Trump : Les cowboys et les Indiens, le 12 Janvier 2019 – Retranscription

Retranscription de Trump : Les cowboys et les Indiens, le 12 Janvier 2019. Merci à Eric Muller !

Bonjour nous sommes le samedi 12 janvier 2019, et les États-Unis sont entrés dans leur période de fermeture de l’administration fédérale, la plus longue jusqu’ici : on est au vingt-deuxième jour. La fermeture la plus longue jusqu’ici a été de vingt-et-un jours. On est dans une situation extrêmement tendue parce qu’il y a des gens qui ne sont plus payés, des fonctionnaires qui ne sont plus payés. Il y a des services de type fédéral qui ont épuisé le budget qui était le leur et qui vont commencer à fermer petit à petit. Il y a des choses qui se sont interrompues immédiatement, comme les gardes des parcs nationaux, il y a des gens qui ne sont plus payés mais qui continuent à faire leur boulot en se disant qu’ils seront payés un jour, comme les contrôleurs du ciel, mais c’est une situation extrêmement difficile, d’autant que on ne voit aucun progrès dans les discussions qui ont lieu entre les Démocrates et les Républicains. M. Trump – et il est suivi par le parti Républicain jusqu’ici – même s’il y a des craquements, même si il y a des gens qui, voilà, émettent des réserves sur cette histoire de mur avec le Mexique.

Lundi, vous pourrez voir dans Le Mondema chronique dans le journal Le Monde, et qui paraîtra sans doute en Belgique dans L’Écho le jour suivant, le mardi – je parle de ce mur : ce mur, il cache la forêt. En réalité, c’est toute la politique d’immigration des États-Unis qui est remise en cause par Trump, ce n’est pas uniquement cette muraille qui est assez symbolique. On dit : « Oui, c’est parce que c’est un constructeur immobilier, il tient beaucoup au mur ! ». Non, le mur est une partie du dispositif. La partie la plus importante, c’est qu’il essaie de remettre en question entièrement le droit d’asile accordé par les États-Unis. C’est le droit d’asile qui provoque les engorgements qu’on voit maintenant et le fait, voilà, qu’il y ait eu récemment, qu’il y ait eu deux morts d’enfants, deux enfants guatémaltèques – Ce n’est pas relié l’un à l’autre. Ça a eu lieu à une certaine distance dans le nombre de jours où ça s’est passé, mais c’est lié au fait que les centres, les centres d’accueil – il faudrait plutôt les appeler les centres de détention – ne sont pas faits pour avoir la quantité de personnes qui sont là en ce moment.

Alors, il y a quelque chose de particulier, et c’est le fait que les passeurs – les passeurs qui extorquent bien entendu beaucoup d’argent aux gens pour essayer de les faire venir aux États-Unis – ont découvert un nouveau filon : ce sont des familles au Honduras, au Guatemala et à El Salvador, comme vous le savez des pays où la situation, comment dire ? politique, est instable depuis pas mal d’années.

Vous verrez des analyses de M. Trump et de sa muraille, vous verrez mon analyse à moi qui, bien entendu, est en général – enfin pratiquement toujours – très différente de celles que proposent les autres. Je vois que les journaux français font essentiellement des résumés d’articles qui ont paru dans le Washington Post ou dans le New York Times ou dans le Wall Street Journal. Vous savez que mes analyses sont d’un ordre tout à fait différent.

Alors, c’est quoi cette histoire de muraille, c’est quoi cette histoire de droit d’asile remis en question ? Eh bien, comme vous le verrez dans mon papier, donc le scoop – le scoop il est ici mais enfin vous verrez mes papiers – c’est que ce dont il s’agit, c’est des cow-boys et des Indiens. En deux mots, la politique d’immigration des États-Unis a toujours été très précise en termes de qui on voulait faire venir. Il y a, voilà, une représentation implicite, non-dite, sur le type de personnes qu’on veut plutôt faire venir aux États-Unis.

Quand, moi, je me suis retrouvé là pendant 12 ans, j’ai été sollicité à plusieurs reprises pour devenir citoyen américain, parce que je suis blanc, je suis Belge – c’est le type de nation dont on espère que ses citoyens émigreront aux États-Unis – j’ai un diplôme universitaire, et ainsi de suite. Si j’avais été différent, ça n’aurait pas été la même affaire. Et quand je dis que, maintenant, c’est une affaire de cow-boys et d’Indiens, si vous regardez les nationalités des personnes qui se pressent, qui sont détenues en ce moment à la frontière, ce sont essentiellement ces trois nationalités que j’ai mentionnées – Honduras, Guatemala, El Salvador – et si vous regardez les photos de ces enfants – je vais peut-être mettre les photos des enfants, d’ailleurs [longue réflexion] – si vous regardez les photos de ces enfants qui sont morts, si vous regardez le visage de leurs parents, si vous regardez les gens qui sont là, derrière des barrières, dans des camps de concentration – Oups! Excusez moi – dans des centres de détention, vous n’aurez aucune hésitation : ce ne sont pas des Peaux-Rouges – il ne s’agit pas d’Amérindiens venus éventuellement de Sibérie, qui peuplaient le Nord, le grand Nord des États-Unis et du Canada – Ce sont des indiens, comme les Lacandons, comme les gens qui ont été les Mayas. Ce sont des gens comme ça, ce sont des Amérindiens – pratiquement, comment dire ? dans leur totalité – et ce ne sont pas des gens, en général, qui ressemblent à des métis. Ce sont des populations, je dirais, précolombiennes. Ce sont des populations précolombiennes.

Et donc, qu’est-ce qu’il s’agit de faire ? Il s’agit pour M. Trump, et pour ses alliés et pour la foule vociférante de ses partisans, il s’agit pour les cow-boys d’empêcher les Indiens d’entrer.

Bon, c’est ma petite thèse qui, vous vous en doutez, est très différente de ce qu’on voit dans les journaux. C’est de cela que je parle dans l’article dans Le Monde et dans L’Echo. Vous verrez ça lundi en France, et mardi en Belgique.

Voilà, allez à bientôt.

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