Pour une approche apocalyptique de la crise, par Christophe Perrin

Billet invité. Pierre-Yves D. a écrit hier (pardonnons-lui le ton révérencieux) : « Paul Jorion ne manque pas de citer les réflexions et travaux de ses pairs, quand bien même il ne partage pas tous leurs points de vue. Nous nous en étonnons presque, pourtant cela ne devrait-il pas être la règle ? Peut-on, aujourd’hui, prétendre être un intellectuel si l’on n’est pas capable de dialoguer avec ses pairs, et ce au vu et au su de tous, c’est-à-dire avec les citoyens, dont on fait des partenaires et non pas seulement des réceptacles d’une connaissance infuse ? » Pierre-Yves D. a saisi en tout cas, l’amour chez moi de l’antithèse, quand je défends la thèse, et l’amour de la thèse quand je défends (beaucoup plus souvent, il est vrai), l’antithèse.

POUR UNE APPROCHE APOCALYPTIQUE DE LA CRISE

La rapidité avec laquelle la crise financière et économique s’intensifie et prend de l’ampleur, et sa visibilité portée par la présentation médiatique tant des faits que des analyses, quasiment en temps réel, tendent à masquer le caractère premier du bouleversement que nous connaissons. S’il est indéniable que son déclenchement est lié aux déséquilibres économiques et financiers, ceux-ci n’en sont qu’une expression très visible. Les racines de la crise sont plus profondes ; plus que des modes d’activité, la crise relève des fondements de ces modes d’activité : notre perception du réel.

Nous sommes les témoins et les acteurs d’une crise civilisationnelle, une crise qui met avant tout en cause le paradigme hégémonique de notre civilisation : la rationalité comme unique grille de lecture de la réalité et comme unique moyen d’action autorisé quelle que soit la sphère d’activité. La prépondérance de l’économie dans la civilisation capitaliste mondialisée favorise les tendances à limiter le questionnement aux questions économiques. Cette focalisation est compréhensible, tant la mise en cause de nos fondements de civilisation peut sembler effrayante. C’est bien le sol qui se dérobe sous nos pieds. L’accepter c’est faire preuve de courage mais aussi d’humilité ; ces vertus ont malheureusement déserté notre monde post-moderne.

Certes, les dommages qui se donnent à voir, qu’ils soient humains, sociaux ou écologiques, ont pour cause évidente l’activité économique telle qu’elle est pensée et organisée rationnellement, et que l’on désigne communément par le vocable de marché. Certes, en soi, la rationalité ne peut se réduire à la rationalité économique. Mais il est indéniable que l’une comme l’autre partagent le même projet de domination et de soumission du réel à leur axiomatique respective. Or même si elles diffèrent du point de vue des fins, la première, au nom du bien de tous, prétend émanciper l’Homme et le conduire vers un horizon de progrès et de liberté, la seconde vise à maximiser l’activité de production et de consommation aux fins de réaliser les profits les plus grands et le bonheur du plus grand nombre possible de libres individus ; l’une comme l’autre se prétendent l’unique voie par laquelle l’humanité peut cheminer. Elles partagent ce paradoxe qui associe à la liberté une dimension indéniablement totalitaire.

La rationalité, comme la rationalité économique, permettent l’hétérogénéité à leurs marges, en ce sens elle sont tolérantes. Mais ce qu’elles tolèrent est sans danger, désarmé, rendu exotique par une opération de déconstruction conduite grâce à l’outil rationnel par excellence, l’esprit critique au service de leurs fins respectives.

Dans le domaine de l’économie, la mise en œuvre du concept de partage par exemple n’est pas interdite, elle est même parfois encouragée, mais seulement dans le but d’adoucir, aux marges, les inégalités les plus tragiques produites par le système de concurrence généralisée régissant le marché. Le partage comme concept exotique peut aussi servir de ressource aux acteurs du marché soucieux de la moralité de leur image : les pires prédateurs transnationaux rivalisent en matière de philanthropie via leur fondation respective. Le concept est donc toléré, mais récusé par les tenants de la pensée économique rationnelle quant à sa pertinence comme paradigme central créateur d’un ordre économique viable dans un monde peuplé d’individus. Ils n’ont d’ailleurs pas tort car si en effet le monde n’est peuplé que d’individus, le partage ne peut faire sens que de manière limitée.

Ce processus de délégitimation n’est pas propre à l’économie, les apôtres du marché n’en sont pas plus les inventeurs que les initiateurs. Les penseurs comme les acteurs du marché mondialisé n’ont pas fait œuvre de création pour arriver à leurs fins. Les esprits étaient déjà convertis tout comme les outils étaient disponibles. Le processus de délégitimation participe en effet de la rationalité dès son origine. Sans projet d’émancipation de l’Homme passant par la déconstruction de tous les liens qui s’y opposent, énoncés comme illusions aliénantes, le marché transparent, libre de toute entrave et non faussé, c’est-à-dire investi des seuls intérêts individuels, n’aurait pu voir le jour, d’abord comme projet, puis comme réalisation humaine, et enfin en tant qu’étalon à partir duquel toute chose doit être évaluée. Sans l’invention de l’individu en quête de progrès, sans ce petit être solitaire et avide s’identifiant à la chose pensante, doté de tous les pouvoirs sur la chose étendue, l’économie monde telle que nous la connaissons n’aurait jamais vu le jour.

Mais le fait que l’analyse sur la crise se focalise sur l’économie, portée, comme nous l’énoncions en introduction, par la priorité qui lui est donnée par les médias, ne peut s’expliquer par ce seul fait de communication. La prépondérance de la rationalité économique ne tient pas à quelques caprices de journalistes ou de faiseurs d’opinion. Nous émettons l’hypothèse que cette prépondérance est un fait qui s’explique par la colonisation de la rationalité par la rationalité économique. La seconde s’étant substituée partout à la première, ce qui veut dire que parler de l’une ou de l’autre aujourd’hui, c’est parler de la même chose, de rationalité économique. Nous sommes en quelques sortes pris au piège d’un golem que nous avons nous même façonné. Imaginer les voies susceptibles de nous conduire hors de ce piège nécessite de comprendre Pourquoi et comment cela s’est produit ?

Le principal élément de réponse doit être tiré de l’échec de la rationalité en tant que projet visant à émanciper l’homme tout en le conduisant en Eden grâce au Progrès. La rationalité dans ses dimensions anthropo-psycho-politique et scientifique a échoué. L’émancipation individuelle, lumineuse et positive sous bien des aspects, possède aussi sa part de ténèbres. Elle a été, elle est toujours d’ailleurs, une formidable machine de guerre servant à éradiquer le lien sous toutes ses formes. Elle s’en est même fait un ennemi personnel. Le lien de par sa nature n’est pas quantifiable, on ne peut mesurer sa progression. Crime de lèse majesté, il récuse la pertinence du dispositif du laboratoire. La rationalité devait donc se construire contre lui, et si possible l’abattre partout où elle le rencontrait. Pour caractériser ce pouvoir destructeur de la rationalité, le concept de « colonialité du pouvoir » forgé par Henrique DUSSEL, théoricien de la théologie de la libération, nous semble parfaitement convenir. DUSSEL et MARX avant lui, ont saisi l’importance de 1492 comme événement fondateur permettant le déploiement du projet rationnel par le pillage et l’accumulation primitive du capital, mais aussi par l’extermination radicale des cultures indiennes participant à la construction de l’identité de l’individu démiurge européen.

Et pourtant le lien résiste, et joue parfois quelques tours à ceux qui le traquent. La crise épistémologique des sciences, crise du lien par excellence entre les disciplines scientifiques, n’est pas le moindre de ses tours. Qu’importe cette persistance, la machine à déconstruire trouve toujours de nouveaux terrains d’action. Ainsi, la quintessence de l’avant-garde déconstructionniste entend nous faire comprendre par sa théorie du queer que la polarité des sexes qui nous lie à l’univers polarisé ne relève en fait que d’une économie culturelle de rôles parmi lesquels il nous est loisible de choisir, et grâce à la technique de modifier notre corps en conséquence.

En déconstruisant les liens de toute nature, la rationalité a produit une humanité faible dans le sens où celle-ci a perdu le sens de sa défense par le lien au collectif et par celui qui la lie à l’écoumène. La perte de ce sens est certes inégalement partagée aujourd’hui, mais il est parfois total, comme chez ces citoyens américains qui vivent dans la même rue, à qui « l’on » saisit les habitations, et qui réagissent en acceptant intellectuellement ce qu’ils subissent par une analyse de la conjoncture économique justifiant le système. Il ne nous semble pas injustifié de penser que la faiblesse corporelle et psychique des individus, nécessitant une technologie médicale de réparation des corps et une ingénierie de remise aux normes psychiques toujours en expansion, puisse en grande partie découler de ce processus de déliaison. L’utopie de l’émancipation débouche sur un être, parfois plein de savoirs abstraits, le plus souvent déboussolé, triste et malade.

Or, le substitut rationnel aux liens, le contrat social construit sur la seule volonté, ne pouvait faire sens dans la durée qu’à la condition que l’émancipation ne cesse de rendre l’Homme plus libre et conscient, plus engagé volontairement dans son actualisation. Sorti du corps des hommes et placé devant eux, donc fragilisé par ce processus d’extériorisation, le contrat nécessitait que les hommes ne cessent de toujours se mieux porter pour le nourrir. Nous voyons ce qu’il en est advenu.

Le projet politique démocratique né sur le socle de la rationalité s’est fracassé sur la faiblesse de l’Homme, mais aussi sur le manque de vigueur du lien qu’il proposait. Par la force des choses, ou plutôt par leur faiblesse, le personnel politique issu essentiellement des classes bourgeoises, plus désemparé qu’adepte du complot, a intégré de manière inconsciente l’échec du projet émancipateur dans sa dimension politique. Ce personnel politique a alors été conduit pour conserver sa légitimité à intensifier ses connexions avec les sphères d’activités économiques, toujours porteuses du projet rationnel sur le plan des réalisations matérielles justifiables par la mesure quantitative, ainsi que de l’idée de progrès.

L’abandon du projet politique émancipateur initial et le transfert de sa part de l’utopie rationnelle vers l’activité économique ne sont pas sans conséquences.

D’abord, il induit une dégradation évidente de la rationalité du fait de la disparition de l’un de ses principaux objectifs, et de fait, de l’un de ses acteurs héroïques, l’Homme en tant qu’horizon des hommes. N’étant plus acteur mais ne pouvant disparaître totalement l’Homme s’est momifié et a été satellisé à distance du monde de l’action ; de la position d’acteur de l’histoire, il est devenu outil publicitaire et juridique, mobilisable à volonté par les autres agents du projet rationnel. Les Droits de l’Homme, déconnectés du substrat vivant, représentent en effet une formidable ressource pour imposer tant les recherches scientifiques équivoques que l’ouverture des marchés ou la multiplication de structures politico-bureaucratiques.

Ensuite et surtout, du fait de l’effacement précédemment énoncé, cet abandon a provoqué un déséquilibre dans les rapports entre les autres groupes d’agents héroïques de la rationalité – les scientifiques, les politiques et les entrepreneurs – au profit de ces derniers. Le transfert de la part humaine de l’utopie rationnelle aux acteurs économiques a modifié les rapports de forces à leur profit et leur a donné toute latitude pour redéfinir le projet rationnel a partir de leurs propres objectifs. Et de fait, afin de survivre et ne pas être évacué de la scène rationnelle, le personnel politique a recomposé son discours en adoptant le discours et les objectifs des modernes entrepreneurs. La question de la légitimité populaire, difficilement contrôlable voir anti-rationnelle dans ses manifestations, se réglant par la professionnalisation de la fonction politique. Là encore, nulle trace de complot. Les protagonistes sont en fait moins acteurs que sujets maistriens subissant une dynamique de moins en moins contrôlée, mise en action dès la genèse du projet rationnel. Il est assez ironique de constater que la gauche gouvernementale française, travaillée par une sorte de remords moral inconscient réalise son « coming out » et déclare sa flamme au marché tardivement, au moment où ce dernier entre en crise terminale. Les derniers convertis sont souvent les plus virulents, leur hébétude aurait quelque chose de tragi-comique si l’heure n’était pas si grave.

Reste un acteur héroïque dont nous avons jusqu’à présent peu parlé pour une raison de clarté de discours. Sur ce point, nous tenons à préciser que le processus historique que nous décrivons n’est pas un processus divisible en phases bien ordonnées. Les forces dynamiques que la rationalité détermine se mêlent et se séparent, s’alignent les unes par rapport aux autres ou s’affrontent, mais toutes réunies poursuivent le même objectif final, la transparence ultime par déconstruction de toute réalité, ou dit autrement la fin de l’écoumène, notre monde habité. Mais revenons à nos derniers héros, les énonciateurs des tables de la Loi.

Le monde des scientifiques n’est pas homogène. Quelques uns sont d’éminents chercheurs, libres, capables d’intuitions fulgurantes, et perpétuant l’esprit d’aventure des origines du projet rationnel, ils se font rares. La plupart des scientifiques sont aujourd’hui de médiocres tâcherons dont les pratiques taylorisées visent à produire de « l’innovation » rapidement commercialisable. C’est actuellement chez les bidouilleurs de gènes que cette médiocrité est la plus frappante. S’ils diffèrent dans leurs pratiques, la quasi majorité d’entre eux a toujours veillé à dénoncer les interrogations sur le projet rationnel. Toute approche globale du réel non réductible et inassimilable par les techniques de laboratoire, toute validation culturelle de la prééminence du lien, les trouvent sur leur chemin, sujettes d’abord à leurs ricanements puis au passage à la moulinette de la déconstruction.

Les scientifiques ne sont finalement que très peu intervenus directement dans le jeux des acteurs rationnels tant que la promesse d’émancipation offrait aux hommes un horizon. L’échec de cette promesse a conduit quelqu’uns d’entre eux a sortir de leur silence aristocratique sur les affaires des hommes et à s’émouvoir. Mais trop peu nombreux à le faire, se tenant à distance des réalités mondaines et peu structurés contrairement aux politiques et aux entrepreneurs, leur parole manqua de puissance. Quoiqu’il en soit, le travail de déconstruction n’attendait pas, et finalement même réduit à l’état de fiction irréalisable, l’instrumentation politique de l’émancipation présentait l’avantage de désamorcer toute intervention populaire et irrationnelle dans la détermination des nouveaux champs de recherches. C’est bien connu, la science est en marche et rien ne doit ralentir son mouvement.

Les modifications de rapports de pouvoir au détriment des politiques et au profit des entrepreneurs évoquées précédemment ont indéniablement été perçues comme un potentiel d’opportunités par nombre de scientifiques. La capacité des entrepreneurs à mobiliser des moyens considérables, en mettant en œuvre des procédures de décision très courtes, et dans un premier temps sans imposer de conditionnalités excessives, contrairement aux politiques, s’est traduite dans le chef des hommes de science en la possibilité de pouvoir mener tous les travaux possibles et imaginables mais aussi celle de connaître enfin l’aisance matérielle. Mais comme pour les politiques, l’acceptation de cette sujétion ne pouvait pour les hommes de science, de manière automatique, ne pas se traduire par une dégradation de la qualité de leur pouvoir. De fait, ils abandonnaient une part de la colonialité de ce dernier aux entrepreneurs, qui ne tardèrent pas au regard de leurs objectifs s’inscrivant dans un temps court, et même de plus en plus court au regard des nécessités imposées par l’accélération des opérations des marchés, à réclamer des retours sur investissement sonnants et trébuchants. Assumant le leadership quant à la mise en œuvre du pouvoir rationnel, les entrepreneurs se doivent d’énoncer les fins et les modalités de son exercice. Si celles-ci permettent l’expression de ce qu’il y a de pire chez les hommes, et si ce pire, de la cupidité à l’insensibilité en passant par l’exercice multiforme de la violence, s’exprime particulièrement dans les intentions et les actes des entrepreneurs, cela tient en partie à la faiblesse de la qualité humaine de ces entrepreneurs, mais surtout au fait que rien ne vient contraindre l’exercice hégémonique de la colonialité du pouvoir qu’ils assument seuls à présent.

