Les post-fascistes Italiens au pouvoir. Le retour en force en Europe des vieux démons de l’entre deux-guerres !, par Yorgos Mitralias

Jours de 1922 ? Pas encore mais l’Italie est sur la bonne voie pour “fêter” dans quatre ans le centenaire de la montée de Mussolini et de son mouvement fasciste au pouvoir avec un régime qui lui ressemblera – presque – comme deux gouttes d’eau ! “ C’est avec cette phrase prémonitoire en guise d’avertissement, que s’ouvrait notre article écrit au lendemain des élections italiennes de mars 2018 remportées alors haut la main par la Lega de Salvini. Quatre ans plus tard, c’est à dire aujourd’hui, force est de constater que – hélas – notre pronostic est pleinement confirmé par les faits : le centenaire de l’accession de Benito Mussolini au pouvoir en Octobre 1922 coïncidera avec l’accession au pouvoir de la post-fasciste Giorgia Meloni et de ses Fratelli d’Italia, le parti qui n’est que la continuation du MSI fondé et dirigé par Giorgio Almirante et autres éminences de la Repubblica di Salò, le dernier et minuscule État fantoche de Mussolini sous influence des nazis allemands !

Si l’on en juge par les premières « analyses » du résultat de ces élections pas les habituels “spécialistes » et autres commentateurs attitrés de nos médias européens, la suite de notre article du lendemain des élections italiennes de 2018 resterait aussi valable au lendemain des élections de 2022  : Pourquoi cette introduction plutôt atypique quand tout le monde ne parle que de la victoire des “populistes”, du triomphe des “eurosceptiques”, de la défaite du “centre-gauche” et évidemment, du chaos post-électoral et de la probable “ingouvernabilité” de l’Italie ? Tout simplement parce que nous préférons regarder un peu plus loin que le bout de notre nez, pour voir non pas les épiphénomènes mais l’essence des choses au moment où en Italie sont en gestation des développements qui vont marquer notre vie ici aussi en Grèce !” Et en effet, au-delà du « populisme » qui caractérise des pans entiers du programme de la coalition des vainqueurs des élections italiennes, de leurs divergences par ailleurs très réelles, et de la probable « ingouvernabilité » qui peut en résulter, le fait principal de ces élections italiennes est… qu’effectivement « en Italie sont en gestation des développements qui vont marquer notre vie ici aussi en Grèce », comme d’ailleurs partout en Europe et peut être dans le monde entier !

Pourquoi ? Mais, parce que l’arrivée au pouvoir en Italie de la coalition d’extrême-droite dominée par les post-fascistes de Giorgia Meloni, change la donne en Europe provoquant une ultérieure et encore plus profonde modification des rapports de force en faveur de l’extrême-droite européenne et de son aile post-fasciste. Les conséquences en seront cataclysmiques. Tout d’abord, dans une série des pays européens, le triomphe électoral des Fratelli d’Italia va approfondir et accélérer la crise déjà existante des grands partis de la droite plus ou moins classique (comme la Démocratie Chrétienne), encourageant leurs ailes d’extrême-droite qui auront le sentiment que leur heure est venue, soit à revendiquer leur direction soit à faire scission à l’instar de l’aile franquiste du parti Populaire espagnol qui a scissionné pour créer Vox.

Prise en sandwich entre la pression extérieure venant des divers Orban européens et celle de l’intérieur exercée par leurs oppositions d’extrême-droite, ces grands partis gouvernementaux vont se fragiliser de plus en plus et feront ce qu’ils ont toujours fait quand ils veulent se protéger face à la concurrence de l’extrême-droite : imiter cette extrême-droite pour la battre… sur son terrain en empruntant plusieurs thèmes et pratiques de ses politiques racistes, sexistes, ultra-nationalistes et liberticides ! Et évidemment, ces dérives ultra-droitières de la droite classique vont avoir leurs répercussions à Bruxelles, au sein de la Commission Européenne dominée traditionnellement par le Parti Populaire Européen.

