A propos de « Il faut régler le problème de la volatilité du pétrole », par Gordon Brown et Nicolas Sarkozy

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

We Must Address Oil-Market Volatility, Erratic price movements in such an important commodity are cause for alarm By GORDON BROWN and NICOLAS SARKOZY

On trouve donc une tribune libre de Mrs. Brown et Sarkozy dans le Wall Street Journal d’aujourd’hui, consacrée au pétrole et sous-titrée : « Les variations erratiques du prix d’une matière première aussi cruciale sont une raison de s’inquiéter ». Et le prix du blé, et celui du riz ? Il n’y a pas que le prix à la pompe dans la vie !

« Plus de transparence, plus de supervision », et sur la spéculation : rien ! C’est toujours la même idée : le prix juste s’obtient par davantage d’information. Mais non, Messieurs Brown et Sarkozy : les fonds de pension, les fondations universitaires, les cliniques américaines se mettent « long », acheteurs, sur le long terme, pour se protéger contre l’inflation et la baisse du dollar, parce que les États – et les États–Unis en particulier – ont décidé de faire tourner la planche à billets comme « solution » à la crise de solvabilité du secteur bancaire.

C’est bel et bon la transparence, mais quelle différence cela va-t-il faire pour un fonds de pension qui se met « long » sur des indices (des « paniers ») de matières premières, pariant que tous les prix vont augmenter ?

Réduire la volatilité sur les marchés de matières premières ? Interdisez-en l’accès aux spéculateurs, ils n’ont rien à y faire : ils n’ont rien à livrer et il n’y a rien dont ils pourraient prendre livraison. Ceux qui sont là pour se couvrir au long terme contre l’inflation ne bougeront pas d’un pouce, quels que soient les tombereaux d’information que vous leur déverserez sur la tête et ceux qui sont là pour faire de l’argent au court terme se mettront toujours du côté de la tendance, à la baisse comme à la hausse, qu’ils amplifieront. Ceux-là n’apportent que de la volatilité et leur excuse minable qu’ils procurent de la liquidité « dont les marchés ont tant besoin » (je sors mon mouchoir !) ne tient pas : ils sont toujours aux côtés de la foule qui alimente la bulle ou son dégonflement : certainement jamais du côté où on aurait besoin d’eux pour assurer la liquidité.

Mrs. Brown et Sarkozy, si vous êtes sérieux quand vous réclamez une meilleure stabilité du prix du pétrole (et, je vais être charitable : de toutes les matières premières), la solution est simple : « Ban non-commercials from commodity markets » !

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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58 réponses à “A propos de « Il faut régler le problème de la volatilité du pétrole », par Gordon Brown et Nicolas Sarkozy”

  1. Avatar de Karluss

    écoutez, ne prenez pas le risque de ne plus pouvoir aller tranquillement sur votre balcon…
    c’est une boutade, mais vous connaissez la chanson : « le premier qui dit la vérité » ; de toutes façons l’histoire est en marche, et vous faîtes partie des gens éclairés qui permettront à la Vérité de s’épanouir et de devenir, c’est en route même si la route est longue !
    Le président Sarkozy devrait vous demander de plancher aux côtés de Michel Rocard pour la refonte du système financier, Rocard avait d’ailleurs une bonne approche de la sainte crise, peut-être lit-il vos livres.
    cordialement

  2. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Oui Paul, mais que répondre à la triple objection soulevée par le chroniqueur maison et officiant aux basses oeuvres)du WSJ.

    1. Il sera techniquement difficile de distinguer un hedger d’un spéculateur.

    2. L’absence de contrepartie de la part des spéculateurs purs aura pour conséquence de rendre le marché moins liquide, donc plus volatil.

    3. Le marché étant moins liquide, les écarts entre l’offre et la demande – les spreads entre les bids et les asks – seront plus grands, donc les sacro-saints coûts de transaction seront également plus élevés.

