JAMES BOND : SKYFALL DE SAM MENDES, par Lisztfr

Je suis inquiet pour le cinéma, et plus particulièrement pour James Bond… Qu’Harry Potter ait rendu son tablier la dernière fois, dans un film où son château est parti en miettes, n’augure déjà rien de bon, mais, ce que je constate au fil du temps c’est que le cinéma, un certain type de cinéma US n’a plus rien à dire et est incapable même de finir un scénario. C’est de l’incompétence notoire. Ce J. Bond dernier du cru n’arrive pas à finir.

1) Depuis quelques temps, tous les films sont idiots. Cf. ceux avec Nicolas Cage. Cf. Taken, tous les films avec Liam Neeson, je ne peux plus le voir. Cf. aussi le « prequel » d’Alien, Prometheus qui est inouï dans le genre vacuité, incohérence même et inaboutissement. Ce n’est même pas de la série B d’antan qui au moins respectait le spectateur en ayant un projet.

2) Pour en revenir à ce qui est un naufrage du cinéma américain, c’est non seulement l’idiotie complète du scénario qui est de l’ordre de la tératologie… J’ai du mal à en parler. D’abord la diversité des affrontements de jadis se réduit systématiquement à une lutte entre le bien et le mal, un manichéisme et le plus souvent entre un malade mental et une famille prise en otage. Voilà, il n’y a plus rien en dehors de ce scénario, remis à toutes les sauces, ce qui est monstrueux, au niveau du vide qui hante Hollywood, c’est une horreur qui transmet de l’horreur. Il y a toujours un terroriste malade mental et alors on verse dans tous les excès de brutalité de violence et de meurtre, sans distinction. Et que le bon gagne à la fin, mon Dieu, ça n’a plus aucun sens après toute cette inhumanité, plus rien n’est debout. Dans ces films, personne n’élève la voix, ils n’osent plus parler, et aussi le déclin général provient du fait qu’on a évacué les stars, surtout les muses que sont les actrices charmantes qui elles assemblaient de façon magique autour d’elles un univers, par agglutination, mais là je ne sais pas quel vent lugubre souffle sur Hollywood ! Avoir à ce point perdu le sens… moi j’en suis terrifié. S’ils veulent détruire le monde qu’ils continuent avec ces films… ça dépasse le nihilisme…

Ça pourrait évoquer Fritz Lang, M le Maudit, donc les malades ne datent pas d’hier mais là… et ce ne sont même plus des Ben Laden en puissance non plus, ce n’est rien… J. Bond, sans humour, sans jolies filles et sans champagne à la fin… et le cinéma ne sait plus regarder les femmes, ne sait plus les inventer, car avant c’est bel et bien Kim Novak, et tant d’autres qui insufflaient la vie dans toute cette affaire.

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195 réponses à “JAMES BOND : SKYFALL DE SAM MENDES, par Lisztfr”

  1. Avatar de Arnaud
    Arnaud

    Lizstfr, avez vous vu Take shelter depuis hier soir? non?
    mais vous attendez quoi?
    En tout cas c’était une très bonne idée de publier votre post (hier soir qui plus est).

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      @Arnaud

      Non, hier soir j’ai vu « 7 days in Utopia », un film sur le jeu de golf qui n’est pas mal fait et qui étonnamment, débouche sur la conversion religieuse du héro. Avec déborah ann woll…

      Je vais voir si je peux trouver Take Shelter…

  2. Avatar de kiki
    kiki

    Et en plus la version disponible en streaming sur internet est floue !!!

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Il en existe une qui n’est pas en streaming, cherchez bien.

  3. Avatar de kiki
    kiki

    Je vois bien un film avec Daniel Craig et Russel Crowe : Aphasy 4 ! Le retour du muet

  4. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    James Bond contre Mark Kennedy.

    A ce sujet, celui d’une taupe dans les milieux contestataires, il convient de lire l’article disponible sur le site du journal Le Monde, « le secret le mieux gardé de l’affaire de Tarnac » et de s’interroger sur les rapports entre la réalité, les histoires contées par le cinéma et les histoires fabriquées par l’alliance de la raison d’état et du système médiatique.

  5. Avatar de otto lilienthal
    otto lilienthal

    pour le fun : Arnaud Lagardère dans « Tout çà ne nous rendra pas le Congo » :

    http://www.rtbf.be/tv/revoir/detail_Tout+%C3%A7a+ne+nous+rendra+pas+le+Congo+-+Jade+et+Arnaud+Lagardere%2C+Million…?catchupId=12-TMTST100-002-PR-1&serieId=12-TMTST100-000-PR

  6. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    Voilà, dés qu’on s’exprime on est compris de travers.

    Je ne suis pas critique de cinéma, il s’agissait de de voir justement ce que dans les blockbusters on propose au grand public en termes de vision du monde voilà tout ! Donc il ne s’agit pas d’aller au festival de X, etc.

    Ces blockbusters à répétitions changent de coordonnées au fil du temps et véhiculent un reflet du « Zeitgeist », non seulement à cause de leur très large diffusion et la promotion dont ils disposent mais peut-être aussi à cause de leur monolithisme. La force vient de la simplicité du message, – du fait aussi que ce sont des « remake », qui disposent donc d’une sorte de légende préétablie.