Mais, attention : tous ces événements et développements en cascade déjà – presque – historiques, n’auront pas lieu à une époque « normale », mais en pleine crise européenne et peut-être mondiale sans précédent depuis la fin de la dernière guerre mondiale. Une crise accélérée sinon provoquée par la guerre de Poutine et son impérialisme grand-russe contre l’Ukraine et son peuple. La conséquence en sera que cette extrême-droite européenne triomphante qui ne cache pas ses affinités, sinon son soutien, à Poutine et son régime fascisant, fera sentir son poids accru aussi à ce niveau, en s’alignant avec Orban afin de rompre l’isolement international de Poutine. En somme, il va sans dire qu’un grand bénéficiaire du triomphe de Giorgia Meloni est Poutine et ses semblables de par le monde. C’est à dire, l’Internationale Brune en gestation

Mais, pourquoi l’Italie et pourquoi son raz de marée post-fasciste électoral accentué par la virtuelle disparition de sa gauche ? Comment se fait-il que l’Italie du « plus grand parti communiste du monde occidental » et des mouvements sociaux radicaux et de masse se soit transformée aujourd’hui au premier grand pays européen doté d’un gouvernement d’extrême-droite dominé par les post-fascistes? La réponse tient à ce qu’on pourrait appeler … les suicides successifs des gauches italiennes. D’abord, le suicide du PCI – déjà en crise et plus que réformiste – qui a été pratiquement liquidé à froid par des directions de plus en plus sociale-démocrates de droite en quête de « respectabilité » bourgeoise, pour aboutir – après maintes métamorphoses – à l’actuel Parti Démocrate. Un PD qui n’a rien de « gauche », en commençant par ses dirigeants : tant le présent Enrico Letta que le plus illustre de ses prédécesseurs Mateo Renzi sont des purs produits de la Démocratie Chrétienne (DCI) sans aucune attache à la gauche italienne. D’ailleurs, Renzi qui ne cache pas ses rapports avec… le palais Saoudien, vient d’offrir ses services à Giorgia Meloni…

Et ensuite, le suicide de la gauche radicale italienne, et plus précisément de son parti de loin le plus important, celui de Rifondazione Comunista, qui a initié son effondrement (fulgurant) quand sa direction a décidé de lier son sort au sort du très bourgeois et néolibéral gouvernement du banquier Romano Prodi. Le résultat fut que Rifondazione est passé en un temps record, de l’énorme prestige qu’elle avait acquis en tant qu’expression politique des mouvements sociaux italiens et locomotive de la gauche radicale européenne, au discrédit galopant que lui procuraient les crises internes combinées aux successives défaites électorales et la fuite d’un grand nombre de ses militants.

Le trou laissé dans le « peuple de gauche » italien par les « suicides » de ses gauches a été béant et n’a pas tardé à être progressivement comblé par des démagogues populistes ou même par des réactionnaires racistes . À la suite de l’opération « Mani pulite » qui a contribué à la disparition subite des partis Socialiste et Démocrate Chrétien qui gouvernaient le pays, et la grave crise économique aidant, la société italienne déboussolée, en colère et a la recherche des messies, s’est tournée d’abord vers Berlusconi dont le bilan a été catastrophique : le berlusconisme, ce mélange de cynisme néolibéral, de vulgarité de nouveau riche, de racisme et d’extrême sexisme agressif, et d’un amoralisme décomplexé a fait et continue de faire des ravages car il a pris racine dans la société italienne et coule désormais dans ses veines.

Désormais, le terrain était préparé pour l’apparition d’autres « messies », d’autant plus que Berlusconi avaient banalisé l’extrême-droite et les post-fascistes, s’alliant avec la Lega Nord de Bossi et surtout avec l’Alleanza Nazionale qui a succédé au vieux MSI, prenant comme vice-président de ses gouvernements son dirigeant Gianfranco Fini, et offrant le ministère de la Jeunesse à une jeune néofasciste du nom de… Giorgia Meloni. C’est ainsi que même le météorite anti-berlusconien et prétendument « anti-système » appelé Movimento 5 Stelle n’avait aucun problème à flirter ouvertement avec des néofascistes. Comme par exemple quand son fondateur et gourou, le comique Beppe Grillo donnait la main au chef des fascistes de Casa Pound et lui proposait d’inclure ses « camerati » dans les listes électorales de son parti…

