Illustration par ChatGPT
Bonjour Paul,
D’abord un grand merci pour vos billets qui ouvrent des discussions passionnantes et très actuelles.
Votre comparaison biologique avec l’apoptose m’a particulièrement intéressé. Aussi je me permets de vous faire part de quelques-unes de mes réflexions à ce sujet.
Notre éventuelle extinction par apoptose est une image élégante. Je caresse comme un Chatbot ! Les transpositions historiques de ce phénomène biologique ne changent pas le développement qui en découle, mais les mécanismes d’une cellule saine représentent-elle vraiment la situation d’aujourd’hui ?
L’espérance de vie d’un homme en France il y a 50 ans était de 69 ans. A cette époque j’aurais été un vieillard si je n’étais pas déjà statistiquement mort. Aujourd’hui, l’espérance de vie pour les hommes est de 80 ans. C’est une augmentation sans précédent dans l’histoire de nos sociétés riches. La population a donc continué à augmenter d’abord en vieillissant. Couplé à la chute brutale et imprévue de la baisse des naissances dans tous les pays et plus fortement dans les pays économiquement développés, la cohésion sociale devient un problème majeur. Comment redistribuer la richesse autrement que ce que nous faisons actuellement ? Le Japon est un excellent exemple de cette situation. Avec un excès des décès sur les naissances de 1.000.000 par an, le Japon est dirigé par un parti de droite libéral nationaliste aux relents racistes depuis 1950. Avec une dette publique sur PIB qui se dirige vers 250%, reflet du financement du maintien de la cohésion sociale, le Japon politique, tétanisé par l’appauvrissement d’une population vieillissante et décroissante, est à la dérive. Jusqu’où ?
Historiquement, tout effondrement civilisationnel est accompagné d’une baisse drastique de la population.
Nous sommes donc une population vieillissante partout dans le monde de l’Europe à la Chine en passant par la Russie. Seul le continent africain reste encore jeune ! Or en vieillissant notre santé est plus fragile.
Et c’est là que la comparaison avec la biologie reprend sens. C’est l’immunosénescence.
Moins de « soldats neufs », lymphocytes T naïfs, capables de reconnaître de nouvelles menaces comme les cellules cancéreuses. Les lymphocytes mémoires, spécialisés contre les pathogènes connus, dominent au détriment de la capacité à répondre à de nouveaux défis. Ils sont moins efficaces !
Bref, l’environnement immunitaire globalement est moins favorable. Certaines cellules deviennent « fatiguées » et moins réactives. Le système immunitaire n’est pas moins pertinent, mais son champ de vision et sa réactivité sont réduits. La tumeur profite de cette fenêtre de vulnérabilité.
Les cellules cancéreuses apparaissent régulièrement au cours de la vie, mais le système immunitaire les élimine. Avec l’âge, ce mécanisme devient moins efficace. Ce n’est pas nécessairement une déficience du système immunitaire, mais ce dernier est probablement dépassé par l’agresseur. Le système immunitaire n’a pas échoué. Il a été contourné, supprimé et trompé par une tumeur qui est une spécialiste de l’évasion immunitaire. La tumeur n’est pas juste une masse de cellules cancéreuses. Elle construit activement une forteresse qui la protège des défenses.
Les cancers développent plusieurs stratégies sophistiquées pour échapper au système immunitaire :
- Par camouflage en réduisant l’expression de molécules qui les rendent visibles aux cellules immunitaires.
- Les cellules cancéreuses sécrètent des substances qui « endorment » les lymphocytes.
- Elles recrutent de cellules alliées : certaines cellules du système immunitaire, au lieu d’attaquer, se laissent détourner de leur mission originelle et favorisent la croissance tumorale.
- Les cellules cancéreuses changent fréquemment, grâce à des mutations rapides de leur génome, ce qui les rend difficilement reconnaissables.
- Enfin, même si les lymphocytes T parviennent à reconnaître la tumeur, celle-ci peut les épuiser. Ils deviennent alors inefficaces et ne peuvent plus l’attaquer.
Une nécrose dans le diagnostic est une zone de cellules mortes. Comme une croûte, elle peut contribuer à l’inflammation locale et aider la tumeur à construire son microenvironnement protecteur.
On est donc dans un environnement hostile construit par la tumeur pour décourager l’attaque immunitaire.
Nos vieilles démocraties ne parviennent plus à éliminer les opportunistes et les déviants. Le discours démocratique est devenu inaudible pour beaucoup.
L’homme orange est le meilleur exemple d’un environnement hostile destructeur. Il défonce sans vergogne la fenêtre d’Overton en créant des métastases autour de lui, Javier Milei ou Nigel Farage, et en tissant un réseau nécrophage dans tout le tissu social avec son mouvement MAGA.
Si la médecine a fait des progrès gigantesques pour combattre les cancers, je ne vois aucune volonté collective pour changer quoique ce soit à nos modes de vie. Mon pronostic : notre disparition sera plus rapide qu’avec l’apoptose !
Bien cordialement
François
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