Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Certains me demandent : « Fin du capitalisme ? Vous n’exagérez pas ? » La réponse est non : je ne fais jamais dans l’alarmisme. Et je suis très prudent quant à mes titres.
Souvenez-vous de mon premier blog intitulé Le déclenchement de la crise du capitalisme américain, il faisait suite à un courrier que j’avais envoyé à mes amis du MAUSS (Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales) quelques jours auparavant. Regardez bien la date : le 28 février 2007. Croyez-vous que j’aie eu à regretter depuis mon titre « tonitruant », voire « alarmiste », ou même la date que j’avais choisie ?
Le « quantitative easing » de 300 milliards $, accompagné d’un relèvement du plafond des achats de Residential Mortgage-Backed Securities (RMBS) émises par Freddie Mac et Fannie Mae de 500 milliards $ à 1.150 milliards $ et l’achat possible de 200 milliards de leur dette (tous produits dont les Chinois continuent de se délester rapidement dans un contexte où l’immobilier résidentiel américain poursuit sa plongée), c’est bien entendu la guerre ouverte avec ceux qui possèdent dans leurs coffres des quantités énormes de dollars : en particulier la Chine, le Japon, le Corée et Taiwan.
Mais ce n’est certainement pas une mesure prise de gaieté de cœur, car le moment n’est pas bien choisi – c’est le moins qu’on puisse dire ! – pour les États–Unis de déclarer la guerre à la Chine, c’est tout simplement parce qu’avec des taux courts déjà à zéro, on est bien obligé de passer de la très mauvaise arme qu’est la manipulation des taux d’intérêt à une arme pire encore : créer de l’argent non pas parce que de la richesse a été créée mais simplement parce qu’on en manque : parce que trop de reconnaissances de dettes étaient des serments d’ivrogne. C’est une mesure désespérée, et c’est pour cela que j’évoque la « fin du capitalisme » : on brûle la dernière cartouche. Une fois constaté que le « quantitative easing » n’a rien donné (ou a donné le contraire de ce qu’on espérait), il n’existe plus de stratégie de rechange.
Les États–Unis auraient pu emprunter la voie d’un New Deal, et l’on serait resté dans le cadre d’une « posture C », au sens de Granier : le système ancien se serait métamorphosé en un nouveau système. Au lieu de cela, l’Amérique tente en ce moment (merci Mrs. Geithner et Summers) de sauver le navire d’un capitalisme pur et dur, mais le bateau sombre à vive allure, et les premières mesures du Président Obama sont, il faut bien le constater, un cafouillage affligeant bien que d’un montant faramineux. En s’accrochant au rêve de la « posture B » (le système retrouvera, bien que difficilement, sa forme originelle) grâce au recours promis aux armes secrètes que sont la suppression de la « cote-au-marché » (on inventera désormais de toutes pièces les chiffres comptables) et l’interdiction de la vente à découvert (qui permettra aux prix de se contenter de grimper), l’administration Obama, capitulant devant le monde des affaires, assure le succès de la « posture D » : le système actuel est irrécupérable et sera remplacé par quelque chose d’entièrement neuf. Notez bien : ce n’est pas moi qui suis en train de changer d’opinion et de passer de C à D : c’est le monde, avec l’aide bienveillante – et j’en suis sûr, sonnante et trébuchante – de la US Chamber of Commerce.
La Chine laissera tomber le capitalisme quand ça lui chante (d’où les avertissements récents portant sur des velléités d’un nouveau Tien-An-Men) et reprendra d’un bon pas sa marche vers un collectivisme plus déterminé que jamais. L’Europe elle, contrainte et forcée, repart à cent à l’heure vers la social-démocratie… qui se fera sans les socialistes bien entendu, qui n’ont toujours pas compris ce qui est en train de se passer !
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
95 réponses à “L’annonce de la mort du capitalisme est-elle prématurée ?”
Ceci dit, pour l’instant la situation est « stable », il n’est pas certain que le 18 mars soit la date que retiendra l’histoire mais plutôt le moment de l’effondrement visible.
Tout cela me rappelle la thèse défendue par Arno J Mayer dans La Persistance de l’Ancien Régime. L’Europe de 1848 à la Grande Guerre: pour lui, les élites Européennes avaient délibérament poussé à la Grande Guerre en 1914, afin de profiter du chaos pour conserver leur position dominante.
Quand à la Chine, je ne pense pas que l’on puisse avoir vraiment un retour vers le communisme version maoiste: peut être par contre, en cas de crise sociale grave peut il y avoir une bascule vers une sorte de confusianisme élitiste, associant la technocratie communiste à la restauration sous une forme ou une autre de l’ancien ordre social chinois.
Je suis frappé par le retour dans la culture populaire chinoise des oeuvres classiques, qui, souvent, avaient été écarté par le PCC comme autant de vieilleries réactionnaires.
juste un peu de poésie: Alors… réveillé?
Si vous devez choisir entre la guerre civile chez vous (modèle Gettysburg, pas Watts) et la même chez les autres, vous choisissez quoi?
Pour un admirateur de Lincoln le choix est vite fait, (s’il pilote vraiment ce Titanic).
La Chine, la Chine, plus probablement « les Chines » à moyen terme non?
Je parierais pas sur le nombre de trois, et non, j’ai pas vu le film qui sort vraiment au moment opportun.
>Navarre
Je ne crois pas à une explosion de la Chine: bien au contraire, jamais dans son histoire, ce pays n’a réussi à atteindre une telle unité.
Dans l’imaginaire chinois, le PCC gardera sans doute une place importante, parce qu’il a réussi ce qu’aucun régime auparavant n’avait réussi: construire une nation chinoise ancrée dans le coeur des Chinois.
Par contre, il n’est pas impossible que la Chine connaisse dans les années à venir des troubles très importants, peut être pouvant balayer le régime tel que nous le connaissons.
Je crains que dans ce cas, le successeur du PCC ne soit pire, selon les critères occidentaux.
Je n’étais pas sûr d’avoir bien lu le message dans le post précedent. J’ai cru qu’il manquait une donnée, que 300 milliards n’avait pas de sens tout seul, qu’il devait vraiment y avoir autre chose en dessous pour s’arranger.
Non, c’est du frontal.
Eh ben, c’est vraiment de la bonne prise de responsabilité au sommet du pouvoir US. Ils sont magnifiques. Ils coulent le bateau.
Paul,
peut être serait-il judicieux de présenter plus clairement votre définition du capitalisme en tant que système historique ?! Ainsi vos lecteurs (et donc moi-même) seront plus à même d’appréhender la portée de votre annonce mortuaire…
j’ai cru moi aussi un moment que les anglosaxons seraient assez raisonnables pour choisir C
apparemment c’est D qui se profile à l’horizon…vous avez raison
nous allons passés en effet, d’une mutation douce à une mutation bien plus brutale du capitalisme
cette brutalité dépendra à mon avis des conséquences du QE sur le capitalisme actuel, à ce sujet pouvez vous clarifier votre pensée :
« Une fois constaté que le « quantitative easing » n’a rien donné (ou a donné le contraire de ce qu’on espérait), il n’existe plus de stratégie de rechange. »
puisque les conséquences de celui ci modèleront certainement notre futur,
il serait interessant d’en débattre…
@+
Peter Sellers
Peu assuré de bien comprendre les divers mécanismes évoqués dans vos posts j’aimerais que l’un de vous se dévoue et fasse œuvre de pédagogie basique.
Comment peut-on passer du constat d’un rachat de la dette US par la FED, à la conclusion d’une mort du capitalisme?
Comment démontrer que le remède de cheval va tuer la bête?
A l’intention des « nuls » en la matière, dont je suis, merci d’expliquer pourquoi je dois abandonner ma contine du matin:
« Your Mammon still loves you ! » (lol)
Comme le relève FabCH il faudrait préciser de quel « capitalisme » vous dressez l’acte mortuaire. Pour le moment, je ne comprends pas (mais j’y viendrais peut-être après plus de réflexion) pourquoi la monétisation ouverte de la dette publique représenterait un saut qualitatif dans la crise. Elle n’est d’ailleurs pas sans précédent, en temps de guerre en particulier. Elle présente même l’avantage de réduire le poids de la dette publique. Quant au retrait des capitaux chinois, il est inscrit depuis longtemps dans le processus de déflation des actifs américains – et cette perspective montre que nous n’avons encore assisté qu’aux prodromes de la crise. L’effondrement du dollar marquera effectivement l’entrée dans l’Acte II – d’autant plus que l’Europe joue la politique du pire. Sans jouer les augures, on peut imaginer que le bouleversement qui se prépare soit le laboratoire de nouvelles configurations socio-économiques, comme dans les années 30 où se testaient le Nazisme, le Stalinisme , le Front populaire et le New Deal. Mais même dans ce cas de figure, nous en aurions pas fini avec le capitalisme (économie monétaire basée sur la propriété privée et l’accumulation du capital, pour faire vite), mais avec une forme particulière (un « mode de régulation ») de ce capitalisme.
Je ne crois pas que l’hyperinflation viendra jusqu’en Europe..même aux USA je n’y crois pas trop …si l’inflation augmente dans les disons ’10 pct’..ils vont augmenter fortement les taux d’intérèts pour la faire descendre et cela marchera..par contre je crains fort que cela n’empêche durablement toute vraie reprise réelle et solide…la croissance à 3 pct aux USA c’est fini pour dix ans…entre 0.1 et 1.5 maxi quand il y en aura…en Europe encore pire ,même 2 pct de croissance on ne verra plus jamais cela ou avant bien longtemps..et comme 2.5 pct est le seuil qui déclenche vraiment de sérieuses créations d’emplois,je crois que nous rentrons dans une décénnie au moins de chômage massif…le plein emploi en 2012 de Sarkozy..aux oubliettes ..le travailler plus pour gagner plus idem…sans parler des heures sup défiscalisées qui si une mini reprise venait à s’amorcer,la tuera dans l’oeuf..les patrons préférants faire travailler plus leurs employés que d’en engager d’autres encore moins en CDI…en résumé pas d’hyperinflation,pas d’émeutes,mais quasi plus de croissance créatrice d’emplois pendant très longtemps..et tous les (faux)plans de relance ne vont rien y faire (beaucoup trop à long terme)…par contre j’ai peur de l’OPEP et des spéculateurs sur les commodities car ils vont essayer à la moindre lueur de croissance de s’en remettre plein les poches sur notre dos et nous replonger dans une nouvelle crise encore pire que l’actuelle..l’énergie verte tout cela c’est de la désinformation cela va créer très peu de job de plus le réchauffement n’est pas du tout prouvé…
Une question Mr Jorion:si une banque majeure fait faillite par ‘hasard’ et qu’il est trop tard pour l’en empécher,quelles peuvent être les conséquences sur le système?Pas forcément une banque US…merci
« Le système actuel est irrécupérable et sera remplacé par quelque chose d’entièrement neuf », dit à juste titre Paul Jorion. Il devient clair, en effet, que la tentative de faire tout repartir comme avant, en un peu mieux, échappe actuellement des doigts de ses artisans américains. C’est la seule manière de comprendre l’incapacité dans laquelle se trouve Tim Geithner de produire son plan de sauvetage des institutions financières et qu’il fonctionne.
L’administration Obama s’enfonce dans ce que j’ai déjà eu l’occasion d’appeler la « crise permanente », ne sachant pas le qualifier autrement. Certains, de plus en plus nombreux, se réfèrent à la « trappe à liquidité » de Keynes et au Japon qui en est l’illustration, encore aujourd’hui, pour trouver un point d’appui intellectuel et raisonné. Un séminaire du FMI vient de se tenir à Washington sur le thème de la « décennie perdue », entièrement consacré à ce thème. Mais ce que nous vivons a désormais une dimension mondiale, qui nous emmène dans l’inconnu. Sans compter que l’économie Japonaise et américaine étaient et restent fort différentes.
Dans la phrase de Paul Jorion, qui sonne comme une sentence mais dont il a raison de faire remarquer que ce n’est pas lui qui la prononce, c’est le « entièrement neuf » qui m’interroge. L’idée d’un système qui ne serait plus capitaliste, puisque sa fin est en train d’arriver, et qui serait donc autre chose, mais quoi ?
Une autre hypothèse ne me paraît pas pouvoir être à ce stade écartée. Qui s’appuie sur le même constat de la même impasse. Considérant que nous allons nous installer inconfortablement dans cette crise, qui va encore s’approfondir et demander des interventions incessantes et répétitives des Etats, sur le mode du sauvetage d’un côté et de la relance de l’autre. Et que cela va durer ainsi, sans que le capitalisme financier d’hier puisse retrouver ses couleurs, durablement replié sur des positions qui n’étaient pas préparées à l’avance, mais qui sont tenables dans la durée. Le capitalisme va marcher en crabe, sur trois pattes disent les garagistes diagnostiquant un défaut d’allumage. Sans qu’émerge pour ce temps-là, à l’échelle mondiale s’il vous plait, un nouveau monde, ou plutôt une nouvelle manière de le faire fonctionner. Avec une issue qui reste imprévisible, mais qui ne tombera pas nécessairement du bon côté. « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde », a écrit Bertolt Brecht dans un tout autre contexte.
J’observe pour ma part dans nos sociétés, en creux souvent, se dessiner à la fois des sorties par le haut et par le bas de la crise (de mon point de vue). Par le bas, ce n’est pas très attractif. En attendant , l’Etat va continuer d’intervenir, puisant dans ses grands coffres vides du bout des doigts pour ne pas déranger les « topRéseaux » (©ï¡¿ LeClownBlanc). Etendant autant que faire se peut son contrôle de la société, ultime garant d’un ordre que l’argent ne parvient plus à ordonner à convenance, de même manière qu’il se révèle le dernier garant du fonctionnement de l’économie.
Mr Jorion croyez vous qu’une guerre (régionale ou ..)puisse ètre utilisée comme ultime sortie pour faire accepter tout ceci au peuple et détourner l’attention de celui ci?Et si oui contre qui et pour quel motif?La configuration actuelle avec netanyanou au pouvoir en Israel n’est elle pas dangereuse?Ne pensez vous pas que les US vont essayer de foutre les chinois dehors d’Afrique ,continent qu’ils sont entrain d’acheter pour les matières premières dont ils ont tant besoin?
Ne faudrait il pas mieux rediaboliser soit la Russie soit la Chine soit les deux afin de retrouver une configuration d’avant chute du mur de Berlin?Ne serait ce pas la raison de l’entrée de la France dans l’Otan subitement ?
Scenario B, C, ou D?
Giuseppe Tomasi di Lampedusa et son cher Principe Fabrizio Salina (Guépard) les ont évoqués sans les connaître mais semblent exclure le C, comme Paul Jorion.
« Se vogliamo che tutto rimanga com’è, bisogna che tutto cambi » (Prince Salina)
“Si nous voulons que tout reste en l’état, il faut tout changer”.
Affirmation cynique et désanchantée (type B a priori) préalable à une autre, moins citée, celle de l’immutabilité des rapports de force dans le coeur de la Sicile éternelle.
“Ils empireront”, estime même Lampedusa/Salina (terrifiant mélange de B + D).
«Tutto questo non dovrebbe poter durare; peró durerà, sempre; il sempre umano, beninteso, un secolo, due secoli…; e dopo sarà diverso, ma peggiore. Noi fummo i Gattopardi, i Leoni; quelli che ci sostituiranno saranno gli sciacalletti, le iene; e tutti quanti Gattopardi, sciacalli e pecore continueremo a crederci il sale della terra».
“Tout ceci (l’expédition Garibaldi et ses suites) ne devrait pas pouvoir durer; mais cela durera, toujours; un toujours humain, cela va sans dire, un siècle ou deux…; après ce sera différent mais pire. Nous étions les Guépards, les Lions; ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes; et tous, guépards, chacals et moutons, nous continuerons à croire que nous sommes le sel de la terre.”
@Paul Jorion et @tous
Je crois que vous pourriez poursuivre, transposée dans notre monde si différent et si semblable, la conversation désabusée de Salina – que rien, ou si peu, n’est encore venu contredire
La question interessante devient donc: Quel est le futur systeme qui permettra comme les precedents a une minorite de spolier la majorite? Car tous les systemes sociaux evoluent vers cet etat de princes et de serfs. Ce n’ est qu a ce stade qu’ un nouveau paradigme apparait, ce met en place en deux a trois generations et …. commence a imploser. Quel est ce systeme POLITIQUE de demain qui permettra de creer la nouvelle elite royale de demain? Il me semble que les systeme europeen ou le pouvoir est hors de controle des citoyens a de l’ avenir. Bien relaye par des etats qui ne sont plus que des courroies de transmission de la « realite » fabriquee a Bruxelle. Je conseille aux jeunes de faire du droit europeen et international car c’ est la que seront les bonnes places de demain. Pas dans les sciences submergees par les armees d’ ingenieurs et scienteux asiatiques.
@ Philippe Deltombe
Très joli rappel.
C’est sur qu’il va y avoir du changment car le capitalisme a toujours su s’adapter à son environnement,
il possède une capacité d’adaptation incroyable. Même si Obama n’a pas réussi en 2 mois a remettre
l’économie US sur le bon chemin, je ne pense pas que ce soit la fin du capitalisme.
Les démocraties capitalistes occidentales ont affronté beaucoup de crises depuis 2 siècles et
elles se sont adaptées face à l’adversité.
Mais je suis certainement d’accord avec vous quand vous remettez en cause la bêtise et l’incompétence
de nos dirigeants politiques et économiques face à cette nécessaire mutation du capitalisme.
Dans le classement de cette incompétence, je placerais volontier le couple Juncker-Barroso
qui défendent des intêret corporatistes.
Par contre, Obama me semble suffisament intelligent et bien conseillé pour sortir progressivement les USA
de l’ornière même si lui aussi est soumis à la pression des lobbys.
Dans tous les cas si les choses n’avancent pas il faudra bien que la collectivité face évoluer le capitalisme
vers plus de cohérence et d’efficacité.
@blob:
c’est vrai ce que vous dites, si la Chine ne relance pas ça consommation intérieure et si elle n’améliore pas les conditions sanitaires et sociales rapidement, ça risque de mal se passer pour ce pays cocopitalistes.
J’ai dénoncé en mon temps (dans les cercles auxquels j’appartiens, et je dois l’admettre sans réaction d’intérêt détectable de mon auditoire), le mark-to-market comme un système de racket mis en place pour piller les entreprises au profit des fonds de pension anglo-saxons. Par le biais de la revalorisation de leurs actifs immobiliers, les entreprises se voyaient contraintes de constater des bénéfices virtuels, pour lesquels elles devaient verser des dividendes bien réels à leurs actionnaires. Ce faisant elles ont mis à mal leur fonds propres, masquant ce détournement de fonds par l’artifice comptable du mark-to-market, comme l’époux alcoolique qui remet de l’eau dans sa bouteille de vodka pour faire croire à son épouse qu’il n’y a pas touché…
Pour moi, le mark-to-market et la bulle immobilière étaient intrinsèquement liés, l’un alimentant l’autre. C’était toute l’économie qui se retrouvait indexée sur le secteur immobilier, lequel ne représentait pourtant que 7 à 10% de l’activité… Un constructeur automobile avec de mauvaises ventes pouvait afficher d’excellents résultats, simplement parce que l’immobilier avait monté. Nous constatons aujourd’hui la mécanique inverse, où la mark-to-market contraint les sociétés à constater des pertes virtuelles tout aussi déconnectées de leur activité. La société propriétaire de son siège social de toute éternité a pu afficher des bénéfices durant la décennie écoulée de ce seul fait, et maintenant des pertes, sans qu’à aucun moment elle n’aie procédé à la moindre transaction immobilière : elle a gagné puis perdu de l’argent sans faire commerce…
Le mark-to-market est donc une aberration qu’il faut abolir : la valeur d’un bien ne se calcule qu’en regard de la volonté de son propriétaire de le vendre et d’un acheteur potentiel de l’acquérir. En dehors d’un tel cas de figure, tout calcul de la valeur d’un bien est virtuelle et futile. On ne peut donner à un actif illiquide l’apparence de la liquidité. Autant comme par le passé laisser dans les comptes la valeur effectivement enregistrée lors de la dernière transaction, et ne constater la plus ou moins-value que lors de la transaction suivante.
Seulement voilà, depuis l’instauration du mark-to-market dans la décennie 2000, les entreprises ont, souvent à leur corps défendant, utilisé cette règle comptable pour enfler démesurément (et virtuellement) leurs actifs. Nous sommes donc maintenant face à un choix cornélien : suspendre aujourd’hui le mark-to-market (ce dont nous semblons prendre le chemin) et laisser les sociétés afficher des bilans fantaisistes peu propices au retour à la confiance, ou bien maintenir cette règle et constater comptablement et juridiquement la faillite de la plupart des grands groupes, laquelle conduirait à leur liquidation et à la mise au chômage de leurs salariés.
Dans la transition vers un nouveau système, nous devons donc réfléchir à un mécanisme permettant aux entreprises – dès lors que les actifs concernés sont détachés de leur activité première – de revenir comptablement à la dernière valeur de transaction effective de leurs actifs immobiliers, sans pour autant les contraindre à se déclarer en faillite. En ce qui concerne les valeurs mobilières (les « actifs toxiques »), il n’y aura malheureusement pas d’autre choix que de constater tôt ou tard les pertes.
L’actionnariat ayant été éhontément bénéficiaire du systême, il doit aujourd’hui assumer les conséquences des risques qu’il a engendré. Pour les recapitaliser après avoir constaté les pertes comptables, la loi devra donc fortement encadrer et restreindre (comptablement et fiscalement) la distribution des dividendes par les entreprises, le temps de reconstituer les fonds propres et, pour reprendre mon image, que la bouteille de vodka retrouve son contenu d’origine.
« Echec et mat ? » auriez-vous pu dire sur un ton (il est vrai) plus radical malgré l’interrogation.
La comparaison avec le jeu d’échecs me semble juste car la situation est comparable à un bras de fer pour faire plier l’adversaire, bras de fer dans lequel les combattants représentent eux-mêmes un faisceau de pressions provenant de différents secteurs, regroupant différents acteurs, l’échiquier étant le cadre de cet affrontement, pions et figures étant l’action et la règle.
Votre blog a le mérite de nous permettre de suivre cette partie en X épisodes, commencée (vous donnez un ordre de grandeur en évoquant la date du 27/02/2007) il y a fort longtemps, et vos commentaires le grand mérite de nous montrer avec quelques coups d’avance, les issues possibles de la partie.
Personnellement je trouve à ce jeu toutes les qualités, et bien sûr, c’est plus qu’un jeu. C’est dans ce petit plus qu’il y a une incertitude, l’incertain, ce qui n’est pas, ou pas encore, ce qui ne peut que grandir notre attention et notre intérêt pour cet espace de discussion. Sincèrement merci pour ce blog.
@ Mikael EON
Le rachat de la dette US par la Fed, massif, enclenche un premier processus irrésistible. Si l’on compare les politiques des grandes banques centrales, la BCE refusant seule d’encore s’engager sur la même voie, on comprend qu’elle sera tôt ou tard forcée de suivre dans un monde financier totalement mondialisé. A partir de ce moment-là, nous pénétrerons en pays inconnu.
Mais voir la création monétaire sous le seul angle du rachat de la dette, avec comme sous-entendu qu’elle va créer une hyperinflation permettant de le faire, c’est décrire incomplètement le phénomène. Cette création a pour principal objet, tout du moins dans l’immédiat, de lutter contre le danger de la déflation, dont les économistes considèrent souvent qu’il est encore plus redoutable que l’inflation, et difficile à combattre une fois installé. C’est d’ailleurs ce que l’exemple du Japon, à sa seule échelle, montre. La question se posera, mais plus tard, de comment récupérer les liquidités injectées tout azimut sur les marchés financiers et dans l’économie. Que le Tout Puissant nous en donne les moyens, car il est probable que les manipulations des taux par les centrales ne fonctionneront pas plus, dans ce futur contexte, qu’elles ne le font actuellement. Voilà ce que l’on appelle un pari sur l’avenir, certes, mais y-t-il une voie alternative concevable pour ceux qui ont pour tâche de gérer la crise, dans le contexte de rapport de forces et de pouvoir qui est le leur ?
Comme j’ai essayé de le montrer au fil des mes suivis de l’actualité, la Fed, intervient dorénavant financièrement dans quasiment tous les secteurs du crédit, pour les inciter à relancer leur activité, afin que l’économie continue de fonctionner. Il n’y a pas de meilleure comparaison que celle des soins intensifs pour en donner une image. L’économie américaine continue de fonctionner mais ne peut plus être « débranchée ». Voilà le constat. D’autant que l’on sait le rôle majeur qu’y joue le crédit, son véritable moteur. Pour continuer sur le terrain hasardeux des métaphores, et en changer, la Fed est en train de remplir le réservoir de celui-ci avec la monnaie qu’elle crée, en s’appuyant sur des contreparties dont la qualité est de plus en plus sujette à caution. Ne cherchez pas à l’évaluer, c’est bien caché, et ce n’est pas plus valorisable que les « toxic assets » (les actifs pourris). Elle fait appel, avec le « quantitative easing », à sa dernière ressource et n’a derrière elle aucun garant en dernier ressort de possible.
Sommes-nous devant un précipice ? Non, mais nous pouvons discerner les prodromes de très forts bouleversements dans le domaine monétaire. Il va falloir inventer de nouvelles manières de créer de la monnaie et de stabiliser les marchés des changes, faute de quoi le système économique mondial, reposant de plus en plus sur des échanges transfrontaliers et entre zones monétaires, sera à son tour de plus en plus grippé. Pour le coup, nous ne serions plus dans la tentation protectionniste, tant dénoncée mais si mal identifiée.
Telle que la discussion s’engage désormais, il me semble que nous allons avoir collectivement l’occasion de réfléchir à voix haute et de débattre sur le très décisif thème de « où allons-nous ? »
Le plus inquiétant avec cette annonce faite par la FED, ce sont les répercussions en cascade sur l’architecture même du capitalisme. Chaque salarié américain a sa place dans l’ordre « naturel et juste » institué par les hommes de l’Etat et le Capital. Selon cette vulgate libérale, si vous êtes col blanc issu d’une grande université et que vous manipulez sur un ordinateur des promesses d’argent correspondants à autant d’ouvriers délocalisés qui travaillent durement à votre place, votre profit doit augmenter proportionnellement à cet effet de levier.
Or en rachetant sa dette avec sa monnaie de singe, c’est toute la pyramide des métiers du « Capital » qui voit ses fondations rongées par la vermine. Comment mettre à l’ouvrage les ouvriers qui produisent nos chaussettes, nos vêtements, nos voitures, si tous les entremetteurs des capitalistes se trouvent floués par leur propre banque, avec quelle monnaie payer ceux qui produisent vraiment ? Qui fera le relai entre les prolétaires (qui ne peuvent faire vivre que leur propre lignée), les entremetteurs (qui imaginaient ne plus devoir travailler, c’est le haut de la classe moyenne) et les Capitalistes (qui ont amassé des milliards en monnaie de singe) pour produire les biens et services d’une nation dite « moderne » ?
Je vais dans le même sens que Paul : Nous allons peut-être vivre une époque ou l’idéologie mortifère de notre civilisation (le libéralisme politique du XVIIIeme siècle dévoyé en libéralisme économique sans entrave) ne peut se révéler que fausse, nulle et non avenue. Et ce sont les métiers dévolus à la classe moyenne que l’on disait méritante (les entremetteurs du Capitalisme, les bons petits soldats) qui verront leur « boulots » imploser un à un, simple effet logique, imparable, des décisions prises par des politiciens inconséquents qui manipulent crédits et monnaie. L’histoire du serpent qui se mord la queue n’est pas un jeu à somme nulle. Dommage qu’une partie de la classe moyenne ait été élevée avec cet ailleurs improbable qu’est le crédit facile et les promesses de fausses richesses, leurs lendemains seront difficiles.
les prémisses des conclusions du G20 sur lemonde.fr
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/03/20/les-pays-du-g20-vont-mettre-au-pas-le-monde-de-la-finance_1170330_1101386.html#ens_id=1167795
@Hervé de Bressy
une question:
maintien du mark-to-market, la faillite sera souvent inéluctable, avec chômage etc
abandon du mark-to-market, les équilibres comptables explosent également, non?
n’êtes-vous pas optimiste en visant simplement des « bilans fantaisistes peu propices au retour à la confiance »?
je ne vois pas comment sauvegarder l’emploi dans ce cas…
votre suggestion de réfléchir à un mécanisme correcteur est en tous cas bienvenue:
une mise entre parenthèse limitée dans le temps (2-3 ans) des postes les plus « déstabilisants » des bilans cependant que l’entreprise n’est, pendant cette période, tenue qu’à produire son résultat – instantané ou presque – et l’état de sa trésorerie dégagée par l’activité commerciale réelle.
cela suppose un renoncement au dividende, bien sûr, mais surtout un concordat solide avec des créanciers qui vivent tous les mêmes difficultés… sans oublier des aménagements « raisonnés » sur l’emploi.
d’où la nécessité de conserver des moyens de financement décents – par qui?
Sur le blog de Paul Jorion, annonce de la fin du capitalisme.
Sur les grands médias nationaux, RIEN.
Les seuls échos à la décision de la FED sont relevés dans des rubriques économiques spécialisées (les Echos, le Monde…), et sont commentées, généralement favorablement (!), comme des mesures techniques.
Ca restera pour moi l’un des principaux enseignements de cette crise : l’inaptitude évidente du système médiatique « classique » à nourrir un débat démocratique pertinent, dans ce contexte.
Je remarque en revanche l’efficacité, très nouvelle et très encourageante, de ce fonctionnement par blog pour la propagation des idées, l’alerte, et le débat.
Quand même, il va être difficile de nous faire rentrer dans notre boîte, après, de nous dire « circulez, y’a rien à voir » – « on s’occupe de tout » – « c’est trop compliqué pour vous » – « vous n’avez pas les vraies informations », etc…
Le maintien d’un Internet incontrôlable par quiconque est donc un enjeu majeur!
@ bob
Il est vrai que jusqu’ici le capitalisme a toujours su s’adapter à son environnement.
Mais cette proposition n’est vraie que si « capitalisme » et « environnement du capitalisme » sont vues comme deux choses
bien distinctes. C’est pourtant loin d’être le cas. Les doutes qu’ont certains quant à la fin du capitalisme viennent du fait
que beaucoup n’en ont qu’une définition très restreinte. Il est ainsi le plus souvent défini par plusieurs de ses aspects :
le marché, ou plutôt les marchés, la propriété privée des moyens de production, un principe d’accumulation du capital
qui permet sa reproduction et son expansion. Or le capitalisme c’est bien plus que cela.
Cette définition est simpliste car elle assimile le capitalisme à un simple système de systèmes, et encore, selon une compréhension très figée de ce que doit être le rapporte entre le système global et les sous-systèmes..
AInsi les systèmes techniques, culturels, éducatifs … les écosystèmes …, seraient de simples systèmes, certes fondamentaux pour nos sociétés humaines mais dont les évolutions ne seraient pas susceptibles de modifier la nature du capitalisme, et, le cas échéant, de mettre en danger son existence même. Au contraire, pense-t-on, ils sauraient offrir tous les éléments nécessaire à la constitution d’une énième mouture ce celui-ci.
En est-on bien certain ?
IL s’avère de plus en plus que certains des sous-systèmes opposent une limite au développement même du capitalisme.
parce que précisément ils ne sont pas de simples sous-systèmes adaptables et corvéables, tout à la merci du capitalisme !
En réalité tous les systèmes qui participent à la dynamique du système capitaliste ne sont sous-systèmes qu’en tant qu’éléments du système capitaliste, car d’un autre point de vue, ils fournissent le cadre qui contient le capitalisme et donc le dépasse.
Or il semble de plus en plus évident que le cadre se rebiffe, qu’il oppose une force d’inertie de plus en plus grande au développement continu du système capitaliste. Le principe de la propriété privée inaliénable et cumulable sans limites, toujours en vigueur, pierre de touche des sociétés dites libérales, s’oppose frontalement à la nécessité d’un bien commun et sans lequel l’espèce est en danger.
N’oublions pas que des sociétés humaines ont vécu des centaines de milliers d’années sans capitalisme.
Et que certaines, malgré les assauts de la « civilisation » moderne survivent, résistent, et donc vivent encore, en quelques point — certes devenus rares — de la surface de notre terre, ce qui montre qu’il n’existe aucune loi historique selon laquelle l’humanité devrait emprunter un chemin linéaire. Nous sommes très certainement déjà arrivés à un point au delà duquel la mutation du capitalisme n’est plus possible. Le processus de désintégration sera court ou long, je n’en sais rien, mais l’autodestruction de ce système est en marche.
M’enfin, c’est bien de parler de la mort du capitalisme. Mais pour y mettre quoi a la place ?
Vous pensez que l’on change d’habitude en claquant des doigts. Moi je ne le pense pas. Les grands changements n’ont jamais été pris sur des décisions ou des consensus, mais pour des evenements violents. Hors pour le momment tout semble indiqué que nous en somme toujours a des discussions. Donc pas de guerre pas de changement. Et tant mieux a vrai dire.
@ Marc Peltier
mais à quoi faut-il renoncer pour dépasser la surface?
mais à quoi faut-il renoncer pour trouver des rêves concrets au-delà des fantasmes à courte vue?
mais à quoi faut-il renoncer pour entretenir le feu d’une conversation enrichissante
qui dure et évolue sur le fil du temps?
ou plutôt
comment nous encourager les uns les autres
à ce genre de renoncements?
il m’arrive d’être mauvais perdant
il m’arrive de me laisser prendre à croire dans les apparentes victoires des autres
et ainsi je tombe dans mes propres pièges…
est-ce vraiment: « circulez, y’a rien à voir »?
ou plutôt venez voir, oui voir, mais la vitrine
mais la publicité
mais les désirs
mais… les faits divers?
Tiens, je me permets d’ajouter un autre exemple – français, celui-là – de l’absurdité perverse du système « mark-to-market » : les paysans de l’île de Ré – en exercice, s’il vous plaît – qui gagnent trois fois rien mais sont obligés de payer l’ISF car la valeur potentielle de leur lopin de terre a explosé en raison de la spéculation financière, cette charmante île étant devenue la coqueluche des people et autres Jospin…
Et si?
Et si un groupe machiavelique avait su faire accepter la mondialisation comme un bienfait?
Si il avait su convaincre des milliards d’imbéciles que l’exportation des « services » resterait supérieure à celle des biens de consommation.
Si les délocalisations n’avaient inquièté personne.
Ni la perte des savoir-faires propres à chaque nation?
Si les imbéciles n’avaient pas cru de bonne foi que les pays émergents ne receleraient jamais de cerveaux capables de concevoir des produits et des services informatiques à faible salaire.
Et si il n’était pas logique et inéluctable que la mondialisation implique la pauvreté des « travailleurs » ici et le surendettement des chômeurs ailleurs?
Au point qu’il ne soit pas concevable que ce qui arrive était prévu et connu pour ne pas dire organisé!
Et si les plus « réalistes » n’étaient pas finalement les conspirationnistes.
Car ce qui nous guette est une sorte de chaos civilisationnel.
Au profit de qui ou de quoi?
D’un nouvel ordre?
Après le chaos!
@ TARTAR
ah ben si
alors y a au moins quelques-uns qui maîtrisent la situation: tout va bien, au moins pour Mme la Marquise…
peut-être que Pierre-Yves D. suggère que les instruments ne répondent plus…
ce qui ne veut pas dire que certains sont mieux placés pour profiter de la situation
ce qui ne veut pas dire que tout est transparent
qu’il n’y a pas de luttes des classes etc.
@ Philippe Deltombe
Vous avez parfaitement saisi le sens de ma pensée : instaurer hier le mark-to-market, le suspendre comme le maintenir aujourd’hui, étaient, sont et seront toutes de mauvaises solutions. Ce sont les rêgles comptables qui nous ont mis dans la panade, mais ce ne sont pas des ajustements comptables qui nous en sortiront ! Il faut malgré tout envisager comment, en pratique, nous allons gérer la transition depuis un système en faillite vers un mode de fonctionnement viable.
Dans un monde économique où le crédit est de fait moins accessible, la priorité doit être de redonner des capacités d’autofinancement aux entreprises (et aux ménages !) pour leur permettre d’investir. Comme je n’envisage pas que l’on comprime les salaires encore plus qu’ils ne l’ont été, ce sont les actionnaires qui vont devoir faire des concessions, de gré ou de force. En cela nous vivons bien la fin de la domination du capital dans la répartition des richesses.
Dans le nouveau paradigme qui gouvernera l’économie future, les normes comptables et la manière d’établir la valeur des choses seront essentielles. Dans ce nouveau modèle, il importera surtout de donner à l’humain sa vraie place. Avez-vous remarqué que dans les comptes d’une entreprise, les salariés n’apparaissent qu’au compte de résultats, dans les charges ? Cela sous-entend que les salariés seraient seulement un coût, à la différence de smachines, des bâtiments et des véhicules, qui seraient des actifs valorisables. Je suggère de faire figurer les salariés à l’actif, en donnant une valeur aux contrats de travail en fonction de l’acquis de formation du salarié, de son expérience, de son salaire etc… Imaginez un peu les conséquences que cela aurait pour une entreprise contrainte de se séparer d’une partie de son personnel : au lieu de licencier et de verser des indemnités, elle aurait la faculté de céder ses contrats de travail à un confrère, contre rémunération. Elle aurait alors à coeur d’entretenir la valeur de ceux-ci en donnant à ses salariés accès aux meilleures formations, à les faire progresser, à les fidéliser etc.
A creuser…
@FrançoisLeclerc
Vous dites :
« La question se posera, mais plus tard, de comment récupérer les liquidités injectées tout azimut sur les marchés financiers et dans l’économie. Que le Tout Puissant nous en donne les moyens, car il est probable que les manipulations des taux par les centrales ne fonctionneront pas plus, dans ce futur contexte, qu’elles ne le font actuellement. »
D’autant plus que si les banques centrales remontent leurs taux afin de limiter l’inflation, elles atomiseront le peu de croissance qu’elles auraient pu tirer de leur QE…
A mon avis, les prix des matières premières, des métaux précieux et de l’énergie ont de beaux jours devant eux… Il faudra bien que ces liquidités aillent quelque part, non !?
Les actifs « réels » risquent d’exploser…
Les Chinois l’ont bien compris d’où leurs placements dans les mines (africaines et australiennes) et l’énergie (Russie)
décideurs qu’ils étaient de la pérennité du dollar et du système actuel avec l’achat des T bonds, la nouvelle politique de la FED leur laisse les mains libres pour échanger leur dollars contre des biens réels, ils ne vont pas s’en priver…
çà va acheter dur…
@+
@François LECLERC
Merci.
« Sommes-nous devant un précipice ? Non, mais nous pouvons discerner les prodromes de très forts bouleversements dans le domaine monétaire. Il va falloir inventer de nouvelles manières de créer de la monnaie et de stabiliser les marchés des changes, faute de quoi le système économique mondial, reposant de plus en plus sur des échanges transfrontaliers et entre zones monétaires, sera à son tour de plus en plus grippé. »
La mise sous perfusion opérée par la FED risque donc de ne pas sauver le malade.
Le capitalisme (tout au moins sous la forme que nous lui connaissons, alors disons le capitalisme) est mort le 18 mars 2009.
Quoi produire va apparaître comme la question essentielle.
L’explosion d’une bombe atomique au dessus d’une capitale ne produirait pas plus d’incertitudes quant à l’avenir.
L’imagination manque, nécessité fera loi, le poids des habitudes (de pensée, mais aussi les automatismes de la vie courante) entrave la réflexion.
D: il ne s’agissait pas d’un grain de sable ou d’un gros caillou dans les engrenages d’une belle machine, mais d’un cancer en phase terminale.
Comment espérer que la transition entre le système complexe (oh combien!) qui intègre toutes nos activités, et un système totalement autre (et tout aussi complexe), puisse s’opérer sans de multiples effondrements sociaux ?
Il s’agira forcément d’un « système totalement autre » puisqu’on créera la monnaie différemment, on ne produira pas les mêmes objets, ils ne seront pas produits aux mêmes endroits…….
Les perspectives sont enthousiasmantes et effrayantes, un même mot convient: FORMIDABLE (prodigieux et redoutable).
@ DTX
C’est ainsi que je vois aussi les choses.
Christine Lagarde, qui n’est pas mon auteur préféré, a il y a quelques jours parlé dans un éclair d’inspiration de « reprise en tôle ondulée ».
Quant à la substitution des matières premières, pour stocker les excédents, aux obligations d’Etat, c’est un phénomène porteur de très lourdes conséquences potentielles. Il est vrai que les excédents monétaires sont comme l’électricité, très difficile à stocker à grande échelle. Mais faudrait mieux comprendre sur quel chemin on s’engage.
Le Forum d’Istanbul sur l’eau a déjà été l’occasion d’évoquer la piste qualifiée de « stockage virtuel » de l’eau, par le biais d’assurances sur le climat permettant de couvrir les pertes économiques des années sèches. Après le CO2, H20 (l’eau). Pourra ensuite venir O (l’oxygène). Il y a pas de barrière à la monétisation, comme il n’y en a pas au stockage des excédents. Mais à quel prix ?
@Paul Jorion,
« c’est bien entendu la guerre ouverte avec ceux qui possèdent dans leurs coffres des quantités énormes de dollars : en particulier la Chine, le Japon, le Corée et Taiwan. »
Même si certains ne voient encore rien « bouger » de ce côté là, annoncer une guerre ouverte, avec La Chine notamment, c’est annoncer des heures sombres.
Imaginer un seul instant, comme certains sur ce blog, qu’on peut impunément agresser l’Empire du milieu, qui plus est quand celui-ci est devenu communiste, c’est :
1 mal connaître la notion de perdre la face,
2 mésestimer la capacité d’abomination dont est capable ce genre de régime, (faites un tour dans les pays communistes, et vous comprendrez),
3 Oublier qu’ils sont assis sur un matelas de dollars acquis grâce à la sueur de la population qui n’a pas eu grand chose en retour, pas rien mais presque rien, et qu’ils ne vont pas en rester là.
Réfléchissons un peu! Si le trésor accumulé, vaut de moins en moins, trés, mais alors trés vite, ils doivent s’en débarrasser. Logique! Mais acheter pour 2400 ou 1900 milliards de dollars, ça ne se trouve pas sous le pied d’un cheval, et si malgré tous les efforts déployés, les chinois se retrouvent gros Jean comme devant…(dans un monde différent, puisque l’ancien a disparu), je vous fiche mon billet que ça va être sport.
Quant à la soi-disante ouverture trop avancée en Chine pour interdire tout retour aux dogmes, et à la fermeture, alors là je partage encore plus l’avis de Paul, la Chine fera ce qu’elle veut, quand elle veut.
L’aprés réunion, sommet du G20 s’annonce encore un peu plus problématique chaque jour qui passe.
Pour comprendre ce que ça peu donner voir ou revoir le film » touche pas au grisbi »…avec l’humour en moins.
@Paul Jorion
« c’est le monde, avec l’aide bienveillante – et j’en suis sûr, sonnante et trébuchante – de la US Chamber of Commerce. »
Ainsi, le D est déjà en construction, pour le plus grand profit de qui?
Pas des américains, ça leur coûte déjà trés cher. Pas des entreprises américaines, elles souffrent tout autant.
L’US Chamber of Commerce roule pour qui ? Les mêmes qui ont créé tout ce pataqués, ou de nouveaux, tout aussi désireux de façonner le monde, (le nouveau), à leur main ?
Pouvez-vous préciser votre propos ?
Je suis persuadé que dans 5 ans, tout sera redevenu comme avant.
C’est amusant de lire tous les membres de ce forum qui se prennent pour des experts, voire des intellectuels.
En fait la situation est beaucoup trop complexe pour pouvoir la décrire et encore moins l’analyser. En outre vous n’êtes pas dans le secret des dieux. Bref vous ne savez rien !
Ce message va vous énerver car il ne prédit pas la fin de monde
N’oublions pas qu’une mondialisation en 20 ans c’est comme une grossese en 3 mois. Si ont a pas prévu la réanimation ont peut considerer le bébé comme mort. Considerons maintenant la chine comme le résultat de cette grossese mondialiste. Eux vont tout faire pour réanimer leur économie est surtout évité de se faire prendre a contre pied pas une réductions ou augmentation des approvisionement en matières premières. A quoi peut bien leur servir tout ces dollar si c’est pour se retrouvé le cul par terre ?
J’aime toujours se proverbe, « fait du bien a un âne il te fera des belle crottes ». Mais ont pourrait aussi bien dire » devellope les force de ton ennemi est il te fera une bonne guerre »
@ Logique
Ici, on observe, plus qu’on ne parle de la fin du capitalisme. C’est un fait.
Même si l’orchestre continue de jouer, une fois que l’iceberg est touché, le bateau est foutu.
Comme vous, je ne souhaite pas que cela aille plus vite, et comme disent certain ici : il fait beau, les enfants grandissent dans la paix, voir le premier post de cette page, « la situation est stable » .
Mais penser à la suite sereinement n’est pas du temps perdu, l’histoire déborde d’exemple de ce que l’urgence est capable de produire. Le temps se venge toujours de ce que l’on fait sans lui. (l’auteur m’a échappé)
Pour moi, le capitalisme est l’outil qui transforme les ressources planétaires au profit de l’humanité, et – coincidence – la fin du capitalisme se profile au même moment que des tensions durables sur ces mêmes ressources.
Cela peut-être un point de départ pour la suite, d’évaluer notre capital net planétaire, et de définir des objectifs de société qui soient cohérent avec leur gestion, « en bon père de famille »….
@logique
La Chine, a déjà, je le pense, fait le constat que la guerre ouverte avec les USA, était déclarée depuis plusieurs mois. Les achats réalisés par les entreprises chinoises avec l’aide des banques publiques en sont la démonstration évidente.
Devenir l’usine du monde lui a pris du temps…son appareil productif est là, on peut toujours reconvertir la production, à l’instar des japonnais qui ont reconverti les usines de jouets métalliques en usines d’armement, mais c’était il y a longtemps.
@Gillouet
êtes-vous comme ces trois petits singes, ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ?
Quant au secret des dieux…ainsi donc il s’agit pour vous d’avoir la foi…alors priez!
@ François Leclerc et DTX
« Il est vrai que les excédents monétaires sont comme l’électricité, très difficile à stocker à grande échelle. »
Comme nous ouvrons le débat sur « Où allons-nous ? »
Quid de la mise en place de monnaies fondantes ?
@ Guillouet,
Je ne suis qu’un lecteur très régulier de ce blog, parmi d’autres, et je vois qu’ici, le débat fonctionne, étayé par des arguments, eux mêmes basés sur des informations dont on a le bon esprit d’indiquer les liens quand elles proviennent de la toile ou de livres. Le surf sur différents sites me permet de réfléchir et de me faire mon propre point de vue sur cette horrible chose qui se déroule sous nos yeux, et qui n’avaient aucune importance pour moi, il y a encore quelques mois.
« Je suis persuadé que dans 5 ans, tout sera redevenu comme avant »
Votre commentaire est basé sur un VIDE argumentaire sidéral. Hormis votre persuasion, basée elle même peut être, voire sûrement, sur ce que vous comprenez, ou croyez comprendre, des infos données sur TF1 et consoeurs, vous n’apportez rien pour étayer ce que vous avancez…
Merci de laisser les gens qui veulent débattre sérieusement le faire, sans venir les polluer par vos interventions de bon mouton des pouvoirs en place.
Merci mille fois à tous ceux qui commentent sérieusement les billets de Paul et des autres.
Un « mécano » qui essaie de s’intéresser à ce qui se passe autour de lui
Salut à tous,
Hier j’ai lu avec stupeur le billet de Paul. Son analyse sur le système économique mondial rejoint les prévisions pessimistes d’Attali
Vous semblez tous surpris par les évènements actuels et par la crise monétaire qui arrive. Or, Robert Triffin, économiste belge, ancien conseiller de Kennedy, avait prévu les difficultés monétaires du système de Bretton Woods. Ces accords faisaient du dollar la monnaie pivot du système monétaire international. Il était la seule monnaie convertible en or. A l’époque où il écrivit « l’or et la crise du dollar », les Etats-Unis faisaient déjà face à un problème de balance de paiement. C’était à la fin des années 50. En 1971, le Président Nixon mettait fin à la convertibilité en or du dollar et en 1973, le système des changes fixes était abandonné.
Avec l’ouverture à l’économie de marché des pays émergents, et notamment de la Chine, le paradoxe de Triffin s’est posé de manière différente. La division internationale du travail a contraint les pays émergents à se spécialiser dans les secteurs où ils disposaient d’avantages en matière de ressource productive : la main d’oeuvre. Pour qu’ils se développent, il a fallu qu’ils exportent et la balance commerciale des Etats-Unis est devenue déficitaire. Ces dernières années, le dollar était devenu un quasi étalon-monétaire. Alors que l’or avait disparu en tant que réserve de change destinée à couvrir les importations, le dollar a rempli le même rôle. L’ancrage des monnaie asiatiques par rapport au dollar leur a permis de disposer des contre-parties (en terme comptable) à leurs productions.
Dans la recension de l’ouvrage parue dans les annales en 1964, Jean Bouvier écrit que le crédit bancaire avait permis la révolution industrielle et qu’il fallait, d’après Triffin, une réserve de crédit, comparable au bancor qu’avait proposé Keynes et que Triffin reprenait plus ou moins. Les solutions actuellement proposées concernant la réforme du FMI par Soro, par exemple, sont les mêmes.
Bref, du côté monétaire, rien de neuf sous le soleil. Pour paraphraser Jean-Pierre Dupuy, la menace d’un effondrement du système monétaire international a toujours existé et a été pensé par Keynes et Triffin. Par idéologie, on a refusé de voir la catastrophe qui se profilait. Non par déni mais par manque d’imagination.
Je pense que les Chinois veulent se protéger d’une inflation importée massive qui déstructererait leur appareil productif.
J’interprète les informations concernant la liquidation des dollars accumulés par la Chine, réalisée par l’achat de ressources minière comme un signe de défiance à l’égard du dollar en tant que quasi monnaie-étalon. Ce qu’ils font me fait penser à ce qui se passait durant les périodes d’hyperinflation qui ont touché les pays vaincus après la première guerre mondiale. Il arrive dans ce genre de moment que le manque de confiance soit tel que la monnaie fiduciaire soit délaissée et que l’on revienne au troc. C’est, me semble-t-il, ce que sont en train de faire les Chinois qui convertissent des actifs symboliques en actifs réellement matériels.
J’ai sans doute écrit des conneries et fait des approximations mais il me semble que l’on assite pas tant à la fin du capitalisme qu’à un très probable coup d’arrêt à la mondialisation des échanges.
@ Pierre Yves – relatif votre commentaire de 11:32.
J’ai apprécié vos réflexions ….Notamment le dernier paragraphe.
Je compléterai par ceci:
Le système capitaliste est le sous-système qui m’ »apparait » dominant, car coordinateur de tous les autres sous – systèmes, tel que vous en avez donné certains exemples.
Je m’interroge pour ma part sur cette vision de « sous-systèmes, sociétés, écosystèmes… » ( prenez l’appellation que vous souhaitez… le but de ma réflexion ne va pas dans ce sens …). Or, il m’apparait que cette « vision » relève d’une science « orthodoxe », visant à décrire la structure et le fonctionnement de ses fameux » systèmes » complexes, en construisant des modèles mathématiques.
Cela implique de déterminer d’abord qu’elles sont les variables significatives ( analyse de systèmes) et ensuite leurs rapports entre elles ( modélisation). Un changement qui survient dans le monde réel peut alors être simulé en modifiant la valeur des variables appropriées et leurs interactions: les effets induits sur les autres variables et relations pourront montrer comment le changement est succeptible d’affecter la réalité. On peut voir dans la simulation une forme de déduction très raffinée; voir particulièrement séduisante, parce que les êtres vivants « semblent » adopter une démarche similaire quand ils cherchent à comprendre les évènements réels. Malheureusement, au fur et à mesure que je me rapproche de mon « dernier souffle »…J’ai de plus en plus la conviction que cette methodologie soulève de nombreux problèmes….
Pour ce qui me concerne , aucune méthode n’est fiable, qui permettent de déterminer les variables nécessaires et leurs interactions. On choisira celles qui sont « modélisables », càd, celles qui sont « QUANTIFIABLES » , en prenant soin de laisser de côté les autres … Grave erreur !!!! ( En cela, je rejoins certaines de vos réflexions…). quelles variables, et relations quantifiables choisir ? Ou est la méthodologie pour choisir cela ? Autre problème : celui du choix des hypothèses de base qui sous tendent au « modèle mathématique », que les auteurs des modèles sont censés énoncer explicitement….?
En conclusion , beaucoup de choses ne sont pas prises en compte … et ne peuvent l’être, que pour des modèles dit « SIMPLES ».
Dès lors, je préfère avoir une vision globale et plus qualitative , et donc écosphérique.
Car l’environnement ECOSPHERIQUE est le « SYSTEME » : Il n’est pas homonoïde , dans sa conception … sa vie… et sa mort. Ce qui n’est pas le cas de tous les autres systèmes, sous – systèmes et autres ecosystèmes auxquels on peut penser…..
Ceux qui ont le « pouvoir » , soi – disant , devrait y réflechir….. !!!!
Enfin, il m’apparait qu’une revanche pourrait bien arriver : les sociétés vernaculaires prenant le pas sur la société véhiculaire . A petite échelle, c’est le cas , dès à présent. Elles ont beaucoup plus de pouvoir que ce que l’on veut bien reconnaitre ….troc, socialement et sociétalement, education, résilience, autosuffisance bien plus importante que pour une part très significative de la population mondiale…. Il ya , effectivement, un regard, une ecoute,une attitude et des enseignements à réaliser pour soi- même, …. pour ensuite les partager !
une petit article fort intéressant:
Les fonds spéculatifs commencent à s’intéresser au foncier. Du Brésil à l’Indonésie, de Madagascar à l’Ukraine, ils accaparent des millions d’hectares, aux côtés de multinationales ou d’États fortunés en manque de terrains à cultiver. La course à l’accaparement des terres semble lancée. Les petits paysans expropriés et les communautés autochtones réprimées sont les premiers à en subir les conséquences. Et demain ?
source: http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2595
Monsieur Jorion,
Le système économique actuel va se crasher en totalité, c’est certain. Vous démontrez avec brio dans vos deux articles sur la mort du capitalisme ce que je ressens intuitivement depuis de nombreuses années. Nous ignorons le jour et l’heure exacts de la chute finale de ce système mais l’échéance se rapproche. Les conséquences sont relativement imprévisibles à l’heure actuelle même s’il est intéressant de faire des prévisions.
Je vous suggère avec toute la modestie requise d’ouvrir un débat dans ce blog sur l’après-crash. Pas pour donner des recettes pratiques, on trouvera cela sans-doute ailleurs, mais pour essayer de dessiner des chemins dans la nuit à venir.
Les enjeux me semblent tourner autour de ces thèmes: comment préserver la paix sociale? comment éviter la guerre civile ou de nouvelles formes de totalitarisme surgies du chaos? que faire de tous les chômeurs? (à partir de quel pourcentage de chômeurs la société explose-t-elle au fait?) comment réorganiser une société plus respectueuse de l’humain? Nous avons certainement plein d’idées et de forces à mettre en oeuvre en commun sur ce thème!
Je précise que je suis père de deux jeunes enfants, que je n’aime pas beaucoup cette société de l’argent et de la domination dans laquelle l’absence de vision de nos dirigeants et notre passivité nous ont plongé mais j’ai peur de la chute de cette société car il n’y a pas grand-chose en magasin pour la remplacer. Je pense que si le magasin des solutions est vide nous pouvons et même devons tous essayer de le remplir. On doit faire quelque chose! Merci!
Salut je n’ai pas lu tout les commentaires, et peu etrte qu’il y a la réponse dedans mais si il y a fin d u capitalisme américain et que les chinois arreterons le capitalisme quand cela leur chantera, cela veut il dire que la globalisation va devenir doucement mais surement purement asiatique ?
J’ai vu sur Fr 3 hier un reportage sur la colonisation chinoise du tibet et c’est proprement hallucinant.
A Lhassa, sur les 300 000 habitants, 200 000 sont chinois…
Donc c’est peu etre un peu rapide mais si l’économie de l’après crise se trouve etre tourné vers le controle des ressources, est on en droit de s’attendre a ce genre de colonisation en Afrique par exemple ou la place ne manque pas ?
Bref je doit sans doute etre dans la mouvance actuelle de crainte et de peur de la Chine mais bon on a jamis vu un pays aussi peuplé de toute l’histoire de l’humanié avec un nationalisme si développé.
Donc en gros cette « fin » du capitalisme engendrera t-elle une nouvelle globalisation encore plus aggressive???
@D-croissance
L’avant et l’après « crash » (en sachant que si on ne prépare pas d’avant , l’après sera calamiteux) passe par « le local » qui est en soi un anti système .
Trop long à développer ; mais c’est j’en suis sûr la mobilisation locale autour d’une nouvelle organisation sociétale relocalisée qui constitue la recette essentielle à ce problème . Et cela concrètement sur le terrain ; les exercices d’intelligence sur les blogs sont vains sans cette application concrète.
La fin du capitalisme, dans son interprétation néolibérale actuelle, n’est pas fatalement celle de l’anticipation de la fin du monde,
elle pourrait l’être, car…. si je me souviens bien, …. ne dit-on pas que « l’argent est le nerf de la guerre »
or moi, dans ma logique à moi, de ce que je regarde: l’humanité n’a pas les moyens de se payer une guerre, elle n’en survivra pas…
@ François Leclerc
L’hypothèse que la BCE suive à terme le mouvement de création monétaire n’est certes pas négligeable. Mais comme vous le dîtes si ce moment arrive alors nous pénétrerons en monde inconnu. Cela renforce bien la conviction partagée par toutes les gens censées ou tout du moins avisées que le système Euro est fort et a été conçu justement pour survivre à de telles tempêtes. N’oublions pas qu’en Europe ceux qui « plongent » sont ceux qui n’y ont pas adhéré !
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il n’ont plus qu’à se débrouiller puisqu’ils ont choisi. Je ne suis pas comme ça. Mais pourquoi torpiller un système qui a prouvé sa pertinence pour être solidaire de systèmes pourris ?
Mais ne restons pas sur cette touche uniquement contestataire. A produire des masses d’Euros supplémentaires, autant les investir pour étendre la zone d’influence :
Le système financier britannique s’effondre ? Injectons-lui 500 Mds € « frais » en échange de sa conversion
Idem pour le Danemark
Idem pour la Suède
Pour les autres le problème est différent : les derniers entrants étaient tous sur le chemin de l’adhésion, et tous calculs faits ne représentent pas une charge mirifique pour le système, cela l’UE l’a déjà bien compris.
Mais par pitié, ne suivons pas les états-uniens dans leur folie destructrice ! C’est le chemin direct vers la troisième guerre mondiale, en fait la première puisque celle-là pourrait être sociale.
Comme je l ai dit, ce n’est pas seulement la fin du capitalisme qui est annoncée.
C’est également le début d’un nouveau cycle de guerres meurtrières, civiles et interétatiques, si les ressources et l’énergie plutôt que l’industrie deviennent le coeur des investissements, et si le protectionnisme éhonté des américains se propage (ce qu’il ne manquera pas de faire, et comme une trainée de poudre encore!).
Les terres acquises ne pourront pas être conservées sans faire appel aux armes. En cas de famine (chute des rendements agricoles due au changement climatique), et de réquisition des terres par exemple, les chinois ne feraient jamais le poids contre l’armée malgache. Et les français ne seraient pas neutre dans l’affaire. Je rappelle qu’en Afrique les chinois sont dans dans le viseur des anciens empires coloniaux, qui n’attendent qu’une erreur de leur part pour presser la détente (de façon indirecte, bien sûr).
Je ne veux pas noircir le tableau… mais bon nombre de projections et de calculs n’ont plus aucun intérêt dans un contexte géopolitique aussi instable. Le coltan en RDC, le « cas Chavez », tout cela va se généraliser avec l’affaiblissement des US, la captation généralisée des ressources et leur raréfaction.
Les US viennent de déclarer la guerre à la Chine et au Japon. Ils viennent de déclarer une guerre commerciale à l’Europe. Ils ont déclaré une guerre financière à l’Angleterre et à la Suisse. A côté de ça la crise est aussi le siège d’un conflit Nord/Sud. Tout ceci ne peut pas « bien finir ».
juste une parathése, concernant la modelisations d’un système économique. Le vrai problème concernant une possible modelisation, implique que tous les parmètres soit pris en consideration. Hors les modèlisateur ont souvent tendance a ne prendre en compte que les paramètres qui les interresse vraiment laissant de coté les autres. Example : dans la modialisation seul les parametres de rentabilité ont été pris en compte mais pas ceux des troubles sociaux que le chomage engendre.
Pour revenir aux chinois, Se n’est pas non plus parce qu’il commence a s’interreser aux ressource naturelle que les prix vont obligatoirement monter en flèche. Je pense même qu’il auront interret a maintenir les prix bas. Par contre est ce que les capitaliste pur et dur ne vont pas en profiter pour tout faire monter en pointant du doigt les chinois. Le joue est devenu complexe, mais toute bonne analyse ne doit jamais oublié de regarder ou de spéculer sur » a qui profite le crime » ou » a qui profiterait une hyperinflation des matières premières ????? »
Si une compagnie de mercenariat est côtée en bourse, je veux bien investir ce que j’ai dedans. Une main d’oeuvre de desespérés à profusion, des terrains de conflits multiples (un véritable eldorado!), des puissances qui veulent avancer masqué pour éviter une 3e guerre mondiale… ça ne peut QUE cartonner. Les ventes d’armes aussi ca va bien marcher.
@Le Fan,
En Indonésie, en Malaisie, à Singapour, au Cambodge, etc, l’Economie est entre les mains de la communauté chinoise. Les banques publiques chinoises financent abondamment tout projet d’investissement des entreprises chinoises à l’International.
Dernièrement, la Chine a fait l’acquisistion de Cies Minière d’importance stratégique, jusqu’alors les proies étaient modestes ou moyennes.
La politique d’acquisition de foncier pour y cultiver les produits agricoles nécessaires pour nourrir sa population, n’est pas nouvelle. Au Brésil, à Madagascar, en Afrique,et ailleurs en Asie déjà des millions d’hectares sont sous domination chinoise.
Reste un problème épineux. Quand on est loin de chez soi, et partout à la fois, il faut être capable de surveiller ses « champs ». Les chinois ne se font confiance qu’entre eux. Donc, ces acquisitions s’accompagnent et s’accompagneront de migrations de populations chinoises.
Si la Chine ne peut plus employer ses myriades d’ouvriers dans les ateliers du monde, elle les enverra là où ils seront encore utiles.
Déjà en Afrique les tensions sont réelles entre ces communautés d’expatriés chinois, et les populations locales. Ailleurs en Asie, ces migrants ne sont guère plus appréciés.
Donc selon le principe des vases communicants, si les USA pour garder les pieds au sec, lèves leur vase bien haut, c’est le reste du monde qui risque d’avoir les débordements,…dommages collatéraux!
@ tous
Un petit souvenir « ému », quand on bougeait là-dessus :
Prenez un enfant
Et faites-en un roi
Couvrez-le d’or et de diamants
Cachez-vous en attendant
Vous n’attendrez pas longtemps
Les vautours tournent autour
De l’enfant
Le blé a les dents acérées
Et les hyènes vont le dévorer
Le môme deviendra banquier
Ou le môme sera lessivé, lessivé
Je dis, argent, trop cher
Trop grand
La vie n’a pas de prix
Prends ton meilleur ami
Fais-en un ennemi
Je t’achète et je te vends
Vautré dans le coma
Du commun des mortels
Mon pote, t’es comme un rat
T’es commun, c’est mortel
Les vautours tournent autour
Toujours
Criez « Non » à l’esclavage
Et payez-leur
De nouvelles cages
Faites installer des pièges
Là où commence la rage
La rage
Je dis argent, trop cher
Trop grand
La vie n’a pas de prix
Un compte bloqué
L’autre à découvert
Maintenant, banque !
Les vautours tournent autour
De nous maintenant
Tu en as, tu n’en as pas
Tu n’as pas vraiment le choix
Un mur de briques devant toi
Il est temps, dépense-toi
Dépense-toi
Je dis, argent, trop cher
Trop grand
La vie n’a pas de prix
Vous avez trouvé ?
@ Auguste
Je partage votre approche, mais avec nuance. Oui, il va falloir redéfinir les bases d’un système monétaire, basé sur l’étalon-dollar et devenant sans référant. Oui, la mondialisation des échanges de marchandises et les flux financiers correspondant, pour ne pas parler des autres, bien plus importants encore, ne va plus être la panacée que l’on présentait. Mais, il y a des marches arrière impossibles à effectuer. Des reconversions longues et douloureuses. Tout sera tenté pour que cette mécanique ne s’arrête pas.
L’extension de la sphère marchande et monétaire, quant à elle, va se poursuivre partout où elle y parviendra, car si son moteur est en panne, il n’est pas atteint dans ses œuvres. La tournure que prend le prochain G20 va symboliquement illustrer cet entre-deux dans lequel nous sommes, cet équilibre dans la crise (on parlait bien de l’équilibre de la terreur, en référence à la « guerre froide » et à la dissuasion nucléaire). Il faudra bien une issue, il vaut mieux s’y préparer tant que possible.
@Yves de Bressy,
« Cela renforce bien la conviction partagée par toutes les gens censées ou tout du moins avisées que le système Euro est fort et a été conçu justement pour survivre à de telles tempêtes. »
Vous voulez dire « sensés » sans doute, mais je doute que votre conviction soit si avisée que cela!
C’est quoi le système Euro ? Une monnaie unique pour plusieurs pays européens à des niveaux de développement différents, basée sur des diktats de pays riches lors d’une phase de croissance des économies desdits pays riches.
