Eloge de la dissidence

J’avais dit que je lancerais aujourd’hui l’appel mensuel à vos contributions et j’ai traîné les pieds toute la journée. Je ne sais plus. La formule « presslib’ » me paraissait une bonne idée : pourquoi ne pas essayer de mettre au point un mode de rémunération propre aux auteurs de blogs ? L’activité exige un temps considérable et il serait trop beau que tout quiconque ait quelque chose à dire sur l’internet qui intéresse les autres soit nécessairement « financièrement indépendant » (= riche) ou veuille promouvoir dans les marges les pommades qui vous débarrassent des boutons.

Mais le cas des chanteurs est là comme contrexemple : le piratage généralisé de leur œuvre, rendu possible par l’internet, n’a pas débouché sur une généralisation de la « donation » mais simplement sur la nécessité pour eux de tirer la quasi-totalité de leurs revenus de leurs tournées. Ils n’en sont pas morts. Du moins pas tous.

Moi, habitant aux US, et mon « public » étant essentiellement francophone, la notion de « tournée », n’avait rien d’évident et j’ai voulu insister sur la formule « presslib’ ». Mais les circonstances ont changé, alors pourquoi ne pas laisser tomber la donation et tenter la tournée de concerts puisque chaque appel ressuscite sa contestation par une multitude d’écoles : de ceux qui considèrent que ce qui peut être gratuit doit l’être par nécessité, à ceux qui critiqueront tout « objectif de donation », aussi modeste soit-il, sur la base – véridique ! – qu’il existe sur cette terre des masses en nombre infini qui gagnent encore moins.

Allez, je m’exécute. Seule concession à ma lassitude, l’interdiction des commentaires : je ne me sens pas le courage ce soir de justifier la dissidence une fois encore. Personne n’emploie les empêcheurs de tourner en rond, c’est pas plus compliqué.

Juin 2009. Objectif : zéro €.
Résultats à ce jour (27 mai) : 171 €.

PS : Je trouve ceci après avoir bouclé mon billet et je ne résiste pas à la tentation de l’ajouter ici et de faire ma petite pub personnelle par la même occasion. C’est dans le numéro de la Revue du MAUSS qui vient de paraître, consacré à « L’Université en crise », à la page 400 :

Ce qui est vrai pour ma spécialité, l’est certainement aussi pour d’autres, pour la sociologie économique, par exemple. Il suffirait de trois ou quatre professeurs brillants, originaux, pédagogues, indépendants et transdisciplinaires, des gens avec beaucoup de talent, de vertu et de grandes capacités (exactement le contraire de ce qui est recruté depuis quinze ans) pour provoquer à nouveau une affluence dans n’importe quelle fac, et remplir des amphis. Il n’y en a jamais eu plus de 3 ou 4, mais il n’en faut pas moins. À l’EHESS, il n’en reste plus que trois, il y en avait au moins 30 il y a dix ans.

Trois ou quatre profs comme Paul Jorion et c’est bon.

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