LA CENTRIFUGEUSE, par zébu

Billet invité

Forte chute des ventes de logements neufs :

« Seulement 23 183 logements neufs ont été vendus par les promoteurs pendant les mois d’avril à juin cette année, soit une baisse de 22,6 % par rapport à la même période de 2010, selon les chiffres publiés, mardi 30 août, par le ministère du logement, qui fait état parallèlement d’une hausse de 9,1 % des mises en chantier et de 8,6 % des permis de construire entre mai et juillet. »

Une baisse de 22,6 % des ventes. Mais une hausse des mises en chantier de 9,1 %.

Que signifie ceci ? Que le système est confronté à deux forces : une centripète et une centrifuge.

La machine à produire continue de produire, tandis que la machine à consommer a accéléré son effondrement. « Pour l’ensemble de l’année 2011, le nombre de logements neufs vendus par les promoteurs devrait tomber, selon M. Mouillart, à environ 95 000, contre 115 000 en 2010 et 106 000 en 2009, loin du record de 127 000 en 2007. »

Ce que ne dit pas l’article – surtout pas ! – c’est que le niveau des ventes se rapproche dangereusement du chiffre maudit : 79 400 logements neufs vendus en 2008, annus horribilis.

Dernier aspect, financier cette fois. Les prix ont continué d’augmenter au second semestre 2010, de 7,7 %. Mais dans le même temps, les avantages fiscaux dont les dernières études soulignaient l’impact majeur, ceux liés au dispositif Scellier, ont baissé de 25 % à 22 %, avant que de baisser encore en 2012 à 16 %.  Soit une baisse prévue de… 27 %. De sorte que là encore nous observons cette double tendance : centripète/centrifuge. La machine à produire de la dette publique (par la fiscalité) s’effondre, politique de rigueur aidant. Tandis que la machine à produire des plus-values continue à tourner à un rythme infernal.

Deux représentations. L’une, de l’économie réelle : « les ménages voient leur capacité financière à accéder à la propriété chuter progressivement ». L’autre, de l’économie virtuelle : « Les ventes devraient s’accélérer au second semestre car les investisseurs voudront encore profiter d’un avantage fiscal favorable, même s’il est réduit à 16 % en 2012″.

Conclusion : soit la centrifugeuse réduit sa vitesse, afin d’extraire moins de bénéfices mieux répartis, mais cette option n’est pas proposée actuellement par le constructeur, soit les deux forces opposées continuent de croître et la machine explose. Le plus simple serait finalement de changer de machine.

N.B. La loi de l’offre et de la demande est telle que l’on peut la voir dans toute sa « cohérence » : plus de logements produits (et invendus) et des prix en augmentation… Quant au mythe de l’insuffisance de logements en France qui expliquerait la hausse des prix, il a été relégué au rayon des contes pour enfants. Mythe que l’on tente par ailleurs bien maladroitement de remplacer par celui de la hausse du coût des matériaux et des normes de construction. Ou comment, quand une explication rationnelle n’est plus suffisante à donner un sens à une loi de la « science économique », en trouver une autre. Et ce jusqu’à ce que la croissance revienne. Pour ceux qui douteraient encore.

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96 réponses à “LA CENTRIFUGEUSE, par zébu”

  1. Avatar de FRAPAGAIN

    Les statistiques étatiques sont basées sur l’offre et non pas sur les ventes. C’est un peu comme si l’on mesurait la performance d’un hypermarché à son stock plutôt qu’à son chiffre d’affaires !!!
    La théorie de l’équilibre général sur les changements intervenus dans l’offre et la demande, selon Joseph Schumpeter, devrait être réétudiée par nos têtes pensantes. La demande influençant le prix et le prix influençant la demande, si ces réactions ne se produisent pas dans le même laps de temps, l’équilibre ne s’établira pas.
    La position de l’Etat doit être plus rigoureuse sur sa méthode d’analyse et l’Etat ne doit pas se borner à compiler les informations issues de déclarations des fédérations des promoteurs, mais se baser exclusivement sur les ventes réelles. Pour ce faire, il existe la base des Notaires PERVAL qui devraient servir de socle. Le parc de mises en chantier ou de dépôts de permis de construire n’est qu’un indicateur d’un potentiel d’offres mais pas d’offres réelles car un certain nombre de projets n’aboutiront pas. Le maintien artificiel des prix ne peut que générer une crise par un déséquilibre entre offre et demande.

  2. […] et donc de pénurie de logements. A-t-il saisi que cette clémence fiscale, aujourd’hui rabotée de façon cosmétique et seulement sur les résidences SECONDAIRES, a en partie contribué à la flambée de […]

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