CHINE – La grande « leçon de choses » des arbres, par DD & DH

Billet invité.

L’arbre est un des grands et plus fondamentaux symboles communs à toutes les civilisations et cultures et on le retrouve dans pratiquement la totalité des récits d’origine de tous les grands mythes et cultes que l’humanité a élaborés. Nous sommes quelques uns, dans le cadre de ce blog, à espérer, sans naïveté excessive mais avec une petite dose de confiance, que la Chine peut ouvrir le chemin vers une préservation raisonnée de notre environnement commun sur cette planète et nous ne faisons guère ici que tenter de rassembler les éléments qui autorisent à nourrir cette petite lueur d’optimisme. La forte charge symbolique de l’arbre et l’amour/respect dont il est toujours l’objet de la part des Chinois d’aujourd’hui nous invitent à choisir d’annexer ce thème très riche à notre réflexion sur le « yang sheng » (« nourrir sa vie ») et à voir là une raison d’espérer que tout n’est pas perdu !

On se souvient que l’élan vital dont relève toute forme d’existence, y compris sous ses aspects les plus « inertes » comme les montagnes, les rochers et les pierres, ne peut se concevoir en Chine qu’en termes de processus autonome permanent, d’animation globale orchestrée selon des rythmes plus ou moins rapides et des transformations plus ou moins silencieuses à base d’alternances invariables (yin/yang, phases de la lune, saisons…). Menant la danse dans ce  ballet cosmique des alternances (tel que le décrivent les 8 Trigrammes et, plus finement, les 64 Hexagrammes du Yi Jing), sont essentiellement à l’œuvre les 5 agents (wu xing) : bois, feu, terre, métal et eau. Bien évidemment l’arbre se rattache à l’agent « bois » et, par là, à l’est, à la couleur verte, à l’aube et au printemps. Il est donc fortement lié à l’idée de renouveau et de souffles vitaux réactivés. « L’idéogramme choisi pour nommer la phase « bois » désigne moins le matériau que ce qu’on pouvait appeler le « système arbre ». […] la graphie archaïque du mot « bois » représente le tronc avec au-dessus la ramure et en-dessous les racines. Or les racines des arbres sont généralement invisibles ; donc figurer quelque chose qui ne se voit pas, c’est représenter une idée. La particularité du système arbre tient au fait que, à la différence de la plupart des autres végétaux, les arbres poussent continuellement. Pendant la partie Yang de l’année (printemps et été), ils poussent vers le ciel, produisant branches, feuilles, fleurs et fruits ; pendant la partie Yin de l’année (automne et hiver), ils poussent vers la terre, à l’intérieur de laquelle ils enfoncent leurs racines. » (Cyrille Javary). Le flux de la sève orchestre le temps en s’inversant et c’est le moment de son retournement ascendant (non encore manifeste) qui a été choisi comme marqueur du début de l’année (la Fête du Printemps). L’arbre constitue donc une sorte de calendrier. C’est d’ailleurs l’image que les Chinois ont très tôt adoptée pour nommer les moments du temps (succession des années et des heures) en instaurant un comput qui met bord à bord deux séries de noms (d’idéogrammes), l’une dénaire (les 10 troncs célestes) et l’autre duodénaire (les 12 branches terrestres), le premier « tronc » revenant coïncider avec la première « branche » en arrivant au nombre 60 (60 ans constituant un « grand cycle », espérance de vie longtemps considérée comme très estimable).

Bien avant que soit mis en évidence et formulé chimiquement le phénomène de la photosynthèse, les Chinois ont attribué aux feuillages des arbres des pouvoirs régénérateurs en lien avec l’inspiration de souffles bénéfiques. Quant à leurs racines, on se doute qu’elles ont été, par analogie de fonction, parées de toutes sortes de vertus nourrissantes, fortifiantes et par là guérisseuses, donc très présentes dans la pharmacopée traditionnelle. S’enfonçant dans la terre pour s’en nourrir et s’élançant vers le ciel pour en capter la lumière dont il a besoin, l’arbre incarne le modèle parfait des échanges Ciel/Terre et de l’harmonieuse circulation des flux vitaux. Très sensibles au fait que les arbres, dans leur immense variété, apparaissent « programmés », en fonction de l’essence dont ils relèvent, dès le stade de graine, à se conformer à un certain type de développement (taille atteinte, diamètre du tronc, aspect de l’écorce et des feuilles, saison de floraison, vulnérabilité à telle variété de parasites …), les Chinois en ont, dès l’antiquité, déduit l’idée que chacun des « dix mille êtres » a sa propre nature et sa propre « voie » et que la conformité à cette nature/voie est la garante de l’harmonie de l’ensemble. Le très large éventail des essences, l’extraordinaire diversité de leurs « physionomies » que chacun peut constater au sein du « système arbre » ainsi que la variété des cadeaux naturellement et généreusement offerts ont amené les hommes à considérer les arbres comme des êtres vivants à part entière et, bien sûr, des partenaires et alliés privilégiés dans le cadre de leur existence quotidienne. Bois de chauffage, bois de construction, huile, résines, laque, nourriture du ver à soie, fruits de toute sorte et remèdes, l’utilité des arbres et la nécessité de les respecter et préserver en évitant leur gaspillage se sont imposées très tôt dans l’histoire chinoise. La reconnaissance pour tous ces présents s’est manifestée par une forme de culte dendrophile encore vivace aujourd’hui : nombreux sont les villages qui ont un « arbre sacré ». Etroitement associé au dieu du Sol, marquant un ancrage solide à un point d’attache identifié, l’arbre sacré n’est pas nécessairement le plus grand ou le plus beau mais souvent le plus vieux (il joue aussi le rôle d’ « arbre ancêtre » : il a été contemporain des ancêtres de tous les habitants). Il peut avoir été choisi pour l’extension de ses racines ou en fonction d’un antique verdict de « fengshui« , mais tous sont d’accord sur sa « vertu » (au sens chinois de « de« , l’efficacité) et en escomptent des bienfaits. En ville, les arbres sacrés sont plus discrets mais bel et bien présents : dans l’enceinte impériale à Pékin, dans les parcs et cours des temples de toute la Chine s’enracinent très augustement de très vieux arbres que tous les « changements de mandat » (y compris la Révolution Culturelle) ont épargnés, même quand les bâtiments ont été détruits. Certains, ceints de rubans rouges, sont de véritables équivalents-dieux. Il va de soi que la notion de « longue vie » joue un rôle de premier plan dans ce type de culte : d’une manière générale, même chez les espèces les plus ordinaires, l’arbre vit beaucoup plus vieux que l’homme qui l’a vu naître. L’idée de le prendre pour modèle et de s’en inspirer pour « nourrir sa vie » n’est donc jamais bien loin. Ainsi la conviction que l’arbre alimente la vitalité entraîne des comportements qui nous étonnent un peu : il est fréquent de voir dans des parcs des personnes (souvent assez âgées) tenir un tronc embrassé, se frotter le dos contre un arbre ou tendre les paumes ouvertes vers son influx régénérateur.


Mais ce ne sont pas pour autant les arbres les plus majestueux et colossaux qui ont la meilleure cote ! Séquoias, palissandres, santals et camphriers au format géant sont appréciés pour leur tour de taille quand il s’agit d’en faire des colonnes de temples et palais ou d’y sculpter des statues susceptibles de figurer au Guinness Book des records, mais au palmarès du prestige, tel pin de montagne tordu et souffreteux a toutes les chances de leur damer le pion haut la main !

La beauté d’un arbre chinois obéit à des critères qui ne sont pas d’abord esthétiques. « Un arbre est beau non pas parce qu’il correspond à l’un ou l’autre critère humain d’une beauté définie par une école ou un groupe d’individus; il est beau parce qu’il reçoit suffisamment de ce qui nourrit sa nature d’arbre, qu’il pousse en utilisant toutes ses ressources selon la condition du terrain et des circonstances. Il peut présenter des formes différentes, sa beauté vient toujours de la conformité à l’organisation vitale sous-jacente à toute forme de vie. » (E. Rochat de la Vallée). En Chine où l’on est si volontiers matérialiste, l’utilité est certes prisée à sa juste valeur, mais, à partir des Tang (VIIIe s.), l’inutilité chère aux taoïstes l’emporte en matière de prestige. La poésie et la peinture donnent alors la pleine mesure de ce goût pour l’arbre inutilisable parce que tordu et perclus de bosses et de cicatrices : son adaptation obstinée à un environnement hostile et surtout son refus de se soumettre à un trivial usage purement utilitaire le placent au niveau des plus grands sages et déterminent sa place de choix dans le cœur des Chinois.

