L’actualité de la crise : Le vilain mot commençant par « N », par François Leclerc

Billet invité.

LE VILAIN MOT COMMENCANT PAR « N »

Les meilleurs auteurs, puisque c’est une manière d’asseoir définitivement son propos, convergent dans leur analyse et, depuis peu, vers des solutions radicales à la crise financière. Des solutions, qui osent écrire en toutes lettes le vilain mot qui commence par un N.

Voici ces auteurs.

Paul Krugman, Prix (dit) Nobel d’économie, poursuit dans le New York Times du 18 janvier son assimilation des banques à des zombies, très pédagogiquement, pour ensuite estimer que l’éventuelle création d’une « banque de consolidation » (une bad bank plus honorablement dénommée), dont on parle beaucoup, impliquerait aussi, pour ne pas faire le travail à moitié, une utilisation de ce qu’il appelle ironiquement le mot en N. N pour nationalisation.

Nouriel Roubini, star montante de l’expertise de la crise, dont on sait qu’il ne mâche ni ses mots ni ses analyses, explique à l’occasion d’une conférence à Dubai tenue le 20 janvier, chiffres à l’appui, que le système bancaire américain est dans son ensemble virtuellement en faillite. En d’autre terme en banqueroute non déclarée.

Helmut Schmidt, ancien ministre des finances et chancelier allemand, vient de dresser dans l’édition du 15 janvier du Zeit le catalogue le plus contraignant et radical que je n’ai jamais lu des mesures qui devraient être prises pour que « plus jamais cela » ne soit pas une fois de plus proclamé en vain.

Willem Buiter, dans le Financial Times du 16 janvier, préconisait une nationalisation provisoire mais totale des banques rendant ensuite plus facile la création d’une bad bank pour y parquer leurs actif pourris.

Voilà ce qu’on appelle un tir groupé.

La collection d’experts qui précède est disparate, j’en conviens, mais les membres de cette dangereuse cellule invisible ont en commun d’être tous de dangereux révolutionnaires bien connus des services compétents. Des « services » comme on disait en URSS – l’appellation demeure en Russie – car on n’osait même pas les désigner par leur nom.

Tout cela n’a que trop duré, vive les solutions radicales ! Il faut en finir une fois pour toute ! Mais il faudrait tout de même que nos mêmes auteurs se penchent vite sur le détricotage des mesures qu’ils préconisent. Comment sans cela nous dépêtrerons-nous avec un système du crédit nationalisé ? Avec un monde financier atrophié, et donc impotent si l’on croît nos édiles ? Avec une poubelle de l’histoire remplie d’actifs pourris, que l’on ne pourra pas pour une fois décharger dans le Tiers Monde ?

Pour poser la question de fond, pouvons-nous vraiment reporter sur l’Etat la confiance qui fait aujourd’hui tant défaut entre financiers ? Cela serait bien la peine d’en arriver là, après avoir salué la chute du Mur et la ruée des camarades de l’Est dans notre monde de libre échange dont ils avaient tant rêvé.

« L’Etat c’est nous » a succédé à « l’Etat c’est moi ». Mais comment pourrait bien fonctionner cette appropriation ? Tout le problème est là.

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52 réponses à “L’actualité de la crise : Le vilain mot commençant par « N », par François Leclerc”

  1. Avatar de Vince

    « Pouvons-nous vraiment reporter sur l’Etat la confiance qui fait aujourd’hui tant défaut entre financiers ? » Je ne suis pas certain que ce soit véritablement un problème de confiance… Bank of America dit avoir un besoin urgent de 80 Mds$. Le problème n’est pas de savoir si oui ou non on peut avoir confiance dans cette banque, le problème c’est qu’elle est lessivée. Alors, qui va ouvrir son portefeuille ? Le Marché ? Pourquoi serait-il intéressé ? Quelles sont les perspectives en terme de profits à court ou moyen terme quand la déflation apparaît mois après mois comme un horizon économique fort probable pour les années à venir ? Si j’étais un investisseur, ça serait sans moi… Par ailleurs plane la menace – réelle ? – des fonds souverains qui pourraient être tenter de faire leurs emplettes. Bref, à part nationaliser tout ça, je ne vois pas trop comment s’en sortir.

  2. Avatar de Omar Yagoubi
    Omar Yagoubi

    Ce blog devient un nid de révolutionnaires! Si Helmund Schmidt s’y met aussi alors.. Mais j’y pense, les grands capitalistes ne seraient-ils devenus les plus virulents anarchistes, eux qui ont mis l’économie à feu et à sang…

  3. Avatar de Vince

    Quand il faut nationaliser les pertes, les grands capitalistes deviennent tous des communistes ! Un phénomène bien étrange…

  4. Avatar de leduc
    leduc

    S’il s’avère que les banques sont insolvables, que leur passif est supérieur à leur actif et leur capital propre, alors qui pourrait empêcher la faillite à part les états. Aucune autre organisation aurait assez de temps et de moyens pour assumer les pertes, enlever les actifs toxiques, rétablir l’équilibre et puis ensuite revendre les banques redevenues saines et profitables, avec pour but principal l’intérêt commun et sans but lucratif particulier. Je ne vois pas comment et qui pourrait faire autrement.
    L’important est de donner une bonne leçon aux dirigeants, conseils d’administration, gros actionnaires imprudents. Le bon sens conseille de ne pas récompenser les comportements imprudents, et s’il faut lessiver les actionnaires, effacer leur capital en action, NATIONALISER, alors qu’il en soit ainsi. Les prochains qui rachèteront les banques redevenues profitables seront avertis et ne commettrons pas les même erreurs. Certains optimistes iront même jusqu’à dire qu’au début ces opérations de renflouage seront couteuses, mais qui sait, avec le temps les banques pourraient se vendre à un très bon prix, voir même rapporter de l’argent lors de leur privatisation.
    De toute façon on ne peut pas laisser tout simplement les banques aller à la faillite. On a vu ce que cela a failli donner avec Lehman Brothers (n’était ce pas Paul qui avait parlé d’arrêt cardiaque du système financier ?) , et c’était loin d’être la plus grosse banque. Si la faillite de Lehman était un test de stress du système pour voir s’il pouvait encaisser ce genre de dégâts, alors on connait la réponse, et on imagine ce que cela donnerait avec une liquidation de Citigroup, Bank of America, ça serait bien plus qu’un simple infarctus.
    Maintenant il y a nationalisation et nationalisation,et s’il s’agit d’une simple intervention de l’état, avec des pertes peu importantes pour les banquiers et investisseurs, et l’essentiel supporté par les contribuables, on ne s’en sortira jamais.
    C’est pas simple, certains disent que ce ne sont pas principalement les banquiers et investisseurs qui sont responsables, mais avant tout les politiciens, les législateurs qui ont permis une tel laxisme, qui ont tout dérégulé et qui en fait on bel est bien provoqué cette crise en changeant les règles, mais ceci est peut être un autre débat. Il faudra bien que quelqu’un paie les pots cassés, autant que ce soit les banquiers et les actionnaires en perdant le contrôle et les actions, et tant pis s’ils ne sont qu’un maillon de la chaine, un bouc émissaire, il serait illusoire de toute façon d’incriminer des responsables politiques j’imagine.

  5. Avatar de NingúnOtro

    Ah, ils entendent donc finalement limiter leurs pertes en sacrifiant le contrôle « temporaire » des banques?

    Qu’ils sont malins, ces fichus capitalistes dont les banques ne sont que des instruments dont ils peuvent se défaire temporellement pour ensuite les racheter assainis par le contribuable.

    Je ne crois pas que la solution soit aussi simple!

    Vous n’avez toujours pas lu « Emphyrio » de Jack Vance?

    Ami Leduc, le problème, c’est que les bénéfices et les accumulations d’actifs fruits de l’abus du système de réserve fractionnaire pendant tant de temps ne se trouvent pas dans les entreprises du système financier… mais ailleurs. Et qu’on ne peut pas tolérer qu’ils les gardent et qu’ils rachètent les institutions financières une fois saines avec. Cela maintiendrait tout leur pouvoir dans les multinationales, tout en affaiblissant exclusivement les états qui seront dupes de la maneuvre…

    J’ai comme l’impression que la plupart d’entre vous n’a pas envie de regarder en face toute la perspective de la situation… toute cette crise n’est depuis le début qu’une grande manœuvre orchestrée pour concentrer presque tout le pouvoir dans quelques grandes groupes multinationaux, tout en affaiblissant tous les états en alourdissant démentiellement leurs dettes.

  6. Avatar de Loïc Abadie

    La réponse est pour moi très simple : Si les états espèrent pouvoir devenir le « prêteur en dernier recours » de tout le système, en nationalisant les banques et pourquoi pas tout les opérateurs qui se trouveront en défaut de paiement (constructeurs automobiles, promoteurs…etc), ils feront tout simplement faillite à la place de ceux qui auraient du le faire, et nous en reviendrons à la case départ avec un problème encore plus grave (Cette fois les états seront devenus totalement impuissants ou inexistants et c’est la totalité du système qui sera en faillite).

