« Cela va peut-être vous sembler farfelu que je parle d’interdire la spéculation… »

Ce qui suit est un extrait d’un billet paru hier sur le site de Mediapart, dont l’auteur est Roméo Reuven, et intitulé J’étais candidat à la présidence de l’AMF.

Si vous connaissez mes dadas, vous comprendrez pourquoi je cite le passage qui suit, mais lisez l’article en entier, ce qui y est dit est essentiel pour une authentique réforme de la finance.

Cela va peut-être vous sembler farfelu que je parle d’interdire la spéculation sachant que la spéculation est présentée (durant les études en finance) comme pouvant être stabilisante, capable d’abaisser les coûts de transaction, à même de permettre de corriger les imperfections de marché, etc. ; c’est à croire que la spéculation peut transformer l’eau en vin comme si c’était Jésus ! Et puis d’ailleurs si ça se trouve vous vous dites qu’il est impossible de définir la spéculation ou qu’il n’est pas possible de l’interdire. FAUX.  Ma proposition est en réalité simple : il suffit de retourner à la définition et aux conditions d’interdiction qui prévalaient en France, en Suisse ou en Belgique jusqu’à la fin du 19eme siècle (voir les écrits de Paul Jorion à ce sujet). Jusque 1890, il était ainsi interdit de spéculer financièrement dans ces pays. Il suffit donc de remettre en vigueur un équivalent de l’article 421 du code pénal français dans sa version d’avant 28 mars 1885 et qui disait que « les paris qui auraient été faits sur la hausse ou la baisse des effets publics (fonds d’Etat, bons du Trésor, actions, obligations, titres émis par les villes, les établissements publics et les sociétés anonymes) seront punis des peines portées par l’article 419 ».

Résumé de l’article par Emmanuel Rousseaux :

On peut résumer ses propositions en 10 points :

1. Redonner à l’AMF sa mission première de régulateur de la finance
2. Interdire aux financiers les rémunérations variables (bonus, stock-option), ou rendre les rémunérations algébriques (indexées aux résultats, y compris aux pertes et pas seulement aux gains)
3. Plafonner les rémunérations fixes (environ 100 K€/an)
4. Interdire la spéculation
5. Interdire les produits dérivés et structurés
6. Contrôler l’innovation financière (en évaluer préalablement l’utilité réelle et le risque associé)
7. Cesser la distinction entre shadow banking et banques
8. Assermenter les financiers
9. Interdire le trading haute fréquence et les ventes à découvert
10. Réduire la taille des banques (« too big to fail »)

(Pour ceux que le sujet intéresse, il est recommandé de lire le rapport associé à l’article)

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