Qu’est-ce qui aura changé quand on aura sauvé les banques ?

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Diverses méthodes sont aujourd’hui expérimentées pour tenter de sauver le secteur bancaire dont on avait imaginé que les difficultés apparues à l’été 2007 étaient une question de liquidité : les acheteurs devenus frileux manquaient simplement à l’appel. Or ceux qui se trouvaient dans le secret des dieux savaient déjà six mois auparavant qu’il ne s’agissait pas de liquidité mais de solvabilité : les acheteurs n’étaient pas frileux par caprice mais par calcul : parce que les produits en question, ABS (Asset–Backed Securities) et CDO (Collateralized–Debt Obligations) remplies de petites ABS étaient trop dépréciés pour justifier une offre, quel qu’en soit le prix. Quand il se confirma qu’il n’y avait plus d’acheteurs, ceux qui possédaient ces produits en portefeuille firent leurs comptes et l’on constata alors que dans un bel ensemble ils se trouvaient en-dessous de la ligne de flottaison : sous le niveau de réserves déterminé par le ratio de solvabilité défini pour les établissements bancaires par les régulateurs.

Deux solutions s’offraient pour venir en aide aux banques, la première étant que les autorités se substituent au marché défaillant en se portant acheteuses de ces produits à un prix d’« après-crise », au sein d’une banque d’agrégation ou « mauvaise banque », mettant effectivement ces produits toxiques en quarantaine, et offrant ainsi une valorisation à des produits qui, faute d’acheteurs, sont aujourd’hui sans prix. La deuxième solution étant que l’on ne fasse pas un cas particulier de ces instruments de dette dépréciés et que l’on se contente de recapitaliser ces banques, c’est–à–dire qu’on leur fournisse les fonds qui leur permettront de respecter à nouveau leur ratio de solvabilité. Une alternative à cette formule consiste pour le gouvernement à prendre une participation majoritaire dans ces banques, leur apportant ainsi la garantie effective de l’État, et à baisser le ratio de solvabilité exigé, par exemple de 8 % à 5 ou 6 %, comme viennent de le faire les Anglais. L’étape ultime dans cette voie serait cela va sans dire celle de la nationalisation pure et simple – dont je disais il y a un an déjà que même les Américains s’y résoudraient peut–être un jour.

Comme on s’en souvient, Mr. Paulson, ci-devant ministre des finances américain, entama une valse-hésitation très remarquée entre les deux approches, la raison en étant évidente car, comme le rappelait ici-même il y a quelques jours François Leclerc : soit le prix offert est suffisamment élevé pour satisfaire les banques et le contribuable y perd sa chemise, soit il est suffisamment bas pour que le contribuable puisse un jour s’y retrouver et le banquier n’a rien à y gagner.

Le système bancaire, assumant les fonctions qu’il exerce aujourd’hui serait sauvé. Mais cela suffirait-il à sauver le capitalisme ?

Car, rappelons-nous brièvement ce qui s’est passé. L’incendie s’est déclaré dans l’immobilier américain, d’abord dans sa partie la plus fragile, dite subprime , pour mettre bientôt le feu à tout l’édifice : l’ensemble de l’immobilier résidentiel américain – chose qu’on semble oublier en ce moment en France où l’on évoque la « crise des subprimes » comme un événement ayant eu lieu dans un passé reculé.

On dit à juste titre que les banques centrales ont favorisé toujours davantage les investisseurs et les dirigeants d’entreprise aux dépens des salariés et que ceux-ci furent forcés de suppléer à leurs salaires manquants par le prêt à la consommation. C’est vrai. De leur côté, les entreprises recoururent toujours davantage à la dette. Il en a résulté une hypertrophie du secteur du crédit, personne n’ayant plus semble-t-il comme capital que celui qu’il emprunte. Le crédit fut encouragé par les politiques des banques centrales qui maintinrent les taux courts à des niveaux artificiellement bas. Les pays d’Extrême-Orient achetèrent en quantités astronomiques les Bons du Trésor américains à long terme, assurant aux taux longs eux aussi des niveaux exceptionnellement bas dans ce pays. Une configuration fragile se mit en place, et il suffit alors que le prêt hypothécaire américain ayant épuisé par le bas le panier où il trouvait de nouvelles recrues, s’essouffle, pour que le prix de l’immobilier s’effondre et que tous les instruments de dette qui lui sont associés se déprécient massivement.

