« Maintenant les gens sont prêts »

Dans mon rêve, il y a vingt minutes, une fille disait : « Je vais en ville ! » et, alors que les autres types autour de nous, trop impressionnés par elle, n’osaient rien dire, j’avais dit : « Je viens avec toi ! »

Je la perdais rapidement dans la foule massée dans une ruelle sinueuse en escaliers mais cela n’avait pas d’importance : je savais que je la retrouverais plus tard.

Une amie me demandait d’aller dire quelque chose à l’un de mes fils. Je le trouvais en train de lire à haute voix à l’intention de deux de ses amis, et décidais de ne pas les déranger.

Je savais que nous étions à Berkeley, pas loin de Telegraph Avenue, pas loin de l’Université. Et je savais que le texte que mon fils et ses amis lisaient, c’était La vie dans les bois de Thoreau. Je le savais sans doute parce dans la vraie vie, il y a vingt ans exactement, nous avons lu ce même livre, ensemble, sur un banc de pierre, dans un petit parc, à Berkeley.

Je me suis réveillé, et mon sentiment était celui d’une immense sérénité : « Maintenant les gens sont prêts ».

Et ce sentiment ne me quitte pas depuis, parce qu’il n’émane pas seulement de mon rêve : il émane de la course échevelée de mes dix derniers jours : Bruxelles – Paris – Lille – re-Paris – re-Lille – re-Paris, il émane des conversations que j’ai eues avec vous, les dizaines d’entre vous avec qui j’ai eu l’occasion d’évaluer quelques instants les temps qui sont les nôtres ; sans compter les centaines d’entre vous à qui je me suis adressé dans une salle et qui êtes venus me dire simplement, avec un sourire, que je vous ai rendu : « Merci ! ».

L’origine de mon rêve, ce sont sans doute ces mots trouvés hier dans un mail : « … quand tu en as eu fini, l’un des participants est venu vers moi en me disant que, en t’entendant, il avait fini par se sentir comme assis autour d’un feu de camp, à écouter une très longue histoire racontée sous les étoiles. Je pense qu’il n’est pas le seul à être resté longtemps songeur ».

C’est vrai : maintenant, nous sommes prêts.

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