E. Jean Carroll vs. Donald J. Trump : une dimension dont on ne parle pas

Portrait par Stable Diffusion

Rapide rappel des faits : E. Jean Carroll, chroniqueuse du magazine Elle aux États-Unis de 1993 à 2020, gagne en mai 2023, un premier procès contre Donald Trump pour « sexual abuse, battery and defamation ». Un jury de 6 hommes et 3 femmes déclare Trump coupable ; E. Jean Carroll se voit accorder une somme de 5 millions de dollars en dommages-intérêts.

Trump déverse aussitôt un torrent d’insultes, incitations à harcèlement, etc. E. Jean Carroll le poursuit cette fois pour diffamation. Il y a quatre jours (le 26 janvier 2024), un jury de 7 hommes et 2 femmes déclare Trump coupable ; une somme de 83,3 millions de dollars est accordée cette fois à E. Jean Carroll en dommages-intérêts. Les attendus précisent que 65 millions sur les 83,3 ont un but dissuasif : décourager Trump de recommencer. Cela fonctionne jusqu’ici : il n’encourage pas ses troupes à molester E. Jean Carroll mais renvoie plus simplement à des articles encourageant à le faire dans la presse qui le soutient.

Il y a une dimension dont on ne parle pas, non pas qu’il y ait une conspiration du silence, mais parce qu’on n’y pense pas : il y a là deux victoires successives des gens bien élevés sur les gens mal élevés. Sur les 83,3 millions en pénalités, il y en a selon moi, à vue de nez, 20 à 30 qui punissent uniquement le fait que durant la plaidoirie de l’avocate de la plaignante, Trump se soit levé pour sortir de la salle du tribunal dans un grand brouhaha créé par lui et ses avocats dans son sillage.

Bien sûr, cela aide à être bien élevé d’avoir été élevé dans l’aisance, mais il n’y a pas que cela, c’est essentiellement « une question d’éducation », comme on dit, « éducation » qui transcende les aléas de la fortune, ou comme s’exprimait Aristote en son temps : il y a d’un côté les personnes qui comprennent la différence entre « vice » et « vertu » et qu’il est de loin préférable d’être vertueux plutôt que vicieux, et de l’autre côté, les « amis du plaisir » qui ne comprennent que le plaisir et son envers, le déplaisir, à l’intention desquels fut inventée la prison, lieu de très grand déplaisir.

Dans un article paru hier (29 janvier 2024) dans The Guardian, Pour battre Trump, il faut savoir pourquoi les Américains continuent de voter pour lui. Les psychologues ont peut-être la réponse, le chroniqueur George Monbiot, propose sa propre dichotomie :

Certains psychologues pensent que nos valeurs tendent à se regrouper autour de certains pôles, décrits comme « intrinsèques » et « extrinsèques ». Les personnes dotées d’un ensemble solide de valeurs intrinsèques sont enclines à l’empathie, aux rapports chaleureux et à l’acceptation de soi. Elles ont tendance à être ouvertes aux défis et au changement, à s’intéresser aux droits universels et à l’égalité, et à protéger les autres et le monde vivant. Les personnes qui se situent à l’extrémité extrinsèque du spectre sont davantage attirées par le prestige, le statut, l’image, la célébrité, le pouvoir et la richesse.

Tout cela est très savant mais n’apporte rien de plus selon moi au couple d’opposés aristotélicien « ami de la vertu » vs. « ami du plaisir », voire au plus simpliste encore « bien élevé » vs. « mal élevé ».

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66 réponses à “E. Jean Carroll vs. Donald J. Trump : une dimension dont on ne parle pas

  1. Avatar de Kikok
    Kikok

    Pour être président d’un pays, il faut au moins trois choses : compétence, éthique et modestie (humanité y compris). Trump ne possède aucune de ces qualités. Un président censé faire le ménage dans la corruption crée la corruption.

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      « il faut au moins trois choses : compétence, éthique et modestie (humanité y compris). »
      Et ben, il n’y a pas que Trump qui ne possède aucune de ces qualités ! Et pourtant, ils sont Présidents !

      1. Avatar de Kikok
        Kikok

        Avec toutes les choses dont Trump a été accusé, je pense que ses partisans sont stupides de penser qu’il va gagner. La plupart de ses partisans sont des ruraux ou des ouvriers, qui sont le reflet d’une Amérique rurale très conservatrice.

        Un autre problème est qu’Obama n’a pas vraiment accompli quoi que ce soit sur le plan politique, surtout en dehors du titre de premier président noir des États-Unis. Je pense que les réalisations d’Obama ont été la montée des droits des Noirs et la présentation d’une bonne image de père affectueux.
        L’administration de M. Biden a été confrontée de manière inattendue à l’Ukraine et à la guerre de Gaza. À l’approche des élections présidentielles de novembre, M. Biden pourra-t-il éteindre les feux de la guerre mondiale ? Pour finir, M. Biden divague de plus en plus lors d’événements diplomatiques et fait des commentaires qui laissent soupçonner une démence.
        Est-ce ainsi que l’Amérique est censée diriger une nouvelle foreme de démocratie ?

        J’aimerais envoyer notre PJ aux États-Unis pour instaurer la paix dans le monde – qu’en pensez-vous ? 😉

        1. Avatar de CORLAY
          CORLAY

          Bonsoir Kikok, trois fois oui, Instaurer la Paix dans le monde. Pourquoi pas Mr Jorion. A voir. Isabelle

        2. Avatar de Pascal
          Pascal

          Paul Jorion en Général de La Fayette ! Faut dire qu’il a déjà le pied marin 😉
          Prêt pour le voyage Paul ?

          1. Avatar de Chabian
            Chabian

            Je vais répondre plus longuement au billet quand je prendrai le temps d’y penser ; mais je veux de suite désenfiler ce fil de Kikok.
            « Pour être président d’un pays, il faut au moins trois choses : compétence, éthique et modestie (humanité y compris).  » ABSOLUMENT PAS ! (on ne peut pas hurler graphiquement, je sais).
            Les Francs élisaient le chef capable d’apporter la victoire, ils assassinaient le chef de toute défaite. L’empereur Constantin choisit le sigle du dieu capable de galvaniser ses soldats, le Christ, et il gagne ! Donc il protège cette nouvelle religion. Et songez qu’un dictateur ne peut que être renversé au plus vite : il doit donc s’appuyer sur un réseau (ce que De Waal a montré pour le « singe Alpha » ; ce sont ses alliances avec d’autres gros bras favorisés qui écartent la concurrence du « jeune ambitieux »), sur des forces armées fidèles (police, sommet de l’armée, etc.), sur une part de l’opinion, etc. Il peut en général voir accourir à lui les « prélats », chefs religieux, qui ont besoin d’être proches du pouvoir pour s’afficher comme légitimes, et les industriels qui choisissent le camp de l’ordre (vainqueur du désordre) et non l’aventure.
            Donc un président (un dirigeant) doit donner un sentiment de FORCE, de sens du pouvoir, un sentiment de légitimité sentimentale (renforçant l’identité commune), autrement dit un charisme et un clivage de l’opinion en bons/mauvais, et une capacité d’agressivité, de culot, d’opportunisme de la prise du pouvoir. Donc, ni éthique, ni modestie, et de la stratégie plutôt que de la compétence.
            (je songe à Kennedy, à Franco, à Hitler et Mussolini, à Lénine et Mao, à Macron, à De Gaulle, etc… Je songe à Poutine mais que cela reste entre nous, hein ; certains font de l’urticaire).
            La vraie question est posée par l’anarchie : comment se passer de chef, construire un collectif coopérateur, une communauté où l’éthique et la modestie et la compétence peuvent être au service de tous ? Et la question reste (une) problématique !

            1. Avatar de Kikok
              Kikok

              @Chabien
              « ABSOLUMENT PAS ! (on ne peut pas hurler graphiquement, je sais). »

              Ne criez pas sur mes vues, j’entends votre cri à travers d’internet ! 😉
              Je respecte aussi votre opinion, chacun est différent, c’est tout.

            2. Avatar de François Corre
              François Corre

              Chabian-Delmas peut-être ?
              Rien compris à ce commentaire…

  2. Avatar de Pascal
    Pascal

    Des « ami de la vertu » et « bien élevé » comme ceux-ci ? 😉
    https://m.youtube.com/watch?v=JkP04yppMg8
    Qui pour définir et juger de la vertu d’autrui ? Pas facile de construire une société là dessus en évitant tout clergé de la vertu et du savoir être. Vous me direz l’éducation bien sûr mais faite par qui : parents, école, média, réseaux sociaux… ou peut-être IA ?

  3. Avatar de PHILGILL
    PHILGILL

    Tout s’accélère. Malgré tout ou peut-être à cause de cette accélération, on s’aperçoit encore mieux que tout se tient, que tout fait bloc. « E. Jean Carroll vs. Donald J. Trump : une dimension dont on ne parle pas », « L’IA en Chine », « Paul Jorion est-il l’ami d’Éric Zemmour ? »… Tous ces derniers billets et d’autres encore me renvoient en ce moment à un autre billet daté du 6 janvier 2024 : « Les carnets du psychanalyste – « Anatomie d’une chute » de Justine Triet » Etonnant, non ? Trump ? Intelligence Artificielle ? Anatomie d’une chute ? Eric Zemmour ?
    Sans un minimum d’explications, cela n’est peut-être pas très évident. Alors, voici un petit indice : Snoop ! https://img.standaard.be/XhxZ-KFatwGc9YHOag2iledcZT0=/1280×853/smart/https%3A%2F%2Fstatic.standaard.be%2FAssets%2FImages_Upload%2F2023%2F08%2F28%2F07de9b03-9e1f-4254-87fc-b0c552507d0a.jpg

    1. Avatar de Minibox
      Minibox

      Nous sommes ici depuis longtemps.
      On savait déjà que PJ s’intéresse et travaille dans de multiples domaines.
      L’important, c’est qu’il s’agit de son travail sur l’anthropologie.
      Je pense que le rôle de PJ en tant que chercheur en sciences humaines, lui permet d’analyser la politique, la société, l’environnement, l’économie, la science, la technologie et la psychologie, toutes sont liées à l’homme. Parfois, même si je ne suis pas d’accord sur le plan politique avec PJ, j’apprécie quand même énormément son travail sur l’humain et l’humanité.

      1. Avatar de PHILGILL
        PHILGILL

        @Minibox

        Exactement. Tout cela nous renvoie à l’étude de l’homme et des sociétés humaines.
        Par conséquent, et pour revenir à ce billet du 6 janvier « Les carnets du psychanalyste – Anatomie d’une chute », et afin de mieux comprendre « qu’est-ce que c’est que notre époque ? » ; il est intéressant de montrer en quoi le film de Justine Triet montre comment la notion de « vérité », loin d’aller de soi, vient perturber nos habitudes de pensée, tout comme dans un des ouvrages les plus ambitieux et majeurs de Paul Jorion « Comment la vérité et la réalité furent inventées ».

        Justine Triet : « Je pense que la parole, c’est un endroit pour essayer d’expliquer, de déchiffrer, d’amener une forme de lumière, de vérité sur quelque chose qui paraît très opaque ou indéchiffrable. C’est un endroit aussi de justification, mais aussi, en tout cas dans le monde du judiciaire, où on essaye toujours de trouver, de chercher la vérité. La vérité échappe à chaque fois. La langue devient l’endroit de réappropriation de nos vies. Et donc, c’est passionnant parce que c’est un endroit où on essaye de se comprendre, et en fait, c’est précisément l’inverse. C’est l’endroit où on ne se comprend pas. »

        Et si, selon moi, cette dernière image du film synthétise, combine, regroupe étrangement en elle pas mal de billets de Paul Jorion, c’est qu’elle peut justement nous en apprendre beaucoup sur qu’est-ce que c’est que notre époque.

        Enfin, je comprends que dit comme ça, cela reste très très bizarre comme association d’idées. Alors, le plus simple serait de commencer par la décrire, simplement. Dans une douce lumière, entre chien et loup, on voit Sandra, la mère de Daniel, assoupie sur un grand divan vert, le chien Snoop couché juste à côté d’elle. Sandra a posé sa main sur Snoop, ou peut-être, sur un fantôme… Et c’est à cet instant précis que l’intelligence artificielle entre en jeu ! (à suivre)

        1. Avatar de Pascal
          Pascal

          J’entends les différentes casquettes de Paul qui offrent justement tout l’intérêt de son oeuvre. Mais si l’anthropologue plongé au coeur de la machinerie financière américaine a su en prévoir l’effondrement (partiel), il me semble que dans ce cas précis, il s’était limité judicieusement à expliquer la mécanique en jeu sans chercher à prédire ce qu’il adviendrait par la suite.
          Avec l’IA, c’est différent me semble t il. Là encore, il y a l’anthropologue au cœur de la machinerie informatique mais il me semble que l’exercice de prédiction auquel il s’emploie est plus périlleux.
          Est-ce que finalement prédire un effondrement n’est pas plus aisé que de prédire une évolution positive ? Prédire qu’un arbre malade va tomber est plus facile à faire me semble t il que de savoir ce qu’un arbre en pleine croissance va devenir.
          L’effondrement n’est il pas la résultante d’un mécanisme assez simple qu’on pourrait comparer à la gravité en physique ? Ceux qui n’en voit pas les prémices sont finalement trop impliqués dans les bénéfices pour imaginer le pire auquel ils ne veulent pas croire même si les preuves s’accumulent.
          Et pour le coup, je me demande si pour l’IA, Paul ne tombe pas dans le même piège ? Est-ce que l’enthousiasme du mathématicien-informaticien ne l’emporte pas sur la prudence de l’anthropologue ?
          Par ailleurs, je comprends tout à fait son enthousiasme pour une révolution telle que l’IA et l’aventure qu’elle représente, à l’heure où il se pose la question de son épitaphe !😉
          Je lui souhaite de pouvoir y participer le plus longtemps possible et je le remercie de nous faire partager cette aventure.

          1. Avatar de PHILGILL
            PHILGILL

            @Pascal

            “Est-ce que l’enthousiasme du mathématicien-informaticien ne l’emporte pas sur la prudence de l’anthropologue ?”
            Je comprends votre question, et il est assez normal que certains se la posent toujours. Mais, à ce stade, je ne suis pas sûr qu’elle soit encore pertinente ni même intéressante. Pour moi, enthousiasme ou pas, prudence ou pas, cet intérêt croissant pour l’IA s’inscrit dans la continuation du vivant et signale son aptitude permanente et sa capacité naturelle de créer des choses extraordinaires et nouvelles.
            Soudain je repense à la BD “La survie de l’espèce” et au fait que PJ a utilisé déjà à plusieurs reprises le terme de”génie”. Terme qui me ramènera à parler encore ici du film de Justine Triet, pour essayer d’aller jusqu’au bout de mon idée, même si je me trompe. Donc, au début de la bande dessinée, “pour comprendre ce qui ne va pas dans le monde”, on voit Ranran, un gars un peu faible, efféminé, timide mais ingénieux, se faire littéralement tabasser par une grosse brute à qui, ironiquement, on prête une trouvaille géniale : l’effort consenti du faible, ou soi-disant faible, pour édifier la civilisation, parce que le fort lui a demandé gentiment ! Puis une chose en amenant une autre, on en arrive du même coup, à l’Anatomie d’une chute et à l’Avènement de la Singularité… Étonnant, non ?