Voilà où en est. Quand la machine repartira – si elle repart un jour, une chose n’aura en tout cas pas changé : une économie dépendant à tous ses niveaux d’un secteur du crédit hypertrophié, faute pour les capitaux de se trouver là où ils sont indispensables.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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74 réponses à “Qu’est-ce qui aura changé quand on aura sauvé les banques ?”

  1. Avatar de Moi
    Moi

    « Nous ne voulons plus de paradis fiscaux. »

    Beaucoup d’hypocrisie là-dedans. J’espère me tromper.

  2. Avatar de Elisabeth
    Elisabeth

    Je cite les passages du 22 janvier 2009 :
    Billet de Paul Jorion « …et rien n’a donc été fait pour prévenir le retour des émeutes de la faim. Messieurs qu’on nomme « grands », interdisez l’accès des non-commerciaux (spéculateurs) aux marchés à terme des matières premières tant qu’il en est encore temps !… »
    De Paul Jorion à Loïc Abadie : « La spéculation est un élément crucial de la solution individuelle du problème. L’interdiction de la spéculation est un élément crucial de la solution collective du problème ».

    En 2008, les « grands » de ce monde ont déjà spéculé en amont des matières premières, en s’accaparant les terres agricoles dans le monde entier. Des pays perdent le contrôle de leurs terres agricoles au profit d’autres pays et d’investisseurs étrangers.
    Quand les marchés financiers s’effondrent, les groupes financiers acquièrent les propriétés dans un grand nombre de pays.

    Investissements, spéculation, externalisation sur les terres agricoles.
    Qu’est-il encore temps d’empêcher ?

    Les extraits ci-dessous sont issus du site de « ContreInfo » relatant ce texte de « grain.org » sur « l’externalisation de la production agricole ». L’avez-vous lu ? :
    http://www.grain.org/briefings/?id=213

    « La synergie actuelle entre la crise alimentaire et la crise financière a déclenché un nouvel « accaparement des terres » au niveau mondial. D’un côté, des gouvernements préoccupés par l’insécurité alimentaire qui recourent à des importations pour nourrir leurs populations s’emparent de vastes territoires agricoles à l’étranger pour assurer leur propre production alimentaire offshore. »

    « Le secteur financier, actuellement en difficulté, est celui qui se taille la part du lion. Pour beaucoup des gens au pouvoir, la crise alimentaire mondiale met à nu un problème global : de quelque côté qu’on se tourne, le changement climatique, la destruction des sols, la perte des ressources en eau et la stagnation des rendements des monocultures sont autant d’immenses menaces qui pèsent sur les ressources alimentaires futures de notre planète. Ceci se traduit par des prévisions de marchés tendus, de prix élevés et de pressions pour obtenir plus des terres agricoles.
    Dans le même temps, le secteur financier, qui a parié des sommes folles sur l’argent de la dette et a perdu, cherche maintenant des zones protégées.
    Tous ces facteurs font des terres agricoles un nouveau terrain de jeu formidable pour faire des profits. Il faut bien produire de la nourriture, les prix vont rester élevés, des terres bon marché sont disponibles, l’investissement sera rentable : voilà la formule.
    Le résultat ? Pendant toute l’année 2008, une armée de sociétés d’investissement, de fonds de capital-investissement, de fonds spéculatifs et d’autres du même type se sont emparés de terres agricoles dans le monde entier, avec l’aide précieuse d’agences comme la Banque mondiale, sa Société financière internationale ou la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, qui toutes préparent la voie à ces investissements et « persuadent » les gouvernements de changer les lois foncières pour permettre la réussite de ce processus. De ce fait, les prix des terres commencent à monter, ce qui incite à agir encore plus vite. »