Alors, à l’opposé de ce qui est arrivé aux autres « messies » (Salvini, Grillo…) qui sont entrés en crise aussi vite qu’ils ont monté en flèche, Giorgia Meloni et ses Fratelli d’Italia semblent – malheureusement – bien armés pour durer. La situation est donc grave et la menace terrible. Et rien n’illustre mieux cette terrible menace que le très emblématique résultat des élections dans le plus populaire des quartiers de Rome, à la commune de Sesto San Giovanni, ce bastion historique de la gauche, appelé aussi communément « il Stalingrado italiano » : pour la première fois, son nouveau député n’est pas de gauche. C’est la fille de Pino Rauti, le « pape » du néofascisme italien et européen durant la deuxième moitié du XXe siècle, fondateur d’Ordine Nuovo et dont le nom a été impliqué dans les plus sanglants actes de terrorisme néofascistes des années de la « stratégie de la tension » en Italie…

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36 réponses à “Les post-fascistes Italiens au pouvoir. Le retour en force en Europe des vieux démons de l’entre deux-guerres !, par Yorgos Mitralias”

  1. Avatar de l'arsène
    l’arsène

    Pourquoi ne parle-t-on jamais de la trahison de la gauche sociale-démocrate qui a mis sur orbite toutes les dérégulations économiques pour épouser les thèses du néolibéralisme ?
    L’Italie en est le parfait exemple, comme d’ailleurs la France, et la note va être salée car le capitalisme n’a jamais hésité à copiner avec le fascisme, l’histoire l’a démontré.

    1. Avatar de Nosfératus
      Nosfératus

      Effectivement, nous en Europe nous vivons dans des sociétés à structure ploutocratique. Ce que « les gens », ressentent, vivent matériellement et émotionnellement, n’intéresse en réalité ni les « élites », ni les technocrates au service de l’argent roi (Bruxelles notamment). Ils livrent des discours hypocrites et évasifs, c’est tout. On demande aux individus de fonctionner selon le principe – pardonnez ma simplicité – de travailler pour consommer, consommer pour…Ca laisse un vide que la droite nationaliste exploite. C’est le côté émotionnel (patrie, identité, sécurité…..) que la gauche a toujours évité, méprisé, indexé de rétrograde ou de phantasmes droitistes.
      Depuis un certain temps déjà on constate sur le terrain la fin des naivetés de la Gauche dogmatique — le navire coule.

  2. Avatar de Hervey

    L’argent gouverne et les forces de gauche ont perdu la confiance des gens soumis au travail.
    Faut-il Incriminer ces gens qui votent avec leurs pieds ou cette classe politique en perte de vitesse dans les urnes ?

    Autre question, en quoi la situation italienne de 2022 est-elle plus inquiétante que celle de 2020 ?

    Partout se posent les questions d’accès à l’énergie et ses dérives en cascades qui soulignent au trait les inégalités et vont les chauffer à blanc. Les pouvoirs de quelques bords qu’ils soient vont devoir se coltiner ces problèmes et ce ne sera pas facile.
    Ce n’est pas agiter le chiffon rouge que de le dire.

  3. Avatar de un lecteur
    un lecteur

    Un milliardaire est un fasciste qui s’ignore.

    1. Avatar de Thomas Jeanson
      Thomas Jeanson

      C’est pas faux…

      Ceci dit , de

       » Un milliardaire est un fasciste qui s’ignore.  »

      à

       » Tout ceux qui ont plus de fric que moi sont des fascistes « ,

      il n’y a qu’un pas…

      Du coup, on fait comment ?

      1. Avatar de un lecteur
        un lecteur

        Les milliardaires possèdent l’État, ça fait un poil de différence.

    2. Avatar de Lagarde Georges
      Lagarde Georges

      Silvio Berlusconi – en 2004 la personne la plus riche d’Italie avec 12 milliards de dollars – a été président du conseil en 1994 (8 mois), en 2001 (4 ans et 11 mois), en 2008 (3 ans et 6 mois.) Depuis la fin de l’ère Mussolinienne les Italiens ont donc choisi à trois reprises d’avoir à la tête de leur gouvernement un milliardaire qui a beaucoup de points communs avec Trump.

      Sauf que, contrairement à Mussolini qui détenait pratiquement tous les pouvoirs, un président du conseil italien n’en a pas beaucoup (pour diverses raisons dont la constitution italienne, le pouvoir judiciaire qui n’hésite pas à s’en prendre aux élus et l’appartenance à l’UE.) À court terme ça évite les grosses catastrophes du genre de celles qu’a causé Trump mais sur le long terme ça empêche l’Italie de résoudre les gros problèmes dont elle souffre.

