À propos de « KERVIEL : L’Affaire, que l’on ira liquider, par Zébu », un commentaire de Pierre-Yves Dambrine

Billet invité. À propos de KERVIEL : L’Affaire, que l’on ira liquider, par Zébu.

Avec cet épisode de « l’affaire Kerviel » on sort du cadre strictement légal pour entrer dans le combat me semble-t-il autrement plus titanesque qui se joue au sein de notre société dans son ensemble pour décider ce qu’il doit en être du juste.

La Société Générale n’est pour l’heure pas coupable d’un point de vue juridique, mais aux yeux de l’opinion publique, l’hypothèse de la culpabilité de la Société Générale est plus audible qu’elle ne l’était avant la décision de la Cour de cassation.

Il y a les juges, les preuves et les décisions de justice mais il y a le fondement éthique et moral du droit qui lui n’émane pas des juges et des règles intrinsèques du droit mais du sentiment associé à une certain raison des choses sur ce qu’il doit en entre du juste dans une société à un certain moment de son histoire.

Si Kerviel n’est plus le seul responsable comme l’indique la Cour de cassation, la question d’une culpabilité autre que la sienne se pose désormais. Que dire d’une éthique de la responsabilité qui n’imputerait aucun « crime ». La culpabilité comme telle de la Société Générale ne sera peut-être jamais établie juridiquement, mais, en raison, l’idée fait son chemin aux yeux de la société qu’elle est coupable en tant que son mode de fonctionnement intrinsèque la met hors de la sphère morale et éthique, et au final c’est ce qui comptera lorsque l’on analysera rétrospectivement cette affaire. Lorsque l’interdiction sera faite aux banques d’encore spéculer, la Société Générale aura objectivement perdu !

L’explication selon laquelle la Cour de cassation dans sa grande sollicitude aurait accordé une indulgence à Kerviel me semble un peu courte. Il n’y a pas l’institution judiciaire d’un côté et de l’autre l’homme jugé. Il y a un troisième acteur, essentiel, c’est la société civile. Une société civile dont les normes morales en matière économique et financière sont en train d’évoluer. Et l’affaire Kerviel y contribue. Si demain la spéculation est abolie ces épisodes juridiques, même s’ils ne débouchent pas sur une culpabilité de la Société Générale, y auront eu leur part.

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