    Des spéculateurs avides s’activent sur l’ensemble de la planète. En voici quelques uns que vous reconnaîtrez :

    « – Le Groupe de services MAP (Market Access Promotion), une société internationale d’investissement, s’est joint à d’autres partenaires du Golfe pour former un Fonds alimentaire du Moyen-Orient qui investira collectivement dans la production alimentaire dans des pays voisins du marché des pays du Golfe.
    – Suntime International Techno-Economic Cooperation Group, qui a déjà développé des joint-ventures dans la riziculture à Cuba (5 000 ha) et au Mexique (1 050 ha), va investir dans la production agricole en Asie centrale.
    – Le géant chinois des télécommunications, ZTE Corp. a obtenu la concession de 100 000 ha de terres dans le sud du Laos pour la production du manioc (pour l’éthanol), en partenariat avec Dynasty Company, une entreprise laotienne.
    – … le Groupe Blackstone, l’une des plus grandes sociétés mondiales de capital investissement dans lequel la Chine a récemment pris une participation, a déjà investi « plusieurs centaines de millions de dollars dans le secteur agricole, principalement en achetant des terres agricoles dans des zones comme le Sahara et la Grande-Bretagne.
    – En août 2008, trois entreprises du Golfe (Abu Dhabi Investment House, Ithmaar Bank et Gulf Finance House) ont annoncé la création d’AgriCapital, un nouveau fonds d’investissement islamique. Ce nouveau véhicule d’investissement d’un milliards de dollars va se lancer dans des achats de terres à l’étranger pour produire des denrées alimentaires pour la région, par l’intermédiaire d’une banque d’investissement distincte créée spécialement à cet effet, et pour financer la recherche sur les biotechnologies.
    – En septembre 2008, la nouvelle a été annoncée que 14 sociétés indiennes d’huile végétale, notamment Ruchi Soya et KS Oils, avaient formé un consortium pour acheter de vastes étendues de terres à l’étranger pour la production de soja, de tournesol et de légumineuses, afin d’échapper aux coûts élevés de la production en Inde. »
    – Etc, etc, etc, etc, etc, etc : la suite en ligne dans ce tableau détaillé « Main basse sur les terres agricoles en pleine crise alimentaire et financière » : lisez-le… :

    http://www.grain.org/m/?id=213

    Les « grands » de ce monde (titre honorifique à l’opposé de la réalité), ont une soif insatiable de destruction.

    Les psychanalystes ont là une matière première en abondance.
    Les psychanalystes pourraient même envisager de spéculer sur la matière première grise des spéculateurs … ils feraient les plus grands profits du siècle !

    Posséder, dominer, acheter, spéculer sur tout… détruire, jusqu’à la dernière racine, jusqu’au dernier neurone…
    Rien sur cette planète ne leur résistera-t-il ? Spéculation sur les biens, les matières premières, l’immobilier, les matières premières agricoles, et aujourd’hui, les terres agricoles elles-mêmes.

    Et après ? Quel sera leur prochain « objet » de spéculation ?
    L’espèce humaine ? avec ses 6 milliards d’êtres humains ?

    Mais, de quoi manquent ces « grands » ? Qu’ont-ils à combler individuellement et collectivement ?
    De quoi souffrent-ils ?

    Leur psychisme semble foncer aveuglément dans une recherche irrépressible et compulsionelle(*) de nouveaux « objets » sur lesquels développer leur mécanique pathologique « posséder-spéculer-détruire ».

    (*) Définition de compulsion dans Wikipédia: « Actes inutiles ou absurdes, très ritualisés, que le sujet ne peut pas s’empêcher d’accomplir, même s’il perçoit bien leur caractère absurde. Si la personne en proie à une compulsion, essaie de lutter, une angoisse importante va apparaître, qui pousse la personne à se laisser aller à son rituel après un temps de lutte anxieuse. Lorsqu’elles sont nombreuses ou envahissantes, on parle de névrose obsessionnelle ou de TOC. L’histoire d’une compulsion est d’abord relationnelle consécutive à un rapport de force mentale conscient interprété sans analyse originelle par le sujet qui la vécu, comme une relation affective. »

    Sans aucune limite ?

    Qu’est-ce qui peut empêcher les spéculateurs de spéculer ?

    Sauver les banques ? Sauver les spéculateurs ? Sauver l’humanité ?

    A l’aide.

  3. Avatar de Bernard
    Bernard

    Stilgar

    J’adhère entièrement à votre formulation, mais son vocabulaire manque à mon sens de la généralité et de l’universalité nécessaire.

    Elle est déjà adaptée à une collectivité déterminée dans laquelle les notions de propriété, de rétribution par exemple ont un sens, dans laquelle une classification des biens existe… notions qui n’ont aucune nécessité objective (ni aucune définition OBJECTIVE) qui les imposerait dans toute société.

    Vous êtes d’ailleurs conscient du problème, par la nécessité ressentie d’accoler le terme « juste » à rétribution.

    Pourquoi ne pas garder le terme et le généraliser?

    « Nul ne peut être injustement privé de sa juste part de propriété » est la formulation plus générale que je proposerais pour ma part.

    La propriété à laquelle je fais allusion est la simple nécessité pour chacun de « posséder » une part du monde suffisante pour pouvoir assumer de façon responsable sa condition humaine.
    C’est bien, effectivement, en termes purement économiques, plutôt une espèce de location générationnelle de ce monde , qui s’oppose au processus cumulatif du capitalisme.

  4. Avatar de Les Eaux du Gange
    Les Eaux du Gange

    Ce qui aura changé , c’est qu’il y aura une concentration plus forte du pouvoir financier au profit de quelques uns toujours plus puissants et qui nous le feront sentir bien évidemment de plus en plus fort , point n’est besoin d’être grand clerc pour le deviner, je ne connais rien à l’économie et suis bien résolue à ne pas perdre mon temps là-dedans, bien que je comprenne l’utilité de s’y intéresser absolument pour certains, si l’on veut combattre un système encore faut-il le connaître,et je les remercie de m’éviter cette charge, pour moi à mon niveau , c’est de la dis-traction et rien de plus, en revanche pour comprendre le système général qui nous occupe, deux auteurs indispensables à mon avis , Wiener et sa théorie de l’information et des messages, Bateson merveilleux anthropologue qui parle de la systèmie, ça vaut le coup de s’y accrocher, de lire et relire, une vraie source à laquelle les artisans de ce que nous vivons sont allés boire, c’est pour vous dire, ils ont même soutenu des travaux!
    Comment peut-on changer?
    Comment les hommes se définissent-ils?
    Comment les événements se lisent-is?
    Ils se définissent et se lisent en fonction de leur public, et c’est l’environnement qui fournit les critéres d’après lesquels un événement ou un homme se juge, non?
    Or, cet environnement , cette réalité a été totalement transformée , pensez à vos représentations mentales d’il y a 20-25 ans qu’ont-elles à voir avec celles d’aujourd’hui?
    La construction de notre réalité y compris bien sûr celle de cette réalité financière est une élaboration faite de messages distillés de façon répétitive que nous finissons par faire nôtres et qui finissent par produire notre réalité, c’est le serpent qui se mord la queue . Nous les intégrons ces messages plus ou moins mais c’est notre norme de référence, c’est notre étalon obligé par toutes les pressions environnantes, tant que nous ne nous interrogerons pas sur cette norme rien ne changera.
    Ces représentations ont quelque chose de totalitaire à l’image de notre moi, de notre égo, totalitaire avec sa grande armée pour dompter les penchants minoritaires qui veulent prendre le dessus et pompent toute l’énergie.
    Mais ce dont il faut se rendre compte c’est que cette réalité pourrait être autre si nous le voulions, il “suffit” de penser qu’il y a d’autres possibles, il suffit juste de refuser ses diktats, refuser de lui obéir à cette loi qui tue , et pourquoi refuserions-nous de lui obéir, parce qu’elle porte de très très mauvais fruits pour une très très grande partie de la population et que ça me semble être un argument de poids, en acceptant de jouer ce jeu fatal nous prenons la responsabilité des conséquences d’un tel choix, en terme de vie cassée, broyée, d’environnement détérioré, d’air irrespirable, de nourriture empoisonnée, de liens brisés sur l’autel de l’argent roi.
    L’amour est mort mais l’amoureux a ordre de lui survivre, voilà à quoi ça me fait penser. C’est l’amoureux qu’il faut tuer et laisser les portes ouvertes sans limite, sans restriction, pour aller vers ce qui porte de meilleurs fruits, la joie,l ‘amour la paix pour la majorité des hommes.
    C’est donc notre environnement que nous devons changer, nous et le monde et notre rapport au monde, si nous offrons d’autres postures, plus humaines et plus respectueuses des autres,ces différences produiront des effets dans les consciences et par voie de conséquence dans les représentations qui elles-mêmes construisent notre réel, la boucle est bouclée.
    Cette crise financière est construite, elle sert des intérêts précis, il suffit d’observer le mouvement de concentration qui était tout à fait prévisible et que j’avais prévu depuis le début, moi qui suis ignare en matière économique, c’est pour vous dire ; cessons de vouloir à toutes fins maintenir un système qui nous étouffe, cessons d’obéir à la mort!

