Un peu d’histoire. Rupert Murdoch acquiert le Wall Street Journal en 2007. Je nous vous fais pas l’insulte de vous rappeler le rôle stratégique que joue ce quotidien dans la finance américaine, et du fait du poids de celle-ci, dans la finance internationale.
J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de souligner que les articles sont le plus souvent extrêmement bien documentés et d’une très grande neutralité, contrastant avec le ton de droite dure des éditoriaux : une combinaison de néo-conservatisme et de libertarianisme.
Le 31 janvier de cette année, soit 11 jours après le début de son mandat, le WSJ part à l’offensive contre Trump, je vous ai reproduit le titre de son éditorial dans Le fascisme aux États-Unis : en ont-ils vraiment les moyens ? : « La guerre commerciale la plus stupide de l’histoire ».
Je commentais alors :
Ce n’est déjà pas commode d’avoir contre vous le comité de rédaction du Wall Street Journal si vous êtes de gauche, mais si vous êtes de droite, ça craint vraiment !
Le 3 avril 2025, je traduis l’éditorial du Wall Street Journal pour en faire un billet : La nouvelle ère protectionniste de Trump, par WSJ,
Je prends le soin de préciser :
P.S. Ce n’est pas tous les jours que je reproduis l’éditorial de la rédaction du Wall Street Journal. En fait, c’est la première fois, bien entendu. Mais que voulez-vous ? quand un hurluberlu fait l’unanimité contre lui …
Un extrait de l’éditorial, pour en souligner le ton :
Le leadership américain et la décision d’étendre le libre-échange ont produit sept décennies de prospérité généralement croissante, tant au niveau national qu’à l’étranger. La part des États-Unis dans le PIB mondial est restée stable à environ 25 % pendant des décennies, même si les industries ont connu des hauts et des bas. Cette ère est en train de s’achever, M. Trump adoptant une vision plus mercantile du commerce et de l’intérêt personnel des États-Unis. Il en résultera probablement un chacun pour soi, les pays cherchant à découper les marchés mondiaux non pas en fonction de l’efficacité du marché, mais pour en tirer un avantage politique. Dans le pire des cas, le système du commerce mondial pourrait se transformer en une politique du « chacun pour soi », comme dans les années 1930.
Le 9 avril 2025 je publie un billet intitulé : Chaque nouvelle mesure économique de M. Trump constitue une revanche tardive mais cinglante pour la défunte Union Soviétique,
J’y rappelle que la politique de Trump en matière de protectionnisme avait déjà été formulée par lui en 1987 :
Le monde entier se moque de la classe politique américaine alors que nous assurons la protection de navires qui ne sont pas les nôtres, transportant du pétrole dont nous n’avons aucun besoin, destiné à des alliés qui ne nous aideront jamais en retour. Il est temps de mettre fin à nos énormes déficits en forçant le Japon à régler la note, ainsi que les autres nations en ayant les moyens.
J’ajoutais que
L’effondrement des marchés boursiers qui résulte de la mise en application de cette politique, fait que la révolte gronde désormais du côté d’Elon Musk, de la rédaction du Wall Street Journal et de celle du Washington Post dont le patron, Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, s’était pourtant aligné sur M. Trump de manière particulièrement servile. La destruction systématique du capitalisme américain n’est pas du goût de ces personnes, pas plus que de celui des patrons des firmes à la pointe de la recherche en IA, dont la baisse du cours des actions affecte leur capacité à financer de gros centres de traitement des données, voire l’apprentissage de leurs IA génératives.
Le lendemain le 10 avril 2025 , je publie un billet intitulé : Trump capitule devant les marchés boursiers !.
J’y écris :
Les Démocrates américains ne manqueront pas de s’attribuer une partie du mérite mais, auront bien plutôt fait plier M. Trump, Mrs. Elon Musk, mécène du Parti Républicain, la rédaction du Wall Street Journal et Jeff Bezos opérant un revirement à la tête du Washington Post, accompagnés de quelques milliardaires renégats autrefois soutiens inconditionnels de Trump comme le frère Koch survivant et le patron de hedge fund Bill Ackman.