Pour revenir à l’énonciation des fins et des modalités de la rationalité par les entrepreneurs, nous en avons un parfait exemple dans l’actuel projet de réforme de la recherche française qui vise à faire de l’évaluation des retours sur investissements l’alpha et l’oméga de l’activité scientifique. Cela ne posera pas problème aux légions de tâcherons qui servent avec zèle Monsanto, Areva ou Véolia. Les quelques autres qui pensent, doivent saisir rétrospectivement la nature du piège qui les a capturés et qu’ils ont contribué à construire en toute liberté.

Mais ce problème ne leur appartient pas, car de fait, nous sommes aujourd’hui tous piégés, et il est certain que ce dans quoi l’écoumène est enchâssé, la planète, n’attendra pas longtemps avant de nous signifier le prix des conséquences de nos illusions. LE problème peut être discuté, mais discuter ne suffit pas pour qu’émerge une solution. Avant toute chose, LE problème ne relève pas de la discussion mais de la conversion. S’il nous apparaît évident que la perception et la compréhension du lien sont au cœur de cette conversion, il nous semble également évident que des paradigmes tels que le sang ou le religieux réactualisés ne sont porteurs d’aucune réponse répondant aux défis de ces temps apocalyptiques.

Par la force de l’esprit critique nos yeux se sont ouverts, sommes-nous en mesure de déterminer les voies de sa re-qualification afin de le rendre spirituel, c’est-à-dire de créer un nouveau rapport entre les hommes, mais aussi entre les hommes et le monde, afin de nous permettre de retrouver le pouvoir commun que nous avons perdu ?

Certes la maison brûle, et dès à présent, dans l’urgence, il faut lutter de toutes nos forces pour que l’incendie soit contenu avec les outils immédiatement mobilisables dont nous disposons. Mais il indéniable que ces outils ont participé à la construction du champ de ruines. S’obstiner à ne penser qu’à partir de ces seuls outils pour construire un monde plus juste, c’est agir comme Ubu le héros de Jarry, qui, se posant la question : « Mais comment ruiner aussi les ruines ?  » Répond : « Je n’y vois d’autres solutions que d’en faire de beaux édifices ordonnés par raison. »

Christophe Perrin
Montpellier, avril 2009

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109 réponses à “Pour une approche apocalyptique de la crise, par Christophe Perrin”

  1. Avatar de Didier
    Didier

    Wow,

    Monsieur Jorion, je vous prie de transmettre mes félicitations à Monsieur Perrin. C’est la première fois, que je vois une critique de la rationalité exprimant les limites de cette dernière. Elle me fait penser au idées de Gödel sur l’indécidabilité et l’incomplétude. C’est aussi la première fois, que je vois le lien entre la rationalité au sens cartésien du terme et la rationalité économique. J’accepte complètement son idée selon laquelle la rationalité économique a complètement phagocyté la rationalité, que je nomme cartésienne. Cette opération a complètement détruit le lien entre les hommes. Il ne reste plus que des rapports économiques rationnels. C’est un fait que des relations basées uniquement sur l’argent sont rationnelles. Ce qui est mort dans l’opération donne la crise actuelle, la pollution, le changement climatique, le gaspillage des ressources naturelles, la violence d’une guerre de tous contre tous et j’en oublie pas forcément des moindres. Le passage à la science est un peu plus délicat mais tient parfaitement la route. La rationalité m’est essentiellement déductive. Elle permet d’explorer tous les recoins d’un problème ou d’une question. Elle permet d’ordonner un tas énorme d’informations pour en donner un tout utilisable par un humain. Ce sont de très gros avantages. La rencontre avec autre chose et le lien qui s’établit ensuite sort de toute rationalité au sens précité. Ces rencontres et ces liens donnent les moyens de « sortir de la boïte » où nous sommes piégés. Monsieur Perrin a identifié et énoncé brillamment ce problème.
    Nous sommes piégés. Nous sommes piégés dans nos têtes et sommes incapables ou très difficilement capables de sortir de cette boîte. C’est pourquoi je crois Monsieur Perrin quand il déclare que nos politiques font ce qu’ils peuvent et qu’ils n’ont aucune mauvaise volonté. Ils doivent décider et le font avec les outils et les idées dont ils disposent. Le drame est que ces outils sont inadéquats. Rester au niveau économique est un aller simple au pire. Monsieur Johnson avec son coup d’état silencieux illustre cette limite, cet échec assuré.
    Je suis disposé à vous aider, Vous et Monsieur Perrin, dans cette bagarre. La maison brûle. Je suis brûlé, pas encore mort, donc n’attendez pas de miracles ou même de choses remarquables de ma part. Elles sont au-delà de mes moyens ou de mes forces. Mais sur ce coup là, sans espoir de faire la différence (ce n’est pas obligatoire), je suis avec vous.
    Transmettez mes félicitations à Monsieur Perrin.

  2. Avatar de Franck
    Franck

    @ Cristophe Perrin

     » S’il nous apparaît évident que la perception et la compréhension du lien sont au cœur de cette conversion, il nous semble également évident que des paradigmes tels que le sang ou le religieux réactualisés ne sont porteurs d’aucune réponse répondant aux défis de ces temps apocalyptiques. »

    Je ne sais pas, je m’interroge, il est vrai que beaucoup de personnes partagent vos propos c’est l’idée reçue.

    Vous savez le religieux n’a pas toujours était désolant, étudiez la vie des Saints et vous y découvrirez alors que la religion ce n’est pas toujours le sang, l’inquisition, benoit XVI, etc. enfin bref tout ce qui la fait si mal voir des hommes de nos jours…

    Si seulement la seule force de l’esprit critique pouvait mieux nous le faire comprendre, nos yeux seraient alors sans doute plus ouverts.

    1. Avatar de André
      André

      Le problème est que, dans la perspective de Christophe Perrin – dont il faut au minimum saluer la cohérence argumentative – le religieux s’est arrogé à différentes époques, de la même manière que les entrepreneurs contemporains s’arrogent celui de la rationalité, le monopole de la « spiritualité ». Et ce avec les piêtres résultats que l’on sait en termes de rôle des structures de pouvoir d’obédience religieuse dans le monde d’aujourd’hui.

      Quant au « sang », à quoi pensez-vous : la famille ? la caste ? l’ethnie ? la nation ? Au vu de ce à quoi ont donné lieu d’une part 400 ans de Modernité, d’autre part l’histoire du 19 ème et du 20 ème siècle européens mondialisés et mondialisateurs, on peut pour le moins comprendre le diagnostic à peu près sans appel de Christian Perrin sur cette question… A moins que les récentes évolutions socio-politiques dans la Bolivie du président Evo Moralès ne nous annoncent des voies inédites à ce sujet ?

  3. Avatar de Cécile
    Cécile

    « rationel, rationalité », éthymologie: ration ratio rat , ex: la rationalité du gros monsieur rouge dans le petit Prince, déf: rationel tout pour moi, rien pour les autres

  4. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    La rationalité est ici opposée au lien, mais ce n’est pas, il me semble, pour promouvoir le lien, c’est plutôt pour mettre en cause la rationalité. Le radical « ratio » est cité 43 fois…

    Je pourrais partager beaucoup des constats amers qui sont faits sur l’évolution de notre monde, et reconnaître avec l’auteur toutes les machines à broyer l’homme qui ont été récemment fabriquées. Mais cet auteur ne nous dit pas que ces machines sont perverses, idiotes ou mal conçues, il accuse les engrenages avec lesquels ces machines sont construites : la rationalité.

    La rationalité ne s’oppose pas au lien, mais à l’irrationalité. Rien de ce qui s’écrit sur ce blog n’est basé sur l’irrationnel, est-il besoin de le souligner? Et, -doit-on le dire?- c’est bien la raison qui est seule en mesure d’explorer ses propres limites. Le théorème de Gödel est un théorème de logique.

    Le principal élément de réponse doit être tiré de l’échec de la rationalité en tant que projet visant à émanciper l’homme tout en le conduisant en Eden grâce au Progrès. La rationalité dans ses dimensions anthropo-psycho-politique et scientifique a échoué.

    Ce texte exprime, avec plus de richesse et de pertinence que d’ordinaire, un mouvement de plus en plus vivace (à mon sens, hélas!) de remise en cause du projet des lumières, basé sur la constatation des errements actuels des techno-sciences, et de leur mise sous la tutelle du marché.

    Le constat est juste, mais je ne partage en aucun cas les conclusions. La science n’est pas la technique. Leur accouplement, inévitable de par le développement de la complexité des outils de recherche, doit rester ordonné : la science d’abord, la technique à son service et au service des hommes, sous le contrôle de la volonté, c’est à dire du politique.

    Dites que le politique doit revenir au centre de tout, et nous serons d’accord. Mettre en question la rationalité, c’est vraiment jeter le bébé avec l’eau du bain…

  5. Avatar de Didier
    Didier

    Monsieur Peltier,
    Je retire de votre texte l’impression que vous admettez à votre corps défendant les limites de la raison. Vous citez Gödel dans ce sens. Monsieur Perrin ne jette pas la raison. Son texte est rationnel. Il rejette l’usage exclusif de la raison, qui bloque, piège et empêche toute sortie du système actuel. Le projet des lumières est devenu, aujourd’hui, la rationalité économique. Son « succès » est patent. Ce succès s’oppose au lien. Ce succès vide le politique de tout sens, de toute valeur. Ma vision de l’action des politiques oscille entre l’horreur et la pitié. La maison brûle. Ils sont paralysés.
    Vous proposez de revenir au primat du politique. Pour que ce dernier marche, il est impératif d’avoir un lien entre nous. Je vous défie d’en énoncer un qui tienne la route et qui est rationnel dans le sens cartésien du terme. Vous serez obligé d’énoncer un axiome du genre « Je pense donc je suis ». Cet axiome devra inclure les relations humaines, le lien, la rencontre avec l’autre. Faites – le et vous stopperez ce que vous nommez « un mouvement de plus en plus vivace ». Accessoirement, vous nous donnerez la direction de la sortie de l’histoire, qui m’occupe ici.

  6. Avatar de Cécile
    Cécile

    « morphing » .., je suis celui qui est,.., être ou ne pas être: voilà la question,.., je pense donc je suis,.., quel est se je qui pense ?,.., je est un autre,.., je est un jeu d’atomes, enjeu et jeu des désirs qui sont en nous, hors de nous,..

    soit : l’ « éclatement joyeux des référenciels dans un nuage de particules »

    question : on s’éclate ou on s’éclate ?

  7. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Notre monde, notre société, est à sa manière idéologiquement profondément totalitaire. A la promesse d’un monde meilleur (déclaré inatteignable) a succédé celle d’un monde rassurant, après en avoir accentué et rendu permanent le caractère et la description anxiogènes. Pourvu de ses protecteurs. Sans s’interdire d’inquiétantes incursions répressives, dont nous avons conscience que le champ progresse et nous enserre, telle une promesse qui ne concerne que les autres, les déviants, et nous impose donc de rester dans le rang.

    Sans doute, avons-nous atteint un stade où la combinaison de ces deux enfermements, à la faveur de la crise actuelle, suscite de manière grandissante un rejet, une protestation, une révolte plus ou moins contenue, qui risque de n’aboutir qu’au perfectionnement et à l’affinement de leurs dispositifs, si ils ne parviennent pas à les desserrer.

    L’approche apocalyptique de la crise renvoie à l’apocalypse de son dénouement. Pas nécessairement au sens de la violence (de l’accouchement de l’histoire), mais de celui de la refondation, qui suppose de faire table rase (les paroles ne sont pas de moi). C’est là que les choses se compliquent. C’est quoi, un monde meilleur ? Comment pourrait-il fonctionner ?

    L’un des moteurs de la situation est l’affirmation du rejet, qui monte. Avec à l’opposé celle d’une exigence collective, vivre autrement, sachant pourquoi mais sans trop savoir comment. Suscitant la découverte un peu étonnée que le repli sur soi et son entourage, au nom des solutions individuelles seules possibles, n’était pas la seule option.

    Il est toujours dessiné en filigrane, dans une société donnée, les contours flous de celle qui peut lui succéder, sans que cela soit garanti. Les révéler est une œuvre collective, que personne ne commande et que personne, surtout pas, ne dirige. Reste à ce qu’elle trouve suffisamment de force pour balayer les obstacles qu’elle rencontre, afin de s’affirmer. Pour y parvenir, il ne faut pas seulement détruire (d’autres s’en chargent), mais bâtir. Les deux se font simultanément, c’est en cela que l’on parle alors de transitions. L’art de concevoir celles-ci étant un enfer pavé de bonnes intentions.

    Au jeu de l’apocalypse, rien n’est gagné, tout n’est pas nécessairement perdu. Où se trouve le petit bout de la raison, qu’il ne faudrait tout de même pas lâcher au prétexte d’effectuer une conversion ? Dans l’abandon de fausses rationalités qui sont autant des prisons, et ne cessent de dresser des obstacles au projet l’émancipation. Celui-ci est de l’ordre du désir inassouvi et réprimé, plus que du spirituel, enfoui et qu’il est possible de déterrer. Il y a malaise dans la civilisation, comme a dit le barbichu binoclard de Vienne, qui, lorsque l’on lui racontait des histoires, savait les interpréter.

  8. Avatar de Didier
    Didier

    Monsieur Leclerc,

    J’aime votre optimisme. J’aime votre foi dans l’idée, que le nouveau monde existe en filigrane. J’aime votre idée selon laquelle ce nouveau monde appraîtra et qu’il n’appartiendra à personne, c’est à dire à tous. J’aime aussi votre idée de garder la raison. C’est un outil magnifique, précieux.

    Cet outil a ses limites. Ici, du point de vue de la raison, nous devons réinventer les axiomes de base de nos relations entre nous. Cette opération n’est pas une déduction et je ne crois pas non plus que cela soit une inférence. La raison est battue. C’est ici que je donne beaucoup de valeur au mot conversion.

    Il est lourdement connoté religieusement. Il est chargé d’incertitudes cruelles. Je le dirais même apocalyptique. Le sens que vous donnez à ce mot est tout à fait remarquable et vrai. Si je peux aider à établir, révéler ou autre chose, ce monde qui arrive, je le ferai.

  9. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Didier

    Athée par construction, je m’en tiens à la raison, mais je vous accorde volontiers qu’elle n’est pas contradictoire avec l’imagination. Je suis un partisan farouche de l’intuition déductive. Dieu reconnaîtra les siens !

  10. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    @Didier
    Les limites de la raison, c’est implicite dans la raison elle-même, ce n’est nullement « à mon corps défendant » que je dois l’admettre…

    Le projet des lumières est devenu, aujourd’hui, la rationalité économique.

    Vous semblez tenir pour acquis que l’état actuel de l’économie, c’est le pur produit de la rationalité. Que non!!! L’état actuel de l’économie, c’est le produit de forces politiques agissantes, qui ont pu s’imposer par l’insuffisance de la compréhension rationnelle de ce qui était en cause. Et, à mon avis, ce n’est certainement pas en renonçant à la raison que l’on pourra contrebalancer ces forces tenaces!

    Votre propos conforte en fait, je vous demande d’y réfléchir, ce qui était appelé, il y a encore quelques mois, « la pensée unique » : Il n’y a pas d’alternative, ce monde est le seul rationnellement possible, c’est le produit de « lois de l’économie », etc… Si l’on admet cela, tout en rejetant viscéralement la société qui en résulte, en effet, il n’y a plus qu’à rejeter les prémisses implicites, donc le projet des lumières.