« Le sophora pousse dans un nid de cailloux
Et s’enracine orphelin au sol sombre et glacé
. »

Ces deux vers liminaires d’un poème de Bao Zhao (416-466) illustrent ce penchant qui va bientôt culminer dans la peinture à l’encre et qui n’a, à ce jour, pas faibli. Depuis les Tang, la peinture classique chinoise, celle dite « de paysage » (qui se dit en réalité « montagne et eau », shan shui) fait une large place aux arbres. A été scrupuleusement cataloguée et codifiée au fil des siècles toute une série de poncifs (« patterns » dirait-on en anglais) mis à la disposition du peintre en fonction de ce que son ou ses arbres doivent communiquer au spectateur. On retrouve le répertoire et le mode d’emploi de ces poncifs dans le manuel de peinture dit du « Jardin en grain de moutarde » (vers 1689) que cite Claude Larre : « Arbres dénudés. Commencer par les plus petites branches ; disposition en V. Rendu des troncs : ordre des traits, le premier est celui de gauche, etc. Groupement des arbres : ils se regardent avec sentimentalité. Règle de l’hôte et de l’invité dans le regroupement. […] Avec indication pour les aiguilles de pin, du meilleur ordre pour disposer chaque aiguille dans une pelote de dix. Exemples de feuillages : en grains de poivre, en traces de rats, feuillages horizontaux, verticaux, interrompus. »

Des milliers de peintures (ni jamais tout à fait les mêmes, ni jamais tout à fait autres) recensent ainsi tous les arpèges du pinceau dans toutes les partitions possibles sur le thème de l’arbre : dans le poncif global « montagne et eau », l’arbre représente le niveau humain et le choix de son traitement au pinceau exprimera par conséquent de façon allusive les sentiments et états d’âme du peintre. C’est pourquoi des arbres peints sur la soie ou le papier en disent parfois long sur les difficultés d’une époque et les vicissitudes traversées par ceux qui maniaient le pinceau (faute peut-être de pouvoir s’exprimer autrement) dans des périodes troublées. Le plus révélateur dans ce sens est le motif assez fréquent de l’arbre qui pousse tant bien que mal à l’horizontale en pleine roche au flanc vertical et abrupt d’une falaise. Bravant les lois naturelles. Envers et contre tout !

Sans aller jusqu’à cette posture de défi, l’arbre qu’on vénère ne peut avoir d’utilité qu’à la marge : le catalpa fera à la rigueur un bois de cercueil de grand prestige ; le saule, supposé démonifuge, offrira ses rameaux printaniers au balayage des tombes à Qingming (Fête de Morts le 4 avril) ; une branche du prunier qui s’enhardit à fleurir sous les derniers frimas de l’hiver (l’arbre sous lequel serait né Laozi !) sera offerte au retraité à qui l’on souhaite une vieillesse alerte et robuste ; le pêcher, étroitement lié à l’immortalité, prêtera son bois et même les noyaux de ses fruits à la fabrication taoïste de toute une gamme d’amulettes et talismans de longue vie ; mais les plus révérés semblent devoir être pour toujours certains conifères. Non seulement les rigueurs hivernales et les conditions climatiques extrêmes ne semblent pas les affecter, mais ils apparaissent capables de se jouer de  toutes les difficultés de terrains rocailleux et accidentés. Pins et cyprès acquièrent d’ailleurs avec le grand âge des troncs noueux, bosselés, tordus, secs et comme morts qui ne se distinguent plus guère de la pierre elle-même. La croyance populaire veut qu’il n’y ait pas de différence essentielle entre une roche et un arbre qui s’accommode de s’y enraciner : à la longue, dit-on, le bois du pin des montagnes se transforme, par « sympathie » naturelle et échanges de « qi« , en la même pierre que l’à-pic où il s’accroche de toutes ses racines. C’est du reste l’estime démesurée pour ces arbres/ermites des lieux escarpés (dont les plus remarquables exemplaires se trouvent dans les Huangshan, les Monts Jaunes) qui a incité les Chinois à lancer à la nature un type de défi lui aussi hors du commun : susciter, fabriquer, contrôler et diriger artificiellement la croissance d’un arbre de manière à ce qu’il puisse orner la table du lettré et offrir au regard, en réduction, toutes les caractéristiques qu’il aurait probablement pu avoir au bout de quelques siècles. Ces arbres nanifiés et vieillis par toute une gamme de tortures savantes nous sont connus par leur nom japonais de « bonzaï », mais la pratique est chinoise et remonte à l’époque des Song (Xe, XIe s.) d’un raffinement culturel parfois un peu décadent. Cette marotte pour les « penjing » ( « paysages en cuvette », nom chinois des « bonzaï ») n’est pas qu’une lubie de mandarins capricieux ou trop flemmards pour « se rendre en visite à la montagne », comme le dit la langue chinoise, elle est profondément imprégnée de la philosophie du « yang sheng« . La technique très sophistiquée qui est mise en œuvre se préoccupe en premier lieu du ralentissement de la sève et de l’allongement progressif, par des « plis de dragon » des vaisseaux qu’elle parcourt. Les mouvements de base de la gymnastique taoïste dans la quête d’immortalité ne sont pas autre chose, mutatis mutandis et en changeant d’échelle, que ces étirements et contorsions non naturelles du corps en vue de ralentir et contrôler toutes les formes de circulation interne, celles-là mêmes qu’on impose aux arbres qu’on rêve de rendre immortels sous la forme obtenue au terme de leur yoga forcé.