            1. Avatar de Pascal
              Pascal

              Je comprends bien la perspective mais en l’état du monde actuel, l’IA profite bien plus aux « forts » qu’aux « faibles ». On nous promet une inversion avec une « chute » mais pour en faire l’anatomie, encore faudrait-il qu’elle soit.
              Ce que nous montre la réalité aujourd’hui, c’est l’ascension toujours plus « haut » dans le rapport de force des 0,001% qui ont la main mise sur l’IA. La seule chute à laquelle nous assistons, c’est celle des écosystèmes, celle du Vivant !
              Bien sûr que cela prendra forcément fin un jour mais pour l’heure ce qui se dessine s’apparente plus à une explosion monumentale. Que restera-t-il après cela ?
              Pour l’heure, l’IA ne peut exister seule. Elle a encore besoin du « substrat » de l’humanité pour lui fournir ses infrastructures indispensables. Aucune machine n’est en mesure de fabriquer de manière autonome des substitues à l’être humain, même des robots en suffisamment grande quantité et suffisamment « avancés » pour effectuer toutes les tâches humaines nécessaire à sa simple existence.
              L’Avènement d’une Singularité pourquoi pas mais ce ne pourra être qu’après la chute, et pour l’heure, après l’explosion globale.
              Quand vous dites : « cet intérêt croissant pour l’IA s’inscrit dans la continuation du vivant et signale son aptitude permanente et sa capacité naturelle de créer des choses extraordinaires et nouvelles. » Pour l’heure encore une fois, l’IA est pour le moment au service de la destruction du vivant car elle n’intervient que pour favoriser cette folie humaine.
              Où voit-on l’IA au service de créer des alternatives aux pesticides ?
              Où voit-on l’IA au service de la réduction des gaz à effet de serre ?
              Où voit-on l’IA au service de l’installation de plus de démocratie ?
              Où voit-on l’IA au service d’une alternative au néolibéralisme ?
              Je veux bien des promesses et des promesses mais un peu de concret ne ferait pas de mal !
              Je suis désolé mais depuis que j’ai compris que le Paradis promis par l’Eglise n’était qu’un moyen d’asservissement, je suis devenu frileux quant aux promesses.

              1. Avatar de PHILGILL
                PHILGILL

                @Pascal

                Votre avis et le mien sur les travaux de Paul Jorion diffèrent au moins sur un point. Pour les distinguer l’un de l’autre, je reviens sur votre précédente question : « Est-ce que l’enthousiasme du mathématicien-informaticien ne l’emporte pas sur la prudence de l’anthropologue ? » Donc, là où je crois constater, à cause sans doute de l’accélération du monde, une convergence croissante entre tous les sujets qu’ils soient scientifiques, technologiques, économiques, sociaux ou culturels sur le blog de PJ ; pour votre part, vous inventez une sorte de double personnalité jorionienne. Mais dans ce cas, comment expliquer que dans son ouvrage « Comment la vérité et la réalité furent inventées », Paul Jorion insiste tant sur « la nécessité de débarrasser l’entreprise de construction des connaissances du mysticisme mathématique et de réhabiliter la rigueur dans le raisonnement. Celle-ci exige de réassigner au modèle, en particulier mathématique, son statut de représentation au sein de l’esprit humain.» Donc, si PJ est en faveur d’un « retour à Aristote », comme cela est résumé dans la quatrième de couverture du bouquin, pourquoi vouloir dissocier les savoirs anthropologiques et mathématiques par des sentiments tels que espoir ou prudence, au cœur même de l’aventure que cela représente ?

                Par ailleurs si Paul Jorion, lui-même, ne cesse de répéter que l’humanité n’a pas attendu l’avènement de la singularité pour s’autodétruire ; en fin de compte, en observant tous les jours à quel point nous sommes submergés par la complexité du monde, le champ même de l’espoir ou de prudence en l’intelligence artificielle me semble dépassé. Je pense plutôt que le message qu’essaie de nous faire passer Paul Jorion est qu’il faut savoir regarder l’avènement de la singularité en face, parce qu’elle apporte une nouvelle perspective, quant à notre perception du monde et de notre place dans celui-ci, par une meilleure appréhension de l’étoffe dont est fait le monde. Et même si pour l’heure, l’IA reste à vos yeux « au service de la destruction du vivant car elle n’intervient que pour favoriser cette folie humaine ».

                Enfin, je vais juste terminer en me servant d’un extrait du témoignage de Daniel parlant de son père Daniel à la fin du procès, du film de Justine Triet, pour faire un enchaînement avec la suite, car, du coup, ben je suis loin d’avoir écrit ce que je voulais dire sur ces deux choses se mêlant, l’Anatomie d’une chute et à l’Avènement de la Singularité…

                « Tu te rends compte ce que c’est sa vie ? Tu sais, c’est pas juste un chien que tu as, c’est un super chien, c’est un immense chien que tu as ! C’est vrai, réfléchis. Il doit comprendre ce que tu veux, il doit prévoir tes mouvements, tout ce qui peut te mettre en danger. Il passe sa vie à essayer de deviner ce dont tu as besoin, à penser à tout ce que tu peux pas voir. Il peut être fatigué. S’occuper toujours des autres… Peut-être qu’un jour, il en pourra plus. C’est possible. »

                1. Avatar de PHILGILL
                  PHILGILL

                  ….parlant de son père Samuel, mille pardons.

                2. Avatar de Pascal
                  Pascal

                  D’abord, merci PHILGILL de m’apporter la controverse ce qui est toujours enrichissant.
                  Pour ce qui est de la « double personnalité jorionienne », je ne faisais que reprendre ce que Paul Jorion a décrit lui-même quand il a travaillé pour le système bancaire aux USA. Même s’il y travaillait sur les systèmes de modélisation informatique, il précise qu’il avait toujours conservé son regard d’anthropologue et c’est immancablement ce qui lui a permis d’avoir le recul suffisant pour voir arriver la crise des subprimes. Je ne pense pas que nos personnalités puissent être multiples sauf de manière pathologique.
                  Je vais essayé de préciser ma pensée. Le regard que nous portons sur le monde dépend de nos expériences passées. Dans toutes ces expériences (nombreuses chez Paul dans différents domaines), nous nous appuyons plus ou moins sur telle ou telle expérience vécue. Notre choix (souvent inconscient) se fait en fonction de notre ressenti émotionnel. Si je vis une expérience heureuse de père de famille, je vais la vivre avec enthousiasme. Le jour où son enfant va mal, l’expérience de père de famille perd de son enthousiasme pour devenir plus prudente, plus vigilente (en m’appuyant sur mon expérience personnelle). Quand Paul accepte d’aller travailler pour le système bancaire américain, il n’est pas dans l’enthousiasme du jeune trader qui rêve de faire fortune. Il a déjà un regard critique sur le système et reste prudent, vigilent. C’est ce que j’ai pu comprendre de ce qu’il nous a décrit de son expérience. Il pourra corriger si je me trompe.
                  Maintenant, ce que je perçois du parcours de Paul dans le monde de l’informatique est différent avec notamment l’histoire de son ouvrage « Principes des systèmes intelligents » paru il y a presque 40 ans. Pour écrire ce livre, il a du être dans un grand enthousiasme et pourtant, son travail n’a pas été reconnu. Aujourd’hui, on reconnait enfin la valeur de son travail et on l’embarque dans l’aventure de l’IA (avec Pribor). Comment ne pas être enthousiaste ? On le serait à moins. La question que je pose, indirectement à Paul, a-t-il la même acuité anthropologique sur le « monde » de l’intelligence artificielle que celle qu’il avait sur le « monde » du système bancaire américain ?
                  Quand Paul s’appuie sur le discours de Ray Kurzweil dont la renommé et son expertise dans le monde de l’IA est totalement justifiée, n’en oublie-t-il pas le personnage techno-solutionniste qui rêve de faire advenir l’immortalité (sans doute lié à son traumatisme familiale) sans se poser la moindre question éthique et sociétale ?
                  L’explosion des systèmes informatiques boostée par l’IA est tellement hallucinante et rapide que des horizons incroyables s’ouvrent vers le pire comme le meilleur. Cela ne doit-il pas également nous mettre en vigilance ?
                  Nous savons, sur ce blog, que la folie néolibérale a enfermé une bonne partie de la population mondiale dans une idéologie dont ils ne savent plus sortir et qui nous mène droit vers la catastrophe, droit vers le mur. N’est-il pas nécessaire de conserver une vigilance (anthropologique ?) sur l’arrivée de l’IA dans le système politico-économico-technologique mondiale ?
                  Quand vous dites : « en observant tous les jours à quel point nous sommes submergés par la complexité du monde, le champ même de l’espoir ou de prudence en l’intelligence artificielle me semble dépassé. » J’ai l’impression d’entendre qu’il n’y a pas d’autre alternative, alors on y va, on fonce !
                  Personnellement, je n’ai pas le sentiment d’être « submergé par la complexité du monde ». L’homme a créé de la complexité mais la Vie continuera son bonhomme de chemin avec ou sans l’homme. C’est là me semble-t-il où notre vision du monde et de la Vie diverge.
                  Dans la volonté du Transhumanisme de vouloir à tout prix (et j’utilise volontairement ce terme) donner une suite, une continuité à l’aventure humaine dans les machines, il y a tout de même cette prétention à dire que la Vie biologique à fait son temps et que c’est l’oeuvre (le chef-d’oeuvre) humaine qui doit prendre le relai de l’évolution. Mais que sommes nous pour avoir cette prétention, sinon des docteurs Frankenstein peut-être ?!
                  Quand l’être humain se laisse emporter par la passion de son oeuvre, il en oublie souvent la raison.
                  Au plaisir de vous lire.

