantis ne sentent plus le besoin de faire appel a lui, et que l’autre petit nombre d’intellectuel pense avoir compris qu’il sont une petite partie de se dieux et que dieux ne peut donc exister sans eux.

      Suite il y a ceux pour qui dieux qui existe sous une forme ou sous une autre, l’idolatrie reste une forme de culte et donc trés lié a la notion de croyance. Donc la majorité se divise ensuite en deux catégorie, la croyance en un dieux ou en un diable.

      Donc idolatres, sans aucuns soucis, par contre athées, j’ais beaucoup de mal a y croire.

    3. Avatar de EOLE
      EOLE

      @ Logique

      Vous êtes polythéiste ascendant monothéiste à ce que je vois…

      Se dieux unique, c’est quand même du progrés

    4. Avatar de logique
      logique

      Je suis tout simplement un être vivant comme beaucoup d’autre. Et qui, bien que ne croyant pas en dieux, n’arrive pas a concevoir dans l’extraordinaire évolution des espéces vivantes un ordre intellectuel superieur a l’intelligence humaine. Dieux est un tout dont nous faisont partie.
      Pour moi si il devait exister, il serait une forme d’énergie.

      D’ailleurs, une petite refléxion personnel. Si le paradis devait exister, je pesne qu’a aucun momment le responsable de se paradis ne laisserait y entrer un terrein. Se ne serait plus le paradis :))

  24. Avatar de baillergeau

    «LE DEPASSEMENT DE LA NATURE PAR L’HOMME N’A PAS ENCORE EU LIEU DANS LA SPHERE ECONOMIQUE » (Paul Jorion)

    Paul Jorion cherche le parcours qui conduit à la résolution de ce problème. Il part d’un postulat athée avec des moyens qui ne sont pas les miens. Cependant je ne vois pas pour quelles raisons les chrétiens seraient exclus de cette démarche.

    «Notre espèce est mauvaise et agressive.»
    Combien de constats empêchent de mettre en doute cette affirmation ? Les contradicteurs sont rares.
    Si l’on écarte les débats hors-sujet sur le pêché originel, les chrétiens devraient se retrouver dans cette formulation.
    A la différence du reste de la nature, l’homme a la capacité de garder en mémoire les expériences des générations antérieures et de participer à une évolution positive du monde, entachée de grosses erreurs du fait des caractéristiques de son espèce et aussi du pêché d’orgueil que Paul Jorion n’imprime pas – mon goût «juif» des stetsons noirs m’oblige à me souvenir que l’homme n’est pas illimité dans ses pensées et ses actes ce que Paul Jorion semble croire.
    Cette évolution est pour les chrétiens le chemin qui conduit à un but final, fin des douleurs morales et physiques, mais ce Paradis n’est qu’un espoir non daté et à peine compréhensible.

    Que, dans ce cheminement, la sphère économique soit demeurée en jachère et en large partie au sein du tohu-bohu original sera une évidence pour les chrétiens sociaux et l’objet de toute leur attention.

    Comme ces mots peuvent laisser perplexe, je précise que Dieu ne s’est pas incarné comme les ariens le voyaient, un chef/Dieu.
    Jésus fut un homme à la vie brève, entouré de disciples prêts à la trahison et qui ne comprenaient rien à son message d’amour, exprimé et adopté par de bien pauvres gens, une pute et un collabo.
    En outre, sa puissance suprême s’est exprimée dans la faiblesse et l’humilité.

    Après, le christianisme fut retourné comme une crêpe, dans une alliance du sabre et du goupillon, ça dure encore mais on peut éviter d’en parler.

    http://legueduyabboq.blog.lemonde.fr

  25. Avatar de bernard laget
    bernard laget

    Pour ma part et aussi belle soit t’elle je voudrais rejeter la pensée de Schelling car elle est circulaire autoféderentielle; certes l’humanoide est un produit de la nature, mais cette forme que nous croyons aboutie n’est que d’une part provisoire et d’autre part hasardeuse. Notre « conscience » devrait se borner à relativiser notre histoire aux contingences bonnes et mauvaises qu’a pu lui offrir ce miracle cosmologique qu’est notre planète.
    Mais à tout prendre le  » Paradis » est bien terrestre, et notre cécité ou notre imbécile prétention est de ne pas le reconnaitre, notre avenir est par nécessité terrestre comme un poisson ne peut étre que dans l’eau. La crise actuelle n’est pas celle de l’argent, mais d’une celle d’une humanité qui se croyait tout permis en vertu d’un progres paradigmique et qui prend confusémment conscience qu’elle saborde le  » Bateau Terre » , comme des poissons qui videraient leur propre l’aquarium..

