Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Deux remarques suscitées par la lecture de vos commentaires à Comprendre la crise, et comprendre la crise.
La première, l’importance attachée par les individus à jouir d’objets (maison, voiture, etc.) dont ils se conçoivent les propriétaires. Or, comme l’expliquent ces propriétaires dans leurs commentaires, les achats de ces objets sont à crédit et l’argent est avancé par la banque. La somme prêtée est donc gagée sur l’objet acheté grâce à elle et la banque a un « premier lien » sur celui-ci en cas de non-paiement des traites. La propriété en question est donc partielle et conditionnelle et ne se distingue d’une location que parce que le « propriétaire » a lui, un « second lien », le droit au résidu (s’il en reste), une fois que la banque aura exercé ses droits à la saisie.
Deuxième remarque : au lieu de mettre tout l’argent dont ils disposent dans le remboursement de leurs dettes, les propriétaires d’objets achetés à crédit en placent une partie en bourse. Les dividendes ne les intéressent pas : ce qu’ils recherchent, c’est la plus-value du titre. En cas de pertes, ils blâment le « marché », en cas de gains, ils se félicitent de leur talent. Le résultat est en réalité aléatoire sur le long terme (il y a des tendances sur le court terme) et le placement s’apparente du coup à une loterie.
C’est à cela que je renvoie quand je dis que les ménages gèrent leur budget en mode de « cavalerie » : ils vivent au-dessus de leurs moyens, s’imaginent être propriétaires d’objets qu’ils louent en réalité (à prix fort) à la banque, et tentent de se refaire à la loterie boursière.
Seule différence entre vous, semble-t-il, que certains y lisent leur liberté, d’autres, leur servitude. Cela renvoie-t-il simplement à une différence de tempérament ? Peut-être. Il s’agit alors d’une prédisposition que l’on a ou n’a pas à 1) se représenter propriétaire alors qu’on ne l’est pas ; 2) s’attribuer du talent quand on a de la chance.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
109 réponses à “Libre ou asservi ?”
@avenir
Pardon, mais c’est vous qui racontez n’importe quoi…Le dynamisme d’un pays se juge aujourd’hui à l’investissement étranger.
Or la France se situe en 2007, au troisième rang mondial avec 123,6 Mds de $ (source CNUCED).
Loin devant l’allemagne qui n’est qu’en 8ème position avec 44,8 Mds $.
” parceque les collectivités territoriales et les villes ne passent pas leur temps comme en France à dépenser tout l’argent public en infrastructures de luxe. “
Ce serait plutôt à cause de cela que l’allemagne se retrouve 5 places derrière la France…
Je ne m’attends pas à une réponse de votre part, puisque dès que l’on argumente sérieusement vous vous retranchez derrière un commode « éteignez votre télé ».
Un peu léger comme argument non ?
Super ! Au vu des conséquences de la crise actuelles – fuite éperdue desdits capitaux étrangers – dans les pays émergents, qui étaient précisément « riches » de cet « investissement étranger », voilà un critère dont on peut doute de la légitimité et de l’avenir !
Cher Candide,
Ce n’est pas parce que je constate que j’approuve…:°)
Chère « ectoplasme canin »,
Je n’ai point dit que vous approuviez. Je me suis bien douté que vous énonciez simplement là une « vérité » des temps actuels et, on peut l’espérer, bientôt révolus.
🙂
@avenir
je vous invite a aller voir le théma d’arte de ce mardi: pauvre malgré un job
ou au moins le débat.
on y apprends que les les travailleurs allemands(qui n’ont pas de rémunération minimal comme le smic)sont payé 3€50 , 5 € de l’heure, oui vous avez bien lu !
