Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Les experts reconnus vous diront qu’engager le dialogue avec les « amateurs éclairés » qui tentent de poser un œil critique sur leur discipline, est non seulement une perte de temps mais peut se révéler aussi une expérience dangereuse pour vous puisque votre nom se retrouve in fine associé aux thèses hétérodoxes dont vous avez accepté de débattre avec eux.
La discussion que nous avons engagée sur « la création monétaire » pourrait sembler leur donner raison. Arrivé au bout du parcours, j’ai trouvé beaucoup d’erreurs de raisonnement et parfois pire : quelques falsifications intentionnelles. La position où je me retrouve à l’arrivée est celle que j’avais au départ : celle des « experts » reconnus de la question, celle qu’exprime la théorie financière dominante telle qu’on la trouve exprimée dans les livres de référence de ma profession d’ingénieur financier.
Ai-je des regrets ? Non, et ceci pour plusieurs raisons. La première est que j’aurais pu continuer d’entretenir un doute : ma connaissance était-elle un véritable savoir ou bien l’aboutissement d’un endoctrinement ? Vous m’avez obligé de refaire le raisonnement entièrement, du début à la fin, et j’en ai éprouvé chacune des étapes au test de vos multiples objections. La deuxième, est mon intérêt en soi pour le fonctionnement de l’explication, je lui consacre mon livre à paraître et l’anthropologie des savoirs est celle à laquelle je m’identifie complètement. La troisième raison, est la découverte que j’ai faite à cette occasion du mécanisme de la manipulation de l’opinion par la désinformation. L’exemple est excellent : l’argent – un sujet qui nous touche tous de près ou de loin ; l’argent – un moyen que nous utilisons tous les jours sans que cela nous pose de problèmes ; les banques – qui nous prennent cet argent sous des prétextes multiples ; la monnaie – qui repose sur une « multiplication des pains » : la magie des « réserves fractionnaires » ; soit, au total, une combinaison fatale de mystère et de ressentiment qui nous fait suspecter l’existence d’un « scandale » et nous encourage à relâcher les principes que nous appliquons habituellement au raisonnement. J’ai pu constater ici que les « amateurs éclairés » ne prêtent pas suffisamment attention au fait qu’un maillon vicié dans le raisonnement (faux par naïveté ou par rouerie) l’invalide entièrement ; en ignorant cela ils tendent aux « experts » qu’ils critiquent les verges pour les battre.
Referais-je l’expérience ? Oui, parce que je reste convaincu qu’il existe des cas où les « amateurs éclairés » y voient en effet plus clair que les experts d’un savoir qui s’est fossilisé au fil des années. Oui, parce que je reste fasciné par le processus de la découverte : j’ai accepté autrefois un débat sur les OVNI, où j’ai découvert de la mauvaise foi dans les deux camps, j’ai ensuite accepté ici-même un débat sur 9/11 qui m’a permis de découvrir comment la morgue des experts les empêche de communiquer les résultats pourtant justes auxquels ils parviennent. Avis simplement à ceux qui ont quelque chose à vendre, de brun ou de noir : je ne vous tolérerai pas davantage.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
192 réponses à “Notre débat sur la monnaie : et si c’était à refaire ?”
Bonjour Dav et les autres,
il s’agit bien sûr de 4 formes de monnaies différentes. Je suis sidéré de voir à quel point nous avons une vision conventionnelle de la monnaie. Le problème provient en particulier de la 4ème « entité » car elle échappe à tout contrôle, contrôles qui ont été détruits je rappelle:
« La SEC donc, l’organisme qui devait surveiller les marchés, est passée de 147 employés à 1 seul.
Cette information a été donnée par Peter Welsh, représentant du Vermont au Congrès.
Elle a d’ailleurs été reprise par Lynn Turner chef comptable de la SEC (donc, quelqu’un de fiable!) qui, témoignant sous serment a déclaré (lisez bien ce qui va suivre!):
«Je pense qu’un écrémage systématique – appelez ceci comme vous voudrez – parmi les fonctionnaires a eu lieu dans cette administration, afin de saper ses capacités de contrôle.»
Tu peux Dav trouver ceci dans mon article « krach mondial – les raisons cachées ». Mais dès que l’on parle de cela l’on devient un affreux théoricien du complot!
Pour en revenir à notre 4ème « entité », il faut savoir que la majeure partie des produits dérivés qui représentent 75 % de la monnaie sont financés à crédit. Oui, tu as bien lu!
Ils sont financés grâce au système des « Margin Loan » où comptes sur marge. Tu comprends mieux le « tsunami » dans lequel nous sommes et bientôt, tout va être emporté. Paul et les autres n’en parlent pas. Pourquoi, je n’ai pas la réponse mais je commence à me poser pas mal de questions!
Je crois Gilles, qu’il faut qu’on soit plus précis.
Par exemple… si tout ce bazard, c’est de la monnaie, pourquoi parler de masse monétaire pour une catégorie bien précise de monnaie ?
Et puis, l’argent en circulation, je vois bien ce que c’est.
Les dettes, maintenant, je vois mieux ce que c’est.
Mais un « produit dérivé », pour l’instant, je n’ai qu’une vague idée de ce terme…
Et une moins bonne idée encore de la manière dont vous parvenez à en estimer la « masse ».
Je m’excuse de vous faire redéfinir ainsi votre propos, mais il me semble que la différence majeure entre les différents points de vue rationnels qui sont émis ici reposent sur des glissements sémantiques.
Et puis j’oubliais le plus important :
Etes-vous sûr qu’un produit dérivé soit de la « monnaie » ? Si oui, en quoi ?
Les produits dérivés sont des générateurs de liquidités, permettant de faire monter ou baisser le prix de ce qu’ on veut, et s’ approprier tout outil productif en faisant baisser le cours puis en déclenchant la vente panique d’ un titre de propriété (actions), par ailleurs, cela permet de s’ approprier tous les petits ballons du monde.
@ Dav: j’ai lu avec intérêt votre argumentation sur la « condamnation logique » de la spéculation. Au final, j’en retiens que la monnaie n’a pas de valeur intrinsèque autre que la confiance que nous lui accordons comme moyen d’échange. Dès lors spéculer sur la quantité de monnaie ne crée pas de richesse. C’est en effet logique… et ne vallait peut-être pas les efforts que vous avez consentis pour le démontrer.
@ Gilles Bonafi : je comprends pas oú vous voulez en venir à travers vos derniers posts… Votre distinction entre 4 formes de monnaie n’a pas de sens. Vous semblez croire qu’un produit dérivé est une forme parrallèle de monnaie. Ou que l’argent en circulation ne fait pas partie dela masse monétaire…
Quant à votre dernier commentaire sur la SEC et les raisons cachées de la crise , sans vouloir faire de procés d’intention, je les place leur apport au débat au même niveau que vos posts sur JFK et les « United States Notes » de 1963. J’en profites d’ailleurs pour vous dire que contrairement à ce que vous affirmez les « United States Notes » n’ont pas existé qu’en 1963 mais bien à plusieurs reprises dans l’histoire américaine, et qu’elles ont eu cours jusqu’en 1971. Je me demande comment Rumbo a pu rebondir sur votre commentaire en affirmant avoir été en possession d’un tel $ au Canada. La durée de vie d’un billet est de 10 ans environ… Une pièce de collection?
Où l’on voit bien que rigueur et volontée de démontrer qu’on nous cache des choses (tout en récusant l’étiquette de comploteur…) sont 2 orientations difficiles à concilier!
Bien respectueusement
« Les produits dérivés sont des générateurs de liquidités, permettant de faire monter ou baisser le prix de ce qu’ on veut, et s’ approprier tout outil productif en faisant baisser le cours puis en déclenchant la vente panique d’ un titre de propriété (actions), par ailleurs, cela permet de s’ approprier tous les petits ballons du monde. »
Pour l’instant, je n’ai pas compris. Et j’aimerais mieux cerner votre description/explication/intuition.
Pourriez-vous me présenter un exemple de produit dérivé ?
Est-ce que je peux traduire générateurs de liquidités, par générateurs de monnaie à l’état liquide (ayant la fonction d’échanges) ?
« Le prix de ce qu’on veut », cela inclut bien sûr les devises, genre carry trade; y’a-t-il des interdits ?
Comment le produit dérivé permet-il de « s’approprier » un « outil productif » (par exemple des usines) ? Je ne comprends pas un mécanisme que ne laisse pas sous-entendre le terme « dérivé » ?
Et enfin, quel est le mécanisme d’achat des produits dérivés ?
J’ai bien des intuitions/réponses sur ces questions, mais je voudrais approfondir l’analyse qu’on peut porter sur ces produits. Quel est en la part d’investissement (0, un peu) et de spéculation (partielle, totale) ?
Et nous n’avons pas répondu à la question, peut-on considérer les produits dérivés comme de la monnaie ? Si oui/non, pourquoi ?
@Tigue (j’ai repris votre billet, ici, où nous pourrons croiser les angles):
Comment rapprocher mon “n’existe pas” précedent, de votre : “existe indépendamment de celui qui l’ observe” ?
Si nous sommes tous les deux d’accord pour évacuer le solipsisme qui consiste à penser que le monde n’existe pas en dehors de nous (nous, observateur), alors il me semble que le rapprochement n’est pas difficile. Et dussions-nous mettre par convention, ce petit vertige aristotélicien à la poubelle que ça ne me gênerait pas plus que ça.
Il y aurait donc :
Les choses qui existent, que nous ne percevons pas. Nous les reconnaissons au fait que nous ne pouvons pas prouver qu’elles n’existent pas (ni ne pouvons prouver qu’elles existent au reste, mais ça n’a que peu d’importance).
Les choses qui existent, que nous percevons. Nous les reconnaissons au fait que nous ne pouvons pas prouver qu’elles n’existent pas, et nous devons garder à l’esprit qu’elles existent pour nous sous la forme d’une représentation.
Les représentations, qui n’existent pas, mais que nous percevons. Nous les reconnaissons au fait que nous pouvons prouver qu’elles n’existent pas, mais que nous ne pouvons pas prouver que les effets qu’elles produisent n’existent pas.
Soit une catégorisation assez simple :
Métaphysique
Physique
Mathématique
De là, je dirais que la richesse relève de la métaphysique, le bien ou le service rendus de la physique, et la monnaie des mathématiques.
Est ce une classe particulière d’ objets ? une classe pour laquelle la logique aristotelicienne est inopérante (ni vrai , ni faux).
Comment rendre compte de la vérité relative à l’ espace considéré (au contexte ?), comment rendre compte de la vérité absolue, inateignable, ce qui prend la valeur: {mon “n’ existe pas pour nous” et votre “existe independament”}.
Je doute qu ‘une télé appartienne cette dernière catégorie (4eme), j’ y verrais plutot des trucs plus spirituels…
Mais nous risquons de gonfler passablement les lecteurs…
Au total, il me semble qu ‘existent des phénomènes sur lesquels agissent les observateurs, mais qui n’ existent pas sans eux. Ces phenomenes sont le reel. A nous de decouvrir la fonction qui permet d’ agir sur ce reel et les relais physiques qui le permettent. L’ etude de la fonctionalité des phénomènes semble plus féconde, que l’ étude des seules manifestations de ces phénomènes dans un cadre donné.
Les produits dérivés sont de la monnaie car lorsque je gagne ou je perds avec ces produits financiers il s’agit d’argent réel. Par exemple la société générale a perdu 5 milliards qui étaient bien réels.
En ce qui concerne les exemples de produits dérivés, je vais prendre l’exemple des CDS qui pose particulièrement problème.
Les CDS sont des contrats financiers bilatéraux entre acheteurs et vendeurs de protection. L’acheteur de protection verse une prime, exprimée en points de base (un centième d’un point de pourcentage) par an en fonction du montant notionnel de l’actif, au vendeur de protection qui promet de compenser les pertes de l’actif de référence en cas d’événement de crédit.
Il s’agit d’une transaction non-financée : sans obligation de mettre de côté des fonds pour garantir la transaction, le vendeur de protection reçoit des primes périodiques et augmente ses avoirs sans nul investissement en capital si aucun événement de crédit n’a lieu jusqu’à maturité du contrat. Dans le cas contraire, c’est très coûteux, il est contraint de faire un paiement contingent, donc de fournir des fonds (en monnaie réelle). Il s’agit donc d’une exposition hors-bilan (c’est pour cela que le pire est à venir !)
En ce qui concerne les comptes sur marge (Margin Loan) voici un exemple qui va t’éclairer.
Imaginons que tu achètes 1000 actions BNP à 50 euros, tu devrais donc débourser 50000 euros. Or, l’exigence de couverture d’un contrat de Margin Loan te permet de ne faire qu’une couverture de 10% (les taux de couverture varient en fonction du risque, de 1 à 50 %) soit 5000 euros. Tu as donc un prêt de 45000 euros et ceci est de l’argent réel car en cas de défaillance, il faudra rembourser.
Le problème de ces contrats se nomme « appel de marge ».
En effet, , les cours peuvent chuter. Lorsque la valeur des avoirs (la valeur des actions, moins ce que l’on doit au courtier) chute au-dessous de la couverture de maintien, le courtier envoie un » appel de marge « . Cet appel de marge oblige à vendre les placements ou à déposer des fonds dans le compte.
En gros, tu peux tout perdre et c’est ce qui se passe en ce moment.
C’est étrange que personne ne soulève ce problème. Paul où es-tu?
Oups… vous m’excuserez d’avoir oublié d’effacer mon copier/coller…
Le message s’arrête donc à Mathématiques, vous l’aurez compris.
ET pour parler de votre télévision, on peut imaginer que l’objet fait partie de la deuxième catégorie, mais que les représentations via lesquelles nous y avons accès (à cet objet physique) font partie de la troisième.
Paul a écrit énormément sur ce sujet.
Par exemple, la crise des subprimes est due a un effet domino incluant ces produits.
Un exemple de produit dérivé est le CDS : credit default swap.
C est une assurance contre le défaut de paiement d’ une dette d’ entreprise par exemple.
Le problème est qu’ il existe un détournement du principe de l’ assurance, avec l’ autorisation de spéculer sur les variations numériques de ces Cds (on joue alors qu’ on a pas de risque a couvrir ).
Ce type de produit génère un montant notionnel (somme de tous les engagements) total supérieur a 500 000 milliards de dollars.
Le volume des sommes dégagées par cette industrie sont fantastiques.
Ces produits dérivés utilisés dans le secteur immobilier américain (mbs, cdo entre autres…), ont permi de financer la bulle immobilière et la consommation des ménages avec l’ argent des investisseurs a la recherche de placements pour leurs liquidités (chinois notemment).
La baisse des prix immobiliers provoque des pertes sur la valeur de ces produits (les dettes immobilieres ont été transformees en titres-profuits derives-produits synthetiques négociables comme les actions).
Les banques, les fonds de pension, les entreprises, acheteuses de ces titres perdant de l’ argent et devant se recapitaliser.
Si vous étiez propriétaire d’ une entreprise et qu’ un fonds vous propose 4 fois le prix, vous lui vendez, et vous êtes payés avec de la monnaie qui vient majoritairement de là. De même si vous êtes une entreprise cotée en bourse et qu’ un tel zinzin, s’ intéresse a vous, il peut provoquer de façon durable la baisse du prix de l’ action et contraindre a déclencher un mouvement de vente, qui par effet boule de neige accelerera la chute des cours.
Si par exemple, un gouvernement etranger est derrière le zinzin, cela pose problème.
@Merci Gilles.
Je vais tranquillement prendre le temps de digérer la partie technique de votre message…
« Les produits dérivés sont de la monnaie car lorsque je gagne ou je perds avec ces produits financiers il s’agit d’argent réel. Par exemple la société générale a perdu 5 milliards qui étaient bien réels. »
Trois questions :
En imaginant bien sûr que la mise de départ n’est pas à crédit, histoire d’avoir un « produit dérivé » témoin 🙂
Lorsque je gagne de l’argent avec ces produits financiers, d’où vient l’argent que je gagne ?
Y a-t-il une augmentation de la quantité de monnaie existante dans le système ?
Lorsque je perds de l’argent, cet argent est-il détruit ?
Si on veut parler de la même chose, il faut rester dans la définition « communément admise » de la monnaie.
Chaîneau définit la « masse monétaire » de la manière suivante
A ce propos, je vous suggère de voir (graphique) les évolutions des masses monétaires aux USA depuis 1959
http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Components_of_the_United_States_money_supply2.svg
@Merci tigue
Vous dites : « Les volumes des sommes dégagées par cette industrie sont fantastiques. Ces produits dérivés utilisés dans le secteur immobilier américain (mbs, cdo entre autres…), ont permis de financer la bulle immobilière et la consommation des ménages avec l’argent des investisseurs à la recherche de placements pour leurs liquidités (chinois notamment). La baisse des prix immobiliers provoque des pertes sur la valeur de ces produits (les dettes immobilières ont été transformées en titres-produits dérivés-produits synthétiques négociables comme les actions).
Les banques, les fonds de pension, les entreprises, acheteuses de ces titres perdant de l’argent et devant se recapitaliser. »
D’après vous tigue, que se serait-il passé en l’absence de possibilité pour l’Etat de s’endetter (et donc de créer de la monnaie en tant que réserve de valeur, sous la forme de dettes) ?
Que se passerait-il si l’état cessait de gager une richesse hypothétique future en contrepartie de la fantastique masse monétaire qui se répercutent aujourd’hui sur elle, via les bons du trésor ?
Pourrait-on en déduire comme je suis tenté de le faire qu’il y aurait eu simplement des pertes d’argent sur les produits toxiques et une gigantesque inflation sur tout le reste ? Démontrant ainsi un formidable excès de masse monétaire ?
@AJH.
Je crains qu’en ne prenant une définition conventionnelle de la monnaie, on ne vous renvoie très vite en contre-argumentaire une définition conventionnelle de la circulation de la monnaie (flux, réserve de valeur, tout ça)…
Je pense qu’on gagne à oublier (pour l’instant), les définitions conventionnelles, et à faire, entre nous, ce travail de redéfinition permanente des termes que nous employons, au moment où nous les employons.
J’imagine qu’au final, a posteriori, on retombera en partie sur les définitions conventionnelles.
Dav et Gilles Bonafi:
Un produit dérivé c’est, en principe, comme des actions. À part certains produits dont Gilles donne l’exemple ci-dessus avec les CDS, le processus de titrisation des prêts est une transformation de ceux-ci en actions dont les cours montent et descendent indépendament du montant où elles ont été achetées en monnaie. Mais ce qu’explique Tique montre la fausseté de pareilles « formules » – toutes mélangées – (autre image: de l’huile végétale alimentaire et de l’huile de moteur sont toutes de l’huile, peut-on pour autant cuisiner avec un pareil mélange d’huiles?…). Si c’était du « béton », je poursuis l’image en disant que, en tant que professionnel du bâtiment, je ne donnerais jamais une garantie décennale à un pareil « béton ». Les Mines ou Véritas encore moins!….
