Andrew Huszar : les confessions d’un assouplisseur quantitatif

L’« assouplissement quantitatif », également appelé « planche à billets », est la politique consistant pour la Federal Reserve, la banque centrale américaine, à acheter des obligations américaines pour un montant mensuel de 85 milliards de dollars, autrement dit à créer du dollar pour ce montant sans création de richesse équivalente dans l’économie. Quatre mille milliards de dollars ont été ainsi injectés depuis 2009, somme qu’il faudrait donc en principe retirer un jour du circuit monétaire.

Lorsqu’en juin, Ben Bernanke, à la tête de Fed, annonça un ralentissement de l’assouplissement quantitatif, les marchés obligataire et boursier plongèrent. Il dut faire machine-arrière. Voir à ce sujet ma chronique dans Le Monde en septembre.

Aujourd’hui dans le Wall Street Journal :

Andrew Huszar : les confessions d’un assouplisseur quantitatif

J’étais responsable de l’exécution du programme au centre de la première plongée de la Fed dans une expérience d’achat d’obligations connue sous le nom d’assouplissement quantitatif. […] Il s’est agi en réalité de réaliser par une porte dérobée le plus grand sauvetage de tous les temps de Wall Street […]

Le projet fou consistait à acheter en 12 mois pour 1,25 mille milliards de titres adossés à des crédits au logement. […]

On m’offrait un boulot de rêve, mais j’hésitais. […] La frustration m’avait conduit à quitter la Fed, ayant été le témoin au fil des années d’un transfert de pouvoir progressif à Wall Street. […]

En 100 ans d’histoire, la Fed n’avait jamais acheté un seul titre adossé à des crédits au logement. Ma tâche consistait maintenant à en acheter chaque jour une quantité déterminée […] Nous travaillions fiévreusement à préserver l’impression que la Fed savait ce qu’elle faisait. […]

En dépit de la rhétorique de la Fed, mon programme ne facilitait aucunement l’accès au crédit de l’Américain moyen. […] C’était Wall Street qui se remplissait les poches avec tout cet argent supplémentaire. […] La Fed avait perdu ce qui lui restait de capacité à penser indépendamment de Wall Street. […]

La Fed a très loyalement compensé les dysfonctions du gouvernement de Washington. Mais la Fed est elle-même au centre de ces dysfonctions. Illustration : elle a permis à l’assouplissement quantitatif de devenir le nouveau « Too Big To Fail » de Wall Street.

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

  1. @arkao C’est un mouvement stratégique que Macron a pu vouloir tenter en s’inspirant des cohabitations de fin de mandat ayant…

  2. @Pierre-Yves Dambrine L’absence de budget, n’est-ce pas là la meilleure solution pour offrir aux français un retour à l’équilibre des…

  3. @gaston Un pays qui dispose de centrales nucléaire civiles sur son sol ne peut pas faire la guerre …

  4. En dénonçant … Macron, mais aussi toute la droite attaquent là où cela fait mal…. Niez-vous les saillies antisémites venant…

  5. Si cela est vrai, dans ce cas vous apportez de l’eau à mon moulin, démontrant que LFI est une proie…

  6. Dans le cas de LFI une conflictualisation qui passe par pertes et profits les valeurs universalistes de la gauche ne…

  7. De toutes façons, CloClo, y’a pas besoin de millions de soldats pour foutre la trouille. Aux dernières nouvelles les Ukrainiens…

  8. Sources ci-dessous: https://contre-attaque.net/2025/09/26/cest-confirme-macron-voulait-gouverner-avec-le-rn-en-lancant-une-dissolution/ https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l-un-des-objectifs-de-la-dissolution-etait-de-placer-le-rn-au-pouvoir-wally-bordas-leve-le-voile-sur-les-coulisses-de-l-assemblee-nationale-20250918 Mais peut-on faire confiance à un journaliste du Figaro ? 😉

  9. Non. Ce sont justement les compromis contre nature qui profitent au RN. La politique c’est de la conflictualité. Point. Et…

  10. Qu’est-ce qui vous fait penser qu’il voulait donner le pouvoir législatif au RN en 2024 ? Qu’il soit entêté, narcissique,…

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx LLM pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés Singularité spéculation Thomas Piketty Ukraine Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta