Radicaliser Marx dans l’analyse

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

« Les deux postures ci-dessus [Daniel Cohen et Paul Jorion] manquent leur but et ne peuvent prétendre être les prémisses d’une reconstruction de la « science économique ». Car ou bien elles se contentent de redire ce que tout économiste conséquent sait (par exemple, toute évolution de l’économie est à replacer dans le cadre des rapports sociaux dominants) et qu’il a tiré des penseurs fondamentaux du capitalisme, ou bien elles accumulent les contresens et les contradictions. Dans ce dernier cas, il ne faut pas y voir un défaut de perspicacité de la part de leurs auteurs, mais plutôt un reste de la force de l’idéologie économique qui a déferlé sur le monde depuis trois décennies et qui empêche encore, malgré la brutalité de la crise, d’oser se réclamer des penseurs critiques du capitalisme (Marx) ou critiques de l’incapacité radicale du marché à s’autoréguler (Keynes). » Jean-Marie Harribey, La cacophonie économique.

J’ai mis en évidence – dans une série d’articles publiés dans La Revue du MAUSS il y a près de vingt ans (1) – que Marx avait été incapable de voir que la structure sociale est inscrite dans la structure des prix et qu’elle se reproduit telle quelle grâce à celle-ci. J’ai dit qu’il fallait radicaliser Marx avec l’aide d’Aristote – qui avait lui vu que le prix se constitue toujours comme résultante du rapport de force entre acheteur et vendeur.

Karl Marx, hégélien maladroit, capable de voir la thèse et l’antithèse mais aveugle à la synthèse, penseur au style exceptionnellement obscur, se situait dans la perspective du « Plus radical que moi, tu meurs ! ». Aussi l’idée qu’il faille radicaliser Marx est difficile à admettre par ceux qui considèrent qu’il constitue – comme il l’a proclamé lui-même – le nec plus ultra en matière de critique.

Qu’on m’entende bien : ce que Marx a écrit sur l’économie domine de beaucoup en qualité ce qui fut écrit par la suite et sa théorie de l’intérêt en particulier, comme partage du surplus, constitue – bien que conçue antérieurement – un progrès sensible par rapport à celle en termes de préférence pour la liquidité, que Keynes introduisit. L’œuvre de Marx ne constitue pas pour autant un horizon critique indépassable.

Il faut radicaliser Marx dans l’analyse, non seulement en mettant en évidence les rapports de force – c’est-à-dire le politique – à l’intérieur de la formation des prix et la confirmation de ces rapports de force du fait de ceux-ci, mais aussi en distinguant clairement au sein de la « bourgeoisie », les capitalistes (qui perçoivent l’intérêt – comme Marx l’avait pourtant compris dans ses notes devenues par les soins d’Engels le troisième volume du Capital) des entrepreneurs (qui s’approprient eux le profit) au sein d’une structure tripartite dont le troisième élément est constitué des salariés, le prolétariat de Marx : ceux que l’on convie à la table une fois celle-ci desservie. La concentration des richesses est inscrite dans cette structure comme sa dynamique et seule sa compréhension complète peut déboucher sur des propositions de réforme ayant quelques chances de réussite.

La critique des analyses de Marx et de Keynes (Marx à l’usage des banquiers) a été produite durement par les péripéties historiques de leurs applications. Keynes a servi d’alibi à toutes les politiques antisociales des cinquante dernières années. Marx, en proposant la dictature du prolétariat comme remède (le degré zéro de la réflexion politique), a engendré un monstre liberticide qui assura qu’on ignorerait pour cent ans ce qu’il y avait pourtant à retenir dans son œuvre. Si la liberté absolue accordée au plus fort de faire comme il l’entend était bien la thèse, la suppression de la liberté pour tous n’était elle encore que l’antithèse. La synthèse viendra mais comme résolution authentique de toutes les contradictions.

—————-
(1) * Déterminants sociaux de la formation des prix de marché, L’exemple de la pêche artisanale, La Revue du MAUSS, n.s., 9, 1990 : 71-106; n.s., 10: 49-64.

* Le prix comme proportion chez Aristote, La Revue du MAUSS, n.s., 15-16, 1992 : 100-110.

* L’économique comme science de l’interaction humaine vue sous l’angle du prix. Vers une physique sociale, in Pour une autre économie, Revue Semestrielle du MAUSS, 1994 :161-181.