@Dav:
Les inflationnistes pensent que les prix des valeurs réelles vont forcément augmenter avec a terme le risque d’ hyperinflation (comme pendant la république de weimar).
Les deflationistes pensent que la croissance artificielle financée a crédit se tarissant par la fermeture des vannes du crédit, il y aura des faillites dues notament a une baisse generalisee de la consommation (pas d’ accès au crédit= baisse de la conso aux us), donc baisse des prix (course au low cost) et donc des salaires, fermant la boucle du cycle déflationniste (déflation longue a » la japonaise ») Le transformation de la dette privée en dette publique, intervient quand l’ état renfloue, aide les citoyens…
Les us peuvent faire ce transfert tant que les taux longs ( independants de la fed) sont bas, si ceux ci montent, la dette deviendra insupportable, et la interviendrait la tentation d’ eponger la dette par l’ inflation (mais il s’ ensuivrait une déflation).
Mais comme le dit justement Paul, chaque crise est différente, et je pense personnellement, que ces notions déflation (deflation=baisse de l offre de monnaie) ou inflation,sont déjà obsolètes pour décrire ce qui se passe (il y a bien pour le moment « une déflation » du prix des actions, du prix des matières premieres, du prix de l’ immobilier…). Si l’ on accepte notre nouvelle définition « fonctionnelle » de la monnaie, l’ offre baisse localement (contraction du crédit) mais pas pour les zinzins qui continuent a tout acheter, pendant que les « humains » vendent.
Merci pour votre réponse. Je vais détailler un peu l’interprétation que j’en fais.
On va retomber sur des évidences, mais des évidences un peu mieux démontrées, cette fois, je pense.
Nous avons donc eu ici un formidable accroissement de la masse monétaire sans création de richesses réelles. Le symptôme de ce formidable accroissement était l’inflation du prix des actifs dans la phase précédent le déclencheur de la crise… et maintenant, le symptôme de ce formidable accroissement de la masse monétaire sans création de « richesses » c’est, non pas la déflation, mais l’accroissement de la dette publique, dans lequel va se « stocker » l’excédent de masse monétaire.
D’après moi, on en arrive à démontrer que ce formidable dysfonctionnement n’est pas dû au système de la création monétaire par le crédit, puisqu’on a vu que cette création pouvait soit permettre la création d’une richesse réelle (un investissement), soit permettre la création de la représentation d’une richesse (une spéculation) et qu’elle pouvait donc rester « neutre » en matière monétaire (conservation correcte du ratio richesse réelle/masse monétaire).
J’en arrive donc à cette conclusion simple :
Ce n’est pas le système de création monétaire qui est en cause dans la crise économique (on pourra lui attribuer d’autres maux, peut-être, comme la crise écologique… mais j’esquive ce débat pour l’instant).
C’est le fait qu’on ait appliqué ce système de création monétaire à des représentations de richesse, et non pas à ce qu’on estime être des richesses réelles.
Nous avons ainsi fabriqué un gigantesque système de dévaluation monétaire, à effet retard, par une augmentation massive de la masse monétaire sans contrepartie, et que nous sommes aujourd’hui contraint de stocker dans les dettes publiques, à l’état de réserve de valeur.
J’irais jusqu’à envisager que le caractère cyclique de l’économie qu’on nous vend comme étant naturel, n’est en fait que l’enfant (naturel) de cette spéculation (le fait que nous considérions la représentation de la richesse comme une richesse en elle-même).
Si nous sommes capables de démontrer ça, alors il nous faudra regarder comment/si nous pouvons cesser de considérer la représentation de nos richesses comme étant des richesses en elles-même.
A ce titre, s’être débarrassée de l’étalon-or me semble plutôt aller dans le bon sens, contrairement à la manie que nous avons eu de tout déréguler.
Bonkour à tous,
je vous envoie mon dernier article qui résume ce que je pense.
La vérité sur la crise
Sur le blog de Paul Jorion (un des économistes qui a annoncé la crise actuelle) a eu lieu un véritable débat sur la monnaie. Or, qu’est-ce que la monnaie ? La querelle est avant tout centrée sur la vidéo de Paul Grignon « l’argent dette. »
Paul Grignon (ainsi que d’autres économistes dont Maurice Allais) déclare que les banques créent de la monnaie à partir de dettes. Le débat a été animé et Paul Jorion a affirmé que le raisonnement de Paul Grignon était faux.
Pour ma part, je pense que le raisonnement de Paul Grignon est vrai dans le fond et faux sur la forme. En effet, il y a bien création d’argent à partir de dettes et je vais m’en expliquer.
Notre conception de la monnaie a changé car il faut désormais introduire les produits dérivés dans sa définition. La monnaie est donc composée de 4 entités distinctes :
-l’argent en circulation : 1% (de la monnaie)
-la masse monétaire : 11%
-les dettes sécurisées : 13%
-les produits dérivés : 75%
On le voit, les produits dérivés représentent l’essentiel de la masse monétaire, 630 000 milliards de dollars. Cela dépasse l’entendement car il s’agit de 13 fois le PIB mondial. Ils posent donc problèmes, d’énormes problèmes.
Je vais illustrer ici pourquoi.
Les produits dérivés sont de la monnaie car lorsque l’on gagne ou que l’on perd avec ces produits financiers il s’agit d’argent réel. Par exemple la société générale a perdu 5 milliards d’euros qui étaient bien réels.
En ce qui concerne les exemples de produits dérivés, je vais choisir 2 exemples : les CDS (Credit default swap) qui sont au cœur de la tempête et représentent 62 000 milliards de dollars dans le monde et les comptes sur marge (Margin Loan) qui illustrent le dysfonctionnement de la bourse.
Les CDS sont des contrats financiers entre acheteurs et vendeurs de protection. Il n’y a aucun fond pour garantir ces contrats et en cas de difficultés, le vendeur de protection est obligé de fournir de l’argent bien réel. Ces opération n’apparaissent pas dans le bilan des organismes financiers (on appelle cela une « exposition hors bilan ») et c’est pour cela que le pire est à venir !
J’ai affirmé dans mon article « Barack Obama, dernier président des USA » :
« L’OCC (Comptroller of the Currency, l’autorité de tutelle des banques) déclarait le 30 juin 2008 que les banques commerciales US possédaient 182 100 milliards de dollars de produits dérivés. Son dernier rapport (30 septembre 2008) précise que JP Morgan Chase détiendrait 43 000 milliards de dollars en produits dérivés et Citigroup 17 500 milliards soit plus que le PIB mondial. Les sommes en jeu sont colossales et, pour rappel, les entreprises sont interconnectées à l’aide de CDS pour un montant de 62 000 milliards de dollars. Les premières défaillances ont commencé, nous assisterons donc bientôt, par effet domino, à l’implosion du système. »
J’ai d’ailleurs indiqué que la fermeture des bourses aurait lieu bientôt car je pensais que Citigroup s’effondrerait. Mais ce n’est que partie remise et malgré les sommes colossales investies pour renflouer les banques, elles s’écrouleront.
En ce qui concerne les comptes sur marge (Margin Loan) voici un exemple qui va vous éclairer car il faut comprendre à quel point la bourse fonctionne de manière irrationnelle.
Imaginons que l’on achète 1000 actions x ou y à 50 euros, il faut donc débourser 50000 euros. Or, l’exigence de couverture d’un contrat de Margin Loan permet de ne faire qu’une couverture de 10% (les taux de couverture varient en fonction du risque, de 1 à 50 %) soit 5000 euros. Nous avons donc un prêt de 45000 euros et ceci est de l’argent réel car en cas de défaillance, il faudra rembourser.
Le problème de ces contrats se nomme “appel de marge”.
En effet, les cours peuvent chuter. Lorsque la valeur des avoirs (la valeur des actions, moins ce que l’on doit au courtier) chute, le courtier envoie un ” appel de marge “. Cet appel de marge oblige à vendre les placements ou à déposer des fonds dans le compte.
En gros, on peut tout perdre et c’est ce qui se passe en ce moment.
J’espère vous avoir éclairé sur les arcanes de la finance.
Il va falloir maintenant se réveiller car le navire est en train de sombrer et comme l’explique J.K. Galbraith :
« L’économie de marché est volontiers décrite comme un héritage ancien. En l’occurrence, c’est une escroquerie, ou plus exactement une erreur communément admise. Trop de gens apprennent l’économie dans des manuels qui entretiennent encore les dogmes de la production concurrentielle des biens et des services et de la capacité d’acheter sans entraves. En fait, il peut n’y avoir qu’un ou quelques vendeurs assez puissants et persuasifs pour déterminer ce que les gens achètent, mangent et boivent. » Les nouveaux mensonges du capitalisme Publiée dans le Nouvel Observateur (4/11/05) Interview de John Kenneth Galbraith par François Armanet.
Gilles Bonafi
@Gilles
Si j’étais vous, je renforcerais le début de l’analyse. Si j’ai bien compris ce que vous m’avez expliqué, le problème n’est pas dans le système de création monétaire en lui-même via le crédit, mais dans l’objet du crédit.
Il n’y a « création monétaire » qu’en raison du fait qu’il n’y a pas eu création de véritable richesses en face.
En somme, si on avait appliqué le crédit à des vraie richesses (entreprise, production…), nous aurions eu une grande augmentation de la production (fabrication de « richesses » stimulées par le crédit) mais pas d’augmentation du ratio masse monétaire/richesse (ou petits papiers/ballons, si vous préférez).
En revanche, parce qu’on a appliqué le crédit à de fausses richesses (monnaie et assimilée), nous avons eu une grande augmentation de la monnaie et assimilée et ce faisant du ratio masse monétaire/richesse.
La réponse à tout celà est donnée par A-J Holbecq :
« Si on veut parler de la même chose, il faut rester dans la définition “communément admise” de la monnaie.
Chaîneau définit la “masse monétaire” de la manière suivante
La masse monétaire est la somme des actifs monétaires que détiennent les agents économiques pour la réalisation de leurs transactions présentes et futures. Elle représente la somme de leurs encaisses. »
C’est un problème de définition de la monnaie, et que cela plaise ou pas, les produits dérivés sont partie intégrante de celle-ci. L’argent que je gagne ou que je perds avec ces produits est réel, ils sont donc de la monnaie. L’essentiel du problème est là et non dans les crédits bancaires classiques.
L’humanité avance en donnant des coups de pied aux « choses communément admises ».
Ce n’est pas ce que j’ai voulu vous dire.
Ce que j’ai voulu vous dire, c’est que l’augmentation de la masse monétaire n’est pas le fait du crédit en lui-même.
L’augmentation est le fait de l’objet de ce crédit.
En ce sens, la démonstration de Grignon est très médiocre et votre texte me semble devoir être plus précis.
L’absurdité ne réside pas dans le principe du crédit ou du leverage ratio, mais dans le fait que ce crédit, ou ce leverage ratio puisse se porter sur la monnaie elle-même.
Ce passage par exemple : « Pour ma part, je pense que le raisonnement de Paul Grignon est vrai dans le fond et faux sur la forme. En effet, il y a bien création d’argent à partir de dettes et je vais m’en expliquer. »
or, ce que vous nous expliquez n’est valable que dans le cadre de la spéculation spécifique (produits dérivés)… dans tous les autres cas, il y a création d’argent à partir du crédit, mais ensuite soit une création de richesse qui compense (équivalence dans le cadre d’un investissement sur une richesse réelle), soit un remboursement qui compense (destruction dans le cadre d’un crédit à la conso par exemple).
Vous avez une allumette (le crédit).
Vous avez un cuisinier (l’investissement) et un pyromane (la spéculation).
Vous avez un incendie (la crise).
Et vous êtes en train d’accuser l’allumette, en prenant pour exemple un pyromane.
C’est cela qui me parait fragile dans votre démonstration. Vous prêtez un flan sur lequel il est facile de s’appuyer pour rendre caduque l’ensemble de votre raisonnement.
Et pourtant, vous tenez déjà le vrai coupable !
En fait, la démonstration de Grignon n’est précieuse que pour comprendre le mécanisme de création initial de la monnaie (c’est à dire que cette création est effectivement ex nihilo).
Mais la démonstration de Grignon est bien trop faible concernant les compensations existantes à ce mécanisme de création et notamment la mécanique de destruction monétaire qui est inclus dans le principe de base.
C’est pourquoi dans un débat contradictoire, il y aura toujours quelqu’un pour la reprendre de volée, à juste titre, si on fait la confusion entre ce qui relève de la spéculation pure, et le crédit en tant que moteur de l’investissement.
@ Dav : j’ai synthétisé dans mon précédent post en 2 phrases ce que vous continuez à développer en 5 pages. S’évertuer à démontrer que le problème réside dans le reflet imparfait de la richesse que donne la monnaie, c’est réinventer la roue! Relisez les posts de Paul Jorion!
@ Gilles : je vous renvois également à ce post. Votre distinction des monnaies n’a aucun sens. Je ne vois absolument pas ce que vous pensez ainsi démontrer.
Lecteur régulier de ce blog, je dois faire part une fois de plus de ma grande déception face à la tournure des événements relatifs au « débat » sur la monnaie.
Comme certains l’ont déjà dit, nous devons être reconnaissant à P.Jorion d’avoir permis ce débat. Je pense cependant qu’il a complètement dégénéré (le débat) et que cela est fort préjudiciable pour le débat lui même et sa crédibilité et pour les lecteurs comme moi qui cherchent de l’information et n’ont pas vraiment de temps à perdre.
Autant l’expertise (même amateur) d’intervenants comme A-J Holbecq, Jean Jégu, Etienne Chouard ou « Etienne » du “18 octobre 2008 à 18:04” (voir ici à la fin de http://www.pauljorion.com/blog/?p=684#comment-8453 ) est précieuse et permet à chacun de progresser, autant les commentaires de certains intervenants sont totalement contre productifs et doivent décourager de nombreux lecteurs.
Je conseillerai donc à certains d’aller continuer leur conversation sur un forum mieux adapté et surtout de commencer par consulter ce qui existe déjà au sujet de la monnaie avant de se lancer dans de grandes théories plus irréelles les unes que les autres ?
Pour mémoire par exemple, le livre de D.Plihon (La monnaie et ses mécanismes), celui de A-J Holbecq et P.Derudder (La dette publique, une affaire rentable) et des sites très bien faits comme Chômage et monnaie (http://www.chomage-et-monnaie.org/ ) ou celui de Jean Jégu (http://pagesperso-orange.fr/jegu.jean/ ). Il y en a d’autres.
Je vais finir par croire qu’il y a effectivement une conspiration dont l’objectif est d’enfumer tout le monde et de rendre le sujet le moins compréhensible possible.
Voila, c’était un coup de gueule qui n’engage que moi.
@Julien Alexandre
Vous n’avez pas fait l’effort de lire Gilles attentivement. Il ne fait pas de distinctions dans les monnaies. Il a parlé d’entités, de formes différentes d’une même chose qui s’appelle la monnaie.
Pour le reste, ça roule apparemment.
@RST
Et me voilà de nouveau reléguer au rang de « certains ». La légitimité est décidément une chose bien cruelle.
Qu’est-ce que vous n’avez pas compris dans mes démonstrations ? Qu’avez-vous trouvé d’incorrect ou d’absurde ?
je veux dire, à part la faute énorme de grammaire.
Ainsi donc, reprenons. A partir du (très) long travail de démonstration qui précède, en y ajoutant une pincée de démonstrations non présentées ici, j’aboutirais à cette ébauche-là pour une vision constitutionnelle de la monnaie :
Considérant que l’échange de services est au coeur de ce qui fonde une société humaine, reposant sur une répartition libre des tâches de chacun,
Considérant que nous pouvons appeler richesses, ces services qui sont au coeur de ce qui fondent les sociétés humaines.
Considérant que la monnaie est une abstraction qui facilite les échanges de richesses.
Considérant que la monnaie ne peut être considérée comme une richesse par elle-même.
Nous reconnaissons le droit des sociétés humaines à définir librement pour elles-mêmes et par elles-mêmes un système monétaire, selon la forme qui leur convient, dans la limite des articles suivants.
– En aucun cas, la monnaie choisie dans le cadre de ce système monétaire ne pourra être une richesse par elle-même. Nul ne pourra prendre pour monnaie une ressource naturelle, ou un service universel.
– Toutes les activités visant à faire croître la quantité de monnaie, sans accroissement des richesses, sera proscrite.
La crise de 1929 et celle d’aujourd’hui ont une seule et même origine: la spéculation outrancière sans rapport avec la réalité. A chaque fois, les organismes de contrôle ne jouent pas leur rôle, ou, lorsqu’ils le jouent, c’est pour siffler la fin de partie. Milton friedman a ainsi déclaré:
«La Fed est largement responsable de l’ampleur de la crise de 1929. Au lieu d’user de son pouvoir pour compenser la crise, elle réduisit d’un tiers la masse monétaire entre 1929 et 1933.»Cette affirmation a été écrite dans ses mémoires «Two lucky people» publiées le 28 mai 1999. Le problème est dans la masse monétaire et sa définition. Autant que je me souvienne, la crise de 1929 a débuté avec un krach boursier car les petits porteurs avaient acheté des actions grâce au système des « Margin loans ». Donc en finançant à crédit leurs achats d’actions. Le problème des produits dérivés est prégnant lorsque cela se passe mal, comme aujourd’hui. « Rst » affirme que l’on désire « enfumer » tout le monde, en gros que nous sommes des simplets conspirationnistes. Ce que je sens, c’est que notre définition de la monnaie est inexacte et que certains produits comme les CDS posent problème. Mais en parler est déjà faire preuve « d’ignorance » et surtout « contre productif ». Je vais donc me taire définitivement tout en vous laissant méditer sur les travaux de Nassim Nicholas Taleb philosophe et expert en mathématiques financières (qui reste mon mentor) et qui affirme avoir une approche non mathématique du risque et de l’incertain et n’avoir aucune confiance dans les modèles financiers utilisés par les universitaires.
Il affirme ainsi: »« cela signifie que la pensée rationnelle sert très peu à éviter les risques. Elle semble essentiellement servir à rationaliser nos actes en leur injectant un peu de logique. » Son travail est basé sur le fait que l’évitement des risques n’est pas un acte rationnel mais intuitif, basé sur l’émotion qui remet en question les dogmes établis.
Dav: Quelques remarques.
1/
« Toutes les activités visant à faire croître la quantité de monnaie, sans accroissement de richesses, sera proscrite »
Mais pourquoi donc? A quel titre? (Je me fais ici l’avocat du diable…)
Qu’y a t-il d’ intrinsèquement injuste dans cette pratique (si aucun groupe privé, par exemple, n’en avait de jure ou de facto le monopole?)
Quels droits, exactement, sont ainsi violés? Et les droits de qui en particulier?
De même, pourquoi interdire de parier sur les prix, dans la mesure ou les gens savent que les gens qui gèrent leur argent (si on peut dire ça comme ça) essaient de le faire fructifier DE CETTE MANIERE (libre à eux d’accepter ou pas).
Pourquoi ne pas plutôt autoriser cette pratique, mais sous conditions, de la même façon que vous autorisez « les sociétés humaines » à choisir leur système monétaire, mais dans certaines limites? En quoi le choix plus limité que vous avez fait n’est-il pas arbitraire?
