Les obligations se vendent à la pelle, non pas parce qu’elles ne sont pas une denrée précieuse, qu’il serait judicieux de conserver, mais simplement parce qu’un grand nombre de leurs détenteurs ne peuvent faire autrement que vendre. Ils vendent donc « à la casse », dans l’urgence, un produit « liquide » = trouvant facilement preneur à condition que le prix soit attractif.
Pourquoi ont-ils besoin d’argent liquide (l’argent proprement dit est « liquide » : chacun l’accepte en remboursement d’une dette) ? Parce qu’ils doivent s’acquitter de créances que l’effondrement des marchés boursiers leur a causées, ou parce qu’ils doivent répondre à des « appels de marge » : des appels à gonfler les réserves qu’ils ont constituées sur des opérations à terme, ou des options qu’ils ont prises, dont le coût augmente parce qu’il reflète le risque couru (le fameux « margin call » qui a donné son nom à un remarquable film combinant divers épisodes de la chute de Lehman Brothers et des tribulations de Goldman Sachs).
L’afflux des obligations mises en vente bouscule le rapport de force entre acheteurs et vendeurs, et leur prix baisse parce que les acheteurs peuvent se montrer regardants et exigeants. Le taux d’intérêt de la dette pour chaque échéance particulière grimpe en conséquence, par le mécanisme suivant : comme les obligations en vente sont nombreuses, un État qui veut emprunter « émet » donc de la dette qui se trouve en ce moment soumise à une forte concurrence sur le marché obligataire et cet État n’aura pas d’autre choix pour les rendre attractives, qu’attacher à ses obligations un « coupon » (taux d’intérêt) plus élevé que celui des obligations déjà émises.
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