    Les réactions des ultras du keynésianisme style Krugman sont typiques de la psychologie des foules d’avant crise : Ils espèrent encore que les états seront capables de remettre l’économie à flot et de relancer le système absurde précédent basé sur la fuite en avant dans le crédit.
    Pour cela, et vu que les ménages US ne sont plus du tout disposés à augmenter leur endettement il faudrait :

    – Que l’état US compense le mouvement de reprise de l’épargne des ménages qui aura lieu. Un retour à un taux d’épargne normal de 6-7% correspondrait à 800 milliards de $ /an en moins pour la consommation chaque année.
    – Que l’état compense le mouvement de désendettement des autres opérateurs (faillites compris). Il y a environ 30 000 milliards de dettes en excès dans le système US actuellement (pour en revenir à un ratio normal dette totale / PIB de 120-130%).
    Répartis sur 15 ans, cela représente environ 2000 milliards / an
    – Que l’état US déverse dans l’économie 3500 à 4000 milliards de $/an pour que le modèle de croissance précédent basé sur la fuite en avant dans le crédit puisse continuer. Ce chiffre correspond au montant de l’accroissement de la dette totale US observé entre 2005 et 2007, statistique Z1 de la FED…Dans le système délirant précédent (lui aussi un pur produit des « brillantes » idées keynésiennes), l’économie ne tenait le coup que grâce à une augmentation annuelle de la dette totale représentant plus de 25% du PIB.

    Au total, cela représente plus de 6000 milliards / an (7 « plans Obama » ou 8 « plans Paulson » chaque année, ou encore un déficit public correspondant à 40% du PIB). Qui acceptera de financer un tel niveau de déficit ? Personne !
    Et si l’état US s’avise de faire fonctionner la planche à billets pour remplacer ses créanciers qui ne voudront plus lui prêter de l’argent, le $ s’effondrera simplement, ce qui provoquera en retour un effondrement du pouvoir d’achat US.

    Les théories keynésiennes à la Krugman sont dans le contexte actuel une impasse, et nous allons bien vite le constater !

  7. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    « « L’Etat c’est nous » a succédé à « l’Etat c’est moi ». Mais comment pourrait bien fonctionner cette appropriation ? Tout le problème est là. »

    La démocratie se situe sur la ligne de crête reliant les citoyens et leurs représentants; c’est un lien dynamique permettant de faire fonctionner « cette appropriation ». Ce lien fragile pour avoir quelques chances d’exister et de durer doit être le coeur organisé de la démocratie ;ainsi quand les parlementaires travaillent sur les grands thèmes touchant à l’avenir du pays et du monde ils doivent pouvoir travailler dans un cadre visible et participatif où experts et citoyens participent à ces travaux , cela à tous les échelons territoriaux; au lieu de cela ils nous offre le spectacle lamentable qu’on sait ; les grands médias (nous n’avons dans l’histoire jamais eu accès à de tels outils de communication) ne sont pas utilisés pour faire vivre ces travaux démocratiques ; l’appropriation de l’état par les citoyens c’est le débat public au coeur de la vie politique ; des milliers d’organismes , fondations, commissions, clubs de réflexion en France et ailleurs réfléchissent aux grands problèmes et font de la prospective …
    Où est l’espace public permettant ce travail qui n’est autre que l’appropriation de l’état par les citoyens ?
    Nous savons tous que nous vivons dans de vraies fausses démocraties qui sont des systèmes complexes pilotés mécaniquement par les serviteurs d’un paradigme de profit et au lieu de nous occuper de ce problème essentiel de la réappropriation politique, nous nous appliquons tous à proposer des solutions dans le cadre politique existant.

    Une question essentielle et pour l’économie et pour la démocratie est la relation entre le local et le global ; actuellement la mondialisation se fait dans le sens de la domination du global au détriment du local ; c’est l’inverse qu’il faut faire : privilégier des entités locales ouvertes sur le monde.
    Je ne vois pas d’autre chemin pour cette réappropriation.

  8. Avatar de gerard

    En dehors des états personne ne se risquerait de mettre un centimes pour aider les banques .En conséquence c’est le seul moyen pour limiter la catastrophe .Toutefois ces deniers publics ne doivent être donnés que sous conditions.
    1er :remplacement des dirigeants ,il me paraît inconcevable de laisser le soins de gérer ces établissements par des personnes qui sont à l’origine de la situation actuelle.Cela relève de la morale.
    2ème :l’état devient actionnaire avec un droit de véto sur les décisons prises.Cela est tout à fait normal c’est l’argent des contribuables qui est investi .Désolé pour les ultras libéraux et anti état sauf s’ils sont en difficulté.
    3ème : nomination des dirigeants par l’état avec des salaires raisonnables et sans commune mesure avec ce qui se passe actuellement
    4ème suppression de toutes les primes parallèles versées aux salariés avec création de grilles se salaires transparentes dans chaque établissement.Ceci implique la suppression d’avantages en nature constituant un complément de salaire et suppression de la délivrance de stock-options
    5ème :gel ou versement réduit de dividendes aux actionnaires tant que la situation n’est pas redevenu normal .Ce sont eux qui ont profités plus ou moins du système.on ne gagne pas à tous les coups.
    6ème après redressement et revente par l’état de ses parts si un profit substantiel , à définir ,est réalisé .affectation de la plus value réalisée au remboursement de la dette publique.
    Je pense que les Français accepteraient cette façon de faire au lieu de voire leur argent donné à des banquiers qui de toute façon recommenceront .C’est dans leur culture

  9. Avatar de A.
    A.

    @ Loïc Abadie

    Votre solution ne semble guère, à court terme, tenable. Comment reconstituer un épargne sans alimenter davantage la déflation qui ôte à la monnaie son caractère de réserve de valeur, ce qui provoque en retour une diminution de la consommation et de l’investissement.

    Le problème n’est pas le financement. L’inflation viendra diminuer les dettes publiques.

    Selon vous, comment cette épargne que vous jugez nécessaire peut-elle être créee alors que, à mon avis, cette crise financière est une crise monétaire et une crise générale de la confiance ?

  10. Avatar de bob
    bob

    Facile!
    prendre l’exemple de la stratégie d’Etat et de nationalisation de l’URSS
    … et faire le contraire.

    Garder la base de fonctionnement du capitalisme sauf pour des nationalisations transitoires.
    Car le vrai problème sera comment engendrer un système nationalisé performant et productif en favorisant les motivations et les initiatives personnelles.
    En fait la solution c’est d’avoir des systèmes nationalisés qui fonctionnent au niveau des ressources humaines comme un système libéral privatisé. Ceci permettra une flexibilité du travail indispensable, un contrôle de spéculation et une politique d’investissement coordonnée à l’échelle d’un pays où d’un continent.
    Le risque c’est l’absence de concurrence (les situations monopolistiques d’Etat) et les aides indues pour certains secteurs.
    D’où la nécessité que d’éventuelles nationalisations soient temporaires et sectorielles: uniquement le temps de réorganiser le système et de favoriser l’innovation.
    Mais je suis opposée à des nationalisation uniquement pour éponger des dettes et si derrière il n’y a pas un code d’Ethique qui se pérennise sur le chemin d’une production innovante.

    Tous ça bien sur en conservant (voir en améliorant) la démocratie qui est si chère aux Occidentaux: facile, prendre l’exemple de la Chine,
    …et faire le contraire.

  11. Avatar de François78
    François78

    @A et à tous bonjour,

    Ce n’est pas une crise financière ou économique, c’est une crise générale de tout notre mode de fonctionnement, que vous appelerez comme vous voulez : crise du capitalisme, crise de civilisation … (je ne trouve pas de mot qui recouvre ce que je perçois). Nous avons adoré le veau d’or, qui se révélé en plomb grosssièrement plaqué, au fur et à mesure qu’il fond.

    Je n’ai pas compris que Loic Abadie proposait des solutions, mais présentait plutôt le dilemme (et les impasses) auquel les autorités, et nous mêmes sommes confrontés.

    Pour ma part je suis convaicu que les nationalisations ne sont ou seront que le déplacement de pierres d’un jardin à un autre – les états se feront t’ils confiance ?

  12. Avatar de François78
    François78

    Pardon pour les fôtes d’orthographe, je ferai plus attention la prochaine fois.

  13. Avatar de gerard

    la prise de participation de l’état dans le capital des banques ne constitue pas une nationalisaton mais l’entrée dans le capital d’une structure publique responsable devant la nation.La concurrenence entre les étabissements doit continuer et la gestion de ces établissements doit être privée.

