Blog de Paul Jorion

Certains commentateurs hier soir et ce matin s’intéressaient au fait qu’il y a eu hier des Républicains – et le Président lui-même – pour crier victoire à la suite du témoignage de Gordon Sondland, ambassadeur américain auprès de l’Union européenne.

Le fait significatif n’est pas là, il est dans le fait que ce ne soient pas tous les Républicains et que leurs opinions à chaud hier allaient du triomphalisme trumpien, à un bout de l’éventail, au désespoir, à l’autre

Hier a marqué un tournant : comme à leur habitude, les représentants Républicains à la commission se sont présentés avec un message unique et désormais bien rodé : « pantalonnade coûtant cher au contribuable, les vrais coupables sont le lanceur d’alerte et Hunter Biden, ce sont eux qui devraient être jugés ». Mais cette belle unité s’est effondrée en cours de route au point que ceux et celles qui s’accrochèrent au boniment provoquèrent l’hilarité, y compris – Ô sacrilège ! – celle de Sondland lui-même, un retournement de situation inopiné pour quelqu’un dont l’opinion commune disait au moment où il est entré dans la salle qu’il risquait la prison. CNN écrivait : « Gordon Sondland a sauvé sa peau », mais c’était mieux encore que cela : il avait acquis la sympathie du défenseurs de la République.

Manifestement les membres Républicains de la commission n’avaient pas eu accès au témoignage écrit préalable de Sondland. Ils ont été complètement pris à contrepied car il y avait bien là une bombe et pas tellement dans la confirmation une fois pour toutes de l’échange de bons procédés, du donnant-donnant – qui fascine les Américains, que dans l’implication systématique des conspirationnistes qui feront ultérieurement l’objet de poursuites : Rudy Giuliani, avocat personnel de Trump, Mike Pence, Vice-Président, Mike Pompeo, ministre des Affaires étrangères, Mick Mulvaney, chef de cabinet à la Maison-Blanche, Rick Perry, ministre de l’Énergie et… c’en était presque comique : Lisa Kenna, Executive Secretary of the United States Department of State, l’assistante de Mike Pompeo. Le conseiller juridique Goldman disait quelque chose du genre : « Eh ! Attendez ! Lisa Kenna ? », et Sondland de répondre : « Ah ! Oui, zut : on a presque oublié Lisa ! Il ne faut surtout pas oublier de la mettre ! »

C’est là qu’on en était hier : la liste des futurs convicts. Certains Républicains ne l’ont pas encore compris : ceux qui se réjouissaient hier soir, d’autres sont au courant : ceux qui hier soir, désespéraient.

J’écrivais hier dans mes commentaires en direct :

les remises en question de la commission par ses membres Républicains ont cessé d’importer.

C’était là le tournant qui a eu lieu hier.