    Vous vous trompez de cible. Les « lois de l’économie » sont des lois écrites par les hommes, et elles relèvent du politique. Celles qu’on nous a vendues jusqu’à maintenant sont un tissu de perversités visant à conforter les intérêts de quelques uns, et nullement le résultat du triomphe de la rationalité.

  11. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    Ces échanges sains ( enfin ! ) mériteraient ,au moins , une réflexion de la part de quelques intellectuels intégres.
    Et, pour ma part , ignare (un peu moins depuis mes passages quotidiens sur le blog avec ses options sages,sereines et non « marchandisées » ) ,j’estime –soyons un peu déraisonnable (les « autres » en ayant perdu le sens même)–que ces écrits,à un moment crucial de la gigantesque mutation (si chère à J-Cl . Guillebaud) auraient largement leur place au patrimoine de l’UNESCO !
    Merci à Tous et la primeur à Paul Jorion ,à Leclerc et Tous ,aussi valeureux les uns que les autres.

  12. Avatar de Cécile
    Cécile

    à François Leclerc
    (fins de l’oeuvre et notion d’inachèvement,
    pour une histoire -sans histoires- , à jamais inachevée, toujours à naître

    « Eveiller « l’inachevé » plein de terreur
    Qui dort si mal en nous,
    De son mauvais sommeil. »
    (Valery, Cahiers,)

    «Lever des lièvres: voila comment pourrait se dire notre technique de progression. Mais non pas pour les « achever » : au contraire pour les laisser courir, pour qu’ils poursuivent leur course, pour qu’ils aillent se cacher ailleurs, et qu’il reste toujours quelque chose à chercher
    .
    Le choix d’une notion telle celle qui nous occupe, « l’inachèvement », implique une stratégie particulière : car il ne s’agit pas d’une notion simple, unique, fixée. Il s’agit bien plutôt d’une notion à bords flous, d’un concept qui traverse les champs.

    Fragment, disent les poètes. Forme ouverte. Que l’on ne s’étonne pas que les discours se croisent. Le sujet dicte la forme. L’objet incertain qu’est « l’inachevé » laisse un peu sur sa faim, car il est insatiable.

    Thème, si l’on veut, mais thème qui n’est pas seulement littéraire, qui permet de circuler entre les genres et les époques.
    Thème probablement inépuisable, qui touche, qui dépasse les catégories de l’esthétique étroitement entendue, pour faire se superposer symboles et histoire, technique et savoir, psychologie de la création et pragmatique de la réception, en tenant compte du parcours social qu’il y a dans le travail de l’artiste, et dans celui de l’œuvre.

    Pas question de penser que les choix esthétiques qui se montrent forcément dans ce cours ont fonction de préceptes.
    Pas de devise telle « N’achevez pas ! » : mais plutôt la suspension d’évidence qui doit mener à l’expérience de « l’inachèvement ».

    « Inachèvement et sens »
    « L’inachèvement » fais-t-il sens ?
    Pas un sens unique, pas une signification monologique,
    pas un universel qui traverserait l’histoire dans une orientation unique.
    « L’inachèvement » est lié très essentiellement à une structure anthropologique, et plus précisément au fait du travail, dans son rôle général mais plus encore dans ce travail singulier qu’est le processus créatif.

    Un sens ? »

    (extrait de cours, fac St Charles, Arts plastiques, Paris I )
    séminaire, atelier de synthèse,
    « Les fins de l’oeuvre » :

  13. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Les mondialistes au pouvoir ont bien agi avec rationalité.
    Il est rationnel (voire raisonnable) de s’approprier le bien d’autrui par la force.
    Aucun lien entre l’éthique et la raison.

    Par exemple il a été raisonnable (puisque çà a marché pour forcer la main des europhiles) de passer en force de l’écu à l’euro avant toute recherche de mise en harmonie des fiscalités européennes….

    De la même façon les DTS forceront probablement l’histoire de la constitution mondiale…
    L’euro était bien un « modèle » de préintégration.

    Complot?

  14. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    L’inachèvement est donné par construction, ou alors il faut s’impliquer dans « la fin de l’histoire », concept aussi intellectuellement redoutable que celui de la dimension de l’univers, mais à l’envers. Le sens de l’inachèvement n’interdit pas le commencement le travail.

  15. Avatar de Cécile
    Cécile

    à TARTAR
    « la raison du plus fort est toujours la meilleure  »
    soit que cela soit vrai
    mais cela n’empêche pas que cela n’est pas juste
    cf fable Lafontaine, Le loup et l’agneau

  16. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    @ Cecile
    Mais le plus fort est parfois bête.
    Il lui arrive de perdre à la fin.

    Mais
    Comme le dit François il n’y a pas de fin.

    Nous sommes mortels pour …justement ne pas voir qu’il n’y a pas de fin…

    Alors au boulot!

  17. Avatar de bernard
    bernard

    Tout à fait d’accord avec la néessité de revenir au politique.

    Celui qui, en l’élaborant, ne fait qu’interroger la légitimité de la loi.

    Or, c’est bien là où réside la perversité du système légal actuel, c’est que cette interrogation a pratiquement disparu, et c’est l’évolution de la loi qui devient perverse (je ne suis pas suffisamment naïf pour retenir les hypothèses de son « idiotie » ou de sa « mauvaise conception »), car, aux mains d’une minorité , elle réduit cette légitimité au maintien et au renforcement des « avantages comparatifs » qu’elle leur octroie.

    D’où d’ailleurs, la véritable raison de la crise de la presse écrite ou des télévisions généralistes ou informatives, les lecteurs étant de plus en plus nombreux à s’apercevoir que les débats politiques qu’elle autorise sont strictement limités au cadre « publicitaire » ou de « communication officielle », et donc perdent tout intérêt réel.

    Cette perversité repose sur deux piliers:

    -celui, fondamental, qui bafoue la rationalité politique: c’est l’imposture démocratique qui a masqué dans les pays occidentaux le concept du parti unique (inacceptable aux yeux des élites démocratiques, que nous sommes censés être devenus, et donc autorisés à donner des leçons au monde entier) par celui du « consensus bipartisan » (terme que j’emprunte à Howard ZINN) grâce à la (fausse) alternance démocratique qu’il autorise.

    -celui, purement technique, de l’ »avantage comparatif » fondamental, l’intérêt, pris au sens monétaire, qui instrumentalise les gens en exploitants (le créancier) et exploités (l’emprunteur) et supprime de facto l’aide désintéressée du champ économique, qu’elle soit individuelle ou exercée par les collectivités.

    La remise en question du second est, pour moi, obligatoire dans la résolution de la « crise » financière que nous vivons, et est une condition nécessaire à la réforme démocratique du premier pilier.

    Il ne semble pas, en France au moins, que l’on en prenne le chemin, au vu de la désignation des patrons comme boucs émissaires à la crise (comme s’il s’agissait d’une population homogène!), alors qu’apparemment personne ne s’intéresse au bénéficiaire de cet avantage comparatif, l’ACTIONNAIRE (personnage mal identifié, entre les vocabulaires sympathiques d’épargnant ou d’investisseur, ou au contraire repoussoir de spéculateur).

    Il est vrai que nous sommes tous des actionnaires potentiels, donc à priori du bon côté du manche…!

    Comme Rockfeller à qui on demandait à qui l’on demandait à quelle somme il estimerait raisonnable de limiter sa fortune: « juste un peu plus… »

  18. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    J’aime la démarche que propose Victor Frankl,( Psychothérapeute décédé en 1997) :
    Devant le vide existentiel constaté chez l’Homme , source de moult névroses,il préconise la recherche du Sens à la Vie pour chacun de ses « Patients »….
    Et comme nous sommes tous névrosés ….et en quête d’absolu (de l’Amour ) inatteignable….rejoignons nous,si possible, dans cette démarche ardue mais passionnante car universelle.

  19. Avatar de iGor milhit

    Ce n’est peut-être pas la rationalité qui est en cause, mais une certaine idée de la liberté. Tout ne saurait être possible, bien que le domaine des possibles dépasse et de loin mes capacités imaginatives. Une fois que j’abandonne des rêves illusoires, je découvre que des rêves plus lucides existent et sont pour le moins très enthousiasmants! Une fois que je, parce que dès que je me mets à penser pour les autres… la matraque du flic n’est pas loin.
    Avec moins on peut faire plus, avec plus on est souvent amené à faire moins. En deux pas la rationalité perd sa rationalité, et la liberté ne veut plus rien dire. C’est un très vieux lieu commun, mais il ne saurait y avoir de liberté sans un constat éclairé des contraintes, y compris les zones d’ombres. Et il me semble que les outils on les a. Mais le courage, ça c’est autre chose.
    Notre société délirante n’est pas très rationnelle, même si elle cherche à le faire croire. Trop souvent on veut rapprocher rationnel de légitime, une légitimité extérieure qui pourrait s’imposer, une sorte de dieu quoi. L’idée d’homo economicus est un effort de faire croire à la rationalité, et qui n’est pas rationnelle du tout.

  20. Avatar de Moi
    Moi

    Un paranoïaque utilise parfaitement la raison dans ses déductions et n’en est pas moins fou. C’est ainsi que je vois le monde de l’économie, des fous utilisant parfaitement la raison dans leurs déductions. Je ne pense pas que la raison soit ici à remettre en cause.

  21. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ Christophe Perrin,

    Ce que la crise révèle (apocalypse)? la faillite morale bien sûr. Et morale exclue progressivement du logiciel occidental via le dualisme cartésien corps-esprit permettant de repousser l’emprise du religieux ds l’élaboration des sciences. Sous quelle forme la réintroduire? J’expose les grandes lignes d’une piste non religieuse dans mon commentaire-réponse à Pierre-yves D le 8/04 à 11:04 sur le fil « L’ere des kolossal coups de pouce » du 6/02.

    Cette approche suppose une modification du concept de rationnalité: voir l’ouvrage de Jean-Claude Schotte « La raison éclatée » du fait que ce qui nous constitue comme humain tient, pathologies à l’appui pour montrer la pertinence de la séparation, en quatre raisonnalités distinctes autonomisables au plan théorique, faisant revoir même et au passage jusqu’au concept de Science.

    On ne peut donc plus invoquer LA RAISON d’être tétramorphe, ce qui du même coup brouille les possibilités de compréhension suivant celle sur laquelle chacun va prioriser son argumentation.

  22. Avatar de logique
    logique

    Perso, je n’ais absolument rien compris a l’article. Je ne comprends pas la relation entre apocalypse, crise et rationnalité économique. Mais je pense que Mrs Perrin a eu ses raison pour l’écrire.

    1) l’économie n’est pas rationel, la pensé n’est pas rationel, et la phillo non plus. Seul les mathématiques sont rationel au sens de la possibilité de déduire des solution sans avoir a les demontrer par l’experience(les axiome eayant deja été demontré)

    Donc ont peut peut être se demandé pourquoi l’économie nous a emmener vers cette irrationalité. Surement parce que la raison est empirique et que l’expérience a pris le pas sur la logique qui elle est rationel(sans mathématique).

    Donc nos banquiers avaient des raisons de refiler du credit a tout va, leur raison etant l’augmentation des gains. Si les décisions avait été rationel, c’est a dire que le poid des credit trouvait une contrepartie rationel d’avoir. Nous en serions pas là. Hors se n’est pas la rationalité qui est en cause mais bien l’empirisme de la raison. La raison se construit sur l’expérience et dans le cas des paris, l’expérience de prendre des risques irréaliste(irrationel).

    Pour conclure, je pense que ces la raisons humaines qui est en cause et non la rationnalite. Si la raison n’est pas rationel, elle ne peut être logique, mathématique et déductrice. Hors c’es bien a cette perte de rationalité que le système économique est confronté. La raison a pris le dessus sur la rationalité. Et vue qu’il nous ont refait la même chose qu’en 29, je pense qu’il ont a la fois perdu la raison et la rationalité. Car la raison etant empirique il aurait pu au moins se repeller de l’expérience passé. Hors même cale il n’en ont pas été capable. Mais c’est là qu’il faut se poser la bonne question n’avait il pas leur raison personnel d’en arriver jusque là,sachant qu’empiriquement il ne pouvait pas ne pas savoir vers ou cela les ménneraient.

    Donc c’est le manque de rationalité qui est en cause et non la rationalité.

  23. Avatar de Auguste
    Auguste

    à François Leclerc [10:09]

    je m’en tiens à la raison, mais je vous accorde volontiers qu’elle n’est pas contradictoire avec l’imagination. Je suis un partisan farouche de l’intuition déductive. Dieu (…)

    De mon point de vue, vous n’arriverez pas à grand chose avec cette croyance.
    Quatre+1 formes d’imagination sont contradictoires avec la raison, qui, elle,
    en a quatre autres … formes … très différentes.
    à Yves de Bressy @ Sainte-Adresse, normand [10:19]
    LeHavre, StWandrille, Jumièges, Rouen, … vous connaissez
    La Place du Vieux Marché …
    Le procès « rationnel » qui dura du 21 février au 23 mai 1431
    Reference: wikipedia
    Jeanne d’Arc (une bâtarde de noble ?) n’échappa pas
    au natiofurtif de l’époque : l’évêque de Beauvais, Mgr Cauchon
    wikipedia
    un « FranceCulture de l’époque » au service d’un plus haut-gradé dans l’Ordre offshore
    le cardinal de Winchester …
    … un topBankster anglo-saxon de l’époque ?

    Pour la CDC, LeClownBlanc prendra plaisir à grimper la falaise de Ste Adresse,
    … admirer le port initié par François 1er …
    … etendu en son temps par Henry Deschesnes
    son fils Jean, pensionnaire à Rouen, était mon cothurne en 1963-64

    à Jean Louis Bars @ <…ville ? (ou « mini-région »)….>
    Un piste parmi d’autres :
    Je réinvente ma vie de Jeffrey E. Young, psychothérapeute à New-York.
    Ed. de l’Homme isbn 2-7619-1798-7

  24. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Auguste

    Précisément, ce n’est pas une croyance, tout juste une planche de salut… Le doute plutôt que la foi, vous voyez ?

  25. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    Le monde a t-il beaucoup changé ?

    Liens de parenté

    entre Guillaume d’Estouville, qui devint cardinal de Winchester
    … et les Plantagenêts.

    Edition électronique réalisée à partir du texte de Jules Michelet, Oeuvres complètes de J. Michelet.
    Histoire Moyen Age. Tome V. Paris: Ernest Flammarion, Éditeur, 1893, 421 pages.
    Bibliothèque Nationale de France. M. Jean-Marc Simonet, professeur retraité de l’enseignement, Université de Paris XI-Orsay.