    « Imposing limits on speculative positions carries all sorts of problems, not least having government-appointed officials decide who is a genuine « hedger » and who isn’t. It is an unpalatable fact of life that markets are occasionally prone to overshooting or undershooting. But if the alternative is to suppress liquidity structurally, the result is likely to be higher volatility. Participants seeking to hedge their risk might find themselves unable to do so efficiently. That carries a big cost for everyone. »

    http://online.wsj.com/article/SB124699929838707477.html#mod=article-outset-box

  3. Avatar de Adrien Montefusco
    Adrien Montefusco

    « le prix juste s’obtient par davantage d’information »

    c’est quoi le prix juste ?

    le prix strictement défini par la confrontation de l’offre et de la demande ? (hors spéculation)
    un prix qui permette au producteur de couvrir ses frais de production et éventuellement de faire du bénéfice de son activité ?
    un prix qui puisse permettre à tout un chacun d’acheter un marchandise qui lui est nécessaire (ou vitale) ?

    le juste prix n’est jamais le meilleur prix…

  4. Avatar de Voltaire
    Voltaire

    Billet consternant dans sa conclusion !

    Les plus gros « commerciaux » (les professionnels) sont des banques, type mafieux de chez Goldman Sachs ou truands de chez JP Morgan Chase, qui vendent à découvert et sont donc incapables de livrer ; ou achétent pour faire monter les cours puis vendre aux gogos (type fonds de pension) avant de tirer le tapis lorsque leurs départements d’étude et d’analyse passent vendeurs sur ces produits après qu’ils eurent tiré le marché pour apâter le gogo (le pétrole à 200 $ prévu par Goldman Sachs n’est qu’un exemple).

  5. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    Dans le New York Times d’aujourd’hui, un long article sur la proposition de l’administration Obama en vue de réduire l’accès des spéculateurs sur les marchés à terme. Dans le projet, on apprend que la réduction ne concernerait que les volumes que ces spéculateurs engendrent sur ces marchés. Un peu court comme approche !

    Pourtant, la solution serait simple si on obligeait tous les opérateurs à débourser ou bloquer véritablement le montant de leurs contrats au lieu de leur permettre d’emprunter uniquement la prime de ces derniers. Cela réduirait d’emblée l’effet de levier, donc le potentiel spéculatif, de l’opération.

    Quand on sait que Goldman Sachs, l’un des principaux courtiers sur ces marchés, avait fait construire des citernes l’année passée pour stocker l’or noir et créer ainsi une pénurie artificielle afin de justifier l’envolée du prix – les réels consommateurs (raffineries, entre autres) devaient à un certain moment payer 5 dollars le baril en sus du prix du jour pour se faire livrer le liquide ! Et tout cela sans qu’aucune autorité n’intervienne ! Chose qui s’est aussi produite vis-à-vis de la livraison physique d’or à la même époque.

    Qu’on empêche déjà les banques à fournir un crédit représentant un multiple du gage livré par le spéculateur, et on réduirait sensiblement la spéculation ainsi que les activités souvent néfastes des fonds spéculatifs (hedge funds). Un Soros n’aurait pas été en mesure de couler la livre sterling au début des années 90 dans ces conditions.

    Mais les financiers de haut vol détestent les solutions simples ;o) Et les politicards n’y pigent pas grand-chose. D’autant moins qu’ils se font tous conseiller par les fauteurs eux-mêmes.

  6. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    En réalité, George Brown et Nicolas Sarkozy craignent pour la suite ce que tout le monde attend, une forte remontée des prix du pétrole faisant obstacle à la reprise. Car ils n’ont pas d’autre solution en vue que cette retour à la surface, comme un bouchon le fait si on l’enfonce. Mais ils éludent soigneusement de dévoiler l’origine de cette remontée, les transactions spéculatives, se réfugiant implicitement derrière l’énigmatique loi de l’offre et de la demande, qui explique tout pour ne permettre rien de comprendre.

    Ils écrivent donc, pour le manifester : « La flambée des prix de 2008 a pesé lourdement sur l’économie mondiale et a concouru à la récession. Aujourd’hui une nouvelle période d’instabilité risquerait de saper la confiance, alors même que nous nous dirigeons vers la reprise. » Admirons le langage codé.

    Se donnant comme objectif que soit définie une fourchette de prix « compatible avec les fondamentaux », grâce « aux mécanismes pouvant être mis en place pour réduire la volatilité » des cours du brut, ils prétendent fonder leurs espoirs sur le dialogue entre « producteur et consommateurs », au sein du Forum international de l’énergie.

    C’est vouée à l’échec, puisque l’acteur essentiel de ce marché, le monde financier et ses représentants spécialisés sur ce marché, ne sera pas présent à la tribune.