    Quant est ce que les humains Habiteront t’ils un jour leur terre ?, c’est le défi en cours et il ny’a que le « Progres  » qui puisse nous y conduire, comme Charpack l’envisageait, Je n’ai sur ce chemin que faire de la conscience, mais certainement de coeur et d’intélligence, ca oui !.

    En réponse à Schelling, je propose de méditer à ce pourvoyeur de vie que fut le Soleil et qu’est le Soleil, et en retour que le vivant se soit doté de la vue pour voir ce qu’il éclaire d’une lumiére sacrée.
    .

  26. Avatar de Steve
    Steve

    Bonjour à tous
    @Paul
    « L’avenir du progrès »! Le titre indique déjà que les produits de ce colloque ne seront fort probablement que des spéculations sur ce que la culture européenne nomme progrès. Evènement bien dans la tradition des « salons à la française » brillant, ô combien discursif et assez vain hélas!

    Pourquoi spéculations: car l’avenir n’est pas le futur: le futur ayant un point d’origine peut être « mesurable » en un certain sens. L’avenir n’en a pas et de ce fait est incommensurable par la raison, mais peut être par la boule de cristal! On s’oriente là donc vers le salon de la voyance!

    Progrès: A la lecture des commentaires il ressort que la notion de progrès est, en occident, indissociable de la technologie au sens large. certains ont cité le Bouddha ou Confucius ou la civilisation chinoise: sans exclure les améliorations matérielles, les civilisations asiatiques ont plutôt associé le progrès humain à son changement intérieur: Paul ce que vous dites de l’espèce humaine « mauvaise et aggressive » ( ce qui relève à mon sens d’une expression malheureuse associant sur un même plan un jugement de valeur morale et un qualificatif comportemental d’ordre plus biologique) a été identifié depuis lontemps en orient et les solutions recherchées autant à « l’intérieur » par un enseignement basé sur la maîtrise du corps et du souffle surtout qu’à l’extérieur par l’invention de règle sociales – respect confucéen des rites …
    Par ailleurs l’utilisation indifférent du terme homme est source de confusion: si ‘l’hominidé est produit et partie prenante de la « nature », l’humain ne peut se réduire à cela. Or on peut se demander si la notion de progrès ne relève pas essentiellement de l’humain et non de l’hominidé – physiologiquement du cortex et non du système limbique- tronc cérébral.

    Il m’apparait aussi que ce nous nommons progrès est indissociable de l’économie et des échanges marchands: il s’agit d’avancées conceptuelles ou relevant de la technologie au sens large qui ont été jugées intéressantes par l’économie: l’histoire compte assez d’innovations qui sont restées inemployées car jugées inadaptées aux desseins des dominants…

    Depuis que je fréquente votre blog, il me semble de plus en plus pertinent de considérer « l’économie » comme expression d’une culture dans un référentiel d’échanges marchands.
    Comme nous vivons – en occident- dans un monde ayant choisi l’absolutisation des concepts et par la suite des objets contrairement aux chinois qui ont opté pour la mondanisation ( pour ces notions je ne peux que renvoyer à Augustin Berque Ecoumène) Nous nous retrouvons systématiquement dans un référentiel recourant à la transcendance – Dieu ou la main des marchés, ça revient en fin de compte à la même chose ….
    Comme nous sommes désormais dans un monde relativiste et fini, il serait vain de tenter d’imaginer un quelconque progrès qui ne prendrait pas en compte la conception autre du monde de ces civilisations différentes. Le chemin que prendra désormais l’humanité résultera du dialogue, conflictuel entre civilisations.

    Sans parler de « dessein intelligent  » même si, en référence au modèle standard, l’apparition de la vie résulte du suivi de chemins d’évolution assez peu probables ( – le monde le plus probable selon la physique serait un monde d’atomes de fer – exclusivement) Force nous est de constater que la vie explore toutes les possibilités d’expression – voir certaines formes de vie inimaginables ( même par un Baudelaire sous absinthe!) dont certaines sont des impasses: on ne peut t donc exclure que l’aventure de notre branche d’hominidés soit elle aussi condamnée. Ce qui réduirait la conscience de la nature à un évènement excitant mais bref à l’échelles des temps géologiques!