    Nous voulons tous que ce monde change et il changera si nous le voulons vraiment , sinon nous courons à la ruine , nous, les autres, et le monde au profit de quelques uns, peut-être faudra-t-il avaler quelques couleuvres, mais au bout du compte, si ça sert la vie au détriment de la mort, n’est-ce-pas cela qui compte? Il sera toujours toujours temps de revoir , de corriger si le besoin se fait sentir, là c’est notre peau qu’il faut sauver il me semble!
    Citoyennement et vitalement.

  5. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Bernard

    Oui, ma formulation mérite précision
    Quand j’écris  » 2 – La collectivité peut louer, pour les exploiter dans l’intérêt partagé de la collectivité et de l’exploitant, les biens cités en 1, contre une juste rétribution. »

    j’aurais du écrire:
     » 2 – la collectivité, seule propriétaire des biens cités en 1, peut louer ces biens aux personnes de droit privé, à fin d’exploitation. Les locataires devront à la collectivité une juste rétribution tenant compte de l’appauvrissement de la collectivité du fait de l’exploitation.

  6. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Paul Jorion dit :
    28 janvier 2009 à 03:02

    Curieux, j’ai écouté hier la video de ce discours de Sarkozy

    Il ne s’agit pas de rester tout seul dans son coin, il s’agit d’échanger sur un pied (pied d’égalité? Cela peut encore se discuter si le sens de l’échange est plutôt favorable au plus pauvre) mais au moins un pied commun, où les décisions concernant l’échange entre les parties ont le – même poids – juridique et financier. Relire Maurice Allais. Il s’agit de conserver les parois qui permettent justement les échanges féconds. Pourquoi donc, mais pourquoi donc la grande échelle, ici mondialiste serait-elle meilleure, plus juste, plus protectrice, etc, que les moins grandes? Les alligators ne sont pas nécessairement les meilleurs gardiens… ni le renard organisant le poulailler…

    La mondialisation peut se traduire par une phrase, phrase que j’invente ici pour la circonstance, mais qui est l’attitude sousjacente spécifique des milieux politiques et d’affaires anglo-américains, en particulier quand ils s’adressent aux pays émergents, c’est celle-ci:
    « Notre business sera votre développement ». Un des plus grands mensonges généralisé!
    Le slogan sous jacent au discours de Sarkozy, avec comme instrument le FMI et consorts…

