1973 : Un grand moment à la cérémonie des Oscars

Marlon Brando décline l’Oscar que lui a valu le rôle du Parrain dans le film « The Godfather ». Il a mandé pour le représenter et annoncer la nouvelle, Mme Sacheen Littlefeather.

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11 réponses à “1973 : Un grand moment à la cérémonie des Oscars

  1. Avatar de pierre guillemot
    pierre guillemot

    Sacheen Littlefeather. L’article du Monde https://www.lemonde.fr/cinema/article/2022/08/16/les-oscars-s-excusent-aupres-de-l-actrice-amerindienne-qui-avait-refuse-une-statuette-au-nom-de-marlon-brando_6138119_3476.html du 16 aout m’avait rappelé quelque chose : une double page dans Playboy, que je lisais à l’époque (uniquement pour affiner mon anglais et ma connaissance de la civilisation américaine, bien sûr), octobre 1973. L’histoire de l’Oscar m’avait échappé et je l’avais apprise en lisant Playboy. M’étant renseigné, j’avais pensé qu’il s’agissait d’une imposture dont Marlon Brando avait été la victime consentante, et que Hugh Hefner avait eu le réflexe : notoriété, un coup de téléphone et un chèque.

    En fait, à ce moment là Marie Louise Cruz était modèle et avait posé pour Playboy dans une série sur les Indiennes qui était en stock ; elle ne pouvait pas s’opposer à la parution. Elle était déjà une militante visible de la cause indienne, ayant retrouvé la famille de son père né dans la nation apache. Bien sûr, son espoir de la moindre carrière à Hollywood s’est asséché ce jour là. En échange, elle a très bien réussi dans le nativisme institutionnel et la nutrition holistique. Mon savoir récent vient de https://en.wikipedia.org/wiki/Sacheen_Littlefeather , qui est exhaustif comme les Américains savent faire.

    Le texte de Marlon Brando, que Sacheen Littlefeather, limitée à 60 secondes, n’avait pas pu lire en scène, a été publié le lendemain dans le New York Times https://timesmachine.nytimes.com/timesmachine/1973/03/30/issue.html page 39

  2. Avatar de Vincent Teixeira
    Vincent Teixeira

    Oui, un grand moment…
    et assez déshonorant pour certains…
    comme rapporté dans WP (en anglais) ou encore ici :
    https://www.snopes.com/news/2022/03/31/john-wayne-sacheen-littlefeather/

    C. Eastwood faisant ensuite une petite blague désobligeante (« I don’t know if I should present this award on behalf of all the cowboys shot in all the John Ford Westerns over the years ») ; et surtout J. Wayne, apparemment très énervé, voulant sortir Sacheen Littlefeather de la scène, mais retenu par plusieurs agents de sécurité…

    Loin de ces paillettes, trois mois plus tard, M. Brando expliqua son « geste » et sa position, notamment dans cette interview télévisée (dont l’intégralité vaut vraiment le coup d’oeil !)
    Quel charisme ! et quelle intelligence de la conscience humaine :

    https://www.youtube.com/watch?v=p4xtO4RBwPs&list=FLBAdYIUwsowAa8vQ77jqGLg&index=6&t=6s

    1. Avatar de pierre guillemot
      pierre guillemot

      J’aimerais être aussi ému par Marlon Brando, mais mon plaisir a été gâché, parce que hier j’avais vu une interview de feu Jean Yanne. L’interviewer l’avait lancé sur sa performance d’acteur dans « Nous ne vieillirons pas ensemble » (1972, avec Marlène Jobert), son jeu de regard tantôt attentif tantôt fuyant. Jean Yanne avait simplement expliqué que le rôle l’emmerdait, qu’il avait du mal à mémoriser, et que donc il avait préparé ses répliques sur des fiches collées un peu partout du côté pile du décor, et son regard cherchait la prochaine réplique. Jamais à court d’une vacherie, il avait rappelé que Marlon Brando avait le même problème et la même solution, quitte à utiliser des panneaux de plusieurs mètres et la bombe à peinture en plein air. Sachant que les shows comme Dick Cavett étaient, et sont toujours, scénarisés en vue d’un vrai direct (au contraire d’Ardisson qui suscite le spectacle par la manipulation en flux, puis monte ce qu’il a capté), je me suis dit que Marlon Brando et ses regards émouvants vers le ciel, vers la terre, et jamais vers le visage de Cavett, suivaient tout simplement les panneaux ou les prompteurs, invisibles en deçà de la caméra. J’ai l’esprit mal tourné, mais je pense que Brando lui même n’aurait pas été gêné pour expliquer, si on lui avait posé la question.

      1. Avatar de Paul Jorion

        Bullshit !

        Wikipédia : « Brando sollicita les conseils de John Gielgud pour déclamer Shakespeare, et adopta toutes les recommandations de Gielgud. La performance de Brando s’avéra si excellente que Bosley Crowther du New York Times dit dans son compte-rendu du film : « Heureusement, la diction de M. Brando, qui était gutturale et traînante dans les films précédents, est claire et précise dans ce cas ». Brando était si dédié à sa performance pendant le tournage que Gielgud lui proposa de le diriger dans une production théâtrale de Hamlet, une proposition que Brando envisagea sérieusement mais qu’il refusa finalement.