    Paul: s’il n’y a pas de chinois, d’indien ou d’africain parmi les intervenants de ce colloque, il n’en sortira que des phrases et pas d’idées éventuellement fécondes.

    Je vous souhaite à tous une bonne fin d’année.

    PS: prendre les chose avec philosophie se dit en  » bouddhique Chan »: « Mange ton riz, bois ton thé et portes tes vêtements! »
    Je vous souhaite à tous du riz du thé et des vêtements….

  27. Avatar de kercoz
    kercoz

    Un des « progres » un peu rapidement mis en avant serait de réguler notre population de façon pré-natale , plutot que post-natale .
    C’est , me semble t il , aller un peu vite en besogne que d’y voir une avancée vertueuse .
    Il ne serait pas difficile de soutenir la thèse que la « culture » se transmette majoritairement durant l’enfance et donc , en situation « normale » (majoritaire ds la durée de vie de l’espece humaine), de l’enfant a l’enfant …par fratrie plus que par l’adulte a l’enfant ….
    Ce qui, logiquement rendrait criminel la régulation pré-natale (du point de vue culturel donc civilisationnel).
    Nos actes actuels devraient servir plusieurs interets souvent contradictoires :
    – l’individu
    -le groupe
    -le groupe ds le temps (civilisation)
    -l’espece
    L’espece ne semble pas menacée , qqs milliers de survivants peuvent régénérer une espece aussi débile soit elle .Mais la civilisation me semble condamnée .

  28. Avatar de baloo
    baloo

    Coucou Mr Jorion,

    Dans le train j’ai découvert ce texte http://www.ledomainesansnom.net/loterie/index.html, extrait d’un recueil de nouvelles publié par Mr Borges dans les années 40.Vous le connaissiez probablement.
    Je découvre cet ecrivain. Je crois que je vais le dévorer !

    Bonne journée

    Stéphane

  29. Avatar de vigneron
    vigneron

    Digression évangélique…

    Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.

    Évangile selon St Luc XIV,25

    (Le texte grec dit bien haïr et non pas « me préférer à »…)
    Je sais bien, on peut faire dire ce qu’on veut à ce genre de sentences, le pire et le meilleur.
    Néanmoins, il serait pas un peu par là, aussi, le dépassement de cet état d’ensauvagement de l’économie toujours perpétué ? Le message radical, asolu, inaudible, effrayant et totalitaire en puissance, adressé, nous dit le texte, par Jésus à de grandes foules ?
    Élargir, contre toute « évidence naturelle« , le cercle de sa famille à l’humanité entière sur une terre partagée. Soit, pour un croyant, les « enfants de dieu » à qui, dès cette terre, il a donné le « Royaume des cieux en partage ».

    1. Avatar de Moi
      Moi

      Tous les gurus commencent par séparer le pigeon de sa famille avant de le plumer. 🙂

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      @moi

      «Gnark, gnark, gnark, gnark…!». (cri du concombre masqué)

    3. Avatar de sylla
      sylla

      « et même sa propre vie »
      Les « et » sont additifs : le fond du trou.
      Je sais pas s’il reste grand chose à plumer, Moi . et ceux garnis qui en arrive là, somme toute, c’est charité pour tous que de les dégarnir, non?^^

      Pour le meilleur, cela peut aussi vouloir dire que celui qui connaît déjà l’amour n’a pas besoin d’un « maître en amour ».

      bien à vous

    4. Avatar de pablo75
      pablo75

      Toujours aussi poète, Moi, toujours aussi irrésistiblement attiré par les abîmes de la profondeur métaphysique… Et toujours aussi incapable de décoller son oeil du petit bout de sa minuscule lorgnette.

    5. Avatar de interobjectif
      interobjectif

      Non-digression d’un philosophe métaphysicien mystique éclairé…

      Joie serait en effet la simplicité de vie que propagerait dans le monde une intuition mystique diffusée, joie encore celle qui suivrait automatiquement une vision d’au-delà dans une expérience scientifique élargie.
      A défaut d’une réforme morale aussi complète, il faudra recourir aux expédients, se soumettre à une « réglementation » de plus en plus envahissante, tourner un à un les obstacles que notre nature dresse contre notre civilisation.
      Mais, qu’on opte pour les grands moyens ou pour les petits, une décision s’impose.
      L’humanité gémit, à demi écrasée sous le poids des progrès qu’elle a faits.
      Elle ne sait pas assez que son avenir dépend d’elle.
      A elle de voir d’abord si elle veut continuer à vivre.
      A elle de se demander ensuite si elle veut vivre seulement, ou fournir en outre l’effort nécessaire pour que s’accomplisse, jusque sur notre planète réfractaire, la fonction essentielle de l’univers, qui est une machine à faire des dieux.
      (Henri BergsonLes deux sources de la morale et de la religion, dernier paragraphe du livre)