La Chine est relativement pauvre en arbres utiles. Ses principales forêts exploitables se trouvent dans les massifs montagneux du Grand Kinghan de l’ex-Mandchourie. L’actualité toute récente (5 mai 2017) fait état d’un nouvel incendie dans cette zone régulièrement ravagée par le feu. Le plus terrible de ces incendies à l’époque contemporaine a eu lieu en mai 1987, détruisant sans pouvoir être maîtrisé 70% de la forêt et faisant 200 morts et 50 millions de sans abri. Cette ressource est donc fragile et n’est actuellement pas entièrement reconstituée. Ailleurs, le patrimoine forestier ancien est très limité : en 1949, à l’avènement de la RPC, si l’on excepte les quelques arbres intouchables parce que sacrés que nous avons évoqués, la Chine est entièrement déboisée, la terre dans les zones habitées y est pelée et nue comme le dos de la main car les arbres que les guerres (sino-japonaise et civile) n’ont pas détruits en près de 20 ans ont été littéralement « dévorés » par une population affamée en quête de bois pour faire du feu et de feuilles, écorces et racines à mettre dans la marmite ! Voyez des photos de l’époque : elles montrent d’étonnants paysages quasi lunaires. Quant aux arbres replantés avec ardeur dans les années 50, un nombre non négligeable d’entre eux a,  hélas, fourni du bois pour alimenter les hauts-fourneaux de poche du Grand Bond et contribué à produire un acier inutilisable !

Actuellement, pour ses besoins en bois utilitaire, nous le savons car nous sommes directement concernés, la Chine se tourne beaucoup vers l’importation et elle est, depuis quelques décennies, extrêmement demandeuse (et prête à payer cher et rubis sur l’ongle) d’une forte quantité, sous forme de grumes, de nos chênes français (dont une partie nous revient transformée en parquets stratifiés prêts à poser !). Non seulement la Chine veut désormais préserver sa propre forêt primaire, mais elle est confrontée à un problème très aigu de désertification. Le désert de Gobi gagne inexorablement du terrain et les tempêtes terribles qui s’y forment emportent chaque fois des millions de m3 de poussière vers Pékin, la Corée et le Japon. Ce sont ces colères du « Dragon jaune » renforcées par la pollution industrielle qui asphyxient toute la Chine du nord certains jours de printemps ! La Chine a entrepris de répondre à ce défi en entreprenant le chantier « écologique » les plus colossal au monde : édifier face au Gobi et à sa menace une « Grande Muraille Verte », soit une ceinture plantée de 4500 km du Xinjiang au Heilongjiang. Les travaux commencés en 1978 devraient s’achever vers 2070. Un siècle de lutte contre une nature hostile et, de surcroît, très malmenée par la marche forcée de la Chine vers le statut de grande puissance ! La chose n’est pas simple et le projet donne lieu en Chine même à de sérieuses controverses. On estime que la couverture forestière s’est accrue de 13 millions d’hectares depuis 2008, mais les tempêtes détruisent les jeunes arbres comme on abat des quilles, certaines essences succombent à des épidémies ou s’adaptent plus mal que prévu au sable et aux cailloux. Certains spécialistes doutent de l’efficacité d’une mono-plantation comme celle que l’on obtient par ensemencement aérien, d’autres sont sceptiques quant au problème de l’eau. Mais le chantier se poursuit activement coûte que coûte car le gouvernement chinois n’a pas le choix : disons qu’il tient à honorer ses engagements de la COP 21 à réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre, mais ajoutons que, s’il veut garder le pouvoir, il a le couteau sous la gorge et est obligé d’engranger des résultats probants dans ce domaine de l’écologie auquel la population est, à force de souffrir d’effets néfastes à sa santé et à celle de ses enfants, extrêmement sensible ! Cent milliards d’arbres devront à terme avoir boisé 250 000 km2, soit à peu près l’équivalent de 6 fois la Suisse. Le Serpent vert doit impérativement juguler le Dragon jaune … Question de survie. Pour nous tous !

Ouvrages cités

La souplesse du dragon. Les fondamentaux de la culture chinoise, par Cyril J-D Javary  (Ed. Albin Michel 2014)

Esthétiques du quotidien en Chine (ouvrage collectif) : Chap. « L’harmonieuse beauté de la santé » Elisabeth Rochat de la Vallée. (Ed. du Regard 2016)

Les Chinois, par Claude Larre  (Ed. Philippe Auzou-Lidis 1982)

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