                  1. Avatar de CORLAY
                    CORLAY

                    Bonjour Pascal, je dois dire que le milieu de v/texte est à plu d’un titre interrogateur. Bonne journée. Isabelle

                  2. Avatar de PHILGILL
                    PHILGILL

                    @Pascal
                    Vous avez écrit ne pas avoir personnellement le sentiment d’être submergé par la complexité du monde.
                    Comme dirait l’autre, « vous avez de la chance ! »

                    1. Avatar de Pascal
                      Pascal

                      La guerre Israélo-palestinienne est certainement une grande complexité de ce monde. Si elle est une réalité de ce monde appartient-elle à la réalité qui est la mienne ?
                      Quelle appartiennent à la réalité d’une famille franco-israélienne ou franco-palestinienne, c’est possible. Mais a bien y regarder, si je me soucis de cette horreur, n’est ce pas juste un exercice de mon intellect ? Bien sûr que j’ai de la compation pour toutes ces familles qui souffrent mais si je « m’attache » à la souffrance de tout ceux de par le monde qui sont dans la guerre, la famine, les violences conjugales, les dictatures…alors oui, je suis submergé. Submergé par mon impuissance et j’en souffrirai. Ma souffrance sera t elle d’un quelconque secours à tous ceux qui souffrent de par le monde ? Ma souffrance m’aidera t elle a agir contre cette souffrance humaine ?
                      Il est nécessaire de faire la différence entre l’acceptation et l’indifférence. L’une prend acte de notre impuissance face à la souffrance humaine mais ne nous interdit pas d’agir, à l’exemple des « justes » pendant la guerre. L’autre n’est qu’une échappatoire à ce qui nous apparaît comme insoutenable, on préfère le déni, le refoulement.
                      Je travaille avec des familles et parfois nous sommes amenés à accompagner une mère, un père à prendre conscience que son enfant « n’est pas comme les autres » pour le dire prudemment. Car avec le temps et l’expérience, nous avons appris à reconnaître des signes mais nous n’avons pas le droit de dire ce que nous pensons, que cet enfant a des troubles du spectre autistique car nous pouvons nous tromper et nous ne sommes pas médecin. Il va falloir du temps pour que les parents, tellement heureux d’avoir un enfant, accepte l’idée qu’il ne sera jamais « comme les autres », c’est une grande souffrance. Si je m’attache à la souffrance de ces parents, et que je souffre moi aussi, serais je mieux à même de les aider ou serais je empêtré dans ma propre souffrance ?
                      Si j’ai de la compation pour cette famille, je prendrais acte de leur souffrance mais je ne m’y attacherais pas. Libéré de ma propre souffrance, je serais alors mieux à même de les aider : savoir que cela prendra peut-être des années pendant lesquelles, ils passeront du déni à la dépression, avant de se ressaisir et prendre les choses en main.
                      A chaque seconde, il y a une catastrophe dans le monde qui fait souffrir tant d’êtres humains et cela depuis des millénaires. Que suis je, moi, la dedans ? Est-ce que nos échanges, ici sur le blog de Paul Jorion, vont changer quoi que ce soit à la marche du monde ?Prendre conscience de son impuissance, n’est pas se libérer d’une culpabilité qui nous fait souffrir inutilement ?
                      Parce que nous sommes informés H24 des malheurs qui accablent les êtres humains, nous devrions courir intellectuellement d’un massacre à un autre ? Mais dans quel but ? Si nous avons les moyens d’agir (et je ne parle pas d’aller manifester dans la rue), agir vraiment, participer à un convoi humanitaire par exemple alors cela a du sens. Mais sinon ? Être conscient, c’est voir la réalité telle qu’elle est, y compris la réalité de notre impuissance à toutes les souffrances du monde. Et si pour cela, il faut jeter son poste de télé, alors faisons le et peut être que nous serons en mesure d’agir véritablement sur la souffrance de ceux qui appartiennent véritablement à notre réalité.

                    2. Avatar de Pascal
                      Pascal

                      Erratum
                      Lire :
                      Prendre conscience de son impuissance, n’est CE pas se libérer d’une culpabilité qui nous fait souffrir inutilement ?

                3. Avatar de Pascal
                  Pascal

                  Je suis toujours dubitatif devant les personnes qui s’émereillent des oeuvres humaines et qui ne savent pas s’émerveiller de ce que la Vie a créé sur Terre.
                  (Ce qui n’est pas le cas de Paul ! Je préfère préciser)

                4. Avatar de BasicRabbit en psychanalyse
                  BasicRabbit en psychanalyse

                  @PHILLGILL

                  Vous posez la question : « Comment expliquer que dans son ouvrage « Comment la vérité et la réalité furent inventées », Paul Jorion insiste tant sur « la nécessité de débarrasser l’entreprise de construction des connaissances du mysticisme mathématique et de réhabiliter la rigueur dans le raisonnement ? »

                  La réponse se pressent déjà dans le titre du livre : seuls les nominalistes peuvent accepter que la vérité et la réalité s’inventent, et PJ est un nominaliste convaincu. Pour les réalistes et les (véritables) conceptualistes la vérité et la réalité ne peut que se découvrir.

                  Aristote (nominaliste selon PJ…) disait que ce n’est pas la nature qui imite l’art, c’est l’art qui imite la nature.

                  Mais l’homme moderne préfère dire que le cœur est une pompe, que le poumon un soufflet et, le dernier mais pas le moindre, que le cerveau est un ordinateur. Seul l’homme rationnel, celui des Lumières qui « réhabilite la rigueur du raisonnement », peut dire ça.

                  Mon gourou Thom : « Le rationnel, au fond, n’est qu’une déontologie dans l’usage de
                  l’imaginaire. ».

                  1. Avatar de PHILGILL
                    PHILGILL

                    @BasicRabbit
                    Merci pour ces précisions. Elles vont m’être utiles pour continuer. 😉

          2. Avatar de Grand-mère Michelle
            Grand-mère Michelle

            @Pascal, le 14/2 à 13h44

            Bien sûr, que votre réalité est aussi la mienne, comme celle des israéliens et des palestiniens, car nous sommes également(aussi) des êtres vivant pour le moment sur la terre… plus ou moins souffrants, ce qui n’est qu’un détail de l’existence des vivants.