    6. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Ron Hubbard est la version moderne et bordée par son avocat de St Luc…
      Il n’a même pas déliré sur un pote à lui qui se prenait pour Dieu.
      Et pourtant, ça court les rues. Mais la corde est un peu usée…

    7. Avatar de francois2

      Saint Luc était le secretaire de Saint Paul. Son écriture est donc assez influencé par son histoire et sa vision personnelle. Ses mots ne sont que ses mots.

      Chacun lit un texte en fonction de sa propre vision, de son interprétation.

      Quatre évangélistes. Quatre sens. Un ancien testamen et un nouveau testamen. Une loi et un exemple. Est-ce un bon exemple? L’ »amour pur » est-il inhumain? ( cf Jacques le Brun ).

  30. Avatar de Martine Mounier
    Martine Mounier

    Digression littéraire…

    Je est un autre, 1871, ne passait toujours pas, Foucault était revenu à la charge, ça avait été oublié malgré tout le battage autour de lui. Quand des romans remettaient le couvert avec Je est un autre, ça énervait la société. Elle gueulait comme un putois dès qu’un écrivain recommençait avec ça de manière trop claire, comme c’était mon cas.
    (…)
    Rimbaud avait été oublié.
    Nous étions tous des autres. Nous voulaient tous vivre comme les autres, se socialiser par l’écriture, pas par le travail, la subordination. Ça primait sur notre biographie, sur notre état civil, sur notre date et notre lieu de naissance, sur notre mère, sur le langage de la classe sociale de notre naissance. Le milieu. Ça faisait disparaître la notion même de milieu. Nous étions tous des humains, ça primait sur tout le reste, tout le reste, sur tous les autres rapports, y compris maternel.

    C. Angot, Une partie du coeur

    @ Vigneron

    Digression pour digression…
    – D’façon vu le nombre de commentaires tendance personne n’écoute personne… –
    Vous écrivez Vigneron ?
    Dans le cas contraire : devriez.

    1. Avatar de sylla
      sylla

      « Christine Schwartz passe son enfance à Châteauroux, avec sa mère et sa grand-mère. Son père, traducteur auprès des institutions européennes, a quitté le foyer familial avant sa naissance.
      Quand elle est âgée de 14 ans, ce dernier la reconnaît officiellement. Elle prend alors le nom d’Angot. » kafkaïen…

      c’est plus de la littérature, c’est de la psychanalyse… « Quand des romans remettaient le couvert avec Je est un autre, ça énervait la société. Elle gueulait comme un putois dès qu’un écrivain recommençait avec ça de manière trop claire, comme c’était mon cas. »
      « Ses influences sont nombreuses et vont de Céline à Marguerite Duras en passant par Samuel Beckett. » l’extrait que vous proposez ne lui fait pas honneur, si elle en mérite.

      « l’amour c’est l’infini à la portée des caniches! »

    2. Avatar de vigneron
      vigneron

      @Sylla

      L’amour c’est l’infini à la portée des caniches

      Fin de la citation du Destouches «  , et j’ai ma dignité, moi ! »
      Et à la fin de l’envoi, j’en touche deux :
      Et hors de portée des dogues !

      petit caniche

    3. Avatar de Martine Mounier
      Martine Mounier

      @ Sylla

      « Christine Schwartz passe son enfance à Châteauroux, avec sa mère et sa grand-mère. Son père, traducteur auprès des institutions européennes, a quitté le foyer familial avant sa naissance.
      Quand elle est âgée de 14 ans, ce dernier la reconnaît officiellement. Elle prend alors le nom d’Angot. »

      Dans le petit extrait précédemment cité il est justement question des cons qui adorent rien davantage que de confondre et enfermer quelqu’un avec sa bio familiale !