    Dans ce domaine, évoqué avec la plus grande délicatesse, ils demandent à l’Organisation internationale des commissions de valeurs de « réfléchir au renforcement de la transparence et de la surveillance des marchés à terme du pétrole afin de lutter contre la spéculation » ».

    C’est occulter le fait que marché du pétrole est en réalité déjà très encadré depuis Wall Street, en particulier par JP Morgan, que les mauvais esprits estiment faire les cours. Le problème est donc qu’il ne l’est pas par les bons intervenants.

    Si une campagne devait être lancée dans l’opinion publique à ce propos, élargissant à toutes les matières premières la question du prix des matières énergétiques, elle aurait sans doute un écho égal ou supérieur à celui de la « malbouffe », qui a résonné dans toutes les têtes dans nos pays. Voilà un angle d’attaque et d’action tout trouvé.

  7. Avatar de Philémon
    Philémon

    + ban fiscal paradises

  8. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    A-t-on des preuves que Goldman Sachs 1. A fait construire des citernes pour stocker le pétrole et 2. Que le volume de pétrole stocké et la pénurie artificielle ainsi créée étaient suffisants pour faire grimper les prix… ou est-ce encore une nouvelle légende urbaine?

  9. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ ton vieux copain Michel

    Réponses :

    1. Le spéculateur travaille toujours avec l’argent des autres. Il emprunte pour effectuer ses opérations. Donc, n’accepter que ceux qui agissent avec leurs propres sous : position prise ne pouvant jamais dépasser le capital propre.

    2. Non, il sera plus sain. La liquidité n’est qu’un leurre. Un marché ne vise qu’à équilibrer l’offre à la demande ou vice versa, rien de plus. Il faut donc contenir l’offre et la demande en instaurant des quotas. Aussi longtemps qu’un quota n’a pas été « liquidé » (aussi longtemps qu’il subsiste un solde à épurer), on ne peut négocier.

    3. Non, si on instaure un négoce fondé sur des quotas. Tant qu’il n’est pas totalement liquidé, aucun négoce nouveau ne peut naître. C’est donc le solde qui déterminera l’évolution du cours et non plus le volume comme aujourd’hui. Cela suppose donc que la liquidation d’un quota sur le marché mène à un seul prix, une sorte de ‘fixing’, au tarif duquel l’ensemble des ordres sera exécuté. Il sera nettement moins commode à un spéculateur de manipuler un fixing. Aujourd’hui, le prix (cours) se fait à la tête du client : chaque opération implique un cours, quelle qu’en soit le volume. C’est le système de cotation anglo-saxon que les marchés ont tous adopté depuis le fameux big bang financier de juillet 1986. Avec un système de fixing, on n’est plus tributaire d’une contrepartie (d’un Goldman Sachs, par exemple) mais bel et bien d’une contrepartie ayant placé un ordre inverse. La fonction des courtiers se résumerait alors à celle d’un simple commissionnaire chargé de mettre les parties opposée en contact les unes avec les autres.

    Je ne prétends pas que le système du fixing abolirait la spéculation, mais elle la rendrait nettement plus compliquée.

  10. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    A savoir également que les dirigeants de Goldman Sachs et autres compagnies bancaires du même genre se préparent à proposer de nouveaux produits de TRITISATION à leurs clients .
    http://www.allofinance.com/video/?video_id=998&cat_id=1

    Et oui ce sont bien de nouveaux produits de tritisation plus intelligents encore, consternant n’est ce pas ?

    Nos gouvernants et politiciens sont aussi complices de telles pratiques financières innommables, tous aiment se faire acheter par des présents et courent après les récompenses et les premières places de ce monde ; Ils ne font pas droit à l’orphelin, Et la cause du malheureux de la veuve ne vient plus du tout jusqu’à eux, telle est leur vaine marque de conduite en société … Cela ne les gène pas non plus de continuer de faire comme si de rien ne s’était produit hier…

  11. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    La colonne « LEX » du Financial Times illustre de manière significative la manière dont les financiers cherchent des parades quand ils rencontrent un problème. Rappelant combien le sujet de la lutte contre la hausse du prix du pétrole était un sujet récurrent au USA – cette année c’est la CFTC qui s’en est emparée, comme je l’écrivais dans mon dernier billet – l’éditorialiste s’inquiète du rôle que jouent les fonds de pension qui interviennent sur ce marché, considérant qu’ils ont une responsabilité dans la montée des prix. Sans évoquer qu’ils sont présents, comme le rappelle Paul Jorion, pour se protéger. Pour s’apercevoir, au final, qu’ils subventionnent d’autres intervenants (qui ne sont pas, eux, désignés).