    Chapitre IV. Le cardinal de Winchester. – Procès et mort de Jeanne d’Arc (1429-1431)

    Querelles et faiblesse de Bedford et de Glocester ;
    règne du cardinal évêque de Winchester, qui amène une armée à Paris
    La Pucelle échoue devant Paris
    1430 (23 mai.) Elle est prise devant Compiègne, et remise aux Bourguignons ;
    situation politique du duc de Bourgogne ; mœurs de sa cour ; (10 janvier) institution de la Toison d’or
    Winchester fait réclamer la Pucelle par l’inquisition, par l’Université et par l’évêque de Beauvais
    (Déc.) Il amène Henri VI à Paris
    1431. (Janvier) et fait commencer le procès de la Pucelle à Rouen
    (21 fév-mars.) Interrogations préalables
    Résistance de la Pucelle à l’autorité ecclésiastique
    Illégalités, violences ; consultations des légistes, de l’Université, des évêques, du chapitre de Rouen
    (Avril.) Épreuves et tentations de la Pucelle pendant la Semaine Sainte
    Elle tombe malade ; elle est admonestée, prêchée ; (2 mai) elle signe une rétractation
    Fureur et brutalité des Anglais
    (30 mai.) Elle est condamnée ; sa dernière tentation ; sa mort
    La Pucelle finit le moyen âge et commence « l’age moderne

    LIVRE XI

    Chapitre Ier. Henri VI et Charles VII.
    Discordes de l’Angleterre, réconciliation des princes français. – État de la France (1431-1440)

    Winchester fait sacrer le jeune Henri VI à Paris et à Londres
    Querelles des Anglais entre eux, de Winchester et de Glocester
    Querelles des Anglais et du duc de Bourgogne
    Réconciliation du duc de Bourgogne et de René d’Anjou
    1435. – du duc de Bourgogne et de Charles VII ; traité d’Arras
    1436. Les Anglais quittent Paris
    État de la France
    1438. L’Église ; Pragmatique de Bourges
    La noblesse devenue anti-chevaleresque, anti-religieuse ; mœurs atroces

  26. Avatar de johannes finckh

    @tous!
    Non, notre monnaie traditionnelle n’est pas une construction rationnelle!
    Elle est objet d’échange ET réserve de valeur à la fois!
    Et ces deux fonctions ne sont pas rationnellement compatibles!
    Par conséquent, c’est l’une ou l’autre qui s’impose en excluant l’autre.
    Actuellement, c’est la fonction réserve de valeur » qui s’impose et qui retire à la monnaie son efficacité – rationnelle!- dans les échanges.
    Comme disent DSK et Obama, le système est gelé, les milliards injectés en haut restent bloqués (irrationnellement?) dans les circuits financiers dans une position d’attente, d’où la crise économique profonde et insoluble avec les techniques mises en oeuvre!
    Construisons une monnaie rationnelle, uniqement échangeante en excluant de la monnaie la fonction « réserve d valeur », et l’économie repartira tranquillement!
    Cette monnaie anticrise s’appelle: monnaie fondante inventée par Silvio Gesell.
    Cette évolution est le prix à payer pour fonder l’économie « en raison ».
    Cela n’empêchera pas les hommes d’être hommes, cela n’empêche pas que certains trichent, pillent, s’approprient par la force les choses, mais cela empêchera que les biens « mal » acquis se transforment, en plus, en rente capitaliste qui est, totalement irrationnelle et fonctionne selon une logique folle, cancéreuse, de la croissance exponentielle!
    La monnie fondante es naturellement redistributive!

  27. Avatar de Ybabel
    Ybabel

    1492 oui, c’est bien la date à retenir. On pourrait aussi retenir celle de Guttemberg, qui en l’occurrence, colle mieux au sujet de la rationalité, mais 1492, est plus adapté, j’explique pourquoi juste après.

    Par contre, les fondements même de ce discours posent problème dans la mesure ou l’outil utilisé pour dénoncer le rationnel et justement un discours rationnel, construit, logique ! lol

    Ce très beau texte résume à lui seul l’impasse dans laquelle nous sommes (je dirais plutôt nous voulons rester). La vraie question est : par quoi allons remplacer, ou plutôt avec quoi allons nous équilibrer notre rationalité ?

    Une réponse possible : la pensée magique des indiens d’amériques. Et la boucle est bouclée puisque 1492 est aussi la date de la quasi-disparition de cette pensée.
    Il y a d’autres solutions envisageables. La conscience de l’homme est vaste, il y a de la place pour d’autres « pensées ». La logique n’est pas forcément le seul moteur de la décision, et donc par conséquence de l’action. Elle ne l’a jamais été, et ne le sera jamais, mais il est vrai que l’hégémonie de la logique touche aujourd’hui à ses limites.
    A ce propos, on pourrait identifier la première dérive comme étant l’astrologie, qui se veut, quelque part, un succédané « logique » de la pensée magique.

  28. Avatar de logique
    logique

    Moi je ne voie pas de différence entre doute et foi, car souvent l’un est l’autre sont irrationel puisqu’il sont régit par la raison et la confiance que l’on mais en celle ci. Douter implique que notre raisonnement rationel fait defult, avoir la foi c’est pareil. Il n’y a aucune rationalité dans le doute et la foi. La foi implique une croyance et doute c’est pareil ont croit que l’on est pas sur. Croire ne peut pas être rationel.

  29. Avatar de johannes finckh

    ne désespérons pas de la raison!

  30. Avatar de Auguste
    Auguste

    à François Leclerc @ <…ville ? (ou “mini-région”)… > [12:06]

    Non-Non

    la foi dogmatique est trop souvent du côté de la Raison, des « If (…) Then (…)
    du côté des -ismses et des milllies de fausses sciences ecclésiastiques (Université, ENA, ScPo, EHESS, Mauss, etc.)
    matérialisme historique, neoliberalisme, sociologie, anticapitalisme, liberalisme, anthropologie, mondialisme, capitalisme, economie politique, sciences poliques, etc.
    le doute n’est-il pas — plus souvent —
    du côté de quelques ethico-affectifs : romanciers, poètes,
    défenseurs d’une cause (à probabilité de succès voisine de zéro : 0.01)

    Bien sûr aucune généralisation n’est possible.
    Il n’existe pas plus de « lois de l’Histoire » que de « lois de l’Economie » ou de « lois des dynamiques cérébrales »
    … dès que l’on quitte la pure physiologie élémentaire, pas trop mal démontrée … provisoirement.

  31. Avatar de Auguste
    Auguste

    Pour être mieux compris, ma formation de base est
    Bac 1ere partie T, « Technique », puis Math Sup, Math Spe et Ingénieur de l’Aeronautique et de l’Espace
    avec conscience et savoir-faire absolument nul en … rhetorique … langue-de-bois Coppé, diversion Artus, manipulation permanente Brice Couturier, etc.

  32. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Auguste

    Osons paraphraser Descartes, « je doute, donc je suis ». Les lois sont bien souvent des constructions idéologiques et les « ismes » des papiers tue-moûches, certes, mais il reste quelques point d’appui… et le raisonnement, dans la variété de ses méthodes et de ses références.

  33. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    @Auguste
    Bien dit. J’agrée. Néanmoins, entre doute et raison, il y a comme une sorte de complicité fondatrice…

  34. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    Le texte de Christophe Perrin [ @ Montpellier] est très bien
    Je le mets de côté pour reagir mieux qu’à chaud,
    notamment reagir au dernier paragraphe.

  35. Avatar de Fab
    Fab

    Quel bel article ! Les causes qui poussent à envisager un plan D sont à l’honneur ! Pour ceux que « rationalité » gêne, ça marche aussi avec occupation ou voile (le). L’homme a joué au Monopoly en oubliant l’Homme, je ne vois pas bien ce qu’il y a d’apocalyptique là-dedans.

  36. Avatar de tigue
    tigue

    Youpiii, youppi !!!
    L’ est revenu le multiclown !
    Zétiez coincé dans un monde parallèle ou quoi ?
    Content de vous revoir.

  37. Avatar de Rumbo
    Rumbo

    Excusez! Fausse manœuvre ci-dessus, à effacer.

    Christophe Perrin

    et Marc Peltier
    9 avril 2009 à 9h22

    Normalement, le danger du rationalisme (bien noter ici le: isme) c’est, précisément la raison prenant la place de la rationalité. Nous baignons depuis l’ « ère » scientiste (ou du scient »isme ») dont l’apogée eut lieu plus ou moins autour de 1875 milieu de la deuxième moitié du XIXème siècle dans la religion non dite mais présente du rationnel. En réalité: la raison (humaine), la rationalité (s’accomplissant) et le rationalisme (entropie de la raison) ne sont pas encore assez rationnels.

    En matière financière et monétaire, si nous étions à ce point obsédés de rationalité, nous n’aurions jamais élaboré ce monstre anti rationel qu’est notre système financier. Ce dernier est bien plutôt le rejeton direct de notre cerveau reptilien qui a réussi à mettre à son service le néo-cortex et son « génie-ultra-moderne » au service de buts hyper anciens que sont: la compétition, la concurrence (la compétition entre mâles), pour la dominance et l’hégmonie, tout ceci en col blanc bien entendu pour la prison totalitaire jamais annoncée par le contrôle absolu de la monnaie.

    Je l’ai signalé plusieurs fois, mais cela ne m’étonne aucunement du peu d’écho vu notre attachement atavique et inconscient à la quasi seule logique de l’identité et du tiers excluCete logique-là n’est pas fausse du tout, et même indispensable, en particulier pour apprendre à vivre et en morale, mais elle ne suffit plus à la connaisance des phénomènes quels qu’ils soient.
    Pour avoir une idée de notre manque de rationalité, notre « raison » n’est pas encore assez rationnelle, le mieux c’est d’aborder un épistémoloque comme Stéphane Lupasco (tapez son nom sur un moteur de recherche et vous aurez des indications). La terreur que suscite en nous le fait qu’un objet puisse, à la fois être – a – et – non-a – nous aurait conduit à rejeter un principe pourtant fondamental: ceui du tiers inclu. Mais là n’est pas le sujet direct

    La plupart du temps, ce sont nos présupposés inconscients qui nous bloquent et nous égarent, quand on voit le système financier élaboré par des hyper-lucides à son sujet comme seul instrument pour s’enrichir contre des « ignorants » (qui s’ignorent) bloqués dans leurs réflexes…

  38. Avatar de logique
    logique

    « hégémonie de la logique ». je ne comprend pas non plus se que viens faire la logique la dedans. Qu’est que la logique sinon une suite de cause et d’effet. La logique n’est rien d’autre qu’une manière de formuler son raisonnement de l’organiser. La logique du prédateur est differente de la logique de la proie, pourtant les deux (proie est prédateurs) ont des raisons personnel d’appliquer telle ou telle statégie qui n’est que le résultat d’experience mainte fois répeté et qui se sont révéle efficace et sur (il n’y a pas de doute ni de foi).

    C’est quoi la raison ? sinon un contenaire a l’interieur du quel ont y met plusieurs outils (l’interet,la moral,l’ehtique,la logique, la connaissance). La raison étant tellement differente d’un être a un autre. Se basé sur elle demanderait que chacun soit doté des même outils, hors cela ne semble pas être possible ni souhaitable. A moins de créer un nouvelle outils susceptible d’améliorer la raison, et que cette outils soit cette fois partagé par l’anssemble des êtres. Hors il y a bien un outils commun a tout les être, c’est notre planète. Donc seul une raison planetaire pourrait faire évolué nos civilisations. Est cette raison, ne peut être que la protection de notre environement, c’est le seul interet que l’on aient en commun. La raison n’est valable que si elle est commune, tant que les interet des uns et des autres seront divergeant. Il n’y aura pas de possibilité de gestion rationelle, puisque la rationalité ne depends pas que des outils mais aussi des objectif et des raison que l’on a a faire ceci ou cela.

    Qu’elle raison avez vous, de melanger Apocalypse, crise économique, et rationalité. C’est ca la vrai question qu’elle sont les raisons de nos actes est comportements.

  39. Avatar de Auguste
    Auguste

    @ François Leclerc [12:43]
    Non-Non, j’insiste.
    Ici, nous sommes sur un « territoire cognitif » que Paul Jorion semble vouloir « tenir encadré » avec un minimum de 50% d’économie politique. En conséquence, nos cerveaux sont appelés :
    1/ à observer les « Jeux d’acteurs »
    2/ tenter de cerner les « vrais masques » et les « faux masques »

    En 1966-69, les Services-de-Renseignements s’appelaient DGSE et DST.
    Des membres de ces orgas était venus une fois avec un film d’espionnage en Noir & Blanc
    Je ne me sopviens plus du titre.
    Une superbe russe (une espionne) c’était fourrée dans le lit de l’ingénieur,
    marié, par ailleurs.
    Dans le scénario, l’ingénieur ne voulait pas que son épouse, sa femme officielle, soit au courant.
    Le responsable de la DGSE nous expliqua :

    Si cela vous arrive venez vous confier à nous. Votre épouse nous nous occuperons; nous saurons quoi lui dire ou ce que vous avez à lui dire (quelquechose de ce genre)

    Exemple : Trichet est-il un tricheur-menteur faisant encore systématiquement cadeau de 1.5% sans motif ?
    ou bien … est-il un vrai imbécile ? … ou bien un manipulé parce qu’une espionne russe (ou CIA) s’est fourrée dans son lit et qu’il ne veut pas que ça se sache ? … ou bien ? … Devez chercher ? faire des hypothèses et des calculs ? … … devez tenter votre petite devinette ? … votre theorie ?
    … n’est-ce pas plus ethique (non rationnel) ne s’en tenir à l’observation des faits ? … sans theorie, aucune

    Que valent les « If (…) … Then (…)  » dans tout cela ?
    Pas grand chose,
    pour ne pas dire Rien.

    @ Marc Peltier
    Les philosophes, souvent dogmatiques et hyper-tortueux avec leurs mots abstraits (vides de sens)
    allient doute et raison dans une sorte de complicité fondatrice

  40. Avatar de Fab
    Fab

    A quand la synthèse ?

  41. Avatar de Cécile
    Cécile

    à logique
    le doute, page blanche (il n’y a pas de fatalité, et il n’appartient pas au hommes de prédire l’avenir…)
    mais puisqu’il faut bien faire (le temps s’écrit de nos actes à la mesure du présent …)
    de là (possible) réflexion ( réfléchir avant d’agir – déjà essayer….)
    doute, vide-plein (mais l’anticipation est le devoir biologique des hommes, réfléchir, légiférer ? respect du contradictoire?, discuter et disputer? identités des contraires????)

  42. Avatar de blackhole
    blackhole

    @Fab 13.11
    L’Homme poussé par son avidité sans fin pour le profit a trouvé raisonnable de définir le bonheur humain par la croissance économique et le PIB par habitant.

  43. Avatar de Fab
    Fab

    @ blackhole,

    C’est la synthèse du présent billet. A quand la synthèse avec la thèse (anti ?) de Paul Jorion ?

  44. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    @ logique &lt: …. ville (ou mini-région) … >

    Pour y voir plus clair:
    Q1: Etes-vous sûr que vous ne devriez pas séparer [E] les territoires cognitifs EiEx où se trouveraient notamment l’éthique, la morale et les « connaissances pertinentes » sur les sujets des « fausses sciences » (cf. supra Auguste 12:37), d’une part, et [M] les territoires cognitifs MiMx où se trouveraient notamment
    (1) le rationnel « Si (…) Alors (…) » – la logique, (2) une part des intérêts pour l’argent, (3) la prédation maladive.

    Pourquoi en M.(2) ai-je écrit « une part » dans  » (2) une part des intérêts pour l’argent » ?

    Place Vendôme, face au Ministère de la Justice,
    se trouve, au 1er étage, la salle des marchés JP Morgan, grossiste-en-argent en relation avec les topBanques, Fonds souverains et transnationales du CAC40. Dans la coulisse, vous pouvez un bon ingénieur mathématicien, permament ou de passage, c.a.d. une personne réputée logique … au moins pendant certains moments de la journée
    quand il compose unbe martingale

    Mais le reste, … le coeur du business …
    [Je parle de la « salle-des-marchés » — pas davantage — comprenons-nous bien ]

    pensez-vous qu’il y ait brin de Raison là-dedans ?
    Nenni !
    C’est de l’irrationnel à l’état pur … comme on parle d’or ou de gaminerie à l’état pur
    … Je prends ! … non. Je donne ! … Je donne ! … je donne ! …
    puiiiiiiiiiiiiiiiiiis ! …. Aaaaaaaaaaaaaaaaahhhh! … j e   p r e n d r a i iiiii
    … un MAX … (profit max ou bouillon max)
    gaminerie à l’état pur ?
    … il s’agit de trouver plus idiot que soit.