    L’entrée de l’état a pour but de moraliser le fonctionnement du système capitaliste qui doit être utilisé comme un outil et non comme une fin en soi.

  14. Avatar de A.
    A.

    @François 78
    Je partage votre avis et il est dommage que ce blog ne se concentre que sur l’aspect économique.

  15. Avatar de Wladimir
    Wladimir

    @ Loïc Abadie,

    Vous avez raison de mettre le doigt là où cela fait mal, les sommes gigantesques qu’il faudrait dépenser pour faire repartir un système à bout de souffle. Je suis estomaqué, en tant que simple citoyen, par cette valse des milliards qui semble entrainer dans sa frénésie tout les « décideurs », comme si le réflexe ancestral de dépenser parcimonieusement l’argent durement gagné à la sueur de son front était tombé depuis l’annonce des premiers plans de relance.
    La société de surconsommation dont le moteur est le surendettement est à terre car les gens ne veulent plus ou ne peuvent plus dépenser à tout va et, ma foi,c’est une excellente nouvelle pour la planète et pour l’avenir. Laissons décanter, les vrais solutions alternatives arriveront en leur temps, si, bien sûr, elles existent…
    Un optimiste

  16. Avatar de Pierre Lang

    @ Loïc, Paul et Autres

    Bonjour,

    Nous avons bien compris vos messages à propos de l’impasse dans laquelle le monde se trouve. La réalité montre que vos analyses précédentes et vos prévisions à long terme se révèlent exactes. Cette réalité s’impose à de plus en plus d’analystes de divers horizons. Elles sont suffisamment justes à ce jour pour ne pas rentrer plus dans les détails. A ce stade, avoir tout juste à 90% au lieu de 85% n’est pas un plus, et il me semble qu’on tourne un peu en rond.

    A côté de l’analyse des causes de la crise, de ce pourquoi les plans de relance actuels échouent (vont échouer) et de l’étude d’un modèle monétaire réformé, serait-il possible d’obtenir des pistes de réflexion et/ou un résumé clair de ce qui a déjà été dit, en ce qui concerne ceci :

    de quels moyens alternatifs dispose le monde pour faire autrement et mieux que ce qui est fait actuellement ?
    Que contient la boite à outils du dépanneur ?

    Il me semble que c’est sur cela que notre cerveau collectif distribué doit plancher. Nous sommes devant un problème, relativement bien posé à ce jour. A ce stade, continuer à l’adresser en expliquant ses causes, ses conséquences et ce qu’on aurait dû faire pour ne pas en arriver là (et pointer les coupables du doigt), apporte-t-il encore beaucoup pour que le monde survivre à la crise en limitant les dégâts ?

    PS : A noter qu’avant la relance, il y a une étape d’arrêt/stabilisation de la chute dont j’entends peu ou pas parler. Quand on est tombé en panne (1) on répare la machine avec les moyens du bord avant de (2) la remplacer par une plus fiable avec de nouveaux moyens. A mon avis, c’est un processus en 2 étapes.

  17. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Ce n’est pas les banques qu’il faut nationaliser, mais la monnaie

    Comme le propose James Robertson dans « Monetary reform today » ( http://www.fauxmonnayeurs.org/articles.php?lng=fr&pg=57 )

    Un des principes est que le profit (ou le « seigneuriage ») qui provient de la création monétaire devrait constituer des recettes publiques et non demeurer l’apanage de sociétés privées. Un autre principe est que ces devises publiques devraient être émises sans intérêt et non en tant que dette remboursable, accordée en contrepartie d’un paiement d’intérêts.

    Notre proposition de réforme monétaire nationale est la suivante :

    1) Comme autorités monétaires nationales, les banques centrales devront créer la monnaie centrale aussi bien scripturale (c’est-à-dire de l’argent comptabilisé sur des comptes bancaires) que fiduciaire (c’est-à-dire les billets et les pièces de monnaie). Elles devront créer, ex nihilo, à intervalles réguliers, les montants qu’elles estiment nécessaires pour augmenter la masse monétaire. Elles devront remettre ces montants à leurs gouvernements sous forme de recettes publiques et sans intérêt. Les gouvernements devront alors mettre cet argent en circulation sous forme de dépenses publiques.

    2) Il sera alors illégal pour quiconque de créer de la monnaie scripturale, libellée dans la devise nationale, tout comme il est illégal de frapper de fausses pièces de monnaie ou d’imprimer de faux billets de banque.

    Ceci impliquera les changements suivants :

    1) La banque centrale ne régulera plus les augmentations de masse monétaire en manipulant des taux d’intérêt qui sont alors appliqués à la création de monnaie, mise en circulation sous forme de prêts par les banques commerciales. La banque centrale sera directement responsable de décider elle-même du montant exact à créer et à émettre.

    2) Il sera interdit aux banques commerciales de créer de la monnaie. Elles devront emprunter l’argent qui existe déjà pour le prêter, tout comme le font d’autres intermédiaires.

    …/…

    Note: La banque centrale ne décidera que des augmentations nécessaires de la masse monétaire, de la création monétaire. Elle remettra les fonds dégagés au gouvernement sous forme de recettes publiques, en laissant donc au gouvernement élu le pouvoir de décider, tout comme il le fait en matière d’impôts et d’autres recettes publiques, à quelles fins l’argent sera utilisé. Actuellement, ce sont bien entendu les banques commerciales qui décident à la fois du montant de la création monétaire et de la sélection des emprunteurs, ainsi que de l’utilisation réservée aux prêts.

    Je rajouterais, comme le propose Maurice Allais : Tout financement d’investissement à un terme donné doit être assuré par des emprunts à des termes plus longs, ou tout au moins de même terme.

  18. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Pourquoi, en effet, ne pas élargir ?

    Comment avons-nous bien pu nous mettre dans un tel pétrin a été la première question ? Comment allons-nous en sortir est celle qui domine actuellement, après que le diagnostic soit désormais à peu près établi ? Qu’allons-nous ensuite mettre en place comme mesures pour ne pas recommencer est naturellement la suivante ? Et ainsi de suite. Il n’est pas nécessaire de prendre les questions une par une, et on peut aussi passer à la dernière d’entre elles: et si on faisait autre chose, ce serait quoi ?

    Dans le temps présent, en ce qui concerne la seconde question, les choses commencent à êtres entendues, un triptyque semble à grands traits se dessiner : bad bank (sous une forme ou sous une autre), nationalisations (plus ou moins étendues), création monétaire soutenue (pour résorber la dette). Le principal problème sera l’ajustement international de décisions nationales qui partent un peu dans tous les sens avant de devoir confluer. Cela se fera, car il n’y a pas d’autre solution.

    Les déclarations générales fleurissent par aileurs, quand il reste du temps et du souffle pour les faire, certains voyant dans la crise la fin du capitalisme, déjà tant de fois annoncée et toujours réaffirmée, d’autres un assez mauvais moment à passer, fondant leurs vœux sur l’émergence d’une bonne régulation. Le prochain enjeu des discussions, à ne pas en douter, quand l’incendie sera enfin éteint, on ne sait pas trop bien ni quand ni comment.

    Car c’est à ce moment-là que risquent de se révéler certaines contradictions d’intérêt. Les financiers vont faire valoir que leur contribution est indispensable pour la monnayer. Que les instruments financiers tant décriés seront désormais sous contrôle sans exagérément les brider, que sans eux rien n’est plus possible, que la confiance est revenue, sous-entendu que l’on peut à nouveau leur faire confiance. Ils partagent avec les Etats le contrôle de l’argent, mais la consanguinité est reine.

    Personne encore, faute sans doute de pouvoir se représenter ce qui était il y encore si peu inimaginable, ne s’aventure à décrire le paysage qui sera le nôtre lorsque les canons se seront tus. Les uns voudraient pouvoir rêver à ce que soient pris en compte les exigences de justice sociale qui sont les leurs, assorties dorénavant d’une nouvelle réflexion sur celles de la planète. Une nouvelle approche, en gestation, de notre modèle de développement économique et de société. Les autres rêvent à ce que « tout redevienne comme avant », mais en mieux. Le paradoxe est que ce sont les plus rêveurs, les derniers, qui risquent d’avoir raison, notamment parce que la réflexion des seconds ne touche encore que des cercles trop restreints, bien qu’elle se diffuse. Et que les premiers ne l’entendent pas comme cela.

    Les interrogations ne manquent donc pas, ce qui est tout de même un énorme pas en avant. Mais, pour détourner la célèbre phase de Bertolt Brecht, « le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête immonde ».

    Les mots en « isme », usés pour avoir été trop sollicités, ne sont plus de saison. Donc, pour ne pas encore les employer, rappelons que le philosophe a dit «de deux choses l’une, la troisième » et que cela peut toujours servir. Cette chose-là est-elle immanente, pour s’appuyer cette fois-ci sur Spinoza, le « prince des philosophes » selon Deleuze ?

  19. Avatar de Eomenos
    Eomenos

    Le vilain mot commençant par N ne me fait pas peur en tant que tel. Une entreprise N par çi ou par là, bof ça peut être
    utile pour sauver de la valeur, de l’emploi.
    Par contre ce qui est beaucoup plus inquiétant c’est lorsque cette pratique tend à se généraliser dans un contexte de crise.
    On rentre ici de plein pied dans le domaine de la consolidation non pas de l’économie , mais du pouvoir.
    Pouvoir qu’on justifiera de plus en plus étendu et incontestable en raison même de la crise.
    Il ne sera plus loin alors le temps où certains voudront se faire proclamer (ou seront proclamés) « Homme Providentiel ».

    Autre constatation, l’évidence de la crise est datée de juillet 2007 (même si les plus clairvoyants l’annoncaient depuis
    un certain temps). Les grandes officines financières ont « résisté » environ 4 trimestres et en octobre 2008 ont dû passer la main aux états. Ces derniers ont commencé à vider leurs poches mais généralement moins riches que le privé ne
    tiendront sans doute guère plus que 2 voire 3 trimestres. L’actuel appel de fonds (janvier 2009) est de fait beaucoup plus
    douloureux, mais il reste encore pas mal de cochonneries à digérer, sans doute au moins jusqu’à octobre 2010 pour le plus bas (il faudra bien 3 ans pour nettoyer +/- 12 ans de gros excès) et octobre 2009 pour le plus intense (on va essayer de nettoyer vite).

    aux états.

  20. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ Francois Leclerc

    Elargir en allant au fond des choses?

    La solution est ds l’interférence de deux dialectiques permettant de légaliser, codifier des processus minimaux de légitimation, l’axiologie d’une part, et la sociologie d’autre part. Ceux qui sans pouvoir sur eux-mêmes de ne pouvoir supporter ces lois minimales ne pourraient prétendre à aucun pouvoir sur autrui quel qu’en soit le domaine. Ce ne sera pas simple je vous l’accorde, mais je vous assure que d’une part ce sera possible, d’autre part que je ne vois pas d’autre solution cohérente permettant à chacun de rester libre, mais d’une liberté resultant de ce processus dialectique axiologique.

    Une porte d’entrée possible à cette façon de poser le pb: « http://pagespro-orange./fr/bcc/Axiologie.htm »

  21. Avatar de crofin

    les états et banques centrales n’ont plus les moyens…

    http://blog.crottaz-finance.ch/?p=943

  22. Avatar de Eugène
    Eugène

    la sériation naturelle P1=> P2=> P3=>………………………Pn n’a pas de limite ds le tjs plus de jouissance. le seul truc qui puisse en chacun l’autolimiter est sa propre faculté éthique.

    le petit jeu social à reconstruire est donc de codifier le plus gd nbre possible de mises en situation (en tous domaines) permettant de de ‘voir’ opérer ce filtrage éthique implicite.

    Lorsque les politiques – après formation – s’intéresseront à cette stratégie d’un vivre ensemble, alors, nous aurons changé de civilisation, et nous ne serons plus soumis au « bon vouloir » (!!!!) intéressé des petits speculateurs destructeurs, inhumains.

  23. Avatar de leduc
    leduc

    J’ai de plus en plus la nette impression que de toute façon, nous n’avons pas le choix. La nationalisation des entreprises essentielles à l’économie va s’avérer une évidence, et il me semble qu’il n’y aura aucune alternative, nous n’aurons absolument pas le choix. La forme de la nationalisation, de l’intervention de l’état pourra varier quelque peu sans doute d’un pays à l’autre, mais le principe est là.
    De toute les fausses bonnes solutions à la crise, c’est sans doute la moins pire de toute.
    Sauf bien sur, si on veut tenter une expérience économique et laisser les banques faire faillite les unes après les autres, juste pour rigoler un peu et voir quel sera l’impact sur le fonctionnement du reste de l’économie…
    Évidemment, nationalisation ou autre solution, il y a fort à parier que c’est l’état qui va s’en occuper, et quand on dit l’état, en fait il s’agit de nous les contribuables qui allons payer. Alors autre question, est-ce qu’on va augmenter encore d’une manière significative les prélèvements avec un risque de faire ralentir encore plus une économie qui ralentit déjà faute de pouvoir d’achat, ou alors va t’on recourir à la presse à billet avec inflation à la clé.

  24. Avatar de Patrice
    Patrice

    Bonjour !

    @tous

    SVP, faites le PETIT effort de clavier de mettre une majuscule au mot « Etat ».
    Plusieurs arguments pourraient être avancés (confort de la lecture, respect de la langue…).
    L’essentiel semble pourtant résider dans le fait trivial que, sauf extraordinaire (extra-ordinaire), l’Etat abrite, dépasse, englobe, transcende les autres constructions humaines, sur les quatre plans des buts, des moyens, des perceptions et des actions, dans le temps et dans la visée. Il est, dans notre monde actuel, l’émanation reine du collectif. En langue française, il prend une majuscule.

    Ceci rejoint plusieurs des commentaires précédents : l’économique, pour incontournable qu’il soit, est évidemment lié, entre autres et de diverses façons, au politique. Quoi que le droit ait permis aux multinationales (voire aux milliardaires) de devenir, l’Etat-nation est l’émanation du collectif. Les milliardaires sont enterrés, incinérés, formolisés ou cryogénisés (au choix du quidam) dans son espace, dans son sol.

    Illustration de la problématique sous-jacente à ce modeste point d’orthographe (mais il y a là aussi et surtout du symbolique) : doit-on (peut-on ?) « gérer un pays comme une entreprise » ? Que vous soyez à titre personnel (ah, querelles de mots en perspective…) libéral ou progressiste, UMP ou PS (ou autres), « de gauche » ou « de droite » (ah, la belle querelle….), cette question intéresse les lecteurs de ce blog, n’est-ce pas, M. Jorion ?

    L’Etat-nation est une organisation sociale d’une nature spécifique, irréductible aux structures familiale, économique ou idéologique. La notion d’intérêt général, entre autres, y est historiquement centrale, au moins dans le cas du droit français.

    Longue vie et forte diffusion internationale à ce blog hautement chronophage !
    Et Bonne année à toutes et à tous 🙂

  25. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Pour reprendre l’aphorisme du Prince des philosophes, c’est un peu court d’opposer un laisser-faire total à une administration centralisée.

    Il y a bien d’autres possibilités intermédiaires ou de dépassement.

    Oui, il est nécessaire de préserver la liberté de chacun des individus, à condition qu’il ne remette pas en question la liberté des autres.

    Oui, il est nécessaire de maîtriser l’économie politique pour éviter qu’elle nous maîtrise et nous fasse perdre toute liberté (situation qui est la nôtre aujourd’hui : nous ne savons pas où nous allons, mais nous sommes sûrs d’y aller).

    Le financement public des projets librement proposés par les individus doit s’inscrire dans un plan incitatif qui fixe les priorités que démocratiquement une collectivité se donne.

    La maîtrise de l’économie politique (« l’économie » est une abstraction vide de sens) suppose un contrôle a posteriori des résultats des décisions d’investissement et des réalisations par rapport aux objectifs.

    Chaque échelon territorial doit avoir son plan indicatif et son système de contrôle a posteriori. Et être maître de la gestion démocratique de son financement : sources, utilisation, résultats.

    Ainsi, il est possible d’envisager autre chose que l’anarchie prédatrice du laisser-faire et l’autoritarisme de la bureaucratie centralisée. Aujourd’hui nous avons les deux en même temps : chaque acteur fait ce qu’il veut en fonction de ses intérêts immédiats et l’ensemble est sous le contrôle d’un petit nombre (de plus en plus petit) d’acteurs (multinationales, banques mondiales, états possédant des ressources particulières et/ou la puissance militaire…).

    Remarque : Revente par l’état d’une entreprise ou d’une banque après renflouement public est le mécanisme central utilisé par le capitalisme depuis deux siècles, nous voyons qu’à chaque crise cyclique de celui-ci les sommes en jeu sont de plus en plus grandes. Il semble bien que cette fois elles atteignent quasiment le monde entier… et si on continue dans la même logique, on peut être sûrs que la prochaine fois il ne restera rien après la crise financière, économique, écologique, sociale, politique et anthropologique. Dix, douze ans ? devant nous ???

  26. Avatar de A.
    A.

    @Stilgar

    Et sur quels critères les banques centrales décideront-elles dela quantité de monnaie à mettre en circulation ?