    Mais où les financiers sont décidément des gens admirables: la solution que préconise le FT est de ne plus permettre l’accès à ce marché des fonds de pension. Et de ne pas faire de distinction artificielle entre spéculateurs et « hedgers » (les agents qui procèdent aux opération de couvertures). Qui sont, dans ces conditions, les spéculateurs ? Les fonds de pension si l’on suit bien le FT. Car il voit dans une autre approche, qu’il élude, le danger, toujours le mêm, de réduire la « volatilité » du marché. En rajoutant que ne pas faire cette distinction pourrait avoir comme conséquence un exode des hedge funds vers Dubai ou Singapour.

  12. Avatar de Malik
    Malik

    Interdire la spéculation sur les marchés de matières premières?

    Et comment ferait les producteurs, négociateurs, acheteurs si ils veulent acheter, revendre leurs positions si il n’y a pas de spéculateurs. Croyez vous réellement qu’ils puissent avoir des coûts d’approvisionements raisonnable? Je ne pense pas.

    Une idée qui n’est pas réaliste, donc pas soutenable.

  13. Avatar de ybabel
    ybabel

    Je note un changement de ton dans cet article, la neutralité habituelle est délaissée …

  14. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    @ Jean-Pierre, merci pour les liens. En effet, c’est étonnant mais on peut noter plusieurs choses.

    1. C’est un détail mais Goldman Sachs n’est pas la seule banque à investir dans des infrastructures de stockage et à acheter du pétrole physique. L’article du Times mentionne aussi Morgan Stanley et Deutsche Bank. Il doit y en avoir d’autres… C’est juste pour éviter le procès en diabolisation.

    2. Ces banques de font pas que stocker du pétrole. Elles en vendent. L’article mentionne un deal entre Morgan Stanley et United Airlines pour la fourniture de carburant. En d’autres termes, elles se diversifient dans de nouveaux métiers.

    3. On peut se demander si ces banques stockent pour 1. Profiter des hausses ou 2. Provoquer des hausses en créant une pénurie artificielle. Les volumes qu’elles stockent sont-ils suffisants pour engendrer une hausse? L’article mentionne un achat de Goldman Sachs de 10 millions de barils à comparer avec la production globale de 80 millions bails/jour.

    Cela dit, il y a de quoi s’inquiéter. Si de grandes banques deviennent des grossistes en matières premières physiques tout en disposant des capitaux et de moyens sophistiqués pour spéculer sur les marchés à terme, on peut craindre le pire.

  15. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Les banques sont parfois actifs sur les marchés des matières premières pour le compte de producteurs/consommateurs. La raison c’est qu’ils ont l’infrastructure (trading desk), les personnes qualifiées, et l’accès aux différentes places boursières.

    Par ailleurs: pour ce qui est de Suez (producteur d’électricité) que je connais bien: la salle de trading (120 personnes) est séparée en deux équipes ‘Internal Portfolio Management’ qui vend l’électricité produite par Suez et/ou achète pour le compte de ses clients et le ‘Trading Desk’ qui n’est là que pour la spéculation. J’imagine que c’est la même organisation pour les autres secteurs.

    En pratique, il va être bien difficile de distinguer les deux, même si c’est désirable. Mais bon, ça veut juste dire qu’il faut être créatif…

  16. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Comme quelqu’un l’a déjà écrit, ce serait plus confortable de pouvoir corriger a posteriori les fautes d’orthographe de ses propres posts, plutôt que des les regarder avec désespoir!

  17. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    @ Jean-Pierre, concernant votre post de 11h47.

    Il va de soi que spéculer sur des denrées alimentaires ou des ressources énergétiques au risque d’affamer des populations ou de paralyser des économies a quelque chose d’immoral. Il n’en reste pas moins qu’on peut essayer de répondre aux arguments de ceux qui défendent la spéculation, en s’abstenant de recourir à l’argument moral mais en démontrant plutôt que leurs arguments sont illogiques.