* Statut, rareté et risque, Recherches Sociologiques, vol XXVI, 3, 1995 : 61-76.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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120 réponses à “Radicaliser Marx dans l’analyse”

  1. Avatar de johannes finckh

    àcrapaud rouge:
    Eh bien, il faut s’entendre sur les mots! Une trésorerie « limitée dans le temps » est bien nécessaire et utile, il s’agirait de trouver une limite à la thésaurisation infinie ou trop lingue que nous observons!
    Je ne veut pas faire croire à une « fonte » quotidienne, une fonte, disons tous les mois ou trois fois par an suffirait sans doute amplement!
    Il suffirait que l’on en admette l’idée pour trouver le meilleur système.
    Par ailleurs, lacomparaison avec des phénomènes naturels comme l’eau ne reste qu’une comparaison assez partielle, car la monnaie est quand même du domaine « articficiel ».
    Et pour l’eau on parle à juste titre de « cycle », pour la monnaie, imaginer un cycle REGULIER me semble important pour stabiliser les échanges et pour prévenir les crises systémiques!
    jf

  2. Avatar de dalembert
    dalembert

    Et le désir là-dedans ?

    Pourquoi le système économique capitaliste qui dure depuis 400 ans,
    qui se plante, met le monde à sac, et la planète en coupe réglée continue-t-il d’être désiré ?

    Pourquoi tant d’indulgence alors que l’autre système (communiste)
    agressé de toutes parts a été envoyé aux oubliettes en 6 mois après seulement 70 ans d’existence ?

    Pourquoi épiloguer et finasser lorsqu’il s’agit de remplacer le capitalisme
    alors que l’élimination du communisme n’a provoqué aucun débat ?

    Et où parle-t-on des classes moyennes, support de la consommation, à l’origine de tout ce merdier ?

    Et quid du désir de consommer ?

    Les intervenants sur ce forum, tous plus talentueux les uns que les autres (je suis sincère) ont-ils un inconscient ?

    Freud, tu peux roupiller tranquille personne te réveillera.

  3. Avatar de johannes finckh

    @crapaud rouge:
    merci pour votre remarque, je la médite, c’est promis, en tout cas, un correspondant comme vous est très stimulant, car, à l’évidence, vous avez admis que cette idée contient quelque chose d’exploitable, alors, laissons libre cours à notre imagination!
    Ainsi, à la place de la monnaie « fondante », et avec une efficacité comparable, on pourrait imaginer une loterie un peu spéciale:
    La BC « révoque » de temps en temps tel ou tel sorte de billet, par exemple les coupures de 100 euros, mais comme au loto, on ne sait pas quelle coupure sera révoquée, par exemple en 2009.
    Les billets « révoqués » devront alors être échangés via les banques et les commerces pour retourner à la BC qui émettra autant de nouveaux, moyennant un « coût » de, disons 1 ou 2%. Dans un delai d’un mois par exemple.
    Rien que le fait que cela existe aurait un effet positif!
    Nous l’avons vu au moment de l’introduction de billets d’euro, où les anciennes coupures réapparaissaient plus nombreux!
    Cette toute petite « incertitude » sur la sécurité du numéraire aurait sans aucun doute déjà un effet remarquable sur la liquidité générale, car personne ne sait ni quand ni quel billet serait concerné! On peut alors aussi imaginer que, de temps en temps, la « loterie » en question pourrait sortir une boule blanche qui signifierait: pas d’échange révocatif cette fois.
    Il pourrait s’agir d’un jeu tv très prisé, mais l’effet conjoncturel serait rès intéressant!
    jf

  4. Avatar de Charles
    Charles

    Quand on parle « d’ une structure tripartite dont le troisième élément est constitué des salariés, le prolétariat de Marx : ceux que l’on convie à la table une fois celle-ci desservie, » s’agit-il d’une image sur laquelle tout le monde est censé s’accorder, s’agit-il des mots de Marx lui-même ou de ceux de Georges Marchais dans les années 70?

    On parle de Marx, d’Aristote, d’Hegel, de Schopenhauer, de Keynes, de Friedman et on continue à véhiculer des lieux communs creux. Cela ne me donne certainement pas envie de lire ces auteurs.

    Que veut dire aujourd’hui une phrase comme :“L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes »????

  5. Avatar de Thierry
    Thierry

    Hors sujet.
    L’optimum de Pareto est un champ a retravailler. L’IDH est un pas. J’aime bien l’idee que l’optimum individuel n’est pas un panier de prix mais une palette de choix qui s’etend au dela du domaine marchand. La notion d’optimum transgenerationel (ma generation+3) n’est pas abordee a ma connaissance… Que font les economistes? Tant de champs a explorer et que de l’actualite immediate pour une vague envie d’influence politique a court terme (ok a long terme on est tous morts, mais rester le nez dans le guidon). Ah tient! une recherche rapide:
    http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=17731393
    http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/34/83/76/PDF/Pareto.pdf (c’est rigolo encore l’idee qu’il ne peut qu’y avoir accumulation comme charpente de ce modele).

  6. Avatar de dalembert
    dalembert

    Et quid de la subversion du langage ?

