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Tous les éléments se combinent en général pour que la fonction de chef de l’opposition soit une sinécure : comme les mesures proposées n’ont pas à être mises en application, il lui est permis à lui ou à elle, d’ignorer toutes les contingences pratiques de la politique de terrain, il lui est offert, à lui ou à elle, de prendre autant de hauteur que souhaité, et d’adopter, ni plus ni moins, le point de vue de l’histoire.
Sur les accords intervenus en Europe dans la nuit de jeudi à vendredi, et pour reprendre quelques mots fameux à Cyrano de Bergerac : « On pouvait dire… Oh ! Dieu !… bien des choses en somme » (et le Dieu en question sait que nous ne nous en sommes pas privés ici) – mais dire, comme on l’a entendu dire à Paris, que « s’il faut un vainqueur, c’est Mme Merkel qui peut faire le communiqué de victoire » ou que « la Chine [est] consacrée comme l’empire économique et financier qui va venir en aide à l’Europe et la zone euro », c’est jeter à la face du monde son ignorance crasse des dossiers et montrer qu’au prix de quelques efforts il est possible de réduire à rien les bénéfices généralement associés à la fonction pourtant apparemment sans risque de chef de l’opposition.
Qu’est-ce qui pousse un individu à réduire en poussière, et d’intention délibérée, le capital de confiance investi en lui ? Edgar Allan Poe lui a donné un nom : « The Imp of the Perverse », que son traducteur Baudelaire, rendit en « démon de la perversité ».
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