  4. Avatar de khanard
    khanard

    A mes yeux nous avons là une excellente analyse sur la situation politique européenne . Ce qui m’interroge tout de même c’est la mansuétude avec laquelle l’Europe a accueilli cette victoire. Du moment que Mme Giorgia Meloni affirme que l’Otan reste une priorité et que l’ordre bourgeois reste incontournable le fait que l’on ait un parti néofasciste en Europe (mais aussi en Suède ou en Hongrie) va apparaître comme un épiphénomène qu’il est politiquement correct d’amadouer. Nous voyons , et ce tout à fait et sans ambiguïté dramatique, un danger aux portes de l’Europe avec la guerre d’Ukraine, le sein même de ce projet européen rongé, vermoulu, phagocyté par une bête immonde qui ne dit pas son nom .
    Rendez vous est donné dans 4 ans en France , on verra bien alors quel stratagème la bourgeoisie nous proposera.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Mansuétude pour l’extrême droite qui colle bien à l’ »hégémon » ((c) Gramsci) de la classe dominant l’épargne, les votes et l’immobilier : les CSP+ de > 40 ans. Ses vraies priorités sont la « sécurité » (de leurs biens, pas de leurs « premiers de corvée ») et pas le wokisme 2.0, 3.0 ou 7.0.

      1. Avatar de Khanard
        Khanard

        @timiota
        oui, je suis d’accord avec vous sur cet exemple de mansuétude mais celle que je trouve gravissime réside dans la banalisation de ces mouvements fascistes , néo fascistes nazis, néo nazis -je vous laisse le soin de les appeler comme vous voudrez- qui à l’image du capitalisme imprègnent nos pensées , nous façonnent ; et sans que l’on en soit conscient nous nous y habituons.
        Je suis conscient que dans mon commentaire je fais une analogie entre fascisme et capitalisme mais au vu des réactions des institutions qui nous gouvernent cette analogie n’est peut être pas vaine .

  5. Avatar de timiota
    timiota

    Sesto San Giovanni est un quartier de … Milan , pas de Rome,
    et c’est à cause des usines (Falck etc.) qu’il a donné lieu à une résistance ouvrière batpisée « Stalingrad » ensuite.

    On a parlé par ailleurs dans la presse de la Garbatella, quartier de Rome — pour le coup — dont est issue Mme G. Meloni, et qui fut aussi dépeint par Nanni (Nanni Moretti bien sûr), notamment dans son Caro Diario (l’affiche où il est en scooter).

    Sinon, l’analyse est OK, mais ce n’est pas par pure bêtise que Rifondazione a fait ces choix là, il y avait un manque de crédibilité de la sphère communiste et syndicale, qui n’avait plus que le choix d’une défense clientéliste de quelques bastions, les transformations libérales ayant savonné la planche de la solidarité populaire et ouvrière dans le gros des secteurs historiques de grandes usines (métallurgie, textile, ….),

  6. Avatar de xyz
    xyz

    Moi quand je lis un article de Mitralias ça me donne envie de voter Le Pen tellement il est con

    1. Avatar de Paul Jorion

      Ignorez-vous cher ami, qu’une enquête récente sur les personnes qui écrivent « ça me donne envie de voter Le Pen » sont en réalité des électeurs ou électrices de Le Pen depuis en moyenne 7,3 années ?

  7. Avatar de Nikolaz
    Nikolaz

    Quand son pays bascule à l’extrême-droite, faut-il « respecter » le choix démocratique, pour reprendre les mots de la communication de l’Élysée ou bien est-il légitime de refuser de sombrer avec la majorité ?

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      Ainsi la démocratie ne serait elle respectable que lors qu’elle défend des idées conformes aux miennes ?!
      Joli cas de dissonance cognitive !😉
      Le constat n’est il pas finalement que la démocratie ne fonctionne que pour un peuple en paix avec lui-même ?
      Quelle est donc cette guerre interne qui nous taraude ?

