PAS DE RELÈVE POUR LES BANQUIERS CENTRAUX, par François Leclerc

Billet invité.

La Fed et la Banque du Japon s’étant exprimées, le tour suivant va être à la BCE, qui en semble bien embarrassée. Condamnée à ne pas rester dans l’inaction, que peut-elle faire de plus ?

Baisser son taux négatif étant exclu à la suite des protestations véhémentes des banques, elle ne peut que décider de poursuivre son programme d’achats mensuel de 80 milliards d’euros de titres au-delà de son terme, prévu en mars 2017, après avoir racheté 1.000 milliards de dette publique en dix-huit mois sans pouvoir se prévaloir de résultats significatifs (la situation pourrait être pire si elle n’intervenait pas, fait-elle valoir). Mais ce projet rencontre de sérieux obstacles.

La règle voulant que les achats de titres de dette par pays soient proportionnels à leur participation au capital de la BCE, son application coincera en cas de prolongation du programme, car il n’y aura pas assez de titres allemands. Et la modifier n’est pas à sa portée pour des raisons tant politiques que juridiques, la BCE s’étant par ailleurs donné comme limite de ne pas détenir plus de 33% de la dette d’un pays, aller au-delà lui donnant un pouvoir qu’elle ne souhaite pas vouloir exercer. Attendons pour savoir la suite…

Les banquiers centraux ne manquent pas de conseils, quitte à ce qu’ils soient contradictoires. Michael Heise, l’économiste en chef de l’assureur Allianz, rejette comme « particulièrement dangereux » l’option de l’Helicopter Money, tandis que l’économiste britannique Robert Skidelsky, prenant le contre-pied, estime inévitable à terme son avènement en raison de l’effet qui va en diminuant des politiques non conventionnelles déjà déployées. Brad DeLong, professeur à Berkeley, considère pour sa part que « si ce n’est pas notre plus grand espoir, je me demande quel est celui-ci ».

Lancé, ce débat ne s’arrêtera pas tant qu’il ne sera pas clairement tranché. Mais pas un banquier central, de Ben Bernanke à Janet Yellen et à Mario Draghi, ne s’y est avisé jusqu’à maintenant. À l’exception il est vrai de Haruhiko Kuroda, le gouverneur de la Banque du Japon, qui pourrait paradoxalement être le premier à franchir le pas…

La question suivante est bien entendu : l’effet de cet expédient de dernier ressort sera-t-il celui attendu ?  À quoi faudra-t-il sinon se résoudre ?

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