    Tout ce qui est produit sur ce forum, ce sont des mots, ce qui est normal…pour un forum.
    Ce qui ne l’est pas, par contre, c’est leur acceptation, en tous temps et en tous lieux, sans discussion.
    Le système dominant subvertit les mots, brouille les sens, détruit les repères, corrompt la raison.

    Deleuze et Guattari, reposez en paix, les murmures de ce forum ne vous réveilleront pas non plus.

  7. Avatar de Charles
    Charles

    Bravo à jf!
    Je propose que toute la vie soit une loterie, de la naissance à la mort. A la naissance on vous attribue des parents par tirage au sort et ainsi de suite. Le pouvoir, le travail, le logement ou encore les héritages sont aussi attribués selon le principe de la loterie. Plus d’inégalités! C’est une idée largement développée par un artiste belge : Jan Bucquoy.

  8. Avatar de johannes finckh

    @ anne J.
    Je vous prie de bien vouloir me pardonner que votre question très judicieuse m’ait échappé!
    Le délai a son importance, c’est certain, et il ne s’agit pas d’ »affoler » qui que ce soit avec cette « fonte ». Sauf peut-être ceux qui ont stocké des quantités très substantielles…
    1) Tout d’abord, elle doit être FAIBLE, soit 5 ou 6% annuels maximum, voire peut-être moins.
    Ce taux avait été proposé ainsi par Silvio Gesell en se basant sur un taux de dépréciation moyen d’un bien durable comme une maison par exemple qui nécessite des frais d’entretien annuels de cet ordre. Car, partant de l’idée que le caractère « capital » de la monnaie est précisément en lien avec l’évalutaion de biens durables pouvant constituer un capital « réel ».
    2)D’autre part, Gesell avait imaginé, au départ, un collage de timbres hebdomadaire, mais, à mon sens et conformément à ce que pensent d’autres geselliens, une actualisation mensuelle ou tous les quatre mois pourrait s’avérer suffisante. Des expériences (une trentaine) en Allemagne pratiquent une actualisation tous les 4 mois.
    Dans l’intervalle, vous avez raison, la monnaie resterait, comme actuellement, constante et donc « un peu » réserve de valeur!
    3)Rester « un peu » réserve de valeur ne sera cependant en rien comparable à la situation actuelle, où cet état a tendance à s’éterniser!
    4) Il convient de dire que des temps très courts comme vous évoquez (une minute ou même une journée) n’auraient absolument pas de sens. Votre uestion est, par contre, tout à fait justifiée!
    5) Les délais à fixer ont effectivement bien de l’importance, et il s’agirait sans doute, au moment où le « principe » est admis, qu’un consensus soit trouvé!
    6)Je renvois aussi à l’idée de la « loterie » que j’évoque dans ma réponse à crapaud rouge.
    Bien à vous,
    jf

  9. Avatar de johannes finckh

    @ dalembert:
    le capitalisme n’est pas vieux de 400 ans, mais d’au moins 2000 ou plus, avec des périodes où il était moins actif faute de moins de monnaie circulante, par exemple quand l’or disparaissait de la circulation (thésaurisation) pour renaître ansuite quand on en trouvait (exemple les conquêtes espagnoles en Amériqe du Sud et le trésor des Incas).
    Ce qui est » désirable », c’est le commerce et l’échange, mais le capitalisme cause régulièrement (une à deux fois par siècle) sa perte ctastrophique et il faut alors recommencer!
    Tel est le monde capitaliste, me semble-t-il!
    jf

  10. Avatar de johannes finckh

    @ charles:
    vous réagissez vite, merci beaucoup, vous forcez un peu le trait, je n’irais sans doute pas jusque là.
    Ce que je propose ne concernerait pas la totalité des biens, mais vous avez raison de faire un peu d’humour!
    Bien à vous jf

  11. Avatar de dalembert
    dalembert

    @ jf

    Le capitalisme c’est l’idée que je te donne aujourd’hui 100 sesterces et dans un an tu m’en rends 110, ou plus, ça dépend de notre rapport de force (Aristote, polythéiste).

    Cela veut dire que l’argent se reproduit, il est VIVANT.

    Or ce privilège exorbitant de l’argent à vouloir se reproduire est blasphématoire.

    Car créer la vie est un privilège divin.

    C’est pourquoi les religions du Livre (monothéistes) ont interdit le prêt à intérêt, vœu pieux s’il en fût.

    Et c’est pourquoi je situe la naissance du capitalisme à la Renaissance.

    Et c’est pourquoi enfin, le capitalisme, Tour de Babel moderne, est voué à l’auto-destruction.

    La Tour de Babel ne fut pas détruite au motif que les hommes ne parlèrent plus la même langue,
    mais au motif que les mots devinrent opaques aux choses.