    @ tout le monde

    La main invisible du marché est morte. Nos élites ont cru à ce mythe que des scientifiques ont relayé. Nous nous apercevons du caractère mythique de ces récits. La question que je me pose maintenant est la suivante : qu’est-ce que la science en quelles sont les paroles, qui se prétendent scientifiques, qui peuvent être prises pour vraies ? Bref, je traverse une crise métaphysique et je me demande si nos experts ne sont pas in fine, des sorciers.
    Ce que j’écris me fait rire mais c’est une interrogation sincère et sérieuse.

  27. Avatar de Lolo

    « « L’Etat c’est nous » a succédé à « l’Etat c’est moi » »

    Je ne vois pas ce qui vous fait dire cela. L’État n’a jamais été que la somme de ce que nous avons abandonné en terme de vie collective. Que l’État soit une chose extérieure à nous, sur laquelle nous n’avons aucun poids et surtout à présent à laquelle nous n’avons rien à opposer, est une réalité tangible qui peut être ressentie par n’importe qui d’entre nous au quotidien.

    Il serait ainsi bien illusoire de vouloir opposer l’État aux banques privées. Les deux sont des entités qui échappent à notre contrôle, pas seulement à cause de leur fonctionnement intrinsèque, mais parce que nous l’avons voulu et continuons de le vouloir. La division du travail (on peut même parler de parcellisation) n’est pas étrangère à ce phénomène, tout comme notre vision du monde qui la motive.

  28. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    A. dit :
    23 janvier 2009 à 12:43

    @ tout le monde

    «  »Bref, je traverse une crise métaphysique et je me demande si nos experts ne sont pas in fine, des sorciers.
    Ce que j’écris me fait rire mais c’est une interrogation sincère et sérieuse. » »

    Mais alors, pourquoi les machines fonctionnenent-elles? Il faut se fier à ce qui fonctionne pour un usage de service et connaître le plus possible où en sont les – limites -.

    Ce sont ces « oublis » qui font divaguer un certain nombre qui, hélas, ont de l’audience (!!). Outre des scientifiques, nombres d’économistes et de financiers sont dans ce lot.

  29. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Tous les commentaires convergent vers le fait que l’on va bien vers des nationalisations étendues, car il n’y a pas autre chose à faire. Sauf pour Gérard qui fait un distinguo qui m’échappe. Aucun d’entre vous, ou presque, ne se fait d’illusion sur le fait que ce sont les contribuables qui payeront à l’arrivée. Sauf Leduc qui évoque un « partage des dettes », sans en clarifier le mécanisme, qui serait incontestablement le bienvenu . Je rajouterai que l’inflation touche aussi, et beaucoup, les non imposables et que les « tax payers » ne seront pas les seuls sollicités.

    Loïc Abadie évoque une possible faillite des Etats, il est sans doute préférable de s’en tenir à ce que certains puissent faire défaut et soient secourus (FMI, etc…). Dans sa respectable croisade contre le « keynesianisme », dont l’application serait à la source de cette faillite, il s’interroge sur ses conséquences.

    Il me paraît plus probable, à l’éventualité d’une réduction drastique des revenus des ménages résultant de la reconstitution d’une épargne (forcée ?), que nous reviendrons à la bonne vieille «économie de la dette ». Avec d’un côté le risque d’une récession provenant d’une diminution de la consommation (70% de la croissance américaine), de l’autre les nouveaux délices de la fuite en avant. C’est comme si le choix était déjà fait. A. le souligne à juste titre, me semble-t-il.

    Nationaliser la monnaie ? Pour aborder le sujet lancé par Stiglar, je dirais honnêtement que je ne suis familier qu’avec la nationalisation du crédit et que celle des banques, même provisoire, est en tout cas un bon début.

    Que va–t-il sortir de cette crise, demande Leduc ? Une augmentation des prélèvements pesant sur la croissance ? Il me semble probable que quatre phénomènes vont se conjuguer : la poursuite de l’accroissement des inégalités dans la répartition des revenus, la relance du crédit pour la contrebalancer, des prélévements relativement alourdis dans les budgets des ménages, en raison de l’inflation, et de nouvelles aides sociales plus ou moins parcimonieuses, pour faire matelas. Ceux qui utilisent cexpression n’ont jamais dormi par terre.

    Comment collectivement prendre en main notre propre sort ? Il serait certainement intéressant que ce débat puisse se poursuivre d’une manière ou d’une autre, vu les contributions qu’il suscite. Pour ma part, je suis tenté de rechercher dans nos sociétés les indices d’une alternative à ce qui nous régit actuellement, supposant qu’elle s’y trouve en gestation, ce qui ne signifie pas que son avènement soit réglé comme du papier à musique. Mais à chacun sa démarche. Que le capitalisme soit le « mode de production » ultime de l’histoire des sociétés humaines serait tout de même contraire à tout ce que nous pouvons observer en en remontant le temps.

  30. Avatar de Omar Yagoubi
    Omar Yagoubi

    Le très beau mot commençant par S, comme SERVICE PUBLIQUE, fruit de la lutte de nos aînés après- guerre! Moraliser ce système??? Quelle morale, la votre, la mienne? Encore un mirage que l’on veut nous faire avaler cette « moralisation ». Non, je ne vois qu’une chose à faire en attendant mieux: Définir le périmètre des besoins vitaux d’un peuple, Energie, Nourriture et Logement, Education, Santé Publique, exclusivement gérés par l’Etat, c’est à dire nous. Le reste, et c’est beaucoup, pour le privé et son cortège de profits et de satisfactions à la petite semaine.
    C’est simple, et en plus j’aurais plaisir à payer mes impôts. L’hérédité on y croit jusqu’au moment où nos enfants font des conneries, la concurrence c’est pareil.

  31. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @François Leclerc

    Si on nationalise la monnaie et la création monétaire, justement, je ne pense pas qu’il soit le moins du monde utile de nationaliser les banques (c-à-d d’y mettre de la monnaie « collective », celle des impôts ou des dettes, pour que les banquiers refassent bientôt les mêmes « c….ies ») … laissons les banques vivre avec leurs actionnaires privés: elles ne pourront plus créer de monnaie donc leurs éventuelles pertes se retrouveront en gains quelque part.
    Mais nationaliser la monnaie, c’est bien nationaliser le crédit, puisque la monnaie C’EST du crédit.

  32. Avatar de Loïc Abadie

    @François Leclerc
    « Tous les commentaires convergent vers le fait que l’on va bien vers des nationalisations étendues, car il n’y a pas autre chose à faire.  »

    « car il n’y a pas autre chose à faire. »

    Certainement pas pour moi, qui suis totalement opposé à cette voie suicidaire et sans issue. Les états n’en ont de toutes façons pas les moyens. Mais malheureusement il y a effectivement de grandes chances qu’ils essaient pendant quelques temps avant de devoir jeter l’éponge ou de faire faillite.

    « Loïc Abadie évoque une possible faillite des Etats, il est sans doute préférable de s’en tenir à ce que certains puissent faire défaut et soient secourus (FMI, etc…) »

    La question n’est pas de savoir ce qui est « préférable », mais de savoir ce qui va se passer dans le monde réel. Croire que le FMI ou tout autre gadget international puisse être d’un quelconque secours dans la situation actuelle relève à mon avis d’un optimisme disons…étonnant.
    Evidemment tout le monde aimerait que tout redevienne comme avant, mais ça n’arrivera pas !
    Le FMI pèse 338 milliards de $. A peine de quoi couvrir 1 mois de fuite en avant dans la dette aux USA, ou 1 mois 1/2 sur l’eurozone. Inutile de dire qu’en cas de problème de solvabilité de l’état US (ou même d’un état moyen comme l’Angleterre ou la France), le FMI servira juste à pondre de jolis discours (avant de disparaître à son tour, les états qui le financaient n’ayant plus les moyens d’assurer son existence).

    « Il me paraît plus probable, à l’éventualité d’une réduction drastique des revenus des ménages résultant de la reconstitution d’une épargne (forcée ?), que nous reviendrons à la bonne vieille «économie de la dette ». Avec d’un côté le risque d’une récession provenant d’une diminution de la consommation (70% de la croissance américaine), de l’autre les nouveaux délices de la fuite en avant. C’est comme si le choix était déjà fait. A. le souligne à juste titre, me semble-t-il. »

    Le choix est déjà fait, je suis malheureusement d’accord avec vous sur ce point…les dirigeants essaieront d’y revenir (à l’économie de dette), et ils s’y emploient d’ailleurs déjà avec beaucoup d’énergie depuis plus d’un an. Seul petit problème : ils n’y arrivent pas, malgré les « taux zéro », les « plans bushpaulsonobamasarkozy », les « quantitative easing », les « nationalisations de sauvetage », les subventions diverses et autres inventions keynésiennes qui défilent depuis la fin 2007. Et les échecs continueront de s’enchaîner les uns après les autres.
    Parce qu’il n’y a plus de volonté et de capacité des ménages à augmenter leur endettement, et que la psychologie des foules s’est violemment retournée, pour longtemps…Et en matière de psychologie des foules, plus le balancier a été poussé vers un extrême (euphorie et perte de conscience totale), plus il aura de force pour repartir vers l’extrême opposé (peur, refus de consommation, comportements de protection basés sur l’épargne).
    Pour moi, l’économie droguée à la dette est bien en train de mourir, et ce pour un bon bout de temps, et les états ne parviendront pas à enrayer ce 4ème hiver de Kondratieff.
    Donnons nous donc rendez-vous dans deux ans pour faire un petit « bilan intermédiaire » sur l’efficacité de ces plans.