Le 16 juillet, un podcast sur le WSJ à propos du banquier central, Jérôme Powell, à la tête de la Federal Reserve (Fed), qui a le tort d’ignorer les intuitions géniales de Trump en matière de finance, comme fixer plus bas les taux courts pour tenter de gommer l’inflation que Trump alimente avec sa politique délirante en matière de tarifs douaniers : Trump nie avoir l’intention de licencier Powell
Le 17 Juillet, le Wall Street Journal publie un éditorial intitulé Licencier Powell serait une bourde
Il y est écrit :
Quelles que soient les erreurs commises par le président de la Fed, le licencier prématurément serait une erreur économique et juridique.
Ça, c’est à 08h26. À 18h45, toujours le 17 juillet, le WSJ publie son brûlot intitulé :
Le livre relié en cuir a été compilé par Ghislaine Maxwell. Le président affirme que la lettre « est un faux ».
Quand je vois ça, je publie ici sur le blog un commentaire :
Ils vont essayer de le faire tomber avant qu’il ne dégomme Powell à la Fed !
On dit : « Les loups ne se mangent pas entre eux », mais dans ce cas-ci, ce n’est pas que les autres aient faim, c’est qu’il y en a un qui est vraiment trop bête et qui fiche le boxon.
Autre chose : le scoop ! J’ai demandé à un un ami génératif si, selon lui, Murdoch avait une cartouche de rechange :
Selon vous, qui Murdoch pourrait-il pousser pour remplacer Trump si celui-ci disparaissait ? Et surtout, si Trump partait comme une conséquence de l’offensive « pas de quartier » de la rédaction du Wall Street Journal ?
Voici ce qu’il (ChatGPT 4o) m’a répondu :
Si Murdoch devait promouvoir une alternative à Trump, ce serait probablement quelqu’un qui partage les valeurs conservatrices, mais qui adopte une approche plus stable et plus favorable aux entreprises. Une personnalité telle que Nikki Haley ou un gouverneur réputé et doté de solides références économiques pourrait constituer un choix intéressant. L’idée serait de soutenir quelqu’un capable d’unifier le parti et de rassurer les milieux financiers et économiques, surtout si la position du Journal entraîne un changement significatif dans le paysage politique.
Nikki Haley jouit d’une crédibilité assez forte auprès des marchés financiers, notamment grâce à son expérience en tant qu’ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies. Elle est connue pour ses politiques favorables aux entreprises et ses efforts pour attirer des investissements importants en Caroline du Sud, ce qui lui a valu une solide réputation parmi les chefs d’entreprise. À l’avenir, une personne comme elle pourrait offrir le type de stabilité et de prévisibilité apprécié par les marchés financiers, en particulier en période d’incertitude politique.
Ça alors, ils sont fortiches les LLM, je n’y aurais jamais pensé !
Bon, je plaisante bien entendu : piqûre de rappel, le 4 mars 2024 : États-Unis : Nikki Haley et Kamala Harris se démarquent
Portrait de Nikki Haley par Stable Diffusion
Le 10 novembre de l’année dernière, 2023, j’enregistrais une vidéo intitulée « Le temps qu’il fait aux États-Unis ». Je la sous-titrais :
« Vers un duel Nikki Haley vs Kamala Harris (plutôt que Trump vs Biden) ? »
Pourquoi ce pronostic improbable ? En raison des casseroles et de la taille de ces casseroles que traînent derrière eux les deux candidats dits « probables » : Biden est sénile, il fait un discours improvisé pour expliquer qu’il ne l’est pas mais quand il répond aux journalistes, il affirme que le chef de l’État en Égypte est à la tête du Mexique. Trump s’attribue des pouvoirs dictatoriaux de manière anticipée et menace de faire régner la terreur parmi ses ennemis le jour de son inauguration, d’expulser ce jour-là des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers, d’immigrés illégaux mais aussi légaux venus d’Amérique latine et de dénoncer les traités militaires liant les États-Unis, au point qu’une Cour suprême, même alignée à l’extrême-droite, doit tiquer.
Nikki Haley a obtenu sa première victoire dans une primaire du Parti républicain à Washington DC, capitale du pays, et a déclaré ne pas être certaine de soutenir Trump s’il l’emportait à la primaire. Kamala Harris dénonce la politique de Biden en Israël et réclame un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Ces deux femmes ont compris qu’il était possible de surfer sur l’impopularité des deux candidats probables à la présidentielle de novembre.
Portrait de Kamala Harris par Stable Diffusion
… Je n’aurais eu qu’un peu d’avance 😉 .
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