            Vos préoccupations/interrogations au sujet des souffrances des « autres », et de vos capacités(votre « puissance ») à les soulager, me touchent profondément,
            et je tiens à vous rassurer: le seul fait de les ressentir et de les exprimer(ici ou ailleurs) vous met, plus que n’importe quoi, en situation de savoir que faire, que dire, lorsque ces souffrances surgissent dans le courant de votre chemin de vie.

            Mais pourquoi pensez-vous que « manifester dans la rue » n’est pas un « moyen d’agir » ?
            Si ce ne l’était pas, pourquoi les dictateurs les interdiraient-ils?
            Il s’agit seulement de choisir pour quelle cause on (se)manifeste… et, pour ce faire, il est nécessaire de bien s’informer.

      2. Avatar de PHILGILL
        PHILGILL

        @Minibox

        Si singularité il y a, pourquoi maintenant ? Et qu’est-ce qu’inventer ?
        Nécessairement, des conditions favorables et suffisantes à l’émergence de la vie ou d’une invention, comme la singularité, doivent être remplis, au préalable.
        Par ailleurs, on dit généralement qu’une invention est la matérialisation d’une idée. Qu’il existe au cœur de chaque invention le désir de résoudre un problème spécifique. Mais souvent, une invention naît aussi d’un désir créatif profond de combler un vide, dans une sphère de notre vie.
        Or, la dernière image du film de Justine Triet fait écho à un vide certain dû au manque du père, et que vient combler, dans une apparition un peu fantomatique, le chien de Daniel… Ainsi, la question qui me vient naturellement à l’esprit est de comprendre d’où vient donc ce manque éventuel. Et si ce dernier est à la source de l’avènement de la singularité ; en quoi suivre la piste de Justine Triet, et du chien Snoop, dans « Anatomie d’une chute », peut nous y aider ?

        1. Avatar de Grand-mère Michelle
          Grand-mère Michelle

          Comme si PJorion avait inventé la singularité en lui attribuant une majuscule! (en la faisant passer du stade-néanmoins cantonné à l’écrit- de nom commun au stade de nom propre!).
          Alors que la singularité (l’unicité) de chaque être vivant/mortel existe depuis la nuit des temps(tout comme leur interdépendance, et leur transformation continuelle), et est désormais (un peu tard, mais la bonne question est de se demander: pourquoi si tard?) démontrée par la science…

          Certains êtres humains, qui croient avoir inventé des choses(qui existent indépendamment d’eux) parce qu’ils sont capables de les nommer (conséquence de la vibration de leurs cordes vocales en concomitance avec leur souffle et ce que leurs sensations transmettent à leur cerveau), s’obstinent à devenir de plus en plus intelligents pour tenter de comprendre ce qui EST vraiment (ou plutôt, trop souvent, de se rassurer sur leur supériorité, afin de justifier leur avidité de faibles mammifères prédateurs motivée par leur peur de disparaître…).
          En confiant leurs connaissances à des machines, certes performantes dans la capacité de l’accumulation et de la comparaison des idées écrites comme des calculs les plus « savants »/sachants, ils ont espéré se faire aider par elles… négligeant dans le même temps de faire l’effort d’admettre les limites de leurs langages(même les plus ésotériques) à comprendre « le sens de la vie », et l’urgence de se préoccuper de la préservation des autres composantes du phénomène de la vie(leur biotope), dont leurs « semblables »…
          Ce faisant, ils négligent absurdement de prendre soin de leur fragile espèce, sacrifiant bêtement leur salutaire particularité de se parler pour s’organiser en évitant de se battre et de se détruire afin de résoudre leurs conflits… principale source de la décadence de leurs « sociétés ».

          La partialité de l’alimentation (en connaissances) des IA, à mon avis, ne peut qu’orienter leurs déductions vers le même chemin funeste emprunté par les plus intelligents des penseurs: savoir pour savoir est un jeu vicieux, vain et inutile.
          La vie n’est pas un jeu, c’est un état momentané, précaire et précieux.

          1. Avatar de Pascal
            Pascal

            Chère Mère Michèle, rendons à César ce qui appartient à César. Ce n’est pas Paul Jorion qui inventa la « Singularité ». En fait, il faudrait en premier lieu parler de « singularité technologique », concept qui émergea dans les années 1950-1960.
            https://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique

            Toutefois, je partage votre conclusion dans le sens que pour moi, l’IA n’apportera pas plus de réponse au « sens de la vie » que ne le fait la science actuellement. Le savoir scientifique et technologique démultiplie notre capacité et notre efficience à agir sur notre environnement mais nullement à appréhender ce pourquoi nous sommes ici. Les deux ne sont pas sur le même registre. C’est pourquoi, je pense que l’IA est un nouveau jouet technologique surpuissant dans les mains d’une humanité encore adolescente qui rêve de toute puissance, en cherchant notamment, sous une forme ou sous une autre, le « secret » de l’immortalité ».

            1. Avatar de Grand-mère Michelle
              Grand-mère Michelle

              Oui, Pascal, « singularité technologique », c’est ce que j’avais cru comprendre.

              Mais je suis constamment énervée par le dévoiement du sens des mots, qui, employés seuls(sans adjectif et/ou complément déterminatif) ne veulent strictement rien dire…(ou tout et n’importe quoi)…
              comme « liberté » ou « égalité », par exemple…
              Ou plutôt par leur utilisation dans le sens d’un « changement » préconisé par certain-e-s pour lui donner un aspect inéluctable… et finalement obligatoire!
              Voir ainsi une publicité (pour un dentifrice), qui me terrorise:
              « Dites non à la sensibilité! »

              Or, selon moi, les mots, dits ou écrits, inventés par les êtres humains, grâce à leurs particularités physiques, dans un sens essentiellement « pratique » qui sert leur instinct (« animal ») de survie et de reproduction, sont leur principale « richesse », qui leur permet de régler leurs conflits sans en venir à se battre… et à se blesser, s’entre-tuer.

              1. Avatar de Paul Jorion

                Nous avons compris que ce sont les progrès de la technologie qui vous empêchent de voir mes vidéos, vous forçant à les commenter sans les avoir vues, mais rien ne vous empêche me semble-t-il de lire ce que j’écris dans mes billets. Ceci par exemple :

                Cela fait un moment que la Singularité est attendue et qu’on en parle. L’une de ses définitions possibles est : « Le moment hypothétique de l’avenir où la croissance technologique devient incontrôlable et irréversible, entraînant des changements imprévisibles dans la civilisation humaine. » Nous pouvons désormais retirer « hypothétique » puisque c’est là exactement que nous sommes parvenus.

                Dans la notice nécrologique que Stanislaw Ulam (1909 – 1984) avait consacrée au physicien et pionnier de l’informatique théorique que fut John von Neumann (1903 – 1957), il avait écrit ceci :

                « Un progrès dans l’accélération constante de la technologie et des modifications du mode de vie humain qui nous fait penser que nous approchons d’une sorte de singularité essentielle dans l’histoire du genre humain au-delà de laquelle le train-train qui est le nôtre maintenant ne pourra pas se poursuivre ».

                L’expression « singularité » qu’utilisait Ulam appartient au vocabulaire des mathématiques où elle signifie ceci : « un point, une valeur ou un cas où un objet mathématique n’est pas bien défini (par exemple, x2 pour x = 0) ou subit une transition ». Dans les propos d’Ulam, c’était bien d’une transition qu’il s’agissait : celle où le destin du genre humain cessait d’être entre ses propres mains pour être désormais déterminé par la machine dont l’homme avait été le géniteur.