    Je revendique le fait d’avoir raté le coche des séries. Ce sont justement les scénaristes de série qui ne savent plus écrire de films, le scénario devenant un patchwork de scénettes qui ne fait office que de bruit de fond mental alors que les effets spéciaux et autre tics visuels sont censés faire croire qu’il s’agit d’un film. Chaque scène péniblement s’agrippe à la suivante histoire de ne pas lâcher le morceau, et comme dirait Bossuet :

    « … et vous savez, chrétiens, qu’ il n’ y a jamais qu’ un moment qui nous en sépare (du néant). Maintenant nous en tenons un ; maintenant il périt ; et avec lui nous péririons tous, si, promptement et sans perdre temps, nous n’ en saisissions un autre semblable, jusqu’ à ce qu’ enfin il en viendra un auquel nous ne pourrons arriver, quelque effort que nous fassions pour nous y étendre ; et alors nous tomberons tout à coup, manque de soutien. »

    Voilà toute la philosophie de SKyfall et Prométée en ce qui concerne le scénario.

    Le contenu est à l’avenant, et s’il reflète l’esprit du temps, c’est un symptôme voilà tout.. Voilà tout le contenu de mon billet, maintenant chacun est encouragé à se montrer plus sagace que moi et à illuminer ce blog de ses avantageuses contributions, dont je serai entre autres, l’impartial censeur, ou admirateur. Impartial, tel est le mot.

    PS on peut voir un film de D. Lynch ici mais je ne sais pas si c’est légal :

    http://www.youtube.com/watch?v=hAwKxvm5Xfg

    The Straight Story [1999]

  7. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    Par souci de complétude, G. Erner a défendu Skyfall hier matin, disant que le dilemme moral de la chef qui ordonne de tirer bien que cela mette en péril la vie de 007, soit de l’ordre de l’éthique de conviction ou de responsabilité, de Weber. L’éthique de conviction permettant de se prévaloir de sa conviction justement pour remettre l’examen moral à plus tard. Quoiqu’il en soit, la thèse est mince, et elle ne fait pas le film.

    Il y a plusieurs éléments de ressemblance entre tous ces navets, bien étranges. Je dirais, le souci de vouloir liquider une affaire sans avoir comment. Dans les films catastrophe, la messe est dite, d’une façon ou d’une autre, ici, dans Skyfall et le dernier H.Potter, on hésite, au bout d’un affrontement lugubre à liquider ou pas, mais c’est bien la question.

    J’ajoute que ces navets sont au cinéma ce qu’est le HTF à la spéculation, le HTF dans le scénario produit l’incapacité d’anticiper à 30 seconde de pellicule. C’est une dérive du court termisme ; le cinéma italien avait inventé le western-spaghetti et là c’est le scénario spaghetti, et ça devient dissociatif, ce qui est le propre de la schizophrénie.

  8. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=hAwKxvm5Xfg#t=974s

    The Straight Story [1999]

    Juste comme exemple. J’apprécie aussi les films coréens, chinois récents etc, et même de temps en temps une « daube » comme quoi…

  9. Avatar de DCP-560CN
    DCP-560CN

    J’ai vu skyfall ce soir: tous les gouts sont dans la nature, j’ai bien aimé. Un peu de poivre et sel, un peu de piment, un peu intimiste, un héros humain, cependant peu d’effets spéciaux, manque de présence féminine mais agréable présence quand-meme, le mauvais est vraiment mauvai et est très bon dans son role, de beaux paysages surtout en Ecosse, une musique envoutante, pour ce qui me concerne: film sympa; et je n’irai pas jusqu’à me masturber le ciboulot pour cela.

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Et puisque vos souvenirs sont tout récents vous allez certainement pouvoir m’expliquer le meurtre devant le Modigliani ? D’ailleurs pourquoi 007 n’arrête-t-il pas le tueur avant son passage à l’acte.. ? Vous savez juste avant cette chorégraphie fascinante du combat devant les méduses géantes… voilà d’ailleurs un moment du film qui aurait pu être l’embryon de quelque chose, une ouverture sur un mystère…

      La fin empruntée à Démolition man vous parait-elle intéressante ? Le titre du film d’ailleurs, vous parait justifié ? Le meurtre de la jeune femme par le blondinet dans la ville déserte avec son gobelet de whisky sur la tête, qu’est ce qui au plan moral le justifie ? Dans tous les anciens James Bond, et jusqu’à Pulp Fiction en fait qui est délibérément déjanté, la mort a un prix. Elle est justifiée moralement, c’est parce que la personne a voulu tuer 007, le trahir, etc. Là il n’y a plus de prix à la vie ni à la mort, d’où le vide sidéral.

      Effectivement pour des gens qui ne se masturbent jamais le ciboulot …

      J’avais un prof qui nous conseillait de regarder la publicité, et en effet on ne apprend beaucoup sur un pays rien que par ce biais.

      1. Avatar de DCP-560CN
        DCP-560CN

        Votre analyse est certes correcte; je prends ce genre de film au second degré comme un divertissement sans plus. Etes vous d’accord que la musique générique chantée par Adèle est sublime? 🙂

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