Le néolibéralisme (ou ultralibéralisme) existe bel et bien

Serge Audier est l’auteur de Penser le « néolibéralisme » (2008) et de Néo-libéralisme(s) (2012). Comme l’indique le titre de son ouvrage le plus récent, Audier insiste dans ses deux textes sur le fait que les auteurs ayant parlé du néolibéralisme auraient donné de celui-ci des définitions différentes, conduisant à penser que le néolibéralisme en tant que tel serait une chimère et que le terme soit, ne renverrait pas à une réalité précise, soit, renverrait à plusieurs réalités.

Pour justifier cette thèse, Audier apporte divers éléments. Le premier consiste à donner du néolibéralisme une définition interdisant d’en faire (comme le fait par ailleurs Audier lui-même) un synonyme d’« ultralibéralisme » puisque le mot « libéral » est alors utilisé dans le sens que lui donnent les Américains, c’est-à-dire comme l’équivalent de « social-démocrate ». Les définitions différentes signalent alors le fait banal que les réalités visées sont effectivement distinctes et qu’existe ici un mauvais usage du vocabulaire : il conviendrait de bannir l’utilisation du mot « néolibéral » quand il s’agit de désigner une « néo-social-démocratie », le mot « libéral » ne signifiant pas en français, « social-démocrate ».

Le second élément supposé de preuve de l’inexistence du néolibéralisme en tant que tel serait la présence pour lui de deux définitions inconciliables. La première définition verrait en lui une doctrine « visant à l’élimination des interventions de l’État, impliquant en particulier la disparition de l’État-providence », la seconde, une doctrine selon laquelle « l’État joue un rôle essentiel consistant à assurer et à maintenir la libre concurrence sur les marchés ».

Audier fait grand cas du fait que ces deux définitions seraient contradictoires : élimination de l’État dans la première, rôle spécifique et massif de l’État dans la seconde. Or on peut proposer la définition suivante qui fait s’évanouir l’aporie : « Le néolibéralisme est une doctrine prônant que le seul rôle de l’État est de veiller aux intérêts des plus riches ».

Le néolibéralisme serait dans cette perspective, ni plus ni moins que le discours auto-justificatif du capitalisme. On rejoindrait ainsi la manière dont Adam Smith caractérisait ce que nous appelons aujourd’hui « capitalisme » dans La richesse des nations (1776), comme étant le système socio-économique où les intérêts de la police, de l’appareil judiciaire et du gouvernement ont été définis comme étant la défense des intérêts des détenteurs de capitaux.

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