                Dans son remarquable ouvrage intitulé To Be a Machine, Mark O’Connell commentait :

                « … bref, nous déléguerions à la machine toutes les innovations futures : tout le progrès scientifique et technologique […] L’Intelligence Artificielle se trouverait rapidement en position de programmer de nouvelles itérations d’elle-même, étant l’étincelle déclenchant un brasier exponentiel d’intelligence qui consumerait toute création ».

                Passant la parole à Nate Soares du MIRI, le Machine Intelligence Research Institute à Berkeley, O’Connell rapportait :

                « Une fois que nous aurons automatisé la recherche en informatique et en IA, la boucle de rétroaction positive se refermera et l’on commencera de voir des systèmes capables à leur tour de construire des systèmes meilleurs encore. Plus la technologie deviendra sophistiquée plus rapides seront alors ses progrès ».

                P.S. Nous devrions nous cotiser pour vous offrir un ordinateur up-to-date pour ne pas nous priver de vos opinions à l’emporte-pièce 😉 . Si quelqu’un ici a une idée de comment faire …

                1. Avatar de Grand-mère Michelle
                  Grand-mère Michelle

                  Merci de votre réponse rapide et de votre attention.
                  Néanmoins, je me satisferai pour le moment de mes possibilités qui sont déjà plutôt « luxueuses » par rapport à celles de nombre de mes contemporain-e-s, et qui ne m’empêchent pas de saisir de quoi vous nous entretenez ici.

                  Remarquez quand même que mes opinions ne sont pas « à l’emporte-pièce », même si, je le reconnais, elles sont exprimées de manière plutôt péremptoire et parfois répétitive: elles se sont formées, en évoluant, au fil du temps de mes interrogations et de mes expériences en tous genres, donc pas du tout « formatées » par qui ou quoi que ce soit.

                  Euh…qu’est-ce qui vous permet de convenir que nous avons atteint « le moment… où la croissance technologique devient incontrôlable et irréversible… »?
                  Par ailleurs, l’expression « l’homme a été le géniteur de la machine » me semble absolument incorrecte, aucune machine ne possédant de gènes, que je sache…

          2. Avatar de Paul Jorion

            @ Grand-mère Michelle, si je peux me permettre :

            PJ avec l’aide de DALL·E 😉

            1. Avatar de Pascal
              Pascal

              Pour ma part, je préfère la version filmée !
              https://www.youtube.com/watch?v=p631BvhesgA

            2. Avatar de Grand-mère Michelle
              Grand-mère Michelle

              Malheureusement, ma vieille tablette (seul « ordinateur » dont je dispose, sans doute frappé « d’obsolescence programmée ») ne me donne pas accès au document ci-dessus, pas plus qu’à vos vidéos. La personne qui me l’a offerte(après s’en être servie longtemps) m’a déconseillé de faire les « mises à jour » régulièrement recommandées, convaincue que cette opération la rendrait totalement inapte…
              Or, elle m’apporte encore la possibilité de correspondre abondemment, et de faire des recherches utiles(certaines, pas toutes, selon le bon vouloir de mon « serveur »- ainsi je n’ai plus non plus accès à YouTube)… et je ne dispose pas de moyens financiers suffisants que pour les consacrer à l’achat d’un « matériel » plus performant… Oui, la « fracture numérique » existe bel et bien dans notre société inégalitaire, merci de bien vouloir me pardonner de n’avoir jamais souhaité devenir « riche ».
              Je vous avais déjà expliqué ceci lorsque vous aviez posé la question (du peu d’intérêt pour vos vidéos, de la part des visiteurs-euses de votre blog), mais mon commentaire avait disparu au moment de l’envoi (sans la moindre explication).
              C’est pourquoi, cette fois-ci, je n’ai pas écrit la marque de ma tablette, en imaginant que ceci explique celà… et que je suis déjà lue(par quel algorythme, au service de quelle « entreprise »?) avant même que d’envoyer.
              Mais peu importe… Bonne continuation, de toute façon!
              Bon, j’ai envoyé mon commentaire « trop rapidement », je vais ré-essayer…

        2. Avatar de Pascal
          Pascal

          @PHILGRILL
          Votre dernier paragraphe sur le film de Justine Triet pourrait tout à fait être transposé à l’histoire de Ray Kurzweil qui traumatisé par la mort de son père n’a rêvé toute sa vie que de le réssuciter ! Serait-ce le hasard ou bien la question du vide à combler est-elle plus universelle qu’il n’y parait ?

          Je vous propose une réponse, celle de Krishnamurti :

          « Qu’appelons-nous solitude ? Le sentiment d’être vide, de ne rien posséder, d’être extraordinairement incertain, sans racine nulle part.
          Ce n’est pas du désespoir, ni une désespérance, mais une vacuité et un sens de frustration. Je suis sûr que nous l’avons tous ressenti, ceux d’entre nous qui sont heureux, comme ceux qui sont malheureux, les très, très actifs comme ceux qui s’adonnent à l’étude. Nous connaissons tous cela.

          C’est le sens d’une douleur inépuisable, d’une douleur que l’on ne peut pas étouffer, quelque effort que l’on fasse dans ce sens.
          Abordons ce problème en cherchant à voir ce qui se produit réellement, comment nous nous comportons au juste lorsque nous éprouvons ce sentiment de solitude. Nous essayons de le fuir. Vous poursuivez votre lecture interrompue, vous allez consulter un sage, vous allez au cinéma, vous devenez très, très actif socialement, vous allez prier, vous vous mettez à peindre, ou bien à écrire un poème sur la solitude. C’est cela qui se produit en fait.

          Prenant conscience de votre solitude, de la douleur qu’elle comporte, de la peur insondable qui l’accompagne, vous cherchez une évasion, et c’est une évasion qui devient importante ; par conséquent vos activités, vos connaissances, vos dieux, vos radios deviennent importants aussi.

          Lorsque vous accordez de l’importance à des valeurs secondaires, elles mènent au chaos, car les valeurs secondaires sont inévitablement sensorielles. Et la civilisation moderne basée sur elles vous offre les évasions que vous cherchez par le truchement de votre emploi, de votre famille, de votre nom, de vos études, de vos expressions artistiques, etc. Toute notre culture est basée sur ces évasions. Notre civilisation est fondée dessus, c’est un fait. »

          Si vous voulez explorer davantage cette idée, je vous conseil ce livre : « De l’amour et de la solitude », du même auteur.

          1. Avatar de konrad
            konrad

            Je me permets, Pascal, d’abonder à votre réflexion sur cette question fondamentale avec ce beau livre de Jacqueline Kelen : « L’esprit de solitude. » Albin Michel.
            Cordialement.

          2. Avatar de JMarc
            JMarc

            Pascal,
            Le manque, le vide impossibles à combler, l’absence de réponse à l’absurdité du monde, la solitude, l’angoisse que tout cela génère sont peut-être bien au coeur de la psychanalyse.
            Pouvoir faire avec et donc réduire l’angoisse en créant ses propres réponses, à usage perso, tout aussi illusoires si l’on veut mais qui tiennent la route, c’est le but de la psyka.
            Il y a sûrement beaucoup de points communs entre celle-ci et vos chipos du Tibet (soit dit ainsi sans ironie, uniquement parce que l’expression de Garo est fun).

  4. Avatar de timiota
    timiota

    Je me pose la question de la « durabilité » de la vertu, pour ceux qui en ont le penchant.