2/
J’ai du mal avec le « Nous reconnaissons le droit des sociétés humaines »…
a/Qui est ce « Nous ». Pour qui ce « Nous » condescendant se prend t-il?
b/Les deux premiers « considérants » semblent impliquer que ces points de départ reposent sur quelque chose de tel qu’ une démonstration rigoureuse. Ca me pose au moins 3 types de pbs:
– Je sens confusément que la « preuve » implique d’une part la description d’un état de fait (la forme qu’a prise le système monnétaire tel qu’il est aujour’hui), et d’autre part des préjugés ideologiquement/ culturellement très déterminés sur ce qui constitue le coeur d’une société humaine (franchement en l’état c’est inacceptable pour toute communauté qui refuse la séparation des ordres « économiques » « politiques » et « religieux »), et qui ne vont absolument pas de soi. Bref… les athés imposent leur conception des choses… Mais peut etre qu’une reformulation plus simple, moins « sacrée » arrangerait les choses.
– J’avoue que le mélange des deux ordres descriptif/ normatif ne me plait pas. Une loi constitutionnelle ca créé du neuf ex nihilo. Ca ne créé pas des regles pour un truc qui est déjà largement institutionnalisé, et qui est justement ce dont on discute.
– Dans le même ordre d’idée: je n ai jamais rencontré « l’homme ». J’ai rencontré les anglais, les français, Paul, Pierre, Jacques… De même je n’ai jamais rencontré les « sociétés humaines »… ni d’entités non humaines qui vivraient en société (qu’on ne me sorte pas les fourmis ou les abeilles… cf. l’argumentaire imparable du Leviathan… le passage du terme de « communauté » à celui de « société » dans l’histoire des idées politiques est d’ailleurs un point lourd de signification, qui reste assez peut étudié).
Une loi constitutionnelle de l’économie devrait à mon sens montrer qu’elle est « à l avantage mutuel » de tous les GROUPES (toutes les Nations puisqu’on parle de monnaie) ou qu’elle « maximise le sort des GROUPES les plus démunis » (Nations si on parle de monnaie) etc etc… ET IL S EN FAUT DE BEAUCOUP QUE LE CHOIX DE L UN OU DE L AUTRE IMPLIQUE LES MEMES REGLES AU FINAL!!!
Autrement dit s’appuyer sur une base contractualiste (stratégie de justification cohérentiste), plutôt que de poser dans l’éther des « principes » prétendûment issus d’une démonstration rigoureuse (stratégie de justification absolutiste).
3/
Sur la forme votre exposé rappelle moins une « loi constitutionnelle » qu’un « jugement ». La différence n’est pas mince. On ne donne pas impunément à l’institution de la Loi (ordre législatif) la forme d’un délibéré (ordre judiciaire). Ca ne me plait pas du tout…
Par ailleurs il n’y a de loi constitutionnelle que PARTICULIERE à une communauté (qu’on parle de la tradition antique ou moderne). Ici vous proposez quelque chose qui ressemble à une loi constitutionnelle UNIVERSELLE. Et c’est un pb intrinsèque à l’idée de constitution économique AUQUEL JE N AVAIS PAS PRETE ATTENTION. Parce qu’on parle évidemment d’un systeme mondial.
De plus donner la forme « Declaration des Droits de l’Homme » à un texte qui s’adresse au PEUPLES pose également un serieux problème logiques. Le problème est sans doute soluble mais force est de constater que l’on touche là aux limites de la théorie politique. Cf l’échec de Rawls lui même sur CETTE question du Droit des Peuples qu’il a quand même bien fait avancer. Et Dieu sait que ca lui tenait à coeur!
Enfin, une loi constitutionnelle pose les principe d’organisation de base AINSI que les institutions de base. Elle n’est pas régulatrice d’institutions qui lui prééxisteraient. Elle doit donc ETRE beaucoup plus précise. A mon sens parler de constitution économique est abusif… Il faudrait parler de la création d’un nouveau droit international de la Finance c’est à dire d’une nouvelle institutionnalisation de la Finance mondiale. Que l’économie se réduise à la Finance est bien évidemment faux. Plus centrale est la question de la distribution des avantages et des charges de la coopération sociale ( et donc de la rémunération du « travail », entre autres).
Plutôt que d’interdire le pari sur les matières premières, pourquoi ne pas rediscuter au fond la question de la justification des titres d’acquisition originelle de ces dernière (ces ressources appartiennent t-elles à tous à l’origine… ou à personne?). Ou encore pourquoi ne pas autoriser QUE la « coopérative » comme mode d’organisation de la production agro-alimentaire « de base » etc etc…
Bref la question d ‘une constitution de l’économie, outre de me paraitre douteuse en ce qu’elle oublie qu’elle est AUTANT une guerre entre les hommes que le produit d’une coopération entre les homme (quid de la compétition pour la puissance entre les nations?), me parait soit insuffisament fondée sur le plan théorique soit insuffisament précise sur le plan pratique.
Cela dit l’idée de faire des conditions de production de la masse monétaire une question normative centrale est une idee brillante qui mérite de faire son chemin.
@Gilles, nul besoin de vous décourager, je rejoins complètement votre constat… je mets en doute simplement un point qui me semble fragile dans la façon dont vous le démontrez.
@Antoine, merci de faire vivre mon post.
En guise de préambule aux réponses que je vais vous faire, j’aimerais vous faire part de l’intuition qui me pousse, je m’en rends compte, à articuler la réflexion de la façon dont je le fais.
Mon intuition est que les théories économiques vont pouvoir mettre à profit cette crise pour entamer leur révolution copernicienne et déplacer le centre de leurs analyses. J’ai l’intuition que la crise que nous vivons est d’une ampleur suffisante pour ébranler les visions dominantes, et que si cette crise n’y suffit pas, la crise des ressources qui va s’enchainer devrait finir le travail. Cette crise nous présente des conditions d’observation et de perception inédites, et ce sont ces conditions inédites qui vont permettre aux économistes de faire leur mue, et de sortir de l’archaïsme que je perçois spontanément à chaque fois que je me penche pour observer à leur fenêtre.
Les définitions classiques sont ébranlées par l’observation, non pas parce que le phénomène est complexe, mais parce que les clefs d’analyse n’arrivent pas à bouger; Cette crise, c’est le ciel de Kepler des Sciences Economiques, le moment de prouver les dires des Copernic, jusqu’ici relégués aux rangs de farfelues.
Pour faire suite à cette première ébauche, vous noterez que j’ai soigneusement évité la question de l’étalon, parce que je pense qu’il est possible de démontrer ce que dit Paul Jorion, à savoir que le seul étalon valable, c’est le temps de travail, mais que pour démontrer cela, après avoir cadré la réflexion sur la monnaie, il va falloir s’attaquer à la question des ressources, que j’ai, là encore, soigneusement évité jusque ici.
Vous me demandez :
1/
“Toutes les activités visant à faire croître la quantité de monnaie, sans accroissement de richesses, sera proscrite”
Mais pourquoi donc? A quel titre? (Je me fais ici l’avocat du diable…) Qu’y a t-il d’ intrinsèquement injuste dans cette pratique (si aucun groupe privé, par exemple, n’en avait de jure ou de facto le monopole?)
Quels droits, exactement, sont ainsi violés? Et les droits de qui en particulier?
De même, pourquoi interdire de parier sur les prix, dans la mesure ou les gens savent que les gens qui gèrent leur argent (si on peut dire ça comme ça) essaient de le faire fructifier DE CETTE MANIERE (libre à eux d’accepter ou pas). »
Vous avez aussi remarqué que j’ai soigneusement évité le terrain moral dans mes démonstrations précédentes. Je me suis contenté de pure logique, dans un cadre logique que j’ai également pris soin de définir. Je n’ai pas non plus pris de partie sur des questions comme le monopole de création, la création publique ou privée.
En revanche, je suis arrivé à la conclusion de l’interdiction de ce que j’appelle la spéculation (là encore, j’ai pris soin de le définir par opposition à l’investissement), non pas en raison d’un caractère injuste, mais simplement en démontrant par la modélisation que c’est un principe absurde, dans son essence même.
Par le déséquilibre mathématique que le principe engendre, on peut le soupçonner d’être le principal responsable des secousses cycliques du système économique dans lequel nous évoluons, et qui, comme par hasard, surgit de façon violente chaque fois que la bride est lâchée. Du coup, ce n’est pas son caractère injuste que je m’applique à souligner, mais l’absurdité économique que le procédé représente. Et c’est la raison pour laquelle, je considère son interdiction totale comme une rationalisation du système, et non pas comme une moralisation du système.
S’il le faut, je pense que je pourrais reprendre la démonstration et qu’il ne sera pas difficile aux plus experts d’entre vous d’appuyer mes dires par des exemples en situation; par de l’observation/description qui demande une technicité de haute volée que je ne possède pas.
Passons dans un post suivant aux autres points que vous relevez.
Ce qui est génial avec la création monétaire, c’est que cela permet aisément aux banquiers de gagner des intérêts et de prêter de l’argent qui ne leur appartient pas. Parce que finalement, que ce soit l’argent des déposant, de l’argent crée par le crédit (ne pourrait on pas dire qu’il est alloué comme des variables dynamique dans un programme informatique et qu’il n’aura de durée que celle de l’appel d’une routine et la libération de ces ressources lorsqu’on quitte cette routine ? Pourrait ont dire que finalement la différence entre la monnaie centrale papier et l’argent crédit ce ne serait finalement que leur durée de vie ?), de l’argent emprunté sur les marchés, quelque soit la façon dont les banquiers prêtent l’argent finalement cet argent ne leur appartient pas. C’est beaucoup plus facile de jouer, « créer » et spéculer sur de l’argent qui ne vous appartient pas en fait. Nulle doute que si les banquiers étaient simplement des riches milliardaires qui prêteraient leur propre argent, injecteraient cet argent dans l’économie, les choses ne se passeraient sans doute pas de la même façon. Les milliardaires aujourd’hui, sans doute spéculent ils, sans doute ont ils des fonds divers pour placer leur argent, mais je ne vois pas un Warren Buffet ou un autre être propriétaire d’une banque et prêter son propre argent aux autres. Il préfèrera toujours la spéculation pure et dure et passer par des intermédiaires. Au pire ce sont toujours essentiellement les autres qui morfleront et pas eux.
Ah la la….
En tout cas le bon sens populaire, même s’il ne comprend rien aux lois compliquées de la finance comprend bien que quand une banque va mal, il vaut mieux retirer son argent et avoir des billets plutôt que des comptes en banques remplis de chiffres qui seront bloqués, des chèques refusés, des cartes bleues refusées. Le bon sens populaire même s’il ne comprend rien à la finance sent bien que l’argent papier a sens doute plus de garantie que les comptes en banques des établissements bancaires. Encore que s’ils savaient qu’en dernière alternative, même la monnaie papier a une valeur de plus en plus conventionnelle, de confiance, qui ne repose sur plus aucune valeur comme l’étalon or, alors…. Enfin l’état est toujours plus AAA que la plupart des établissement bancaire, lui il pourra toujours taxer le contribuable pour se renflouer même si cela coûte très cher au final peut-être pour toute la société.
Vous dites Antoine :
« J’ai du mal avec le “Nous reconnaissons le droit des sociétés humaines”…
a/Qui est ce “Nous”. Pour qui ce “Nous” condescendant se prend t-il? »
Je vous comprends. Pour ma part, je ne me fais pas d’illusions. De la même manière que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen a répondu à un contexte philosophique et politique particulier, et qu’il peut être légitimement perçu comme un objet de l’occident, une « déclaration des droits économiques de l’homme » ne pourra que relever du même procédé quelque peu normatif et descendant; il reste à espérer que ce « nous », soit le plus large possible.
Nous sommes déjà passé de 7 à 20. Dans l’idéal, ce « nous » représenterait les peuples qui se reconnaissent dans les idéaux de l’ONU, quand bien même ses idéaux sont parfois… lointains.
Pour autant, l’objet d’une constitution, c’est d’être normatif, mais le fait qu’elle s’appuie sur des connaissances scientifiques le moins arbitraires possibles, et si possibles largement partagées, me semble un moindre mal.
« b/Les deux premiers “considérants” semblent impliquer que ces points de départ reposent sur quelque chose de tel qu’ une démonstration rigoureuse. Ca me pose au moins 3 types de pbs:
Pour la défense du texte, je rappellerais qu’il s’agit simplement d’une définition économique et qui ne considère qu’un champ très restreint de l’activité humaine, à savoir les échanges.
Le premier considérant est clairement un postulat que je n’ai pas démontré. C’est peut-être possible de le faire, de façon logique, mais pour le coup, il me semble que c’est clairement un choix moral que je fais.
Il s’agit clairement d’un rejet de l’individualisme pronée par les idées anarchistes d’une part, et un rejet de l’organisation étatique du travail qui constitue un danger pour la liberté individuelle.
Maintenant, je suis d’accord avec vous, ce point-là peut tout à fait se discuter.
Le second considérant est une simplement une définition de la richesse, pour bien la distinguer de la monnaie. Je suis passé vite sur la démonstration et la définition de richesse, mais le travail sur la question des ressources devrait me permettre d’y revenir. Je pense qu’au final, nous nous retrouverons sur ce point.
Vous dites : – J’avoue que le mélange des deux ordres descriptif/ normatif ne me plait pas. Une loi constitutionnelle ca créé du neuf ex nihilo. Ca ne créé pas des regles pour un truc qui est déjà largement institutionnalisé, et qui est justement ce dont on discute.
Là, je ne suis pas d’accord. Une loi constitutionnelle crée rarement du neuf. Elle entérine plus souvent les évolutions d’une époque. Par exemple la suppression de l’esclavage. C’est la philosophie qui crée l’idée, la constitution n’est qu’un vecteur de propagation de l’idée… donc, tout à fait normatif en effet.
Vous dites : – dans le même ordre d’idée: je n ai jamais rencontré “l’homme”. J’ai rencontré les anglais, les français, Paul, Pierre, Jacques… De même je n’ai jamais rencontré les “sociétés humaines”… ni d’entités non humaines qui vivraient en société (qu’on ne me sorte pas les fourmis ou les abeilles… cf. l’argumentaire imparable du Leviathan… le passage du terme de “communauté” à celui de “société” dans l’histoire des idées politiques est d’ailleurs un point lourd de signification, qui reste assez peut étudié).
Je comprends aussi ce passage mais le problème est donc de trouver un terme qui permettent d’inclure tous les groupes humains sans exception.
Vous dites : une loi constitutionnelle de l’économie devrait à mon sens montrer qu’elle est “à l avantage mutuel” de tous les GROUPES (toutes les Nations puisqu’on parle de monnaie) ou qu’elle “maximise le sort des GROUPES les plus démunis” (Nations si on parle de monnaie) etc etc…
A votre sens. Le problème est d’une part de conserver le droit d’une « société humaine » (sic) de ne pas s’inclure dans le système… de lui conserver le droit de vivre en marge et d’autre part de ne pas faire preuve de cette condescendance que vous dénoncez à juste titre et que nous pratiquerions forcément en identifiant/stigmatisant des « démunis ».
On pourrait donc se contenter d’une déclaration de principe en préambule. « Considérant qu’un système d’échanges doit pouvoir se réaliser dans des conditions de respect des engagements mutuels et d’équité entre les peuples »…
Un truc comme ça, mais en mieux écrit.
Vous dites : autrement dit s’appuyer sur une base contractualiste (stratégie de justification cohérentiste), plutôt que de poser dans l’éther des “principes” prétendûment issus d’une démonstration rigoureuse (stratégie de justification absolutiste).
Là, j’avoue qu’il faudrait me le reformuler, parce que je comprends bien la deuxième partie (que je pratique, bien que ne considérant pas qu’il s’agit d’une stratégie de justification « absolutiste »), mais pas le modèle de la première.
La suite arrive.
Vous dites Antoine :
3/ Sur la forme votre exposé rappelle moins une “loi constitutionnelle” qu’un “jugement”. La différence n’est pas mince. On ne donne pas impunément à l’institution de la Loi (ordre législatif) la forme d’un délibéré (ordre judiciaire). Ca ne me plait pas du tout…
Je vais vous dire un secret, mais ne le répétez pas. C’est la première fois que je réfléchis à la rédaction d’une constitution ou d’une déclaration de droits. 🙂
En revanche, si on reprend notre bloc constitutionnel et la DDH, il y a clairement des interdits identifiés.
Cette déclaration ne sera judiciarisée que si un système pénal lui est associé. Il faut bien sûr s’en garder.
Vous dites : plutôt que d’interdire le pari sur les matières premières, pourquoi ne pas rediscuter au fond la question de la justification des titres d’acquisition originelle de ces dernière (ces ressources appartiennent t-elles à tous à l’origine… ou à personne?). Ou encore pourquoi ne pas autoriser QUE la “coopérative” comme mode d’organisation de la production agro-alimentaire “de base” etc etc…
Bref la question d ‘une constitution de l’économie, outre de me paraitre douteuse en ce qu’elle oublie qu’elle est AUTANT une guerre entre les hommes que le produit d’une coopération entre les homme (quid de la compétition pour la puissance entre les nations?), me parait soit insuffisament fondée sur le plan théorique soit insuffisament précise sur le plan pratique.
Voilà, Antoine, vous mettez précisément le doigt sur la lacune des démonstrations précédentes. Elles ne font pas mention de la question des ressources. Mais il s’agissait de traiter cette question de manière séparée à la question de la monnaie, pour tout décentrer. Je pense que ce sera plus clair, une fois que la démonstration sur la question des ressources aura été clairement exprimée.
En effet, s’agissant notamment de toutes les ressources difficilement renouvelables, la question de la définition de la richesse s’impose très vite à nous, une fois posée les bases de l’interdiction de la spéculation.
Mais cela va aussi expliquer pourquoi je me suis appliqué à ne jamais parler de biens, mais toujours de services.
Vous dites : cela dit l’idée de faire des conditions de production de la masse monétaire une question normative centrale est une idée brillante qui mérite de faire son chemin.
Merci.
Et merci de m’avoir prêté quelques minutes votre GPS.
Une dernière chose quand même. Vous dites « prétendument démontrée ».
Je me suis soigneusement appliqué à « démontrer » en acceptant que cette démonstration puisse être fausse.
Je suis tout à fait prêt à reprendre une cheminement qui paraitrait douteux.
A condition qu’on ne me ressorte pas la seule convention de départ à ce travail : le refus de faire reposer mes réflexions sur le socle vertigineux du solipsisme.
@Julien Alexandre
Je ne veux plus rien dire mais je suis obligé de répondre aux affirmations sur le dollar de 1963. Il est vrai que les United States Notes ont existé jusqu’au 21 janvier 1971 pour être très précis mais,seuls les billets de 100 dollars ont été imprimés en 1966 et conservés dans les coffres du trésor jusqu’à cette date pour se conformer à la loi de 1878.
En 1963, John F. Kennedy autorisa l’émission de nouveaux United States Notes adossés aux réserves d’argent du gouvernement fédéral, et quelques 4 milliards de dollars en petites coupures furent émises. Celà fut décidé le 4 juin 1963 par John F. Kennedy par l’ordre exécutif numéro 111 110 abrogeant ainsi l’acte exécutif 10289.
Je sais de quoi je parle et avant d’affirmer, il faut se renseigner. Je ne voulais pas rentrer dans le détail, mais j’y suis obligé. Pour info les United States notes sont rouges et non vert. Vous pouvez trouver les preuves de ce que j’avance sur « http://www.friesian.com/notes.htm ». Voilà la vérité est rétablie et je peux définitivement me taire.
Cher Paul,
Vous nous dites que vous êtes revenu à votre position de départ, mais sans nous dire les arguments qui vous ont conduit à prendre cette position. C’est troublant, car les discussions de cet été progressaient pas à pas, au moyen d’arguments détaillés âprement contestés et défendus, ce qui permettait à chacun de comprendre les positions respectives des protagonistes et éventuellement de s’y rallier, de façon éclairée.
Là, nous sommes plusieurs à ne pas comprendre les causes de ce dernier revirement (peut-être avisé, je ne l’exclus pas, bien entendu, mais on ne sait pas encore pourquoi il était avisé).
Vous dites ici :
Dans un billet précédent (Le vrai débat sur la monnaie peut commencer), vous résumiez les grandes lignes de votre position actuelle (c’est moi qui met en gras ce que je trouve étonnant) :
_______________
Pourriez-vous (vous comprendrez que c’est important pour appuyer vos dires) nous donner des exemples de ces « experts reconnus de la question » auxquels vous faites allusion dans votre bille, s’exprimant dans des « livres de référence » (lesquels ?), qui affirmeraient (et démontreraient ?) que la monnaie scripturale n’est pas créée par les banques privées, et que ces banques privées, comme n’importe quel établissement financier donc, ne peuvent prêter (ou ne prêtent principalement, je ne sais pas ce qu’ils en disent) que l’argent qui est déposé chez elles ?
Pourriez-vous nous faire connaître des citations utiles de ces experts (ingénieurs financiers) ?
Pourriez-vous nous conseiller des titres de manuels à lire ?
D’avance (pour ces précieuses informations comme pour le reste), merci.
Étienne.
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PS : (« reproche » très amical) Le fait de publier tant de billets différents (avec forcément autant de conversations distinctes) à un rythme soutenu (presque un billet par jour pendant une semaine, parfois) sur un seul et même sujet (essentiel mais controversé) est proprement décourageant : on n’arrive pas à suivre, tout le monde parle en même temps mais à des endroits différents et donc sans être entendu de tout le monde…
Et en plus, le précieux robot qui nous signale par mail les nouveaux messages ne délivre plus, désormais, plus de 10 avis à la fois… ce qui fait rater de nombreux commentaires, il faut aller contrôler manuellement l’évolution de 10 ou 15 conversations… Il est difficile de suivre un échange soutenu dans de telles conditions. Il vaudrait mieux développer un seul (long) fil où vous interviendriez plusieurs fois dans le cours de la dicussion, je crois que ce serait mieux. Il est également urgent d’au moins mettre à jour la compilation sur la monnaie, avec un surlignage, si possible (c’est moi qui tarde à le faire, pardon).
___________________________
PPS : Jean Bayard, toujours en panne de connexion Internet, me charge d’une mission : préciser pour les amis du blog de Paul que :
@ Etienne Chouard
Je ne prends pas nécessairement position sur tous les arguments avancés par des commentateurs.
Ce sont des jeux d’écriture correspondant à la méthodologie comptable « à double entrée », c’est un langage servant à représenter des flux monétaires : le cinéma muet ne signifie pas que les acteurs ne savaient pas parler à l’époque, les films en noir et blanc ne veulent pas dire que le monde était gris à l’époque où ils furent tournés.
Ce n’est pourtant pas très original : c’est la vue communément admise dans le monde financier.
Ce sont les manuels de finance qu’on trouve dans les bibliothèques des ingénieurs financiers : ce ne sont pas des livres « de réflexion », ce sont des ouvrages techniques qui vous expliquent comment trouver l’argent que vous allez prêter : emprunts que vous contractez vous-même, lignes de crédit auprès de contreparties, mise en pension de titres, dépôts de clients, titrisation des emprunts de votre portefeuille, etc. Ces livres ne disent pas explicitement que l’argent ne peut pas être créé « ex nihilo », la création « ex nihilo » n’apparaît simplement pas dans la liste des opérations qui permettent de trouver des fonds à prêter. Ces livres ne réfutent pas non plus la création « ex nihilo » : elle n’existe pas à leurs yeux, et n’existant pas, il n’ont rien à en dire.
Le mécanisme des réserves fractionnaires est expliqué mais dans un autre chapitre de ces livres : au titre des obligations à respecter vis–à–vis des régulateurs, ce n’est pas considéré comme une méthode de création de crédit mais au contraire comme une création de réserves, c’est–à–dire comme une restriction au crédit.
@Dav : réponse au message du 28 novembre
Je n’ai plus sous yeux ce que j’ai écrit exactement mais vous avez compris métaphoriquement mon propos qui était littéral.
Le marché est une nouvelle forme de Providence. L’harmonie des intérêts par ce biais est une foutaise. Ce la n’a rien de scientifique, c’est de la métaphysique et la doctrine classique (Smith) et marginaliste (Je pense en particulier à Walras) me semble reposer sur cette opinion. La version autrichienne est plus subtile mais tombe dans le travers historiciste qu’elle entend dénoncer.
Le discours économique est un discours ambivalent : idéologique et scientifique. La monnaie est un rapport social. Faire monter le prix des actifs « artificiellement » (le mot est mal choisi car il ne pourrait grimper « naturellement car tout est affaire de convention plus ou moins explicite) repose sur un choix de société : Enrichissez-vous en devenant propriétaire puisque le partage du produit total tend à être accaparé par un nombre de plus en plus réduits de personnes. En fait, selon que vous êtes propriétaire ou non, le même billet de banque n’a pas la même valeur.
@Paul Jorion et tous
Extrait Encyclopædia Universalis 2006 (je n’ai gardé que les paragra^phes qui nous intéressent…)
Paul Jorion dit « Le mécanisme des réserves fractionnaires est expliqué mais dans un autre chapitre de ces livres : au titre des obligations à respecter vis–à–vis des régulateurs, ce n’est pas considéré comme une méthode de création de crédit mais au contraire comme une création de réserves, c’est–à–dire comme une restriction au crédit. »
Pourquoi faut-il restreindre le crédit s’il y a conservation des quantités? Il me semble que s’il n’y a pas création monétaire, une banque sera déjà automatiquement restreinte dans sa faculté à prêter par sa faculté à emprunter (à une autre banque ou au client déposant).
Cette restriction par le mécanisme des réserves fractionnaires n’est pas une méthode, certes, mais c’est la preuve qu’il y a d’une manière ou d’une autre création monétaire. Non? (je dis « d’une manière ou d’une autre » parce que je me demande si on ne peut pas envisager une création monétaire avec conservation des quantités, en faisant par ex. jouer la vitesse de circulation de la monnaie).
@ moi :
« Pourquoi faut-il restreindre le crédit s’il y a conservation des quantités? »
Pour ne pas déformer la struture des prix et celle de la production.
Voici les étapes du raisonnement développé jusqu’ici; raisonnement dont le principe est de repartir de zéro.
De réinventer la roue, comme me fait remarquer quelqu’un.
Ainsi donc,
– à partir d’un cadre logique définissant trois catégories d’objets; métaphysiques, physiques et mathématiques.
– à partir de la démonstration que la monnaie appartiendrait uniquement à la catégorie des objets mathématiques.
– à partir de la démonstration que les richesses appartiendraient uniquement à la catégorie des objets physiques.
– il a été possible de prouver que la spéculation était irrationnelle, car mathématiquement absurde.
– la situation d’observation que constitue la crise actuelle confirme la démonstration. De même que l’analyse des crises précédentes.
– De là, il a été possible de dire que la lutte contre la spéculation était une rationalisation du système physique de l’échange.
Quelles sont les lacunes de la démonstration jusqu’ici ?
a- Nous n’avons pas défini la situation d’échange dans laquelle apparait la monnaie, la considérant à tort comme évidente.
b- Nous n’avons que partiellement défini les richesses sur lesquelles se fondent la monnaie, en n’étudiant pas le fait qu’une richesse puisse être directement considérée comme une… monnaie d’échanges. C’est typiquement le cas d’une situation sans monnaie comme le troc.
c- Nous n’avons pas posé la question des ressources de l’échange, alors même que cette question a toujours été considérée comme première dans les théories économiques, et que cette question pose directement la question de la richesse en tant que monnaie d’échanges.
d- Nous n’avons pas répondu à la question de l’étalon qui permet de mesurer la valeur d’une monnaie, autrement dit la capacité d’une monnaie à bien représenter une richesse.
J’espère que vous avez remarqué que j’ai le souci de m’appuyer sur le dialogue pour interroger les cohérences et les incohérences de mon propre cheminement, tout en construisant un déroulé logique ne reposant que sur mes propres représentations.
a- Je vais donc revenir sur la situation d’échange. Qu’est-ce qu’une situation d’échange dans laquelle la monnaie apparaît ?
Contrairement à la monnaie, objet mathématique sans couleur politique originelle (comme nous avons tenté de le démontrer), la situation d’échange pose la question de la relation d’homme à homme, d’individu à individu. La caractérisation de cette relation pose donc la question de la domination et du pouvoir. Voici le procédé qui va nous permettre de mieux caractériser la situation d’échange : nous allons nous demander quand la monnaie apparaît-elle vraiment (le vraiment est important) ?
Dans une situation de domination violente, le processus de « l’échange » n’en est pas un. La situation violente peut faire… l’économie de la monnaie si j’ose dire. Une spoliation, un vol, une captation ou l’esclavage n’ont pas besoin de recourir à la conceptualisation que constitue la monnaie. Pas de véritable échange, pas de monnaie.
Dans une situation de domination symbolique, le processus de « l’échange » n’en est pas un. La situation de violence symbolique peut faire l’économie de la monnaie (c’est le cas du gourou, du messie, du seigneur ou du roi, nourris pas leurs serviteurs) mais il peut aussi, plus souvent, puisque la domination symbolique s’appuie sur nos représentations, se servir de la monnaie comme instrument de domination symbolique (typiquement : acheter une femme, ou se payer des serviteurs quand le contraire n’est pas possible)
Dans une situation d’échange équilibrée sans temporalité, l’échange est un échange simple. On l’appelle le troc. Toujours pas de monnaie.
Dans une situation d’échange équilibrée décalée dans le temps, l’échange devient un échange complexe. Le recours a la monnaie devient pertinent. L’abstraction permet de faciliter l’échange, et, en théorie, de veiller à la sauvegarde de l’équilibre initial.
En somme, nous en arrivons à déduire que la nature de la monnaie est de permettre les échanges équilibrés décalés dans le temps. Et que, dans toutes les autres situations d’échange, le recours a la monnaie est sans fondement.
L’objet logique de la monnaie est donc de représenter une situation d’échange équilibrée.
La sauvegarde ou non de cette logique initiale repose ensuite sur une volonté morale et la complexité de l’exercice d’une volonté morale.
Voilà un bel enseignement sur la nature de la monnaie, mais la démonstration reste lacunaire, puisque nous n’avons pas considéré l’objet de l’échange, à savoir ce que nous appelons par convention, une richesse.
Ce sera l’objet d’un post suivant.
A. dit : « Pour ne pas déformer la struture des prix et celle de la production. »
Pouvez-vous expliciter svp? (je ne suis pas économiste)
S’il y a conservation des quantités comment cela déformera-t-il la structure des prix (inflation?)? Par ailleurs, je ne comprends pas non plus comment la masse monétaire augmente avec en même temps conservation des quantités.
EN RESUME LA CREATION MONETAIRE PAR LES BANQUES PRIVEES N’EST PAS GRATUITE, LE BANQUIER EN EST RESPONSABLE SUR SES FONDS PROPRES.
Les banques privées lorsqu’elles proposent des crédits aux particuliers ou aux entreprises créent ex-nihilo la plus grande partie de l’argent qu’elles prêtent, cependant elles doivent avoir sur leur compte à la banque centrale (BCE) une reserve prudentielle en monnaie banque centrale correspondant à une fraction du crédit accordé. Cette fraction ou cette réserve est defini selon les accords Bale 2.
Prenons un exemple simplifié au maximun, si un banquier accorde un crédit de 100 000 Euros il faudra qu’il possede rééllement une fraction de l’argent qu ‘il prête à savoir ici dans l’exemple 8%( le pourcentage depend du type de crédit) c’est à dire 8000 Euros en monnaie banque centrale c’est à dire 8000 euros sur son compte à la BCE.
Les 92 000 Euros restant sont créer ex nihilo mais cette creation n’est pas GRATUITE pour la banque car si le particulier ou l’entreprise fait faillite c’est la banque qui a octroyé le crédit qui doit rembourser sur ses fonds propres . En effet tout argent créé par le crédit doit être détruit au fur et à mesure des remboursements du dit crédit, c’est une règle INCONTOURNABLE sinon c’est l’hyperinflation et au final la faillite du système monétaire. ( la masse monétaire est un équilibre dynamique entre ce qui est créé par le crédit et ce qui est détruit par le remboursement de celui-ci).
Donc une banque qui accorde un crédit prend un risque car si l’emprunteur est défaillant c’est elle- même qui doit détruire la monnaie qu’elle a créé et cette destruction se fait au détriment de ses fonds propres qui sont de la monnaie banque centrale qu’elle ne peut d’aucune manière créer ex nihilo.
Au final la création ex-nihilo de la monnaie scripturale par les banques privées N’EST PAS GRATUITE, le banquier en est responsable sur ces deniers propres c’est pourquoi le risque associé à cette création est remuneré par l’intéret.
Il faut simplement remarquer que l’argent de l’intèret lui n’existe pas et que de ce fait il ne peut être prélevé que sur de l’argent provenant de nouveaux crédits.
Il me semble que c’est l’essentiel à retenir en des termes simples et comprehensibles pour les non initiés.
J’attends vos remarques.
Conservation des quantités de quoi ?
De la masse monétaire ? Dans ce cas ce prémice est faux … les masses monétaires augmentent bien très régulièrement dans tous les pays du monde car ce sont les crédits nouveaux supplémentaires aux crédits « de remplacement » de ceux arrivant à échéance (crédits supplémentaires nécessités en partie par les intérêts à payer) qui font augmenter les masses monétaires .
Bon, ca va peut être diminuer en cette fin d’année 2008 et en 2009, puisque les banques seront frileuses pour émettre des crédits supplémentaires ou simlement nouveaux: c’est ça la crainte actuelle du système.
@BLAGNY Christophe
Tout a fait exact, sauf que le banquier garanti le prêt qu’il octroi par une hypothèque, un nantissement, ue assurance et la caution de la belle-mère … parfois les 4 ensemble.
Ce qui est anormal (amoral ?) c’est l’intérêt sur cette création monétaire, alors que des honoraires ne le seraient pas .. enfin c’est ce que je pense.
BLAGNY Christophe dit : « En effet tout argent créé par le crédit doit être détruit au fur et à mesure des remboursements du dit crédit, c’est une règle INCONTOURNABLE sinon c’est l’hyperinflation et au final la faillite du système monétaire. »
Merci pour votre post, je crois comprendre un peu mieux. Donc, il n’y a pas création monétaire réelle (laissons de côté la question des intérêts) pour autant que les prêts sont remboursés. Mais j’ai alors deux questions:
1) la masse monétaire augmente, ce qui signifie que l’on prête plus rapidement que l’on ne rembourse. Cela génère-t-il de l’inflation comme lorsque l’on fait tourner la planche à billets? Autrement dit, ce différentiel entre la création et la destruction de monnaie scripturale s’apparente-t-il à une création monétaire réelle (de monnaie fiduciaire)?
2) si une banque fait faillite parce que ses débiteurs lui font défaut et qu’elle perd ainsi plus que sa fraction de réserve à la BCE, on suppose que des créditeurs de la banque (déposants par ex.) vont y perdre de l’argent. Imaginons d’autre part que ces crédits dépassent largement le montant contenu dans le fonds de garantie et que l’état rembourse alors ces crédits dûs par la banque défaillante, cela revient-il à faire tourner la planche à billets?
b – Qu’est-ce qu’une richesse ?
Ainsi, nous avons démontré que, dans le système physique de l’échange, la monnaie était la représentation d’une chose qu’on échange, ce que nous avons appelé par commodité une « richesse » (sans doute maladroitement car le terme prête à confusion). Nous avons ainsi pu démontrer l’absurdité mathématique du principe de la spéculation qui consiste à considérer la monnaie en tant que « richesse ».
Pour autant, pour que cette distinction soit lisible, encore faut-il avoir bien travaillé à la définition de ce que nous appelons une richesse, dans le cadre logique que nous nous sommes fixé.
Ce qu’on appelle ici richesse est ainsi l’objet de l’échange, vierge de toute valeur (les différentes représentations possibles d’un objet par la monnaie, on les appelle en général des valeurs)
La meilleure formule que j’ai pu trouver est : la richesse est un objet sans la valeur de l’échange; autrement dit l’objet réel (objet physique au sens large… on verra que cela s’applique à la notion de service) AVANT toute représentation par une valeur.
Prenons un exemple simple :
Un verre d’eau est un objet sans la valeur de l’échange.
Dans le désert, pour un homme assoiffé, il aura une grande valeur.
Dans un cocktail, pour un homme repu, il aura une moins grande valeur.
Au milieu d’une île déserte, sans vie, inaccessible, il n’aura aucune valeur.
– Je ne peux pas prouver que le verre d’eau n’existe pas (physique)
– J’ai la preuve que sa valeur est une représentation (mathématique)
– Sa valeur peut être exprimée hors de tout système de représentation par la monnaie.
Prenons un autre exemple simple :
(la possibilité de) pratiquer un massage cardiaque est une richesse.
A la piscine, pour un maître-nageur, il aura une grande valeur.
A la morgue, pour un croque-mort, il aura moins de valeur.
Au milieu d’une île déserte, sans vie, inaccessible, il n’aura aucune valeur.
– Je ne peux pas prouver que le massage cardiaque n’existe pas une fois qu’il a été échangé (pratiqué)
– J’ai la preuve que sa valeur est une représentation (mathématique)
– Sa valeur peut être exprimée hors de tout système de représentation par la monnaie.
Prenons un dernier exemple :
Avoir un coffre rempli d’or est-il une richesse ?
Dans un Etat qui reconnaît les pièces frappées, il aura une certaine valeur.
Dans un autre Etat qui reconnaît l’or, il aura une autre valeur.
Au milieu d’une île déserte, sans vie, inaccessible, il n’aura aucune valeur.
– Je ne peux pas prouver que le coffre rempli d’or n’existe pas.
– J’ai la preuve que sa valeur est une représentation (mathématique)…
Mais alors, le coffre rempli d’or est une richesse, me direz-vous… oui, on pourrait le penser. On le considère comme tel, d’ailleurs.
La différence essentielle est que le coffre rempli d’or acquiert le statut apparent de richesse (d’objet de l’échange) parce qu’on lui a attribué le statut de monnaie au préalable. (il a déjà une valeur qui repose sur des représentations). Ce préalable change tout, et il n’existe pas dans le cas du verre d’eau ou du massage cardiaque.
– Sa valeur ne peut pas être exprimée en dehors de tout système de représentation par la monnaie.
Pour s’amuser, on pourrait ainsi conclure : Qu’est-ce qu’une richesse qui n’est pas une richesse ? Une monnaie.
Pour autant, ce travail de définition de la monnaie pose un problème majeur, qui n’a pas encore été traité.
Ce problème majeur, qui influe sur la valeur des choses en dehors de tout système de représentation par la monnaie s’appelle la ressource.
Ce sera l’objet du post suivant, dès que possible.
@ BLAGNY Christophe
Je pense que vous faites une confusion entre les ratios (le fameux 8%) proposés (mais pas obligatoires si je ne me trompe pas) par les règles prudentielles (Bâle) qui demandent un certain rapport entre les engagements et les fonds propres et les réserves obligatoires en monnaie banque centrale qui tournent autour de 2 %.
Ce sont 2 choses différentes, si je ne me trompe pas.
Je suis surpris que A-J Holbecq ne l’ait pas relevé 😉
@ Christophe Blagny,
C’est un des points centraux du débat (enfin « débat », si on peut dire, puisque, pour tout débat public, quelques blog encore libres sont le lieu unique d’une échange entre soi, très loin des audimats massifs confisqués par les voleurs de parole) :
Le prix de ce risque semble simplement exorbitant(*), et ce d’autant plus que le prétendu risque est, la plupart du temps, réduit à rien, à la fois par une succession de garanties, matérielles et personnelles, sans parler de cette nouvelle escroquerie qu’est la titrisation, qui consiste à refiler aux voisins le risque, en tranches et en douce, sans que ce risque dilué ne puisse plus être jamais mesuré, et en pariant que le goût du jeu et de l’argent facile rendra tout ce beau monde peu regardant sur les risques en question (ces mêmes risques que vous mettez en exergue comme fondements d’une juste revenu), sans parler non plus de l’absence de risque à grande échelle puisque la faillite générale des « banquiers titriseurs » et « financiers passeurs » sera toujours finalement évitée par l’État (pas toujours empoté ni incapable, donc) pour éviter une crise systémique, État détesté des libéraux et qui, pourtant, couvre de milliards les gredins, au lieu de les envoyer à Alcatraz en reprenant la maîtrise de sa fonction régalienne.
L’intérêt comme « prix du risque » assumé par les « professionnels du risque » que seraient les banques, c’est une blague ?
Étienne.
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(*) Songez que les prix immobiliers sont quasiment doublés sur les emprunts à long terme par le coût de l’intérêt… alors que toutes les garanties immobilières réduisent le risque à rien (à condition que les banquiers s’abstiennent de prêter aux indigents, évidemment, comme ils l’ont fait avec les subprimes, mais ce n’est pas le cas normal, n’est-ce pas ?).
Pour clarifier mon post précedent, il y a 2 choses différentes que je simplifie si dessous :
1) les reserves obligatoires en monnaie banque centrale (de l’ordre de 2 %)
2) les règles prudentielles (Bale II) : 8 %
On parle de création monétaire mais je n’ai vu apparaître nulle part les termes de « neutralité » de la monnaie ou de « monnaie active ».
@Moi
Je n’ai pas compris la formule : » […] la conservation des quantités ».
L’intérêt est, comme les réserves fractionnaires, une restriction de crédit :
1- Trop d’émission de monnaie peut ne pas avoir comme contre-partie de création de richesse
2- Elle peut stimuler, à court terme l’économie, en modifiant la structure des prix et de la production :
Exemple l’immobilier : L’excès de création monétaire a alimenté une hausse des prix immobiliers créant une bulle spéculative reposant sur les anticipations haussières par le mécanisme suivant : baisse des taux, solvabilisation d’une frange supplémentaire de la population, demande excessive par rapport à l’offre, hausse des prix immobiliers, anticipations haussières, stimultation de la demande etc …
Au fur et à mesure, les aspirants à la propriété se font moins nombreux et cette bulle repose finalement sur du vent puisqu’il arrive un moment, difficile à déterminer, où les prix augmenteront qu’en fonction de la quantité de monnaie créee et non plus en fonction de l’offre et de la demande.
Au final : création d’emplois dans l’immobilier, augmentation de la rente des propriétaires au détriment des locataires dont les salaires sont indexés sur l’inflation qui exclut le logement. Cette perte de pouvoir d’achat des locataires se fait au détriment des autres postes de consommation et il n’y a pas nécessairement compensation par le biais du surplus de rente du propriétaire car ce dernier aura plutôt tendance à épargner.
La bulle éclate : attentisme des acteurs. Le blocage du marché entraîne la suppression d’emplois chez les agents immobiliers (je ne les plains pas) et chez ceux qui vivent du bâtiment (dignes d’être plaints) mais les loyers (hélas) ne suivent pas la tendance à la baisse des prix.
C’est le flot d’argent qui a innondé l’économie ces derniers grâce aux taux d’intérêt bas qui a rendu possible cette bulle. Si il n’y avait pas d’intérêt, le flot d’argent, selon l’utilisation qui en serait faite, pourrait soutenir un moment des secteurs qui sans ce dernier ne connaitraient pas un essor, voire s’effondrerait.
@A.
En réponse à votre message de ce matin. Oui, il me semble que je suis d’accord avec vous quand vous dites :
« Le marché est une nouvelle forme de Providence. L’harmonie des intérêts par ce biais est une foutaise. Ce la n’a rien de scientifique, c’est de la métaphysique et la doctrine classique (Smith) et marginaliste (Je pense en particulier à Walras) me semble reposer sur cette opinion. La version autrichienne est plus subtile mais tombe dans le travers historiciste qu’elle entend dénoncer.
Le discours économique est un discours ambivalent : idéologique et scientifique. »
Mais il me semble que vous vous trompez quand vous dites « cela n’a rien de scientifique ». Il me semble que cela repose sur des raisonnements faux ou biaisés, et que ce sont ces raisonnements faux ou biaisés qu’il faut démolir, en ayant une approche scientifique.
Si, comme je le crois, la majorité des économistes continuent de penser que la terre est au centre de l’univers, en s’appuyant sur des observations trompeuses, alors il me semble que c’est par la démonstration et l’observation qu’il faut d’abord démontrer qu’ils se trompent.
Seulement ensuite, nous pourrons accuser le clergé d’aujourd’hui de faire preuve d’obscurantisme. 🙂
A moins que nous ne nous trouvions incapables de démontrer quoi que ce soit, et alors il faudra juste choisir une chapelle.
Voilà pourquoi, pour ma part, ma réflexion se porte sur l’univers. La monnaie, rien que ça.
étant bien entendu que cette réflexion n’est sans doute pas très originale., mais qu’au moins, elle est pleinement mienne.
@ A.
J’ai oublié de vous remercier pour votre dernier post est à la fois éclairant et précieux.
RTS a fait une tres bonne remarque mais j’ai tellement voulu simplifié au maximun que j’en ai oublié cette differenciation qui est importante c’est vrai mais qui ne remet pas en cause le mecanisme général de la création monetaire par les banques privées. Merci donc à RTS.
Par rapport à la remarque d’Etienne sur les interets trop élevé par rapport aux risques réels je ne peux qu’être d’accord.
Merci pour cette remarque fort judicieuse.
Une question: Est ce qu’une banque centrale peut faire faillite ?
@RST
Oui, vous avez raison de relever cette erreur dans le commentaire de Blagny… je n’avais pas fait attention voulant seulement réagir sur le problème des intérêts (que je considère indus car la banque ne prends pas de véritables risques, ce qu’a bien développé Etienne ensuite)
Bâle 2, pour être un peu plus précis, impose entre 4 et 8% de fonds propres selon la « risquicité » (hum?) des prêts que fait la banque ou l’établissement financier…
A. dit: « Je n’ai pas compris la formule : ” […] la conservation des quantités”. »
J’ai bien peur de ne pas la comprendre moi non plus. C’est Paul Jorion qui utilise cette formule et je l’avais comprise comme le fait que la quantité d’argent réel n’est pas augmenté par la création de monnaie scripturale. Maintenant, de deux choses l’une: ou bien la monnaie scripturale ne fait pas varier la quantité de monnaie réelle et dans ce cas je ne m’explique pas l’inflation des prix qu’elle provoque (votre exemple de l’immobilier), ou bien il s’agit d’une création monétaire réelle, tout comme avec la monnaie fiduciaire, et on tient la formule de la conservation des quantités comme erronée. Réflexion faite, il y a peut-être une troisième solution qui permet de réconcilier la conservation des quantités et la modification de la structure des prix: l’inflation des prix constatée dans certains secteurs (l’immobilier) n’est pas de l’inflation réelle mais un transfert d’argent d’un secteur à un autre et dans ce cas il faut aussi constater une déflation des prix (ou un appauvrissement) quelqu’autre part.
PS: je laisse tomber la possibilité de tenir la formule de conservation des quantités comme erronée, ayant reçu de notre hôte une explication courte mais limpide (du genre de l’oeuf de Colomb). Je ne m’explique par contre toujours pas clairement la modification constatée dans la structure des prix.
En plus, dans un entretien à la radio de cette année, Daniel Cohen dit que les banques respectent très peu Bâle 2 (je peux retrouver la citation et j’ai déjà dû en parler sur le blog).
@Moi
Vous avez de la chance … je ne vois toujours pas ce que Paul veut dire par « conservation des quantités » .. à vrai dire, je me demande même « de quoi » …
Paul Jorion dit : »Ces livres ne réfutent pas non plus la création « ex nihilo » : elle n’existe pas à leurs yeux, et n’existant pas, il n’ont rien à en dire » .Je crois que Monsieur Paul Jorion joue avec les mots car il est bien évident que vous ne trouverez dans aucun manuel traitant d’ingenieurerie financiere l’expression ex nihilo car d’un point de vue comptable et financier ça ne veut STRICTEMENT RIEN DIRE DU TOUT puisqu’il y a toujours une contre-partie à cette création. Il n’empêche que ça permet aux vulgarisateurs de marquer les esprits afin de comprendre l’ensemble du mécanisme d’une maniere un peu plus litteraire ce qui est trés important pour ce qui ne comprennent rien à la comptabilité financiere.
@Etienne Chouard
Question : en quoi la fraude (intérêts injustifiés, création ex-nihilo) définirait-elle davantage la nature de la monnaie que la monnaie sans fraude ?
Mais la « théorie » comptable ELLE-MEME pose problème… Qu’est ce qu’un actif comptable?
Et cette question là N’EST PAS elle-même une question de comptabilité.
J’ajoute que la comptabilité n’étant qu’un art, son développement par les professionnels obéit à un souci de rationalisation et de simplification du travail du professionnel. Exactement au même titre que la réflexion doctrinale sur le droit a toujours eu pour but la rationalisation et la simplification, l’homogénéisation du travail des juristes. Sauf que le point de vue du juriste n’est pas le point de vue du citoyen (en tant que construction normative), et que la rationalité technique juridique n’est pas la rationalité normative du politique. Il en est résulté, et il en résulte toujours, un grand n’importe quoi s’agissant de la cohérence de la théorie de la propriété en droit français, et ce depuis le XIXe.
La question est donc: quel est l’intérêt du point de vue comptable pour le problème qui nous occupe?
Il semble que l’art comptable implique toujours déjà une certaine interprétation de la réalité (par exemple, nous considérons parfois comme des entrées ce que les américains considèreraient comme des sorties… et si au final le résultat est le même, il reste que tout ceci repose au fond sur une interprétation politiquement déterminée du monde social), et il semble aussi – à vérifier- que l’art comptable produise des effets de réalité (ou comment un simple jeu d’écriture peut avoir un « effet performatif »).
Devrait-on exiger également qu’on exclue ou qu’on « suspende » ou qu’on mette entre parenthèse un temps le point de vue comptable afin d’y voir plus clair?
Il se pourrait bien que parler de création « ex nihilo » ne soit en rien un procédé pédagogique et littéraire, mais qu’elle soit, au pire, une interprétation alternative, également légitime, de la réalité et au mieux une description adéquate de cette réalité. Ce qui impliquerait que le point de vue comptable soit LUI-MEME la fiction littéraire (ce que je ne suis pas loin de penser… une fiction utile au professionnel certes, mais une simple fiction quand même, ce qui ne veut pas dire u’elle soit sans rapport avec la réalité qu’elle est prétendûment censée décrire… ou pas).
@Dav
Je n’ai pas encore le temps de me pencher plus avant sur votre démonstration. Mais je n’oublierai pas de la faire.
@A-J Holbecq
L’extrait d’Universalis que vous présentez est fort intéressant.
Si le contenu de cet extrait est vrai, alors il y a bien pour moi création monétaire.
Je remarque cependant qu’il est en contradiction avec ce que dit Paul, ainsi qu’avec ce que vous dites vous même dans les commentaires du post suivant (ou alors j’ai mal compris) :
Or l’extrait que vous présentez précise bien :
la partie du raisonnement que j’ai remplacé par […] me parait un peu douteux. Mais il en ressort clairement que selon l’auteur, la banque a le droit de prêter de l’argent alors qu’elle ne possède rien du tout (pas de réserves fractionnaires… rien). Si jamais cela était vrai, la seul explication que je vois qui pourrait mettre vos propos et cet article d’accord serait le fait que la banque emprunte l’argent qu’elle prête, à la banque centrale, contre intérêt et pour une durée limité. (et dans ce cas il n’y aurait pas de création et il y aurait conservation des quantités. Si vous voulez savoir ce que j’entends pas conservation des quantités, je peux le faire dans un autre commentaire).
Avez-vous une autre explication ? Ais-je bien compris le sens des deux citations (la votre et celle d’Universalis) que je reproduis ici.
Merci d’avance.
antoine dit :
1 décembre 2008 à 20:18
« »Mais la “théorie” comptable ELLE-MEME pose problème… Qu’est ce qu’un actif comptable?
Et cette question là N’EST PAS elle-même une question de comptabilité.
J’ajoute que la comptabilité n’étant qu’un art, son développement par les professionnels obéit à un souci de rationalisation et de simplification du travail du professionnel (….) » »
Voilà qui vient – à propos -, voir le lien ci-dessous.
Dans une période comme à présent, beaucoup sont capables de changer de « thermomètre » si la « température » ne leur convient plus. Dans l’industrie, les normes industrielles ont, normalement, force de loi. Mais en finance si 2 + 2 = 4 devient génant, on s’arrangera, par exemple, pour que 3 + 3 fassent aussi 4 ?… etc. Il y a longtemps qu’en finances, les chiffres ne collent plus, ne reflètent plus les réalités économiques et sociales. Maintenant, si l’on fait dérapper les normes comptables, que celles-ci devienent élastiques selon les cirsconstances, ce serait alors un signal accentué de « déglinguerie » générale…sauf pour certains bien entendu. Voir:
http://www.france-catholique.fr/Le-paradoxe-des-normes-comptables.html
Antoine, vous dites :
« Il se pourrait bien que parler de création “ex nihilo” ne soit en rien un procédé pédagogique et littéraire, mais qu’elle soit, au pire, une interprétation alternative, également légitime, de la réalité et au mieux une description adéquate de cette réalité. Ce qui impliquerait que le point de vue comptable soit LUI-MEME la fiction littéraire (ce que je ne suis pas loin de penser… une fiction utile au professionnel certes, mais une simple fiction quand même, ce qui ne veut pas dire u’elle soit sans rapport avec la réalité qu’elle est prétendûment censée décrire… ou pas). »
Je suis tout à fait d’accord avec ça. Parler de création « ex nihilo » est la description adéquate de la réalité pour bien comprendre qu’en l’occurrence, cette création peut aboutir à une création de richesse (investissement), ou pas (spéculation), voire dans le cas du prêt à la consommation, cette création peut être simplement une anticipation de l’existant (remboursement).
Vous dites : « Je n’ai pas encore le temps de me pencher plus avant sur votre démonstration. Mais je n’oublierai pas de la faire. »
Merci. Pour ma part, j’essaie de trouver un peu de temps très vite pour terminer mon voyage au pays de la monnaie.
@Archimondain
Dans l’encyclopédie universalis, le rédacteur part d’un exemple où il n’y a rien, simplement une banque qui attends son premier client, afin de démontrer plus facilement que c’est la double inscription simultanée d’un même montant à l’actif et au passif du bilan de la banque qui constitue l’acte par lequel elle crée de la monnaie.
Il y a ensuite un tas de règles qui s’imposent aux banques, par exemple:
1 – Des limites à l’acquisition par la banque, pour elle-même, d’actifs réels (biens immobiliers, actifs financiers)
2 – Satisfaire aux règles dites de « Bâle 2 » qui imposent à la banque de détenir un certain montant de capitaux propres (capital apporté par les actionnaires et réserves). Le montant varie entre 4% et 8%… nous prendrons 8% dans la suite de notre présentation
3 – Disposer d’un compte à la banque Centrale, où elle est tenue de déposer les « réserves obligatoires » qui, dans la zone euro, représentent au minimum un montant équivalent à 2% des dépôts de ses clients.
4 – Assurer la distribution de la monnaie manuelle (billets), laquelle monnaie est une monnaie « banque centrale » (les banques commerciales ne peuvent pas imprimer de « billets de banque » et sont donc obligées de s’en procurer auprès de la banque centrale)
5 – La possibilité de création monétaire est dépendante du « bon vouloir » des autres agents économiques : les banques ne peuvent dire oui que si on leur demande de la monnaie. L’initiative émane donc des clients de la banque
6 – L’équilibre de son bilan comptable.
Ai-je répondu à votre question?
Mais je l’ai déjà dit; je ne suis pas un « expert » en comptabilité … mes démonstrations (comptables) peuvent être assez peu fiables: vivement le retour de Jean Bayard…
c- Qu’est-ce que une ressource ?
Je continue mes analyses monomaniaques et monnaiecentrées…
En réfléchissant doucement à l’outil de médiation de l’échange que constitue la monnaie, je me suis aperçu que la monnaie était la représentation d’une richesse à échanger et que sa nature était de faciliter les échanges équilibrées complexes. J’ai donc été amené logiquement à définir les systèmes d’échange possibles, ainsi que ce qu’on pouvait considérer comme étant une richesse.
Dans mon travail de définition de la richesse, j’ai découvert une distinction logique entre les objets sans valeur de l’échange et la monnaie en tant qu’outil de la médiation. A ce titre, j’aurais dû conclure que le terme « monnaie d’échanges » était tautologique, par la confusion qu’il faisait entre la modélisation et le phénomène.
Par définition, un objet sans valeur de l’échange n’est pas une monnaie, et une monnaie ne peut pas être un objet sans valeur de l’échange.
J’ai fait cette distinction à partir du constat que, dans le cas d’objets sans valeur de l’échange, la valeur était donnée a posteriori, mais qu’elle pouvait être donnée, en dehors de tout système monétaire. Ainsi, un verre d’eau n’a pas de valeur en lui-même, mais on peut lui donner une valeur a posteriori, en dehors de tout système monétaire. Sur quoi donc pouvait reposer cette valeur si ça n’était pas sur un système monétaire ?
La question est donc : qu’est-ce qui confère une valeur à un objet sans valeur de l’échange ?
Je me suis rendu compte qu’ainsi, je remonte aux origines de l’économie : à la question de la ressource, mais que, ce faisant, parce que j’ai choisi de centrer ma réflexion sur la monnaie, je prends cette question des ressources à rebours, sans me faire piéger par elles, sans être trop contraint par elles. En ne considérant pas la ressource comme l’élément central de la réflexion, il me semble qu’on peut contourner la tentation de faire reposer l’ensemble de la modélisation sur la question de la nature humaine, c’est à dire sur la question du rapport de l’homme à la ressource.
Je ne traiterais pas cette question, considérant que le rapport de l’homme à la ressource relève d’une liberté, d’un champ des possibles, de choix moraux, et ce n’est pas l’objet de ce travail que d’investir un sujet pour lequel toute démonstration est impossible, voire nuisible. Je considère donc que le rapport de l’homme a la ressource est indéterminé, et qu’il peut donc être aussi bien l’abeille ou le criquet. Etant donné que rien ne peut démontrer de manière certaine que l’homme soit, dans son essence, accapareur ou partageur, il me semble logique de ne pas tenir compte des possibles de la nature humain en tant que déterminant de l’analyse.
J’en déduirais une chose simple, mais fondamentale, c’est que le champ de l’économie se limite ainsi à une analyse de la modélisation du système physique de l’échange, et que le rapport à la ressource, le comportement des hommes vis à vis de la ressource ou leur inscription dans l’échange, relève du champ social et politique, mais nullement des sciences économiques. C’est en soi, déjà, une… révolution pour rester sur les métaphores stellaires.
Ainsi donc, qu’est-ce qu’une ressource ?
Je vais d’emblée m’excuser parce que cette partie du travail me semble moins aboutie… mais elle pourra peut-être être retravaillée plus tard.
J’ai finalement identifié uniquement deux types de ressources qui me paraissent couvrir l’ensemble de la question.
– D’une part, les ressources difficilement renouvelables
– D’autre part, les ressources facilement renouvelables
Dans ces expressions, le mot renouvelable ne prend pas en considération le type de rapport de l’homme à la ressource. La question n’est pas tant de savoir si l’homme s’inscrit dans une démarche de renouvellement de la ressource, ou dans une démarche d’exploitation de la ressource; question pour laquelle j’ai dit qu’elle ne relevait pas du champ des sciences économiques. Il s’agit juste de distinguer une typologie physique ou biologique des ressources.
En effet, il est impossible de dire scientifiquement, voire de prédire qu’une ressource n’est pas du tout renouvelable.
De même, il est impossible de dire scientifiquement, voire de prédire qu’une ressource est éternellement renouvelable.
Il est donc impossible de déterminer de manière définir la catégorie d’une ressource.
Ainsi, voilà ce qui donne la valeur d’une richesse en dehors d’un système monétaire : le caractère facilement renouvelable ou difficilement renouvelable d’une ressource, mais ce caractère est en lui-même tout à fait insuffisant pour fabriquer une valeur essentielle aux choses.
Le pétrole est une ressource difficilement renouvelable, qui n’a eu aucune valeur pendant des milliers d’années.
Un savoir-faire est une ressource facilement renouvelable mais dont la valeur est très variable, selon le contexte.
En fait, non seulement la caractérisation de la ressource est impossible, de façon définitive, mais en plus, elle n’est pas le déterminant direct de la valeur que l’on donne à l’objet sans valeur de l’échange. Cette valeur dépend, là encore, du contexte social et politique de l’échange et donc exclusivement de nos représentations.
C’est pourquoi la valeur des ressources ne peut pas être considérée comme donnée, dans le temps, puisque le contexte fait varier cette valeur, sans qu’il soit possible de la déterminer avec précision et surtout de manière définitive. C’est exactement la raison pour laquelle, une ressource est la dernière chose qui peut jouer le rôle d’étalon des richesses. Très précisément parce que sa valeur est toujours indéterminée, en elle-même, et qu’elle dépend de nos représentations et surtout des effets sur le réel de nos représentations. En somme, la ressource est disqualifiée en tant que référent du système physique de l’échange, et ce, même si elle le structure !
L’homme est-il une ressource ?
Si il serait facile de démontrer que l’homme peut prendre la fonction de ressource, on ne peut pas considérer qu’il est en lui-même une ressource, puisque, dans le système physique de l’échange, sa nature première n’est pas d’être ce qui est échangé. On en déduira qu’il n’est une ressource que lorsque se produit un déplacement du système physique de l’échange, et que l’homme devient alors une ressource en tant que représentations, exactement de la même manière qu’une monnaie peut devenir une richesse, par l’intermédiaire de nos représentations.
Le temps est-il une ressource ?
Là encore, il serait facile de démontrer que le temps peut prendre la fonction de ressource, mais on ne peut pas considérer qu’il est lui-même une ressource, puisque, dans le système physique de l’échange, sa nature première est d’être une dimension fondamentale. En cas d’absence de temps, le système physique de l’échange n’existe pas, même en présence de tous les autres déterminants. Le temps est le seul élément indispensable du système physique de l’échange, puisqu’on peut se passer d’une ressource (don), on peut se passer de monnaie (troc), on peut même se passer d’un des deux membres de l’échange à condition de pouvoir recourir à la temporalité. En somme, tous les déterminants sont dispensables, sauf le temps, parce que l’échange est un système physique dynamique.
Il nous reste donc une dernière question à traiter : la question de l’étalon. Et sur laquelle je pense que je vais retomber sur les intuitions de Paul, concernant le temps, en tant que seul étalon logique valable. C’est une partie assez faible, mais je préfère vous la livrer tel quel, quitte à la retravailler.
d- Quel est l’étalon logique de la monnaie dans un système physique d’échange ?
Alors, puisque la ressource est disqualifiée en tant qu’étalon, quel est l’élément logique le plus à même de modéliser la valeur d’un échange ?
Le temps, la dernière dimension qu’il nous reste à étudier serait-il un bon candidat ?
La durée de la mobilisation de la ressource
Pour qu’une ressource puisse intégrer le système physique de l’échange, il est nécessaire qu’elle soit mobilisée.
Autrement dit : pas de mobilisation de la ressource, pas d’échange de la ressource.
Cette mobilisation de la ressource ne peut se faire que par l’action humaine directe ou ayant recours à un média (machine, robot, usine…).
Et cela, quelle que soit la nature de cette mobilisation (abeille ou criquet) dont j’ai dit que je ne parlerais pas.
Le seul élément fixe dont la valeur peut potentiellement changer de façon mathématique ou logique en l’absence de représentations, et qui puisse ainsi répondre à une démarche de rationalisation de l’échange (extraire le système de l’échange de tout système de représentation), c’est le temps.
Bien sûr, ça pose la question du caractère « relatif » du temps… mais ça en fait, dirons-nous, le moins mauvais candidat.
La durée de l’échange
Par ailleurs, on a vu que la monnaie était la représentation d’une richesse. Or, le temps agit comme agent corrupteur de la richesse.
Plus le temps passe, plus la richesse fabriquée se détériore ou s’amenuise, surtout quand la richesse est un objet, et non pas un service.
On pourrait donc en déduire assez vite que la valeur de la monnaie représentant un bien physique (corruptible) devrait diminuer dans le temps, contrairement à la valeur de la monnaie représentant un service (incorruptible, a priori) qui devrait pouvoir rester un petit peu plus fixe, dans le temps.
Voilà pour ce travail de réflexion logique, autour du thème de la monnaie.
Je pense que je vais le reprendre tranquillement pour le corriger et l’approfondir, mais sans plus vous ennuyer ici, et reprendre une forme plus classique d’échanges avec vous. J’espère qu’il aura apporté sa petite pierre à l’édifice.
Pour ma part, il m’a grandement aidé à découvrir les atouts et les limites des intuitions que je possédais, jusque-là.
Et il me pose beaucoup de questions quant à ce que sont, au fond, les sciences économiques.
++
Je terminerais par une conclusion qui me semble importante quand même.
L’homme n’a eu de cesse que de sortir de la caverne.
Pour moi, sortir de la caverne, c’est établir clairement une distinction logique entre ce qui relève d’une réalité qu’on ne peut pas atteindre (métaphysique), et ce qui relève de façon prouvée d’ombres projetées sur les murs de notre caverne.
Pour en finir avec le coup des réserves fractionnaires et de la création monétaire, je voudrais juste que vous jetiez un coup d’oeil sur cette simple page de la FED
http://www.federalreserveeducation.org/fed101/policy/frtoday_depositCreation.pdf
qu’on retrouve un peu développé ici
http://en.wikipedia.org/wiki/Money_creation
@DAV
Puis-je vous suggérer de lire de Yoland Bresson » Une clémente économie » (ed l’esprit frappeur)… vous y retrouverez la démonstration forte du lien entre le temps et la monnaie, entre le temps et le revenu.
J’ai survolé les interventions (c’est-à-dire que j’ai lue celles des sénateurs), aussi je m’excuse pour les éventuelles redites.
Concernant les manuels d’ingénieurs financiers que potassait P Jorion, il est tout à fait normal qu’ils n’abordent pas la création monétaire car une banque pour financer ses achats ne peut pas créer de l’argent pour elle-même. Si une banque veut un nouveau siège social ou acheter toutes les actions de Microsoft, elle ne va pas s’accorder un crédit de x milliards d’euros, ce serait trop facile, dans ce cas pourquoi ne rachèterait-elle pas ses concurrents et le monde entier ? Comme n’importe qui une banque ou ses agents comme Jérôme Kerviel ne peuvent dépenser que ce qu’ils ont mêmes s’ils maîtrisent (mais pas toujours) bien plus de moyens pour s’en procurer. Par contre si un tiers vient voir une banque pour un prêt, alors il y a bien création monétaire car cet argent n’est pris à personne. Pour reprendre le mauvais exemple des ballons, c’est un peu comme si la banque violait les lois de conservation de la physique : elle crée un « trou » de 10 ballons dans l’univers là où il n’avait rien en promettant à Dieu de le reboucher plus tard avec les mêmes 10 ballons (en se servant au passage d’intérêts) et Dieu ne bronche pas car à son échelle ce n’est qu’une fluctuations quantique du vide. Sauf quand ça se passe mal et que la banque centrale est obligée de descendre de son crucifix pour multiplier les pains.
Pour revenir à une question récurrente de AJ Holbecq sur la justification des intérêts pour la banque alors qu’elle ne possède pas l’argent qu’elle prête, je suis d’accord pour trouver cela amoral et elle devrait en fait reverser une partie des intérêts à la banque centrale. Mais si on se place du point de vue de l’emprunteur je pense qu’il faut maintenir les intérêts. Par exemple pour me loger, j’ai le choix de louer et d’épargner jusqu’à ce je puisse payer cash ma maison, ou d’emprunter et rembourser la somme empruntée majorée d’intérêts. Cette majoration est grosso modo équivalente au loyer perdu dans le 1er choix. Il me semble qu’abandonner les intérêts sur les emprunts déresponsabilise l’emprunteur et facilite les bulles immobilières et spéculatives, facilite l’emballement de la production (c’est-à-dire le gaspillage). Comme derrière tout euro il doit y avoir du travail sous forme de bien ou service, créer un euro à l’avance doit induire un coût à son bénéficiaire sinon cela dévalorise le travail.
On doit créer de la monnaie pour ne pas sous-utiliser l’appareil de production et empêcher une pauvreté artificielle comme dans l’exemple de Schwannenkirchen. Mais on peut peut-être interpréter les intérêts comme une priorité sociale de celui qui sort de l’argent issu d’un travail passé face à celui qui en sort sur la promesse d’un travail futur.
Cependant, et conformément aux arguments de A-J Holbecq ainsi que conformément au lien qu’il donne sur wikipedia, pour créer ce ‘creux’ de 10 ballons, la banque doit en posséder 11.
On peut alors légitimement se demander si il s’agit bien d’un creux…
Et je ne fais là qu’utiliser les arguments de ceux qui prêchent en faveur de la création ex-nihilo. Je ne dis pas : ‘non vous dites n’importe quoi’. Je dis : ‘Et bien en fonction de vos hypothèses, il en découle naturellement que la création ex-nihilo n’en est en fait pas une’.
@Archimondain
Relire : http://www.pauljorion.com/blog/?p=1067#comment-11584
et, une dernière fois
http://books.google.fr/books?id=Ipc1I0sIa28C&printsec=frontcover ( à partir de la page 57 ) qui explique à peu près
« c’est la double inscription simultanée d’un même montant à l’actif et au passif du bilan de la banque qui constitue l’acte par lequel elle crée de la monnaie. Il y a en effet un accroissement de la quantité de monnaie détenue par les agents non financiers : cette monnaie ne résulte pas d’un transfert de ressources d’une épargne préalable, mais représente une capacité de dépenses supplémentaires pour le bénéficiaire sans que personne d’autre ne renonce à son pouvoir d’achat. »
Il emble que beaucoup aient du mal à comprendre que les banques sont des entreprises dont la finalité est la fabrication de monnaie.
Puis je aussi suggèrer de relire attentivement le site de Jean Jégu …
http://pagesperso-orange.fr/jegu.jean/navi1.html
@vous tous et plus particulièrement @ Etienne, @ Candide et @ Armand (leurs billets du 27 novembre, journée riche en réflexions de toutes sortes) sans oublier Paul qui me déroute car je ne sais plus ce qu’il pense.
Bonjour,
Un changement de FAI m’a privé pendant quelques jours de connexion et empêché de répondre à vos demandes, instantes de la part de certains. Je suis très sensible à l’honneur que vous me faites en vous référant bien souvent à mes travaux et merci tout particulièrement à mon ami Etienne Chouard qui semble avoir adopté quelques unes de mes thèses. Mon nouveau fournisseur m’ayant fait faux bond le 03 12, je suis obligé de faire passer ce billet à partir d’un cybercafé.
Voici, peut-être pêle-mêle quelques réflexions qui me sont venues à la lecture de vos billets sur la monnaie.
1 – Limite de création monétaire (et autres engagements) imposée par le ratio de solvabilité
Sachez tout d’abord qu’il existe une limite légale à la création monétaire par les banques. Cette limite est fixée par le ratio de solvabilité, dit ratio Cooke (USA) et Bâle II (en Europe, sauf erreur de ma part) : Le rapport entre le montant de leurs fonds propres et celui de l’ensemble des risques qu’ils encourent du fait de leurs opérations doit être au moins égal à 8%. Cela veut dire qu’elles peuvent prendre des engagements allant jusqu’à 12,5 fois leurs fonds propres, ce qui est déjà énorme. Et de surcroît, ce texte vise aussi bien les autres IFM, banques d’affaires notamment, non créateurs de monnaie parce les autorités ne font pas la différence (voir ci-dessous).
C’est ce ratio qui a « pété à la gueule » (pardonnez-moi l’expression) des banquiers centraux dans l’affaire des subprimes.
2 – Principe de la création monétaire ex-nihilo
En ce qui me concerne, le principe de la création monétaire ex-nihilo (à partir de rien, c’est-à-dire sans monnaie pré-existante) est irréfutable. Je pense que les crédits font les dépôts dans les banques, tandis que les dépôts font les crédits dans les établissements financiers. C’est fondamental et pourtant les autorités monétaires refusent de faire cette distinction, bien au contraire puisqu’elles cherchent à entretenir la confusion qui règne dans les esprits, avec le succès que l’on peut voir partout. Voici comment est rédigée la loi :
La loi française du 24 janvier 1984 précise que les établissements de crédit sont des personnes qui effectuent à titre de profession habituelle des opérations de banque. Celles-ci comprennent la réception de fonds du public, les opérations de crédit, ainsi que la mise à disposition de la clientèle ou la gestion de moyens de paiement. Sont considérés comme fonds reçus du public les fonds qu’une personne recueille d’un tiers, notamment sous forme de dépôts, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, mais à charge pour elle de les restituer. Constitue une opération de crédit pour l’application de la présente loi tout acte par lequel une personne agissant à titre onéreux met ou promet de mettre des fonds à la disposition d’une autre personne….
Les directives européennes en matière de réglementation bancaire se sont largement inspirées de cette loi.
Il s’agit là d’une imposture, car les autorités éludent totalement le principe central de la création monétaire par les banques et ne font aucune distinction entre les banques qui créent la monnaie et les établissements financiers qui ne peuvent que la faire circuler. La création monétaire est un sujet tabou !
A présent, je voudrais compléter le billet d’Etienne daté du 27 novembre et répondre en même temps aux questions posées par Candide et Armand. Pour cela, je dois vous expliquer d’abord comment s’opère à mon sens la création monétaire, aussi simplement que je le pourrai.
Tout d’abord, les banques de dépôts sont les seules à disposer du pouvoir de création monétaire, car elles sont domiciliataires des règlements ordonnés par leurs clients et les seules à avoir accès à la compensation. C’est un point névralgique du système. C’est la différence qui existe entre le sujet et l’objet, si je puis m’exprimer ainsi. La banque tire sur elle-même, tandis que le client tire sur sa banque.
Les banques créent et détruisent la monnaie dans toutes leurs relations avec les agents non bancaires :
– par les concours qu’elles apportent à l’économie, c’est-à-dire aux agents non bancaire, y compris les établissements financiers,
– par leur activité propre (soit notamment : acquisition de biens immobiliers et mobiliers, produits dérivés, spéculations tous azimuts, dépenses et recettes d’exploitation, ..)
Pour ce faire, elles utilisent jusqu’à en abuser les comptes de DAV de leurs débiteurs et de leurs créditeurs, qui servent de comptes « pivot » à toutes leurs opérations, soit directement si ces agents ont un compte ouvert chez elles soit indirectement par la compensation. Il faut savoir que les trésoriers de banque ont reçu pour instruction dans les années 80 de ne plus émettre de chèques tirés sur la Banque de France en règlement de leurs dettes, mais de tirer sur elles-mêmes. Je suppose que c’est à ce moment-là qu’elles ont compris qu’elles pouvaient utiliser les systèmes de télé-compensation pour s’affranchir de la dépendance au pouvoir monétaire, ce qu’elles font à présent sans contrôle ni retenue puisque personne dans les hautes sphères des banques centrales n’en sait rien ou ne veut rien savoir. Elles se trouvent néanmoins dans l’obligation de passer par la Banque centrale pour de nombreuses opérations de transferts de fonds importants (TBF).