      1. Avatar de Nikolaz
        Nikolaz

        Il ne s’agit plus ici d’un débat entre partisans du libéralisme économique et ceux de l’action sociale ou bien entre les centralistes et les fédéralistes. Il devient un débat entre démocratie et autoritarisme, ce qui le place de fait hors du cadre des institutions établies.
        Par ailleurs, la plupart des basculements des institutions ne sont pas issus d’un fait majoritaire mais de l’engagement d’une minorité impliquée (en politique, en résistance, en religion), même si le choix, s’il est celui de la démocratie, peut-être légitimé ensuite par référendum (auquel prend forcément part une partie molle de l’opinion).
        Ce sujet (celui des légitimités en politique) ne peut pas être abordé avec manichéisme. Je serais surpris qu’il n’y ait pas de littérature sur le sujet. Je remercie d’ailleurs quiconque pourrait ici me donner une petite bibliographie me permettant de m’en instruire.

        1. Avatar de Pascal
          Pascal

          La démocratie est elle une réalité ?A t elle jamais existé quelque part ?
          Si la démocratie est bien là gouvernance du peuple par lui même, alors l’histoire nous montre qu’elle n’a jamais existé, qu’elle n’est qu’un concept, ou peut être à la marge dans quelque groupe tribal.
          Nos sociétés ont évolué vers la démocratisation, ce qui est très appréciable mais nous n’avons pas à ce jour réussi à faire du concept une réalité.
          Qu’est ce qui a permis cette démocratisation ?
          Est ce l’esprit humain, une volonté politique, l’œuvre de quelques « grands hommes » ? Ou bien ne serait ce que le « progrès » qui nous a permis de dépasser nos conflits pour nos besoins vitaux et ainsi de pouvoir vivre en paix, de l’après guerre à aujourd’hui, sous un régime que d’aucun appelle démocratie ?

          1. Avatar de Nikolaz
            Nikolaz

            Votre commentaire sur La Démocratie est intéressant car il donne un axe d’analyse à la question des légitimités.
            Savoir ce que serait La Démocratie est complexe, dès la question du mode de scrutin. La plus simple des organisation y est confrontée : majorité, unanimité, consensus, liste de noms avec points associés : quelle solution est la plus « démocratique » ?. Le référendum lui-même interroge : réputé démocratique, les votants n’ont pourtant plus que le choix entre un oui ou un non, sans action possible sur le libellé de la question.
            La légitimité du résultat ou des élus résulte d’un consensus en partie construit. Le président de la république en France est-il légitime ? Oui car élu par une majorité absolue, beaucoup moins quand on se pose la question de ce que devient le désir des électeurs deux ans après le vote, par exemple ou quand on considère que le choix au second tour est un report de sa voix, forcément moins satisfaisant.
            Le consensus ou la fiction de la légitimité est pourtant nécessaire pour assurer une stabilité des institutions (à minima l’évitement de la violence).
            De plus, quand on prétend représenter le peuple, de quoi s’agit-il ? Quand un land allemand envoie des députés au Budesrat (la chambre haute), ceux-ci représentent-ils les allemands, les allemands du land concerné ou un « esprit » du land en question ? Je ne m’étendrai pas sur le tri social qui est fait quand on choisi ses représentant.
            Ce consensus se trouve quelque part entre la démocratie intégrale (l’impossible participation de tous à toutes les affaires de la cité) et les démocraties représentatives plus ou moins représentatives. Le débat porte sur les améliorations possibles.

  8. Avatar de Peska
    Peska

    1 / Zemmour, dans une déclaration subliminale, qui reconnaît que Georgia Meloni  » a réussi là où il avait échoué  » vient de faire ainsi un grand pas vers la reconnaissance de ses aspirations fascistes.

    2 / En France, comme dans de nombreux pays du monde, la sympathie pour les thèses capitalistes est bien la ligne de fracture qui sépare les partis. Chez nous RN + Reconquête + LR + Renaissance + autres défenseurs d’un marché globalisé destructeur du vivant et dilapidateur dont la sociale démocratie s’opposent aux partis anticapitalistes et libertaires encore terrorisés à l’idée de reconnaître leur nouvelle position.

  9. Avatar de Pascal
    Pascal

    Toute revendication nationaliste est une revendication identitaire. Et toute revendication identitaire ne peut exister que dans le conflit. Seul le degré d’extrémisme définit le degré de violence associé. Ce qu’on nomme civilisation humaine est pétrie de revendications identitaires, la première d’entre elle étant l’identité de genre : homme/femme.
    Est il envisageable de sortir des relations humaines conflictuelles sans regarder de près notre culture fondée sur l’identité ?

