Fait-divers à Cabazon (California)

C’est un fait divers qui me tourmente depuis plusieurs jours et j’ai pleuré la mort de ce petit garçon dont on devine sur sa photo qu’il est un enfant battu (de sept mois), longtemps avant que l’on n’arrête pour meurtre ses parents aujourd’hui.

Bien entendu, les tragédies vous affectent davantage quand le décor vous est connu. Cabazon (California) est l’un de ces endroits dont Dieu a entièrement négligé l’existence : si on ne l’appelle pas « désert » c’est qu’il s’agit d’un relay-post entre deux oasis. Ceux qui connaissent Cabazon, c’est essentiellement pour ses dinosaures en plastique bordant la route, et pour son entièrement improbable boutique « duty-free » au milieu du désert (j’imagine parce qu’on se trouve sur le territoire d’une réserve amérindienne).

Si vous êtes en route pour l’Arizona au départ de Los Angeles, faites une halte-déjeuner à Banning : quelques kilomètres (ou miles) seulement avant Cabazon : rendez-vous à Grammas Country Kitchen (« La cuisine paysanne de bonne-maman »), vous aurez l’occasion d’y manger en un seul repas tout ce qui est mauvais pour la santé : si vous entendez épargner la stupéfaction complète à la serveuse, évitez les mots « vegetables » (légumes) et « fruit » (intraduisible). La preuve est faite là que la malbouffe précède de loin l’apparition dans notre monde de Mr. McDonald et du Colonel Parker (Kentucky Fried Chicken).

Faites une pause à Grammas Country Kitchen et léchez-vous les babines, mais sachez bien que si vous mentionnez jamais que c’est moi qui vous ai conseillé de vous arrêter là, je vous poursuivrai impitoyablement en justice.

Dors bien, petit Emmanuel Haro, tu ne méritais pas d’être la victime de toute cette merde qu’est notre monde trop souvent.

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3 réponses à “Fait-divers à Cabazon (California)

  1. Avatar de Otromeros
    Otromeros

    Je ne connais pas ‘Anna Lopez’ , mais j’ai été ému…jusqu’au (sou)rire final…!
    Et Kommdabb…, personne du voisinage n’était au parfum… à chacun sa ‘croix’ (le triomphe du Kato-liscisme triomphant..).

    Impossibilité d’éviter/Obligation morale de faire savoir qu’aussi, aujourd’hui, la même impuissance/impotence.. :
    ( in MdP du jour…)

    …  »  »  » Mediapart s’est entretenu avec Jérôme Grimaud , familier de la bande de Gaza, coordinateur d’urgence de Médecins sans frontières (MSF). Nous l’avons joint à Deir al-Balah, dans le centre du territoire.
    Il rentre de trois jours dans le gouvernorat de la ville de Gaza.

    Mediapart : Vous venez de passer trois jours dans le nord de la bande de Gaza, dans le gouvernorat de la ville de Gaza, précisément là où l’état de famine a été déclaré par l’ONU. Qu’avez-vous constaté ?

    Jérôme Grimaud : Je m’étais absenté un mois et demi de la bande de Gaza.
    À mon retour, il y a peu, j’ai trouvé mes collègues amaigris, affaiblis, physiquement marqués par le manque d’accès à la nourriture. Je vous parle d’eux car ils font partie des privilégiés : ils touchent un salaire et ont donc accès au peu de nourriture qu’il y a…Même eux ne peuvent pas se nourrir correctement.

    Imaginez le reste de la population. Jusqu’à l’entrée partielle de camions dans la bande de Gaza, il y a trois semaines, un tiers des Gazaoui·es ne mangeaient que tous les trois jours.

    La sécurité alimentaire se définit par la quantité et la qualité de nourriture disponible.
    Aujourd’hui, à Gaza, les terres agricoles et le secteur de l’élevage ont été détruits.
    Gaza ne produit plus de légumes, notamment. Et tout ce qui vient de l’extérieur, c’est de la farine, des féculents, des boîtes de conserve.
    En outre, quand les Gazaoui·es ont accès à de l’eau, c’est de l’eau déminéralisée car très filtrée pour être potable.
    Donc , même si les personnes ont un apport calorique, et c’est le cas d’une minorité, l’apport qualitatif, en protéines, en vitamines, en minéraux, est quasiment nul. Et cela dure depuis des mois.

