Rions un peu – Les paradis fiscaux (II)

L’un des programmes du plan américain pour tenter de sortir de la crise est le Term Asset-backed Securities Loan Facility, ou TALF, au budget de 200 milliards de dollars. Le programme prêtera des fonds aux institutions disposées à acheter des titres adossés à des prêts étudiants, des prêts automobiles, des dettes de PME ou sur cartes de crédit. Les meilleurs candidats sont des hedge funds. Malheureusement, la plupart sont domiciliés dans des paradis fiscaux. Le Wall Street Journal en date d’hier nous apprend que la nouvelle administration a trouvé le moyen de tourner cette difficulté.

Ouf on respire ! Nul doute que la solution se trouvait dans le projet de loi déposé en 2007 par Mrs. Levin, Coleman et Obama en vue de l’élimination des paradis fiscaux en question !

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129 réponses à “Rions un peu – Les paradis fiscaux (II)”

  1. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    Je viens de lire avec délectation ce combat des chefs entre Etienne et Julien… et vraiment, je pense que Julien a raison. Les banques commerciales ont bien, c’est écrit, le droit de prêter les dépôts (c’est vrai qu’il est difficile de savoir de quels dépôts il s’agit.)

    Donc, imaginons que Julien, vienne verser 100000 euros par un virement dans la banque A ( en provenance d’un autre compte qu’il détient dans une autre banque, mais c’est sans importance pour cette histoire)
    Le banquier va pouvoir offrir 90000 à Etienne qui a fait la demande d’un prêt. La banque inscrira donc dans sa comptabilité 90000 euros supplémentaires contre une simple créance sur Etienne . Julien et Etienne seront l’un et l’autre persuadés que le chiffre, au crédit de leur compte, représente bien leur « pouvoir d’achat »… et c’est vrai : la banque a bien créé de la (fausse) monnaie en prêtant les dépôts.

    Mais Julien, qui est intelligent, ne peut quand même rejeter d’un revers de main les affirmations de Galbraith ou de tous les « contradicteurs » (ceux qui pensent que la banque émêts de la nouvelle monnaie scripturale en émettant des prêts nouveaux). Julien n’a pas non plus pu prouver que la banque « prête les dépôts à vue » (je ne parle pas ici de tous les dépôts, seulement d’une partie, car il est bien évident que si vous déposez votre épargne en banque, avec ordre au banquier de la faire fructifier, dans un livret de dépôt quelconque, il va prêter ce dépôt en empochant la différence des intérêts..)

    D’ailleurs Galbraith explique

    Il était inévitable que l’on découvre – comme le firent les échevins conservateurs d’Amsterdam en se penchant avec un intérêt coupable sur leurs propres besoins en tant que directeurs de la Compagnie des Indes orientales – qu’un autre trait de plume permettrait à un débiteur de la banque, et non plus à un créditeur du titulaire du dépôt, de recevoir un prêt sur ce dépôt inemployé. Et bien sûr, c’était la banque qui percevrait des intérêts sur le prêt ainsi consenti ! On pouvait prévenir les auteurs de dépôts que ces derniers étaient susceptibles d’une telle utilisation – peut-être même les payer pour cela. Le dépôt original restait au crédit de son auteur. Mais il existait désormais un nouveau dépôt constitué par le prêt. Les deux dépôts pouvaient être utilisés pour effectuer des paiements, comme de l’argent. De l’argent avait donc bien été créé. La découverte de cette capacité des banques à ainsi créer de l’argent se produisit très tôt dans l’histoire de la banque. C’est qu’il existait cet intérêt à gagner sur les prêts. Avec ce genre de stimulant, les hommes ont un naturel instinct de novateur.

    Donc, je reprends: Paul se pointe à la banque et demande un prêt. Sur ces 190 000 que la banque a maintenant sur ces comptes d’Etienne et de Julien (que cette monnaie soit « fausse » ou non) … elle va pouvoir prêter (selon ce que je comprends de tous ceux, dont Galbraith, qui expliquent que les banques peuvent créer de « purs crédits » par une simple inscription sur leur actif et leur passif) par un acte de « création monétaire » nouveau, 190 000 x 90% = 171 000 à Paul
    Total « créé » (difficile d’utiliser ce terme… je veux dire « qui n’existait pas lorsque Julien est venu déposer les 100000 initiaux ») par la banque = 261000
    Au total les 3, ensembles, pensent disposer de 361000..
    Ca peut continuer longtemps!

    Comme ca va se reproduire dans d’autres banques, c’est bien pire que l’on pensait … mais même si Julien pensait que son seul dépôt scriptural est de la vraie monnaie, je pense que tous les Julien du monde seraient très surpris s’ils veulent récupérer ensemble et immédiatement leurs dépôts en monnaie fiduciaire…

    Conclusion: les banques sont bien des « faux monnayeurs »… non ?

  2. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Etienne Chouard :

    La spécificité des banques par rapport à toutes les autres institutions financières est que leur dette à vue fonctionne comme moyen de paiement.
    De ce fait, lorsque les banques accordent des financements, elles ne le font pas en transférant au débiteur de la monnaie publique prélevée sur leur encaisse mais en créditant son compte, c’est à dire en s’endettant à l’égard de leur débiteur.

    Supposons que la banque accorde un crédit de 100 à un client. Si ce crédit était fait en billets, à l’actif du bilan de la banque, le poste « billets » diminuerait de 100 tandis que le poste « créances » augmenterait de 100. Mais la banque ne donne pas de billets, elle crédite le compte du bénéficiaire (dont le droit de tirage sur sa banque augmente d’autant). Au bilan, on enregistre une variation de passif: le poste « comptes courants clientèle » (c’est à dire la dette à vue de la banque) augmente de 100 et, à l’actif, le poste « créances » augmente de 100.

    Dans l’intermédiation non monétaire, le financement accordé (qui figure à l’actif du bilan) a pour contrepartie une variation négative de même valeur d’un autre poste d’actif (billets ou compte à la banque centrale). Il faut donc que l’IF ait d’abord obtenu des ressources pour faire des emplois.

    Dans l’intermédiation monétaire, le financement accordé (à l’actif) a pour contrepartie une variation du passif de même signe et de même montant. Il semble que ce soit les emplois (financement) qui génèrent les ressources. C’est ce que traduit la maxime loans make deposits (« les crédits font les dépôts).

    Cette différence est aussi essentielle en théorie (multiplicateur de crédits) que minime en pratique car le « pouvoir de création monétaire » des banques est limité par la contrainte de convertibilité qui pèse sur elles: la monnaie bancaire n’est pas de la « vraie » monnaie, c’est une monnaie privée dont la banque doit garantir et assurer la convertibilité en monnaie banque centrale au taux de 1 pour 1.

    Au fur et à mesure que le bénéficiaire du crédit tirera sur la banque, celle-ci devra rembourser et, pour cela, se procurer des ressources. En fin de compte, tous les emplois doivent être financés par des ressources mais le privilège monétaire des banques leur permet de faire d’abord les emplois alors que les IF non bancaires doivent d’abord trouver des ressources. C’est un facteur de flexibilité qui permet d’adapter l’offre de monnaie à la demande.

    Naurellement, la monnaie « créée » par le crédit est « détruite » lorsque le crédit est remboursé: le débit du compte du client au passif a pour contrepartie la diminution du poste « créances » à l’actif. Comme les dettes doivent être remboursées, à moyen long terme, il n’y a création monétaire nette que parce que les flux de nouveaux crédits excèdent les flux de remboursement.

    Besson, 1995, Monnaie et finance, PUG

    La monnaie (fiduciaire et scripturale) émise par la Banque Centrale est la seule à avoir cours légal. « Moi » vous l’a très bien expliqué dans son post ici

    Lisez le paragraphe sur l’activité des banques ici : http://www.fimarkets.com/pages/marches_financiers.htm

    Ou ce document de la Banque de France http://www.banque-france.fr/archipel/publications/bdf_bm/bdf_bm_2001/bdf_bm_88_etu_2.pdf qui dit page 62 ceci pour expliquer la marge d’intermédiation :

    Soit un secteur bancaire disposant de 100 milliards de dépôts collectés auprès des ménages,
    rémunérés à 2 %. L’intégralité de ces dépôts est prêtée aux entreprises non financières, à un
    taux d’intérêt de 7 %. 2 milliards sont ainsi payés aux ménages, cependant que 7 milliards
    sont reçus des entreprises non financières. La différence de 5 milliards entre les intérêts
    reçus et les intérêts versés par le secteur bancaire correspond à la production de services
    d’intermédiation.

    Ou ce document encore de la BDF sur l’intermédiation financière pour comprendre de quoi il s’agît : http://www.banque-france.fr/fr/publications/telechar/bulletin/etu146_3.pdf

    De mon côté, le contre-défi est relevé avec les références ci-dessus. La Banque commerciale prête non seulement ces dépôts, mais elle emprunte également pour prêter davantage (ce qui accroît les revenus de l’intermédiation pour elle).
    De votre côté, j’attends toujours votre publication d’une seule, je dis bien UNE SEULE référence sérieuse qui a écrit dans une publication sérieuse que les banques ne PEUVENT PAS prêter les dépôts.

    Bon courage!

  3. Avatar de madar michael

    @tous
    J’interviens à nouveau dans ce débat qui passionne toujours autant les intervenants du blog, au point de resurgir dans ce fil originairement consacré aux paradis fiscaux.
    J’observe les mêmes objections faites à l’encontre de Paul et de Julien depuis des semaines sur la création « ex nihilo » au niveau des banques commerciales, toutes objections réfutées à mon humble avis depuis l’irruption du dit Julien sur ce blog. Pour autant, la question de savoir si les banques prêtent ou non les « fonds » qu’elles détiennent ne parait pas tranchée pour tout le monde.
    Si j’ai bien compris le système des réserves fractionnaires, et le film de Grignon sur ce point est trés clair en dépit de ses erreurs ou approximations déja relevées, bien sur que la banque prête l’or de ses déposants, persuadée d’être toujours en mesure de faire face aux « retraits » quotidiens opérés par ses clients. Ceci hors période de Crise évidemment.
    Pour le reste, la distinction Monnaie/Dette mérite peut être encore quelques explications?
    Paul? Julien?
    Un musicien égaré, au royaume des économes.

  4. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    @ Air du Verseau (Age of Aquarius?): je vous renvois à mon commentaire détaillé de 9h58.
    Et je rajoute ceci : votre description du mécanisme est correcte. Simplement, vous le pensez illimité, alors qu’en réalité, il est très limité par les fuites de liquidité, la réglementation (ratios prudentiels), et surtout par l’obligation faite à la banque d’assurer la convertibilité de sa propres monnaie privée scripturale en monnaie centrale.

    Donc en effet, si tout le monde veut retirer en monnaie légale ses billes bancaires, la banque ferme les portes, et appose un écriteau « Nous n’avons pas l’argent, désolé ». C’est logique, puisque la banque prête les dépôts, à vue et à terme.

  5. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    J’ajoute que je ne rejette pas les propos de Galbraith : je les précise!
    Il ne fait pas la distinction entre reconnaissance de dette et monnaie pour parler des dépôts : moi oui 🙂
    C’est pourquoi lui et bien d’autres parlent de « création monétaire » par les banques commerciales, pour simplifier les choses, et que je dis qu’elles ne créent rien, mais mettent à disposition simultanément des moyens de paiement qui ne peuvent pas être utilisés simultanément sans que la banque trouve les ressources nécessaires.
    Mais au final, nous disons la même chose.

  6. Avatar de newbie
    newbie

    Sur le lien suivant; fourni par Julien Alexandre

    http://www.fimarkets.com/pages/marches_financiers.htm

    il est écrit:

    « Chaque banque a le droit de distribuer sous forme de crédit la quasi-totalité de l’argent (mais pas tout ! cf. plus bas) mis en dépôt par ses clients sur les comptes à vue. Mais ce crédit distribué par la banque n’annule pas pour autant le dépôt, qui reste disponible pour le client. Il y a donc création de monnaie par la banque. Ces crédits, octroyés sous forme de dépôts à vue, viennent grossir l’encaisse des banques et donc leur possibilité de distribuer de nouveaux crédits, etc.  »

    le voir plus bas, c’est le rapport au multiplicateur de crédit, donc se paragraphe décrit simplement ce qu’on peut retrouver dans l’argent dette, à savoir: un crédit dans la banque devient un dépot dans la banque B et donne le droit a la banque B de faire un autre crédit (en mettant de coté la fraction de reserves, voila pourquoi il y a écrit « la quasi-totalité »

    Donc une fois de plus, vous dites que les banques pretent les dépots, simplement parce que les crédits sont comptabilisés comme des dépots, et c’est précisément la que se trouve l’arnaque, si bien résumé sur ce meme lien par:

    « Le pouvoir de création monétaire des banques n’est évidemment, et heureusement, pas infini. Il est limité d’abord par le fait qu’une partie seulement du crédit octroyé restera sous forme de dépôt. Le reste sera converti en monnaie fiduciaire (billets) par des retraits . C’est d’ailleurs pour garantir la capacité des banques à faire face aux retraits que la banque centrale leur impose de bloquer un pourcentage de leurs dépôts sous forme de réserves obligatoires, non utilisables pour distribuer du crédit. Ce taux de réserves obligatoires est un des instruments de contrôle par les banques centrales de la quantité de monnaie en circulation. »

    voila, votre lien n’est qu’une autre confirmation des crédits font les dépots, il n’en serait etre autrement dans un systeme ou l’argent apparait apres reconnaissance de dette. il n’y a pas d’argent, tout ce qui existe c’est le crédit !
    La preuve en est, remboursez toutes les dettes et il n’y a plus un sous en circulation avant que vous ayez pu le faire.

    Il n’y a plus rien a discuter si ce n’est la raison de la désinformation et de la manipulation qui règne ici.

  7. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    @Julien Alexandre

    Sans dépôts, pas de crédits possibles. Mais sans nouveaux crédits, pas de nouveaux dépôts … non ?

  8. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Pour le lien sur Fimarkets, il est intéressant de noter que vous ne relevez que les passages dont vous pensez qu’ils servent votre propos (ce qui n’est pas le cas). Permettez-moi donc d’en extraire un autre passage :

    Les banques sont les seuls agents qui possèdent le pouvoir de transformer des ressources à très court terme : les dépôts à vue (les comptes courants) en emplois à moyen ou long terme : le crédit bancaire

    Que comprenez-vous de cette phrase?

    Mais bon, soit, que pensez-vous alors de l’extrait de Besson cité plus haut?
    J’aimerais bien avoir votre explication sur « la raison de la désinformation et de la manipulation qui règne ici » : care to share?

  9. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Les dépôts font les crédits qui font les dépôts qui font les crédits qui…
    Si je fais un virement à un ami qui à un compte en banque vide, c’est un nouveau dépôt pour la banque, et il n’y a pas eu de crédits 🙂 (pas de ça entre amis)

  10. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    @Julien Alexandre

    Une page qui vous intéressera surement

    http://web.mac.com/fmorintlse/La_finance_globale/annexe_8.html

    Du professeur François Morin de l’Université des sciences sociales de Toulouse,
    Je cite: A partir de ses travaux de recherches sur les questions financières d’une
    part, et de son expérience monétaire au Conseil de la Banque de France
    pendant 9 années (1985-1994) d’autre part, François Morin a pu analyser au
    cours de ces dernières années la montée de la globalisation financière et
    des instabilités croissantes qui lui étaient intrinsèquement liées. Il a
    écrit en septembre 2006 un ouvrage considéré comme prémonitoire sur
    l’avènement de la crise actuelle (« Le nouveau mur de l’argent : essai sur
    la finance globalisée », Edition du Seuil).

  11. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Je connais bien François Morin : j’ai suivi ses cours 🙂

    Je vois bien quel est le passage qui vous intéresse : celui où il dit

    Pour répondre également à une idée reçue, ce ne sont pas les banques centrales qui créent de la monnaie. Ce sont principalement les banques commerciales. Lorsque ces dernières font un prêt, ce prêt atterrit sur un compte de dépôt : c’est ainsi de la monnaie qui est créé.

    A aucun moment vous n’entendrez François Morin soutenir la création monétaire ex-nihilo (le reste de son article dit bien mot pour mot le contraire). Comme beaucoup d’autres, il fait un raccourci en parlant de « création monétaire » par les banques commerciales. Il y a aussi un peu de confusion sur la base monétaire :

    Quand la banque A accorde un crédit de 100 000 dollars à un client, le niveau des dépôts augmente de 100 000 dollars. Si le taux de réserves obligatoires est de 2%, la banque doit alors conserver, sur un compte à la Banque centrale peu rémunéré, 2% de ces nouveaux dépôts, soit 2000 euros. L’ensemble des « réserves » des banques, augmentées des pièces et des billets, est appelé la « base » monétaire. Ou encore, M0 (M zéro).

    Il aurait fallu préciser que le terme « réserves » dans la dernière phrase fait référence non seulement aux réserves obligatoires, mais également aux réserves en monnaie scripturale Banque Centrale sur les comptes courants des banques auprès de la BC.

  12. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    @Julien Alexandre

    Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire dans votre derniere phrase… il y a une différence importante ?

  13. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Importante non, mais il peut y avoir des excédents de réserve, minimes parce que mal rémunérés.
    En novembre 2008, les réserves obligatoires à constituer étaient de 216,1 milliards d’€, et les comptes courants des établissements de crédit affichaient un solde de 218,6 milliards d’€. Soit 2,5 milliards d’€ d’excédents qui sont pris en compte dans le calcul de la base monétaire.

  14. Avatar de Étienne Chouard

    <b<Quid de la compensation ?

    @ Julien Alexandre,

    Dans votre message de 9h58, vous citez un texte très intéressant qui décrit (encore une fois) la création monétaire par les banques commerciales.

    Je vous remercie, je ne connaissais pas cet ouvrage (Besson, 1995, Monnaie et finance, PUG).

    [Je commente dans le texte, entre crochets, et je graisse ce qui me semble important. ÉC] :

    « De ce fait, lorsque les banques accordent des financements, elles ne le font pas en transférant au débiteur de la monnaie publique prélevée sur leur encaisse mais en créditant son compte, c’est à dire en s’endettant à l’égard de leur débiteur. [Sommes-nous donc d’accord, Julien ? ÉC]

    Dans l’intermédiation non monétaire [Là, l’auteur parle des établissements financiers (qui ne sont pas des banques et qui n’ont donc pas le privilège de créer la monnaie) : il n’y a donc pas de création monétaire et ce n’est pas notre sujet, nous sommes d’accord ? ÉC], le financement accordé (qui figure à l’actif du bilan) a pour contrepartie une variation négative de même valeur d’un autre poste d’actif (billets ou compte à la banque centrale). Il faut donc que l’IF ait d’abord obtenu des ressources pour faire des emplois.

    Dans l’intermédiation monétaire, le financement accordé (à l’actif) a pour contrepartie une variation du passif de même signe et de même montant. [Et bien, nous sommes d’accord, Julien, non ? N’est-ce pas de la création monétaire, ça ? ÉC] Il semble que ce soit les emplois (financement) qui génèrent les ressources. [Vous voyez, il le dit lui-même. ÉC] C’est ce que traduit la maxime loans make deposits (”les crédits font les dépôts). [Et il le reformule pour être bien clair. Il est bien, ce document 😉 ÉC]

    Mais à la fin du passage cité, l’auteur affirme que la portée pratique de ce mécanisme est fortement réduite à cause de l’obligation de convertibilité (qui occasionne ce qu’on appelle des « fuites ») :

    « Cette différence est aussi essentielle en théorie (multiplicateur de crédits) que minime en pratique car le “pouvoir de création monétaire” des banques [Julien ! Reconnaissez-vous enfin un ‘pouvoir de création monétaire’ des banques ?!! Je rêve. ÉC] est limité par la contrainte de convertibilité qui pèse sur elles [Nous le disons tous. ÉC] : la monnaie bancaire n’est pas de la “vraie” monnaie, c’est une monnaie privée dont la banque doit garantir et assurer la convertibilité en monnaie banque centrale au taux de 1 pour 1. [Julien, si votre thèse est que la monnaie scripturale est de la fausse monnaie, définition qui nous manquait depuis le début (je le savais), nous voici subitement à l’unisson, dans la même tranchée ! 🙂 ÉC]

    Au fur et à mesure que le bénéficiaire du crédit tirera sur la banque, celle-ci devra rembourser et, pour cela, se procurer des ressources. » [Effectivement, quand le client tire des chèques sur d’autres banques, ça se traduit pour sa banque par un besoin en monnaie centrale, il y a longtemps que nous sommes d’accord là-dessus, non ? Mais Julien, l’auteur n’oublie-t-il pas ici de prendre en compte la COMPENSATION ? Car cette hémorragie vers les autres banques est compensée chaque jour par une hémorragie équivalente en provenance des autres banques, (pour peu qu’elles aient une activité de crédit normale ce jour-là) et en proportion de notre part de marché, non ? Est-ce que j’ai raté dans votre texte un élément nouveau ? Je trouve que ce texte me conforte dans ce que j’ai compris jusqu’ici de la création monétaire. Aidez-moi si vous avez l’impression qu’il y a un malentendu. ÉC]

    Il me semble que tout cela est connu :

    D’abord, la convertibilité en monnaie manuelle est garantie, effectivement, mais jamais effective (et c’est justement là-dessus que les banques jouent) : rares sont ceux qui retirent toute leur provision en billets… C’est ce qu’on appelle les « fuites », et ça représente autour de 10% selon les habitudes de la clientèle. Mais en quoi ‘garder plus ou moins 10 % des dépôts disponibles pour les clients qui veulent de la monnaie manuelle’ est-ce une grave limitation ?

    Le contre-défi n’est donc pas du tout relevé, me semble-t-il, puisque vos documents apportent de l’eau claire au (déjà très puissant) moulin de ceux qui constatent quotidiennement la considérable création monétaire des banques commerciales à travers le monde 😉

    Je vous rappelle que le contre-défi est de “trouver une seule, je dis bien UNE SEULE référence sérieuse qui a écrit dans une publication sérieuse que les banques commerciales ne créent pas la monnaie qu’elles prêtent à l’occasion du crédit, mais que ce sont plutôt les euros déposés chez elles qui sont prêtés par elles.”

    Votre propre défi n’est pas relevé non plus, je vous l’accorde, mais je plaide pour reconsidérer d’un œil critique la pertinence de ce défi, compte tenu de ce qu’il consiste à nous faire chercher l’affirmation du droit commun (« il est interdit de voler son prochain ») dans un ouvrage d’économie monétaire…

    Est-ce bien raisonnable ?

    Est-ce un vrai défi ou un leurre inaccessible par construction ?

    😉

    Amitiés.

    Étienne.
    ____

    PS : j’ai bien aimé ce nouveau document, de François Morin (je suis justement en train de lire « Le mur de l’argent »). Comme vous le reconnaissez vous-même, François Morin dit expressément :

    « Pour répondre également à une idée reçue, ce ne sont pas les banques centrales qui créent de la monnaie. Ce sont principalement les banques commerciales. Lorsque ces dernières font un prêt, ce prêt atterrit sur un compte de dépôt : c’est ainsi de la monnaie qui est créée. »

    Peut-on être plus clairement dans le camp de ceux qui ont compris le pouvoir de création monétaire des banques commerciales ?

    Il faudra que je mette ces deux nouveaux documents, celui de Morinet celui de Besson, au sommet de ma pile 😉

    _____________

    PPS : à propos de fimarkets.com :
    Vous relevez (à 16h59) le passage suivant (dans le document que vous citez vous-même) comme un argument en votre faveur, mais je crois pourtant qu’il n’en est rien :

    « Les banques sont les seuls agents qui possèdent le pouvoir de transformer des ressources à très court terme : les dépôts à vue (les comptes courants) en emplois à moyen ou long terme : le crédit bancaire. »

    Vous posez la question : « Que comprenez-vous de cette phrase ? »

    Je trouve que la création monétaire n’est pas du tout contradictoire avec la fonction de transformation confiée aux banques privées, au contraire : elle en est même l’outil indispensable si l’on considère que la banque n’est pas propriétaire des fonds qu’elle reçoit en DAV.

    Est-ce qu’on ne peut pas dire que (si je suis une banque), pour faire un travail de transformation (de créances à court terme en créances à plus long terme) à partir de sommes qui ne m’appartiennent pas (c’est important), j’ai BESOIN du pouvoir de créer de la monnaie supplémentaire (le pouvoir de créer ma propre dette, transmissible, à long terme) en n’acceptant comme (prétendue) garantie que des créances à court terme (ma propre dette encore, mais sur les DAV).

    Qu’en pensez-vous ?

    Reconnaissez que, quand votre document précise :

    « Chaque banque a le droit de distribuer sous forme de crédit la quasi-totalité de l’argent (mais pas tout ! cf. plus bas) mis en dépôt par ses clients sur les comptes à vue. Mais ce crédit distribué par la banque n’annule pas pour autant le dépôt, qui reste disponible pour le client. IL Y A DONC CRÉATION DE MONNAIE PAR LA BANQUE. »

    On a effectivement dit (comme vous) que la banque a « le droit de distribuer l’argent mis en dépôt », mais pour préciser immédiatement après que l’argent distribué est toujours disponible (ça ne correspond pas à la définition du ‘transfert’) et qu’il y a donc (forcément) création…

    Encore de l’eau abondante au grand moulin de ceux qui voient bien (et qui déplorent) que ce sont les banques privées qui créent la plus grande partie de la monnaie, alors que ce devrait être une mission (non lucrative) de la collectivité.

    Je vous remercie pour votre apport.

    Étienne.

  15. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    @Julien Alexandre

    .. à propos du cours légal, si je me fie à wikipedia

     » L’expression cours légal ne concerne donc pas une monnaie ou unité monétaire mais seulement certains moyens de paiement qui peuvent lui servir de support. »

    Donc, d’après vous, la monnaie scripturale bancaire serait de la fausse monnaie ?

  16. Avatar de Moi
    Moi

    « Mais ce crédit distribué par la banque n’annule pas pour autant le dépôt, qui reste disponible pour le client. IL Y A DONC CRÉATION DE MONNAIE PAR LA BANQUE. »

    Il reste disponible en théorie et en temps normal lorsqu’il n’y a pas trop de retraits sur ces dépôts. En réalité, l’argent des dépôts n’est pas disponible en totalité. S’il y a un bank run, seuls les premiers sont servis. Il n’y a donc pas création monétaire au sens où vous l’entendez. La banque prête l’argent des dépôts et garde une petite partie au cas où un client viendrait retirer de l’argent. Comme tout le monde ne vient pas retirer son argent, le peu qu’il reste suffit. Tout est dans le timing, il faut que les prêts soient remboursés au fur et à mesure sinon la banque risque de se retrouver insolvable lorsque les déposants voudront utiliser leur argent. Elle peut louvoyer temporairement en empruntant sur le marché monétaire ou en faisant venir encore plus de déposants mais le principe est là: si les prêts ne sont pas remboursés, les déposants perdent leur argent.

    Une banque commerciale (contrairement à une banque centrale) peut-elle faire faillite, oui ou non? Comment expliquez-vous cela?

  17. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Etienne, vous lisez les textes en y cherchant vos conclusions.

    Je cite le passage suivant, de Besson :

    Dans l’intermédiation non monétaire, le financement accordé (qui figure à l’actif du bilan) a pour contrepartie une variation négative de même valeur d’un autre poste d’actif (billets ou compte à la banque centrale). Il faut donc que l’IF ait d’abord obtenu des ressources pour faire des emplois.

    Ce à quoi vous répondez :

    Là, l’auteur parle des établissements financiers (qui ne sont pas des banques et qui n’ont donc pas le privilège de créer la monnaie) : il n’y a donc pas de création monétaire et ce n’est pas notre sujet, nous sommes d’accord ? ÉC

    Je comprends en effet pourquoi vous ne comprenez pas le texte si à chaque fois qu’on fait référence à un acteur, vous ne savez même pas de qui il s’agît! Evidemment que les banques sont des intermédiaires financiers. Et donc évidemment que nous ne sommes pas d’accord : Besson dit noir sur blanc que la banque prête les dépôts qu’elle a récoltés… 🙂 Défi relevé… oups pour que ce soit bien lisible Défi relevé

    Plus loin, je cite de nouveau Besson avec votre commentaire entre crochets :

    « Cette différence est aussi essentielle en théorie (multiplicateur de crédits) que minime en pratique car le “pouvoir de création monétaire” des banques [Julien ! Reconnaissez-vous enfin un ‘pouvoir de création monétaire’ des banques ?!! Je rêve. ÉC]

    Vous remarquerez que c’est l’auteur, Besson, et pas moi, qui a mis l’expression « pouvoir de création monétaire » entre guillemets. Pour la bonne et simple raison qu’il explique juste en dessous :

    …la monnaie bancaire n’est pas de la “vraie” monnaie, c’est une monnaie privée dont la banque doit garantir et assurer la convertibilité en monnaie banque centrale au taux de 1 pour 1.

    Au fur et à mesure que le bénéficiaire du crédit tirera sur la banque, celle-ci devra rembourser et, pour cela, se procurer des ressources. En fin de compte, tous les emplois doivent être financés par des ressources mais le privilège monétaire des banques leur permet de faire d’abord les emplois alors que les IF non bancaires doivent d’abord trouver des ressources. C’est un facteur de flexibilité qui permet d’adapter l’offre de monnaie à la demande.

    Je répète la phrase essentielle : « tous les emplois doivent être financés par des ressources ». Et bien si tous les emplois doivent être financés par des ressources, alors la banque n’a rien créé.

    Vous me dites enfin :

    Mais Julien, l’auteur n’oublie-t-il pas ici de prendre en compte la COMPENSATION ? Car cette hémorragie vers les autres banques est compensée chaque jour par une hémorragie équivalente en provenance des autres banques, (pour peu qu’elles aient une activité de crédit normale ce jour-là) et en proportion de notre part de marché, non ? Est-ce que j’ai raté dans votre texte un élément nouveau ? Je trouve que ce texte me conforte dans ce que j’ai compris jusqu’ici de la création monétaire. Aidez-moi si vous avez l’impression qu’il y a un malentendu. ÉC]

    Non, l’auteur n’oublie pas de prendre en compte la compensation. Si vous voulez comprendre les mécanismes de la compensation, j’en fait une description détaillée ici ==>http://www.pauljorion.com/blog/?p=1116#comment-16825

    Enfin, dernière citation de votre part :

    st-ce qu’on ne peut pas dire que (si je suis une banque), pour faire un travail de transformation (de créances à court terme en créances à plus long terme) à partir de sommes qui ne m’appartiennent pas (c’est important), j’ai BESOIN du pouvoir de créer de la monnaie supplémentaire (le pouvoir de créer ma propre dette, transmissible, à long terme) en n’acceptant comme (prétendue) garantie que des créances à court terme (ma propre dette encore, mais sur les DAV).

    Non Etienne, on ne peut pas dire ça. Quand vous confiez votre argent à la banque sur un dépôt à vue, c’est l’équivalent d’un prêt (si vous avez un compte à vue non rémunéré, vous vous faites en effet voler:)) : la banque a le droit d’en disposer à sa convenance. Ce qu’elle fait en prêtant la plus large partie de votre dépôt.

    Quand on parle de transformation par l’intermédiation bancaire, on distingue 3 types de transformation :

    – la transformation de devise : conversion de dépôts dans une monnaie en crédits dans une autre monnaie
    – la transformation d’échelle : la banque regroupe des petits dépôts pour les transformer en gros crédits
    – la transformation de terme : la banque finance des crédits à moyen ou long terme (un achat de bien immobilier sur 20 ans) à partir de dépôts à court terme. Le risque est lié à l’obligation pour la banque de garantir au client déposant qu’il dispose de son argent, tout en finançant l’emprunteur. Pour cela, la banque accepte de prendre un risque de taux.

    Exemple : la banque finance un prêt à 5 ans au taux de 8% par des dépôts à 3 mois au taux de 6%. Elle dégage ainsi une marge d’intermédiation de 2%. Mais à la fin de chaque période de trois mois, il lui faut renouveler ses dépôts (rappelez-vous : « tous les emplois doivent être financés par des ressources »). Si pour une raison ou une autre, le taux des dépôts à court terme augmente, passant à 8%, elle perd sa marge bénéficiaire. Si le taux à court terme dépasse 8 %, elle perd de l’argent. Si le taux à court terme baisse, sa marge d’intermédiation augmente.

    N’hésitez pas si vous avez des questions!
    Et courage pour le défi!

  18. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Je rappelle à toutes fins utiles la loi : http://tinyurl.com/cyw49q

    « Sont considérés comme fonds reçus du public les fonds qu’une personne recueille d’un tiers, notamment sous forme de dépôts, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, mais à charge pour elle de les restituer. »

    Les banques prêtent les dépôts.

  19. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    C’est pour cela que la loi prévoit une garantie des déposants : http://tinyurl.com/but5w9

    « Les établissements de crédit agréés en France adhèrent à un fonds de garantie des dépôts qui a pour objet d’indemniser les déposants en cas d’indisponibilité de leurs dépôts ou autres fonds remboursables »

    Comment une banque ne pourrait-elle pas restituer des dépôts devenus indisponibles si elle ne les a pas prêtés?

  20. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    @Julien Alexandre

    « Comment une banque ne pourrait-elle pas restituer des dépôts devenus indisponibles si elle ne les a pas prêtés? »

    …par exemple si la banque fait faillitte, si elle a déplacé les dépôts aux iles Caiman sans autorisation du déposant, et si, justement, elle les a prêtés alors qu’elle n’en aurait pas le droit

    Mais ces dépôts sont de toute façon de simples écritures dans ses livres, une dette de la banque envers les déposants (qui sont donc, en comptabilité, assimilés à des dettes de fournisseurs) … c’est donc normal qu’il y ait une garantie dans ce cas particulier de la monnaie.

    Votre argumentation ne plaide donc pas spécialement pour votre point de vue.

    Pour reprendre votre message du 11 février 2009 à 17:37… Pourquoi Morin aurait fallu (en plus) préciser que le terme “réserves” dans la dernière phrase fait référence non seulement aux réserves obligatoires, mais également aux réserves en monnaie scripturale Banque Centrale sur les comptes courants des banques auprès de la BC. » alors qu’il écrit  » l’ensemble des réserves » ?

    Moi qui pense néanmoins que vous avez peut être raison concernant le fait que les banques prêtent – sans autorisation formelle, je n’ai pas signé de contrat leur donnant ce droit en déposant mon salaire chez elles – les dépôts en compte courant (qu’il est difficile d’effacer tout ce que je pensais savoir !), je crois néanmoins, à la vue de tout ce que j’ai lu sur ce blog, que les banques disposent en plus du pouvoir de monétiser des actifs … mais que cette monétisation est limitée à la création de « leur » monnaie (monnaie CA, SG, etc) et que le lien entre les monnaies tiens justement à l’existence d’une Banque Centrale. Alors pourquoi ne pas appeler la monnaie centrale  » monnaie centrale » (puisque de toute façon, toutes les monnaies sont bien « de confiance » le terme « fiduciaire » me gêne) et la monnaie des banques « monnaie -dette » ?

  21. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    Relisez la loi, c’est marqué noir sur blanc : http://tinyurl.com/cyw49q

    “Sont considérés comme fonds reçus du public les fonds qu’une personne recueille d’un tiers, notamment sous forme de dépôts, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, mais à charge pour elle de les restituer.”

    Les banques prêtent les dépôts. Vous pouvez tourner autour du pot, faire des aller-retours, questionner chaque mot, chaque syllabe ou chaque lettre, faire de la rhétorique, reformuler les termes qui vous gênent pour qu’ils aillent dans le sens de ce que vous « croyez » plutôt que de ce qui « est », mais au final, cela ne change rien à la réalité : les banques prêtent les dépôts, chaque emploi doit être financé par une ressource, il n’y a pas de création de monnaie ex-nihilo par les banques.

    “Comment une banque ne pourrait-elle pas restituer des dépôts devenus indisponibles si elle ne les a pas prêtés?”

    …par exemple si la banque fait faillitte, si elle a déplacé les dépôts aux iles Caiman sans autorisation du déposant, et si, justement, elle les a prêtés alors qu’elle n’en aurait pas le droit

    Vous pensez vraiment que le législateur français proposerait une loi qui serait destinée à couvrir les pertes liées à des activités bancaires illégales? Une loi qui stipule que le « vol » que vous supposez commis par la banque qui prête un dépôt sera garanti et indemnisé par l’Etat? Allons allons, soyons sérieux un instant!

    qu’il est difficile d’effacer tout ce que je pensais savoir !

    Je comprends que ce soit difficile, mais ce n’est pas en tordant la réalité pour ne pas remettre en cause ses présomptions que l’on fait bouger les choses. Proposer de changer le système implique d’abord de le comprendre. La description que Paul Jorion, moi-même et d’autres ici en font ne l’exemptent pas de critiques, bien au contraire! Regardez les conclusions de Gerolstein : la Banque Centrale injecte de la monnaie parce qu’elle considère à tort que de nouvelles richesses sont créées : ça, c’est un vrai problème. Mais ce n’est qu’en comprenant bien pourquoi cela est possible que l’on peut proposer des réformes.
    Cordialement,

  22. Avatar de Alotar
    Alotar

    Mais ce que ce système bancaire, tel qu’il est (autrement dit un cycle enflant de dépôts faisant des crédits faisant des dépôts…etc., bref l’oeuf et la poule), ce système donc, au final, ne génère qu’un endettement généralisé de plus en plus profond, et même nécessite cet endettement pour continuer à fonctionner.
    Si le résultat de ce système est un endettement généralisé et s’amplifiant, peut-on encore dire qu’il crée de la monnaie? Quelle est cette idée d’une monnaie-dette, c’est-à-dire d’une dette qui serait de l’argent, de la richesse? De la dette, c’est pas de la non-monnaie, du non-argent? Comment est-ce que de la dette peut être de l’argent (ou de la richesse)? Si ce n’est en obligeant l’emprunteur à travailler pour rembourser, c’est-à-dire en assujettissant les gens quant à leur futur dans une soumission au remboursement et au système? Ce système financier n’est pas neutre. À chaque fois, pour chaque emprunteur, il y a création non de monnaie mais d’un futur soumis au système. Le crédit ne crée pas de la monnaie, mais oblige l’emprunteur à travailler comme esclave devant fabriquer de la richesse ou de la monnaie. On ne crée pas ex nihilo, mais sur base d’une obligation pour l’emprunteur de se plier à un futur de travail. Donc on s’appuie ou on se base sur quelque chose : soit sur le passé dans le cas « les dépôts font les crédits », soit sur le futur dans le cas « les crédits font les dépôts ». On aura reconnu que le passé, c’est le capital; et le futur, c’est le travail. Donc il n’y a pas de ex nihilo. Le présent est le croisement du passé et du futur ou encore du capital et du travail, et donc ce présent, en une sorte de va-et-vient, est le cycle dépôts-crédits-dépôts-crédits-etc.
    Y-a-t’il une finitude à ce système? Si oui, d’où pourrait-elle venir? D’une incohérence interne à ce système, d’un emballement qui le fait s’exploser de lui-même? Ou d’une révolte externe des gens assujettis à un système qu’ils n’arrivent plus à soutenir, tellement ils sont broyés?

  23. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    Julien Alexandre

    Question subsidiaire

    A propos de l’article de F. Morin, vous écrivez

    A aucun moment vous n’entendrez François Morin soutenir la création monétaire ex-nihilo (le reste de son article dit bien mot pour mot le contraire). Comme beaucoup d’autres, il fait un raccourci en parlant de “création monétaire” par les banques commerciales.

    Morin dans cet article parle bien de « création monétaire » et je ne pense pas que ce soit un raccourcis sémantique .. pas à ce niveau d’explication. Vous avez néanmoins raison, il n’utilise pas ce terme honni de « à partir de rien ».
    Par contre, je ne vois nulle part dans son article où il dirait « mot à mot le contraire » ?
    Moi je lis simplement

    Pour répondre également à une idée reçue, ce ne sont pas les banques centrales qui créent de la monnaie. Ce sont principalement les banques commerciales. Lorsque ces dernières font un prêt, ce prêt atterrit sur un compte de dépôt : c’est ainsi de la monnaie qui est créé.

    Pourquoi vouloir lui faire dire dans cette phrase l’inverse de ce qu’il a écrit ?

  24. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    F. Morin décrit l’intermédiation monétaire (que j’ai expliquée plus haut) en la simplifiant. Ce qu’il oublie d’ajouter, c’est que quand cette « monnaie » sera employée, il faudra que la banque trouve les ressources nécessaires. C’est ce mécanisme que de nombreux auteurs décrivent de façon simplifiée en parlant de « création monétaire » par les banques commerciales. Par conséquent, je ne lui fais pas dire le contraire de ce qu’il dit. Demandez lui donc, vous verrez par vous-même.

    En revanche, mea culpa sur « l’ensemble des réserves » : c’est en effet suffisamment explicite!

  25. Avatar de Étienne Chouard

    « Nihilo monétaire », évidemment.

    @Julien,

    On progresse.

    Vous et moi, nous lisons, comme tout le monde, en cherchant les cohérences et incohérences avec le système de pensée qui est le nôtre, en mouvement permanent, en transformation, en progrès ; rien que de très naturel.

    Et la confrontation pacifique de nos lectures respectives – de nos façons différentes de lire les mêmes livres – est tout à fait instructive.

    Vous dites :

    « Je répète la phrase essentielle : “tous les emplois doivent être financés par des ressources”. Et bien si tous les emplois doivent être financés par des ressources, alors la banque n’a rien créé. »

    Ça y est, je crois avoir identifié une erreur : vous prétendez que l’exigence d’une contrepartie interdit l’usage du mot « création ».

    Mais Julien, si la contrepartie n’est pas monétaire, il y a incontestablement davantage de monnaie après le crédit qu’avant le crédit (êtes-vous d’accord sur ce fait-là, au moins ? on butte toujours sur la définition de la monnaie), et il y a donc eu création de monnaie : personne ne parle de création à partir d’un ‘rien absolu’, on ne parle que de création à partir d’un ‘rien monétaire’, évidemment.

    D’ailleurs, même la Banque Centrale a besoin d’inscrire une contrepartie en face de sa propre création monétaire, et cette contrainte comptable fondamentale, indispensable pour que la monnaie ait une valeur – pour que la monnaie représente quelque chose – cette contrepartie obligatoire ne signifie nullement qu’il n’y ait pas eu de création monétaire.

    Vous dites que, puisque la monnaie ne peut être créée qu’en contrepartie de quelque chose qui existait avant, c’est donc qu’il n’y a pas eu création (vous dites « la banque n’a rien créé »).

    Mais c’est une erreur de raisonnement, liée au sens des mots : par l’opération comptable du crédit, la banque a transformé une créance non monétaire (non transmissible, non libératoire dans les échanges) en créance monétaire (transmissible, libératoire dans les échanges), autrement dit en « monnaie » ; cette transformation de ce qui n’est pas de la monnaie en ce qui est de la monnaie est bel et bien une création monétaire. Prêtez attention à ce dernier mot, s’il vous plaît.

    Vous niez l’évidence en jouant sur les mots (involontairement, sans doute) : personne n’a jamais dit que la monnaie est créée sans contrepartie, personne n’a prétendu que les banques peuvent créer la monnaie sans contrainte ni sans risque. En donnant un sens déformé à l’expression « ex nihilo », en exagérant sa portée au-delà de la signification pédagogique (anodine) que donnaient ceux qui l’utilisent à cette expression d’ailleurs pléonastique (« création ex nihilo » dit deux fois la même chose), vous entretenez (sans le vouloir) une confusion qui nous distrait de l’essentiel, je trouve.

    On perd son temps sur des détails.

    _______________

    Sur le passage de Besson (« Dans l’intermédiation non monétaire, le financement accordé (qui figure à l’actif du bilan) a pour contrepartie une variation négative de même valeur d’un autre poste d’actif (billets ou compte à la banque centrale). Il faut donc que l’IF ait d’abord obtenu des ressources pour faire des emplois »), je me suis trompé : lisant trop vite, j’ai cru qu’il parlait des établissements financiers (privés du pouvoir de création de monnaie) et j’ai zappé rapidement le paragraphe, trop rapidement, pardon.