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      ce que vous dites est peut être vrai mais que faites vous des peuples indigènes : Indiens d’Amérique, Kanakes, indigènes de Papouasie et tant d’autres ? Ils ont une situation identitaire , sont ils nationalistes ? Connaissent ils la notion de nation ? Et pourtant ils font partie de la civilisation humaine . Et je ne suis pas certain que l’identité de genre soit un vecteur prépondérant dans les relations des peuples indigènes .
      Vous dites à la fin :« notre culture fondée sur notre identité» là j’avoue que je cale .
      J’avoue que votre commentaire me ramène à ces notions de wokisme (ça y’est le mot est lâché ) qui sont en train de brouiller nos sociétés. (Et qui ont fractionné les Etats Unis dès les années 70).

      1. Avatar de Pascal
        Pascal

        Et bien voilà, vous me mettez dans le camp (l’identité) des wokistes,😉
        Ce qui sous-entend que je doive me positionner.
        Suis-je wokiste ? Alors nous ne sommes pas dans le même camp (même groupe identitaire), cela nous mènera t il au conflit ?
        Ne suis je pas wokiste ? Alors nous sommes du même camp (peut-être), nous partageons une proximité de pensée (proximité identitaire).
        La notion même d’identité génère des camps, catégories, classifications (un héritage des encyclopédistes) dans lesquels chaque individu doit (par la pression sociale) se positionner.
        A votre entrée en prison aux USA, vous recevrez un uniforme en fonction du crime que vous avez commis, vous devrez aussi savoir à quel « gang » vous allez vous affilier car on ne mélange pas les gangs.
        C’est en cela que la civilisation (occidentale, je ne me prononcerai pas sur les autres par ignorance) se fonde sur l’identité.
        La question de l’identité nous semble tellement « naturelle » que nous ne l’interogeons pas.
        Pourtant, tout comme la réalité et la vérité, l’identité fut inventée.

        1. Avatar de Lagarde Georges
          Lagarde Georges

          Je ne sait pas si l’identité a été inventée ou si ce ne serait pas plutôt quelque chose qui correspond chez nous à l’instinct qui pousse certains animaux à coopérer avec d’autres de la même espèce.

          Par contre il me semble évident qu’il est souvent très difficile de donner la priorité à la réalité et la vérité sans se laisser influencer par les idées du groupe au sein duquel on a été éduqué ou duquel on se sent solidaire.

          Exemple à propos de quelque chose qui n’a pas vraiment d’importance: la plus part des gens qui affirmeront si on le leur demande que la terre n’est pas plate mais sphérique se satisfont du fait que c’est ce que croient les gens qui les entourent et ne se soucient nullement d’en avoir la preuve.

          Les idées de ceux qui nous entourent ont beaucoup plus de force que n’en ont la réalité et la vérité (compte tenu du fait que pour survivre jusque là, le groupe auquel on appartient a forcément du prendre en compte d’une manière ou d’une autre pas mal d’aspects de la réalité.)

    2. Avatar de Khanard
      Khanard

      Je reprends la plume «  »bitique » » pour préciser ma pensée. En fait par le biais de votre commentaire vous reprenez, il me semble, les analyses de René Girard qu’il fait dans « Mensonge romantique et vérité romanesque ,Ed Fayard, Pluriels. L’auteur y fait une sorte d »apologie de la violence . D’autres voies sont possibles il suffit de parcourir le site du MAUSS.

      1. Avatar de Pascal
        Pascal

        Loin de moi l’idée de faire l’apologie de la violence.
        Petit j’ai appris que je faisais partie des enfants d’ouvriers par les récits de mon père qui me parlait des chefs d’équipes, des contrôleurs, des ingénieurs tous « au dessus » de lui. J’ai donc appris que j’étais né plutôt en bas de l’échelle sociale. Cela a construit mes idées politiques, mes sentiments d’hostilité vis à vis de le grande bourgeoisie quand le Baron Empain décida de vendre l’usine où travaillait mon père et qu’il se retrouva en dépression après avoir été licencié à 53 ans.
        Et puis, et puis… Qui suis-je ?
        Quelques années à fréquenter les fauteuils (pas les divans) à questionner mon identité, pour comprendre finalement combien nous sommes construit de récits qui ne sont que des fictions que notre mémoire recompose en permanence. Je compris aussi que ces récits m’enfermaient dans des « boucles », des stéréotypes qui conditionnaient complètement ma manière d’être et mon sentiment d’impuissance. J’étais principalement déterminé par eux et mon libre arbitre n’était qu’une illusion de plus. En prenant conscience de ces déterminismes, je crois avoir réussi à prendre de la distance vis à vis de ces récits, de ces fictions et commencé à envisager de pouvoir « être » sans nécessairement « être quelqu’un ».
        Cela m’a permis d’être plus en paix avec moi-même et de trouver une certaine liberté.
        Voilà ce qui m’a amené à questionner la notion d’identité.