    Et cela débouche sur cette phrase de Sarkozy. Qu’est-ce que cela signifie donc quand il dit, au passage, ceci:

    «  »on ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial et personne, je dis bien personne, ne pourra s’y opposer. » »

    Dixit Sarkozy! C’est lui qui dit ça! Et pas nous! Alors là, attention! Faut-il comprendre s’opposer au « NOM »? Comprenne qui pourra? Comme quoi l’incertitude est bien cultivée… S’agit-il du « nouvel ordre mondial » brandi par le président Bush père après la première guerre contre l’Iraq? Ou encore celui de david Rockefeller et consorts?

    Est-ce que nous nous rendons bien compte que notre impuissance est « cultivée »?

  7. Avatar de et alors
    et alors

    @ stilgar et bernard…avant d’entrer dans les détails peut-être conviendrait-il d’imaginer que le concept de propriété constituerait le sujet d’un blog à part entière…mot magique, comme amour, liberté,…qu’il conviendrait de revisiter en définissant un modèle, une méthode…

  8. Avatar de Di Girolamo
    Di Girolamo

    Après le discours de sarkosy , je vous invite à écouter la conférence de jancovici au semaines sociales 2007 en 6 parties. Et à établir un lien de réflexion entre ces 2 « discours ».

    http://fr.youtube.com/watch?v=RlrMfkEutHo

  9. Avatar de Romain D
    Romain D

    Ne serait-ce pas le moment de revenir à un niveau d’analyse plus fondamental ? Anthropologique? A juste titre, nous passons beaucoup de temps à décortiquer le système économique et financier mais après tout, il n’est que le reflet de nos préférences collectives. Un consensus se dégage sur les déviances du système (déséquilibres commerciaux et monétaires, hypertrophie de la sphère financière permettant de maintenir un niveau de demande globale non pérenne qui s’effondre aujourd’hui…).

    Certains stigmatisent le court termisme? Certes! Mais pourquoi cette préférence pour le court terme, la consommation et la dilapidation? Pourquoi ce peu de souci pour l’avenir de nos enfants?

    Les bonus explosent, les salaires des patrons et haut cadres s’envolent, le développement économique ne profite qu’à 20% . Pourquoi cette tolérance pour les inégalités? Si en tant qu’individu, nous pensons pouvoir en profiter, pourquoi ne pas adhérer à un système qui peut nous compter parmi les gagnants?

    Cette crise est comme un formidable révélateur. Des tabous tombent, la pensée unique éclate. Elle invite à la réflexion. Nos préférences collectives sont amenées à changer. La demande de plus d’égalité monte et redevient légitime.

    Un système plus juste, plus solidaire nécessite en préalable une adhésion à des mythes fondateurs, à des valeurs communes. Pourquoi donner à quelqu’un dans lequel on ne se reconnaît pas? Pourquoi ne pas délocaliser si les ouvriers ne représentent pas plus qu’un facteur de production? Ford voyait dans l’enrichissement de ses employés une source de bien être national en ouvrant des débouchés. Le cercle était vertueux. Pourquoi n’existe t’il pas de modèles aujourd’hui où l’intérêt particulier se combine à l’intérêt collectif?

    Malgré cette crise et le début de prise de conscience collective, il me semble que nous sommes encore loin du compte. Beaucoup citent l’exemple de CNR, dont le programme a permis les trente glorieuses sur la base de la solidarité nationale. Oui mais le concensus républicain d’alors, allant des gaullistes aux communistes, n’a été rendu possible que grâce aux souffrances partagées durant la guerre.

    Qu’on le veuille ou non, nous vivons dans une société très individualiste. Est-ce que seule une crise très grave, affectant cruellement nos vies serait susceptible de réunir nos sociétés autour de valeurs communes ? Et par la même de changer en profondeur de système?

  10. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Auguste dit :
    27 janvier 2009 à 19:22

    “Rechercher le vrai pouvoir d’achat du plus grand nombre”
    CONCRETEMENT !

    Bigre! Il faudrait un ouvrage, et encore ce ne serait pas suffisant! Je suis obligé de faire très court.

    Il y a 2 parties dans vos questions: 1) la situation financière mondiale présente avec tous ses « nœuds » inextricables, ses d’impasses, les pertes abyssales, ses fraudes à des échelles jamais vues, les mises à mal des structures qu’on croyait pérennes, etc, etc, et en réponse à ce qu’il faut faire dans les faits. Idéalement, il faudrait virer tous les cadres et dirigeants des banques y compris gouvernementaux et les politiques ayant laissé s’installer les conditions d’un tel désastre, et autant que faire se peut pousuivre sévèrement en justice tout ce personnel privé et public dirigeants impliqué dans cette faillite géante et ses conséquences encore peu mesurables. Mais ça, c’est un peu du genre café du Commerce où on y « refait » trop facilement le monde.

    2) Ce qui peut concrètement être fait? Grâce à une masse de gens de toutes conditions dans le public et les familles, masse qui grandit, qui pourrait devenir peu à peu une masse critique de gens et d’acteurs, qui, selon les circonstances, avec ou sans le politique, pourrait induire des corrections et des changements positifs dans le système financier. Finalement dans un nombre de domaines assez restreints, peu spectaculaires, mais décisifs car très positif quant à leurs effets financiers, bancaires et essentiellement monétaires sur le pouvoir d’achat des gens. Le pouvoir d’achat , tout le monde est d’accord (comme s’il s’agissait des jambes, elles sont faites pourquoi? Tout le monde répond: pour marcher). Le pouvoir d’achat c’est la priorité à réaliser. Il s’agit de la fourniture de monnaie nécessaire au fonctionnement de l’économie dans son ensemble et pour que tous les acteurs de l’économie (et leurs familles) aient accès aux produits (en particulier aux produits et services de base) accès auquel ils ont droits dans la mesure où ils travaillent à produire des biens servant à tous. Or, il est facile de comprendre qu’on doit pouvoir acheter les produits qu’on ne fabrique pas. Qu’est-ce qui permet de se procurer les produits qu’on ne fabrique pas? Et bien c’est la monnaie. Donc la monnaie, ainsi que j’ai l’habitude de la définir: C’est un permis d’acheter ce qu’on ne fabrique pas.

    Il est facile de comprendre qu’il faut concentrer nos efforts et surtout notre imagination et notre bon sens de l’évidence pour que nous tous, les producteurs des biens (et, sous-entendu, des services) ayons entre les mains suffisamment de monnaie équilibrée et juste, en rapport étroit donc très documenté avec la production des biens à laquelle nous participons tous par notre travail, et pour que tout le monde puisse acheter ces biens. Ainsi une monnaie qui soit le
    – reflet – exactement comme dans un miroir, de la production d’un espace économique donné: par ex. 10 ordinateurs fabriqués (ou 1 000 000 ce serait pareil, etc) auront bien leur – reflet monétaire – par 10 ordinateurs dans une monnaie(ou monnaie-miroir) car il doit bien y avoir la création de la monnaie nouvelle correspondante à l’achat final de ces 10 ordinateurs neufs. Pareil pour les bicyclettes, les briques, les voitures, les meubles, les appareils électro-ménagers, les maisons, l’alimentation, les vêtements, tous les services, etc. La monnaie du pouvoir d’achat doit s’élaborer en même temps que le processus de production.

    Précision importante au sujet de la production des biens à acheter et de la production des biens d’investissement. On consomme (on use) une pair de chaussures, on consomme une baguette de pain, etc, mais on « consomme » aussi des routes, des hopitaux, des ponts, des écoles, etc. Le financement est le même, mais les investissements sont remboursés sans intérêts bancaires dans la durée de leur « consommation » (ou usage, c’est pareil).

    La base économique c’est la possibité de production – physique – possible (préalable à la monnaie) c’est la production des biens, et c’est cette production qui, dans la vérité économique ,détermine la possibilité de créer et d’émettre de la monnaie et non l’inverse comme cela se fait où c’est le faiseur d’argent, c’est à dire celui ou ceux qui émettent la monnaie qui « permettent » ou interdisent de produire ou interdisent d’acheter en refusant de prêter, ceux-là qui n’ont jamais fait pousser un épis de blé… C’est un véritable mensonge économique quotidien que nous ne détectons qu’avec « difficulté » tellement nous sommes conditionnés par les banques!. En effet, on se trouve comme celui qui est trop prêt (c’est comme la vie quotidienne!) d’une gigantesque affiche aux caractères immenses, ce qui fait qu’on ne peut arriver à les lire. Si l’on prend du recul, ça devient clair comme de l’eau de roche!!

    Pour des explications plus détaillées (qui font partie de mes sources), voici quelques liens:

    http://wiki.societal.org/tiki-index.php

    http://assoc.pagespro-orange.fr/aded/

    http://www.michaeljournal.org/finsain1.htm

    http://economiedistributive.free.fr/spip.php?rubrique1

    http://www.fauxmonnayeurs.org/

    Il y en a d’autres.

  11. Avatar de Alexis
    Alexis

    Une chose me semble plus que probable, croire que la crise va accoucher d’un ordre mondial nouveau plus juste et plus en phase avec le reste de la planète, c’est se mettre le doigt dans l’œil ! Les puissants n’ont rien à cirer du vulgus peccus ! Une minorité s’en tirera bien, les autres, nous… nous crèverons la gueule ouverte.
    Je crois les auteurs de SF et leur œuvres plus proches de la réalité qui nous attend que les spécialistes de ceci ou de cela. Quand on a le pouvoir et la richesse, on veut les garder et on met tout en œuvre pour y arriver, quand on ne les a pas, on y aspire, mais c’est plus dur !

  12. Avatar de Sled se radine
    Sled se radine

    @ Romain D.

    Oui ! Le reflux des valeurs individuelles et le retour à une conscience collective ne se feront que par le purgatoire d’une crise très grave. Certaines données anthropologiques me donnent d’ailleurs à penser que la France jouera un rôle de premier plan dans cette crise là (la France, volcan potentiel de l’Europe, surtout parce que le problème social trouvera plus qu’ailleurs un relais dans le communautarisme montant). Bah ! Laissons la venir ! Le fait que tous les fins diagnostiqueurs qui se retrouvent ici ne seront guère plus avancés face à la bonne vieille fureur humaine qui déferlera ici bas (bien bas), dans nos frontières, ne sera qu’un vague dégat collatéral.

    @ Paul (Jorion)

    Nous savons tous que M. Henri Guaino sait très bien écrire. Son remarquable « L’étrange renoncement » date de 1997. Le début d’une longue série. Vu de Californie, il est également possible de trouver de la conviction dans les discours de M. Sarkozy quand il reprend la prose de son nègre. L’incroyable légèreté avec laquelle il a ouvert les vannes des fonds publics aux banques française sans contrepartie tangible devrait quand même vous pousser à la prudence sur le personnage.

    @ Stilgar

    Fantastique votre témoignage ! Le plus fort depuis des mois avec le fameux billet de « Samedi » sur son expérience de la crise de la construction automobile. Création monétaire « ex nihilo » ou pas, Merci !

    Daniel Dresse

  13. Avatar de Richard
    Richard

    Pour étayer les propos de « Catherine » du forum Oléocène, voici à propos de Cleveland, un lien redirigeant vers une page de novembre 2008 du site de la radio RFI, intitulée Cleveland, une ville ravagée, avec un article, un diaporama de cette ville fantôme et un reportage audio.

  14. Avatar de Richard
    Richard

    Cette fois, avec le bon formatage de Cleveland, une ville ravagée.

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