La complexité financière artificielle à finalité spéculative est réductible par la compensation keynésienne, par Pierre Sarton du Jonchay

Billet invité.

A la lecture de « Qui croit encore aux plus-values de barbarie financière contre la démocratie ?« , Bernard Hennion exprime ses interrogations sur la nature et la cause de la monnaie actuellement émise par les banques centrales contre la mise en garantie par les banques du « collatéral » en titres de dette publique. Ce qui est difficile à saisir dans cette terminologie utilisée par nos oligarchies financières dirigeantes, c’est la réalité sous-jacente que les gens normaux connaissent ; réalité des gens normaux qui en toute logique devrait être la finalité de l’économie financière. Une réalité normale qui est visiblement déterminée par une cuisine financière dont la logique de rationalité semble faite pour quelques individus hors du commun.

En fait la science politique de la finance libérale est une scientologie délibérément construite pour séparer les élus détenteurs du pouvoir du peuple voué à la servilité. Le discours technologique de la monnaie est une pseudo-science ou une pseudo-rationalité construite sur la pure abstraction mathématique habillée d’un récit juridiste. L’abstraction de la finance libérale est un voile posé sur la réalité économique concrète pour la rendre inintelligible à la personne commune qui observe, décide, travaille et répond de ses transactions quotidiennes réglées en monnaie. Tout le monde comprend que le but recherché est de robotiser les gens normaux pour qu’ils obéissent sans comprendre.

La mystification financiariste libertarienne se révèle nettement si l’on essaie de programmer les algorithmes de compensation financière actuellement utilisés dans la technologie des réseaux sociaux numériques actuels. Dans le prototype de chambre de compensation keynésienne, modèle Bretton Woods 1944, dont l’expérimentation est rapportée dans ce Blog, tous les objets financiers qui font la complexité artificielle du système actuel sont modélisables dans une base de données relationnelles à huit tables et 27 variables. Mais, le plus révélateur est le caractère tout à fait intuitif à l’humain qui coopère honnêtement à la réalisation de ses désirs, des instructions logiques qui permettent de trouver un équilibre général des prix instantané, récurrent et durable.

Dans la chambre de compensation keynésienne réticulaire, tous les objets financiers sont représentables et manipulables par des mots ou groupes de mots désignant des combinaisons de nombres. Les nombres distinguent et matérialisent de façon univoque des personnes, des relations sujet-objet, des quotités de bien, des primes, des offres et des prix. La classe des substantifs verbaux désigne littéralement des objets décomposables dans les 6 autres classes qui ne sont que des nombres. Tous les objets financiers s’expliquent verbalement les uns les autres dans la huitième classe qui contient des discours sujet-objet définissant l’objet du point de vue d’un sujet précis.

Cette huitième classe des définitions reliées à un objet par un sujet est assimilable à ce qu’en droit et en finance on appelle un titre. Un titre est donc la dénomination subjective et explicative d’un bien livrable dans le temps échéancé contre un prix. En langage courant, un titre financier est un discours logique exprimant des droits concrets sur des biens réels au bénéfice du propriétaire-porteur du titre. Le discours logique est tenu par l’émetteur du titre qui est une société politique ou économique. Les droits concrets sur des biens réels sont produits et garantis par tous les acheteurs-vendeurs successifs du titre.

Dans ce modèle compensatoire à 8 classes de tous les objets financiers actuellement existants, la monnaie est une quotité de bien due par une personne morale bancaire à une personne physique. La monnaie se matérialise par le prix d’un titre de crédit dont l’échéance est supérieure ou égale à la vente à terme la plus longue escomptée par la personne morale bancaire dont la personne physique est déposant. Une banque est une personne morale dont la prime de capital est garantie par la position de change collective de toutes les parties créditrices de la chambre de compensation. La chambre de compensation est une personne morale ayant statut d’Etat de droit au sens courant actuel de ce terme.