Ainsi par exemple, pour payer les salaires de leur personnel les banques créditent purement et simplement les comptes DAV de leurs salariés, et inversement, elles débitent leurs clients des intérêts, agios et autres frais qui leur reviennent. Ce faisant, dans un cas elles créent de la monnaie et dans l’autre la détruisent. Ces opérations sont faites directement puisqu’elles tiennent leurs comptes. Le mécanisme de la compensation (voie indirecte) est plus complexe, mais aboutit au même résultat. On en déduit que :
les banques de dépôts monétisent leurs pertes et démonétisent leurs profits
Mais, comme les banques à l’instar des entreprises ont vocation à faire des bénéfices, on peut dire qu’elles détruisent la monnaie quand elles font des profits et la créent quand elles font des pertes.
Ce qui m’amène naturellement à la question restée pendante d’Etienne : que devient la monnaie lorsque la créance (qui a servi à son émission) devient irrécouvrable ?
La perte sert à présent de contrepartie, puisque la créance disparaît. La monnaie est détruite par les bénéfices sur lesquels cette perte s’impute. Si toutefois la perte est trop importante (cas des banques affectés par la crise immobilière américaine), le ratio de solvabilité met les banques dans l’obligation de relever leur capital. L’augmentation de capital entraîne ipso facto destruction monétaire puisque les comptes des agents non bancaires (actionnaires anciens ou nouveaux) seront débités, directement ou indirectement comme il est dit au-dessus.
3 –Monnaie centrale et théorie du multiplicateur
De tous les travaux d’analyses que j’ai menés sur les circuits comptables empruntés par la monnaie, je crois pouvoir avancer que dans les transactions spécifiquement interbancaires, il ne s’échange pas de monnaie centrale, excepté quand l’Institut d’émission est partie prenante (compte DAV du Trésor public domicilié chez lui, principalement). Après compensation et règlement des positions correspondantes des banques entre elles, la super banque ne sert que de simple chambre d’enregistrement comptable.
Les banques ayant accès à la compensation (banques domiciliataires uniquement), liquident leurs positions entre elles dans une monnaie de contrepartie (que j’ai supposé longtemps être secondaire) qu’elles créent pour la circonstance. La fonction de cette monnaie de contrepartie, ou contre-monnaie, est de maintenir quoi qu’il arrive, le lien entre les valeurs d’actif à l’origine de l’émission monétaire et la monnaie passant sans cesse d’une banque à une autre. Les banques en position débitrice empruntent dans cette monnaie aux banques en position créditrice, la somme de toutes les positions étant par définition égale à zéro. Cette contre-monnaie est captive ; elle est imposée par le système et ne peut absolument pas servir de monnaie d’échange.
Si l’on excepte les transactions faites entre les banques et le Trésor, on s’aperçoit que la monnaie centrale n’a pas cours entre les banques, comme on le pense, c’est pourquoi je ne crois pas à la théorie du multiplicateur qui n’est pour moi qu’une vue de l’esprit. La banque émet d’abord la monnaie et approvisionne ensuite son compte conformément aux obligations de réserves. Et également ensuite s’approvisionne en monnaie fiduciaire que toute nouvelle création implique. Et puis, que penser de l’application pratique de cette théorie, quand on sait que la monnaie centrale est abondante (France), sinon surabondante (USA) ? L’émission monétaire ne devrait avoir ainsi aucune limite.
On retrouve à l’origine de cette méprise, l’imposture du pouvoir monétaire qui ne veut pas entendre parler de création monétaire en dehors d’elle (voir en tête du § 2, plus haut, la loi de 1984), et qui prétend également qu’il ne s’échange que de la monnaie centrale entre banques.
Dans la panoplie des moyens de tromper l’opinion, et ils sont nombreux, on retrouve l’erreur soigneusement entretenue, laissant supposer que les banques emploient l’épargne de leurs clients afin de consentir des prêts. Ceci dans l’intention partout présente d’éviter l’inflation, enfin son spectre ! Cela n’est pas possible, car l’épargne bancaire est placée dans des parkings monétaires sans utilité pour l’économie. La banque ne peut pas disposer de l’épargne de ses clients, car elle n’a pas de contrepartie monétaire puisqu’elle a déjà celle des créances et autres éléments d’actif à l’origine de sa création. Je me suis livré à une étude poussée des obligations dans lesquelles se trouvent les banques quand elles doivent transférer l’épargne réglementée (Codevi, maintenant LDD, par exemple) de leurs clients. J’apporte la preuve comptable que les banques créent de nouveaux signes monétaires pour remplir leurs obligations !
Au sommet des institutions monétaires, on n’a pas affaire à des imbéciles. Ils ne peuvent pas ignorer cette particularité.
Nous sommes bernés par le pouvoir monétaire de la façon la plus révoltante. Profitant d’un système très complexe et difficile d’accès, il utilise sa toute-puissance de manière indécente et éhontée. Nous sommes bernés quand :
a) il refuse d’introduire dans la loi le principe central de la création monétaire par les banques,
b) il fait et laisse croire que la monnaie échangée entre banques est de la monnaie centrale, seule monnaie ayant cours dans le pays, selon lui,
c) il entretient le mythe du multiplicateur, pour faire croire que les banques sont limitées dans leur capacité à émettre des signes monétaires, tout en agitant le spectre de l’inflation,
d) il prétend que les banques utilisent la monnaie qu’elles reçoivent en dépôts (à charge pour elles de la restituer à leurs clients sur leur demande), alors qu’elle ne peut circuler que sur l’ordre des déposants,
e) que l’épargne sert à financer l’investissement, ce qui est parfaitement impossible pour l’épargne bancaire puisqu’elle est immobilisée dans les parkings monétaires, sans utilité pour l’économie,
f) qu’il fait croire que les banques peuvent transférer l’épargne réglementée de leurs clients, comme si elles en disposaient naturellement, les obligeant ainsi à créer en définitive de nouveaux signes monétaires,
g) il parle des effets de second tour, peu connus du public (effets de second tour veut dire qu’il ne faut surtout pas laisser les salaires augmenter dès que l’inflation montre le bout de son nez), ce qui est la preuve du cynisme du pouvoir monétaire,
h) il fonde toute sa politique monétaire sur la théorie quantitative de la monnaie, théorie dont je conteste la validité en période d’abondance comme c’est le cas dans nos pays industrialisés,
i) et enfin, beaucoup plus grave, il inocule et entretient dans le corps économique tout entier un mal que l’on peut appeler le syndrome de l’inflation, qui n’est qu’un spectre agité avec le succès que l’on sait, avec pour effet la dépendance de tous les peuples envers les puissances monétaires, aggravée par les accords de Maastricht en Europe,
j) il se sert de la monnaie comme le moyen de notre oppression.
Comment appelez-vous ça ? J’y vois personnellement une atteinte à nos libertés.
Le pouvoir monétaire est entre les mains d’une poignée d’individus sans scrupule entourés d’une garde rapprochée, qui font la loi pour l’asservissement des peuples. Trouvez-vous cela acceptable ? on se croirait toujours au moyen âge, à l’époque des serfs !
Vous avez sans doute remarqué, comme moi, qu’il n’est plus question d’inflation depuis quelques mois. C’est qu’il y a le feu à la maison ! Comment parler d’inflation, alors que sortent des milliards comme des lapins d’un chapeau sans fond ! On a remisé la théorie quantitative de la monnaie pour la circonstance. Et à quoi servent ces milliards aux USA ? non pas à corriger les dégâts causés aux malheureux propriétaires spoliés, mais à renflouer ceux qui sont les responsables du désastre ! Il faut quand même le faire, au mépris de la justice la plus élémentaire ! (*)
L’édifice a été fortement ébranlé et je crois que le moment est propice (et il ne se renouvellera sûrement pas de sitôt) à une action populaire d’envergure pour qu’enfin le pouvoir monétaire soit rendu au peuple.
Je viens de rédiger un papier intitulé « Comment sortir de la crise » que je ne puis insérer sur mon site avant le 15 prochain, sauf contretemps. Toutefois, si Paul m’y autorise je pourrais le publier sur son blog (8 pages). Je reviens à mon cybercafé demain.
Etienne, tu devrais être content, ainsi que bien d’autres. Je propose la suppression des taux d’intérêt et son remplacement par l’indexation des prêts et emprunts sur un indice approprié : celui de l’érosion monétaire. Et, je crois vraiment que ça peut marcher.
Pardonnez-moi d’avoir été un peu long, mais j’avais beaucoup à dire et à rattraper mon retard.
Bien amicalement à tous, à toutes et à bientôt
Jean
(*) Le gouvernement américain aurait été mieux inspiré d’obliger les banques à renégocier les contrats de prêts subprime, plutôt que de les renflouer à coups de centaines de milliards de dollars. Il ne fait plus de doute que l’on préfère soigner le capital plutôt que la misère humaine !
Mais, il n’est pas trop tard pour bien faire.
En redonnant à ceux qui ont tout perdu, les moyens financiers de récupérer leur bien ou d’acquérir un nouveau logement, en obligeant les banques à leur consentir de nouveaux prêts à bas taux fixe, cette fois, tout en mettant à la charge de L’Etat une fraction des intérêts si nécessaire, le nouveau président des Etats-Unis ferait œuvre d’utilité publique et gagnerait certainement en popularité.
Cette mesure aurait pour effet :
– de permettre aux banques de recéder les biens hypothéqués qu’elles détiennent et de redresser leurs comptes,
– de relancer le marché immobilier,
– de réduire le soutien financier aux banques responsables de la crise,
– et, enfin, d’apporter un peu de justice et d’équité dans cette sinistre affaire.
Les contribuables américains ne verraient sûrement pas d’objection, au contraire, à voir leurs impôts profiter aux malheureuses victimes spoliées, plutôt qu’aux banques responsables de la catastrophe.
Il ne faut pas perdre de vue le fait que, si l’on n’y prend garde, les centaines de milliards de dollars destinés à redresser les comptes des banques, peuvent aussi leur servir à se « refaire » lorsque l’on constatera que les provisions pour créances douteuses ont été excessivement majorées !
@Etienne
Suite à ton billet du 30 novembre relatif au message que tu as transmis de ma part disant en conclusion: puisque ce qui distingue les “établissements financiers” des “banques”, c’est précisément le droit exclusif de créer la monnaie scripturale, création monétaire accordée par l’État aux seules “banques”, je ne crois pas que l’Etat ait accordé ce droit aux banques, mais plutôt qu’elles se le sont approprié.
@AJ. Holbecq
Je le note; merci pour la référence.
C’est en effet le bon moment pour replonger dans des livres et continuer d’approfondir ce sujet passionnant 🙂
Monsieur Jean Bayard l’explication est impressionnante mais difficile. C’est la premiere fois que je lis une explication comme celle ci sur le net, Je pensais avoir compris mais là je dois dire que je n’y comprends plus rien du tout ! Etes vous sûr de ce que vous avancez, quelles sont vos sources, qui pense comme vous (professionnel reconnu) ou n’est-ce qu’une interpretation personnelle ?
@ Jean Bayard
Je vais tenter de m’expliquer. Merci d’abord d’avoir pris la peine de rédiger un exposé un peu plus long que d’ordinaire, ce qui t’as offert le moyen d’articuler différents éléments en un ensemble.
Ceci m’a permis en particulier de voir que la création monétaire ex nihilo par les banques commerciales est un principe que tu découvres comme aboutissement d’un raisonnement et non comme, par exemple, en fonction du témoignage d’un agent dont le métier serait de participer à ce processus. Tu considères d’ailleurs que ceux qui seraient impliqués dans ce processus nieraient son existence – en raison de l’intérêt de l’institution financière à le cacher (certains textes officiels participeraient à cette négation).
Si je suis bien ton raisonnement, la création monétaire ex nihilo est une nécessité logique, résultant du fait que – contrairement à une idée très répandue – les banques commerciales n’ont pas le droit de prêter les sommes déposées par leurs clients sur leurs comptes à vue, » l’épargne bancaire [étant] placée dans des parkings monétaires sans utilité pour l’économie « .
Je m’aperçois que pour toi ce principe que les banques commerciales n’ont pas le droit de prêter les sommes déposées par leurs clients sur leurs comptes à vue, est lui aussi l’aboutissement d’un raisonnement, par opposition, encore une fois, au témoignage d’un agent dont le métier serait de participer à ce processus. Le fait que » les banques [n’]emploient [pas] l’épargne de leurs clients afin de consentir des prêts » est une conséquence selon toi du fait que » La banque ne peut pas disposer de l’épargne de ses clients, car elle n’a pas de contrepartie monétaire puisqu’elle a déjà celle des créances et autres éléments d’actif à l’origine de sa création « .
Je te concède volontiers que dans ce cadre-là, celui où les banques ne peuvent pas prêter l’argent déposé par leurs clients, » la théorie du multiplicateur […] n’est […] qu’une vue de l’esprit « , puisqu’elle n’a aucun cadre où s’appliquer.
Tu m’accorderas, je suppose, que les deux principes mentionnés » création monétaire ex nihilo par les banques commerciales » et » les banques n’emploient pas l’épargne de leurs clients afin de consentir des prêts » ne doivent pas nécessairement être découverts comme aboutissement d’un raisonnement et pourraient très bien être des faits corroborés par un témoignage (comme je l’ai signalé au passage). Je suis d’accord aussi que si le but principal de l’industrie financière est de nous » berner » en » profitant d’un système très complexe et difficile d’accès « , tout témoignage d’un insider niant ces deux principes serait a priori suspect.
J’ai donc compris qu’aucun témoignage ne pourra te convaincre de la fausseté des deux principes auxquels tu es parvenu par le raisonnement, et que la seule manière de t’en persuader est celle – plus ardue – consistant à montrer (j’y parviendrai par étapes) que, contrairement à ce que tu penses, » le système est moins complexe et moins difficile d’accès » qu’on ne l’imagine généralement.
@ Messieurs Bayard et Jorion,
Merci Monsieur Bayard pour cet exposé clair et précis.
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…J’ai les poils qui se hérissent à chaque fois que j’entends parler de sciences économiques, de la même façon que lorsqu’un garagiste laisse à croire que la vidange ou le changement de plaquettes de freins s’apparente à une science ! Mai bon, peut-on vraiment lui en vouloir, c’est son fond de commerce !?
A qui ? Et bien au garagiste ! L’économiste c’est pas pareil ! C’est différent quoi !
Les mécanismes économiques se sont complexifiés ou l’ont été à dessein, mais cela reste une construction sur des bases on ne peut plus simples, alors à quoi bon essayer de couper des cheveux en quatre pour au final se rendre compte que le mécanisme est simple (ressource, échange, temps) ? Démontez, si vous le voulez, le moteur d’une formule 1 ou d’un avion de chasse, vous en apprendrez énormément sur les techniques utilisées, que l’on peut appeler science si l’on veut…mais je doute qu’une fois élevés au rang de scientifiques de la mécanique vous sachiez mieux vidanger que le garagiste du coin…Seul votre tarif horaire risque d’augmenter proportionnellement à votre science.
Et pour ceux qui restent persuadés du bienfondé de leur analyse, je pense que même après plusieurs années de décorticage, vos conclusions, pour logiques qu’elles soient, auront du mal à passer le filtre présenté par Madame Mugur-Schächter (http://mugur-schachter.net/pdf/noyau.pdf). Non ? Avez-vous lu en entier la page proposée ? Si vous l’avez fait, ne pensez-vous pas que l’on puisse donner les clés de l’analyse et de la critique de l’économie à cette scientifique, que ses conclusions ne souffriront aucune controverse : scientifique, économique, linguistique, épistémologique, philosophique, ethnique, éthique, ontologique, quantique ou ‘pataphysique ??? « Les relativisations descriptionnelles qui caractérisent cette méthode excluent a priori – par construction – toute possibilité de fausse absolutisation. »), dit-elle en préambule. Ca calme, non ?
Monsieur Bayard, j’attends donc avec impatience* vos conseils pour sortir de la crise. En espérant que ceux qui la connaissent depuis des siècles ne soient pas encore un fois exclus du système, et que nous n’ayons pas au final le choix entre l’anthrax et le choléra…
* « L’édifice a été fortement ébranlé et je crois que le moment est propice (et il ne se renouvellera sûrement pas de sitôt) à une action populaire d’envergure pour qu’enfin le pouvoir monétaire soit rendu au peuple. » J’aime à penser que cette phrase restera.
Bonjour à tous
@Paul
Merci de tes observations et j’attends que ta patience s’exerce à mon endroit avec succès, dans un sens ou dans l’autre.
Tu serais aimable de corriger une coquille que j’ai laissé passer dans mon texte:les crédits font les dépôts dans les banques alors que les dépôts font les crédits dans les établissements financiers. Enfin, j’attends que tu me donnes l’autorisation de publier mon papier « comment sortir de la crise » tant que je n’ai pas accès de chez moi à Internet. C’est d’un cybercafé que j’envoie ce billet et ce n’est pas facile. J’ai demandé à Etienne de l’insérer ici dès autorisation. Merci d’avance.
@ Fab
Vous pouvez m’appeler Jean, cela me ferait plaisir. Quant au texte « comment sortir de la crise », vous le lirez ici avec l’autorisation de Paul ou bien à partir du 15 prochain sur mon site, sauf faux bond de mon nouveau FAI.
A bientôt
jean
@ jean bayard
Aprés vous avoir lu, je suis allé sur votre site que je trouve trés interessant mais je n’arrive toujours pas à comprendre votre phrase : »car l’épargne bancaire est placée dans des parkings monétaires sans utilité pour l’économie ».
Je pensais que l’épargne etait reinjecté dans l’économie avec un intéret pour l’épargnant ?
Si vous pouviez expliquer pourquoi ce n’est pas ainsi ça m’aidera à comprendre l’ensemble du raisonnement.
En vous remerciant.
Bonjour à tous,
J’ai eu vent de ce fil de discussion par Etienne Chouard, qui l’a transmis au groupe des sociétalistes, dont je fais partie. Je vois que les pro et les anti « ex nihilo » sont bien fermes sur leurs appuis.
Je vois aussi de longs développements, très instructifs, mais qui parfois rendent difficile l’excision de l’information, ou de l’interrogation, pertinente.
Enfin, j’ai parfois le sentiment que certains arguments se rapportent au sexe des anges…
En conclusion, il reste quelques interrogations, auxquelles chacun trouvera facilement la réponse:
– La monnaie moderne est-elle une réalité matérielle, ou un symbole de la richesse réelle?
-Si c’est un symbole, elle ne peut être produite physiquement, même si elle est parfois « endossée » par un substrat réel (billet, pièce, titre au porteur, etc).
-Si elle ne peut être produite physiquement, alors elle est par nature tirée du néant, et non pas de la réalité tangible qui nous entoure.
Donc, et je pense que tout le monde est d’accord sur ce point, la monnaie moderne est une pure création de l’esprit humain. Elle n’existe pas en tant qu’elle même, quand bien même il existerait une production physique par le travail de l’Homme (découplage entre monnaie et valeur).
Dès lors, une grande question reste en suspens au fil des débats sur le présent blog: QUI crée la monnaie à partir de rien? Cette question est éminemment politique, car elle implique de décider subséquemment qui DEVRAIT dans l’idéal émettre la monnaie, pour quels usages, à quelles conditions, etc.