        1. Avatar de pierre guillemot
          pierre guillemot

          Ouh là là, je n’ai jamais dit que Marlon Brando était une nullité. Simplement, vingt ans après « Jules César » et même « Cléopâtre », usé par la vie, il n’était plus capable de soutenir son magnétisme qui fonctionnait toujours par les techniques de base de l’acteur, que les mauvais entretiennent aussi, la mémorisation, la résistance mentale et physique. On a continué de l’employer, en palliant ses déficiences, parce qu’une star, ça ne se fabrique pas. Guy Marchand prétendait qu’il était un mauvais, mais honnête : « Je suis à l’heure, je sais mon texte, c’est comme ça que je gagne assez pour vivre comme j’aime, moi et ma femme. »

          Qu’il ait usé de son statut de star pour soutenir des causes qui le gratifiaient est une autre affaire. Sa mise en scène des Oscars « je ne suis pas là parce que je fais quelque chose de plus important, et je délègue quelqu’un d’authentique » est un chef d’œuvre de mise en valeur.

          1. Avatar de Vincent Teixeira
            Vincent Teixeira

            je crois que vous faites fausse route le concernant… son magnétisme est resté intact… Il n’y a qu’à voir ses films – et sauf exception, les rôles qu’il a joués ne sont pas des rôles de « bavards » !
            En dehors du cinéma, qu’il ait joué de son rôle de star… peut-être, comme beaucoup, voire la plupart… mais dans l’ombre, si j’ose dire, en tout cas loin des paillettes de Hollywood. Et sa sincérité concernant certaines causes me semble totale – comme son charisme dans tous ses rôles…

            Il y a qu’un seul film où il m’a vraiment déçu, mais c’est le film lui-même qui est très mauvais (« The Night of the Following Day » – 1968)… (je fais l’impasse, ou presque, sur les 2 dernières décennies, années 80 et 90 – peu intéressantes, mis à part une de ses ultimes apparitions dans « The Score »)…
            et encore malgré la nullité du film, il crève l’écran, comme toujours… Peu importe qu’il ait eu ou non des pbs de mémorisation de son texte (vraiment, aucune importance !) ; c’est le résultat final qui compte et la performance d’acteur… Or, peu ont (eu) ce magnétisme et cette force d’incarnation à l’écran !

          2. Avatar de Vincent Teixeira
            Vincent Teixeira

            oups…
            vous citiez J. Yanne et à présent G. Marchand…
            que j’aime bien aussi… mais franchement, à côté de Brando….. euh… comment dire… 😁 « no comment »

      2. Avatar de Vincent Teixeira
        Vincent Teixeira

        – concernant J. Wayne, vous avez raison de souligner ce point/doute.
        – pour le reste, je ne crois pas du tout ce que vous dites sur Brando ; et tout ce que j’ai pu voir ou lire sur lui irait plutôt dans le sens contraire. En tout cas, son charisme est bien réel, impressionnant, comme son honnêteté… et s’il cherche souvent ses mots, ce n’est sûrement pas sur des pense-bêtes dissimulés ici ou là… mais plutôt parce qu’il réfléchit, tient à dire quelque chose de juste et honnête, non de simples banalités, et haïssait l’hypocrisie…
        Il n’y a qu’à voir cet autre extrait, particulièrement savoureux, de la même émission (qu’on peut visionner en entiers, par morceaux coupés, sur YouTube) – où il « provoque » et perturbe, avec humour et profondeur, Dick Cavett, en lui expliquant que lui-même (DC) est en train de « jouer » maintenant, dans son émission, et qu’on est tous dans des positions d’ »acteur » en société, en public – pour s’en convaincre (et il regarde bien Cavett dans les yeux… et même très intensément !).
        Tout ça n’est absolument pas « préparé », écrit :

        PS : Quant à J. Yanne, ce rôle l’emmerdait peut-être… mais sa performance et ce film de Pialat sont extraordinaires.

    2. Avatar de pierre guillemot
      pierre guillemot

      John Wayne aux Oscars. Les sources, fort honnêtement, soulignent que c’est selon Sacheen Littlefeather que John Wayne s’est comporté ainsi. Mais ça s’emboîte tellement bien dans le storytelling (y a t-il un mot adéquat en français ?) que ce serait dommage si ce n’était pas vrai. Par contre, la remarque pas tellement hilarante de Clint Eastwood un peu plus tard dans la cérémonie, et non scénarisée celle-là : « à la mémoire de tous les cowboys tués dans les films de John Ford » (citation approximative) est certaine et a été enregistrée.

  3. Avatar de sde
    sde

    Merci pour ce billet et les liens ci-dessus. Une histoire que j’ignorais totalement, bon, j’avais 9 ans…

    1. Avatar de gaston
      gaston

      Oui, merci à notre hôte d’avoir mis cette petite plume dans la lumière, car c’est une grande dame !

      Quant aux torts et mérites de Brando, ils me paraissent secondaire.

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