Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Dans ma chronique mensuelle du Monde – Économie qui paraîtra lundi, j’attire l’attention sur le fait que dans les négociations qui ont lieu depuis 2008 en vue d’une réforme de la finance, il existe une prémisse implicite selon laquelle les représentants des milieux financiers ont la capacité de s’identifier à l’intérêt général. Quelques illustrations empruntées à la période 2007-2009 me suffisent pour montrer que cette hypothèse a été infirmée par les faits. Je propose alors que les mesures qui s’imposent soient dorénavant mises en application sans consultation des milieux financiers.
Si j’anticipe sur ma chronique à venir, ce n’est pas sans raison. Dans le billet le plus récent de François Leclerc, il dresse le bilan calamiteux de la réunion hier à Luxembourg des ministres des finances européens, la ennième réunion depuis le début de l’année dernière visant à résoudre la crise de la zone euro. Ce n’est pas sans raison que François intitule son billet : « C’est raté ! », et le fait est qu’il aurait pu intituler la suite de ses billets consacrés à la crise de l’euro : « C’est raté ! (I) » … « C’est raté ! (XIV) », comme il le fait dans son feuilleton brillant consacré à la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima. Et ceci veut dire que, comme dans le cas d’une réforme de la finance, le moment est venu de tirer les conséquences de l’incapacité des interlocuteurs en présence à résoudre les problèmes : des occasions en nombre suffisant leur ont été offertes de trouver une solution et ils ne sont arrivés à rien… pardon, si : à retarder une solution – bancale – jusqu’en 2013 en raison de préoccupations électorales des gouvernements des uns et des autres.
En février de l’année dernière, je publiais ici-même un billet intitulé « Feu en la demeure ! ». Plus d’une année s’est écoulée, le feu couve toujours et l’embrasement final est imminent. Le choc qui résulterait d’un embrasement final de la zone euro équivaudrait en ordre de magnitude à celui consécutif à la faillite de Lehman Brothers dont on sait aujourd’hui que le système financier mondial n’y a survécu que par miracle et au prix de la santé économique des nations.
Si les interlocuteurs qui se sont réunis hier en secret à Luxembourg ne sont, une fois de plus, parvenus à rien, malgré l’imminence de l’embrasement, la conclusion qui s’impose est qu’ils n’y arriveront jamais : ils se sont disqualifiés eux-mêmes au fil des mois, de réunion sans résultat, en réunion sans résultat. Il faut donc, comme dans le cas de la réforme financière, changer entièrement la formule : le moment est venu de « think out of the box », comme on dit en anglais, de faire appel à la pensée « latérale », et vite, très vite. Les anciennes manières de penser et de faire n’ont abouti à rien, sinon à nous mener inexorablement vers l’abîme. Il faut changer de méthode, aujourd’hui-même !
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction numérique en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
192 réponses à “CRISE DE LA ZONE EURO : CHANGER DE MÉTHODE, AUJOURD’HUI-MÊME !”