    Et c’est exactement ce qui se passe maintenant.

    Incidemment je signale que je suis athée jusqu’à la moelle des os.

  12. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    Le capitalisme, si l’on cerne la notion avec un peu de rigueur, est une invention récente à l’échelle de l’histoire de l’humanité.
    Ce qui est plutôt rassurant, car ce qui a été inventé de fraiche date pourra être remplacé par quelque chose d’autre.
    Le capitalisme n’est pas une loi immuable qui devrait gouverner les sociétés humaines, tout comme certaines lois de la physique le seraient pour le cosmos. Notons d’ailleurs qu’en la matière ce qui passait pour une loi immuable, le système newtonien, a été dépassé par l’invention de nouveaux modèles d’explication du monde physique, ce qui n’a pas été sans conséquences sur notre conception bien humaine du monde dans ses dimensions politiques et autres.

    Le capitalisme ce n’est pas seulement la rente et le capital, choses qui étaient connues depuis des lustres, c’est à dire lorsqu’il y avait les empires. Le capitalisme c’est l’industrie et ses progrès technologiques, les Etats-nations — puis les organisation internationales — qui fournissent une armature intellectuelle, culturelle, et juridique au monde capitaliste.

    Je partage l’avis de Dalembert, le capitalisme est né pendant la Renaissance. Il est apparu quand à l’économie « divine, celle de l’Eglise et des rois qui encastraient les échanges marchands dans un cadre idéologique théologico-politique, se substitua une économie sécularisée qui ne devait plus son ‘esprit » qu’à l’action des hommes dans le monde de l’Histoire, celle des humains qui ne devait donc plus rien à l’intervention divine. Le capitalisme est donc inséparable d’une transformation politique majeure en Europe : les cités autonomes qui s’émancipent du pouvoir religieux.

    Ce furent d’abord les cités italiennes puis celles de l’Europe du nord. Une nouvelle éthique y apparaît, qui voue à l’accumulation des richesses une valeur propre, qui consiste en l’effort planifié. Les premiers sont les riches marchands-banquiers qui à l’échelle de l’Europe mettent en place les premiers circuits d’une économie financière. L’Eglise alors en crise — ce qui amène la Réforme, substrat de l’éthique protestante– contribue elle-même, malgré elle, à ce phénomène lorsqu’elle introduit l’utilitarisme dans son économie propre : les riches — la future classe des capitalistes — peuvent racheter des indulgences moyennant quoi il « rachètent » leurs péchés. Dès lors le vers était dans le fruit de l’ordre théologico-politique ; lequel devrait désormais s’accommoder d’une sphère économique autonome. La découverte du nouveau monde marque quant à elle l’avènement de l’ère moderne qui ouvre l’Europe sur un monde étendu, corvéable et exploitable, qui achève de briser l’économie d’ordre divin. C’est la première phase du capitalisme.

    La suivante, voit peu à peu l’émergence de l’industrie, laquelle décuple les possibilités pour les entrepreneurs-investisseurs de dégager des surplus grâce au machinisme et l’organisation rationnelle du travail concomitant à l’organisation d’un marché, lequel marché est le lieu qui permet d’anticiper l’écoulement des produits manufacturés ainsi que l’achat des matériaux nécessaires à la fabrication industrielle, celle-ci impliquant une division du travail très poussée. En ce sens le marché est une institution, ce qui revient à dire que sans le concours des Etats les échanges marchands et la possibilité de concentrer le capital ne peuvent être garantis et organisés efficacement.

    A ce stade « l’esprit » du capitalisme n’est plus seulement l’esprit d’entreprise car il s’insinue dans toute la société. Toute l’organisation sociale, les formations culturelles, concourent au maintien et au renforcement de sa logique propre.
    En Angleterre les paysans pauvres que l’on a privés sciemment des terrains communaux sont priés d’aller se rééduquer dans des usines fermées où on leur apprend la discipline et les horaires stricts. Il faudra évidemment attendre le XIX siècle pour que le capitalisme industriel triomphe. A l’issue de la première mondialisation réalisée sous l’égide de l’empire britannique, les contradictions du système capitalistes sont de plus en plus criantes, à tel point que le salariat réclame et obtient de haute lutte certaines restrictions à l’exploitation dont il est fait l’objet, c’est à dire à une exploitation qui permet tout juste de reproduire la force de travail.