    D’autant plus que deux thèses s’opposent ici. 1. La thèse selon laquelle la liquidité (d’origine spéculative) engendre la volatilité. 2. La thèse selon laquelle l’absence de liquidité engendre la volatilité.

    A moins d’avoir deux conceptions implicites de la volatilité, une des deux thèses est fausse.

  18. Avatar de CF
    CF

    Peut-être qu’ils lisent le blog de Nouriel Roubini, ci-dessous dernier paragraphe de son dernier post.
    Reprise d’un post du 15 juin 2009
    « The recent recovery of asset prices from their March lows is in part justified by fundamentals, as the risks of global financial meltdown and depression have fallen and confidence has improved. But much of the rise is not justified, as it is driven by excessively optimistic expectations of a rapid recovery of growth towards its potential level, and by a liquidity bubble that is raising oil prices and equities too fast too soon. A negative oil shock, together with rising government-bond yields – could clip the recovery’s wings and lead to a significant further downturn in asset prices and in the real economy. »
    Lien : http://www.rgemonitor.com/blog/roubini/

  19. Avatar de antoine
    antoine

    @ Malik
    Le problème vient de l’usage que vous faites du terme « raisonnable » (par rapport à quoi?).
    Répondre à cette question mettrait en évidence deux manières radicalement opposées d’envisager la façon dont nous devrions nous gouverner, et ce qu’il est expédient ou pas de faire.
    C’est là une question de philosophie politique pure. Quelle est la manière légitime d’aborder et donc de résoudre ce type de problème? En sachant qu in fine, la solution adoptée apparaitra nécessairement IRRATIONNELLE à l’autre camp.

    On peut reformuler tout ça de manière plus claire: oui, la proposition de Paul semble impliquer de facto un changement de système complet… que vous n’êtes visiblement pas prêt à accepter, soit pour des raisons opportunistes, soit parce que vous êtes sincèrement convaincu – à tort- qu’il n’y a pas de système plus efficient que celui-là (malgré tous ses défauts), ou plus simplement parce-que vous pensez que la recherche de l’efficience est le point de vue fondamental à partir duquel envisager la totalité du domaine des affaires humaines. Cette dernière approche est, on le sait depuis les travaux de J. Rawls (et les Anciens le savaient bien), incompatible avec la démocratie (ou pour les anciens avec la recherche du meilleur mode de gouvernement).

    @ F. Leclerc:
    Rien à ajouter.

  20. Avatar de cyrille
    cyrille

    comment empêcher les « commercial » d’être des passerelles pour les spéculateurs vers les marchés de matières premières ?

  21. Avatar de eomenos
    eomenos

    Pour excercer certains métiers il faut non seulement un diplôme ou un certificat d’aptitude professionnelle mais il faut en outre une autorisation de l’état ou ses démembrements (exemple : journaliste ou médecin)

    Pour pratiquer certaines activités, il faut un permis (conduire, pêcher, chasser…).
    Pour ce dernier exemple après un examen assez tatillon histoire de pouvoir déterminer les espèces protégées ou les individus
    (ainsi un cerf à huit cors peut être tiré un à dix non).

    Pour trader il conviendrait d’en exiger au moins autant.

    Et les contrevenants ? Et bien ils devraient….banquer.

  22. Avatar de tomate
    tomate

    Je note le ton plus affirmé de Mr JORION : Ce n’est pas pour me déplaire … sans forcément me plaire !

    plusieurs réflexions :
    – quel est le rôle d’une banque ??? est ce de devenir un logisticien ??? un stockeur … puis transporteur… puis distributeur ….. voir à terme producteur….voire détenteur du sous-sol …à terme????
    – Pour tout flux ( matériels et immatériels), l’existence des intermédiaires est elle fondée???rationnelle???? n’y a t’il pas un bon coup de balai à donner ??? Rapprocher l’offre de la demande : voici un simple et bel objectif !!!
    – Parlons des flux matériels : hormis ceux concernant les matières premières ( MP) et les produits finis ( PF), une vision et politique visant à limiter les flux pour les produits semi-finis ( PSF) , pour ce qui concerne le Transport Principal( qui est réalisé à plus de 85 % par le transport maritime), aurait des conséquences harmonieuses et bénéfiques sociales, économiques, financières, ontologiques, ecosphériques, écosophiques, ….Limitation et/ou suppression ( selon les cas) de nombre des transports dit « secondaire ou d’approche » , logistiques de distribution ( crossdocking, de masse à but spéculatif…) , en autres. En somme le mondialisme, revu sous le critère fondamental et premier du « LOCALISME ».
    – Le fixing est une idée avec le critère du solde : toutefois, à la condition d’incoporer tous les coûts … CEUX qui sont cachés à ce jour !!! et pas seulement les coûts de production, tels que définis actuellement… !

    Aujourd’hui , il y a des solutions :
    – pétrole pour automobile : récupérer tous les moules des moteurs construits dans les années 80 et 90 ( XUD de chez peugeot , pour seul exemple, en ce qui concerne les diesels…) et y incorporer les solutions imaginées, développées et reprises par certains « Déviants » ( considérés comme tel , à ce jour , car représentant une grave mesure pour le lobbying actuel …) : Les PANTHONE , GILLIER and co !!!
    Résultat : – 30 à 45 % d’économies sur la consommation d’un véhicule ( tracteur et automobile) : Et ca marche !!! très bien ! Qui plus est , le test du mouchoir de ouate posé à la sortie du pot d’échappement est édifiant!!!!
    Il y a aussi la solution proposé par un créateur pour l’automobile avec son moteur à air comprimé : Et ça marche … très bien …très très bien !!! On dit qu’il aurait vendu son brevet ….à une personne , habillé tout en blanc…. et vivant dans le désert ( OHHHH???? t’es sûr TOMATE ??? Tu déc…es là ???) Pour quoi c’est t’i que ce Mossieur a acheté ce brevet ????

    Pour le reste des matières premières organiques, entrant dans la composition de notre alimentation, de nos vêtements et de notre habitation ( encore ce fameux triptyque qui ne nous quitte pas , quoi que l’on fasse, impossible de lui échapper :  » se nourrir, se vêtir, se loger « …) , il faut procéder à l’identique avec une mondialisation avec le principe fondateur et premier du localisme … Il conditionnera tout la stratégie et les tactiques à mettre en place … donc , les réglements , les « BAN », et les autorisations … A bas certaines formes de régulations ( Mon dieu !!! Je m’exprime sur un ton similaire à Mr JORION …. est ce grave ???).

    Mais … que de combats à mener… il y aura des morts, des blessés…. tant pis ??? tant pis et … tant mieux !!!
    Que d’écosophies sur ce site , et sur d’autres …. est ce mal ??? est ce bien ????
    Quelles est l’issue ????
    Quoi qu’il en soit, la masse dominante n’est pas de mon côté … mais ce sont les minorités qui ont toujours impliquer, imprégner, eveiller, modifier le cours des choses par rapport à une situation à l’instant T ….

  23. Avatar de Jean-Pierre
    Jean-Pierre

    @ ton copain Michel

    Spéculation, liquidité, volatilité sont des termes d’économistes qui cadrent dans leurs belles théories. Selon leurs belles formules, la spéculation servirait à équilibrer le marché à tout moment. Cela suppose qu’un marché doit impérativement fonctionner tout le temps, en continu. Il est absurde qu’un prix ou qu’un cours émane d’une transaction, quelle qu’elle soit, et non d’un volume précis. A quoi rime le cours d’une opération d’un lot par rapport à une autre concernant 1000 lots ? Quelle est l’opération la plus significative ? En statistique, cela ne fait aucun doute, celle de 1000 lots, sa pondération est mille fois supérieure à la première. Mais pas sur les marchés. Les deux opérations sont équivalentes !

    Le spéculateur, selon la théorie, intervient pour faciliter l’équilibre, donc l’obtention d’une cotation. Mais dès que l’intervention d’un spéculateur dépasse largement celles des opérateurs traditionnels et dépendants de ce marché, la donne est totalement faussée. Une première règle serait donc d’empêcher tout spéculateur (tout opérateur agissant dans le seul but d’empocher une plus-value) d’agir librement, mais de se conformer à ce que les théoriciens économistes ont défini : apporter ses liquidités pour équilibrer le marché et non le perturber selon sa guise.

    C’est pour cette raison que je propose le retour généralisé au « fixing ». On rassemble tous les ordres d’achat et de vente jusqu’à une heure déterminée. Un commissaire classe ces ordres en fonction de leurs cours proposés de sorte à établir un solde. Après quoi, les opérateurs initiaux, connaissant le solde à épurer, peuvent adapter leur ordre mais uniquement dans le but d’apuration du solde, jamais pour l’amplifier

    Si ce solde est acheteur, par exemple, les opérateurs peuvent réduire leurs ordres d’achat et d’autres augmenter leurs ordres de vente. Une fois ces nouvelles adaptations enregistrées, s’il subsiste toujours un solde acheteur, alors et alors seulement les spéculateurs seraient admis de sorte à finaliser l’équilibrage de ce négoce. Le prix d’équlibre ou fixing serait ensuite appliqué à tout le monde, spéculateurs inclus, dont l’ordre reste recevable.

    Avec ce système, la volatilité se résumerait à l’écart entre le cours précédent et le nouveau, mais pour une volume nettement plus conséquent, et non plus à ces soubresauts intempestifs qui font osciller les cotations continuellement.

    Si, de plus, on instaure des quotas qu’aucun opérateur ne peut dépasser par séance de fixing, on réduit la nuisance des opérateurs, spéculateurs ou non, fortunés par rapport aux autres. Enfin, si on refuse que les opérateurs, quels qu’ils soient, puissent agir avec du crédit, on réduit derechef la nuisance spéculative.

    En clair, seuls ceux qui doivent, pour des raisons économiques propres à leur activité, négocier sur le marché, placeraient des ordres. Ces ordres seraient forcément « couverts » et ne nécessiteraient qu’un apport de liquidités (d’origine spéculative, dans le bon sens du mot, donc selon l’acception théorique) que de façon marginale. La volatilité, elle, ne sévirait que s’il survenait véritablement de forts déséquilibres. Mais là aussi, par le biais des quotas, on en réduirait l’impact.

    Ce système a existé précédemment. Il était la pratique usuelle sur les Bourses de Paris, de Bruxelles, sur le marché des changes réglementés gérés par les banques centrales, sur certains marchés à terme. Tout cela a éclaté avec l’instauration et l’adoption du système anglo-saxon, prétendu plus efficace et concurrentiel, mais où tout opérateur dépend d’un teneur de marché, donc d’une seule contrepartie. En fait, le système actuel est une formidable oligpolie gérée par les banques. Si nos doctes gouvernants voulaient véritablement apporter la transparence sur les marchés et neutraliser la spéculation, je ne vois pas beaucoup d’autres alternatives à la réinstauration du fixing, agrémentés de quotas et d’interdictions de crédit à des fins spéculatives. De plus, toute opération deviendrait nominative. A l’ère de l’ordinateur, c’est une chose bénigne que de l’instaurer.

    Quand on voit toutes les précautions que les opérateurs sur les marchés doivent prendre pour dénouer leurs opérations, pourquoi ne peut-on en prendre de similaires pour placer les ordres ? Cela n’a rien à voir avec une quelconque atteinte à la liberté d’action, mais favoriserait la transparence et la fiabilité. Même les produits dérivés en bénéficieraient, car deviendraient moins aléatoires. Mais ne nous leurrons pas, les banques n’accepteront jamais de se laisser embrigader de la sorte ;o)

  24. Avatar de DB
    DB

    « Le Fonds monétaire international a estimé mercredi que le pire de la crise financière mondiale était passé… »

    Quand vont-ils arrêter de répéter cette phrase tel un disque enrayé ?
    C’est vrai, le monde va très bien, 1 milliard de personnes crèvent de faim, des dizaines de milliers de chômeurs en plus dans le monde tous les jours, etc…

    Moi qui croyait que Dominique Strauss Khan était un homme pas trop bête…

  25. Avatar de auspitz
    auspitz

    bravo !!!
    un grand bon point pour cet article de paul; comme je les aime;
    mettre les décideurs face à leurs contradictions; montrer l’écart qu’il y a entre leurs discours flamboyants et l’inexistence du contenu des mesures qu’ils prennent en définitive;
    il faudra maintenant aller au charbon; descendre de la tour ;

