L’actualité de la crise : Ouf, une bonne chose de faite, par François Leclerc

OUF, UNE BONNE CHOSE DE FAITE

Je ne sais pas bien par quel bout prendre ce G7 de Rome qui vient de se terminer aujourd’hui. Peut-être par la stupéfiante déclaration de quelqu’un qui n’y assistait pas, Nicolas Sarkozy : « moi je n’ai pas à me plaindre d’avoir à gérer la crise du siècle et d’avoir à trouver des solutions. » a-t-il déclaré de Val d’Isère, où il assistait aux Mondiaux 2009 de ski alpin, pour y trouver certainement de l’inspiration. Ou bien par celle de Jean-Claude Trichet, président de la BCE, qui à propos de Timothy Geithner, secrétaire au Trésor US, a expliqué aux journalistes « Tim est très connaisseur, il sait de quoi il parle », sans bien entendu dire de quoi ils avaient parlé. Ou bien encore celle de Christine Lagarde, ministre de l’économie et des finances française, qui a qualifié le dîner qui réunissait vendredi soir les participants du G 7 de « très sympathique et chaleureux ». Pour un peu, le communiqué final du G 7 se limitait au menu des agapes et chacun repartait ensuite chez soi vaquer à ses petites affaires.

Les déclarations de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, étaient elles plus dignes de l’événement. Après avoir déclaré à l’AFP, à propos de ce même dîner, que « les gens ne chantent et ne dansent pas vraiment sur les tables », il a estimé que les économies des pays avancés sont en « profonde récession » et que l’économie mondiale est « proche de la récession ». Il a ensuite mis les points sur les « i ». « Le problème à traiter, c’est (…) la restructuration du secteur bancaire », estimant que la création d’une bad bank « est plutôt la solution la plus simple ». « Cela ne redémarre pas tant qu’on n’a pas nettoyé les bilans bancaires », a-t-il poursuivi, avant de conclure « « Les banques qui ne sont pas viables, il faut réussir à les faire reprendre par les autres, voire les fermer ».

Il ne semblait pas spécialement pouvoir partager l’opinion du gouverneur de la Banque de France, Christain Noyer, pour qui « on ne doit pas noircir la situation », message que ce dernier a tenu a faire passer samedi en fin d’après-midi. On va finir par se demander, au fil de ses déclarations apaisantes, s’il ne va pas à la prochaine occasion carrément dire que tout va bien et qu’il ne comprend pas toute cette agitation, ces déjeuners, ces dîners et ces réunions. Jean-Claude Trichet, cultivant de son côté toujours son rôle de sphinx, n’excluait pas « des actions non traditionnelles additionnelles » de la BCE, ne parvenant pas a créer la surprise étant donné que c’est ce qu’il avait déjà annoncé fin janvier et qu’il persévérait dans cette formulation négative, se gardant bien d’annoncer quoi que ce soit. (Les « actions non traditionnelles additionnelles », c’est l’achat de bons du trésor ou d’actifs bancaires par la BCE, grâce à la « planche à billet »).

Il ne fallait pas chercher auprès des autres participants beaucoup plus de précisions sur les discussions. Timothy Geithner a donné comme seul éclairage : « nous allons travailler étroitement avec nos collègues du G7 et du G20 pour trouver un consensus sur des réformes qui répondent à l’ampleur des problèmes révélés par cette crise ». Se voulant positive, Christine Lagarde a pour sa part précisé que « tout le monde était d’accord que c’est sur l’investissement public qu’il faut faire porter l’effort tout de suite, pour que ça commence à produire des effets le plus rapidement possible », apportant ainsi des détails décisifs à la bonne compréhension des mesures décidées, rassurant par là même les contribuables des sept pays les plus riches du monde.

Que retenir du communiqué final ? Un vague satisfecit aux dirigeants chinois, pour tourner la page des déclarations initiales de Timothy Geithner, la réaffirmation de principe que le protectionnisme ce n’est pas bien et l’énumération, pour étoffer le texte, des mesures déjà prises par les uns et les autres des participants. Très maigre pour définir une réponse commune à la crise qualifiée pourtant de « tourmente financière ».

« La stabilisation de l’économie mondiale et des marchés financiers reste notre plus haute priorité » est-il réaffirmé, au cas où l’on en douterait. On lit plus loin que « le G7 s’engage à prendre toute nouvelle mesure qui se révèlerait nécessaire pour rétablir la pleine confiance dans le système financier mondial ». Le communiqué, enfin, ne voulant sans doute pas se borner à des généralités, conclut avec hardiesse en refilant le bébé au FMI, « crucial pour répondre efficacement et avec souplesse à la crise actuelle ».

Giulio Tremonti, ministre de l’économie italien a toutefois pris la peine de tenir sa propre conférence de presse, pour annoncer de « nouvelles règles afin qu’un nouvel ordre économique voie le jour », c’était bien le moins quand on est l’hôte de la conférence. Précisant qu’un corpus minimum, baptisé « étalon légal » par référence à l’ « étalon or », serait présenté au prochain G 20 de Londres, visant notamment les paradis fiscaux et les fonds spéculatifs. Ce sujet a en effet été totalement ignoré par le communiqué final, à tel point que Christine Lagarde a cru devoir indiquer aux journalistes s’en être entretenue avec son homologue allemand Peter Steinbruck, afin d’étudier comment réglementer de manière plus rigoureuse les fonds spéculatifs et aborder la question des « centres non coopératifs ». On admirera la créativité dont fait preuve cette dernière formule, qui vaut bien les « actions non conventionnelles additionnelles » et « l’étalon légal ». Il a été précisé qu’une liste doit en être dressée, car on se rappelle que cette simple question préliminaire fait toujours débat, car il faudrait au préalable définir les critères selon lesquels un pays peut être considéré un « paradis fiscal », ce qui serait déjà une manière d’envisager d’éventuelles mesures.

Pour clore ce déplorable bilan, on a également appris que les ministres participants au G 7, afin de ne pas séparer sans rien décider, ont chargé leurs services de présenter un rapport sur une palette de principes communs sur l’intégrité et la transparence de l’activité financière internationale, sans faire référence explicitement aux hedge funds et aux paradis fiscaux. Dans les quatre prochains mois, ont-il demandé, ce qui augure bien des décisions qui devraient être prises par le G 20, qui se tiendra dans maintenant environ six semaines.

Partager :

34 réponses à “L’actualité de la crise : Ouf, une bonne chose de faite, par François Leclerc”

  1. Avatar de Alain
    Alain

    Bonsoir,

    Trés long commentaire, pour aboutir comme ce sommet à pas grand chose, mais pas tout à fait rien…

  2. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    Il semble que les grandes fortunes n’aient pas encore été assez renflouées par le contribuable. En conséquence l’argent ne se remet pas à circuler dans l’économie est reste dans les paradis fiscaux dont les politiques font semblant de vouloir réguler le fonctionnement. Il faudra éponger encore beaucoup de pertes avant de revoir l’investissement repartir. Il est hors de question de voir 30% des grandes fortunes disparaitre dans le faillites bancaires comme en 1929. Ce sont les pauvres qui doivent d’abord éviter ces faillites. Cela seul sera un gage suffisant pour que l’argent sorte et irrigue à nouveau l’économie. Ce qui a été discuté c’est comment faire cracher les pauvres sans se retrouver avec une révolte sur les bras. Et puis comment préparer la guerre civile au cas ou la révolte éclaterai malgré tout. Et surtout comment garder sa place de ministre.

  3. Avatar de lacrise
    lacrise

    @scaringella : ce que vous dites est extrêmement violent : vous dépeignez un état de haute trahison généralisé. S’il ya du vrai on pourrait envisager que la Haute Cour de Justice se saisisse de questions spécifiquement françaises. Varennes, la place de Greve, brrrr.

  4. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    J’ai la mauvaise impression que peu de gens prenent conscience de l’extrème gravité de ce qui se passe dans les DOMS en ce moment. Dois-je rappeler que Jego à clairement menacé de représailles les grévistes.

  5. Avatar de jacques
    jacques

    Les paradis fiscaux: on commence par balayer devant notre porte .Qu’est-ce qu’on fait avec les nombreuses zones franches qui existent sur notre territoire ? Qu’est-ce qu’on fait avec les niches fiscales et le bouclier fiscal ? Quelqu’un a t-il des idées?

  6. Avatar de Vince

    Je doute fortement que les paradis fiscaux aient quelque chose à craindre. Quelle institution aurait le pouvoir de changer leur statut ? Rien ne changera de ce côté-là avant un bon bout de temps. Concernant les hedge funds leur responsabilité dans la crise est plutôt secondaire. Au fond, que leur reproche-t-on ? Ce ne sont pas des banques et n’ont pas vocation à financer l’économie. Les bulles spéculatives se forment facilement sans eux, il suffit de prendre l’exemple de l’immobilier…
    Et quoi ? Il n’y a rien à attendre du G7 ou du G20 ou je ne sais quelle autre club du même acabit, quand toutes les bulles de la première économie du monde éclatent en même temps – bulle du crédit, bulle de l’immobilier, bulle du marché actions, etc, la première alimentant les autres – la messe est dite, point barre.
    A ce stade, la seule chose à faire, c’est de tirer les leçons de l’histoire. Or je constate que ce n’est pas le cas. Quant aux véritables défis économiques et sociaux, ils apparaîtront avec la crise énergétique à venir. Et cette crise-là les états auront intérêt à l’anticiper, sans quoi celle du crédit apparaîtra comme une mauvaise plaisanterie.

  7. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ lacrise

    Ce que dit Scaringella est assez « brut de décoffrage » mais il y a un tel décalage entre les grandes déclarations qui faisaient état d’une « crise comme on en voit une par siècle » et les bavardages des G x, qu’il y vraiment de quoi s’inquiéter.

    Même si de fait cela aboutit au même résultat, Je ne pense pas qu’il y ait une volonté concertée de faire cracher les pauvres, et l’idée déjà d’une nécessaire anticipation de révoltes à venir. Il règne surtout un terrible conformisme intellectuel parmi toutes ces élites politiques. Elles font un distinguo permanent entre la crise proprement financière et tout le reste, comme si la crise financière s’était développée « ex nihilo » !! Comme si cette crise financière pouvait être résolue indépendamment d’un modèle économique et social qui a contribué à sa venue : celui qui prenait fait et cause pour les investisseurs dont la richesse toujours plus grande était censée profiter à tous et ceci selon une logique d’expansion infinie, comme si les ressources humaines et terrestres étaient un gisement sans fin. Les inégalités croissantes entre pays et au sein même des pays, y compris les plus riches, ont été considérés comme facteur négligeable. Obama considère à nouveau les classes moyennes délaissées par des décennies de néo-libéralisme, mais il ne va pas encore jusqu’à remettre en cause le modèle lui-même. Cela viendra peut-être …. il est évidemment trop tôt pour mesurer ses capacités, son envergure politique.

    Bref nous en sommes encore au point où  » on règle la crise financière et pour le reste on verra après » c’est à dire quand la crise sera passée. A ce train là, la crise risque de s’enliser ou s’approfondir encore un bon moment, voire ne se résoudre que de façon brutale et dangeureuse. Même de nombreux analystes, journalistes d’envergure en restent à ce niveau de compréhension, comme par exemple un Martin Wolf du Financial Times. La seule façon de rétablir la confiance serait une déclaration globale des chefs d’Etat, admettant officiellement que le système qui a prévalu ces trente dernières années est une faillite financière, économique, humaine, que donc il faut de toute urgence changer de cap, et s’acheminer vers un autre modèle de société, une autre économie. Le cap étant fixé, l’horizon dégagé, il serait alors beaucoup plus « facile » de trouver et justifier les mesures radicales qui s’imposent pour sortir de la crise financière et maintenant économique. La bourse ne serait plus alors le point de focalisation et l’obsession permanente des commentateurs. Bref, elle serait tenue en respect devant l’étendue des changements annoncés.

    Et c’est ici, que je rejoins, pour une fois, l’analyse de Loïc Abadie selon laquelle les créances pourries ne devraient plus être remboursées, car des investisseurs et ou spéculateurs ont pris des risques inconsidérés, au détriment de toute l’économie, et même de la planète si l’on pousse jusqu’au bout le raisonnement. Evidemment, il faut une condition à cela, c’est qu’un filet social suffisamment conséquent puisse venir en aide à tous ceux qui subiraient les conséquences des faillites qui ne manqueraient pas de se multiplier. Je ne parle pas évidemment des investisseurs mais des salariés qui n’avaient que leur force de travail à offrir et ne voyaient qu’une part négligeable des profits leur revenir.

    Les politiques ont pourtant actuellement une chance rare d’entrer dans l’Histoire, s’ils prenaient réellement des décisions courageuses c’est à dire avec une vision à long terme. Ils sont désemparés par une crise qu’ils ne comprennent pas bien et qu’ils n’ont pas vu venir. Ils naviguent à vue, à l’échéance d’un an ou deux maxi et selon une vision du tout économique (clin d’oeil à Fab). Ils n’assument pas encore bien l’économie politique et encore moins l’anthropologie économique, c’est à dire la crise de civilisation larvée qui se cache derrière la crise financière et économique.

    Lorsqu’un Jean Paul Fitoussi, économiste conseiller du président Sarkozy disait le 8 octobre dernier au journal Le Monde que la récession ne durera que trois trimestres tout au plus, on mesure le décalage.

  8. Avatar de JJJ
    JJJ

    @ Pierre-Yves D.

    C’est bien l’impression qui domine depuis le début de la crise : le désarroi des « élites ». Lequel renforce précisément toutes les théories du complot : le pékin ne peut pas croire que nos éminences ne savent que faire pour s’y opposer efficacement. C’est pourtant le cas.
    Il ne suffit pas à une banque d’employer quelques petits génies du calcul différentiel pour se protéger de la faillite (c’est plutôt le contraire, apparemment…). De la même façon, à leur poste, tous les Chefs d’Etat n’ont démontré qu’une seule capacité exemplaire : celle de se faire élire. Ils ont donc compris mieux que les autres les ressorts de la conquête du pouvoir. Pour le reste, rien ne prouve qu’ils soient plus pertinents que la bonniche du cousin du palefrenier du Prince de Galles.

  9. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Pierre-Yves D., JJJ

    Oui, ils méritent d’être écoutés, ces grands, quand parfois ils s’épanchent et livent leur pensée profonde devant un micro qu’ils croyaient fermé. Vous avez probablemenr raison, JJJ, en disant que la plupart d’entre eux ne conprennent pas ce qui dépasse leurs schémas habituels d’interprétation. Et que leur véritable savoir-faire est celui qui leur permet de parvenir et de rester au pouvoir.

    On n’est jamais déçu quand on leur demande leur vision du monde, à eux qui en sont en réalité très éloignés. Souvent frappé par leur candeur, parfois par leur cynisme. Aveuglés par leurs préjugés ou éblouis par leurs propres méconnaissances. Retirez-leur leurs apparats, leurs officiers de sécurité, tout ce qui les isole, les élève, les rend inaccessibles et il ne reste alors que vous et moi, enfin façon de parler.

    Tenez, une chose m’avait beaucoup frappé pendant la campagne de Barack Obama, c’était son insistance à dire qu’il fallait s’occuper des classes moyennes, délaissées, ce qui revenait à oublier l’amérique déjà pauvre, comme si pour elle, il était trop tard.

    Leur horizon, à ces braves gens, ne leur permet pas nécessairement de voir très loin. De Gaulle, qui savait être perçant et avait beaucoup fréquenté ce monde (et dont je n’ai jamais partagé ni la hauteur de vue ni ce qu’il croyait voir) disait « sur les cîmes, il n’y a pas foule ».

  10. Avatar de lacrise
    lacrise

    Il est vrai que la situation en Guadeloupe a l’air de devenir explosive…

  11. Avatar de vincent
    vincent

    @ scaringella :

    voudriez vous indiquer un lien pour retrouver la nature des menaces proférées par Y. Jego à l’encontre des grévistes des DOMS ?

  12. Avatar de Jean-Baptiste

    A mon sentiment Mr Sarkozy peut être content non pas tant de lui même mais d’être Président de la République française et comme la France était en retard sur une libéralisation forcenée et dispose encore de services publics, elle se retrouve maintenant en effet dans une situation « meilleure » mais surtout moins pire que beaucoup d’ autres pays à travers le monde et peut du coup presque servir de modèle pour un soi disant libéralisme domestiqué. L’inertie française permet aujourd’hui d’amortir les effets de la crise et la quantité de service public plus importante qu’ailleurs permet au système de s’enrayer moins vite. Pourtant on voit que les département d’Outre-Mer se révoltent et le gouvernement à intérêt à cantonner ces problèmes hors du territoire métropolitain. Les français sont peut être les derniers à subir la crise mais on sait qu’historiquement ils peuvent être les premiers à se révolter.

  13. Avatar de Scaringella
    Scaringella

    C’était tout simplement au zapping C+ de jeudi ou vendredi soir, reprenant des image du JT de F2 avec Pujadas. Jego menaçait les grévistes afin de maintenir l’état de droit et permettre aux commerçants d’ouvrir boutique.

  14. Avatar de Jean-Baptiste

    Les menaces autoritaires de Mr Jego même si elle n’étaient pas précises dans leur méthodes d’application ont rappelé de mauvais souvenir de « maitrise » de grèves dans les DOM où plusieurs fois jusque dans les années 1960s celle finirent par une répression avec des morts !

  15. Avatar de Alain
    Alain

    @Scaringella

    Il ne m’a pas échappé non, plus le discours, (ou peut-être est-ce ce que j’ai voulu voir?), « un rien orienté », sur les vilains grévistes, (tous « bronzés »), et les gentils commerçants, (tous pâles) victimes de menaces s’ils osaient ouvrir, et la réponse de M. Jégo concernant la volonté de faire respecter l’Etat de droit..
    Est-ce une volonté réelle de « manipuler » l’information? Un zèle de journaliste en mal de sensationnel? Le reflet exact du clivage entre les « pales et les bronzés », entre ceux qui possèdent, et ceux qui regardent ?
    Que la situation puisse devenir explosive, et donc explosée, ça parait une évidence, non?
    Que la Crise du siècle, (pas de celui-ci en tout cas, on est juste au début), appelle des réponses extraordinnaires qu’on ne voit pas venir, c’est aussi une réalité que nous voyons tous, (à moins de cécité volontaire, la pire de toutes).
    G7, G20, G72, …etc., les réunions se succèdent aux réunions, les paroles « définitives » succèdent aux paroles « expertes », pour aboutir à toujours pas grand chose.
    Peut-être que ce ne sera pas aussi grave que ça, cette Crise du « Siècle »? Qu’on pourra mettre une rustine ou deux pour continuer comme avant. La preuve, notre 1er ministre qui profite de son soutien à nos sportifs pour faire du ski, ou notre Présidentissime qui continue de faire le pitre, et de raconter des blagues qui ne font rires que ses courtisans.
    – » je veux que le ski devienne un sport populaire ».
    Heureusement qu’il ne se déplace plus sans ses chauffeurs de salle, sinon c’est le bide assuré.

  16. Avatar de Dominique B
    Dominique B

    Bonjour,

    Ah, Nicolass, Nicolass, trois fois hélas…

  17. Avatar de fnur
    fnur

    Bulles de cocaine au lieu de bulles de champagne.

    Extension de l’interdiction du dopage dans les compétitions financières ?

    L’article d’Attali est surprenant, tel qu’écrit on y comprend que le chiffre d’affaire du trafic de cocaïne est supérieur à celui du pétrole. Ou alors il y a une faute de syntaxe, c’est la croissance de ce CA qui est supérieure à celle du pétrole.

    http://blogs.lexpress.fr/attali/2009/02/crise-avec-cocaine.php

    La court de justice européenne a jugé que l’interdiction de l’usage de drogue pour les compétitions sportive doit être maintenue car elle n’entrave pas la compétition. Faudrait il des contrôles anti-dopage dans les salles de marché ?

  18. Avatar de Dominique B
    Dominique B

    Il semble bien, que l’on aperçoive, à travers les éclaircies laissées après les enfumages habituels et systématiques en guise d’explications et de justifications de leurs laborieux sommets, qu’effectivement, les élites dirigeantes aient un mal de chien à feindre une sorte de désarroi, ou veuillent paraître désemparées de n’être capables : aussi puissantes, responsables, conseillées, choyées soient-elles…juste et seulement capables d’abus de modération.
    Combien de temps encore arriveront-t-ils/elles à faire croire qu’ils/elles font vraiment de la politique, en régime véritablement démocratique, au service des populations ?

  19. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    @Alain,

    Si vous souhaitez être informé correctement lisez le Plan B : http://www.leplanb.org/ et rejoingenez la Sardonie libre !

    « Heureusement qu’il ne se déplace plus sans ses chauffeurs de salle, sinon c’est le bide assuré ».

    Notre Paul international semble lui toujours apprécier « le joueur de claquettes qui va dans le bon sens », c’est vrai qu’il n’est pas aussi émouvant que Dolly Parton vu que sa mère achetait ses pompes chez Weston (je retiens une larme…).

    Easy d’être rebelle en citant Crimson plutôt qu’en dénonçant sans complaisance l’establishement.

    Easy de montrer du doigt le site internet de gentils dingues pas capables d’aligner deux phrases plutôt que de dénoncer un site, dont les idées tout aussi nocives se présentent sous des dehors « plus respectables » de bon père de famille.

    -l’internaute averti remarquera la curieuse gémelléité dans la laideur du webdesign des homepages-

    Paul, quand est-ce que tu lâches tes mocassins à glands pour enfiler tes santiag’ ?

  20. Avatar de anonymous56
    anonymous56

    Une nouvelle qui m’a surpris :
    Natixis ne veut pas « brader » ses 40 milliards d’euros d’actifs à risque
    http://www.lesechos.fr/info/finance/afp_00121142-natixis-ne-veut-pas-brader-ses-40-milliards-d-euros-d-actifs-a-risque.htm

    et en particulier la dernière phrase phrase :
    Ces actifs « représentent environ 40 milliards d’euros, comme nous l’avons déjà dit, et sont pour une grande part de bonne qualité. En aucun cas nous ne voulons les brader », a-t-il déclaré au Journal du Dimanche.
    Le groupe avait indiqué mi-décembre avoir placé 19 milliards d’euros, soit 40 milliards en valeur nominale, dans cette structure.

    La crise, non plutôt dépression, va durer jusqu’en 2020-2023 aux USA d’après Harry DENT dans son dernier livre.
    Il avait assez bien prévu le début de la dépression actuelle entre 2006-2010 dans son livre « le grand boom de 1994 » paru en 1994 en France
    et en 1993 pour l’édition américaine.
    Pour ces dates, il se base sur la démographie. une population jeune et nombreuse sur le marché de l’emploi, ça donne de l’inflation.
    Par contre une population agée nombreuse dans un pays donne de la déflation puisque le pays consomme moins et innove moins.
    Donc 2009-2021, ça fait 12 ans. 12ans c’est long pour garder des dettes et long aussi pour une banque.
    Beaucoup de choses peuvent se passer en 12 ans comme une faillite, une nationalisation, etc ….

  21. Avatar de Topaze
    Topaze

    « Il est vrai que la situation en Guadeloupe a l’air de devenir explosive… »

    S’il pouvait vouloir l’indépendance…
    Mais cela m’étonnerait.

  22. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ ghostog

    Vous en rajoutez pas un peu sur Paul, non ?

    Je ne vois pas où se situe la complaisance de Paul.
    Le soutien qu’apporte Paul a Sarkozy est conditionnel, et concerne des points très précis de l’action du président Sarkozy.
    Je suis persuadé que si l’action du président dans le domaine considéré — poser les bases d’une refondation du capitalisme — devait décevoir Paul, ce dernier sera très sévère. Entre parenthèses, dans plusieurs de ses billets ou commentaires Paul a écrit noir sur blanc qu’il n’approuve pas la politique sécuritaire du président, et d’autres choses encore.
    D’autre part, à quoi servirait que Paul fasse des déclarations fracassantes pour dénoncer tous les aspects de la politique de Sarkozy ? Il y a beaucoup d’autres sites politiques pour cela.

    Ce qui fait sa force et sa crédibilité c’est sa perception originale de la crise appuyé sur un discours rationnel, que l’on peut contester, mais qui a sa cohérence. Paul a une double casquette aussi, celle de citoyen et de scientifique. Si Paul devait réduire son ambition de porter le débat intellectuel aussi loin de possible pour des motifs partisans, le débat perdrait en qualité.

    Ce qu’on peut reprocher justement au président Sarkozy c’est souvent une certaine incohérence entre ses dires et ses actes.
    Paul a pris le parti de prendre au sérieux les déclarations du président, parce que certaines de ces déclarations rejoignent les analyses qu’il fait sur son blog et dans ses livres. Par exemple le nécessaire rééquilibrage du partage des richesses entre entrepreneurs, investisseurs et salariés. La nécessité de lutter contre les paradis fiscaux. Mais ni plus ni moins. Paul n’est pas naïf.
    Ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire des grimaces ! (que Paul me pardonne pour cette expression un peu cavalière)

    Et puis vous noterez que la critique du sarkozysme est présente dans les nombreux commentaires, chez la majorité même des commentateurs. La position de Paul Jorion me semble tout à fait respectable car elle est très ciblée et argumentée.

    Nous devrions plutôt nous réjouir qu’un espace public de débat de cette qualité puisse exister.
    Paul n’endossera pas la panoplie complète du Che, mais ce n’est pas cela l’important, ce qui compte c’est que ses analyses sont, elles, assez radicales, elles remettent en cause le capitalisme tel qu’il a fonctionné depuis 30 ans, et même au delà, car ses critiques visent aussi les fondamentaux du capitalisme. Sa conception du marché en termes de rapport de force en lieu et place de l’offre et de la demande, est lourde d’implications. Ses prises de position politiques sont moins affirmées que vous le souhaiteriez, mais ce qui fait précisément la spécificité, le succès même de ce blog, n’est-ce pas que puissent s’y croiser, discuter sans s’invectiver, des personnes qui ne sont pas forcément de votre bord politique, et qui, petit à petit, peut-être, convaincus par certains raisonnements, pourraient réviser certaines de leurs convictions initiales ? Bref, nous ne sommes pas sur un site militant, mais de débat et qui plus est à vertu pédagogique. Cela me semble plus riche, et à terme, d’une plus grande influence, ou plus grande portée, comme on voudra.

    Je comprends votre agacement, et vos coup de gueule — question de tempérament aussi sans doute !! — car, oui, quand on vit en France on peut voir à quoi ressemble le sarkosysme.
    Et ce n’est pas folichon, en effet. Mais, Paul Jorion, ne sera jamais meilleur qu’en ne déviant pas des principes qu’il s’est donné à lui-même.

  23. Avatar de Vince

    @ Pierre-Yves D

    « Ce qui fait sa force et sa crédibilité c’est sa perception originale de la crise appuyé sur un discours rationnel, que l’on peut contester, mais qui a sa cohérence. »

    Si j’ai bonne mémoire Sarkozy nous a très pédagogiquement expliqué que la crise était le résultat du comportement des méchants-spéculateurs. Mais surtout pas des banques, ni des autorités publiques. Comment ? Le credit-crunch ? Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?

    Si rationnalité du discours il y a, c’est celle de la simplification, de la désinformation et de la stigmatisation. Rien de nouveau, donc.

  24. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ Vince

    “Ce qui fait sa force et sa crédibilité c’est sa perception originale de la crise appuyé sur un discours rationnel, que l’on peut contester, mais qui a sa cohérence.”

    je parlais de la crédibilité et de la rationnalité de Paul Jorion et non pas de celle de Sarkozy. 😉

  25. Avatar de Vince

    Euh… autant pour moi !

  26. Avatar de kerema29
    kerema29

    @ Anonymous56
    Natixis gère une bonne partie du plan d’épargne entreprise d’EDF-GDF; pour 2008 : -28% de perte, et en janvier 2009: -5%….ça continue

  27. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    @Pierre-Yves,

    Merci pour la qualité de votre commentaire auquel je vais tenter de répondre.

    Tout d’abord, jamais je n’ai remis en cause les qualités d’analyse de Paul concernant cette crise. J’ai lu son livre ce qui m’a beaucoup éclairé quant à la tirisation et autres apects techniques peu explicités par ailleurs (je lis actuellemment le bouquin de Lordon dans un autre style). Et lorsque certains ici se permettent de faire des commentaires de type « science économique », je fulmine et écrit  » lisez les livres de Paul ».

    Ceci étant précisé, vous m’accorderez que je ne suis si éloignée de Paul tant sur le plan politique qu’éthique, pour autant, dois-je abandonner tout esprit critique ?

    Ce qui m’amène à m’interroger sur certaine contradiction dans le discours de Paul.

    Il nous explique qu’il est important pour lui de pouvoir relire ses écrits sans y trouver un « je retourne ma veste, toujours du bon côté ». Et l’on aimerait voir partager cette maxime par M. Attali et ne pas pouffer de rire en lisant certains articles de son fameux rapport comparé à ces déclarations actuelles…( je vous renvoie aux décisions 97, 103 et 305 que j’ai sous les yeux et qui sont particulièrement savoureuses ! La Documentation française, janvier 08).

    Quant au Nabosarko, je vous invite à m’indiquer les posts où :

    « Entre parenthèses, dans plusieurs de ses billets ou commentaires Paul a écrit noir sur blanc qu’il n’approuve pas la politique sécuritaire du président, et d’autres choses encore ».

    Ce n’est pas moi qui ai mis la barre haut, c’est Paul qui dans un billet se réclame de Bourdieu.

    Bourdieu était un intellectuel ENGAGE, relisez son article publié en 97 dans le Diplo et intitulé : « Dans la tête d’un banquier », ou encore son discours aux cheminots en 95 à la gare de Lyon (on le retouve dans « contre-feux » chez Raison d’Agir). Concernant ces interventions il écrit :

     » Le sentiment, peut-être illusoire, d’y être contraint par une sorte de fureur légitime, proche parfois de quelque chose comme un sentiment du devoir ».

    C’est, comme vous le dites, une question de tempérament. Peut-être est-ce plus facile lorsque l’on occupe une chaire de sociologie au Collège de France…

    Toujours est-il qu’un tel héritage suppose …

    Comprenez qu’une pauvresse profane soit quelque peu interloquée face à certain appel du pied ou autre retour d’ascenseur…( tu m’as aidé à publier mon livre, donc qu’importe le discours, mes colonnes te sont ouvertes).

    Je sais que nous vivons des temps troublés, dois-je pour autant me montrer moins exigeante ?

    N’est-ce pas aussi le but de ce blog que de confronter Paul à ses lecteurs ?

    A vous de me le dire cher Pierre-Yves.

    Excellente fin de soirée à vous et à tous.

  28. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @ ghostog

    Puisque vous me le demandez, je vous indique volontiers les billets dans lesquels Paul ne ménage pas Sarkozy, même si c’est sur un ton que vous pourrez juger trop policé. Mais, en tous cas, les choses ont été dites « noir sur blanc ».

    Dans son billet  » L’ entretien du Président de la République française », il juge positive un propos de Sarkozy mais c’est en précisant que ce dernier venait en réparation d’un propos franchement « anti-démocratique » !

    « Je viens de regarder et d’écouter Mr. Sarkozy. Ce qui m’a fait le plus plaisir, c’est son « On regrette toujours les petites phrases ! », à propos de sa petite phrase précisément qu’en France on ne remarque pas les grèves. Parce que ce n’était pas simplement hautain ou condescendant de dire ça, c’était pire : c’était anti-démocratique. Parce que les gens ne font pas la grève, ne vont pas à la manif’, parce qu’ils ont simplement le sens de la fête : ils font la grève parce que ce qu’ils demandent d’une autre manière, personne ne l’entend. Ils font la grève comme une dame qu’on a vu : parce qu’il ne leur reste que 80 euros.

    Dans le billet « Le lion malade de la peste, II », 9 janvier 2009, Paul se démarque nettement de l’option sécuritaire :

    « On va de nouveau me taper sur les doigts parce que je m’apprête à dire quelque chose de positif à propos de Nicolas Sarkozy. Je fais donc précéder ce qui va suivre d’une déclaration préalable : « Je sais qui est le Président de la République française, je sais en particulier sur quelle plate-forme sécuritaire il fut élu, je sais également qu’il recommandait lors de sa campagne présidentielle une modification de la politique française du crédit à la consommation qui aurait importé par voie expresse la catastrophe des subprimes au cœur du système financier français ». Je pourrais continuer comme cela sur plusieurs paragraphes. Je ne le ferai pas : libre à vous de compléter si cela vous chante. »

    Plus loin dans le même billet, Paul dit bien ce que j’ai dit dans mon commentaire précédent, à savoir qu’il n’hésitera pas, le cas échéant, à le critiquer :

    Je vois bien que Mr. Sarkozy veut tirer parti du fait que le lion est malade de la peste pour que les nations cessent de s’affronter à fleuret moucheté sur la question monétaire mais, sachant que je n’hésiterais pas à le critiquer de ne rien vouloir faire, je me vois à l’inverse disposé à lui dire bravo quand il dit qu’« au XXIe siècle, il n’y a plus une seule nation qui peut dire ce qu’il faut faire ou ce qu’il faut penser » ou que « nous n’accepterons pas le statu quo, nous n’accepterons pas l’immobilisme, nous n’accepterons pas le retour de la pensée unique ».

    Dans le billet « La bonne direction : Bretton Woods II », 26 octobre 2008, nouvelle critique qui accompagne un point positif attribué de Sarkozy :

    « Mr. Sarkozy a été élu démocratiquement sur un programme. Celui-ci vantait les vertus de l’endettement à tout crin des ménages. C’était là une idée exécrable – qui au cours des années récentes a conduit les États–Unis à la catastrophe. Ses propositions étaient écrites noir sur blanc et ceux qui ont voté pour une telle plate-forme électorale l’ont fait en leur âme en conscience, et leur choix l’a emporté dans les urnes. Mais la vertu majeure d’un chef d’état est d’être en prise avec la volonté de son peuple et si celle-ci se modifie parce que le contexte a lui-même changé, le talentueux s’y adaptera en effet.

    Concernant M. Attali, c’est un autre problème. Mais encore une fois, la publication de deux billets de Attali, n’a pas consisté à faire l’éloge de celui-ci, ce que vous ne dites pas d’ailleurs. Bien au contraire, Paul a dit franchement ce qu’il pensait de certaines thèses développées par Attali, notamment celle qui prétend résoudre la crise essentiellement au moyen d’une gouvernance mondiale renforcée. De même Paul a exprimé son désaccord sur l’idée défendue par Attali selon laquelle la crise actuelle serait seulement une crise cyclique. Quant aux commentateurs ils ont eu tout le loisir de dire ce qu’ils pensaient. Et les critiques ont fusé. Et je n’ai moi-même pas été en reste.
    Attali en venant sur le blog de Paul s’est plutôt exposé qu’autre chose. Je ne partage pas un certain nombre des vues de Jacques Attali, mais sur ce coup là il ne s’est pas esquivé et avait plus à perdre qu’à gagner à venir s’expliquer sur le blog de Paul Jorion. Il est tellement rare que des experts, des « éminences grises », descendent de leur piédestal pour venir s’exprimer devant le « peuple ».

    Franchement la question de savoir s’il y a des retours d’ascenseur éventuels ne me préoccupe pas outre mesure, à partir du moment où Paul Jorion est tout à fait clair dans sa démarche. Ce qui aurait été plus ennuyeux c’est que Paul ne nous ait rien dit de l’aide apportée par Attali pour la publication d’un de ses livres, cela tout en lui attribuant une tribune.

    S’agissant de Bourdieu, penseur, sociologue que j’admire et respecte, pour son apport intellectuel immense à la sociologie, je ne pense pas qu’il ne se soit jamais retrouvé dans une situation où il n’ait dû se soumettre à une certaine logique de cooptation en faveur de certains de ses protégés, cédant alors à la logique spécifique du champ — académique — dans lequel il évoluait, ce qui bien entendu n’est pas propre à Bourdieu. Quant à son engagement certaines des critiques n’étaient pas dénuées de pertinence. Bourdieu se réclamait d’une sociologie compréhensive d’objectivation des faits sociaux. La visée politique de son travail était qu’il pouvait fournir à chacun un moyen de se délivrer de certaines illusions impliquées dans les rapports sociaux, ce qu’il nommait la violence symbolique. Comme vous le savez, le coeur de la théorie sociologique bourdieusienne est la théorie des champs : chacun occupe une positions dans les divers champs qui composent une société : le champ économique, politique, culturel, artistique, scientifique, et on pourrait encore en ajouter, jusque, par exemple, le champ spécifique du monde de la finance.

    Bref, Bourdieu affinait et renouvelait l’explicitation des mécanismes du conditionnement et de l’aliénation socials et ce en s’affranchissant des théories traditionnelles, essentiellement marxistes, qui plaquent directement de l’économique sur le social. Bourdieu montrait au contraire qu’un individu en position ascendante dans un champ donné — par exemple le champ culturel –, pouvait, à la limite, disposer d’un plus grand capital social qu’un autre individu qui disposerait lui dans le champ de l’économie d’un capital économique effectivement important mais cependant moindre pour ce qui est du capitale culturel. Ceci en vertu du principe que tous les champs interagissent, ce qui fait qu’à chaque époque correspond une configuration particulière de l’articulation, de la dimension et du nombre des champs qui constituent une société donnée. Bref, selon cette théorie, l’homme social Bourdieu n’échappe pas lui-même à toutes ces déterminations. Or celui-ci proclamait la nécessité de l’émancipation du peuple face aux élites, dont lui-même faisait partie, en tant que professeur au Collège de France. Il se pose alors une question épistémologique qui est en fait aussi une question politique : qui détermine en l’espèce la justesse de l’analyse sociologique qui permet au peuple de se délivrer de ses illusions ? En dernière analyse, c’est implicitement la théorie de Bourdieu !! Or qui maîtrise le mieux cette théorie : encore Bourdieu !
    Tout ceci pour vous dire que Bourdieu était dans une position assez inconfortable lorsqu’il est allé devant les grévistes de la SNCF en 1995. Etait-ce au nom de sa théorie que son discours d’explicitation de la crise sociale, tenait sa légitimité ou bien au nom du simple citoyen en lutte qu’il était ? Il m’apparaît qu’il jouait sur les deux tableaux. Je ne sais pas si cela montre la limite de sa théorie ou bien celle de sa position propre, ou encore la teneur par définition toujours excessive de tout engagement politique. Mais après tout pourquoi devrions-nous identifier totalement Bourdieu à sa théorie. Comme le dit bien la citation que vous rapportez, Boudieu excédait sa théorie avec ce « sentiment de devoir » qui l’habita lors du mouvement social.

    A part ça, restez vous-même ! Je ne vous contredirai pas quand vous dites qu’il ne faut pas abandonner l’esprit critique.
    D’ailleurs les dites critiques doivent très certainement stimuler aussi un peu Paul. On le voit bien dans ses billets, il ne reste pas indifférent à toutes les critiques qui peuvent lui être adressées, loin de là. Au contraire il y revient sans cesse.

    Bref, sur la conception de ce que doit être un débat, nous sommes d’accord. Je tenais simplement a essayer donner aux choses de plus justes proportions, concernant les propos de Paul.

    Bonne journée chère Ghosdog.
    Soyez assurée que je préfère votre combativité à l’indifférence.

  29. Avatar de Paul Jorion

    Quand il m’arrive de me demander ce que je pense, je me réfère aux commentaires de Pierre-Yves D. 😉

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta