LES LEÇONS DE L’HISTOIRE

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Une chose est claire avec le recul : il aurait fallu empêcher le pouvoir de l’argent d’envahir l’exercice du gouvernement. Aux débuts des États-Unis d’Amérique, Jefferson s’est battu pour une république de citoyens, Hamilton, lui, pour une république des marchands. S’il fallait le rappeler, c’est Hamilton qui a gagné.

Au XXe siècle, les von Mises, les von Hayek, ont rédigé la charte d’une prise de pouvoir irréversible par les marchands, qui seraient les nouveaux aristocrates d’une nouvelle féodalité. Ils ont gagné : l’esprit d’Hamilton a alors envahi l’Europe et il serait cruel d’en rappeler les symboles les plus voyants, en Grande-Bretagne, en France, et il y a quelques jours seulement, en Belgique.

Le baroud d’honneur d’une Europe des citoyens fut le refus par les peuples du Traité de Rome II. La prise de pouvoir par l’argent était cependant déjà si avancée, que le vote des citoyens fut tout simplement ignoré, et sans conséquences immédiates.

Les conséquences à plus long terme se font sentir maintenant : une zone euro qui, de soubresaut et soubresaut, n’en finit pas de mourir, compagne de misère d’États-Unis d’Amérique en banqueroute frauduleuse.

Il faut rebâtir des nations de citoyens, il faut reconstruire une Europe des citoyens. Il faut s’assurer que les marchands, à qui l’on déroule aujourd’hui le tapis rouge, cessent d’écrire les lois à la place du législateur. Il faut que le vote cesse d’être censitaire. Dans sa version avancée, aux États-Unis, une Cour Suprême hayekienne a décidé que le vote des citoyens interviendrait après celui des compagnies : « À chacun selon son magot ! »

Rétablir des républiques de citoyens, une Europe des citoyens, est une bataille difficile. Son principal atout cependant : la déroute de la république des marchands, déjà visible à nos yeux.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Partager :

305 réponses à “LES LEÇONS DE L’HISTOIRE

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. Ce n’est pas facile de grandir, de changer, de comprendre. D’accepter qu’on faisait fausse route. Et c’est ce qui nous…

  2. @ilicitano Il est aurait sans doute été plus simple et moins destructeur d’accepter en son temps (2022) l’ultimatum de Poutine…

  3. La guerre sans bombardements massifs, ils n’y pensent même pas. Ils augmentent pas les budgets pour fabriquer des cerfs-volants! Les…

  4. Mais y’en a qu’une des trois qui n’est pas subjective : c’est celle qui est éternelle. Celle qui bégaye sur…

  5. Mais vous allez me dire :  » Garo, c’est bien joli ton histoire mais la vérité vraie là-dedans, tu en…

  6. Il n’y a pas que Trump qui aurait intérêt à ce que l’affaire Epstein reste dans les tiroirs, bien qu’il…

  7. Si c’est tout ce que ces fichiers peuvent nous révéler… Les gens ordinaires nous diront qu’eux aussi auraient sauté sur…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx LLM pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés Singularité spéculation Thomas Piketty Ukraine Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta