L’actualité de la crise : Le Financial Times, une lecture qui pince fort, par François Leclerc

Billet invité.

LE FINANCIAL TIMES, UNE LECTURE QUI PINCE FORT

Il y a des gestes étroitement associés dans la vie de tous les jours. Ouvrir le Financial Times m’amène immanquablement à me pincer ces temps-ci. Les propos qui y sont tenus n’auraient pas avant été imaginables dans ses colonnes. Paul Jorion citait l’article de Janet Tavakoli, paru dans le FT, démontant certains mécanismes du krach financier pour déplorer qu’aucun de ses acteurs ne soit aujourd’hui devant les tribunaux. A quelques pages du même journal, j’ai lu la fameuse « lex column » commentant, hier jeudi, les décisions de limitation des salaires des banquiers annoncées par Barack Obama. Le chroniqueur faisait remarquer, pour en mettre en doute la portée, qu’ « en réalité, celles (les banques) qui ont besoin d’une aide exceptionnelle devraient déjà être une propriété publique et que leur dirigeants devraient émarger sur la feuille de paie du service public ».

Toujours dans la même prestigieuse colonne, un article sur les CDO faisait état de la descente aux enfers de leur valorisation, 350 milliards de dollars au premier trimestre 2007, virtuellement rien du tout actuellement, selon Creditflux, la société qui fait autorité en matière d’information sur les produits dérivés et les hedge funds. « The Lex column » concluait en recommandant l’utilisation de la lumière du jour comme étant « le meilleur désinfectant » pour les livres de compte des banques, ainsi qu’une « injection massive de transparence, renforcée par une réglementation » sur ces produits financiers.

A quelques pages de cette rubrique, un article de David Pilling était publié sous le titre « La Chine devrait augmenter les salaires afin de stimuler la demande », reposant sur la comparaison, à propos de la contribution à la croissance de la consommation des ménages, entre les USA et la Chine. 72 pour cent dans un cas, environ 40 pc dans l’autre. L’article s’appuyait également sur des données japonaises, comparant l’évolution des dividendes perçus par les actionnaires à celle des salaires, de 2001 à 2005. Plus 175 pour cent d’augmentation des premiers, une diminution nominale de 6 pour cent pour les derniers. Voilà la vérité toute nue, après avoir été dévoilée dans le Financial Times.

L’idée d’un nécessaire rééquilibrage global entre salaire et profit est la conséquence logique d’une analyse macro-économique comparée de deux des principales puissances économiques du monde et non pas d’une proclamation anticapitaliste que l’on ne s’attendrait pas à trouver dans cet honorable quotidien de la City. L’une structurellement endettée et l’autre débordant d’excédents. L’une bénéficiant (en moyenne) de hauts salaires, l’autre de bas revenus. L’une empruntant à l’autre, qui vend ses produits meilleur marché chez la première. Mais l’article de David Pilling aurait tout aussi bien pu s’intituler « les Américains vont devoir consommer moins ou produire à moindre coût », une perspective plus difficile à évoquer mais tout aussi envisageable dans le cadre de ce rééquilibrage. L’heure de vérité n’est pas toujours bonne à sonner.

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33 réponses à “L’actualité de la crise : Le Financial Times, une lecture qui pince fort, par François Leclerc”

  1. Avatar de Pierre
    Pierre

    Je lis un peu partout que les banquiers roulent des mécaniques et restent insolents malgré les circonstances, malgré leur responsabilité accablante et malgré l’aide qu’on leur apporte. Les banquiers savent qu’ils sont indispensables; y compris pour sortir de la crise.
    Je lis aussi que toutes les banques seraient pourries jusqu’à l’os. Elles ne le savent peut-être pas toutes. Elles ne savent peut-être pas encore à quel point elles le sont.
    Certaines prétendent même que l’aide apportée n’était pas nécessaire voire excessive.
    Je lis les idées de bad bank(s) et les difficultés que cela pose.
    Mais , précisément, si toutes les banques ou presque sont pourries, c’est qu’elles seraient toutes ou presque, des bad banks. Pourquoi alors ne pas créer par pays une ou deux GOOD BANK(S) avec l’argent que les états ont décidé d’injecter dans les banques que nous connaissons tous et qui ne semblent rien vouloir savoir.
    Cela ne suffirait évidemment pas mais cela permettrait peut-être de contaminer dans le bon sens cette fois les comportements, professionnels et humains, des banquiers qui n’ont pas encore compris ou qui ne veulent pas comprendre ce que l’on attend d’eux sur le plan professionnel et sur le plan humain.
    Les clients – ménages et entreprises – délaisseraient, en partie et progressivement leur « déjà bad bank » pour se tourner vers la « good one » qui, elle, inspirerait confiance; qui, elle, jouerait le jeu.
    Cela n’interdit évidemment aucune réforme dont parle Paul Jorion et les autres intervenants de ce blog.
    Mais il y a une exaspération grandissante à l’égard des banquiers. Essayer de les raisonner semble être totalement inefficace. On ne va pas faire leur éducation civique et professionnelle. Ils ne connaissent ou ne revendiquent que la loi du marché. Instaurons une concurrence nouvelle : laissons ces gens avec leurs actifs pourris; ne leur accordons pas et reprenons l’aide excessive qui leur a été apportée; laissons les se payers des primes colossales avec leur propre argent et créons des unités bancaires morales. Instaurons simultanément des réformes simples auxquelles tout le monde devra se conformer.

  2. Avatar de Mika
    Mika

    Excellente idée !

  3. Avatar de bob
    bob

    Pierre a raison:
    Il est urgent de trouver le PGCD (plus grand commun diviseur) et le PPCM (plus petit commun multiple) de ce problème financier.

    L’idée de créer une good bank avec un apport des fonds d’Etats et contrôlé par l’Etat parait séduisante et respectueuse de l’argent publique. Tout en préservant les intêrets privés.

    Si les banquiers et les traders veulent taper dans la caisse qu’ils le fassent avec leur argent, c’est de leur responsabilité.

    Si les impôts de l’Etat sont utilisés alors ils doivent être contrôlés par ceux qui payent, en l’occurrence le représentant des français: l’Etat et le Président de la République.

  4. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Nous l’avions il n’y a pas si longtemps, cette « good bank »
    http://www.fauxmonnayeurs.org/articles.php?lng=fr&pg=21

    C’était le « TRESOR PUBLIC » qui gérait, à fin novembre 2000,

    574 000 comptes à vue, ( représentant un encours de 16,7 milliards de francs => 2,54 G€)
    43 141 comptes à terme. ( 1,8 milliard de francs => 274 M€. )
    144 410 codevi et livrets jeunes. ( 1,6 milliards de francs. => 243 M€)
    189 000 comptes titres ( 32,9 milliard de francs. => 5 G€)

    Cette banque a cessé cette activité le 31 Décembre 2001.

  5. Avatar de A.
    A.

    A ce rythme, le contenu éditorial de l’Humanité et du FT seront identiques.

  6. Avatar de bob
    bob

    @Stilgar:
    je ne savais même pas ça: ni que nous en avions une, ni qu’on l’avait liquidé en 2001.

  7. Avatar de A.
    A.

    Pour le moment, il me semble ne pas encore avoir lu de billet sur le protectionnisme. Si nous sommes beaucoup à convenir que l’origine du séisme financier que l’on traverse est du à une mauvaise répartition entre capital et travail, encore faut-il reconnaître qu’une part non négligeable travailleurs des pays occidentaux ne pourront pas trouver d’emploi à cause de la mondialisation et de la pression à la baisse sur les salaires.

    Ces deux questions me paraissent étroitement liées. La mondialisation ne profite pas aux ouvriers de l’automobile, de l’industrie du textile. L’essor du tertiaire a entraîné la création d’emplois peu rémunérés et la proportion d’emplois à temps partiel est devenue conséquente.

    Comment dans un tel contexte assurer une meilleure répartition des richesses sans poser la question du protectionnisme à l’égard des pays dont les standards sociaux sont très inférieurs aux notre ?

  8. Avatar de Fab
    Fab

    @ Stilgar,

    A la fin du lien que vous avez proposé : « N’y aurait-il pas, derrière tous ces événements, une « main invisible » qui tire les ficelles afin de s’emparer de la totalité du pouvoir monétaire et d’en dépouiller l’Etat ? »

    Savez-vous si depuis (2001) il y a eu des avancées sur cette question ? Si non, pourquoi ?

    Merci

  9. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @A

    Il faut lire, de Maurice Allais, « La mondialisation: la destruction des emplois et de la croissance » (ed Juglar)

    Quelques extraits des idées générales d’Allais sur ce sujet sont ici
    http://wiki.societal.org/tiki-index.php?page=AllaisSecession
    (Il s’agit de quelques passages d’une lettre ouverte adressée par Maurice Allais à Monsieur Jacques MYARD, Député des Yvelines. La totalité de cette lettre est téléchargeable sur http://allais.maurice.free.fr/Cliquer%20pour%20chargement.pdf , c’est ce qu’il faut lire si vous avez le temps)

  10. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Tout a fait d’accord, A.
    par exemple un système de taxation proportionnel au différentiel social/économique/écologique entre deux pays est tout a fait sensé. Le plus dur a réaliser est la mesure de ce différentiel.
    Et je tiens a dire que ce n’est pas la crise qui me fais dire ça, je trouvais ça sensé il y a deux ans, et c’est toujours plus d’actualité aujourd’hui.
    Il ne faudrait pourtant pas pousser le protectionnisme au paroxysme, sous peine d’asphyxier des pays qui malgré tout souffrent autant voire plus que nous de cette crise.
    Pour résumer j’espère que cette crise remettra l’humain au centre du système, a la place de l’argent. Tandis que l’argent sera remis a sa juste place. A priori ce genre de changement devrait prendre du temps, je pense que 25 ans est raisonnable (comme quoi il valait mieux naitre a l’époque de mon grand père a la fin de la seconde guerre plutôt qu’en 1980… vive les générations sacrifiées sur l’autel des idéologies)

  11. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Pierre

    C’est exactement l’idée que George Soros a développée à Davos. Créer une ou des good banks. Il ne faudrait pas qu’elles suivent ensuite la mauvaise pente, voyez ce qui est arrivé en France à la banque des collectivités locales, l’ancien Crédit Local de France, filiale de la Caisse des dépôts et devenue Dexia. La Caisse, elle, est théoriquement indépendante du gouvernement, sous le contrôle du Parlement. Dans la pratique, c’est un peu différent.

    @ A

    La mondialisation masque en effet un phénomène sous-jacent, qui lui est lié, que l’on a l’habitude de décrire en parlant de « l’émergence » de certains pays. Quel euphémisme ! Ils émergent tellement, ces pays, que l’un d’entre eux est devenu la troisième puissance économique mondiale. Il s’agit bien entendu de la Chine.

    A l’Inverse, on parle de la « désindustrialisation » d’autres pays, par exemple des USA. Il ne s’agit pas d’un simple mouvement de « délocalisation », que l’on pourrait combattre (par des mesures « protectionnistes »), mais d’une tendance plus profonde du développement économique du capitalisme, à l’échelle mondiale. Aux délocalisations des entreprises US s’ajoute le développement d’une industrie nationale chinoise très puissante.

    Toutes ces notions, ces termes, sont donc plutôt trompeurs et n’incitent pas à définir des alternatives de développement. J’ai du mal, d’ailleurs, à employer ce dernier mot, tellement sollicité et galvaudé. Et trop rarement questionné. Quel développement ?

    Comment, dans ces conditions, évolue de l’un et l’autre des deux bords, « développé » et « émergent », l’activité économique ? Quels gisements d’emploi génèrent-ils (on se met à parler de l’emploi comme de l’or ou du pétrole, mauvais signe) ? On sait qu’il est fondé beaucoup d’espoir dans les « services », et en particulier dans les « services financiers » (c’est assez mal parti dans ce domaine). Voir leur contribution au PIB aux USA. On sait également qu’il est préconisé la poursuite historique de la baisse du temps de travail.

    A mon avis, il n’y a pas d’autre issue, à terme, que de déconnecter, au moins en partie, revenu et travail. D’une manière moderne, pas à celle des rentiers d’hier et d’aujourd’hui.