Il n’a jamais été prévu, de telles tempêtes, par les « ingénieurs » de l’Euro. Tout au plus quelques craintes viscérales allemandes de l’inflation ont elles été insérées dans le logiciel de base. Quid de ce qui se passe actuellement.
Quant à la solidité, reportez-vous aux dettes des pays européens, pas encore dans l’Euro, détenues par des banques EURO pour comprendre que les sujets d’inquiétudes sont réels.
Et les 500 milliards d’euros dont vous parlez…vous les prenez où? Directement au sortir des presses ? au cul des camions ?
Non le capitalisme n’est pas mort, il rit jaune.
(esquisse d’état des lieux)
La crise après avoir démarré dans le secteur immobilier et financier, puis s’être propagée dans le secteur économique, aura inévitablement des conséquences géopolitiques.
1) D’abord, nous avons des pays dits industrialisés dont les USA et une grande partie de l’Europe qui d’une part croulent sous les dettes et d’autre part ne sont plus capables de produire nombre de biens de grande consommation. En bref ils ne sont plus en mesure de renverser les termes des échanges (sauf à ne plus consommer du tout), ni de rembourser leurs dettes. Ils possèdent encore une puissance économique et une avance technologique, qui constitue leurs bijoux de famille, mais il est possible qu’ils doivent se résoudre à les céder au moindre prix à leurs créanciers (car ils se feront concurrence entre eux).
2) Ensuite nous avons les pays dits émergents comme la Chine (et dans une moindre mesure l’Inde, quelques pays d’Amérique du sud et beaucoup de pays d’Asie) qui possèdent une montagne de créances et une puissance économique qui ne demande qu’à être utilisée. (Ils possèdent la force de travail, les outils industriels et un immense marché intérieur à développer).
3) Par ailleurs, nous avons les pays pétroliers, qui possèdent à la fois des créances et une matière première stratégique ; on peut se poser la question de leur puissance économique (toujours en termes de force de travail, d’outils industriels et de marché intérieur).
4) Enfin nous avons des pays qui n’ont ni puissance économique, ni trop créances ni trop de dettes, mais possèdent des matières premières et une forte envie de consommer, il s’agit en premier lieu de l’Afrique et à nouveau de quelques pays de l’Amérique du Sud.
Bien sûr il s’agit d’une classification « à la louche » et on peut se poser la question de la place par exemple de la Russie, de l’Australie dans une ou plusieurs des quatre catégories ci-dessus. Bien des malheurs attendent ceux qui n’entrent pas dans au moins une de ces catégories, il leur faudra beaucoup de talents …
Mettons nous à la place des pays émergents, avec la Chine en exemple qui doit (et c’est exactement ce qu’elle est en train de faire) :
Imaginer que les USA (et l’Europe ?) ne rembourseront jamais la totalité de leurs dettes, mais à tout hasard, aider à maintenir le dollar tant que cela en vaut la peine (tant que ce remède n’est pas pire que le mal) ;
S’approvisionner en matières premières, le plus longtemps possible en transférant ses créances, c’est-à-dire en payant en dollars autant que possible. Si le dollar ne convient pas, la Chine peut « offrir » des biens et des services éventuellement au sein de grands programmes d’échanges ou de coopération. Ce serait en quelque sorte d’un système de troc, ou sur base d’une monnaie à définir qui pourrait être le Yuan. On connaît l’intérêt croissant que porte la Chine à l’Afrique, sa présence physique toujours plus importante, et les investissements qu’elle y effectue ;
Utiliser ses créances pour accroître son efficacité et finaliser ses outils industriels et scientifiques directement auprès de ses débiteurs (les USA et l’Europe), en se lançant dans de grands programmes d’acquisition de leurs bijoux de famille (acquisition directe par des achats, ou indirects par des participations ou des programmes de coopération).
Mettons nous maintenant à la place de l’Afrique, elle ne peut que :
Mettre à disposition ses matières premières en échange de biens de consommation, et si possible et dans le meilleur des cas en échange de programmes d’équipement. Compte tenu des particularismes de l’Afrique, on ne peut que souhaiter que ces échanges soient globalement équilibrés.
Mettons nous maintenant à la place des pays pétroliers, ils ne peuvent que :
Vendre leur matière première aux plus offrants et tenter de terminer avec eux les programmes qu’ils ont lancé peut-être un peu imprudemment lors du l’explosion du prix du baril.
Mettons nous maintenant à la place des pays « industrialisés » (USA, Europe, Japon …)
Pour survivre, ils doivent d’abord rééquilibrer leurs échanges c’est-à-dire réindustrialiser si c’est encore possible (y compris dans les industries de main d’œuvre notamment). Ils leur reste une importante puissance industrielle mais leur marché intérieur s’écroule et leur marché extérieur est menacé. On peut penser qu’il n’y a aucun espoir qu’ils puissent rembourser leurs dettes, et que ce point est plus ou moins pris en compte par les pays émergents et les pays pétroliers.
On voit qu’ils sont assez mal placés en termes de dette, d’accès en concurrence aux matières premières, et de fourniture de biens de grande consommation ; ils risquent d’être encore plus mal placés à l’avenir. En termes politiques, ils devront se comporter en débiteurs, ce qui n’est pas la meilleure position.
Ils seront mis en concurrence entre eux pour fournir aux pays émergents ce qui pourrait encore éventuellement leur faire partiellement défaut : des savoirs, de l’expérience, des technologies pour concevoir et produire tous les biens que produit une grande nation, y compris dans les secteurs de la haute technologie (aéronautique, spatial, ferroviaire, nucléaire, industries chimiques et pharmaceutiques, et bien évidemment recherches dans tous ces secteurs).
Si la Chine se reprend assez vite et elle en a les moyens, les pays industrialisés pourraient avoir des difficultés à trouver des débouchés même pour leurs biens d’équipements, ce qui mettrait fin à leur dernier espoir de rééquilibrer leurs échanges. Si les USA ne tardent pas trop, cela arrangera un peu leurs affaires, et l’Europe pourrait de trouver en grande difficulté.
On peut aussi penser que les pays émergents (on peut dire toute l’Asie) ont intérêt pour commencer à constituer et faire prospérer indépendamment leur propre zone d’échanges. Cette stratégie peut les conduire à ignorer au moins temporairement une partie des créances des pays industrialisés, au niveau pratique, sûrement pas au niveau politique. La Chine, l’Asie en ont les moyens, et nous ???
@ Hervé de Bressy
Votre analyse des raisons de l’introduction de la valorisation des actifs selon la règle de la « fair market value », ainsi que de ses conséquences, est tout à fait pertinente. La manière d’en sortir, faire payer les actionnaires qui en ont bénéficié, est dans son principe tout aussi juste (même si ce n’est pas vraiment le chemin que nous empruntons). Cependant, toute réflexion sur la valorisation comptable n’a de sens que si elle repose sur une analyse de ce que sont les actifs que l’on doit valoriser. La distinction mobilier/immobilier que vous faites est-elle pertinente ? On ne peut entrer dans ce débat sans mettre en cause, me semble-t-il, l’existence de certains « actifs », dont la valorisation est en réalité mission impossible autrement qu’en fonction du marché au jour le jour et d’échafaudages de paris financiers à proscrire.
Quant à l’euro, ce n’est qu’une monnaie. Une créature de circonstance, qui n’a de poids que parce qu’elle représente, réalité économique et projet tout à la fois. Deux piliers fragiles en ces circonstances.
Vous a-t-il échappé que la Russie a officiellement demandé la création d’une monnaie de réserve, et ce avant l’annonce de la FED de monétiser la dette US ? Ce scénario (que je trouve très pertinent) n’empêchera pas le hard landing du dollar, mais pourrait limiter les dégâts du recours inconsidéré à la planche à billets. Avec l’avantage de déprécier immédiatement les créances toxiques, et de mettre fin à l’abus de position dominante par les States
@ François78
Votre esquisse à la louche donne bien, à mon avis, le pivotement planétaire que nous sommes en train de vivre et dont nous ne ressentons encore que partiellement les effets, comme dans un ballon où l’on ne sent pas le vent, car on est dedans. J’y rajouterais que la couche financière a été précisément conçue pour contrebalancer ce déséquilibre économique profond, tout du moins dans nos pays relativement pourvus. Tout le problème étant alors qu’elle connaît actuellement une crise très sévère.
Mais la dynamique économique que vous décrivez est implacable. La question est donc de savoir quels pourraient être les gisements d’activité des pays occidentaux qui ne reposent pas sur un endettement dont la méthode de financement, présentée jusqu’à maintenant comme la solution miracle, fait défaut sans savoir si elle pourra être rétablie ? En n’oubliant pas la contribution des services financiers au PIB tel qu’il est calculé.
Que est le nom de ce chef d’Etat qui avait déclaré dans un discours : « nous sommes au bord de l’abîme et nous allons faire un grand pas en avant » ?
@ François:
Il manque quelques paramètres:
1/ Le bouleversement climatique
2/ Le fait que l’Occident, s’il n’a pas forcément l’énergie (à voir… avec la Russie, la Norvège, le Canda et les gisements au pôle) a l’eau, et qu’il peut fort bien, sait_on jamais, trouver un substitut aux energies fossiles.
3/ Le fait que l’Occident a la nourriture.
4/ Le fait que l’Europe est plus proche de l’Afrique que ne le sont les chinois
5/ Le fait que l’Occident (USA+France+Chine) a une puissance militaire que sont loin d’égaler les chinois en dehors de leur théâtre d’opération.
Ce que vous dites est plausible si on joue les règles du jeu. Mais personne ne les jouera, parce que les enjeux sont majeurs. Jusqu’ici ce qui les jouent ne l’ont toujours fait que forcés parce-que faibles. Si les forts d’hier n’y trouvent plus aucun intérêt, ils les abandonneront. Si le libre échange n’est plus à l’avantage des anglo-saxons, vous verrez leurs futurs prix nobel déconomie prôner des formes de protectionnisme plus ou moins sophistiquées, pendant que la CIA et les services continueront à l’étranger de faire ce qu’il faut pour servir les intérêts américains. Ou l’on va pouvoir vérifier à nouveau que le prix n’est pas le produit du jeu de l’offre et de la demande…
@ JJJ
At G20, Kremlin to Pitch New Currency
17 March 2009By Ira Iosebashvili / The Moscow Times
The Kremlin published its priorities Monday for an upcoming meeting of the G20, calling for the creation of a supranational reserve currency to be issued by international institutions as part of a reform of the global financial system.
The International Monetary Fund should investigate the possible creation of a new reserve currency, widening the list of reserve currencies or using its already existing Special Drawing Rights, or SDRs, as a « superreserve currency accepted by the whole of the international community, » the Kremlin said in a statement issued on its web site.
The SDR is an international reserve asset, created by the IMF in 1969 to supplement the existing official reserves of member countries.
The Kremlin has persistently criticized the dollar’s status as the dominant global reserve currency and has lowered its own dollar holdings in the last few years. Both President Dmitry Medvedev and Prime Minister Vladimir Putin have repeatedly called for the ruble to be used as a regional reserve currency, although the idea has received little support outside of Russia.
Analysts said the new Kremlin proposal would elicit little excitement among the G20 members.
« This is all in the realm of fantasy, » said Sergei Perminov, chief strategist at Rye, Man and Gore. « There was a situation that resembled what they are talking about. It was called the gold standard, and it ended very badly.
« Alternatives to the dollar are still hard to find, » he said.
The Kremlin’s call for a common currency is not the first in recent days. Speaking at an economic conference in Astana, Kazakhstan, last week, Kazakh President Nursultan Nazarbayev proposed a global currency called the « acmetal » — a conflation of the words « acme » and « capital. »
He also suggested that the Eurasian Economic Community, a loose group of five former Soviet republics including Kazakhstan and Russia, adopt a single noncash currency — the yevraz — to insulate itself from the global economic crisis.
The suggestions received a lukewarm response from Foreign Minister Sergei Lavrov on Saturday.
Nazarbayev’s proposal did, however, garner support from at least one prominent source — Columbia University professor Robert Mundell, who was awarded the Nobel Prize in 1999 for his role in creating the euro.
Speaking at the same conference with Nazarbayev, he said the idea had « great promise. »
The Kremlin document also called for national banks and international financial institutions to diversify their foreign currency reserves. It said the global financial system should be restructured to prevent future crises and proposed holding an international conference after the G20 summit to adopt conventions on a new global financial structure.
The Group of 20 industrialized and developing countries will meet in London on April 2.
http://www.g-20meltdown.org/
Les russes conte-attaquent.
Je ne vais pas me faire des amis ici… mais… Poutine est critiquable certes (encore qu’on ne gouverne pas la Russie, les apparatchiks communistes nostalgiques, les anciens du KGB, la mafia et les libéraux multimilliardaires, tous rompus à l’exercice d’un pouvoir brutal comme on gouverne la France par exemple), mais c’est un très très grand stratège, un véritable chef d’Etat doté d’un profond sens de l’Histoire (C est aussi un meurtrier, mais l’un n’empêche pas l’autre). Dommage qu’aucun leader européen ne lui arrive à la cheville.
J’espère que l’Europe soutiendra son initiative, après le sale tour de la FED.
D’une certaine manière, c’est notre seule chance, commercialement parlant.
@ FL
Les stratégistes peuvent toujours se gausser de la proposition et la trouver fantaisiste. Mais contrairement à leurs allégations, il faudra bien imaginer une alternative crédible à l’étalon-dollar. Et vite…
@François78, François Leclerc, Antoine
de la tension omniprésente, sous une autre perspective, ou avec une autre louche…
sur un blog très factuel et toujours instructif
http://www.dedefensa.org/article-la_tension_des_illusions_perdues_20_03_2009.html
@ Antoine
Vous écrivez » Le fait que l’Occident, s’il n’a pas forcément l’énergie (à voir… avec la Russie, la Norvège, le Canda et les gisements au pôle) a l’eau, et qu’il peut fort bien, sait_on jamais, trouver un substitut aux energies fossiles »
Oui, « à voir, sais – t -on jamais », mais la réponse vous la connaissez, c’est « non ». La Russie est en train de passer son deuxième et dernier pic de production, tous les autres sont en déclin, supérieur souvent à 10 % l’an. Et aucune alternative ne dépasse l’épaisseur du trait, sauf dans le journal de 20 h et les films d’ex-futur présidents.
Du coup, « la nourriture de l’occident », que nous devons à la « révolution verte » très gourmande en hydrocarbures, disparait également, du moins en tant qu’atout majeur.
@ Thomas
Dans ma première version du post, pour cette raison, je n avais pas évoqué le grain comme avantage stratégique.
Je ne sais pas ce qui est faisable en la matière, mais nous avons tjs l’eau, le climat (pour un certain temps encore), et les terres arables. Mais vous avez raison. Là aussi il va falloir repenser la qustion à nouveaux frais.
Vous avez raison, il ne faut pas hésiter à me tutoyer.
@ Philippe
Il est bon d’ailleurs de croiser ces sites avec les infos consacrées à l’évolution de l’état de l’économie mondiale, parce-que sinon on est parfois conduit à négliger le poids des armes et des stratégies d’influence/de pression pures et dures dans la conduite des affaires internationales. L’ensemble ne se joue pas sur un seul éhiquier mais sur plusieurs, et toute modification de l’un modifie les équilibres fragiles sur lesquels reposent les autres.
Les USA ont fait preuve d’arrogance voire d’imprudence comme l’a écrit Paul. Ils se sont surestimés et ont sous-estimé les capacités de nuisance/réaction d’autres nations. La question est: vont-ils l’apprendre à leurs dépens. Il est clair que l’abandon prématuré du dollar comme monnaie de réserve leur porterait un coup sévère… et que la médiatisation de leur défaite en Afghanistan finirait de saper leur image. Jusqu’ou leur leadership repose t-il sur l’image qu’ils se sont soigneusement appliqué à forger dans l’esprit de leurs ennemis? (la carotte et le bâton MEME AVEC leurs alliés!)
Cher Paul,
je reviens à la charge après votre nouveau « bulletin météo », car celui-ci ne m’a pas vraiment satisfait concernant votre « définition » du capitalisme qui m’apparait floue et finalement peu opératoire pour l’analyse. D’aucuns, font remonter l’origine du capitalisme historique au 15-16 siècle, période à partir de laquelle l’accumulation illimitée de capital devient un impératif social – ou une logique sociale dominante -, en mesure d’orienter les structures sociales dans ce sens afin d’assurer sa reproduction. Il s’agit d’une période bien antérieure à la « révolution industrielle » et à ses bouleversements dans toutes les champs de l’activité humaine (marquant selon Paul Bairoch, la deuxième rupture majeure dans l’histoire de l’humanité après le néolithisme). On mesure aisément l’ampleur des transformations rien que depuis le 19e siècle et dans cette perspective, je ne vois pas ce qui autorise à parler d’une quelconque « fin du capitalisme ». Pour rappel également, certains analysent le système économique soviétique comme n’étant qu’une modalité du système capitalisme qui permettait l’accumulation du capital sous une forme non marchande.
Selon cette perspective, le système capitaliste autorise une grande marge de manoeuvre dans les formes d’organisations sociales possibles, et bien que ce « coup d’état économique » marquerait une nouvelle borne dans l’histoire contemporaine, en quoi la dynamique d’accumulation illimitée de capital marquerait le pas par rapport à une autre logique sociale ?
@ Francois Leclerc :
peut être est ce …GANDHI ?
Il me semble « osé » de parler de la fin de quelque chose que l’on ne définit pas en même temps.
Ces affaires de A,B,C,D sont des postures d’enfumage: la logique du capitalisme l’amène inéluctablement à la concentration des biens du monde dans les mains d’un nombre de plus en plus réduit de « vainqueurs » à l’issue des batailles successives, c’est connu depuis H. Arendt au moins, avant même le « dérapage » financier qui n’était pas encore ce qu’il est devenu.
Rien n’a changé, le capitalisme, c’est toujours le maintien et le développement d’avantages comparatifs entre les riches et les pauvres, entièrement basé sur le déséquilibre de l’intérêt, assumé au grand jour entre créancier et débiteur dans les nations occidentales où les petits actionnaires complètent la base activiste nécessaire au maintien su système et dissimulé sous la FICTION de l’AIDE au tiers monde (dans la dimension SPATIALE):
il suffit de réfléchir au ratio « prêt/remboursement » pour se convaincre que ce système ne peut être de l’aide mais simplement du racket.
Nous sommes simplement, à l’instant où le nombre de « vaincus » dans le camp des vainqueurs habituels va poser le problème du maintien de la paix sociale au coeur du système.
L’alternative est connue: soit on clot la phase capitalistique de l’humanité, simplement en reconnaissant et supprimant ses mécanismes toxiques, soit on « ajuste » la population de façon à ce que le maintien de la paix sociale soit à nouveau possible.
Dans les deux cas, on a quelque chose qui peut être considéré comme « neuf », mais toute les nouveautés n’ont pas la même attractivité.
Et là, je suis très inquiet, ni le pape, ni Barack Obama ne se sont penchés sur les premiers « miracles » du XXIème siècle, pourtant bien réels, en cette fin d’été 2001. Et ça, c’est une indication sur l’option envisagée…
@ Marc Peltier dit :
20 mars 2009 à 11:24
Il y a eu plusieurs commentaires dénonçant l’absence de couverture par les médias de cette décision de la FED.
Combien de personnes dans les rédactions de la presse généraliste sont-elles en mesure de la commenter à sa juste mesure ?
Combien de lecteurs sont-ils en mesure de comprendre les articles qui en découleraient ?
La formation aux b.a.-ba de l’économie est tout simplement indigente. N’ayant pas moi-même le temps de lire ce blog régulièrement je décroche de plus en plus et ne comprend plus le 1/3 de vos commentaires.
J’ai l’impression que la maigre part de vulgarisation que je trouvais il y a quelques mois disparait de plus en plus.
Des personnes ici sollicites des explications basiques qui ne leurs sont jamais donnés.
Les intervenants réguliers sont dans leur bulle, ne vous étonnez pas de n’être pas plus entendus si vous ne faites rien pour être compris.
@ François Leclerc
Nous touchons en effet le coeur de cette crise : le calcul de la valeur.
Le mark-to-market s’applique aux valeurs mobilières de longue date. C’est bien normal car elles ont pour vocation d’être facilement liquidables, de même qu’elles font l’objet d’une quote officielle et publique, prise comme référence dans l’établissement des comptes annuels de leurs détenteurs. S’agissant donc des actions, obligations, SICAV et autres FCP, il n’y a pas de raison de changer de norme comptable.
Notre crise est survenue car le mark-to-market s’est révélé inapplicable à des produits financiers trop complexes et délibérément trompeurs pour pouvoir être évalués. Ce n’est pas le mark-to-market qui est en cause pour cette catégorie particulière de valeurs mobilières, mais le produit en lui-même. Le présent blog détaille bien mieux que je ne saurai jamais le faire cette monumentale escroquerie. Il n’y aura pas d’autre choix que de constater un jour ou l’autre la moins-value massive sur ces produits, soit directement dans le bilan des banques (une catastrophe ? ) ou dans les budgets des états (un cataclysme ? ), ou encore dans les réserves obscures et discrètes des banques centrales (un artifice comptable ? ). Bien entendu, je n’imagine pas que les autorités de régulation autorisent encore à l’avenir une escroquerie à la titrisation de cette ampleur.
Je critique le fait que le mark-to-market ait été étendu à des biens immobiliers peu liquides par nature. Pour caricaturer, il n’existe pas de quotation périodique objective pour les biens immobiliers spécifiques détenus par une entreprise ou un particulier. Le prix de ma maison fut le résultat d’une offre haute du vendeur, d’une contre-offre basse de ma part et de la négociation qui a mis la barre entre les deux. J’ignore à quel prix je pourrai la céder demain matin, car il n’en existe pas de quote officielle. Son prix lui est propre et ne saurait être établi par rapport aux transactions s’étant déroulées l’an dernier dans mon quartier pour des biens tous différents, ou pour des biens similaires dans des quartiers différents. Ma maison ne changera de prix que lorsque je l’aurai mise en vente et qu’un acheteur aura signé l’acte notarié, et je constaterai alors ma plus ou moins-value.
Je n’oublierai pas que la crise des subprimes a éclaté au grand jour lorsque BNP Paribas s’est déclarée incapable de valoriser ses CDOs.
Tel un cancer et ses metastases (je reprends l’image de Paul Jorion), cette crise de la valeur s’est étendue des subprimes titrisés à l’ensemble des établissements financiers, et maintenant aux Etats et très bientôt aux monnaies. La planche à billets à grande échelle ouvertement appliquée par toutes les grandes banques centrales (sauf la BCE qui, encore et toujours, résiste à l’envahisseur…) jette désormais le doute sur la viabilité de toutes les grandes devises.
Comment désormais évaluer un bien dans une monnaie dont on ignore la valeur ? Comment projeter cette valeur dans l’avenir lorsque l’on vous prédit, d’un côté, une déflation pour la décennie à venir, de l’autre une hyperinflation et des brouettes de billets pour acheter son journal ?
Je crois que la question essentielle à laquelle ce blog tente de répondre est : « Quelle est la valeur des choses et comment est-il raisonnable de la déterminer ? »
Vu ce qui se passe actuellement aux Etats Unis, je persiste à penser que le président Obama est le plus doué et le plus apte pour négocier cette réforme du capitalisme.
Il fait beaucoup de chose avec toute son équipe même si le résultat n’est pas encore visible, les décisions et les convictions qui l’animent sont, à mon humble avis, très courageuses et positives.
Il faudrait vraiment que les dirigeant européens s’inspirent de ce qui se fait actuellement aux USA.
@ Hervé de Bressy
Merci de vos précisions argumentées. J’en retiens que, comme toutes normes comptables qui se respectent, les règles prennent en compte des situations très diverses, à chacune d’entre elles sa propre solution. Pour avoir un peu joué dans cette cour, je sais comment les normes sont en réalité assez interprétatives, et que leur application peut être dans la pratique plus permissive qu’on ne l’imagine.
Mr Untel
Comme vous, une part importante de la discussion m’échappe. Mais ce blog ne prétend pas amener tout ses lecteurs à un niveau de compréhension des mécanismes : il faudrait des dizaines de professeurs à plein temps pour cela. (et qui paye ?)
C’est juste une fenêtre pour voir fonctionner un » cerveau collectif » de près et en temps réel, c’est déjà pas mal.
Tiens le marché (DJ) a fini plus bas ce vendredi soir qu’il ne l’était juste avant l’annonce de mercredi.
Ils ne sont peut être pas aveugles finalement…
@ Hervé de Bressy
Il faut donc répondre à la question: « Que produire et à quels coûts? ».
A propos des normes comptables. Que pensez-vous du goodwill?
Lors des fusions/acquisitions, les entreprises en abusent.
Voici sa définition sur wikipédia.
« Le Goodwill (appelé aussi survaleur) est la différence entre l’actif du bilan d’une entreprise et la somme de son capital immatériel et matériel valorisée à la valeur de marché.
Le Goodwill est plus précisément un écart d’acquisition correspondant à l’excédent du coût d’acquisition, lors d’une prise de participation ou d’une fusion, sur la quote-part de l’acquéreur dans la juste valeur des actifs et passifs identifiables (selon la norme internationale IFRS 3). »
Qui le définit? Les grands cabinets d’audit respectueux et garants du marché libre et efficient. A revoir il me semble.
Bonne fin de semaine à tous.
Bravo pour votre blog,cela nous change un peu des partisans de la méthode coué que l’on trouve sur l’Echo..genre tout va bien madame la marquise…
Bon week end
@gillouet..consternant votre commentaire..mais peu importe aux innocents ….il y a toujours eu de tous temps des aveugles et des sourds devant des évènements pourtant pas si surprenant finalement…mais la propagande de l’establishment fonctionne parfois encore … des gens niaient la shoah même devant les camps..d’autre qui disaient en 1936 hitler n’est pas dangereux ..il n’osera jamais..ce n’est pas possible..on a vu ce qu’il en est advenu…réécoutez le discours de JFK (via youtube)…il était sur le point de comprendre et de révéler certaines choses au monde…on connait la suite …le pharmacien Coué a encore beaucoup de disciples visiblement,heureusement pas ici…
@ François78
J’ai tout particulièrement apprécié le développement prospectif de votre intervention.
Malgré tout, qu’il me semble que beaucoup de scénarios évoqués ici ne me semblent pas tenir suffisamment compte de deux choses:
– Le très probable déclin rapide de la disponibilité de la ressources énergétique pétrolière. On peut faire toutes les hypothèses possibles, et même probables, d’un transfert de puissance (économique, financière, technologique) des ex « puissances occidentales » vers une nouvelle « sphère asiatique », cela nécessite le maintien à un niveau assez élevé de la ressource énergétique, relativement bon marché. Même sachant que le vainqueur de ce duel fera, évidemment, tout ce qu’il pourra pour s’en assurer l’exclusivité. Et évidemment, en priver les autres.
On pourrait dire, d’ailleurs, la même chose des ressources en matières premières. Avoir le minerai est une chose, avoir l’énergie pour le transformer, le transporter, et le répartir entre les nombreux bénéficiaires en est une autre.
Autre chose. Il me semble que, dans tous ces scénarios, dont beaucoup semblent tenir la chine, et l’asie, pour vainqueurs probables, on oublie que ces pays ont un talon d’achile: leurs populations. Ou, plutôt, leurs fortes populations. Il faut d’énormes ressources pour matérialiser de tels projets pour autant de gens. Et là, j’aurais tendance à penser que la chine, avec 1.6 milliards d’habitants à « développer », arrive un peu tard dans la partie pour pouvoir mener ce genre de projet à terme.
– Sur tous les scénarios de futurs prévisibles pèse l’énorme incertitude du réchauffement planétaire. Il y a tant d’hypothèses, de bouleversements possibles qui peuvent en être la conséquence, qu’aucun scénario ne peut les ignorer. Même si cela rend toute prédiction aléatoire. Que se posent des problèmes massifs d’alimentation en eau, de dysfonctionnements de la production agricole, de modifications considérables de l’environnement écologique & climatique, et, peut-être, d’évolutions pandémiques, et tous les rêves de changements radicaux des actuels rapports de forces géopolitiques & économiques peuvent s’effondrer comme des châteaux de cartes. Tout comme, d’ailleurs, les tentatives des « futurs perdants » pour empêcher cette évolution.
Dans cette crise on oublie, évidemment, cette énorme (parce que totalement hors de notre contrôle) hypothèque. Elle n’en demeure pas moins. Plus urgente que jamais.
De mon point de vue, les sociétés qui se tireront le mieux (C.a.d le moins mal) des 50/100 prochaines années ne seront pas celles qui se seraient entre-déchirées sur la question de savoir où (chez qui) se déplacera le prochain leadership mondial. Pour faire triompher tel ou tel système de pensée économique ou politique. Ou telle nation/ethnie plutôt que l’autre.
Ce seraient plutôt celles qui auront pu, ou tenté, de s’extraire de cette compétition absurde et suicidaire. Et qui auront (auraient) concentré leurs moyens et leur technologie sur le seul projet plausible à moyen & long terme: comment survivre, s’adapter, prévoir, et (re)construire une société humaine viable dans l’environnement très différend que nous annonce le réchauffement planétaire.
Mr. Jorion,
Comment expliquez vous qu’il y ait si peu de modèles de « rechange » proposés pour remplacer le capitalisme? Est-ce que par ce que les systèmes concurrents (comme le communisme) ont également échoué? Est-ce que parce que notre imagination est si limitée qu’elle n’arrive pas a inventer un nouveau modèle de société plus « viable »? Est-ce que le capitalisme, basé sur l’égoïsme, l’égocentrisme, nous a conditionné pour nous empêcher de penser à d’autres alternatives? Ou est-ce pour des raisons que nous ignorons?
Merci d’avance pour vos réponses.
Omar
@Champignac :
je rejoins nombre de vos réflexions et notamment les 3 derniers paragraphes.
En effet, une vision alternative qui conduit à s’extraire, le plus possible, de cette vision compétitive, constitue la 1ère porte.
Elle conduit à stimuler, au sein d’un « territoire », le développement, l’épanouissement et la préservation d’une « société » extraite de la société compétitive, mais qui cohabitera avec cette-dernière. Elle constituera le réservoir d’adaptation, de résilience, autosuffisance et d’anticipation aux évènements extérieurs: le sanctuaire sauvegardé de ce territoire.
Un exemple : l’aménagement du territoire actuel, et futur pour la « métropole » .
Actuellement, son développement s’effectue en 2D. Dans le futur, imposer un développement en 3D, modifie la donne pour tous les acteurs, exécutants, le vivant. En cela, et pour comparaison, NEW- YORK contient les germes de tout ce qui a été réalisé…et de ce qui doit l’être: c’est une ébauche, certes, mais elle nous montre la voie!
Pour revenir à la métropole, cela concerne tous les niveaux administratifs ( national—> hameau). L’empreinte de l’homme sur son environnement est réduite très significativement, de part:
– une diminution du territoire urbanisé occupé sur le territoire total,
– une augmentation voulue (ou réappropriation…) du territoire « naturel », vierge de toute empreinte permanente de l’homme, mais qui fournit gratuitement à l’homme, les produits et services indispensables à sa perennité. En clair, la création des sanctuaires nécessaires et obligatoire à la vie de l’homme.
– De fait, une diminution très significative des flux matériels, mais aussi une proportion plus importante des emplois permanents-non délocalisables pour des besoins permanents- non délocalisables, l’emploi des énergies locales en priorité auxquel s’ajoute celui des énergies renouvelables.
– une conception de nos « lieux de vie » ( habitat,travail, loisirs, santé,education, approvisionnements…) plus collective qu’individuelle, accessible (encouragée) par la locomotion pédestre.
– Une réappropriation et perception alternative de la notion du temps, par rapport à celle qui existe dans nos sociétés actuelles compétitives. Cette réappropriation se retrouvera concrètement dans la conception de chaque composants des matières, produits, services et réalisations…
– l’optimisation, la mutualisation et la rationalisation seront présentes, avec un impératif collectif prépondérant.
– La pleine conscience que l’homme vivra, selon l’instant, des temps différents, en fonction de ses activités.
Toutefois, je ne crois pas que ce futur possible puisse être imposé, encore moins naître actuellement, à l’échelle d’un « territoire ».
Cette « phase » suppose auparavant des phases de désillusion ( phase actuelle???), désespoir( phase actuelle???), haine, soulèvement, ecoute, réflexion, choix essentiels, et décision, ….pour une part significative de la population de l’espèce dont je suis un des représentants.
Bonne journée.
@ Tomate et Champignac (on sent déjà le retour au terroir, juste à côté du château)
Loin de moi la volonté de couper un si bel élan, mais ne pensez vous pas que nous devrions dépasser le côté généraliste, bien que plaisant, des belles idées ?
Car qui ne serait pas d’accord avec les pistes que vous évoquez ? Echéances énergétiques, emprunte écologique, urbaniste humanisé, mode de développement durable, autosuffisance, maîtrise du temps, gestion du stress, épanouissement personnel basé sur l’harmonie du collectif…
Je ne voudrais pas passer pour le vilain terre à terre qui ne rêve jamais mais, justement, à propos d’énergie, il serait peut être temps de rationaliser la notre, non ? (encore une attitude de capitaliste)
Je cite :
« Une arme pire encore : créer de l’argent non pas parce que de la richesse a été créée mais simplement parce qu’on en manque »
MAIS NON MAIS NON MAIS NON !
Où verrions nous qu’il n’y a pas eu création de richesses depuis 40 ans ?
C’est hallucinant de voir une phrase pareille en 2009 ! A l’heure d’internet, de l’informatique high tech la plus évoluée de toute l’histoire humaine !
Il y a eu création de richesses exponentielle depuis 40 ans, et non-création de monnaie depuis 20 ans, organisant une rareté payée un coût exhorbitant à un secteur financier qui s’accapare 40% de la totalité de la valeur, sans aucun travail, par le biais de l’argent dette dont il détient le monopôle !
Allez faire un tour du côté de SEL et de Cyclos Mr Jorion ! http://project.cyclos.org
c’est « marrant »,
j’ai pas compris que jojo ( le neurone du haut de ce cerveau collectif ) avait dit aux autres neurones ( ceux du bas, les autres bloggueurs pas tous blagueurs) « qu’il n’ya pas eu de création de richesse depuis 40 ans « , comme le prétend stéphane ( neurone du système digestif) .
J’ai compris , après avoir bien renettoyé mes lunettes, que la réponse actuelle à la crise pourrait bien être une création d’argent ( et dans ce cas trés précis, « non pas parce que de la richesse a été créée mais simplement parce qu’on en manque”)
Créer l’argent qui nous manque , c’est cool çà comme idée.
En fait ,et à bien y réfléchir ( chui au max) çà marchera que si la richesse qu’il est censé représenté a des chances de voir le jour , un jour.
Et dans ce cas là, seule la non fin du capitalisme pourrait satisfaire cet espoir….
Ou pour résumer la situation, après le capitalisme bancaire, soit on s’attendre à l’avénement d’un capitalisme bancal ?
Cà me démangeait depuis longtemps , mais il semblerait que l’auteur de la carte à puce ait été un voyant remarquable pour avoir prédit un passage de « la civilisation de la peine à la civilisation de la panne ».
Bon, çà va, je retourne au piquet.
Merci à François Leclerc, Philippe Deltombe et de Champignac d’avoir relevé et commenté mon très frustre élément de contribution. Je suis en train de former mon sentiment sur le cours des choses, et étant peu créatif dans les domaines abordés, je m’informe et vous lis avec attention. En dehors du très instructif et dynamique blog de Paul Jorion, je dois aussi mon information à Philippe Barbrel (Contreinfo), Jean-Claude Werrebrouck , Willem Buiter, Nouriel Roubini, Jacques Attali, Paul Krugman, Ambrose Evans Pritchard, et j’en passe… Bien sûr il faut trier et tenter de penser par soi même. …
@Champignac
Il est vrai que nous ne vivons pas une simple crise financière et économique, mais une crise catastrophe?) globale avec de multiples composantes : crises climatique, écologique, énergétique, sanitaire, alimentaire, … (crédit : sur votre moteur de recherche, demandez Muhammad Yunus crises alimentaire énergétique climatique).
Vous avez un biais pessimiste à propos de la Chine, je suis aussi tenté (du fait de mon origine Européenne de bon « bwana »), mais il faut en faire abstraction.
Pour en revenir a qui s’en sortira, comment et dans quel état la question apparaît secondaire devant cette interrogation : dans quel monde émergera t’on ?
@ François78
Lisez aussi Martin Wolf, qui a viré sa cuti.
Cette crise n’est-elle pas plutôt un ajustement nécessaire du capitalisme ? Et la création monétaire par la Fed et la BoE est la seule solution possible sans pour autant que cela ne génère la moindre inflation.
On constate que la masse monétaire publique (les billets de la banque centrale) augmente beaucoup moins que la création de richesses réelles. Mais que la différence est comblée par la création ex nihilo de monnaie privée, l’argent dette des banques. Seulement pour rembourser ces dettes il faut s’endetter de plus en plus à cause des intérêts (à 3%, si j’emprunte 100E je dois revendre ma production à au moins 103€ et mon acheteur aura lui emprunté 103€ et devra revendre sa production 106.09€ et ainsi de suite). On a une progression exponentielle des dettes qui dans un premier temps ne s’éloigne pas trop de la progression de richesses réelles, mais qui, progression exponentielle, oblige explose un moment donné et devient intenable, c’est à dire que le créancier ne croit plus à la capacité de remboursement du débiteur tant les montants en jeu sont gigantesque par rapport aux richesses réelles. C’est ce qu’on vit aujourd’hui.
En imprimant massivement de l’argent public, les banques centrales convertissent en fait la monnaie des dettes (pour les débiteurs qui n’ont pas encore fait faillite) en monnaie « non dette ». Et le cycle peut recommencer avec une masse monétaire publique plus importante qu’au début du cycle suivant.
Je viens de découvrir le blog de Paul Jorion et son annonce de la fin du capitalisme. Je crains que sa formation de sociologue et d’anthropologue ne déforme un peu ses raisonnements. Tout sociologue critique la société où il vit et annonce régulièrement sa disparition. Moi-même, je me souviens que les intellectuels français annonçaient la chute du capitalisme américain en 1968 (mai 68), puis en 1971 (fin de la convertibilité en or du $), en 73 (crise du pétrole), en 1974 (fin de la guerre du Vietnam), en 1979 (2ème crise du pétrole) , en 1981 (Reagan, la concurrence japonaise), en 1985 (Gorbatchev arrive), 1988 (départ de Reagan), 1991 (1ère guerre d’Irak), 2000 (krach d’internet), 2001 (11 septembre), 2003 (2ème guerre d’Irak), 2004 (reelection de G Bush), et aujourd’hui en 2009. Et j’ai pu lire que d’autres intellectuels français annonçaient déjà la disparition du capitalisme américain en 1929 (la grande crise), 1941 (la guerre), 1953 (la guerre de Corée), 1963 (assassinat de Kennedy), 1965 (début de la lutte contre la discrimination)… et j’en oublie certainement. Enfin, je remarque que, dans son débat d’aujourd’hui, M. Paul Jorion donne des chiffres faux en ce concerne la crise boursière : le CAC 40 n’a pas » baissé de 40 % pour ensuite remonter de 13 % depuis trois mois », mais baissé de 58 % (6000 à 2500 points) pour remonter de 32 % (3300). Ces « erreurs » sont étonnantes pour un « économiste »… En conclusion, je crois bien cette crise sera oubliée dans cinq ans, les pays émergents voyant déjà leurs économies repartir. Quand au retour de la Chine au communisme, il faut en parler aux Chinois, cela va les faire mourir de rire !! Ne pourrait-on pas aussi reformer l’URSS et le Comecon ?
[…] annonce de la mort du capitalisme est-elle prématurée ? […]