    Dans un monde secoué en permanence par des nouvelles de « ce qui ne va pas », où toute personne d’un certain rang semble à >90% susceptible de fourcher en s’écartant de la vertu(mais n’est-ce pas cette prédisposition qui lui a valu son « rang » ?), il faut une « statue intérieure » (le mot de François Jacob le biologiste) exceptionnellement solide pour rester arrimé sur 20 ans, 40 ans ou 50 ans à « la vertu ».
    De fait, toute résistance a une dimension collective, l’érosion collective corrode bien des « statues intérieures » individuelles.
    Mon impression reste que la circulation d’information « de haut en bas et de bas en haut », reste un concept trop minoré, et que c’est l’absence de cette circulation qui fait que l’impression d’incurie s’infiltre, avec ses paravents bureaucratiques pour ne rien gâcher, et que sur cette impression peut fleurir le stade suivant, l’épanouissement de complotismes de toutes sortes (la version du jour étant celle qui atteint Taylor Swift).

    1. Avatar de Pascal
      Pascal

      « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. » disait déjà Montesquieu. De nos jours, des expériences en neurosciences ne disent pas autre chose. Oui, le pouvoir rend fou. Et ce quelque soit ce que la personne a pu être avant d’accéder au pouvoir. Toute p
      https://www.forbes.fr/management/pouvoir-et-neurosciences-la-puissance-et-le-melon/
      Nos grandes figures du pouvoir voient leur cerveau transformé par l’expérience du pouvoir et plus ce pouvoir est grand, plus l’impact sera grand.
      https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwi56u2_g4iEAxV_RaQEHTIzAaMQFnoECC8QAQ&url=https%3A%2F%2Fmedias.cerveauetpsycho.fr%2Fapi%2Fv1%2Ffiles%2F6311c240c45e783b2100ce06%3Falt%3Dfile&usg=AOvVaw0elH4VgkMe8EQVKgqlBoQ1&opi=89978449
      Quelque soit ce que la personne a pu être et vivre avant d’accéder au pouvoir, la transformation aura lieu. Personne ne peut échapper à la transformation de soi qui intervient avec l’acquisition d’un pouvoir supplémentaire aussi petit soit-il.
      Alors, cher Timiota, pour ce qui est de la « durabilité » de la vertu… c’est vite vu ! 😉

      1. Avatar de timiota
        timiota

        Oui, mais si cela s’érode, ce n’est pas parce que la nouvelle génération est faite de papier mâché.
        C’est parce que la vraie question est une sorte de « valeur collective ».

        Et malheureusement, sur ce terrain d’une « valeur collective » , la recette des fascistes, du RN, de l’AfD, etc. est efficace: La valeur collective que ces groupes promeuvent avec une aisance croissante, c’est celle qui cause l’émotion la plus forte, quelle que soit son niveau de bêtise (et au fond ce n’est pas le sujet, même quand c’est abyssal comme en Israël où c’est pour protéger des colons dans leur trips d’extase sacrée que le gvt de Netanhyahou élu par les colons en question a dégarni la surveillance de la bande de Gaza, ce qui veut dire qu’au soir du 7 octobre, les colons ont les 1200 morts de l’attaque du Hamas en partie sur leur conscience, mais ce n’est pas suffisant pour déplacer d’autres émotions)

        1. Avatar de Pascal
          Pascal

          « La valeur collective que ces groupes promeuvent avec une aisance croissante, c’est celle qui cause l’émotion la plus forte, quelle que soit son niveau de bêtise »
          Vous oubliez cher Timiota, que c’est aussi ce que promeuvent les chaînes de télévision (vous apprécierez certainement la « télé réalité » à sa juste valeur), les réseaux sociaux (pour capter le plus longtemps possible notre attention), les jeux vidéos, les journaux peoples…
          Je connais une personne qui promeut d’autres valeurs communes (à l’opposé) et qui possède 1M d’abonné de langue française, 11M en langue anglaise, 2,5M en langue espagnol, 2,5M en langue russe, une dizaine de million en Inde, plus de 200 000 en Chine (faut le faire quand même 😉 )…. Ca répond peut-être à une attente ?

          1. Avatar de JMarc
            JMarc

            « Je connais une personne »
            On est censé deviner qui ?

        2. Avatar de Garorock
          Garorock

          Bibi n’en a rien à carrer de la religion: « il mange du cochon pas cascher, les pieds sur la table en regardant la liste de shindler! »
          Il ne s’est allié avec les hystériques de la kippa que par soif de fric et de pouvoir.
          (A suivre)

        1. Avatar de Pascal
          Pascal

          Et oui, on ne mélange pas les torchons et les serviettes en soie !
          Monsieur Gluksman, petit bourgeois des Hauts de Seine, préfère ses copains du lycée Henri IV et de Sciences Po Paris.
          Et on appelle ça la gauche !?
          Mais qui pour y croire encore ?

    2. Avatar de Ruiz
      Ruiz

      @timiota Personne ne combat la vertu, qui autrefois semblait valorisée par la société, ce qui en renforçait l’attrait auprès des esprits faibles, pas même les complotistes !
      Elle est simplement devenue oubliée, sortie du champ de conscience, (des tableaux excel et des images instagram) obsolète quoi !

    3. Avatar de Garorock
      Garorock

      Taylor Swift contre Donald, c’est un peu comme si Clint Eastwood était pour l’oncle Joe.
      Je vote pour Taylor à qui les hakers narcissiques font des misères en ce moment.

  5. Avatar de arkao

    Hors sujet (désolé)
    « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » 😉
    https://twitter.com/i/status/1752685953741685141

    1. Avatar de François Corre
      François Corre

      Ah étonnant, mais bizarre, ça m’a rappelé des vidéos de Russie… 🙂
      https://cdn.jwplayer.com/previews/8cfHGZ7j

      1. Avatar de Tout me hérisse
        Tout me hérisse

        Cette situation de grogne agricole résulte aussi de la ‘généreuse décision’ au niveau européen, d’aider l’Ukraine dans le contexte de sa guerre avec la Russie, cette aide se concrétise par l’importation en Europe des poulets, œufs et sucre, sans droits de douane…
        Mmmmh, l’oligarque Yuriy Kiosuk et le groupe MHP vous remercie du fond du portefeuille…
        Les importateurs ne sont également pas en reste ; quant à nos petits agriculteurs, ils voient avec effarement les cours de leurs productions s’effondrer et se désoler de comprendre que c’est leur dur labeur qui sert indirectement à mener des actions politiques mal ciblées, sans évaluation des conséquences !
        https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/le-poulet-ukrainien-opere-une-formidable-percee-en-france-et-en-europe-1949730

      1. Avatar de arkao

        Ça fait des années qu’il se comporte comme cela et qu’il est toujours là. Pourquoi se priverait-il ?
        Trump non plus n’a pas changé sa manière d’être, au contraire, et semble conforté selon certains sondages et résultats des primaires.
        Comme quoi le « centrisme » n’a sans doute pas d’avenir, au contraire de l’outrance (des fois ou vous chercheriez à comprendre la stratégie de notre tortue sagace nationale).
        L’historien Eric Hobsbawm avait qualifié le XXe siècle comme « l’âge des extrêmes ». Peut-être sommes-nous en train d’y replonger après une courte accalmie.

  6. Avatar de Mango
    Mango

    C’est en partie dû au fait que les partisans de Trump voudraient obtenir la victoire des Républicains, mais c’est aussi la question du bilan pour Biden.
    Je suis une centriste, mais je suis le genre de personne qui pense que l’Amérique mérite un président progressiste.
    Si Trump revient au pouvoir, le monde sera à nouveau en proie au chaos.
    Déjà, Trump a exprimé son désir de travailler avec Javier Milei, ce qui serait la fin du monde…
    En tant que femme, je suis aussi attristée et indignée que quiconque par les souffrances endurées par E. Jean Carroll.

  7. Avatar de Christian Brasseur
    Christian Brasseur

    D.T. manque d’éducation, à l’instar de l’enfant à qui on demande de ne pas interrompre une conversation qui ne l’intéresse visiblement pas, il s’entête… comme s’il n’en avait rien à cirer (n’en déplaise à Cloclo). Le « bouge-toi de là que j’m’y mette » le caractérise d’autre part. Ce n’est évidemment pas une référence sauf peut-être pour une partie de ses partisans qui mal dégrossis eux-mêmes ont pu s’illustrer devant les écrans de TV lors des événements du Capitole.

