Le très beau commentaire de Jean-Pierre Voyer sur le « bricoleur américain » m’a renvoyé à mes propres souvenirs et à ma propre ambivalence envers les « iouessofé » et mes douze ans d’Amérique (« les États-Unis » pour les puristes), comme ayant toujours été le pire de l’Europe multiplié par cent, et le meilleur aussi multiplié par cent également : l’environnement volé, combiné à l’esprit « pionnier » (mort en Europe : englué dans le train-train minable) produisant la démesure magnifique. Le pire est haïssable bien sûr, le meilleur, admirable.
Pour ceux qui l’auraient raté : le commentaire de Voyer :
Ce que vous appelez le bricolage prend chez les Américains du nord une dimension inconnue en France (nous sommes loin de la tondeuse à gazon). Ainsi, un ouvrier soudeur (à 9$ de l’heure ce qui à l’époque – il y a trente ans – était sans comparaison avec les salaires européens) possédant un grand terrain sur lequel il avait édifié sa maison, fut pris soudain par l’envie de pêcher ; il achète un vieux Caterpillar, le retape, se creuse un immense étang, l’alevine, puis pêche. Quand les bricoleurs français en seront là… Ce qui caractérise l’Amérique du nord, c’est la puissance et le « ne douter de rien ». J’espère qu’ils nous étonneront encore.
L’un de ses fils, ouvrier lui aussi, avait un avion. Son autre fils jouait de la guitare et était scientologue. Une de ses filles était folle de négritude, se coiffait afro et avait épousé un noir. Son autre fille est celle que j’ai connue et qui avait du sang indien comme ses frères et soeur. La bourgade où elle naquit avait pour nom M’pah pah.
Bonne chance à eux de toute manière, ils en auront bien besoin.
Nous aussi d’ailleurs.
Eddie Cochran
Gene Vincent
Bill Haley
107 réponses à “La démesure magnifique”