Or, c’est bien ce débat-là qui est escamoté dans notre monde. Et c’est bien cet escamotage qui nous conduit, collectivement, à suivre des préceptes et des voies qui conduisent l’humanité à sa perte.
Donc, il me semble que, quel que soit le mécanisme par lequel la monnaie est créée puis distribuée aux acteurs économiques, celui-ci ne répond absolument pas aux exigences du développement humain. C’est donc qu’il est nécessaire de le modifier. Et vite.
Brieuc
Brieuc Le Fèvre @ 5 décembre 2008 à 20h41
dit:
« »- La monnaie moderne est-elle une réalité matérielle, ou un symbole de la richesse réelle?
-Si c’est un symbole, elle ne peut être produite physiquement, même si elle est parfois “endossée” par un substrat réel (billet, pièce, titre au porteur, etc).
-Si elle ne peut être produite physiquement, alors elle est par nature tirée du néant, et non pas de la réalité tangible qui nous entoure.
Donc, et je pense que tout le monde est d’accord sur ce point, la monnaie moderne est une pure création de l’esprit humain. Elle n’existe pas en tant qu’elle même, quand bien même il existerait une production physique par le travail de l’Homme (découplage entre monnaie et valeur). » »
J’ai peut-être raté un sens de ce que tu dis. Car, attention: « si la monnaie peut être produite physiquement,
alors –> elle est par nature tirée du néant, et non pas de la réalité tangible qui nous entoure. »
Mais si, la monnaie doit être tirée de la réalité ! C’est la réalité produite l’ « étalon » qui détermine la monnaie.
Sans entrer dans le système financier actuel, on peut affirmer que la monnaie immatérielle est « tirée du néant » PARCE QU’IL Y A une production physique accomplie. Cette production physique EST fait donc partie de la réalité tangible qui nous entoure et qui permet, parce qu’il y a cette réalité produite, qu’il y ait alors un REFLET de la dite production, ce reflet est donc monétaire, et il est concrètement le vrai pouvoir d’achat, sans prendre dans les poches de personne et sans oublier personne.
Aujourd’hui, il n’en est rien. Le crédit est payant et cher, avec les intérêts à verser en plus des remboursements, le crédit est généralement octroyé par anticipation de la production et la création de la monnaie qui y correspond est, ici, l’objet des commentaires.
Je résumerais en un seul mot, non pas QUI crée la monnaie, mais QUOI la crée, ce qui me paraît plus « fondamental » et objectif. C’est QUOI qui nécessite la création de la monnaie? C’est la nécessité d’acquerir un permis légal d’acheter les biens offerts sur le marché parce que demandés. Si je produis moi-même, j’ai besoin d’acheter certaines choses que je ne fabrique pas. Ce que je fabrique ne me coûte rien, ou seulement des matières premières. Donc j’ai besoin de permis d’acheter ce que je ne fais pas, mon client qui ne fabrique pas ce que je fabrique a besoin de permis d’acheter pour acheter mes produits, etc. Tous les producteurs sont « en règle » pour avoir des permis d’acheter, par rapport à ce qu’ils produisent des choses que les autres ne font pas.
Si cette base de la monnaie est pratiquée, il ne doit pas y avoir ces périodes (assez fréquentes) où les permis d’acheter manquent alors que les produits surabondent.
Si nous ne pouvions pas acheter des produits par manque de produits, le problème n’aurait rien à voir avec le problème de la rareté monétaire. Rareté dans les poches de ceux qui en ont besoin, car actuellement la monnaie surabonde mais elle n’est JAMAIS LÀ OÙ IL FAUT !
Si nous ne pouvons pas acheter des produits par manque de monnaie, c’est là toute la question lancinante et douloureuse comme une plaie purulente qui ne guérit jamais, avec les conséquences sociales dramatiques de détériorations suraiguës des rapports entre les hommes, ce qui se comprendrait mieux par manque de produits et services, mais qui ne se comprend nullement par manque de monnaie puisque les produits et les services existent en abondance et ne demandent qu’à trouver preneur, preneur solvable s’entend.
L’investigation monétaire montre au minimum le résultat affligeant que le pouvoir d’achat est siphoné par le fonctionement du système financier à intérêts voleurs, parfaitement injustifiés. Par comparaison imagée, c’est comme si un train en partance avec 600 places ne pouvait pas embarquer les 600 voyageurs se présentant tous en règle avec l’argent (alias la production) de leur billet payé, et que la compagnie (alias les banques) déclare: nous ne pouvons prendre que 300 voyageurs car nous n’avons imprimé que 300 billets (alias politique du « crédit »). Aussitôt: bousculades et bagarres violentes, surcoût grimpant en flèche, des voyageurs préférant ne pas partir et revendre leur billets faisant monter les enchères trois ou quatre fois son prix d’achat, etc… le train finalement part avec 200 personnes gromelantes, 400 sièges vides pourtant ayant pu être payés, laissant le pugilat de 400 personnes frustrées sur les quais… Et au prochain départ, la compagnie aura augmenté ses billets en conséquence… Voici une allégorie du monde contemporain.
Les producteurs fabriquent tous les produits nécessaires à la vie, mais, très curieusement, sauf un seul !! La monnaie. Nous sommes largement capables de faire ce que font les banquiers en tant qu’entrepreneurs privés et actionnaires sur le dos de la société, mais nous pouvons faire très bien et même mieux leur travail pour la Justice de la société toute entière!
Ça vaut le coup de se bouger un peut quand même?
@ Jean Bayard et Rumbo (notamment)
Je ne suis toujours pas convaincu par cette idée de « dépôts intouchables » et d’ »argent qui dort sur des parkings monnétaires ». Elle sous-entend l’existence de cloisonnements étanches dans les comptes des banques, ce qui me semble complètement contre-intuitif.
En outre, la définition de la monnaie comme reflet de la richesse (actuelle ou future) me paraît pour le moins contestable, car cette équivalence est par définition instable. Un même objet peut avoir un prix très différent en fonction des circonstances, voire du lieu.
Candide dit :
6 décembre 2008 à 13:22
Si je lis, j’espère le plus attentivement possible jean Bayard, vu son expérience de comptabilité bancaire, je ne porte pas outre mesure d’attention aux « dépôts intouchables d’argent qui dorment sur les pakings bancaires » ; peut-être pourrons-nous glâner, ici et là, quelques éléments supplémentaires permettant de mieux situer cette assertion de Jean Bayard.
D’autre part, il est toujours possible que l’équivalence: production-monnaie qui, à mon sens, est primordiale, soit « instable », le contraire étonnerait quelque peu. Mais c’est là ce qui serait l’essence et la pratique d’un organisme de création monétaire et son contrôle non privé pour un espace économique donné: régional, national, ou pluri-national, ou encore de réseaux économiques, d’accompagner et de réagir efficacement et positivement, pour l’intérêt général du bien commun dans la Justice, au niveau de la création et de l’émission monétaire relativement aux fluctuations de toute nature.
Précison importante: quand je dis: équivalence rigide entre production et monnaie, ou: préserver l’unité entre la production et la monnaie, cela veut dire la même chose. Il s’agit là de la production industrielle et agricole – NOUVELLE – à laquelle DOIT CORRESPONDRE la CRÉATION D’UN ARGENT – NOUVEAU -, et ceci, bien sûr, une fois balancées et soldées toutes les dépenses de production de l’exercice en question. Précision encore, les ventes et transferts d’objets d’occasions ne rentrent pas dans cette égalité, donc son calcul.
@Rumbo,
En quelques secondes (je n’ai pas le temps de lire tout, ni de développer mes réponses en ce dimanche midi, repas de famille oblige 😉 )
La monnaie est immatérielle. Je parle de son essence même. Le fait qu’elle doive représenter quelque chose de physique pour avoir un sens est la plus absolue vérité, et c’est ce que vous dites.
Par contre, il est absolument certain que la monnaie n’est en rien nécessaire pour échanger du travail. C’est un moyen pratique, certes, mais pas indispensable. Et c’est en cela qu’elle est une pure création humaine ; le travail ne crée pas la monnaie, mais la richesse. La monnaie représente la richesse. Et en ce sens, vous avez raison quand vous réorientez ma question vers « pour QUOI la monnaie est-elle faite », plutôt que « par QUI est-elle faite ».
Ceci dit, je file à table. Bon dimanche à tous!!!
Brieuc
@Rumbo et Candide,
Après avoir lu l’intégralité des post suivant le mien du 5 décembre, je me joins à Rumbo sur toute la ligne: la monnaie doit représenter une réalité matérielle, parce que son rôle premier est de permettre l’échange du travail.
Candide, je suis aussi d’accord avec vos propos: l’équivalence monnaie-production dépend du temps et du lieu de l’échange. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai l’habitude de dire que la monnaie est une représentation symbolique et conventionnelle de la valeur du travail.
Et en mixant les deux, je me trouve aussi d’accord avec moi-même (ouf! J’échappe à la schizophrénie cette fois encore! 😉 ), à savoir que la monnaie est une pure création humaine, sans réalité objective, et qui doit donc, pour avoir un sens, se rattacher à une production réelle. Ceci me permet de penser que le fondement même du capitalisme financier (créer de l’argent à partir de l’argent) est une aberration, de même que l’idée qu’une « croissance » bénéficiant à l’humanité puisse se dégager de la spéculation, des produits dérivés, des paradis fiscaux, etc.
La monnaie doit être créée par la production, et éventuellement pour la production, c’est à dire par anticipation (crédit), et sans intérêt.
Ce qui, pour nous ramener au sujet principal de ce fil, implique de retirer aux banques privées le privilège de créer la monnaie (pour ceux qui croient à cette version, et j’en suis), ou à leur reprendre le privilège d’être seules à décider de l’allocation de la monnaie aux initiatives humaines (pour ceux qui pensent que la monnaie préexiste à son prêt par une banque privée). Dans les deux cas, il sera nécessaire, pour le bien commun, de repenser sérieusement le fonctionnement du circuit monétaire.
Brieuc
Brieuc
Bonjour à tous,
@Nadine et @Candide
Toujours en panne de connexion, jusqu’à la fin de la semaine si tout va bien du côté d’Orange.
Il m’est difficile de vous répondre d’un cybercafé. Si vous voulez bien attendre le début de la semaine prochaine, j’essairai de répondre à vos questions sur les parkings monétaires.
Merci et à bientôt
jean
Bonjour @ tous
J’ai enfin retrouvé mes marques avec la connexion sur le Net.
Voici, à mon avis, ce qui distingue les banques créatrices de monnaie des établissements financiers qui ne peuvent que la faire circuler.
Pour créer la monnaie, les banques doivent remplir les conditions suivantes :
a) elles doivent être banques de dépôts, puisqu’elles émettent de la monnaie scripturale en créditant le compte de dépôt à vue (DAV) de leur client, c’est pourquoi l’on dit que « les crédits font les dépôts »,
b) elles mettent des moyens de paiement à la disposition de leurs clients,
c) elles sont domiciliataires, c’est-à-dire que leurs clients peuvent tirer sur leurs caisses (leur domicile),
d) tout comme elles peuvent tirer sur elles-mêmes, ou sur leurs caisses ce qui revient au même,
e) elles ont accès à la compensation du fait qu’elles sont domiciliataires des transactions de leurs clients, et par abus de position de leurs opérations pour propre compte,
f) elles ne sont donc pas dans l’obligation d’utiliser leur compte ouvert à la Banque Centrale, et ne se privent pas de cette liberté chaque fois que cela leur est possible, c’est-à-dire le plus souvent.
Les établissements financiers ne peuvent que faire circuler la monnaie, car ils sont sous la dépendance d’un compte de banque approvisionné pour effectuer leurs opérations : d’emprunts pour se fournir en monnaie et de prêts d’argent à la clientèle. Ainsi, peut-on dire que « les dépôts font les crédits » chez les établissements financiers. Ils ne remplissent en principe aucune des conditions exposées ci-dessus pour créer la monnaie.
Il existe toutefois une exception, existait devrais-je dire, ce sont les comptes chèques postaux (CCP), avant l’avènement de la Banque Postale, laquelle bénéficie à présent du statut de banque, si je ne me trompe.
Voici comment fonctionnait les CCP, étant précisé que ceux-ci répondaient aux conditions a) b) et c) ci-dessus, sauf qu’ils n’ont jamais prêté d’argent, vous allez voir pourquoi. L’Etat français a toujours disposé des fonds drainés par les CCP, principalement la monnaie scripturale, mais aussi les espèces dans la mesure où celles-ci étaient en excédent.
Tous les chèques et virements tirés sur une banque quelconque à l’ordre des CCP, étaient endossés à l’ordre du Trésor Public, crédités à son compte à la Banque de France, puis traités en compensation. Inversement, tous les chèques et virements tirés sur les CCP à l’ordre d’une banque quelconque, étaient traités en compensation puis débités au compte du Trésor à la Banque de France.
Si vous faites le bilan des opérations, vous vous apercevrez que le Trésor a disposé ainsi de toute l’épargne de la clientèle des CCP. Si cette épargne est liquide, à la différence de celle qui est dans les parkings monétaires bancaires, c’est qu’elle a toujours été sur un compte extérieur aux CCP, celui du Trésor qui s’en est servi tout naturellement. C’était le but de l’opération !
A fin 1996, le solde des comptes réciproques, d’une part au passif du bilan du Trésor Public au compte « Dépôts des services financiers de La Poste » et d’autre part à l’actif du bilan de La Poste au compte « Dépôts au Trésor », s’élevait à 176,8 milliards de francs. En 7 ans (89/96) il s’est accru de 13%. (source Banque de France – Bulletin Hors Série 1996). C’est la dernière publication dont j’ai eu connaissance.
Maintenant je vais essayer de vous expliquer pourquoi, de mon point de vue, la monnaie qui se trouve en compte de dépôts à vue (disponibilités) ou à terme (épargne) en banque ne peut pas circuler, sauf sur ordre des titulaires de ces comptes.
En créditant le compte de son client d’un prêt qu’elle lui a consenti (1.000 unités monétaires, par exemple) la banque a constaté une créance à son actif. Vous remarquerez qu’elle ne peut pas disposer de la monnaie qu’elle vient de créer, car la contrepartie : la créance inscrite à l’actif de la banque, n’est pas de la monnaie. Si cette somme ne peut quitter la banque que sur ordre de son client. Si celui-ci émet un chèque à l’ordre d’un fournisseur, il en résultera nécessairement une dette de cette banque envers une banque concurrente de même montant. Cette opération n’est jamais isolée, bien entendu, elle est comprise dans un ensemble de transactions, mais elle est « re-traçable ». Notre banque devra à une consœur ce qu’elle devait à son client. La monnaie ne perd jamais sa contrepartie, jusqu’au remboursement partiel ou total de la créance détenue par la banque sur son client.
Dans tout le système bancaire, les disponibilités en comptes de DAV de tous les clients appartiennent à ces clients, pas aux banques. Puisque ces disponibilités ont pour contrepartie des créances et autres actifs (à l’origine de l’émission monétaire). Profitant de la complexité du système, le pouvoir monétaire nous trompe quand il prétend le contraire.
Enfin, quand les clients de la banque procèdent à des virements de leurs comptes de DAV à leurs comptes d’épargne, la contrepartie des créances et autres actifs de la banque n’est plus la somme des DAV mais celle des DAV + les dépôts d’épargne. C’est pourquoi, l’épargne bancaire est une épargne morte, placée dans des parkings monétaires sans utilité pour l’économie, contrairement à ce que l’on croit.
Si les banques ne peuvent pas disposer des fonds de leurs clients, c’est qu’ils n’ont pas de contrepartie en monnaie, dans une banque extérieure comme dans l’exemple des CCP. Si la Banque centrale imposait aux banques de faire passer chez elle toutes leurs transactions (encaissements et paiement), il en serait tout autrement. Mais ce n’est pas le cas.
Ainsi que je l’ai déjà écrit ici, c’est toute la différence entre le sujet et l’objet, si je puis dire, la banque tire sur elle-même, tandis que l’établissement financier tire sur sa banque.
En fait, les banques ont réussi à échapper au contrôle de la Banque centrale (et celle-ci ne va pas le clamer sur les toits !) quand elles émettent de la monnaie, et aussi profitant des lacunes de la réglementation, quand elles utilisent le système à leurs fins propres, ce qui est inadmissible. L’affaire des subprimes est là pour nous le rappeler. Les seules limites à l’émission monétaire par les banques sont : la demande de monnaie et le ratio de solvabilité.
Merci de votre attention. J’espère avoir répondu à votre attente.
jean
@Jean Bayard
Merci Monsieur Bayard pour cette expertise qui force le respect mais je ne crois pas à la création monetaire par les banques néanmoins vous me faites douter (Il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis comme on dit).
Si les banques font de la création monétaire en faisant du crédit, comment se fait il que la bulle du crédit n’est pas engendré une hyperinflation et que justement à l’heure actuelle certains economistes préconisent la monetisation de la dette en faisant tourner « la planche à billet »? C’est donc que les banques ont créé de la dette et non pas de la monnaie sinon pourquoi monétiser?
En attendant votre réponse merci.
@ Nadine
Bonjour,
Vous mettez le doigt sur le point le plus important, crucial même, du fonctionnement de nos économies. J’ai pu vérifier que la sphère réelle de l’activité de production (celle qui est à l’origine de l’inflation des prix) manque cruellement de monnaie, tandis que la sphère de l’activité financière et monétaire en regorge. Je vous recommande d’aller faire un tour sur mon site Internet et de lire l’exposé sur la macroéconomie. Vous comprendrez alors pourquoi l’épargne bancaire ralentit l’allure de marche de l’activité de production tandis que le crédit l’accélère. C’est précisément parce que l’épargne en banque est gelée par le système (parkings monétaires) qu’elle fait défaut à l’économie (activité de production).
jean
Les habits neufs de l’empereur
@Paul Jorion et @Jean Bayard
J’ai suivi de loin en loin le débat sur la monnaie mais bien avant le début de la crise. Et nous revoici, presqu’au départ !
L’expert, témoin et agent participant aux processus complexes de circulation d’argent, assure que
la discussion engagée sur « la création monétaire » pourrait sembler donner raison aux non-experts, mais qu’il n’en est rien.
Les non-experts avancent qu’une partie de l’argent est créée à partir de « rien »
(c’est à peu près çà ? Ca fait un peu bizarre en l’écrivant en français de base !!).
Je me permets d’intervenir juste avec ce conte (pourquoi pas ?, évidemment c’est moins distingué qu’avec des citations bibliques).
Vous rappelez vous de ce conte ? Un tailleur, expert très réputé, est appellé auprès d’un gouvernant, pour réaliser les habits les plus extraordinaires qu’on ait jamais vus. Toute la cour s’extasie sur les habits neufs de l’empereur !
Seul , un enfant s’exclame : l’empereur est nu !
Dans le conte, je crois que ça se finit bien , tout le monde finit par se rendre à l’évidence !!