  33. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    A. dit 23 janvier 2009 à 12:43
    @Stilgar
    Et sur quels critères les banques centrales décideront-elles de la quantité de monnaie à mettre en circulation ?

    … et sur quels critères les banques commerciales décident t’elles actuellement de la monnaie à mettre en circulation? La réponse tiens en un mot  » la demande » (ménages, entreprises, Etat..;
    Si toute la monnaie doit être nationalisée, la demande restera la même . Néanmoins la banque Centrale disposera de 2 leviers pour réguler l’économie : la quantité de monnaie et le véritable taux d’intérêt (qu’elle pourrait d’ailleurs adapter à l’utilisation des prêts ), alors qu’actuellement elle ne dispose d’aucun des deux, puisque ce sont les banques commerciales qui sont à l’origine de 93% de la monnaie, et que le taux décidé par les banques centrales – les taux de refinancement – n’ont un effet que sur 17 à 20% du total de la monnaie, la monnaie centrale dont ont besoin les banques commerciales .

  34. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Stiglar et Loïc Abadie

    Excusez-moi d’avoir à tort enregistré du mauvais côté votre avis sur la nationalisation des banques. Vous avez, à juste raison, rétabli les choses.

    Qui peut le plus, peut le moins, Stiglar. La nationalisation de la monnaie supprime de facto la nécessité d’effectuer celle du crédit, et celle des banques. Je vous en donne volontiers acte et vais potasser Maurice Allais.

    Quant aux résultats des plans actuels, je ne peux que constater avec vous, Loïc Abadie, je l’ai même écris pour ceux qui sont en cours, ils ne sont pas garantis. Mais le binome bad bank plus nationalisation provisoire est quand même un remède de cheval. La question est de savoir s’il va ou non être mis en pratique.

    Mais, à ma connaissance, le très respectable Kondratieff, auquel vous faîtes appel, était étranger au maniement du concept de « psychologie des foules ».

  35. Avatar de alexis
    alexis

    @ François 78 : bonnes remarques !
    Dans mon coin, je pense aussi que la crise est peut-être et avant tout même « énergétique » . Nous n’avons pas atteint officiellement le Peak Oil, mais à regarder de près les courbes des derniers tableaux de l’AIE (2008), la production de brut conventionnel des champs pétroliers classiques à « piqué » en 2007, le différentiel est produit à la marge par du non conventionnel (plus cher et de moins bonne qualité) et par du conventionnel « à découvrir »… belle formule d’autant que ni la qualité, ni les quantités et encore moins les coûts ne sont assurés.
    Télécharger sur le site de l’AIE le rapport à destination de la presse, et se pencher sur la page 6 particulièrement :
    http://www.iea.org/Textbase/speech/2008/Birol_WEO2008_PressConf.pdf
    La courbe bleue foncée est très parlante. On peut se poser des questions sur le tracé des courbes au delà de 2008…

    Dans de telles conditions énergétiques on peut se poser des questions sur la viabilité d’une « relance » et d’une « croissance » à venir.

  36. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    Suite au commentaire de François 78
    et de la réponse de A. qui dit :

    23 janvier 2009 à 10:23
    @François 78
    Je partage votre avis et il est dommage que ce blog ne se concentre que sur l’aspect économique.

    Et au commentaire ci dessus de alexis …….

    Peut on (sur ce blog comme ailleurs) continuer à « raisonner sectoriel » ? :

    ……« Les coûts d’un plan d’économie et de remplacement total de l’énergie seraient astronomiques, et son rythme improbable. Pourtant, les gouvernements des nations développées ont déjà mis en place un plan similaire, mais ayant un autre objectif. Une enquête réalisée par la chaîne de Télévision NBC a estimé que le gouvernement fédéral des Etats-Unis avait déjà dépensé 4 200 milliards de dollars pour répondre à la crise financière, soit plus que les dépenses totales pour la Seconde Guerre Mondiale en tenant compte de l’inflation (12). Est-ce que nous voulons rester dans l’histoire comme la génération qui sauva les banques mais laissa la biosphère s’effondrer ? »….

    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2376

    Sommes nous bien tous ici sur la même longueur d’onde concernant cette « crise » , le diagnostic et par quel bout prendre tout ça ?

  37. Avatar de bob
    bob

    Penser que les capitaux accumulés depuis 40 ans à travers les fonds de pensions ainsi que l’investissement des Etats modernes et des enterprises privés dans des infrastructures et dans l’intelligence humaine ne soient pas suffisants pour traverser cette crise est vraiment assez infantilisant.

    Certains évoquent une situation apocalyptique dans les pays les plus développés, mais le capitalisme a toujours évolué cycliquement sur des périodes de destruction de capital.
    C’est en ce moment que la machine US réajuste logiquement les capitaux sur de l’investissement productif.
    Quels progrès technologiques depuis 40 ans?
    – informatique et TIC
    – construction
    – santé
    – biotech
    – agro-alimentaire (rendement à l’hectare)
    Comment imaginer que tous ceci soit un mirage?

    Même si il n’y avait plus un dollars en circulation (ce qui est bien évidemment faux) la sommes de connaissance et de progrès humains (sciences, santé, immeubles…) accumulés depuis tant d’années réduit à zéro le risque de faillite des Etats développés.

    C’est ça la force du capitalisme: la destruction cyclique du capital, pour mieux rebondir.

    C’est sur que les rendements à 15% c’est terminé, c’est du 3% maintenant comme la croissance du PIB (et des salaires) et ce pour de nombreuses années.

    Tu verras Loic tous va bien se passer (sauf pour quelque Madoff et Kerviel)

  38. Avatar de Loïc Abadie

    Le problème vient pour moi d’une incompréhension de la nature de la crise en cours (que j’ai évoquée à de nombreuses reprises dans mon blog).
    – Ce n’est pas une crise des « subprimes ».
    – Ce n’est pas une crise des banques.
    – Ce n’est pas une crise de la dérèglementation.
    – Ce n’est pas une crise de la « spéculation ».
    Le problème est bien plus global, c’est une crise du crédit au sens large, plus précisément la plus grande crise du crédit au sens large de l’histoire.

    Les dirigeants politiques adorent entendre des conseillers leur produire des discours sur le thème des banques, de la dérèglementation et de la spéculation : Ces discours renvoient en effet à des solutions toutes simples.

    – Le politique de gauche se dira « je vais faire payer le méchant spéculateur, nationaliser les méchants banquiers, faire quelques plans de relance et l’économie repartira comme avant ».

    – Le politique de droite, malheureusement converti au keynésianisme depuis plusieurs décennies, se dira « je vais revoir la réglementation des marchés, faire une bad bank pour aider nos gentils banquiers à faire des crédits comme avant, faire quelques plans de relance, et l’économie repartira comme avant. »

    Dans le cas d’une crise du crédit au sens large, la réalité est beaucoup moins drôle à entendre (c’est pour cela que presque personne ne veut l’entendre). Comment faire pour maintenir en vie un système où les agents augmentaient leur endettement de 10% et plus chaque année pendant que leurs revenus n’augmentaient que de 2 ou 3%, une fois que ces agents ont touché les limites de leurs possibilités et ne sont plus capables (et n’ont plus envie par manque de confiance) de poursuivre le schéma de Ponzi précédent, qui s’était perpétué pendant 10, 20 ans ou plus selon les pays concernés ?
    La réponse n’est plus du tout évidente. Exécuter un bouc émissaire (le « spéculateur », le « banquier », la « dérèglementation ») ne sert plus à grand chose et ne permet plus de revenir à l’état précédent…imprimer des morceaux de papier où il est écrit « 1$ » ou « 10$ » n’augmente pas non plus la richesse d’un pays.
    Il faut accepter de remettre en cause le modèle précédent, de se limiter à accompagner la crise pour qu’elle joue son rôle indispensable de « redistribution des cartes », d’évolution de la nature des emplois, de la nature des biens produits et des services en réponse à une demande qui a changé, d’évolution naturelle des structures sociales, en aidant simplement les plus démunis (et pas ceux qui ont fait les bêtises ou les entreprises qui sont incapables de s’adapter à la nouvelle donne) à tenir le choc pendant la tempête.
    Parce que cette tempête aura lieu de toutes façons vu la fuite en avant pratiquée au cours des dernières décennies.

    Et ensuite, ne pas oublier, après la crise, de mettre en place un système monétaire ne permettant plus la fuite en avant dans le crédit. Ce qui suppose la remise en cause du système de réserve fractionnaire, au moins dans sa forme actuelle.

  39. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Pas souvent d’accord avec Loïc Abadie, cette fois, je le suis sur son analyse de la maladie…

    Donc (et là nos avis divergent certainement sur les remèdes), plus de réserve fractionnaire, les banques n’ont plus le droit de créer de la monnaie (de crédit) et ne peuvent donc (comme les actuels établissements financiers) que jouer un rôle « d’intermédiation » en trouvant les capitaux soit d’épargne préalable, soit de financement auprès d’une banque centrale seule émettrice de monnaie.

  40. Avatar de Philémon
    Philémon

    Messieurs les experts , vous aurez beau faire toutes les théories que vous voudrez , tant que les paradis fiscaux et la spéculation sur les marchés secondaires pour les opérations à terme ne seront pas complètement et définitivement supprimés , la volonté de s’en sortir et de guérir sera en réalité absente . Comme si rien ne s’était passé , les mêmes prennent les mêmes et recommencent à adorer le veau d’or en lui offrant simplement davantage de plus petits et de plus faibles en sacrifice .

  41. Avatar de alexis
    alexis

    @ Di Girolamo : je ne crois pas en effet que nous soyons tous sur la même longueur d’onde… ll y a des spécialistes qui donnent des réponses de spécialistes et on ne peut les en blâmer et les dilettantes de mon espèce, spécialistes de rien du tout, curieux, paranoïaques, catastrophistes, voire carrément eschatologistes convaincus, dubitatifs dans tous les cas de figure quant aux explications données de ci de là et surtout avides de comprendre.

    Les clampins de mon acabit glanent des infos sur de nombreux sites, en français et en anglais et essayent, si ce n’est de tirer des conclusion, du moins de questionner ceux qui, a priori, sont sensés en savoir plus qu’eux.

    Au vu de mes lectures et vagabondages virtuels, j’ai la prétention de supposer les deux conclusions suivantes :
    1- LA crise est une crise énergétique et de ressources « naturelles », parce que : notre fameuse croissance se heurte à un mur physique, l’impossibilité d’une croissance d’extraction/production/consommation/gaspillage infinie, dans un monde bêtement fini. Certes il en reste, mais la croissance n’est plus possible et à terme, il ne restera plus rien !
    2- Au risque d’être cynique, notre système libéral (ou ultra libéral, kapitaliste ou you name it) par la crise et la chute connexe de la consommation de nos ressources non renouvelables, a) prolonge pour quelques temps nos réserves et b) devrait peut-être permettre de faire baisser drastiquement nos émissions de GES, évitant de justesse les catastrophes climatiques à venir.

    J’ai même l’outrecuidance sur ce blog d’aller plus loin.
    Il serait donc judicieux de taxer fortement (et de manière croissante, 20% par an par ex) ces ressources naturelles (fossiles et minérales) qui, croissance ou pas viendront à manquer demain ou après demain nolens volens. Redistribuer la dite taxe à la manière de James Hansen (ie à part égale pour tous les citoyens, cf sa lettre aux époux Obama) ou, via l’Etat dans la recherche, les économies… Et par ailleurs… Laisser faire, laisser couler l’automobile, l’aviation, les constructeurs d’autoroutes et d’aéroports, les banques, les assureurs et j’en passe. Finies les aides, les subventions, les baisses d’impôts et tuttiquanti… on appelle ça le libéralisme je crois.
    On pourrait même pousser le vice jusqu’à cesser de taxer le travail et taxer fortement encore le capital et autres spéculations. Et c’est tout.
    Quand un mur est pourri on ne s’amuse pas à consolider, à bricoler dans les coins, à refaire les enduits et les peintures… On casse tout et on reconstruit. Nous en sommes là.

    La solution est simplissime, libérale en bien des points et interventionniste à minima : la taxe.

  42. Avatar de bob
    bob

    Ca n’est pas parce que les capitaux ont utilisés les effets levier via l’endettement qu’il n’y a plus de capitaux.
    Ceux qui l’ont fait vont perdre plus que ceux qui ne l’ont pas fait, c’est tout.
    Mais il s’agit toujours d’une destruction cyclique du capital importante mais habituelle.
    Dans ces condition il parait judicieux de réglementer un peu plus ce genre d’activité.
    La régulation des Etats s’impose donc logiquement y compris par l’émission des Emprunt d’Etat qui permet aux Nations de reprendre la main sur les investissements.
    Car les emprunts d’Etat ne sont rien d’autre qu’une captation de capitaux par les Nations qui souhaitent les placer à meilleur compte.
    Si certains veulent continuer à investir sur des bulles spéculatives, c’est leur problème, mais actuellement j’imagine que c’est discrètement risqué pour encore un certain temps. Car on ne sait jamais jusqu’où les Nations (et les politiciens) souhaiteront reprendre la main dans le jeu économique.
    Mais vu le discours d’Obama, de Sarkozy, de Merkel et de Strauss Kahn, si j’étais spéculateur professionnel compulsif, je naviguerais très prudemment.

    La démocratie serait elle donc plus puissante qu’elle ne le pensait?
    pt’être ben que oui, pt’être ben que non.

  43. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ A.

    Ne t’inquiètes pas, il n’y a que des théories vérifiables et/ou falsifiables. La ‘V’érité n’est que la VALEUR (1, pour rappel) accordée à une proposition (2) … mythique ? scientifique ? poétique ? et alors?
    1- la valeur, mieux la fonction de valorisation n’est qu’une fonction naturelle, il n’y a donc pas de quoi s’exciter la dessus;
    2 – qu’est-ce qu’on peut bien faire d’une proposition isolée d’une théorie? Rien, autant jouer du piano ou faire du vélo.
    3 – les théories sont toutes un jour ou l’autre revisitées et remplacées par d’autres encore plus difficilement falsifiables.

    Allez, va faire un petit tour sur la référence que j’ai donnée au-dessus, et je te garantis que tu vas t’autoguérir sans médicament, ni … sorcier, de cette crise de foi(e) passagère.

  44. Avatar de A.
    A.

    Loïc s’obstine, en dépit de son analyse pertinente lors du message précédent, à ne pas admettre que, ce qu’il appelle la fuite en avant des Etats (les milliards injectés), est la seule façon de ne pas sombrer dans la déflation à la sauce japonaise.

  45. Avatar de Moi
    Moi

    @A. : je crois que la déflation ne le gênerait pas.

  46. Avatar de Loïc Abadie

    @Stilgar : Nous sommes globalement aussi d’accord sur les remèdes, en tout cas au moins sur ce point : banquiers jouant un simple rôle d’intermédiation dans un système à réserve pleine, basé sur un étalon qui interdise à l’état et aux autres agents économiques toute nouvelle possibilité de fuite en avant (la banque centrale n’est plus nécessaire dans ce contexte, elles sont d’ailleurs plus des éléments qui dérèglent le système qu’autre chose). Simplement, comme je suis prudent, je pense qu’il faudrait que le passage à ce système soit progressif.

    @A : la déflation est pour moi un mal nécessaire (la destruction des dettes en excès se faisant en partie par des séries de faillites qui réorganisent le système et en partie par les remboursements des acteurs restant solvables). Mais l’alternative qui serait la conséquence de la poursuite des politique keynésiennes actuelles (cessation de paiement des états / hyperinflation) reviendrait au final au même, en plus violent (les états n’ayant alors même plus, ou quasiment plus les moyens d’accompagner la crise , les désordres sociaux encore plus importants, avec une perte de confiance des ménages au final encore plus forte).

    Sur le Japon, ils ont déjà tenté tout ce que font les US et l’Europe en ce moment : taux 0, relances multiples, quantitative easing, sauvetages des banques et forte hausse de l’endettement public. Sans grand résultat.
    Il n’y a pas eu (pour le moment) de catastrophe là-bas parce que leur crise du crédit était moins étendue, et a eu lieu à une époque ou le reste du monde était en forte croissance, ce qui a permis au Japon de limiter la casse (il a pu compter sur ses exportations pour compenser un marché intérieur affaibli).
    aujourd’hui il n’y aura plus cette bouée de secours, quasiment tous les pays développés lâchent simultanément et de façon massive, avec un effondrement des exportations comme conséquence : -43% à Taiwan, -30% attendus en Corée en Janvier (exportations vers la Chine à -35%), -27% pour le Japon. Ce sont des mouvements vraiment énormes, qui excluent à mon avis toute possibilité de crise « douce » à la japonaise.