    4. Avatar de sylla
      sylla

      bonjour!
      Martine … « Son père,

      traducteur

      auprès des institutions européennes »… élément de bio parfaitement inutile bien sûr.
      « ce dernier la reconnaît officiellement. Elle prend alors le nom d’Angot ». du grand art dans l’inutile, encore. il faut effectivement être complétement arriéré pour faire un lien entre sa plume et ce nom de plume qu’elle se choisit, d’un père traducteur de profession. de même, c’est de la dégénérescence mentale de phantasmer un lien entre les deux professions. seul un sens critique objectif et dûment réfléchi, peut faire preuve de pertinence en se penchant uniquement et studieusement sur le texte.
      « Dans le petit extrait précédemment cité il est justement question des cons qui adorent rien davantage que de confondre et enfermer quelqu’un avec sa bio familiale ! »

      C’est un peu ce que je lui reprochais : de mettre en scène ses émois. et insulter (« putois » ou vos trois lettres) ceux qui lui font remarquer… c’est parfaitement puéril. « 

      l’extrait que vous proposez ne lui fait pas honneur, si elle en mérite.

       »

      parlant de « citation » et d’ »honneur » :

      « Nous voulaient tous vivre comme les autres, »  » qui adorent rien davantage que « .

      c’est de vous ces dérapages ou d’elle…ou c’est le « çà » qui s’emmêle? si c’est de vous, vous faîtes preuves de plus d’esprit d’habitude…

      Je ne suis pas intéressé pas la littérature « en marche », particulièrement la militante. Et globalement, les auteurs qui veulent être jugés uniquement sur leurs écrits, deviennent rapidement assez comiques. A plus forte raison lorsqu’ils se réfugient derrière le « çà parle » (celle ci nous livre en plus des éléments de bio : du grand boulevard!).
      Enfin! Au moins « çà » ne prétend pas avoir qq chose à dire…

      comme l’a je crois relevé Vigneron, la citation de Céline sur les caniches n’est là que parce que je la trouvais à l’honneur de son auteur (déshonneur serait plus juste) : je vous remercie de confirmer mon impression sur cet écrivain public.

      « – D’façon vu le nombre de commentaires tendance personne n’écoute personne… – » : je n’avais pas saisit que c’était un souhait…

      tjrs heureux d’échanger des arguments consistants sur la littérature.

      bien à vous.

    5. Avatar de sylla
      sylla

      et pour suivre le billet et rester chez Diderot : « Les Bijoux indiscrets est un roman libertin publié anonymement par Denis Diderot en 1748.

      Cette allégorie, qui est la première œuvre romanesque de Diderot, dépeint Louis XV sous les traits du sultan Mangogul du Congo qui reçoit du génie Cucufa un anneau magique qui possède le pouvoir de faire parler les parties génitales (« bijoux ») des femmes.

      On trouve un trope comparable, que Diderot doit avoir connu, dans le fabliau égrillard Le Chevalier qui fist parler les cons. L’idée même de parler l’appareil génital féminin, grâce à une intervention magique, se retrouve dans une histoire de Caylus datant de 1747 »

    6. Avatar de sylla
      sylla

      « Le Mercure de France est à l’origine une revue française, fondée au XVIIe siècle sous le nom de Mercure Galant, et qui évoluera en plusieurs étapes et rebondissements pour devenir une maison d’édition au XXe siècle.
      Sommaire
      [masquer]

      * 1 Une revue
      o 1.1 Le Mercure Galant
      o 1.2 Le Mercure de France
      * 2 Une maison d’édition
      * 3 Anecdotes
      o 3.1 Volumes disponibles en ligne sur Gallica
      * 4 Notes et références
      * 5 Voir aussi
      o 5.1 Liens internes
      o 5.2 Lien externe

      Une revue[modifier]
      Le Mercure Galant[modifier]

      Le Mercure Galant fut fondé en 1672 par Jean Donneau de Visé, tout d’abord sous la forme d’un trimestriel (puis d’un mensuel), le Mercure Galant, dont le but était d’informer le public des sujets les plus divers et de publier des poèmes ou des historiettes. La première livraison date de 1672.

      Le Mercure dont il est question est le dieu romain du commerce et des voleurs, le messager des dieux, que la tradition classique a fini par confondre avec le dieu grec Hermès, dieu protecteur.
      Le Mercure de France[modifier]

      La revue continuera à paraître au-delà de la mort de son fondateur, d’abord avec Charles Dufresny. Sous Antoine de La Roque, elle changea de titre en 1724 et devient le Mercure de France, dédié au roi. La Harpe en est le rédacteur pendant vingt ans, associé avec Mallet du Pan. Chateaubriand en fut momentanément l’unique propriétaire[1]. Il cessera de paraître en 1825.