De ce modèle compensatoire représentatif de nos réalités économiques actuelles, il faut comprendre que la monnaie qui règle le prix de n’importe quel bien comptant ou à terme est la matérialisation non physique ou métaphysique d’un crédit garanti par une société politique de compensation à une personne physique. La monnaie est un passif bancaire dans un Etat de droit défini. La contre-réalité de la monnaie qui donne consistance économique au pouvoir d’achat d’un crédit en monnaie est un actif bancaire.

Un actif bancaire est un travail en cours d’un ensemble de personnes physiques solidaires dans une personne morale. Un travail en cours est l’engagement collectif des personnes physiques dans la personne morale de livrer un certain bien à un certain prix à une certaine échéance. L’engagement de travail est l’inscription en compensation d’une offre objective associée à un ensemble de relations causales sujet-objet reliant des biens intermédiaires par des personnes, des quotités et des primes.

Si la France et la zone euro mettaient concrètement en œuvre ce modèle de compensation, il faudrait « déplier » de la manière suivante les trois affirmations qui ont posé problème à Bernard.

« Par exemple en France, pour chaque euro de crédit ou d’investissement réalisé nominalement dans l’économie nationale …  » :

pour chaque débit d’une banque au nom d’une personne résidant en France. Le motif du débit est nécessairement un crédit au nom d’un vendeur d’investissement ou d’un bien réel comptant qui est donc acheteur d’un dépôt en euro quelque part dans la zone. Le « nominalement » vient signifier que dans le régime d’irresponsabilité financière dans lequel nous évoluons, une banque peut débiter sans aucune vérification de l’existence d’un bien livré réel et licite au bénéfice du débité et au crédit de tous les producteurs publics et privés, physiques et moraux. Par exemple, un débit en euro pour corrompre le ministre du budget français ne pose aucun problème grâce à la multitude des circuits de compensation opaque.

« …une banque en euro achète les titres de dette publique française …  » :

en bref, le Trésor Public est crédité à la Banque de France du prix du titre acheté par la banque qui souscrit, laquelle est débitée sur son compte à la Banque de France. Les euros liquides sont transférés par une écriture de la Banque de France « filiale » de la BCE de la banque privée vers le Trésor Public. Là encore, notre système d’irresponsabilité financière permet à l’Etat français d’émettre des titres de dette en euro sans consolidation exhaustive de tous les engagements et obligations de l’Etat français selon des règles comptables homogènes et transparentes avec l’Allemagne et la Grèce. Les banques achètent de la dette publique juste parce que la BCE fournit des euros gratuits sur simple présentation des dits titres. Il n’y a aucune mesure objective du crédit des États et des banques. La Banque de France contregarantit les titres publics français par des données de comptabilité publique française qui sont partielles et non homogènes au sein de la zone euro.

« … qui donne droit aux allocations correspondantes de liquidité en euro. » :

les titres de dette publique sont escomptés par la BCE au profit des banques qui les présentent contre leurs emprunts de liquidité en euro. Si nous étions dans un Etat de droit véritable où toutes les personnes morales sont assurées par des personnes physiques responsables sur leurs biens propres, les obligations de crédibilité des Etats et des banques auprès de la BCE devraient être les mêmes que celles des personnes morales entreprises et des personnes physiques simples citoyens. Mais comme nous sommes dans un système oligarchique, les mafias politiques, les banques et les organisations extra-nationales ont crédit gratuit à la BCE selon la puissance des intérêts qu’ils contrôlent ou représentent. La BCE échappe à tout contrôle des citoyens européens.

La matière de la finance est le verbe produit par les personnes de droit, de morale et d’acte. Il n’est besoin d’aucune matière physique pour représenter la liquidité financière. Les discours et les nombres suffisent. De deux choses l’une. Soit la finalité de la finance est dans la parole d’une poignée de privilégiés plus forts que les autres au service d’eux-mêmes, soit elle est dans la réalité économique de toutes les personnes humaines égales en droit. De ce choix premier découle toute la lisibilité des prix en monnaie.

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