De quoi Macron est-il le nom ? par Zébu

Billet invité.

Emmanuel Macron, cet extra-terrestre politique de 3 ans d’âge, construit par et pour les puissants, les médias, ceux qui appartiennent aux précédents, seule raison revendiquée permettant d’éclairer les causalités de l’échec, comme déni intellectualisé de la réalité …

Qui est Macron ? Si ce n’est le produit super-étalonné d’un système de production version industrialisée d’une noblesse d’Etat, issu de la bonne bourgeoisie de province, ENA, inspecteur des Finances, passant par la banque ?

Faut-il rappeler les précédents, si nombreux qu’on les oublie de ce type de précédents, comme l’archétype avant lui, d’un François Perol, lui aussi issu de la banque Rothschild, accédant ensuite au Secrétariat général adjoint de l’Élysée avant que de repasser à la banque (BPCE), pour mieux être poursuivi en justice enfin pour prises illégales d’intérêt ?

Ou d’un Emmanuelli, avant lui, sur lequel personne n’oserait cracher (ni hier, ni moins encore aujourd’hui), surtout pas Benoît Hamon, dont il était le mentor ?

Qu’est-ce qui fait qu’un Macron réussisse en politique quand d’autres sont repartis pantoufler en banque, ou ont échoué dans ce milieu ?

Faut-il dès lors rappeler le contexte, celui d’un bilan social, économique, sécuritaire et politique catastrophique, du confusionnisme régnant au plus haut niveau et atteignant des cimes avec la déchéance de nationalité proposée par un Président dit de gauche, un Président ne se représentant pas par incapacité politique, du jamais vu depuis 1958, un ancien président taclé, avant que deux anciens premiers ministres ne le soient, qu’un candidat soit mis en examen en pleine campagne, qu’un FN dont chacun a instrumentalisé à dessein la montée crève le plafond, qu’un Parti Socialiste n’implose en pleine campagne, … ?

Nul besoin de complot, de ‘convergences d’intérêts’, de médias mainstream sur-puissants, pour convoquer la réussite d’un Macron, exemple même d’une techno-structure prenant le pas sur un pouvoir politique exsangue par un habile marketing, réussite fort résistible par ailleurs, en gros jusqu’à ce qu’un Fillon n’explose en plein vol et qu’un Hamon, pourtant en pleine ascension fin janvier 2017 ne décide de mettre les bouts d’une campagne devenue dingue en optant pour les vieilles recettes d’alliance de partis moribonds ou évanescents ou du pompage de voix par le rapport de force sondagier …

Il suffit pour s’en convaincre de revoir les courbes de sondages pour lire cette évolution.

Il y a là un double malaise, profond, que de lire ‘l’invocation Macron’ comme effluves néfastes et presque méphitiques, comme causalité réelle d’une situation nullement jouée d’avance, presque une fatalité, et de constater l’incapacité de ceux qui ont perdu sur ce qui n’était qu’un pari spéculatif d’un Macron à se remettre en cause, des causes profondes de leurs échecs : « Ce n’est pas Mélenchon ou la FI qui a perdu, c’est Hamon qui l’en a empêché », ou « lesmédias », ou « lespuissants » ou une conjugaison d’intérêts que l’on ne cerne guère pour l’instant mais que l’on arrivera bien à démasquer un de ces jours …

La première des conditions à un quelconque succès politique aux prochaines législatives, ou d’un quelconque succès à terme, d’un projet alternatif qui ne soit ni libéral-conservateur à la Macron, ni réactionnaire à la Marine Le Pen serait d’abord d’abandonner cette funeste prétention à vouloir identifier derrière la figure d’un Macron à la mode Rastignac un système dont la puissance écrasante permettrait à elle seule d’avoir fait triompher son pantin. Par-delà les effets circulaires d’une telle causalité, c’est bien aussi de cela que se nourrit la matrice macronienne, d’un destin inéluctable soutenu par un système tout puissant, quand ce destin n’est que de son temps : celui de l’effondrement d’un temps révolu.

La seconde condition serait de ne pas faire « comme si » un premier tour d’une élection présidentielle ne s’était pas passé et avait rejeté, plus ou moins profondément, les différentes options proposées : affirmer, encore, au soir du second tour comme le fait Jean-Luc Mélenchon qu’il s’en est fallu de 600.000 voix pour que puisse triompher ses options est le signe malheureusement que cette seconde condition ne sera pas au rendez-vous, en supposant que la première condition soit remplie.

Aux mêmes causes, les mêmes effets et il y a fort à parier, un pari peu spéculatif cette fois, que dans ce contexte là, il faudra attendre le soir du second tour des législatives pour qu’après le crash final on puisse peut-être commencer à déblayer le terrain pour commencer à reconstruire.

Si tant est qu’il y ait après de quoi construire même un radeau : « N’accuse point la mer à ton second naufrage », disait Publilius Syrus dans ses maximes.

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