Billet invité.
@ Carl :
Cher Carl, de retour du Forum Social de Dakar et suite à vos différents commentaires, je souhaitais vous répondre personnellement. Je ne vous connais pas mais je considère comme un devoir de répondre à vos messages.
Tout d’abord, je ne trouve pas très juste que vous me présentiez comme la « Fadela Amara d’Europe écologie ». Je suis désolée que vous ayez cette image de moi, et que vous me compariez à cette personne qui a trahi ses idéaux en rejoignant un gouvernement de droite néolibérale alors qu’elle défendait des valeurs de gauche, uniquement parce que vous considérez que toutes les femmes politiques d’origine maghrébine sont à mettre dans le même panier. Certes nous avons toutes les deux un passé militant associatif. Mais pour ma part je n’ai jamais abandonné le mouvement social, et je continue à militer jour après jour pour porter les valeurs de justice sociale et environnementale. Je vous invite à visiter mon site pour constater le travail que je fais au Parlement et sur le terrain sur ces différents sujets (revenu minimum, travail décent, mal logement, précarité, défense des stagiaires, etc.).
J’ai été désignée comme candidate en 4e position sur la liste d’Europe écologie en Île-de-France car les militants de mon parti ont cru en moi et m’ont fait confiance pour porter leurs combats dans la campagne des élections européennes. Mon but dans cette campagne était de faire élire Eva Joly (en 2e position sur la liste) et éventuellement mon ami Pascal Canfin (en 3e position), mais certainement pas d’être élue moi même.
Il est vrai que, parfois, être plus jeune, plus verte, plus enfant d’immigrée et plus femme que la moyenne des représentants politiques bouscule un peu les conventions, mais ne mérite certainement le procès d’intention que vous me faites. Je ne suis pas une icône de la diversité, ni un outil de communication. Nicolas Sarkozy a instrumentalisé des jeunes femmes issues de l’immigration pour se donner une bonne image mais ne les a pas choisies pour leurs compétences et leur détermination politique. Je ne fais pas partie de cette « diversité cosmétique ». Je fais partie d’une génération qui, à partir de sa propre expérience, représente une autre dimension de l’écologie politique.
A travers des collectifs comme Sauvons les riches, c’est une autre façon de faire de la politique que nous souhaitons pratiquer. En mettant en lumière des situations que nous jugeons scandaleuses et en portant un message politique fort pour réduire les inégalités dans notre société et démontrer l’absurdité du modèle néolibéral, notamment par l’instauration d’un revenu maximum, et ainsi interpeller à notre manière les riches ayant un mode de vie destructeur, non-généralisable, et finalement tellement triste.
Alors il est vrai que j’ai moi même des revenus plus que confortables, comme vous avez pu le constater dans l’article du site rue89. Mais vous noterez aussi que je suis loin d’avoir le mode de vie des riches que je dénonce. Je n’ai pas de patrimoine, je suis locataire de mon logement, et je n’ai pas le temps ni l’envie de prendre des vacances sous les tropiques, de m’acheter un yacht, une Rolex ou des résidences secondaires. Je ne vis pas dans une bulle éloignée de la vie des citoyens et je ne dépense pas l’argent public pour mon intérêt personnel. Le contrôle et la transparence sur ces questions font réellement défaut dans notre pays, et en Europe en général. Je ne considère pas cela comme du courage politique de faire la transparence sur ces informations, je n’ai pas de leçons à donner, mais j’ai des comptes à rendre à ceux qui m’ont élue et c’était le sens de ma démarche.
Il est vrai aussi que le salaire d’un député peut être choquant, surtout en comparaison avec les millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Et je l’ai dit, je suis favorable à ce que les parlementaires gagnent moins, et également qu’ils ne soient pas « récompensés » pour leur présence, mais plutôt sanctionnés (et lourdement même) pour leur absentéisme. Cependant un niveau de rémunération suffisant est indispensable, à la fois pour permettre à tout un chacun d’exercer ce type de responsabilité politique sans avoir de patrimoine ou d’autres sources de revenus, mais aussi pour éviter la corruption et mettre les parlementaires à l’abri de l’influence des lobbies.
Quant à savoir ce que je fais de mon argent, et si je le donne à des associations ou non, cela ne regarde que moi. Je ne souhaite pas faire l’étalage de ce que je donne et à qui je le donne, car je ne souhaite pas que cela puisse être instrumentalisé. Je ne vis pas dans le luxe et la consommation à outrance, ce n’est pas ma conception de la vie. De plus, exercer un mandat de député coûte cher, et tout n’est pas compris dans les frais de mandat, mon salaire n’est pas de l’argent de poche comme vous le dites : la plupart de mes déplacements ne sont pas remboursés, je suis très souvent loin de chez moi, tout cela a un coût.
Les critiques sont toujours bonnes à prendre, je suis ouverte au débat et je crois que c’est essentiel au maintien d’une société démocratique. Je vous remercie de les avoir exprimées sur ce blog. J’espère, cher Carl, que mes réponses vous auront convaincu de la sincérité de mes engagements qui sont, je crois, proches des vôtres, notamment en faveur de la justice sociale et de la justice environnementale, et je suis prête à en discuter avec vous sur ce blog ou autour d’un café.
@ Crapaud Rouge :
Je ne touche pas 26 700 € par mois comme vous le dites. Que les choses soient bien claires, je le rappelle, cette somme est strictement séparée de ma rémunération :
– 19 364 € qui servent à rémunérer mes 4 assistants, payer leurs charges sociales et leurs frais de déplacement à Strasbourg notamment, ainsi qu’une partie pour les collaborateurs communs aux 14 députés d’Europe écologie, ce qui fait en moyenne 2500 € à 3000 € nets, cela peut sembler beaucoup à certains, mais je considère que c’est une juste rémunération compte tenu de leur investissement dans leur travail, qu’ils ne comptent pas leurs heures, et qu’ils ont accepté de s’expatrier à Bruxelles pour travailler à mes côtés ;
– 4200 € de frais généraux, versés sur un compte séparés, pour lesquels je conserve tous les justificatifs (frais de téléphone, matériel et consommables informatiques, fournitures de bureau, frais postaux, etc.), et dont le surplus non utilisé doit être reversé au Parlement à la fin du mandat ;
Pour plus de détails, je vous invite à relire l’article d’eco89, ainsi que celui que j’avais publié il y a quelques mois sur mon Libéblog.
160 réponses à “REPONSES A CERTAINS DE MES CRITIQUES, par Karima Delli”