        1. Avatar de Hervey

          Bravo Pascal.
          Il y a tellement de gens qui bien que n’avançant pas les yeux fermés et les bras tendus en avant marche dans la vie comme des somnambules.

  10. Avatar de Hadrien
    Hadrien

    1) Les catégories politiques gauches – droites n’expliquent rien de la situation de la planète, pour ce, lisez la BD de Blain et Jancovici « un monde sans fin ». Ce n’est pas le capitalisme ou le marché ou le libéralisme qui détruisent la planète, mais notre consommation.
    2) Le succès de la droite (extrême) provient du fait que sa démagogie ment moins (notamment sur la sécurité) que la démagogie de gauche (extrême), notamment l’idéologie woke.
    3) Meloni ne semble pas poutinolâtre, ni anti OTAN ou anti UE. Elle prône même une armée européenne.
    4) Le nationalisme, systématique à droite, se rencontre aussi à gauche (Mélenchon).

  11. Avatar de Valerio Sale
    Valerio Sale

    Je ne connais pas l’auteur de l’article et je ne sais pas s’il vit en Italie, mais l’image de la situation exprimée de cette manière contient des inexactitudes historiques et des simplifications un peu banales. L’analyse politique devient utile lorsqu’elle met en évidence des éléments distinctifs, sinon on met tout dans le même sac. Peut être ces contenus sont suggestifs pour des lecteurs en colère, mais ne contribuent pas à approfondir les raisons du changement que nous vivons en Italie et ailleurs. Si tout se résume à « mort au fascisme » et « à bas le capitalisme », il ne reste plus qu’à descendre à l’arrêt Bastille.

    1. Avatar de Khanard
      Khanard

      il y a peut être des inexactitudes , je ne suis pas féru de la vie politique italienne, aussi serait-il intéressant de lire votre propre analyse détaillée en produisant un billet argumenté et sourcé qui aura je n’en doute pas du succès auprès de PJ.

    2. Avatar de arkao

      @Valerio Sale
      A chaque billet de Yorgis Mitralias, quel que soit le sujet, des commentateurs relèvent des inexactitudes historiques et des simplifications. En fait c’est simple, il se bat pour une micro-chapelle politique qui ne trouve personne de respectable à part elle, triture les faits à sa convenance et s’étale en longs galimatias.

  12. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    Quelqu’un disparaît, qui va laisser un grand vide tant dans son couple qu’à gauche ..
    https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/mort-de-michel-pincon-le-sociologue-de-la-grande-bourgeoisie_208326.html

    1. Avatar de l'arsène
      l’arsène

      @ Otromeros
      Oui, la disparition de Michel Pinçon laissera un grand vide à gauche mais il est certain qu’elle aura beaucoup moins de retentissement dans nos chers médias, ceux-ci préférant célébrer ad nauseam celle de la reine d’Angleterre !

      1. Avatar de CloClo
        CloClo

        Oui comme en 2009 on a beaucoup plus parlé du décès de Michael Jackson que de celui de Sim.

        https://www.youtube.com/watch?v=Zi_XLOBDo_Y

        https://www.youtube.com/watch?v=b5hGohM-E9Y

        1. Avatar de Pascal
  13. Avatar de Khanard
    Khanard

    Je pense que pour beaucoup d’entre nous Michel Pinçon était un inconnu et heureusement grâce à son épouse Monique qui montait au front médiatique ses œuvres et sa pensée ont eu quelques minutes de gloire (entre autres dans le guet apens du documentaire holdup exemple typique de manipulation) .
    oui un vide dans la pensée de gauche, mais on commence à y être habitués, surtout et principalement chez les politiques .

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