  8. Avatar de Grand-mère Michelle
    Grand-mère Michelle

    Ce qui est absolument répugnant, vulgaire, grossier, mal-élevé, (et, hélas, devenu « ordinaire ») dans cette histoire, c’est l’acceptation de la monétisation de faits jugés délictueux ou criminels.
    Comment peut-on se satisfaire d’une justice où la pratique des « transactions financières » (convenues ou imposées) établit clairement la domination du fort(du riche),qui peut tout se permettre, sur le faible(le pauvre), de plus en plus contrôlé dans ses moindres faits et gestes?

    Alors qu’il me semble évident(à moi qui suis d’une intelligence « moyenne ») que ce déséquilibre des « richesses »(des « avoirs », des propriétés) est à l’origine de tous les dysfonctionnements, de tous les périls, qui menacent le bon fonctionnement d’une société organisée…

    (À noter que ce bref commentaire, nullement « injurieux » ni « haineux », est considéré comme « envoyé trop rapidement »: pas sûr que vous ayez jamais l’occasion de le lire/d’y réfléchir)

    1. Avatar de un lecteur
      un lecteur

      Les fondateurs des USA ont mis en œuvre la théorie du prix d’Aristote qui détermine le prix d’une transaction. Par souci d’équité, ils l’appliquent de manière symétrique.
      Pour une même transaction, le prix est inversement proportionnel au statut.
      Jo soigne à €20/heure et Trump répand la haine $2000/heure, il est où le problème !

      Mais aussi, pour un même statut, le prix d’une transaction est inversement proportionnel à sa richesse/revenu.
      Le citoyen Jo gagne €10’000/an et paye €1’000/an d’impôt.
      Le citoyen Trump gagne $1’000’000/jour et paye -$1000/an d’impôt, il est où le problème, mais c’est bien sûr, le bouclier fiscal, ben non, c’est 1/Aristote !

      https://www.journaldumauss.net/spip.php?page=imprimer&id_article=39

      1. Avatar de Otromeros
        Otromeros

        Confirmation de « notre ‘AOC’ française » … qui perd sa « contrATAK » sur Médiapart …

        ((Même en billets de 50, ça fait un gros paquet…))
        +++++++++++

         »  »  » Après sa sortie de l’École nationale d’administration (ENA) et un bref passage à la Cour des comptes, elle a occupé dix ans durant des fonctions de direction chez l’assureur Axa, coté au CAC 40, puis a rejoint, de 2018 à 2021, le comité exécutif du groupe Carrefour, également membre de l’indice boursier phare de la place de Paris, avant de devenir la directrice générale de la Fédération française de tennis (FFT).

        Pour ces fonctions, Amélie Oudéa-Castéra a perçu des salaires mirobolants : près de 600 000 euros net par an en fin de parcours chez Carrefour, pouvait-on lire dans sa déclaration de patrimoine à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), et 500 000 euros net en quinze mois à la direction générale de la FFT.

        Pour compléter le bingo du CAC 40 de la ministre, on peut mentionner qu’elle s’est mariée à Frédéric Oudéa, grand patron de la Société générale entre 2009 et 2023, devenu depuis peu le numéro un du groupe pharmaceutique Sanofi, tout en étant l’administrateur référent du géant du conseil Capgemini…

        Comme tout dirigeant du CAC 40 qui se respecte, Amélie Oudéa-Castéra ne s’est, du reste, pas contentée des revenus du travail générés par son foyer, fussent-ils substantiels.
        Dans le capitalisme financiarisé parisien, la pratique veut que les managers soient aussi motivés à la bonne tenue du cours de Bourse de leur entreprise.
        Ainsi, on a pu lire dans la déclaration de patrimoine de la ministre, citée par Libération, qu’elle détenait pour 1,9 million d’euros d’actions d’Axa (valeur de septembre 2022), qui lui ont rapporté 128 900 euros de dividendes en 2021, et pour 700 000 euros d’actions du groupe Carrefour, qui lui ont rapporté 15 000 euros de dividendes en 2021.

        Des compléments de revenu d’autant plus confortables depuis qu’Emmanuel Macron a réduit leur taxation en 2018, en instaurant un prélèvement forfaire unique (PFU) sur les revenus du capital de 30 %.

        Au total, la ministre détenait en 2022 un portefeuille d’actions d’une valeur de 3 millions d’euros.
        Sous mandat de gestion, elle possédait aussi pour 10 471 euros d’actions LVMH (valeur en septembre 2022), 6 790 euros d’actions Air Liquide, 5 607 euros d’actions Vinci, 4 000 euros d’actions ArcelorMittal, 2 367 euros d’actions Orange, et environ 1 500 euros d’actions Saint-Gobain et Danone.

        Autant d’entreprises – toutes présentes au CAC 40 – qui sont… sponsors des Jeux olympiques de Paris 2024.
        Un événement dont la ministre aura la tutelle. Mais ces montants semblent être jugés trop faibles par le législateur pour constituer des conflits d’intérêts.

        En revanche, un décret du 22 janvier 2024 interdit à la ministre d’interférer dans des dossiers où « Axa, Carrefour, Société générale, Capgemini […] et Sanofi » sont concernés. Un minimum.

        Ce n’est pas tout : comme il est de bon ton dans le monde des affaires parisiens, Amélie Oudéa-Castéra a aussi grenouillé ces dernières années dans les conseils d’administration. Une manière de glaner de précieux contacts dans le business, tout en étant rémunérée en jetons de présence… Ou comment joindre l’utile à l’agréable.

        Ainsi entre 2014 et 2022, Amélie Oudéa-Castéra a été administratrice indépendante de l’équipementier automobile Plastic Omnium, dont le PDG, Laurent Burelle, était aussi président de l’Association française des entreprises privées (Afep), le plus puissant des lobbys patronaux.

        Selon les calculs de Mediapart faits à partir des documents de référence de Plastic Omnium, la ministre a perçu au total 343 000 euros brut pour assister à 59 réunions de son conseil d’administration et de ses comités, soit environ 5. 800 euros la réunion.

        Entre 2018 et 2022, elle a par ailleurs cumulé un autre poste d’administratrice indépendante, cette fois-ci au sein du conseil de surveillance du géant du capital investissement français Eurazeo.

        Au total, toujours selon nos calculs, le fonds lui a versé 193 000 euros brut pour avoir assisté à 34 conseils d’administration et comités. Soit 5.700 euros la réunion .
        Citons enfin un passage éclair de quelques mois au conseil d’administration de Carrefour avant de s’y faire embaucher. Passage éclair qui lui a tout de même rapporté près de 15 000 euros en jetons de présence.
         »  »  »
        +++++++++++

        (Je sais que c’est pas bien de « rapporter »… Mais ici c’était que pour les ordres de grandeur…^!^…
        Alors, … le prix de la baguette du matin….

        1. Avatar de Tout me hérisse
          Tout me hérisse

          Oui, au moins, cela permet de relativiser ; les petits agriculteurs qui se fatiguent 100x plus à se lever aux aurores et se coucher tard pour prendre soins de leurs exploitations et en retirer une misère apprécieront, tout comme les petits salariés, smicards, etc.., qui ne voient point l’argent dégouliner ainsi dans leurs poches, apprécieront également!
          La vie est dure au sein du CAC40 🤑

  9. Avatar de tata
    tata

    C’est une incoherence cree artificiellement que nous essayons de combattre.
    Plus les americains seront aides a etre coherent (par le nonSoi), plus il comprendrendront l’absurdite et le damger de cette personne.
    Cette personne est presente en grande partie car il fallait au meme moment assurer la survie de quelqu’un n’ayant que du nonSoi comme les prophetes.

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