Je vous reviens comme promis, il y a en effet des informations méritant d’être rapportées dans l’article du New York Times publié hier, intitulé : « Le FBI avait ouvert une enquête sur la question de savoir si Trump agissait secrètement au nom de la Russie ».
D’abord et de façon a posteriori peu surprenante, chaque fois que vous et moi nous nous sommes posés la question : « Trump roule-t-il pour la Russie de manière accidentelle ou bien est-il payé pour le faire ? », il nous est confirmé là que le FBI se posait exactement la même question.
On aurait pu se dire que quand le 10 mai 2017, Trump dit au ministre des Affaires étrangères russe Sergeï Lavrov et à l’ambassadeur de Russie, Sergeï Kisliak : « Je viens de virer le patron du FBI. C’était un fou, un vrai fêlé. J’étais vraiment sous pression à cause de la Russie. C’est une affaire réglée ! », quelques minutes avant de révéler à ses interlocuteurs des données de renseignement couvertes par le secret défense, le FBI aurait pu prendre cela pour la simple expression d’un tempérament jovial, eh bien non, selon le New York Times, ce ne fut nullement le cas.
Et il en avait été de même lorsqu’en juillet 2016, dans une allocution, Trump avait publiquement exhorté les Russes de pirater les mails de sa rivale Hillary Clinton : le FBI n’avait pas vu là une aimable plaisanterie mais un indice à prendre au sérieux.
Il faut dire que le manque de sens de l’humour du FBI lors de ces deux incidents s’explique a posteriori par le fait rapporté hier par le New York Times, qu’avant même l’élection présidentielle de 2016, quatre proches de Trump faisaient déjà l’objet d’une enquête sur leurs relations suspectes avec la Russie.
Comment a réagi l’entourage du Président à l’article du quotidien new yorkais ? La porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Huckabee Sanders a déclaré : « À l’inverse du Président Obama, qui avait laissé la Russie et d’autres adversaires étrangers marcher sur les pieds des États-Unis, le Président Trump a en réalité été dur envers la Russie ». Faisant preuve de beaucoup de considération, les correspondants de presse ne lui ont pas réclamé d’exemple.
Quant à Rudy Giuliani, ancien maire de New York, aujourd’hui conseiller juridique du Président, il s’est contenté d’un haussement d’épaules : « Le fait est qu’on parle de choses s’étant passées il y a un an et demi et que rien ne s’en est suivi qui aurait révélé une violation de la sécurité nationale, ce qui signifie qu’ils n’ont rien trouvé ». Mais à ce argument, l’article du New York Times avait répondu par avance, rappelant une évidence : « Dans la plupart des affaires de ce type-là, les enquêtes se poursuivent à l’abri des regards, parfois pendant des années. Et ne débouchent souvent sur aucune arrestation ».
Le mot de la fin, je le laisse à Frank Figliuzzi, ancien directeur adjoint du FBI, qui, interrogé dans une émission à propos de l’article du quotidien new yorkais, a déclaré : « Vous imaginez bien que soupçonner le président des États-Unis d’être l’agent d’une puissance étrangère, ce n’est pas le genre de choses que le FBI ferait comme cela à la légère, sans disposer de preuves telles que des écoutes de conversations de Russes avec le Président ou à propos du Président ».
Trump a accumulé depuis son élection les tentatives d’extorquer du FBI l’assurance que la police fédérale n’enquêtait pas à son sujet ; ainsi, trois fois dans le cas de son ancien chef James Comey, qu’il révoqua quand même parce que celui-ci louvoyait dans ses réponses. Si l’article du New York Times est véridique, chaque fois que Trump croyait décapiter un peu plus le FBI par une révocation supplémentaire : celle de James Comey, son directeur (le 9 mai 2017), d’Andrew McCabe, directeur adjoint du FBI (le 2 août 2017), de Peter Strzok, directeur de la section contrespionnage du FBI (le 10 août 2018), etc. la police fédérale étoffait un peu plus son dossier, et considérait sans doute marquer un point de plus contre un agent infiltré ayant accédé au plus haut niveau de l’État.
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