  47. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Loïc Abadie

    Pas d’accord avec votre analyse sur le Japon… 4% de chômage pour un pays vieillissant, une PNB/hab de 36000 $, 2° PNB mondial, ce n’est pas si mal que ça…

    Mais je préfère débattre sur nos « remèdes » (alors que nous sommes très opposés au niveau de la position politique): A l’idée d’une réserve pleine je préfère celle d’une « collectivisation/nationalisation  » de la monnaie … et n’est ce pas en fait la même chose.

    Maintenant vous proposez deux choses : un étalon, la suppression de la BC (« E » dans notre cas). J’aimerais que vous expliquiez votre idée plus avant avant afin d’éviter de débattre sans mieux connaitre votre position.
    Quel étalon ?
    Qui décide des taux d’intérêts, mais surtout qui décide des variations possibles de la masse monétaire, puisque dans votre suggestion je comprends que la masse monétaire reste fixe et que seule l’augmentation de la vitesse de rotation de la monnaie permet le financement d’une augmentation de la quantité de crédits…
    Et puis, « quid » du paiement des intérêts (puisque, à ce jour, l’augmentation de la masse des crédits et/ou de la base monétaire est le seul moyen de satisfaire globalement cet « impôt » privé qui revient aux banques sur l’augmentation de la quantité de monnaie scripturale)?

  48. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    @ Alexis

    Le problème n’est pas : des spécialistes d’un côté et des non spécialistes de l’autre ( mes commentaires montrent bien que je me situe là) et une espèce de culpabilité entre des « qui savent » et des andouilles qui feraient mieux de rester à la maison.

    Ce problème est à regarder en fonction :

    – de la définition qu’on donne au problème (disons « la crise »)
    – de la méthodologie qu’on choisit pour le traiter (dans un premier temps mieux comprendre et mettre nos pendules à l’heure)

    Là je dirai qu’il y a un choix à faire concernant ce blog , ce qui renvoit à Paul Jorion et aux autres participants ; pour ma part je suis tout à fait prêt « à débarasser le plancher » si le choix est de cantonner strictement ce blog à un débat de spécialistes sur les secteurs économique et financier en cherchant des solutions techniques. Apparement ce n’est pas pour l’instant le cas , mais il existe un décalage profond entre les commentateurs.

    Mon point de vue , celui que je défends et que je soumets donc à débat est que « la crise » n’est pas sectorielle mais systémique (et pas systémique/économique)et que pour la traiter il nous faut « inventer  » des outils et méthodes adaptées; méthodes et outils globaux ; ce choix demandent aux spécialistes un énorme effort d’humilité puisqu’ils doivent remettre en question ce qu’ils ont appris et l’utiliser autrement dans un nouveau cadre.

    Le plus probable , c’est que cette question pourtant esentielle ne soit pas abordée frontalement et qu’on laisse aller au fil de l’eau…..Comme on le fait d’ailleurs pour la société qui vous l’avez sans doute remarqué a un fonctionnement sectoriel ;de là à dire que c’est un élément essentiel du problème (l’absence d’outil politique public global), il n’y a un qu’un pas que je franchis.

  49. Avatar de Michel Houdan
    Michel Houdan

    Je lis les blogs excellents de Paul et de Loïc Abadie et j’entrevois assez bien ce que sera la déflation, restriction chômage. C’est moins probable mais si c’est l’inflation qui adviendra, à partir de quel taux d’inflation l’économie occidentale se bloquera totalement dans un immense chaos. Car enfin une forte inflation c’est comme qui dirait qu’il n’y a plus d’argent, qu’on ne peut plus rien acheter, que notre travail est payé avec de la monnaie de singe. Oui ou non , si on a beaucoup d’inflation, verrons nous un écroulement général. C’est cela que Loïc veut dire, je crois; mais j’aimerai avoir un développement sur ce sinistre scénario.

  50. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    @ Loïc Abadie dit :
    24 janvier 2009 à 04:25

    @Stilgar dit :
    24 janvier 2009 à 08:31

    Votre débat a l’heur d’être clair, et je partage certaines des options des deux « camps », disons 1/4 Loïc et 3/4 Stilgar. D’accord donc avec Loïc Abadie en particulier pour le taux de couverture monétaire à 100% (réserves pleines des banques), mais je m’en démarque au moment celui-ci dit qu’il n’y a plus besoin de la BC. Car si la couverture monétaire était de 100%-monnaie, les banques ne devraient donc prêter que l’argent de leurs déposants, point. La masse monétaire ne subirait aucune incidence des prêts effectués en son sein. Mais alors, à quel titre créeraient-elles donc de la monnaie? Elles ne devraient donc pas en créer puisque les banques fonctionneraient à réserves pleines. La création monétaire devant seulement être créée et émise (et, partant, détruite) par, disons, un Institut national ou plurinational d’émission (destruction) monétaire (alias BC); on peut appeler cet Institut d’émission comme on veut, et il fonctionnerait obligatoirement sous compétences bancaires. De cette façon, la création monétaire par un « Institut à part » serait la clé parfaite pour les dépenses publiques et, disons ainsi pour faire court, financer à intérêts 0% les investissements et dépenses publiques (avec des frais minimes, par ex. voir le WIR suisse). Soit dit en passant, ceci signifierait que le sytème fiscal, particulièrement nocif, n’aurait plus sa raison d’être actuelle. Ainsi l’État maigrirait pour le bien de tous de plus ou moins 50%, sans perte d’efficacité, soit: moins d’État, mais mieux d’État. Car: moins d’État mais mieux d’État est une formule qui a été rabâchée ad nauseam sans jamais aucun effet dans l’état actuel des choses! L’Institut d’émission monétaire serait le principal organisme garantissant la monnaie, monnaie étant vraiment le reflet des actifs d’un pays ou d’un groupe de pays et non plus le magot jalousement gardée par les chiourmes des Al Capones de service.

    Je crois que ce débat est bien fourni par – 3 interventions – de fin décembre 2008 du professeur Werrebrouck sur Contreinfo. Extrait et lien ci-dessous permettant d’aller à ces 3 inteventions:

    «  »Les keynésiens et socio-démocrates ont sans doute raison d’affirmer que les années 80 furent celles de la dérèglementation (la destruction des « fire wall » financiers) et donc celles de l’ouverture de la boîte. Mais les ultralibéraux peuvent en retour affirmer que ce sont les injonctions fédérales américaines (l’interventionnisme étatique) qui sont responsables du drame des subprimes. C’est dire que le débat n’est toujours pas clos et si certains voient la crise comme la sanction de l’ultralibéralisme, d’autres continuent de penser que le problème n’est pas le marché qui ne saurait se tromper mais l’Etat aveugle, soumis aux groupes de pression, qui a exigé des banques des prêts immobiliers au profit de personnes notoirement insolvables.
    Toutefois le débat sur les « fire wall » est très insuffisant car il néglige le fait que l’économie d’endettement aux USA s’est inscrite dans un contexte d’épargne proche de Zéro, ce qui est un phénomène relativement rare.

    Les historiens de l’économie auront un jour à démêler l’écheveau des liens et de leurs causes qui vont jeter un pont entre la finance et le déséquilibre des comptes courants des USA, notamment vis-à-vis de la Chine. Pour des raisons insuffisamment élucidées le mode de coopération entre la Chine et les USA a abouti à un mercantilisme agressif côté chinois compensé par un transfert d’épargne rendant soutenable un déficit public abyssal côté américain. C’est un couple étrange que forment la Chine et l’Amérique, joliment désigné « Chimérique » par notre collègue américain Niall Ferguson. » »

    L’intervention de Werrebrouck est en trois parties dont voici un lien

    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2485

  51. Avatar de Alexis
    Alexis

    Merci Di Girolamo, mais je crois que je vais me contenter maintenant de lire se blog en dilettante que je suis et ne plus intervenir pour poser mes questions naïves et bassement matérialistes du genre « Le capitalisme peut-il fonctionner avec des énergies fossiles et des matières premières en déplétion (décroissance) ? ». Mon intervention précédente était provocatrice, je n’ai pas la prétention de poser LES bonnes questions et encore moins d’apporter LES bonnes réponses, mais vous êtes le seul à y répondre.

    J’ai tout de même le sentiment que ces chers financiers se regardent essentiellement le nombril sans voir les origines et conséquences matérielles de leurs activités et théories. On se doutait depuis longtemps que les conséquences sociales et humaines n’étaient pas leur soucis, et je n’ai même pas abordé le problème…

    Quand on se pose des questions de nombril, on trouve des réponses de nombril. Le contexte, les liens de cause à effets, les conséquences… rien à secouer ! On ne les changera pas !

    PS. Je ne pense pas qu’il en aille différemment du côté des « travailleurs », mais quand il faut bouffer jusqu’à la fin du mois et payer les traites d’une baraque, de sa foutu bagnole et autres objets de consommation nécessaires ou superflus, la question est un peu plus pointue. N’est-ce pas ?

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