  45. Avatar de logique
    logique

    L’observation des faits, méthodologie empirique est un fondement de la rationalité. Par contre expliqué rationellement une succetion de fait implique de mettre en place des outils d’analyse. Et ces outils d’analyse ne peuvent qu’être rationel pour que l’on puisse y comprendre quelques choses. Hors la finance est devenu irrationel parce que la raison de ceux qui le controle as comme objectif l’enrichissement personnel des acteurs de la finances. Si elle était rationel il y aurait un équilibre entre la quantité de crédit est la quantité des avoirs réel est echangeable. Hors comme se n’est pas la cas la finance n’est pas rationel. Et c’est bien là que le bas blesse. C’est bien un manque de rationalité qui nous a mené la ou nous en sommes.

  46. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    Alain Rey, dans son « Dictionnaire culturel EN langue française », distingue 17 acceptions différentes au mot raison, regroupés en 4 chapitres dont certains comportent 7 déclinaisons!

    J’en extrait l’introduction de la discussion :  » On peut considérer que l’évolution des usages du terme ratio, de raison ou de ses équivalents, constitue un bon indicateur des tendances pour une culture ».

    Ca raisonne… pardon, ça résonne!

  47. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Augute

    Je persiste, excusez-moi. Pas de raisonnement sans rapport à la réalité, dans les domaines qui nous occupent ! Connaître les dessous de l’histoire (ou de l’espionne) permet de mieux la comprendre, car elle souvent travestie. Mais tout résumer à la découverte de ce qui est d’autant plus important qu’il est dissimulé, risque d’obscurcir la vision d’ensemble en ne permettant pas de lier entre eux les phénomènes, de comprendre les mécanismes. D’où le fameux « sur les cîmes, il n’y a pas foule! » de De Gaulle, pour vous qui affectionnez les rappels historiques.

  48. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Marc Peltier
    l’entendement humain est-il ?

  49. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Le doute est inclus dans la logique.
    Les ensembles logique A et logique non A sont sécants dans la portion doute A/nonA.

    La raison n’exclut pas le doute.
    Ce qui exclut le doute c’est l’action.

  50. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    @ François Leclerc [13:41]
    Pensez-vous sérieusement que vous allez me faire bouger de 2 mm dans mes « croyances absolues »
    … bien ancrées sur leurs nouveaux rails flexibles ?
    … d’un millimètre ? … pourquoi pas … sait-on jamais ?

    Alors, poursuivons
    (mais je n’ai pas déjeuné; et il faut que j’aille chercher le pain)
    Regardez ce site ! … bien plus d’avatars que de personnes nommées avec un faux ou vrai patronyme !
    Je me fous pas mal de ce qui est dissimulé !
    Au contraire, je dis toujours de revenir à ce qui est simplement observable, sans effort.
    J’établis des liens entre des faits (voire parfois des arguments)
    Je n’établis pas de liens entre des « phénomènes » (c’est votre mot)
    Qu’est-ce que la réalité ?
    Pour rester dans la « réalité avec autrui » ne faut-il pas occulter ?
    Ne peut-il y avoir davantage de vérité dans la fiction ?
    Est-ce le raisonnement qui fait la qualité d’un bon roman ?
    ou d’une recomposition historique. Exemple: Le colonel Chabert
    Les « dessous de l’histoire » … en supposant que vous puissiez en saisir 5% … ne vous conduiraient à aucune théorie,
    à aucun mécanisme »
    Le mot mécanisme n’a aucun sens en « économie politique de synthèse »,
    Le mot mécanisme peut avoir un sens, en telle ou telle activité subalterne de l’économie analytique par secteur (code EAN/Pôle/métier_MiMx)
    Alors, vous vous placez à un niveau technique d’exécution
    un de ceux qui font gagner pas mal d’argent à beaucoup de « netSlaves avec CDD »
    (cf. annonces des chasseurs-de-têtes pour remplir les cases des organigrammes-pyramides des banques).

    Tiens, à propos, M. Daniel Bouton a quitté son poste au sommet de la Société Générale,
    mais il a conservé son rôle de parrain dans nombre de filiales exotiques : île Maurice
    Coincidence à propos de l’île Maurice.
    Ecoutez ce qu’en disait M. Renaud Van Ruymbeke Premier juge d’instruction au pôle financier de Paris
    le lundi 6 avril entre 11h et 12 h sur France Culture

    france-culture2/emissions/economie
    … ça bouge un peu.

    Téléchargez
    radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_10081.xml

  51. Avatar de tigue
    tigue

    @ Clown
    MiMx est une sorte de masse dans le plan complexe ? Une probabilité ?
    J’ ai fait une sup dans le même lycée que vous mais bien plus tard
    Un bac C dans cet autre lycée (le meme que vous, a la campagne). Notre prof de physique nous collait des notes pourries à la moindre erreur de notation algébrique…
    Je n’ai pas appris cette modelisation que vous utilisez non-stop. En aviez vous l’ intuition a cette époque là ? Est ce arrivé après ?

  52. Avatar de logique
    logique

    Non, ont peut passer a l’action, sans être sur que le résultat sera atteint. Donc le doute n’excus pas l’action. L’action presupose seulement d’avoir vaincu le doute dans un premier temps mais ne l’exclus pas.

    Pas de raisonement sans rapport avec la réalité. Excusez moi du peut mais rien n’empeche de raisonner sur dieux bien qu’il n’y ait aucune preuve de sa réalité.

    La raison n’est que notre capacité a concevoir, réfléchir, imaginer et faire. La raison commande l’action. Mais l’action peut être déraisonnable et la raison de faire telle action peut être idéologique et lucrative, donc dénué de logique,de rationalite et de réalité.

    Non le doute n’est pas inclus dans la logique. Mais ont peut douter de sa logique, c’est pas du tout pareil. Se n’est pas la logique en elle même qui provoque le doute mais la raison qui a develloper la logique. Si la raison a develloper une logique par example mathématique disant que 2+3 =5 il n’y aura pas de doute sur le resultat. Si la raison pas develloper de logique methodologie mathématiques ont peut douter du résultat. Le Doute n’est pas inclus dans la logique, mais la logique peut être douteuse.

  53. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Ah oui, vraiment, merci.
    Merçi à PJ d’ouvrir nos cellules grises, et son blog à tous ceux qui prennent la peine de vouloir nous rendre cultivés à force d’intelligence.

    Et voilà qu’en quelques mois à force de se cogner la tête aux murs de la crise, nous sommes passés de l’économique au philosophique.

    La philosophie, ses modes et son histoire…

    Mais encore faut il savoir : l’histoire telle que nous la racontons est une chose, l’histoire telle que vécue en est une autre.
    La première raconte ce qui est devenu historique, la seconde est vécue dans l’ignorance de ce qui deviendra historique.
    Les regards sur le temps présent embrassent un monde où les réputations du jour n’ont pas encore été soumises à l’épreuve de l’absence, et surtout ils le voient sous une lumière laissant dans l’obscurité la plus noire les faits qui seront les points les mieux
    éclairés dans la vision rétrospective de ce même temps métamorphosé en passé.

    Qui donc pouvait, le 10 novembre 1619, deviner ce qui ce passait dans un coin d’Allemagne, aujourd’hui encore mal identifié
    où, »enfermé seul dans son poêle », un jeune militaire nommé Descartes méditait sur l’avenir de la science.

    Depuis, nous avons appris qu’une théorie philosophique, à l’instar d’une couverture, ne vaut que jusqu’à ce qu’un autre philosophe ait trouvé le fil par lequel l’ensemble pourra être détricoté.

  54. Avatar de pierre Crépeau
    pierre Crépeau

    Je tiens à porter votre attention sur la pauvreté de nos bibliothèques universitaires en ouvrages sur la cybernétique, cette science, née dans les années 50, de l’étude des systèmes et de leurs liens de communications, et par là même cette science de la manipulation de l’information, de toutes les informations, sans jugement de valeurs ou d’éthique, et ce qui en découle, la manipulation des comportements du matériel humains.
    Nous pouvons aujourd’hui en mesurer les effets désastreux même chez nos meilleurs amis. La prochaine guerre devait être une guerre de l’information, Dwight David Eisenhower nous à prévenu en 1961… Kennédy fut le dernier à tenter de le faire…
    La gestion des ressources humaines en entreprise, la stratégie militaire moderne,
    ou le simple fait que vous est moi soyons à cet instant derrière notre clavier sur internet, pour ne citer que ces exemples, ne sont que des outils, ou des protocoles d’expérience au service de cette science méconnue de trop d’intellectuels, parce que presque absentes des cursus universitaires pour profanes.
    N’oublions jamais que la hiérarchie actuelle est toujours l’anciennes, amis sans-culottes du » monde en paix » : Noblesse, clergé, tiers-états, et toujours dans l’ordre, le sabre, le goupillon, le bourgeois banquier et la sueur prolétaire, les armées, les églises spirituelles et scientifiques, et nous, les besogneux incultes et spéculateurs,.
    A l’occident chrétien, rien de nouveau. Le triangle hiérarchique du billet de 1 dollar
    mène le bal. Notre univers rond et féminin doit fusionner dans leur système carré et masculin. On ne fait pas d’homme-let sans casser des oeufs… Game-ovére-merci-maguy!
    Ils nous ont donné Matrix en pâture.
    Il faut qu’une génération d’élevage M6 pour refaire le monde de « la ferme des animaux » et de son berger Panurge.

  55. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ Moi,

    Intéressante votre remarque sur les paranoïaques, je suis 100% d’accord:

    -Ils sont logiques (rationnalité à l’intérieur même de notre faculté de langage, mais perdue en totalité ou partie par les aphasiques);
    -Ils sont capables de technologie au sens de faculté d’outil (autre rationnalité qui ne doit rien au langage, partiellement perdue chez les atechniques);
    -Ils sont capables de modérer leurs envies (autre rationnalité encore, patriellement perdue chez les psychopathes, en totalité chez les caractériels);

    sauf que des fois ds leur tête et par exemple, il ne savent plus si l’argument qu’ils entendent est celui de leur vis à vis ou celui de leurs propres déductions. C’est donc leur rationnalité sociale qui est ‘out’, leur faculté de poser un ‘autrui’.

    Soit quatre rationnalités isolables en théorie et comme le suggèrent les différentes pathologies de culture (qui n’affectent pas l’animal ) mais indiscernables chez les individus sains. Maintenir l’idée d’une seule Raison ou d’une seule forme de rationnalité empêche de faire progresser la réflexion sur le pb faisant l’objet principal de ce blog (la crise économique et les sorties de crise possibles) alors que d’évidence, elle prend sa source entre nos deux rationnalités ou nos deux facultés ethno-politique et éthico-morale!

  56. Avatar de Christophe Perrin

    D’abord un grand merci à Paul d’avoir fait une place à mes réflexions scandaleuses sur ce blog dont la vie est vraiment passionnante, et dont la qualité principale est peu être qu’on si sent un peu plus intelligent à cause des autres. Merci Paul pour ce lieu convivial certes virtuel, mais qui lie.

    Réflexions…intelligence… j’entends quelques ricanements. J’espère avoir l’occasion et le temps de préciser quelques points ultérieurement.

    très rapidement, la question n’est pas de faire table rase des apports irremplaçables que nous a donné la rationalité, mais de saisir que sa dégradation était incluse dans son germe. Pour nombre de nos contemporains, se prétendant scientifiques ou pas, elle ne relève plus que d’une forme de procédure mentale automatique, une forme de taylorisme de l’esprit qui se donne en plus comme sa propre finalité. l’exemple de la finance est sur ce point exemplaire. Il me semble que le travail commun qui s’élabore ici vise entre autre à remettre du sens et de l’ordre en réaffirmant les fins, et la sujétion des moyens rationnels à ces fins.

    Pour autant, je maintiens que la dégradation de la rationalité, l’inversion des moyens et des fins, n’est pas un accident de l’histoire qui aurait pu être évité, et que sans perdre de vue l’urgence dans laquelle nous sommes placés, qui fonde pour moi la nécessité du pragmatisme de Paul ou d’autres, il convient qu’individuellement et collectivement nous menions ce qui s’apparente à ce que les musulmans appelle L’ijtihâd , un nouvel examen critique des fondements pour sortir le bébé de l’eau sale du bain.

    Peut on lutter contre la séparation avec les armes de la séparation ? Si la vision mécaniste du monde est depuis des décennies invalidée par la science, elle continue à régner sur nos consciences. Le fait constatable qu’elle provoque des désordres et des dommages chaque jour plus amples, n’empêche pas que nous nourrissons l’espoir de trouver des solutions sans nous en écarter. Elle est ce que le physicien français Bernard d’Espagnat appelle  » notre ontologie instinctive « . Elle est le socle par lequel le marché, mais également nos actes, trouvent leur justification.

    Paradoxe : la science a depuis plusieurs décennies totalement invalidé ses premiers fondements rationnels. La physique moderne récuse définitivement l’idée de phénomène isolé. Pour le physicien Harold Morowitz, « toute chose vivante est une structure dissipative, c’est-à-dire qu’elle ne dure pas en soi, mais seulement en tant que résultat du flux continuel de l’énergie dans le système. De ce point de vue, la réalité des individus pose problème parce qu’ils n’existent pas en eux-mêmes, mais seulement comme des perturbations locales dans ce flux d’énergie universel ». Dans un langage simple, cela signifie que les notions d’interdépendance et de relation, sont consubstantielles à notre univers, à notre environnement ainsi qu’à nos vies. Alors qu’elle est première, nous avons considéré jusqu’à présent la relation comme accessoire, notamment dans nos modes d’organisation et par là-même dans nos modes d’action. Le terme de conversion que j’ai employé me semble parfaitement convenir dans le sens où il nous faut percevoir et penser contre nos certitudes. C’est en effet scandaleux.

  57. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    @ Christophe Perrin

    Je trouve cela plutôt rassurant. Merci de ce développement.

  58. Avatar de logique
    logique

    @Christophe Perrin,

    Merci pour, l’intervention. Donc si j’ais bien compris votre article ne cherchait qu’as dénoncer l’abus de rationalité dans la gestion de se monde, qu’il soit économique ou scientifique. Je ne peut pas vous en vouloir, car sur se point précis vous avez entièrement raison. Il est clair que la rationalité reste un excellent outils d’analyse, mais qu’il ne suffit pas d’être rationel. Comme vous le faite bien remarqué les manipulation génetique demande d’être rationel, mais se qui ne l’ait pas est comment se controle génetique ou financier peut il uniquement prétendrent que la demarche rationel et le nec plus ultra. Surtout lorsqu’elle n’est pas soumise a une réflexion morale et éthique et lorsqu’elle ne vise que des interet personnels. La rationalité du capitalisme et de s’accaparer l’argent, mais est se sufisant pour garantir le bon fonctionement de la société. Je comprends mieux là ou vous vouliez en venir.

    Lorsque que le rationel économique de l’interet personnel nui a l’interet commun. Est il possible de parler de rationalité ? Je pense que le terme exact serait de l’irresponsabilité de la rationalité.

  59. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    En tant que structures dissipatives nous sommes non séparés du milieu physique.
    En tant qu’humains nous sommes séparés par notre mental ratiocinant…et reliés par la parole.
    En tant que « travailleurs » nous sommes reliés de façon totalemenbt triviale par l’économie, la monnaie.

  60. Avatar de Michel MARTIN

    Le progrès plutôt que la rationalité.
    Êtes-vous certain que le socle de notre civilisation soit « la rationalité »?
    Je vais défendre l’idée que « le progrès », soit nettement plus fondateur du sens commun et qu’il soit en effet en crise: nous ne sommes plus certains que nos enfants auront une vie meilleure que la nôtre. Allons-nous trop loin avec la manipulation génétique? Autant de signes indiquant que le progrès est en cause. La rationalité joue le rôle d’alibi et d’amplificateur de l’efficacité du progrès sans prendre la vedette.
    La séparation de l’église et de l’état est la consécration du culte du progrès qui a réussi à pousser la religion à l’arrière plan. La laïcité est le compère du progrès, elle l’aide à se libérer du joug des anciennes dominations et conservatismes s’y opposant. La liberté est le troisième compère renforçant la position dominante du progrès.
    On ne change pas de socle social comme de chemise et la question est: quelle sera notre prochaine religion? Rénoverons nous le progrès ou est-ce le grand Manitou qui guidera nos pas?

  61. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Des décisions rationnelles « locales » aboutissent à une macroéconomie irrationnelle.

    Il est rationnel de fonctionner sur le principe subprime…si l’immobilier grimpe ad lib.
    Il était juste irrationnel de penser « ad lib »…

    Il est rationnel de dégraisser une boite dont la seule variable est la RH.
    Il est juste irrationnel de penser que le chômage peut augmenter sans tuer l’economie.

    Dans les 2 cas il eut fallu envisager le facteur temps .
    Mais çà…çà bloque…on est dans un monde rapide ..faire fortune vite..avant la concurrence.

  62. Avatar de Cécile
    Cécile

    et si -aussi-
    le marché (gaminerie à l’état pure) => infantile, -infantilisant-
    infantilisme = égocentrisme, exhibitionniste, protectionniste
    « les bonbons, (récompenses, …) valent mieux que la raison »

  63. Avatar de ghostdog
    ghostdog

    @Christophe Perrin,

    Votre critique de la pensée QUEER me met très mal à l’aise, d’abord parce que votre résumé me paraît simpliste, il évacue la dimension politique essentielle que constitue les remises en cause de la notion de sexe et de genre par exemple. Vous ne parlez par ailleurs absolument pas du fait qu’il s’agit de questionner des représentations. Je ne vois pas en quoi des femmes qui tentent de définir leur féminité en dehors de la simple altrérité au masculin remettent en cause les liens ou le relationnel.

    a part bien entendu si votre notre notion de relationnel ou de lien proscrit les rapports homosexuels, lesbiens ou transgenres…

    Merci de m’éclairez sur ce point précis…

  64. Avatar de John Smith
    John Smith

    Quote: « La plupart des scientifiques sont aujourd’hui de médiocres tâcherons » !??

    Mais qu’espérez-vous, que l’on redécouvre la structure de l’ADN chaque année ?
    Les scientifiques sont le fruit du système et celui-dit leurs dit de faire vite, efficace mais souvent superficiel, pas lentement et fondamental.

    Et parlant du lent et du fondamental, combien de vrai talents se sont perdus dans la théorie des cordes car « d’éminents scientifiques » leurs ont dictés que c’était la voie à suivre ?
    Lente la théorie des cordes certes, niveau fondamentaux doit par contre faire ses preuves …

    Quote: « Le sang ou le religieux réactualisés ne sont porteurs d’aucune réponse répondant aux défis de ces temps apocalyptiques » ??
    Mais qui êtes vous pour dicter à dame nature quelles doivent être les réponses ?? A vous lire nous en somme le « produit » le plus abouti mais nous ne sommes pas capable de nous extraire du système. J’ai l’impression que vous reformulez Türing. Si l’homme en arrive à se battre avec l’homme, le sang coulera and so be it. Qui est l’homme qui sait ce qui est bon pour l’homme ? Vous ? Ce genre d’homme est celui qui me fait le plus peur.

    Si dame nature ne sait plus se défendre de l’homme autrement que par l’homme alors elle le fera, je ne vois pas en quoi ce n’est pas une solution si c’est la sienne car à mes yeux, nous restons un produit de la terre qui qelques soient ses raisons aura toujours raison.
    Cela ne signifie pas raison de tous les hommes mais si pour comprendre et évoluer, il doit encore se battre et souffrir comme cela semble se profiler, ce ne sera pas drôle mais pas non plus l’apocalypse, je n’aperçois pas de chiens et de chats forniquants entre eux.
    On a déja eu droit au déluge de billets verts, il y’a un temps pour tout…

  65. Avatar de John Smith
    John Smith

    PS: A Michel Martin: Quel sera notre prochaine religion.
    L’actuelle est la consommation à tout prix mais le prix semble nous avoir rattraper.
    Un Français bien connu a parler de spiritualité…

  66. Avatar de Moi
    Moi

    @John Smith: Avec la consommation à tout prix, on est déjà dans la spiritualité. Celui qui sert Mammon n’est pas moins croyant que celui qui sert Dieu.

  67. Avatar de Zabovin68
    Zabovin68

    Chapeau bas! Un grand MERCI pour cette synthèse qui transcende l’essentiel de notre condition!

  68. Avatar de Jean Louis Bars
    Jean Louis Bars

    Dieu ,quelles envolées à cette intervention de Christophe Perrin…!
    Et quelles leçons,bien envoyées,tout en subtilité,finesse et sagesse.
    J’en conclue,provisoirement,mais trés optimiste quant aux retombées de ces analyses et points de vue,que l’à venir demeure possible..pour le meilleur et pour l’Humain.

    A Auguste,depuis Brest-même :
    merci pour la référence du livre de Young.

  69. Avatar de Ballistic
    Ballistic

    La croissance que nous avons connue ces dernières décennies n’était basée que sur une consommation et un endettement grandissants. Notre monde se résume à l’économie. On voit déjà dans les solutions de la crise apparaître certaines racines du mal. À en écouter certains, il faudrait comme se remettre à consommer à tout va et s’endetter davantage pour que la machine reparte alors que c’est justement de là que vient le problème. Quel modèle de croissance nous voulons, étant donné que notre rapport à l’économie, à l’environnement, etc. sont peut-être en train de changer. Si nous ne voulons pas nous faire imposer par Wall Street les mêmes recettes que nous avons connues et les mêmes chances de retomber dans des crises semblables (si nous sortons un jour de celle que nous vivons), pouvons-nous sortir du « tout économie » ?

    Chaque jour, dans les médias, on s’émoustille au moindre signe de hausse de la Bourse alors que dès le lendemain, on retombe dans le rouge et ainsi de suite. C’est quand même assez pathétique. Certains espèrent sans doute une relance au plus vite avant que l’on ai trop d’envie de réguler et de constater qu’il s’agit bien plus d’une crise systémique que d’une petite crisette de plus, comparable à celles des années 80 et 90, comme on aime à le dire ici au Canada, où je vis, de façon à ne pas trop inquiéter la population.

  70. Avatar de Alain Vézina
    Alain Vézina

    Je cite ce commentaire de Christian Perrin

    «De ce point de vue, la réalité des individus pose problème parce qu’ils n’existent pas en eux-mêmes, mais seulement comme des perturbations locales dans ce flux d’énergie universel”. Dans un langage simple, cela signifie que les notions d’interdépendance et de relation, sont consubstantielles à notre univers, à notre environnement ainsi qu’à nos vies. Alors qu’elle est première, nous avons considéré jusqu’à présent la relation comme accessoire, notamment dans nos modes d’organisation et par là-même dans nos modes d’action.»

    Je crois qu’il faudrait identifier au plus près ce qui nous a mobilisé contre le lien, la relation.
    Quelle est cette puissance qui nous a imposée cette croyance ?

    J’ai bien l’impression qu’il nous faut suivre le CRÉDIT, son histoire, ses modalités, les formes concrètes de l’engagement par l’endettement, l’effet de levier qui nous a isolé dans le couple travail/famille

    Si c’est le cas, peut-on imaginer un crédit reconstructeur de liens ?

    La rationalité économique s’est affectée à construire l’homme déliée en s’adressant à l’individu. C’est son excès.

    Le NOUS des communautés locales (ville, quartier) a été esquivé, surmonté, transpercé, désactivé, écartelé pour s’adresser directement aux individus et à leur famille.
    Probablement avait-il déjà été fort affaibli, surtout en Amérique du Nord, aux EU en particulier, dans l’articulation marchande des «petits» propriétaires, entrepreneurs d’eux-mêmes depuis l’origine.

    Ce faible NOUS local, il aura été pour partie importé par l’Europe pendant et après les guerres. C’est probablement trop en remettre sur l’Amérique.

    C’est un tel NOUS qu’il nous faut remettre en selle par une préférence au crédit à des collectifs et des collectivités.

    Remettre en selle le mutualisme démocratique de Jaurès, de Mauss, de Malon.

    On pourrait bâtir sur notre rationalité limitée, apprendre à la reconnaître aussi.

    C’était aussi Les Lumières le mutualisme.
    Mais comme le dit Philippe Chanial, l’associationnisme et le mutualisme sont des traditions vaincues….

    J’ajouterai, vaincue par le taylorisme, le fordisme, l’énorme puissance transformatrice des paysages des énergies fossiles bon marché, la motorisation à bon marché, le marxisme des forces productives, le keynésianisme, L’État social et le Crédit qui nous a ficelé un système d’engagement à tout ça.

    C’est davantage cela qui a été déterminant.

    Avec en bout de parcours des empreintes écologiques à la hauteur de cette déliaison, démesurée.

    Nous avons probablement été dramatiquement opportuniste, dans le sens animal du terme.

    De deux routes, nous avons pris ou avons été conduit à prendre la mauvaise au début du XXème siècle au plus tard.

    C’est ce sillon performatif qui a été creusé et qui ne tient plus.
    Le «logiciel» fordiste comme l’on résumé Lipietz, Mamère, Cochet et quelques autres, avec le crédit au centre, comme moteur de déliaison, où l’on est pris pour se battre que pour ses proches.
    Les liens forts dans la famille, on fait avec le travail car il conditionne tout, les liens faibles partout au-delà.

  71. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    @Ch. Perrin
    Merci d’être intervenu pour développer et préciser vos idées. J’allais vous le suggérer.
    Pour moi, ça va bien mieux dit comme ça, et je ne vois pas de scandale…

  72. Avatar de LeClownBlanc+Auguste
    LeClownBlanc+Auguste

    @ Tigue … normand ?
    actuellement à <…ville (ou micro-pays)…> [ 14:39 ]
    lycée à la campagne ?
    J’ai utilisé MiMx comme « repère-marqueur » de mes entrelacements relatifs aux types de Rationnels et aux formes de rationnalités.
    Selon vous le référentiel MiMx rendrait compte de champs de masses-energies
    corrélées à des formes dynamiques complexes,
    touchées par la Grâce de significations probabilistes ?    
    … … si vos cocons sensoriels (crédibles) vous l’ont suggéré … pourquoi pas … assez surement même … non ?
    des formes de « dysfonctionnements rationnels » (chaos frustré) étant proches
          [cf supra avatar
    Moi à 11:38 … paranos puis
    Eugène 15:12 ]
    à Tigue :
    que de richesses dans les flashbacks !
    Vous dites : « Une sup dans le même lycée (Corneille ?) … bien plus tard ? décennie 80 ?
    Vous dites : « Un bac C a la campagne ? … (un autre Fontenelle ? ailleurs ? )
    où le prof de physique descendait les notes à la moindre erreur de notation algébrique.

    L’intuition MiMx est postérieure à mes 50-55 ans.

    Autre regard sur la crise 26 janvier 7:19

    A ce stade, il m’est difficile de résumer en deux lignes :
    Recherches, autres travaux parallèles n’ayant rien à voir, modélisations-destructions X fois, dédogmatisations,
    reprises autrement par l’art, etc. dans les années 2004-2007 grosso modo
    déjouant le bric-à-brac incohérent.
    Parmi les sillons :  » Part d’Ordre + %Desordre d’un cosmos cognitif d’anticipation avec flashbacks « 

  73. Avatar de Alain Vézina
    Alain Vézina

    « Puisque toutes choses ont été faites, elles peuvent être défaites, à condition qu’on sache comment elles ont été faites. » Michel Foucault

  74. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    @ Tigue, Moi et Eugène
    Reference LeClownBlanc+Auguste 21:36

    ah! … plus de huit dynaTerritoires « élémentaires » (moyennes Ξ) MiMx,
    mais aussi deux autres dynaSphères très différentes, assez spéciales, niMi-niMx,
    dont l’une avec différentes formes de révolte, rébellion ou « rire » (façon Woody Allen, par exemple)
    sont à considérer … avec des ambivalences parfois déroutantes.
    Tout cela également «  »rationnel » » (ou «  »mental » ») … avec guillements doubles

    à Marc Peltier [13:38]
    Alain Rey en son “Dictionnaire culturel EN langue française” entre t-il dans ce genre de considérations ?

  75. Avatar de John Smith
    John Smith

    @moi
    La spiritualité n’est pas la religion. La pratique d’une religion peut sans aucun doute mener à une certaine forme de spiritualité je veux bien y croire. J’ai repris cette phrase de Malraux car je pense que l’homme changera profondément d’aspiration après la crise de cette société d’hyperconsommation qui l’a asservit comme jamais.

    Sinon pourqui me faire dire ce que je n’ai pas dis.
    La croyance est un autre mot.
    Chaque homme croit en quelque chose, que ce soit un dieu bon ou mauvais, ce qu’il voit, ce qu’il pense… Je crois en ce que j’écris la tout de suite et cela m’est suffisant. Je peux ne plus y croire demain.

    Les idéologues qui se disent non croyant font une erreur monumentale à mon sens, ils nourissent une croyance aveugle dans leurs intellects sans admettre que c’est une croyance.
    Je n’ai pas la prétention de savoir ce qu’est la vérité si il y en a une. Mais je crois au sens je nourris la croyance que dans disons 500 ans, la conscience des hommes (je ne sais pas comment l’appeler) ira bien au dela de la simple conscience de la relation de causalité.
    En un mot, je crois que l’homme d’aujourd’hui survalorise l’intellect qui est un outil certe très puissant mais reste un outil.
    La simple croyance est aussi un outil extrêmement puissant.

  76. Avatar de Alain Vézina
    Alain Vézina

    Il y avait un trait bon texte de Zygmunt Bauman dans Le Monde du 27 février dernier dont le titre est:

    «Nous sommes devenus les gestionnaires de nos propres jouissances». Bien sûr, il est maintenant indisponible
    (j’en ai copie numérique)

    Il donnait cette importance au crédit, en faisant référence aussi à Rosa Luxembourg, révolutionnaire du début du siècle.

    Que le système ait marché tout au long des Trente Glorieuses (1945-1975), c’est que l’on s’efforçait de le mettre en place avant et qu’il a persisté dans le post-fordisme, avec plus d’endettement et moins de salaire.

    Il est simplement devenu intenable socialement, mais il était déjà convenu que le XXème siècle serait une alliance autour de la productivité du capitalisme et contre la Nature.
    Formant une alliance tout à fait hégémonique durant les Trente Glorieuses, fragilisé depuis, mais continué néanmoins par plus de crédit.

    Il importe peu pour moi que le système ait marché socialement durant un temps.
    Il était dès l’origine contre la Nature et ne pouvait marcher durablement.
    Le capitalisme a bénéficié de l’opportunité non durable de l’usage du pétrole.
    Il faut le compter parmi les forces productives.
    Avec la motorisation, il a été sans doute été le vecteur premier de la réussite de l’alliance sociale contre la Nature.
    Les prix de tous produits seraient bas, encore plus bas.
    Un foison d’effets-rebond avec circulation marchande de la Nature.

    Ce qu’il y a à défaire (citation de Foucault) nous fait remonter au début du XXème siècle et s’est durci après la révolution Russe aussi, dans l’opposition industrialiste des 2 blocs.

    Nous n’avons pas manqué d’énergie pour transformer le monde, nous en avons eu trop, d’où l’ère de l’Anthropocène dans laquelle nous vivons.
    Nous en avons encore trop, et probablement risquons nous toujours de pouvoir en produire trop.
    L’apocalypse du pétrole est liée à l’existence des infrastructures du trop d’énergie pas chère.
    Cela caractérise ces infrastructures.
    Trop parce que les surfaces terrestres et certaines ressources sont limitées.
    Les stocks reproductibles ne peuvent circuler plus vite que leur temps de reproduction.
    Trop aussi, parce que certaines surfaces (combien ?) doivent demeurer aux services de la Nature, pour elle seule.
    Nous en bénéficions indirectement par l’entretien de la diversité.

    Alors que là on fait migrer l’exploitation en tous lieux de plus en plus vite, souvent sans substitution de lieu, juste des cumuls de surfaces en exploitation. 17% de forêt amazonienne en moins en 5 ou 6 ans.

    Il nous faudra limiter l’énergie, qu’elle soit propre ou non, à ce qu’impose l’usage optimal des surfaces, dont nous extrayons tout.
    Il ne servira à rien d’en produire davantage. C’est une chose à apprendre à contrôler. L’Europe fait déjà miexu que l’Amérique
    Le capitalisme mu par le pétrole aura été l’inattention garantie à la Nature, dans le contexte des rivalités du XXème siècle, qui réclamait de fortes alliances intérieures.
    L’hyperproductivité motorisée, automatisée – tout s’est mis à aller trop vite pour faire attention – du capitalisme commandait son marché.

    En fait, sans doute nous faut-il simultanément faire mieux circuler la monnaie dans une contexte utilisant beaucoup moins d’énergie. Ce serait le nouveau contexte à construire.

  77. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    @ John Smith [17:29 et 22:09]
    @ Moi [18:25]
    @ Marc Craipeau (14:52]
    – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –
    Mettons de côté les sciences dures (physique, biologie, électronique, etc.) où les chercheurs cherchent en progresser en certains de vos thèmes de découverte ou technologie : structure de l’ADN, cybernétique avec feebacks, etc.
    Afin de pouvoir mieux cerner, d’abord, les trois groupes de dynamiques et enjeux SWOT ci-après :

    [E] – les Gammes-de-Sentiments-Qui-Parlent en rapport (ou non) avec l’éthico-affectif ou la « spiritualité » selon l’avatar Moi

    [M] – la Raison en rapport à la part MiMx et à la part niMi-niMx dans les croyances-raisonnements et « calculs » plus ou moins rusés ou vicieux dans les sphères financières et/ou Economie Relle

    [α-ω] – Les rapports singuliers, plutôt rares, entre les deux

    [Nota: A ce stade, mettons par exemple à l’écart « les-HeteroSensations-qui-Parlent »
    ne compliquons pas le schéma élémentaire de base.]
    Il pourrait y avoir une sortie de crise plus saine qu’avant
    car tous les cerveaux ne sont pas MxSi, SxMi et niEi-niEx.

    La Raison ? … mot d’une réalité physique ? … laquelle ? … neocorticale ?
    Et les trois territoires médians du corps calleux ? … en rapport à quel mot abstrait (douteux) du dicationnaire ?
    … en rapport à certaines parts de l’intuition ? … à certaines parts de l’équilibre entre « E » et « M » (supra) ?
    Beaucoup de questions.
    Les dynamiques « E » ne seraient-elles — le plus souvent — essentiellement limbiques pour de pas dire « instinctives chez certains » … ou souvent « occultées chez un grand nombre » ?
    Les labos américains n’hésitent pas à fournir des stats !!!
    Ils ne doutent pas, eux, dans leur « sciences cognitives » !!

    Ne devrions-nous pas nous méfier de tous ces mots du dictionnaire — spiritualité, croyance réflexe au quotidien (issue d’observations rodees (que l’on ne croit pas fausses … toujours la même erreur d’interprétation,…), causalité, intellectuel, croyance aveugle —
    sucessions de lettres pouvant ne pas avoir un grand rapport avec les phénomènes cérébraux,

    sucessions de lettres incapables de représenter la grande diversité des « packs hétérogènes » d’équilibres+déséquilibres des cerveaux singuliers.

  78. Avatar de lao
    lao

    Je m’étonnais précisément ces derniers jours de ne rien trouver d’autre que des analyses économiques, ou au mieux écologiques, sur la crise. Il suffit pourtant d’être un peu familier de l’entreprise, en tout cas les « grandes entreprises », pour se rendre compte que le mal être n’a rien de fondamentalement économique. La grande majorité des gens y sont simplement perdus, y mènent une vie artificielle, qu’ils soient indifféremment du côté des dirigeants ou des dirigés, en haut ou en bas de l’échelle, dominants ou dominés. Perdition qui s’étend largement en dehors de la vie professionnelle par ailleurs.
    Je pense avec beaucoup d’autres dans ce fil de discussion, que ce dont nous manquons cruellement dans nos vies, c’est effectivement d’autres perspectives que celles de la rationalité et de la rationalité économique. La recherche d’une authentique liberté, qui faute d’exigence et de courage authentiques, du soutien quasiment incontournable d’aînés éclairés, reste presque toujours un mythe. Quand on arrive à faire deux pas dans cette direction et qu’on regarde autour de soi, on ne reconnaît plus grand chose de ce vieux monde à bout de souffle.

  79. Avatar de LeClownBlanc
    LeClownBlanc

    à : Alain Vézina [ 23:03 ]
    Vous dites :

    « Que le système ait marché …
    « Il est simplement devenu intenable socialement, mais il était déjà convenu que le XXème siècle serait une alliance autour de la productivité du capitalisme et contre la Nature.
    Formant une alliance tout à fait hégémonique durant les Trente Glorieuses, fragilisé depuis, mais continué néanmoins par plus de crédit. »

    « Il importe peu pour moi que le système ait marché socialement durant un temps.
    Il était dès l’origine contre la Nature et ne pouvait marcher durablement.
    Le capitalisme (…)

    Pour moi :
    Il est sûr que 99% des gens ne voudront pas repartir de zéro,
    avec l’hypothèse que tout serait de traviole depuis 1900 (ou 1848).

    Je vais caricaturer un peu. Je vous saurais gré de bien vouloir m’en excuser.
    C’est simplement pour faciliter le passage aux idées qui suivent
    Vous avez le mérite, notamment, de souligner l’excès de productions inadaptées,
    les sur-exploitations des forêts amazoniennes (aussi indonésiennes, camerounaises, etc.)

    Pensez-vous que toute la réalité de plus de 160 ans (1848-2008) puisse être contenue
    en l’un ou l’autre des deux mots qui semblent vous servir de « conteneur dysfonctionnel par essence »
    depuis l’origine : « Le Système » ou « Le Capitalisme » ?

    Si vous corrélez « Capitalisme »
    … avec « Endettement toujours excessif » et « Taux souvent abusivement élevé »
    … avec « Ploutocratie d’Etat » et/ou « Ultralibéralisme natiofurtif » (débridé ou non)
    … avec « Inflation-Rançonnage d’Etat » systématique par le maintien de « Bank Associations » et/ou de banques centrales jouant avec les taux selon leur niveau dans la hiérarchie des grands pourvoyeurs de fonds extérieurs aux Exécutifs nationaux
    Mettons provisoirement de côté, un instant, la question monétaire (taux abusifs, etc.) et la spéculation financière.
    Il est clair que nous n’allons pas trouver de mot dans le dictionnaire
    pour imaginer des alliances innovantes, en partie décentralisées,
    entre des projets et formes d’orga à fort « ressort XXIe siècle », d’une part,
    et les formes statutaires à parts sociales (capitalistiques) que des centaines de millions comprennent.

    Dans le billet 2638 du 3 Avril, Auguste à 10:10
    rappelait que bien des formes statutaires présentent des avantages (et inconvénients) spécifiques.

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=2638#comment-22339

    Chacune peut trouver sa place dans le morphing ad hoc
    dans la « transformation-évolution en douceur » il peut y avoir des différences d’appréciation
    Parfois, surtout au début, il pourrait d’agir d’écarts de curseurs entre 0 et 100 … puis entre 20-80
    Evidemment, il faut croire que note « matière-énergie cérébrale » est susceptible de quitter certaines de ses certitudes de quelques unités (mm, herz, etc). Pas évident.
    N’attachons-nous pas tellement de choses insensées à certains mots ?
    Une fois que les mots et les concepts se précisent est-ce que tout ne peut pas se discuter assez sereinement ?

  80. Avatar de Cécile
    Cécile

    à lao
    C’est le temps, plus que l’espace, dans la perspective (u-topie , u-chronie ) il faut passer la quatrième, (comme du noir et blanc -jeu d’échec- vers un monde en couleurs, – en gris colorés-)
    « La flèche du temps qui est le géométral de l’histoire des hommes les prédisposent à attendre l’improbable, source de néguentropie, autrement nommée, espérance »
    relire TARTAR [16.46]
    « Quand le post-moderne est aussi le post-historique, quand la présupposition ou le postulat du sens de l’histoire est catégoriquement abandonné à force de s’être trop matérialisé comme menace systémique ou totalitaire,
    [ ya qu’à regarder les « politiques » , considérer l’abandon, s’en sont presque qu’on pourrait leur chanter « Gaston y a le téléléphon qui son, mais ya jamais person qui y répond », ???]
    alors il faut décider de son sens , ici et maintenant, localement, et dans ce que benjamin appelait « l’instant du péril ». Hic et nunc mais aussi ad hoc : judicieusement en vue de là »
    et moi, et moi, et moi, que tout ça c’est bien trop compliqué pour ma tête à moi, je reste à ma place et je dis
    (que même s’il faut je crie)
    « on veut des bretzels pas des policiers »

  81. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    @Christophe Perrin

    Peut on lutter contre la séparation avec les armes de la séparation ?

    C’est entendu, la rationalité contient un principe de division. Mais n’est-ce pas tout simplement penser que d’établir des divisions dans le réel ? Ou, plus exactement, que de construire des modèles pour appréhender le réel ?
    Or, il me semble que les liens pour être simplement appréhendés procèdent toujours d’un principe de division.

    Je m’explique : les liens familiaux, économiques, culturels, religieux et autres sont ce qui constituent les individus, lesquels ne doivent leurs individualité qu’à des liens. Sur ce point, je vous suis tout à fait.

    Mais ces liens dont vous parlez ont une histoire, et ne sont pas non plus exempts de tensions contradictoires, ce qui suppose des ruptures, par destruction du lien ou recomposition. Ces ruptures, plutôt que de les nommer résultat négatif, et dévoiement, d’un principe rationnel, peuvent tout aussi bien être appréhendées comme résultant de l’action d’autres liens, lesquels, du fait de leur force singulière en certaines circonstances défont les premiers liens ou s’y substituent pour former nouvel appariement. Autant dire que tout lien contient en son principe des bornes, celles de ses origines, origines qui à leur tour ont une histoire. Bref, le lien est toujours du lien brisé. Le lien de par son existence même opère des séparations. Le lien se détache sur un fond et donc le divise. Aux liens anciens sont venus se substituer des liens nouveaux.

    Alors, je dis, oui, ,nous ne pouvons faire autrement que de procéder avec les armes de la division, ce qui n’est pas forcément violent, puisque les liens procèdent toujours de la division, ou pour être plus précis d’un découpage du réel à partir d’une catégorisation de ce que nous pensons être le monde empirique, qui n’est qu’un monde possible, une modélisation d’un supposé réel. Argumenter, débattre, comme nous le faisons ici, c’est ainsi proposer des assemblages de liens qui expriment de par le contexte de leur énonciation ou dans les formes mêmes de cette énonciation, nos points de vue uniques et irremplaçables sur le monde.

    Je fais ainsi mienne l’idée que l’humain est un être de langage, le langage étant le moyen le plus élaboré qu’ait trouvé l’humanité pour penser le monde, et donc s’en séparer, ce par quoi il participe à sa création. Le langage c’est ce qui fait que nous ne sommes ni des atomes ni des ensembles : le langage — en tant que création sociale — préexiste à notre existence d’individu, mais tout autant il doit ses énoncés effectivement prononcés et/ou écrits à des individus singuliers qui eux-mêmes se situent toujours dans une histoire personnelle, elle-même impliquée dans une histoire collective.

    Les liens dont vous regrettez l’absence ne sont pas victimes de la rationalité en tant que telle, mais de l’arrangement de certains liens spécifiques — le capitalisme par exemple — qui nous enferment, nous emprisonnent dans leurs filets, faute pour nous d’avoir aisément accès aux mailles des ces filets. Le capitalisme en tant que promoteur de l’individualisme méthodologique, idéologique, lorsqu’il segmente, atomise la société pour faire de chacun de nous des consommateurs sans tête, et à la sensibilité émoussée, a préalablement resserré, entretenu, renouvelé les liens institutionnels que sont les marchés.

    En toute logique, c’est donc en opposant un autre discours rationnel visant à montrer la nocivité de certains liens que l’on peut combattre ce qui nous aliène. La rationalité contient donc en elle-même une dimension éthico-politique qui ne demande qu’à être développée. Si effectivement nous voulons du lien il faut pouvoir confronter sa propre pensée à celle des autres, et c’est d’ailleurs bien ce que vous faites.

  82. Avatar de Cécile
    Cécile

    à ClownBlanc
    quelque part, c’est mon point de vue, on nous coupe la langue ( les mots ne veulent plus rien dire, c’est quasi on peut leur faire dire n’importe quoi , surtout en isme, ex : rationnalisme, … mais aussi liberté, démocratie … )
    alors que -si je peux me permettre de dire ce que je pense- il me semble qu’on ferait surtout dire n’importe quoi aux chiffres (naturels, rationnels ou imaginaires)
    donc soit l’idée du marché n’est pas neuve, elle existe fatalement depuis qu’il existe un marché (dont le marché -aux esclaves-, le marché -du travail-…mais pas seulement)
    mais capital, capitalisme – en isme .. – (orgueilleux comme Marseille la capitale de la Provence, triste comme la peine capitale infligée des condamnés à mort) …

  83. Avatar de Alain Vézina
    Alain Vézina

    @LeClownBlanc

    Je ne suis pas contre les systèmes, il nous en faut un autre, qui ne soit pas contre la Nature comme l’est le capitalisme, dès l’origine.

    Il est incontrôlable à cet égard.

    Ça ne veut pas dire qu’il n’a pas été aménagé, qu’il n’a pas d’histoire, qu’il ne puisse est caractérisé selon les lieux et les moments, qu’il occupe tout l’espace social.
    (Je crois l’avoir suffisamment caractérisé dans mon texte pour ne pas en faire un fourre-tout).

    S’il n’occupe pas tout l’espace social, il est néanmoins immensément corrosif.

    Il est possible de le suivre avec Marx puis Polanyi (esprit marchand et société de marché), puis autour de son processus de financiarisation.

    Le domestiquer pourrait être possible, mais il faut pour cela lui opposer un contre-système, un alter-système qu’il l’altère, le bride, le ralentisse. L’État n’a pas fait ça. Il l’a accompagné dans la marchandisation du monde.
    La société civile n’a pas fait ça. Elle a été séduite par la marchandisation du monde.

    Je ne cherche pas à vivre comme en 1900.
    J’identifie qu’il y a eu d’autres possibles en 1900 qui ont été battus, conduits au silence.
    On peut s’en inspirer mais on doit surtout imaginer un contresystème actualisé.

    De plus, il s’agit surtout de le mettre en pratique et je suis convaincu que la société civile peut l’entreprendre sans l’État et sans le Capital. Les monnaies fondantes en donne la capacité.

    Il ne faut pas en faire une affaire d’État mais de société civile. L’échelle territoriale à considérer est alors importante.
    Il s’agit d’un réseau que l’on peut appareiller davantage, pas d’un centre redistributif comme l’État. La proximité, l’échelle du possible face-à-face s’impose.

    «Le résultat auquel nous arrivons n’est pas que la production, la distribution, l’échange, la consommation sont identiques, mais qu’ils sont tous les éléments d’une totalité, les différenciations à l’intérieur d’une unité.» (Marx, 1857)

    Voilà un système de production. Un altersystème doit réinventer/réorienter chacun des éléments de cette unité pour que celle-ci soit cohérente à une autre fin que celle qu’impose le capitalisme, l’accumulation sans fin.

    L’unité fordiste, puis post-fordiste, est non viable.

    On peut tenter de faire cohabiter le capitalisme avec son altersystème pour voir comment cela se passe. Mais il faut le faire….Mise en pratique.

  84. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Christophe Perrin
    J’ai adoré votre texte, il est très bien (même si la perfection n’est pas de ce monde, les hommes ne sont pas des Dieux, omniscients et tout et tout…)
    mais pourquoi cette attaque contre le « rationnalisme », la « raison »
    le profit n’est-t-il pas matériel ? (donc bassement « matérialiste » « matérialisme ») la profitation n’est-t-elle pas réelle ( « réaliste » « réalisme » »la loi de la réalité, loi de l’échange, la seule à être réalisée et universelle en régime capitaliste »)

    OK d’accord on peut dire que d’avoir trop brillé les lumières se sont éteintes, et tout ça, ….
    mais il en va de notre Liberté…
    (la Liberté – celle avec un L majuscule- n’est pas libérale, elle n’est pas une permission que l’on se donne, une autorisation que l’on reçoit…)
    donc il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain : nous sommes les gardiens de la tradition moderne…

    donc , (désolée je ne suis pas claire, j’ai un esprit alambiqué), citation
    « l’ange historique marche à reculons dans le vent de l’histoire son regard est retrospectif d’une façon qui n’est pas dialectique, il n’est pas tourné vers le passé pour prédire l’avenir. Il juge le passé dans l’urgence impérative du moment présent et sans savoir ce qui l’attend. D’où la mékancilie infinie de celui qui vit avec le sentiment de la catastrophe en permanence. L’ange de l’histoire juge le passé et communique à l’historien le devoir de le réinterpréter. C’est ce devoir, et à lui seul, que j’aimerais appeler postmoderne. Il est en même temps moderne, non parce que la modernité est un projet inachevée, – elle est achevée et elle n’est plus un projet- mais parce que la modernité doit être gardée. Pas même sauvegardée, pour la réinterpréter « (morphing) » il faudra au contraire lui faire violence, mais gardée. Nous sommes les gardiens de la tradition moderne, d’une tradition, comme dit toujours l’adage, à traduire et à trahir. « 

  85. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Alain Vézina
    je ne sais pas ce que veut dire « capitalisme »,
    je comprends que cela vient du latin , je dirais : capio, cepis, cepere, cepi, captum,
    quelque chose comme dirriger, être à la tête de, d’où : capitale, capitaine…
    ce que je pressens c’est que si le capitalisme est mort, alors Marx est mort (il ne sortira pas pour autant de l’histoire, il restera la dialectique…)
    c’est idem du fait que la chutte du communisme (l’URSS) se répercute de celle du libéralisme (les USA)
    avant il y a la révolution, Kant, Shakespeare, Montesquieu… (sans dire les grecs et les romains, un bon bagage, mais on a tout à apprendre)

    Sinon 1848, c’est la dictature de Lamartine (dictature parce qu’il n’a été élu ni par le peuple, ni par dieu, bref il est le chef du gouvernement provisoire sorti de la révolution de 1848), donc c’est le bordel, et cela particulièrement dans l’économie,(d’ailleurs, on s’en serait douté) ils appellent ça la crise métallique, et après tergiversation le peuple n’a accordé que trois mois de misère au gouvernement , (le préfet de Paris, grand chef de la police est leur garant) il n’y a pas d’argent, les boulangers sont obligés de faire du pain, et vla pas que les riches font chier, ils disent vous allez voir ce que vous allez voir si on vire tout le monde, le gouvernement appelle un banquier suisse, mais la situation est tellement désespérée qu’il ne sait pas quoi faire, alors ils font, bref le gouvernement provisoire se lance dans la création monétaire, (des billets en papier, de l’argent inventé ) et ça marche, l’économie reprend (faut qu’en même dire que les riches de l’époque que proportionnellement à la notre n’étaient peut-être pas si riches, étaient malgré leur baroufs, vraiment ils sont odieux, justement fin prêt d’accepter n’importe quelle monnaie pourvu que ça tourne et qu’elle circule, et qu’ils fassent des affaires, je dirais qu’il y a eu aussi dans le même temps créations d’ ateliers nationaux mais il faudrait que je relise, ce que je sais c’est que dans mon livre écrit en 1860, par un catho, mitigé politiquement, il est éberlué que ça ait marché, alors que sur leur constitution, il les déclare tarés, le président élu après le gouvernement provisoire soit Napoléon III a plus de pouvoir qu’un monarche, son mandat est de 4 ans , il n’est pas rééligible, pour l’être il doit changer la constitution, il échoue de peu, il a -et organisé depuis 4 ans – ses soutiens dans l’armée, coup d’état)

  86. Avatar de Alain Vézina
    Alain Vézina

    Mais comme il n’est pas encore mort…

  87. Avatar de tigue
    tigue

    @Clown Blanc
    Lycée les Fontenelles Louviers (TC)
    Lycée Corneille Rouen 87 (prof Disdet, Thorez…)
    Puis virage médical..

  88. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ tous,

    Bon! Si personne ne percute sur ce que j’ai avancé concernant quatre rationnalités dialectiques en nous, c’est la preuve que vous continuez de raisonner (résonner a ecrit ici je ne sais plus qui; le Clown Blanc peur être) dans vos vieux schémas de la seule rationalité verbale à propos d’une question ( crises éco. et solutions de sortie de crise) qui, précisément, échappe à cette rationalité là, sauf par les mots pour essayer de s’en expliquer.
    Logique.
    Et surdité.

  89. Avatar de Cécile
    Cécile

    à Eugène
    paranoïac, soit
    mais et aussi schizoïde ( dédoublement, miroir , paraïtre … )
    d’où 8 « rationnalités » ? (qui s’annulent, s’anéantissent et pas de perspective -court-circuit ?- …)

  90. Avatar de Eugène
    Eugène

    Cécile,

    Non, non, faire avec 4 est bien suffisant.
    Paranoïa et schizophrènie ne sont que deux troubles affectant la rationalité sociologique, à l’envers l’une de l’autre, ds le rapport à autrui. Les paronoîaques ne savent plus distinguer autrui d’eux mêmes au contraire des schizophrènes s’enfermant dans une bulle coupée d’une extériorité quelconque. Ceci dit çà ne me parait pas le ressort essentiel de la crise trouvant plutôt son origine dans l’aculturation de la fonction de valorisation, bien qu’instituée;

  91. Avatar de nol
    nol

    Nous ne vivons pas le temps de la rationalité, mais de la rationalisation.
    La Loi s’avance masquée, parée de bonnes raisons.
    Il n’y a pas d’alternative, ni de plan B
    Toute opposition n’est que postures, et grincements de dents.
    Nous sommes prisonniers de nos propres créations
    Nous sommes des robots
    Qui se rêvent en humains

  92. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    @Christophe Perrin

    Vous avez levé un lièvre qui s’avère être en pleine forme! Il pourra nous faire courir longtemps…

    J’ai relu attentivement votre billet, et votre complément dans la discussion. De fait, il n’y a pas tout à fait la même teneur, ni le même style. Il m’est venu l’idée que la question de la rationalité, que vous malmenez un peu dans le billet, est peut-être entre nous un leurre, qui nous sépare artificiellement?

    En employant les mots « rationalité », puis « vision mécaniste des choses », est-ce que vous ne nous parlez pas en fait d’un réductionnisme un peu automatique, implicite à nos modes de pensée, alors que le holisme est souvent plus pertinent? Ce sont vos références à la physique qui me le font penser.

    J’abonderais alors dans votre sens. La perception simultanée du tout (holos) -pas loin de ce que vous appelez le lien- devrait désormais accompagner toute forme de réflexion, et c’est vrai, ça n’est pas comme cela que s’est construite la pensée, au moins occidentale, dont l’outil principal a longtemps été le réductionnisme, surtout en sciences, évidemment.

    La raison n’est pas en cause en elle-même.

    Je regrette de ne pas pouvoir insérer ici un très beau dessin de D. Hofstadter, où les lettres du mot « réductionnisme » sont grisées avec de multiples petit mots « holisme », dont chaque lettre est elle-même grisée avec des mots « réductionnisme », etc… Une mise en abîme des deux concepts, qui trouve le moyen de créer entre eux un lien nouveau…

  93. Avatar de miluz

    « notre perception du réel » … tout à fait d’accord pour dire que ceci est à la base de ce nième délire collectif entre possédants et possédés. Depuis le temps qu’on sait que ces jeux sont le fruit de la peur de l’intime, devant la nécessité d’humaniser le désert pour y vivre sans souffrir de tout.

    Il faut déjà un manque de simplicité étonnant pour se sentir propriétaire de quelquechose – d’une terre, d’un moyen de production ou n’importe quel autre outil pour une jouissance personnelle tristement privée de l’humanité des autres, ou pire encore d’autre être humains (si, si! il y a des gens qui croient qu’ils peuvent posséder des gens) – mais s’imaginer propriétaire d’un écrit sur un support quelconque, d’une « invention », d’une musique, ou encore plus délirant d’une IDEE, il fallait le faire!

    La « propriété » intellectuelle est la plus incroyable des élucubrations humaines, sur laquelle tout repose désormais.

    Jusqu’où l’homme sera allé pour se sentir puissant, alors qu’il l’est tellement dans le simple fait d’exister? Quand cessera-t’il de croire qu’il n’est pas reliés aux autres et à la nature sans avoir besoin d’en rajouter? D’où vient la prétention de pouvoir intervenir à titre individuel dans tout autre processus que sa propre vie? Quelle solitude! Quelle terrible démission devant la simple tâche de regarder autour de soi pour comprendre le monde dans lequel on vit!

    Tout ce qui est fait peut se défaire, certainement , mais il n’est pas forcément utile de regarder encore et toujours ce qui a été fait pour savoir comment sortir. Il suffit de regarder ce qui est simplement là, au présent et à portée de main, pour être DEJA dehors.

    La solution à cette cascade de chiffres et à vos angoisses associées, c’est la souveraineté alimentaire dans le respect de la nature, jusqu’au plus petit de ses organismes vivants.

    Au même titre qu’on finit par oublier que l’argent ne se mange pas, le reste n’est qu’une perception délirante du réel.

  94. Avatar de Patrice
    Patrice

    Début de définition de Rationalité sur Wikipedia :

    En sciences humaines et sociales (psychologie, psychologie sociale), et en économie, la rationalité caractérise une conduite cohérente, voire optimale, par rapport aux buts de l’individu.

    Quelque chose dans cette définition me fais penser à la fameuse Loi Zéro de la robotique (cf Asimov) : alors que les 3 ‘premières’ lois concernent les relations entre un robot et un être humain (= un individu), la loi zéro place l’humanité fondamentalement au dessus de l’individu. L’égoïsme patent dont tout bon représentent d’homo sapiens sapiens fait généralement montre rend cette loi zéro difficilement appliquable à notre espèce en l’état.

    Une autre caractéristique d’homo sapiens sapiens est de ne pas toujours avoir une conduite optimale (surtout quand homo sapiens sapiens est au volant d’un véhicule à moteur après l’heure de l’apéritif). D’où mon interrogation soudaine : l’humanité dans son ensemble peut-elle être rationelle ?

    une conduite cohérente, voire optimale, par rapport aux buts de l’individu l’humanité

    Si le but de l’humanité est la survie, pardonnez-moi l’expression, mais on a pas le cul sorti des ronces…

  95. Avatar de Patrice
    Patrice

    (dans le dernier bloc de citation le terme l’individu est sensé être barré, mais le style barré ne semble pas marcher dans les citations)

  96. Avatar de Christophe Perrin
    Christophe Perrin

    @ Marc Peltier

    En effet Marc, si je malmène la rationalité, je ne la récuse pas ; d’où quelle nous vienne, quel cadeau ! La question relève bien, et de sa construction en occident comme référence de perception et d’action hégémonique, et de sa dynamique réductionniste qui conduit à tout savoir sur des « riens » (des segments de réalité de plus en plus réduits) que l’on est incapable d’articuler, de relier entre eux. C’est en autre des effets de cette dynamique réductionniste inscrite dès la genèse de notre rationalité occidentale dont je parle. la dégradation des pratiques rationnelles conduit à la production de savoirs, certes spécialisé et cohérents, mais perdant au fil du temps tout caractère concret. J’entends par concret non pas le côté matériel ou pragmatique d’une chose, d’une pensée ou d’un acte, mais en référence à son étymologie (concrescerce : grandir ensemble), sa capacité à être en prise avec l’ensemble du milieu auquel la chose, l’acte, la pensée sont reliés.

    Pour le style, en effet j’écris différemment selon la nature du texte, post ou texte plus long.

  97. Avatar de johannes finckh

    @ChristophePerrin,
    je trouve insupportable que l’on déclare si facilement toujours que notre économie capitaliste serait « rationnelle »!
    Elle ne l’est pas et ne l’a jamais été!
    Ce sont plutôt des éléments de rationalité et du marché libre qui tentent de résisterassez désespérément à la logique folle du capitalisme!
    Car le capitalisme s’est développé avec la monnaie irrationnelle que nous avons, caractérisée d’être « réserve de valeur » et objet d’échange en même temps -ce qui est un nons-sens totalement IRRATIONNEL-, et il périra avec elle.
    Faisons advenir une monnaie rationnelle, à savoir une monnaie débarassée de sa dimension réserve de valeur, et beaucoup de choses rentreront dans l’ordre, et le monde économique fonctionnera enfin selon de critères rationnels, écologiques, durables et sans croissance tout en diffusant une prospérité convenable!
    Parler de crise de civilisation simplement parce que les milliardaires nous ont ruinés me semble leur faire la vie bien trop facile!
    jf

  98. Avatar de ghost dog
    ghost dog

    @Christophe Perrin,

    Le 09 avril je vous ai demandé quelques précisions quant à votre critique de la pensée Queer, ultime erzatz selon vous d’une rationnalité destructrice de liens…

    Vous n’avez pas pris la peine de me répondre…

    Est-ce trop vous demander d’expliciter un peu plus cette partie de votre exposé ?

  99. Avatar de Christophe Perrin
    Christophe Perrin

    @ ghost dog

    Je n’ai pas répondu à votre question outragée, c’est vrai. Polémiquer sur le queer présente peu d’intérêt à mes yeux. Mais puisque vous insistez, je vais essayer de répondre rapidement. Je lirai votre réponse certaine avec attention mais n’y répondrai pas, il est des questions qui génèrent des polémiques sans fin, et je n’ai pour cette matière que peu de goût.

    Les promoteur du queer le présente comme une libération individualiste de toute forme d’identité contraignante et limitative. vous aurez compris tout l’intérêt que je porte aux liens qui par nature construisent de l’identité et fixent des limites. La proximité, pour ne pas dire la fusion du queer avec la pensée de marché est frappante, dans l’enfermement individualiste et le refus de toutes limites. La question du pouvoir est tout aussi frappante dans cette proximité avec l’ordre économique actuel. Le queer en fait l’apologie, les rapports de pouvoir et de violence seraient à la base du plaisir. Plus les rapports sadomasochistes sont poussés, plus le plaisir est grand. Le viol s’en trouve ainsi justifier. Le mépris des adeptes du queer à l’intention des lesbiennes féministes qui problématisent le patriarcat est à l’avenant. Ces dames seraient « puritaines » voire « anti-sexe » puisque d’après le queer seul le sexe masculin présente de l’intérêt.

    Le queer est aujourd’hui devenu une immense industrie lucrative, ses membres étant ciblés par le marché de la chirurgie transsexuelle, du piercing, des mutilations corporelles et de la pornographie. J’avoue que ce genre de « libération » ne me tente guère.

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  2. et comme Youtube a enchaîné avec ce groupe que j’aimais bien autrefois, je vous transmets aussi ce lien, parce que…

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