      À la fin du XIXe siècle la revue littéraire du Mercure de France est fondée par Alfred Vallette avec un groupe d’amis dont les réunions avaient lieu au café de la Mère Clarisse, rue Jacob. Citons Jean Moréas, Ernest Raynaud, Jules Renard, Remy de Gourmont, Louis Dumur, Alfred Jarry, Albert Samain, Saint-Pol-Roux, George-Albert Aurier et Julien Leclercq : la génération symboliste. La première livraison de la revue date du 1er janvier 1890. La revue accède progressivement à la reconnaissance. Mallarmé et Heredia y font paraître quelques inédits. Il devient bimensuel en 1905. Un tel succès, dans un secteur fortement concurrentiel, s’explique par un grand sérieux, une très grande liberté de ton et une capacité à se situer au-dessus des écoles. Philéas Lebesgue y tiendra par exemple une chronique régulière notamment de Lettres néo-grecques.

      En 1889, Alfred Vallette épouse la romancière Rachilde dont l’œuvre et la personnalité feront beaucoup pour le rayonnement de la revue. Auteur du scandaleux Monsieur Vénus, qui lui vaudra une condamnation pour outrage aux bonnes mœurs, elle participe à la revue jusqu’en 1924 et tiendra salon tous les mardis, les fameux « mardis du Mercure », qui virent défiler bon nombre de futurs grands écrivains.
      Une maison d’édition[modifier]

      Comme nombre de revues, le Mercure se mettra à éditer des livres. Outre les textes symboliques et les premières traductions de Nietzsche en français, l’éditeur publiera les premiers textes de Gide et de Claudel, de Colette, d’Apollinaire. Plus tard : Henri Michaux, Pierre Reverdy, Pierre Jean Jouve, Louis-René des Forêts, Pierre Klossowski, Eugène Ionesco et Yves Bonnefoy.

      En 1958, les éditions Gallimard rachètent le Mercure de France dont la direction est confiée à Simone Gallimard. En 1995, Isabelle Gallimard prend la direction de la prestigieuse maison d’édition.
      Anecdotes[modifier]

      Les sections « Anecdotes », « Autres détails », « Le saviez-vous ? », etc. sont déconseillées dans les articles.
      Pour améliorer cet article il convient, si ces faits présentent un intérêt encyclopédique et sont correctement sourcés, de les intégrer dans d’autres sections.

      Le 5 mars 1683, Boursault donna au théâtre la pièce le Mercure galant, ou la Comédie sans titre. Donneau de Visé s’étant plaint qu’on avait eu l’intention de le jouer, pendant longtemps, cette comédie, qui fut jouée et imprimée sous le nom de Poisson, ne fut intitulée que la Comédie sans titre.

      C’est chez Mercure de France et avec la complicité de Simone Gallimard que Romain Gary publiera les romans signés Émile Ajar qui permettront à leur auteur d’obtenir deux fois le Prix Goncourt.

      Pendant la Première Guerre mondiale, le 17 mars 1916, Guillaume Apollinaire est blessé à la tête par un éclat d’obus dans sa tranchée alors qu’il lisait le Mercure De France. »

    7. Avatar de Martine Mounier
      Martine Mounier

      @ Sylla

      Christine Angot n’était pas le sujet principal de mon commentaire.
      L’essentiel de mon commentaire tenait au soulignement de la pertinence qu’il y a à rappeler que Rimbaud fixait des vertiges en énonçant en 1871 « Je est un autre ». Cette proposition me paraît en effet à rapprocher du travail de déconstruction de « l’état de nature économique » par Paul Jorion exposé dans son billet, de la même manière qu’elle agissait en filigrane au travail de Michel Foucault en son temps.

      Pour le reste je ne partage évidemment ni votre définition de la psychanalyse ni votre définition de la littérature : l’une comme l’autre étant pour moi deux façons de rejoindre à partir du petit soi (sa rue, sa chambre, son miroir, ses misérables « émois »… ) l’universel. Je vous signale tout de même que les plus grands peintres ont dessiné des autoportraits sans que personne ne crie à la vilaine et méprisable « autofiction picturale » ! Bref vous ne m’en voudrez pas trop j’espère de ne pas discuter plus avant d’art avec vous…

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