    À l’examen, dans ce paragraphe-là (seulement), Besson parle en fait de cette partie de l’activité des banques où elles ne créent pas de monnaie : en effet, les banques ne sont pas obligées de créer de la monnaie quand elles prêtent, naturellement : si elles ont des droits sur des fonds (ce qui n’est pas le cas des DAV, à mon avis, mais ce qui est le cas des comptes d’épargne en actions, par exemple), elles peuvent les prêter sans rien créer, bien sûr.

    Je ne vois là aucune contradiction avec la thèse que je défends puisqu’on y parle d’autre chose.

    Mais votre propre lecture de ce passage est également erronée, me semble-t-il, car, à partir du fait qu’une partie de l’activité de la banque (l’intermédiation non monétaire) ne nécessite pas de création monétaire (ce que personne n’a jamais contesté), vous déduisez l’affirmation que la banque ne crée jamais la monnaie qu’elle prête, alors que l’auteur que vous citez explique dans le paragraphe suivant que tout un pan de l’activité des banques (l’intermédiation monétaire) nécessite la création de la monnaie prêtée…

    Vous aussi, vous lisez les textes avec votre propre prisme, non ? 😉

    Je n’ai jamais dit que les banques privées créent ‘toujours’ la monnaie ; je dis (comme tous les spécialistes que je lis) qu’elles ‘peuvent’ le faire quand elles en ont besoin (et qu’elles ne s’en privent pas) (et que ça nous coûte les yeux de la tête chaque année en période normale, sans compter le risque systémique engendré par cette cavalerie en période de crise).

    _____________

    Pour ce qui concerne la compensation, j’ai bien lu votre message http://www.pauljorion.com/blog/?p=1116#comment-16825, mais outre que je le trouve un peu confus (vraiment pas facile à lire), je ne vois pas en quoi il répond à la question que je vous posais.

    Besson dit « Au fur et à mesure que le bénéficiaire du crédit tirera sur la banque, celle-ci devra rembourser et, pour cela, se procurer des ressources », comme si le mécanisme de la compensation ne lui fournissait pas, précisément, une partie de ces ressources.

    Si (pour simplifier) le marché compte deux banques qui se partagent également les clients, quand les deux banques prêtent ce jour des sommes comparables, elles s’attendent toutes les deux à ce que la moitié de leurs concours à l’économie s’échappe de leurs comptes (ce qui crée pour elles un besoin en monnaie centrale, nous sommes d’accord), mais elles peuvent aussi compter sur le flux inverse des sommes prêtées par les concurrents qui viennent pour partie dans leurs livres (ce qui crée pour elles un apport en monnaie centrale).

    Non ?

    Donc, faire comme s’il n’y avait des fuites que vers l’extérieur (alors qu’il y en a aussi en provenance de l’extérieur), ça me paraît être une description incomplète, mais c’est peut-être un malentendu.

    Le message que vous m’indiquez ne répond pas à cette objection, il me semble.
    Pourriez-vous préciser cela, s’il vous plaît ?
    Je ne demande qu’à comprendre.

    Cordialement.

    Étienne.
    ____________

    PS : à mon avis, votre contre-défi reste entier (et pas facile à relever) : Besson est avec nous. Bon courage, donc 😉

  26. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    Tiens, à propos, même HSBC utilise le terme « honni » sur ce blog
    http://www.aft.gouv.fr/IMG/pdf/184_BMT_FR_septembre_.pdf
    (Voir page 6)

  27. Avatar de Julien Alexandre
    Julien Alexandre

    HSBC dit en page 6 du document que la banque crée un « pouvoir d’acheter », pas de la monnaie. C’est ce que j’explique en disant que la dette à vue des banques fonctionne comme « moyen de paiement ». C’est la spécificité des banques, et c’est ce qui permet le mécanisme de l’intermédiation monétaire, qui beaucoup appellent à tort « création monétaire » : la banque s’endette à votre place. A charge pour elle de trouver les ressources pour financer ce « pouvoir d’acheter ». Donc aucune création de monnaie ex-nihilo.

  28. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    @Julien Alexandre

    Ce ne serait pas un peu de la mauvaise foi de votre part, juste un peu ?

    Car je lis plusieurs fois « création monétaire » (par les banques commerciales) dans ce très court passage

    La première parade a été celle développée par Wicksell et Keynes et s’est appliquée de 1945 à 1995. Elle a consisté à pointer que l’on pouvait protéger la croissance en prenant appui sur le pouvoir que s’étaient constituées les banques commerciales dès la fin du XIXème siècle, celui d’émettre de la monnaie. Wicksell, dès les années 1900, avait perçu les avantages qui seraient associés à favoriser la création monétaire fiduciaire, phénomène alors nouveau mais encore embryonnaire. Par la création monétaire, les banques créent (mot tabou) “un pouvoir d’acheter” [si ça ca n’est pas de la monnaie !] qu’elles transmettent à leurs clients emprunteurs. Cela donne une impulsion autonome à la dépense globale, ce qui permet de compenser le fait que le revenu de la période antérieure ne donne lieu qu’à une redépense partielle. Les emprunts des uns auprès des banques compensent et même le plus souvent surcompensent l’épargne des autres auprès des banques.
    Après le fiasco des années 30 et la deuxième guerre mondiale, Keynes obtint à Bretton Woods l’abolition de la convertibilité en or des monnaies fiduciaires nationales, ce qui ouvrait alors la voie à une période (1945/1995) de création monétaire régulière et significative dans les pays OCDE.
    Pour que la création monétaire se concrétise, il faut un système bancaire en bonne santé et des emprunteurs solvables montrant un appétit à s’endetter. Or, à compter des années 1995, la création monétaire a connu des limitations très sérieuses.
    La création monétaire au secteur public devint progressivement tabou. Les parlements, américain et britannique, prirent peur que la dette publique ne devienne incontrôlable. En zone euro, la marche à l’UEM puis le Pacte de Stabilité limitèrent les déficits publics et le traité de Maastricht interdit aux Etats de se financer auprès du système bancaire européen.

  29. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    Pourquoi mon commentaire a été supprimé ?

  30. Avatar de Air du Verseau
    Air du Verseau

    Ah bon, pas supprimé, modéré … autant pour moi

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