    Le capitalisme subit aussi des crises économiques récurrentes dont la dernière, celle que nous connaissons aujourd’hui, qui lui sera sans doute fatale, accompagne la seconde mondialisation, mieux dénommée encore globalisation, cette dernière amenant un degré d’intégration supérieur de l’économie mondiale et de toutes les dimensions de la vie humaine, via une infrastructure technologique — numérique — qui permet la circulation du capital en temps réel. Nous sommes alors assujettis au temps global d’une pseudo société mondiale et qui n’est autre que celui de la sphère financière. Nous nous voyons alors réduits dans notre capacité à être les créateurs de nos vies et de nos sociétés puisque nous devenons dépendants d’un temps qui n’est plus le notre. Un temps qui n’est même plus social, car le temps-capital est a-social. L’hyper concentration du capital que permet ce système permet une hyper appropriation de notre temps. Le temps a perdu de son épaisseur, épaisseur sans laquelle il n’y ait aucune maturation possible. De sujets politiques, productifs, artistiques, que nous pourrions tous être nous devenons des individus atomisés dans le temps-capital uniforme et interchangeable. La singularité se perd.

    On peut ajouter pour compléter le tableau que jusqu’au milieu de vingtième siècle le capitalisme s’employait à exploiter notre libido, ce qui supposait encore un investissement social si l’on se réfère à la théorie freudienne de la sublimation, tandis que, depuis quelques décennies, le capitalisme, après avoir épuisé le filon de la libido, à force d’avoir dissocié l’humain en producteur d’une part et consommateur de l’autre — la prolétarisation– , en est réduit maintenant à exploiter nos pulsions. Le capitalisme actuel est donc en proie à des contradictions de plus en plus vives : financières, économiques et psychiques, autant de choses qui vont de pair avec la colonisation sans limites des milieux naturel, menaçant désormais la survie de l’espèce.

    Notons pour terminer ce tableau succinct du capitalisme et de son histoire que celui-ci a commencé avec les banquiers lombards et s’achève aujourd’hui avec l’implosion du système financier globalisé.

  13. Avatar de dalembert
    dalembert

    @Pierre-Yves D.

    Analyse impeccable, rien à dire, sauf vers la fin sur la distinction pulsion-libido qui me paraît controuvée.

    Et rajouter la déstructuration/dissolution de toutes les résistances potentielles, églises, états, familles, syndicats, langages, savoirs, etc… comme méthode utilisée par le système pour arriver à ses (sa) fin, à savoir l’individu-roi nu.

    La société comme « corps sans organes » (anti-oedipe, capitalisme et schizophrénie, 1972, Deleuze & Guattari)

  14. Avatar de Anne.J
    Anne.J

    @jf
    Par votre (non) réponse de 22 h 46 vous démontrez bien que votre système est inapplicable (vous ne savez pas proposer une application et à mon avis aucune ne peut fonctionner sans pénaliser d’une manière injuste; revenez donc quand vous aurez trouvé un « vrai » système) et qu’il ne sert à rien: vous devriez honnêtement chercher d’autres pistes pour « cantonner » les limites des revenus de thésaurisation ou d’épargne et du rôle naturel de la monnaie, c’est à dire réserve de valeur. Je rajoute que je ne vois aucun besoin d’augmenter la masse monétaire car les « liquidités » débordent déjà de toute part: c’est les multinationales, les financiers, les spéculateurs, les banques et le système bancaire qu’il faut pénaliser, pas les gens.

  15. Avatar de Eugène
    Eugène

    @ Pierre-Yves & Dalembert,

    Il ne s’agirait donc pour mettre la prochaine civilisation sur les (bons?) rails que de refaire une autre Renaissance via – je cite approximativement Pierre Yves, 4ème § ci-dessus 01:52 – l’ encastrement de l’économistique ds un cadre théologico-politique qui – la différence et de taille – ne serait pas idéologique mais épistémologiquement cohérent avec cet inconscient qui gouverne nos pulsions donc les civiliser? Ai-je bien compris?

  16. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    @Mikael EON: pourriez-vous me traduire votre citation : « ”The real food is not being advertised. And that’s really all you need to know.”, mon anglais est trop pauvre.

    C’est vrai, vous vous étiez mal exprimé, car je suis bien d’accord avec vous qu’il faut en revenir aux faits, s’extraire de la gangue de nos esprits formatés, et du marketing généralisé.

    @Pierre-Yves D. qui me demande « Quelle différence faites-vous entre “nouvelle culture économique” et “nouvelle théorie d’économie politique” ? »
    La culture économique, c’est ce que « tout le monde sait et fait » de l’économie; alors qu’une théorie est une connaissance, le plus souvent non conforme à la réalité, et limitée à un cénacle de gens instruits en la matière. Une nouvelle théorie peut changer la culture, mais à condition d’avoir du succès, de se répandre dans la population. (Sous une forme vulgarisée et frustre mais, pour changer la culture, c’est suffisant. Exemple: la psychanalyse.) Que les Européens de l’est se soient engouffrés dans le capitalisme aussitôt le Mur tombé, prouve à l’évidence que les populations n’avaient pas adopté le marxisme comme une nouvelle culture.

    A l’heure actuelle, toute nouvelle théorie me semble prématurée. Je ne suis pas d’accord avec Paul quand il propose « d’établir un principe constitutionnel selon lequel « les paris relatifs à l’évolution d’un prix sont interdits » » : c’est théorique et, curieusement, ce type d’idée, de laquelle on escompte un avantage, est une forme de spéculation.

    Dans l’un de ses commentaires sur Un outil analytique pour la monnaie, Paul écrit : « mon approche est behaviouriste. Des faits, uniquement des faits, pas de représentations mentales. » Au départ, ça m’a laissé sceptique, parce que séparer le bon grain de l’ivraie, c’est pas évident. Mais c’est possible, à condition d’être vigilant et… logique. Or, interdire la spéculation, ça paraît logique, mais ça ne l’est pas, pour trois raisons:

    1) On ne sait pas trop ce qu’est la spéculation, on ne sait pas trop séparer ses mérites et ses défauts.
    2) L’interdiction serait motivée par la spéculation telle qu’elle se pratique actuellement, alors qu’elle devrait être motivée sur la base de ce qu’elle est ontologiquement, indépendamment de la praxis.
    3) La spéculation financière s’inscrit dans un habitus spéculatif plus général qui concerne tout le monde, tous les niveaux, tous les domaines. Impossible de vivre sans spéculer sur l’avenir : alors, pourquoi interdire de spéculer sur les prix ? Van Gogh lui-même n’en finissait pas de « spéculer » sur la valeur de ses toiles : il y comptait beaucoup pour rembourser son frère qui n’arrêtait pas de lui donner de l’argent : mais par charité, car il n’y croyait pas, le bougre!

    Cela dit, quand on considère les faits, rien que les faits, on découvre que le problème n’est pas dans le fait de spéculer, mais dans la manière dont on spécule. Non qu’il faille invoquer les « représentations mentales » des spéculateurs, ou dire que certains spéculent de façon légitime et d’autres non, mais considérer le(s) procédé(s) effectivement et collectivement mis en œuvre pour faire exister la spéculation.

  17. Avatar de dalembert
    dalembert

    @Eugène

    Merci de ne pas m’imputer des choses que je n’ai pas dites,
    même si je suis d’accord avec elles, ça clarifiera le débat.

  18. Avatar de Paul Jorion

    @ Crapaud Rouge

    J’ai déjà répondu à cet argument « La spéculation, on ne sait pas trop ce que c’est », en réponse à Loïc Abadie, à partir de la constatation que le non-spéculateur sait très bien ce qu’est la spéculation, et que seul le spéculateur invoque régulièrement l’argument « qu’on ne sait pas très bien ce qu’est la spéculation ».

    Réponse du non-spéculateur au spéculateur : « La spéculation, c’est donc ce que vous faites sans le savoir ».

  19. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    « Le monde est en devenir : la synthèse d’aujourd’hui est déjà la thèse de demain. » Paul dixit. C’est phrase, c’est mon dada : l’avenir existe déjà dans les mots, les pensées, les théories et discours d’aujourd’hui. Les grandes catastrophes comme les grandes inventions ne sont pas apparues du jour au lendemain : elles ont d’abord été pensées. L’antisémitisme a donné lieu à la Shoa, comme e=mc2 a donné lieu à Hiroshima et Nagazaki. « Donner lieu », c’est une forme de relation causale particulière entre deux mondes de natures différentes mais superposés : celui des représentations, informations et autres, et celui des faits.

  20. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    @jf: « Et pour l’eau on parle à juste titre de “cycle”, pour la monnaie, imaginer un cycle REGULIER me semble important pour stabiliser les échanges et pour prévenir les crises systémiques! »

    Bravo ! Vous avez capté l’idée que je m’étais contenté de vous suggérer. Mais voyez vous-même : la notion de cycle, (qu’on retrouve en économie mais que l’on ne maîtrise pas), est autrement plus vaste que telle ou telle solution. Les Anciens avaient du temps une notion cyclique, mais le christianisme est arrivé, avec sa « Bonne Nouvelle », pour dire non, c’est pas comme ça que ça se passe : le temps est linéaire, l’humanité progresse, et sa destinée est de rejoindre Dieu. C’est alors qu’on entra dans l’ère dialectique, car toute vérité qui prétend s’imposer de force, suscite une contre-vérité par réaction.

  21. Avatar de Oppossùm
    Oppossùm

    Oui Paul, car il faut bien trancher.
    Mais entre protection de son patrimoine et spéculation ? Là, la frontière ne peut être posée par un simple principe.

    @ Crapaud
    – Non , dans le présent il y a plusieurs avenirs possibles . On peut seulement essayer d’être le papillon dont le battement d’aile conscient et volontaire fera basculer les choses ici plutôt que là.
    – L’avenir n’existe pas spécifiquement dans mots/pensées/théories et discours : il est également chevillé une pratique et des réalités plus … matérielles.

    A moins que la causalité n’existe pas ou ne soit pas explicative : on basculerait d’un ‘monde’ (ou d’un ‘mode’ -de production ?) à un autre en bloc. Monde dont la logique serait purement synchrone.

  22. Avatar de Charles
    Charles

    @ Pierre-Yves D.
    Je lis avec attention l’historique du capitalisme que vous exposez depuis la mise en place en Italie et aux Pays-Bas des premiers circuits d’une économie financière.
    Je vous perds quand vous abordez l’époque actuelle et malgré tout mes efforts je ne parviens pas à comprendre de quoi vous parlez exactement quand vous affirmez qu’avec la circulation du capital en temps réel nous nous voyons alors réduits dans notre capacité à être les créateurs de nos vies et de nos sociétés puisque nous devenons dépendants d’un temps qui n’est plus le notre.
    Je dis qu’une caractéristique fondamentale du temps c’est qu’il n’est jamais le notre, ou inversement que le « temps capital », le « temps a-social » n’est pas moins le notre que le « temps d’avant » (qui aurait été plus social? Je ne le crois pas). Je ne comprends pas comment quelqu’un (vous en l’occurence) peut se penser vivant dans un temps qui n’est pas le sien ou qui n’est plus le sien. Vous ne vivez pas dans un autre temps que le mien. En quoi la vitesse de circulation du capital change-t-elle quelque chose à notre capacité à être créateur de nos vies?
    Expliquez-moi comment : « L’hyper concentration du capital que permet ce système permet une hyper appropriation de notre temps. » J’arriverai ainsi j’espère à vous suivre.
    Bien à vous.

  23. Avatar de Oppossùm
    Oppossùm

    @ Crapaud rouge

    La notion du temps conçu comme un cycle tient tout bêtement à l’inclinaison de la terre , donc à l’existence des saisons. Ainsi qu’ à sa rotation, donc au phénomène du jour et de la nuit.

    Sans quoi le temps serait conçu tout autrement.

    Au contraire le christianisme a posé l’idée d’un cycle puisqu’après l’ hivers de la mort, il y aura le printemps d’une résurrection.

    (Je suis contrariant …)

  24. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    « Que font les economistes? » se demande Thierry. Que font les mathématiciens ? se demande Paul : ils inventent ou ils découvrent ? Pour ce qui est des économistes, ils inventent beaucoup mais ne découvrent rien, car ce qu’ils devraient découvrir, ce sont des moyens d’établir des consensus. Je m’explique : l’arithmétique ne semble « universelle » que parce qu’elle fait consensus, et celui-ci n’est apparu que parce que certaines méthodes, incluant l’invention du zéro, se sont montrées bien plus performantes et plus générales que toutes celles qui les ont précédées. La méthode du boulier, toujours d’usage en Chine, est très performante aussi, mais pour des calculs à la volée, impossibles à écrire.

    Au lieu de chercher, par exemple, ce qui pourrait faire consensus dans la notion d’intérêt, chaque économiste y va de sa petite conception. Moralité : chacune de ces conceptions s’ajoutant aux autres, elles ne valent pas plus que l’idée que peut s’en faire monsieur tout-le-monde. Si les matheux avaient raisonné pareil avec le zéro, en disant : « le zéro représente ceci », « mais non, vous n’y êtes pas du tout, le zéro c’est cela », ils en débattraient encore, et l’on ne saurait toujours pas qu’en faire.

  25. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    @Opposùum : « L’avenir n’existe pas spécifiquement dans mots/pensées/théories et discours » & « dans le présent il y a plusieurs avenirs possible » :

    Certes, mon cher, (je ne suis pas contrariant), mais je n’ai jamais voulu dire ça. J’ai insisté, (lourdement pensais-je), sur « donner lieu » : dans un lieu, qui n’est pas un moment de la causalité conventionnelle, il y a place pour beaucoup de choses. Le lieu en question est celui des représentations : convenez qu’il est vaste !

    Mettons les choses au clair : le néolibéralisme ne serait jamais apparu si des penseurs ne l’avaient pas préalablement pensé. Mais, il n’y a pas causalité pour autant : « avoir pensé le néolibéralisme » était une condition nécessaire, mais insuffisante. Il fallait aussi, comme chacun le sait aujourd’hui, que d’autres personnes, en d’autres lieux et d’autres circonstances, décident de le mettre en pratique.

    Qu’il puisse exister une condition « nécessaire et suffisante » pour provoquer un effet est toujours disutable. Les pommes ne tombent pas à cause de la pesanteur, mais du fait qu’elles mûrissent. La pesanteur joue sur leur façon de tomber, (à la verticale et avec une certaine accélération) mais pas sur les évènements qui président à leur chute, et qui se trouvent tout entier dans l’arbre.

  26. Avatar de A.
    A.

    Paul écrit que les prix sont la traduction de la structure sociale qui se partage, d’après Marx, entre les salariés(ouvriers), rentiers (dans lesqules on pourrait inclure les salariés aux rémunérations très élevées) et les capitalistes.

    A cette division synchronique, il manque une dynamique temporelle. Le vieillissement de la popultation fait des salariés d’hier les rentiers d’aujourd’hui vis-à-vis des salariés d’aujourd’hui. Louis Chauvel a démontré dans ses travaux la véritable dégradation de vie économique des cohortes nées dans les années 70 et postérieures à celles qui sont nées avant.

    C’est un aspect qui mérite attention.

  27. Avatar de A.
    A.

    Je suis obligé de faire bref. J’ai parcouru le développement de Pierre-Yves D. sur le capitalisme. A l’instar de Weber, on peut rétorquer que le capitalisme est un éthos. Le capitalisme remonte selon vous à la renaissance. Or, on peut même le faire remonter plus haut : dans les foires de Champagne au XIIIème par exemple. Mais est-ce le capitalisme ? Non, répond Weber qui associe son essor à un mode de vie ascètique porté par l’angoisse su salut.

  28. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    @Oppossum :

    A propos de la spéculation, vous dîtes :
    « Mais entre protection de son patrimoine et spéculation ? Là, la frontière ne peut être posée par un simple principe. »

    La spéculation est le principe qui génère et parachève l’inégalité des droits :

    Si la réponse du non-spéculateur au spéculateur est : « La spéculation, c’est donc ce que vous faites sans le savoir ». C’est que le spéculateur donne un contour bien flou à « l’accumulation du capital » sans doute parce que moralement ça l’arrange ! Tandis que le non-spéculateur comprendra à ses dépens que cette accumulation est proportionnelle à la force de travail qu’il devra déployer pour payer la dette et son intérêt. Pourquoi ? Parce qu’on a jamais vu de nations capitalistes modernes sans Etat endettés à mort (au sens propre) auprès du Capital (que cela soit aux US, en Europe ou en Asie), et l’Etat, dernier prêteur en dernier recours, c’était l’ensemble des citoyens « normaux » (« dans la norme » : qui n’ont pas le droit délirant de parier sur les prix).

    Je me demande si dans la littérature libertarienne l’idée que tout le monde puisse parier sur les prix avec la force de frappe des traders est venue titiller ces grands théoriciens, comme si l’économie réelle pouvait soutenir l’égalité : Un consommateur spécule comme un spéculateur de la banque … Et Paf ! La banque exploserait plus vite ainsi plutôt qu’en réservant ce droit délirant à une classe de nantis comme c’est le cas aujourd’hui …

  29. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    Note : à coté des « capitalistes (qui perçoivent l’intérêt) » des « entrepreneurs (qui s’approprient eux le profit) » et du « troisième élément constitué des salariés », il y a aussi les états qui collectent l’impôt. Quand on sait qu’ils sont devenus littéralement les souteneurs des capitalistes et des grands entrepreneurs, ces larrons ne doivent pas être oubliés.

  30. Avatar de oppossùm
    oppossùm

    @ Pierre-Yves D. dit
    « je préfère faire confiance à Schopenhauer, à la “perversion naturelle de l’âme humaine” …  »

    … et bien moi aussi.

    Le capitalisme nait peut-être bien en Italie du Nord au moment de la renaissance. je note juste que c’est également de là et à cette époque qu’une nouvelle conception de la monnaie émerge.

    Cette nouvelle conception va permettre la concentration de capital de façon beaucoup plus facile et ductile. Cette concentration est le nouveau mode , le nouveau principe actif qui va permettre aux hommes de se ‘mobiliser’ sur des projets. Elle va permettre des avancées considérables et des réalisations à des échelles plus grandes et de façons plus déconcentrées et ‘démocratiques’.
    Cette concentration du capital remplace l’antique notion , complètement oubliée aujourd’hui dans son rôle historique, du Trésor ! Le Trésor est cette accumulation de monnaies (ou sources de) qui permettait matériellement de construire. Le Trésor est ‘caché’ , comme dans les contes , car la pratique la plus normale était de le voler à l’autre.

    Le Trésor est l’ancêtre momifié du Kapital.

    (Une certaine spéculation est donc tout simplement la fille de la piraterie.)

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