Ce texte est un « article presslib’ » (*)
On a voulu étendre la logique du marché et de la marchandise à absolument tout. On a balayé du coup le domaine de l’éthique qui réglait jusque-là les affaires humaines. Le marchand – victime toute désignée selon Aristote de la fièvre de l’or – a cessé d’être un malade s’il succombe, pour être promu au rang de prototype de l’être humain rationnel ! Le salarié a cessé lui d’être la victime qui se contente des restes une fois que l’investisseur et le dirigeant d’entreprise se sont servis, pour être reconnu comme « Gestionnaire d’un Capital Humain », lequel n’est autre que… sa triste personne !
L’État est désormais une entreprise privée plus ou moins florissante dont la performance est évaluée par ces autres firmes privées que sont les agences de notation… dont le souci légitime est celui d’une part accrue du marché. Et ceci, quel que soit le prix à payer. Mais attention ! à condition que soit respectée la sacro-sainte loi de la concurrence parfaite !
Pendant ce temps-là les parieurs font monter la mise : quel est l’État qui prend le bouillon en premier ? « Si c’est l’Espagne, j’ai gagné ; si c’est l’Italie, c’est toi ! », dit l’un, « Mais pourquoi s’arrêter en chemin ? », ajoute l’autre, qui renchérit : « Si c’est Moody’s qui coule la zone euro, je gagne ; si c’est Standard & Poor’s, c’est toi ! »
Allons, allons, ne restez pas là à regarder, on n’attend plus que vous ! Ne soyez pas timides ! Parce qu’il y a GROS à gagner !
La chute de l’Empire romain… En direct ! … grâce à Internet ! Et vous y étiez !
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