    Le protectionisme n’est évidemment pas plus une solution que ne l’est la division mondiale actuelle du travail. On l’a bien vu à propos de la production agricole. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère où ce que l’on appellait « la faim dans le monde » a une solution potentielle. Ni prétexte à des quêtes assez dérisoires, ni à de l’aide alimentaire dispensée grâce aux énormes surplus de production de certains pays. L’autosuffisance de régions entières de la planète, qui est à portée, ne sera pas du protectionnisme.

    Il n’est pas paradoxal de souligner que l’émergence économique de certains pays, le changement d’axe économique mondial qu’il détermine, est un puissant moteur de l’évolution de nos sociétés « développées ». Pour le meilleur et pour le pire. Comme l’est, d’ailleurs, leur actuel développement. Qui ne connaît la vision apocalyptique des grandes mégapoles que sont devenus les concentrations urbaines gigantesques issues du « développement » ?

    L’expression consacrée est de dire que nous sommes à la croisée des chemins. Une fois de plus.

  12. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    @Fançois Leclerc
    A mon avis, il n’y a pas d’autre issue, à terme, que de déconnecter, au moins en partie, revenu et travail.
    Tout à fait d’accord: ca a pour nom le « revenu citoyen »

    Le protectionisme n’est évidemment pas plus une solution que ne l’est la division mondiale actuelle du travail.
    D’accord également , il faut relocaliser dans le sens d’une habitude à consommer au plus possible local (disons « au plus proche »)
    Pour inciter cette « relocalisation » nécessaire, Allais propose que les importations soient limitées à un pourcentage de ce que nous pouvons (et savons) produire, par exemple 80%, pas en valeur mais en quantités.
    Le solde à importer (en quantités et non en valeur) serait mis aux enchères auprès des importateurs…

  13. Avatar de bob
    bob

    @François Leclerc:

    Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites concernant la proposition de Pierre. Pour preuve, voici ce que dit Soros:

    « Pour éviter une nouvelle crise de cette ampleur, il plaide en faveur d’une « régulation coordonnée au niveau mondial ». Concernant l’une des principales difficultés du moment, ces milliards de dollars d’actifs toxiques qui empoisonnent le bilan des banques, il défend l’idée de recapitaliser ces actifs au sein d’une « good bank » et non de les loger dans une structure ad hoc type « bad bank » »

    http://www.performancebourse.com/actualites/george-soros-pointe-les-erreurs-commises-dans-la-gestion-de-la-crise-y-compris-les-siennes,881.html

    Soros souhaite donc créer une good bank constituée d’actifs toxiques et de recapitalisation (publique?)

    Or si j’ai bien compris, Pierre propose de créer une good bank pour investir dans l’économie réelle (entreprises, artisans, particuliers) sans intervenir dans les affaires des banquiers et des traders.
    On laissent aux banques le soin de gérer leurs fonds en toute autonomie et responsabilité.

    Ai je bien compris vos propos Pierre?

  14. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Bob

    Si vous le permettez, voici exactement ce qu’a déclaré George Soros à Davos : « I would keep the capital of the banks together with the bad assets in the bad bank and then create a new bank with the good assets of the bank and the recapitalize that, giving the shareholders the right to put in more money. » (source: Reuters, dépêche datée de Davos du 28 janvier à 16 h 04).

  15. Avatar de bob
    bob

    @François Leclerc:

    Personnelement je traduis le texte de Soros comme ceci (mais mon anglais ne doit pas être aussi bon que celui de Paul Jorion):

    « Je conserverais le capital des banques, avec en même temps, les mauvais actifs dans une mauvaise banque et pour ensuite créer une nouvelle banque avec les bons actifs, puis je re-capitaliserais ça, donnant aux actionnaires le droit d’y mettre plus d’argent. »

    D’après ce que je comprend, à partir du sytème banquaire actuel, Soros souhaite créer une bad bank avec les actifs toxiques.
    Puis créer une good bank avec ce qui reste des bons actifs.

    Il souhaite également que les actionnaires puissent investir dans la goodbank.

    Mais, il ne semble pas intéressé par un actionnariat dans la bad bank. Souhaite t’il une nationalisation de cette bad bank?

  16. Avatar de Pierre Lang

    Je me demande dans quelle mesure il ne faudrait pas aussi nationaliser=confisquer certaines SPV toxiques pour les mettre ensuite dans la bad bank ? Mais je n’ai actuellement pas la moindre idée de ce que cela implique.

  17. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Bob

    Cela pourrait aussi donner cela:

    « Je porterais au capital d’une bad bank les mauvais actifs des banques, puis créerait une nouvelle banque avec leurs bons actifs, enfin je recapitaliserais cette dernière, en donnant aux actionnaires des mauvaises banques le droit d’y investir en complément. »

    Mais ce n’est pas parole d’évangile !

    Je n’évoquais Soros qu’à l’appui du commentaire de Pierre. Ce processus revient à faire payer les actionnaires actuels des banques et à leur proposer de se « refaire », sans que George Soros ne précise si l’Etat serait ou non investisseur et dans quelle proportion. Il est aussi évidemment possible d’exclure les anciens actionnaires de la good bank. Nous ne prenons actuellement le chemin ni de l’une ni de l’autre des deux solutions.

  18. Avatar de bob
    bob

    @François Leclerc:

    Deux remarques:

    1- La proposition de Pierre n’est absolument pas comparable au propos de Soros.

    2-Soros dit explicitement que la good bank sera introduite sur les capitaux privé ( et donc il dit implicitement que la bad bank sera nationalisée).

  19. Avatar de banquise
    banquise

    En France, on est des latins, des méditerrannéens, c’est bien connu.

    Sauf en Alsace, en Lorraine, dans le Nord, en Normandie, en Bretagne mais également en Ile de France, en Franche Comté mais aussi en Picardie, dans les Ardennes et en Champagne et sûrement en Bourgogne, dans la Loire et le Centre.

    En gros, plus de la moitié de la France est continentale et doit supporter au quotidien les délires et fantasmes de quelques nostalgiques du soleil.

    Résultat, on nous impose des minables séries télés filmées à Marseille ou dans les quartiers les plus sordides de Paris, on nous donne en exemple des moeurs violentes où dominent la susceptibilité et la vengeance pendant que le commerce extérieur plonge aussi vite que la dette et les déficits explosent.

    De la à croire que de la cause aux effets….

  20. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Bob

    Mon « C’est exactement l’idée… » était en effet de trop. Dont acte. Dans le propos de Pierre, la good bank est crée exclusivement avec des capitaux publics, dans celui de Soros, des capitaux privés peuvent y contribuer, aux côtés des « actifs sains » portés en capital. Soros, toutefois, ne parle pas de nationalisation de la bad bank, il la laisse simplement à son triste sort, sans rien d’impicite.

    L’idée de banques publiques, qui n’est pas en soi nouvelle mais qui incontestablement ferait novation, laisse entier la question de leur mission et de leur contrôle. Que puissent coexister un secteur financier « moral » et un autre qui ne l’est pas est une sérieuse question. C’est, me semble-t-il, tout l’enjeu du mutualisme bancaire et dans les assurances. Ou, dans le domaine de la production, des coopératives par exemple. « Un pays, deux systèmes » ont affirmé les chinois, jamais en mal d’un slogan.

  21. Avatar de Moi
    Moi

    @banquise : vous confondez latin et méditerranéen. Un wallon belge est latin et il est au nord de vos picards (et bien loin de la méditerranée, tout comme l’étaient pas mal de sujets de l’empire romain).
    Et pour ce qui est de l’association susceptibilité-latin, je préfère en rire.
    Au fait, que conseillez-vous à ces grands latins états-uniens pour redresser leur balance commerciale? Un peu moins de soleil californien à la télé?

  22. Avatar de GAUTRON
    GAUTRON

    pour résoudre un problème il faut que l’énoncé soit clairement posé et que les calculettes soient crrectement étalonnées
    (deux et deux doit toujours faire quatre et vingt multiplié par six doit faire cent vingt et cent vingt moins quatre doit nous donner cent seize).Or les banques nous prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas.Sans être très cultivé ou spécialiste averti ,le commun des mortels peut déja se rendre compte que deux et deux ne font pas quatre.Le ratio de solvabilité des banques étant de 8% celles ci peuvent prêter 12 fois plus que leurs fonds propres ; en réalité c’est souvent 20 fois plus et même trente fois dans le cas de lheman brother.Ce système est régit par quelques particularités.Lors du remboursement d’un emprunt seul les intérêts nourrissent la banque ,lui , le capital ,est détruit ; hé oui dans leur folie ,les banquiers sont logiques, ils ne passent pas en réel le capital virtuel qu’ils ont prêté .Par contre quand l’emprunteur ne peut plus rembourser ils saisissent le bien ou les cautions Mais ,et c’est ce qui se passe aux usa quand le bien ou les cautions sont inférieurs au capital restant dû ,le capital manquant passe en pertes REELLES dans leurs comptes IL SUFFIT DONC DE SEULEMENT 8% DE DEFAUT DE REMBOURSEMENT POUR QUE LES BANQUES N’AIENT PLUS DE FONDS PROPRES .Certains analystes nous disent que nous souffrons en fait d’une crise de solvabilité et non de liquidité.Par conséquent en période de décroissance et de baisse de valeur des actifs ,le prêteur court autant de risques que l’emprunteur,d’ou la frilosité des banques à prêter qui entraine une baisse des investissements créant du chômage ,
    qui à son tour diminue la consommation .Par quel artifice peut on sortir de ce piège mortel dans lequel les bénéfices peuvent rester virtuels mais les pertes réelles A qui profite le crime??? On pourrait éventuellement proposer temporairement de ne plus rembourser de capital puisque celui ci est détruit , c’est là justement que vous verrez à qui tout cela profite ,c’est à ce moment là que les loups sortiront du bois

  23. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ GAUNTRON

    Première mesure, que chacun ne rembourse ses prêts qu’à hauteur de 92% du capital emprunté, afin de ne pas détruire les fonds propres du prêteur. Il ne faudrait pas tuer la vache à lait. Les intérêts payés devront être réglementairement affectés par la banque aux salaires des employés.

  24. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    GAUTRON dit :
    6 février 2009 à 14:05

    «  »Le ratio de solvabilité des banques étant de 8% celles ci peuvent prêter 12 fois plus que leurs fonds propres ; en réalité c’est souvent 20 fois plus et même trente fois dans le cas de lheman brother » »

    Au Canada c’est déjà monté jusqu’à 44 fois! (et je reste prudent, certaines sources qui indiquaient encore plus!)

    François Leclerc, je crois qu’il faut laisser Soros de côté…
    Mais la teneur de votre présent billet m’enlève encore un peu plus de « retenue » dans la critique d’une tès grande proportion de banques et du sytème financier dans son ensemblel. Quand je pense que certains journalistes français, grands champions de la reptation, ne donnaient jamais leur avis sans avoir lu avant le dernier du Financial Time…
    Questions vraiment naïves: comment se fait-il que le FT, seulement maintenant, à l’air de tourner casaque? Pourquoi ne le faisait-il pas avant le début perceptible de la crise 2007-2008?…

  25. Avatar de bob
    bob

    Je pense au contraire que les propos de Soros sont d’une importance primordiale et sont sans doute le tournant de la crise actuelle.
    Le système banquaire est en faillite (dixit Nicolas Sarkozy hier soir mais aussi Roubini), c’est donc actuellement que ce joue la partie:

    – la première solution , celle de Soros: on crée une bad bank avec les actifs toxiques et une good bank avec les bons actifs. La première sera nationalisée ou passée à perte et profit. La seconde sera réinvestie par les capitaux privé.

    – la deuxième solution, celle de Pierre: créer une good banque à partir du trésor public (impôts) pour relancer les prêts à l’investissement. cette banque serait un investissement sur fond public donc gérée par l’Etat.

    – la troisième solution: celle de Sarkozy: distiller progressivement du capital public (donc des impôts) dans les banques privés en difficultés mais on a l’impression que cette solution n’est pas à la hauteur de cette crise séculaire (en tout cas aux Etats Unis).

  26. Avatar de Petichat
    Petichat

    Faut-il rappeler qu’une banque sert à prêter l’argent des autres ? En d’autres termes, pour prêter, la banque doit emprunter les fonds sur les marchés (le marché interbancaire notamment) ou auprès de ses clients (entreprises ou particuliers). Lorsque vous déposez une somme au crédit de votre compte bancaire, vous prêtez cet argent à la banque, que vous le vouliez ou non car la monnaie est fongible (et scripturale de surcroît). Le solde créditeur de votre compte représente une créance de restitution sur la banque. Donc un risque de perte si la banque se trouve incapable de vous rembourser. De ce point de vue, l’exigence réglementaire de fonds propres (capital et quasi capital, par opposition aux fonds empruntés par la banque) apporte un matelas de sécurité visant à limiter les pertes de ceux qui font crédit à la banque, mais n’est pas théoriquement indispensable à l’activité bancaire. Une banque qui ne prêterait que ses fonds propres ne serait pas une banque. Par ailleurs, en flux, rien ne dit qu’un défaut de paiement par un emprunteur doive nécessairement s’imputer sur les fonds propres de la banque avant d’affecter les économies de ces clients. J’ai l’impression qu’on confond la solvabilité bilantielle et la liquidité. Le « capital virtuel » prêté par la banque est en réalité une dette de celle-ci vis-à-vis de ceux qui lui ont prêté, donc si elle ne fait rien pour le récupérer, elle se trouvera elle-même en défaut. Mon propos n’est pas de justifier les profits réalisés au passage par les banques sous forme d’intérêts et de commissions, mais de faire ressortir l’aspect « vases communicants », finalement assez simple, du système. Mais peut-être ai-je mal compris l’argument de Gautron ?

  27. Avatar de béber le cancre
    béber le cancre

    Vouai….bof, bof, bof…chez les inintelligents, les sans cultures, les non- initiés , on savait ce monde techniquement pas durable …

    Vendre en appauvrissant ses acheteurs , acheter en appauvrissant ses vendeurs.

    Un monde sans lois, sans règles, sans applications potentielles:
    PRIMO -si on veut continuer à vendre , faut pas que ses acheteurs n’aient plus les moyens.
    SECUNDO -si on veut continuer à acheter , faut pas que les vendeurs ne trouvent plus d’intérets à l’échange.

    Si toutefois il s’agissait de poser SIMPLEMENT le problème posé par la petite phrase qui, l’air de rien, a tout pour changer la donne :« les Américains vont devoir consommer moins ou produire à moindre coût « .

    Je dis çà parce que la simplicité fait aussi partie de la complexité, tout comme le fairait le fameux grain de sable, celui qui enraye la machine.

    D’un côté de la planète , on pousse les prix à la baisse de produits de grandes consommations en vendant toujours moins chers et donnant des salaires toujours plus bas, de l’autre on vend de la haute technologie tout en cédant des pans entiers de source de travail…et pour finir ?

    Le monde devient raisonnable quand il arrose les bonnes graines.
    Toyota crée des emplois dans les pays où il espère vendre . Une façon comme une autre de ne pas appauvrir ses acheteurs…

  28. Avatar de Stilgar
    Stilgar

    Petitchat a écrit  » Faut-il rappeler qu’une banque sert à prêter l’argent des autres ? « 
    Hum…
    Je pourrais vous demander d’où vient l’argent des autres, mais je crois que le mieux est de vous renvoyer à nos nombreux débats et en particulier celui en cours http://www.pauljorion.com/blog/?p=1683

  29. Avatar de Petichat
    Petichat

    @ Stilgar
    Merci. Très impressionnant ! Pour faire plus simple : si tous les emprunteurs de ma banque décident ne ne lui rembourser que 92% de ce qu’ils lui doivent, comme suggéré par François Leclerc, franchement je m’inquiète pour mes économies (comme vous l’aurez deviné, je suis du côté des soldes créditeurs !). 8% de défaut, ça devient des actifs toxiques !

  30. Avatar de emmanuel
    emmanuel

    Je n’arrive pas à imaginer comment de très grandes fortunes constituées par des Soros, Waren Buffet, mais aussi certains de nos people insatiables quoique parfois très aimés « des français » peuvent encore s’afficher sans états d’âme voire donner des leçons (Soros ci dessus)

    Les saignées qu’ils ont faites ont certainement contribué à la crise

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