    Quel effet cette insuffisance alimentaire a-t-elle sur vos patient·es ?

    Dans les hôpitaux où MSF soigne les blessé·es et les brûlé·es, nous avons des blessures qui ne cicatrisent pas.
    Une personne opérée a besoin de plus de calories pour guérir. Or, nous ne pouvons fournir qu’un repas par jour, sans protéines. Du riz avec des épices, des pâtes, donc des féculents, parfois un peu de pois chiches, mais jamais de viande rouge ni de poulet.
    Donc les plaies ne guérissent pas…Cela veut dire, et il faut que les lecteurs le sachent, qu’elles pourrissent.

    La peau ne se reconstitue pas, donc les mouches arrivent dessus, y pondent, et des vers se développent dans les plaies.
    Non parce qu’on ne peut pas les soigner mais parce que le patient n’a pas les apports nécessaires pour cicatriser.
    Vous le sentez quand vous traversez les hôpitaux, il y a cette odeur de putréfaction.
    La conséquence, c’est qu’il faut réopérer, si possible, ou amputer.
    Voilà une des conséquences de la famine : le handicap à vie .
    Et puis il y a les gens qui meurent, bien sûr. Plus de deux cents depuis le début de l’année, dont quasiment la moitié sont des enfants.
     »  »  » …

    Envier la mort…Insoutenable.
    Chacun sait/comprend/admet que l’état ‘démocratique’ d’Israël se défend , chaque jour et chaque nuit (celle qui arrive étant la 385-ième) … et ne fait, en totale transparence, QU’ un MINIMUM RAISONNE de morts, blessés, mutilés, enterrés vivants.. COLLATERAUX(ALES)..

  2. Avatar de Pascal
    Pascal

    Vous savez comme moi, que des parents qui tuent leur enfant ne sont pas des « montres », ce qui les disqualifieraient de leur humanité. Le psychanalyste sait comment la souffrance intérieure enferme l’esprit dans l’aveuglement mortifère, jusqu’à martyriser les corps, le sien, celui de son conjoint ou celui de son enfant. L’horreur du présent qui nous tire les larmes ne doit pas nous faire oublier la compassion envers tous les êtres qui souffrent, même ceux par qui l’horreur arrive sans dénier leur responsabilité. Si la société humaine était en capacité de libérer les êtres de leurs souffrances, la réplication infernale de la souffrance portée sur autrui pourrait se tarir. Ne pas oublier de voir que ceux qui font souffrir sont dans l’expression de leur propre souffrance. Ne pas oublier que les accidents de la vie pourraient un jour emporter notre raison, à nous aussi, jusque dans la démesure de l’acte irréparable. Une fois notre émotion exprimée, chercher à comprendre toujours, sans jamais se laisser aller à la condamnation de la monstruosité facile qui efface derrière les mots une réalité qu’on ne souhaite pas voir. Cela nous demande un effort terrible, c’est celui quotidien des juges. Laissons leur ce lourd fardeau et cette grande responsabilité. Concentrons-nous sur l’amour qu’on peut donner chaque jour. C’est sans doute le meilleur antidote pour conjurer, au moins un peu, la souffrance humaine.

  3. Avatar de Pascal
    Pascal

    En tout petit, sur le mur de Grammas Country Kitchen, ceci
    « Live well Laugh ofter »
    Il y a toujours un coin de soleil quelque part.

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  1. Vous savez comme moi, que des parents qui tuent leur enfant ne sont pas des « montres », ce qui les disqualifieraient…

  2. Je ne connais pas ‘Anna Lopez’ , mais j’ai été ému…jusqu’au (sou)rire final…! Et Kommdabb…, personne du voisinage n’était au…

  3. Je n’aime pas renverser les tables. Soit je trouve ça très machiste gros bras, soit ça me rappelle ma belle-mère…

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