Et ce sont en plus souvent des personnes diplômés …
ceci explique peut-être cela .
j’ai lu aussi il n’y a pas très longtemps, mais je sais plus où, rue89 il me semble que la france était un pays très attractif pour les entreprises, grâce a ses infrastructures routières, son système de santé son système éducatif etc
respectueusement galapiat
Il me semble un peu facile de dire « il faut arrêter de vivre au dessus de ses moyens » quand on a les moyens de vivre,
mais pour beaucoup de gens qui n’ont pas de moyens « arrêter de vivre au dessus de ses moyens » revient à arrêter de vivre.
Je trouve inacceptable de dire cela tant que l’on n’aura pas donné à tous les être humains les moyens de vivre.
@ M. Jaurion
j’aimerais avoir votre avis sur l’attribution du prix nobel de la paix en 2006 à Muhammad Yunus pour la mise en place et le développement à grande échelle des microcrédits.
Est-ce que vous « condamnez » cet homme parcequ’il a encouragé des hommes à vivre au dessus de leurs moyens, pour ma part je le soutiens car il a donné les moyens de vivre à ces hommes, pour moi le problème n’est pas de vivre au dessus de ses moyens mais l’utilisation qui est faîte de ces moyens.
Quand vous dites :
« Spéculer : parier sur une variation de prix ; parier : débourser une somme d’argent que l’on perdra ou que l’on verra multipliée en un gain selon que l’événement sur lequel porte le pari aura lieu ou non, etc. »
Lorsqu’un fermier Bangladeshi achète une vache ou des semences à l’aide d’un microcrédit il spécule sur le fait que la vache va lui fournir du lait ou que les semences vont lui fournir une récolte et je trouve cela positif même si la vache peut mourir avant le remboursement du crédit ou que les semences peuvent ne pas pousser.
@ Chris
Le microcrédit est-il micro par rapport au montant prêté?, au taux d’intérêt consenti?
Pour le paysan indien, pakistanais, africain, in n’y a que le prêt sans intérêt qui soit viable et équitable!
A partir de ce prêt il va produire pour lui, sa famille, son village et créer une vraie richesse… génératrice d’un véritable développement et d’un mieux-être LOCAL.
Le taux d’intérêt qu’il devrait payer va annihler tout son travail, et la plus-value produite sera absorbée par ses créanciers, même modestes en terme de rentabilité.
Ce n’est profitable qu’à court terme au créancier qui pourra cependant renouveler l’opération ailleurs ou plus tard.
Je ne crois plus aux microcrédits!
Il faut réellement mettre en oeuvre un système NON CARITATIF, équitable, avec des buts de développement au niveau mondial. Avec une décroissance dans les pays évolués (sus aux gadgets couteux!) et une croissance conséquente en pays en cours de développement.
Sans celà, ce sera la guerre planétaire … avec bombes atomiques ou kamikazes: à vous de choisir!
Avec la contrainte de ménager des ressources pour tous dans le futur.
@ avenir
Vos propos me paraissent parfois ambigus et je me permet donc de vous interroger. En effet, même si je ne crois pas partager vos valeurs, elles snt respectables et aimerait mieux comprendre
– Vous mettez en évidence la situation « moyennement confortable » (utilisons ces terme pour éviter la polémique sur des appréciations subjectives) par apport à celle des Etats-Unis ou les étudiants non fortunés sont obligés de recourir à des expédients bien plus pénibles que ceux connus par les étudiants français… Quel serait votre idéal : faire remonter les Etats-uniens vers une situation à la française ou adopter les moeurs états-uniennes en France (et en Europe)?
– Vous sembler regretter les montants importants consentis par l’Etat français pour son système éducatif (nonobstant son efficacité que l’on qualifiera aussi de moyenne). Pourquoi regretter cela ? Croyez-vous qu’une population peu éduquée soit préférable ? (Par exemple parce que cela permettrait occupation des emplois « bas de gamme » par les natifs plutôt que par des étrangers ?). Votre critique fondamentale est-elle que ce système éducatif est financé par des impôts proportionnels aux revenus, ce qui empêche les méritants de jouir pleinement de leurs biens ?
Merci de votre réponse éventuelle si vous lisez ceci.