L’actualité de la crise : UN VRAI COUP DE FATIGUE ! par François Leclerc

Billet invité

Selon un scénario éprouvé, le nouvel épisode de la crise européenne se précise. Nouveauté : la première phase de déni à cette fois-ci été sautée, manquant par trop de vraisemblance. Au contraire, une dramatisation a tout de suite été engagée, signe que les choses sont très sérieuses.

Face à l’échec stratégique qui se profile, la direction allemande se raidit, tentant d’éviter l’inévitable : une mise en cause qui en appellerait d’autres. C’est donnant-donnant, gronde-t-elle aux Grecs, des crédits contre le respect du « mémorandum ». Le message envoyé à François Hollande n’est pas plus souple, conduisant Michel Sapin, présenté comme futur ministre des finances, à admettre qu’un plan de relance de la croissance ne pourra pas reposer sur l’émission de nouvelles dettes, faute « d’aller dans le mur ». On se demande alors comment il sera financé…

Deuxième volet de la montée en puissance de cet épisode, qui pourrait faire l’objet de décisions déchirantes, Bankia, la bad bank espagnole déguisée qui résultait de la fusion d’une partie du réseau des Cajas en déroute financière, est à son tour tombée dans le trou. Aux dernières nouvelles, celui-ci serait encore plus profond que les responsables ont bien voulu l’admettre hier, suite à la découverte dans les comptes de crédits d’impôts sur les bénéfices à venir manifestement irréalistes… La Bankia était étroitement contrôlée par le Partido Popular au pouvoir qui y avait placé ses hommes !

Le gouvernement espagnol devrait se voir accorder une année de rallonge pour réduire son déficit à 3 % de son PIB, pour commencer. Une fausse opération vérité sur les pertes immobilières du secteur bancaire va être réalisée sous les projecteurs, en omettant de préciser qui va devoir éponger les pertes au final… L’Espagne va être mise sous tutelle et ses régions sous surveillance, ce qui ne réglera rien, tandis que Mariano Rajoy vient de faire admettre par les Cortes (le parlement) de nouvelles coupes budgétaires dans l’éducation et la santé. Le sparadrap est lentement arraché.

Troisième volet : la Grèce. Une solution politique chimérique est fébrilement recherchée pour un répondre à un problème qui ne l’est pas. Il faut à tout prix constituer un gouvernement afin d’éviter de nouvelles élections qui, selon un sondage, placerait Syriza en tête et lui donnerait un rôle pivot grâce à la prime de 50 députés que la constitution accorde au premier parti. Mais il n’y a pas de gouvernement de coalition majoritaire qui tienne si son premier acte n’est pas d’entamer la renégociation du « mémorandum » qui a été si clairement rejeté. On retombe sur le problème précédent, la Grèce évoluant sur une étroite ligne de crête, avec d’un côté la sortie de l’euro et de l’autre la réduction du déficit. Sauf que cette dernière ne se commande pas !

La balle est dans le camp du gouvernement allemand, qui attend le résultat des élections régionales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie du 13 mai. Le surlendemain, François Hollande rencontre Angela Merkel…

La suite du scénario est immuable : devant l’obstacle qui se dresse, une reculade va être orchestrée. Elle tentera à nouveau de biaiser. On est fatigués.

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