Coronavirus : réévaluation à la hausse de son impact, par Alexis Toulet

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La réévaluation du nombre de cas en Chine avec +34% d’un jour sur l’autre est supposée résulter d’une « redéfinition » de la manière de détecter le virus, la majorité des cas (> 13 000) étant des personnes dont les atteintes pulmonaires sont cohérentes avec une infection au Codiv19 mais qui n’ont pas été testées positives au virus.

En filigrane, il est possible de lire : pénurie de tests. Non seulement les chiffres des derniers jours étaient donc faux, mais encore le nouveau chiffre n’est probablement pas la vérité nue non plus : les nouveaux malades qui viennent d’être ajoutés au compte à cause d’atteintes pulmonaires révélatrices sont tous déjà atteints, pas de porteurs sains parmi eux par définition, pas même de malades encore peu atteints. C’est donc que les porteurs sains et malades encore ambigus ne sont pas encore comptés. Le véritable chiffre est significativement plus élevé.

Rien qu’en acceptant tel quel le nouveau chiffrage pourtant incomplet – 59 800 ce 13 février – et en comptant à rebours à partir des 34 100 du 7 février, on arrive à un taux d’augmentation quotidienne de 10%. Le vrai taux d’augmentation doit être supérieur.

Toutes les évaluations optimistes de ces derniers jours tombent. La province de Hubei en Chine est toujours en phase exponentielle. Peut-être aussi d’autres provinces.

La question humaine est évidemment primordiale dans la réaction à une épidémie. Mais il faut aussi parler des impacts économiques, certes incomparablement moins graves, mais potentiellement beaucoup plus étendus.

De ce que je comprends :

– Les marchés se sont attendus jusqu’ici à ce que le cœur industriel de la Chine « redémarre » relativement rapidement. Au vu des dernières nouvelles, ce ne sera pas le cas

– Pour rappel (1) « Cette semaine – au 5 février – les deux tiers de l’économie chinoise restent fermés. Plus de 80 % de son industrie manufacturière est fermée, et 90 % pour les exportateurs. L’économie chinoise représente 17 % de l’économie mondiale et est profondément intégrée dans les chaînes d’approvisionnement internationales. »

– Ceci alors que le 5 février, Hyundai était l’un des premiers (2) à interrompre sa production de voitures en Corée du Sud, faute de composants cruciaux dont l’approvisionnement issu de Chine est interrompu. L’un des premiers… mais certainement pas le dernier. Et ce n’est pas seulement l’industrie automobile qui est concernée

– D’autre part, le prix du pétrole a chuté de 12% à 14% depuis un mois, clairement en réaction à l’anticipation d’une demande moindre de la part de la Chine

===> Comme l’avance Evans-Pritchard (1), le coronavirus pourrait devenir le « cygne noir » qui coulera les marchés financiers mondiaux

Rappelons qu’un « cygne noir » est un événement négatif que personne n’avait vu venir ni inclus dans les risques, pour la bonne et simple raison que personne n’avait envisagé sa possibilité même. Un nouveau virus qui coulerait la finance mondiale en rajoutant 2020 à la liste des grandes crises financières serait exactement cela : personne à ma connaissance ne l’a inclus dans la liste des risques financiers potentiels…

(1) https://www.telegraph.co.uk/business/2020/02/05/chinas-coronavirus-not-remotely-control-world-economy-mounting2/
(2) https://www.auto-infos.fr/Coronavirus-Hyundai-va-interrompre,13452

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