  26. Avatar de Philippe
    Philippe

    N’oublions pas que l’espèce humaine croit toujours de manière exponentielle. Même si la période de doublement s’est allongée ces dernières années, elle est toujours d’environ 50 ans.
    Malheureusement les matières premières ne sont pas en croissance exponentielle et le pétrole en plus d’être la matière première la plus importante pour maintenir l’économie humaine à son rythme actuel est aussi une des premières à ne plus suivre la demande.
    Je pense que la crise financière n’est qu’un symptôme du peak oil.
    Les systèmes capitaliste demandant intrinsèquement de la croissance pour fonctionner et donc toujours plus de pétrole pour activer la croissance économique, il a réagit aux prix élevés du pétrole qui ont freinés la croissance.
    La finance utilisant de grands effets de levier, elle réagit fortement à une dégradation de l’économie. Beaucoup de choses peuvent être changée dans la finance, la politique ou l’économie mais tant que les calories faciles à produire apportée par le pétrole ne sont pas remplacée on assistera à des successions de crash -reprise –pétrole qui augmente – recrash avec une production générale de biens suivant la courbe descendante de la production de pétrole.
    J’aime imaginer l’activité humaine comme des molécules qui s’agitent. Plus on apporte de l’énergie en les chauffant plus elles s’agitent (nous on construit on déplace on détruit) quand l’énergie apportée diminue la température diminue et l’agitation diminue.
    Le peak oil est le nerf de la crise, sans invention majeure pour remplacer l’énergie qui diminuera dans les prochaines décennies point de salut. Toutes les mesures, les réglementations, les changements de monnaie de référence ne feront que changer qui seront les plus ou moins touchés et aussi la manière dont la descente se fera (en dents de scies ou plus plane).
    L’autre « solution » serait une catastrophe qui réduirait de manière significatives le nombre d’individus à partager les ressources ce qui permettrais au survivants de ne pas être confrontés à une raréfaction du pétrole (durant une plus ou moins longue période en fonction de leur nombre et de leur croissance).
    Le seul moyen d’éviter des variations du prix du pétrole serait de lier nos monnaies au baril de brut.
    Evidement cela représente un changement complet du capitalisme.
    A la place d’une monnaie sans cesse croissante qui souffre d’inflation, on aurait une monnaie dont les stocks de références seraient en diminution constante donc une monnaie dont l’unité gagne de la valeur avec le temps.
    De plus seul les pays avec des réserves de pétrole seraient théoriquement autorisés à émettre cette monnaie à moins de réaliser des stocks énormes dans chaque pays émetteur (en remplissant des nappes souterraines par exemple).
    On a pas abandonné la relique barbare pour rien, remplacer l’or par l’or noir n’arrivera est de la science-fiction.

  27. Avatar de DB
    DB

    @Philippe

    Ce sont surtout les fétichistes de la bagnole qu’il faudrait éliminer… C’est tout de même grave de voir que c’est sur l’industrie automobile que repose une bonne part de l’économie mondiale. 0 voiture = assez de pétrole pour tout le monde.

    De toute façon, le monde n’a que 4 valeurs : la bagnole, la meuf, le fric, la sape.

    L’Humanité est perdue…

  28. Avatar de DB
    DB

    Qui sur ce blog :

    N’a pas de voiture ?
    A fait parti une fois dans sa vie d’une oeuvre caritative ?
    N’a jamais possédé d’actions ?

    A mon avis, peu vont répondre…. C’est pour cela que le monde ne changera jamais… Tant que pesonne ne commencera à d’abord balayer devant sa porte il n’y a aucun espoir…

  29. Avatar de KillYourIdols
    KillYourIdols

    Premier post à l’occasion de ce sondage de DB, je consulte ce blog à peu près tous les jours pour lire, avec plaisir les échanges toujours instructifs qu’on y trouve.

    Alors pour répondre au sondage :
    1. J’ai une voiture mais je prends le trains tous les jours pour aller travailler
    2. Non, pas d’oeuvre caritative … mais quelques dons quand même … et membre d’une association écolo
    3. Je n’ai jamais possédé d’action … mais en quoi posséder des actions pose un problème ? à l’origine cette forme d’investissement et de financement des entreprises, à mon sens, n’était pas si bête que ça … le système a juste été perverti par la spéculation sauvage et la recherche du profit immédiat.

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