Billet invité
Le ballet a repris mais les danseurs sont chaussés de plomb. Angela Merkel, Mario Monti et Nicolas Sarkozy vont le 20 janvier prochain nous interpréter un nouveau tableau désormais élargi à trois, mais ils ne parviennent plus à masquer leurs pas désaccordés.
Ayant précédemment convenu avec Angela Merkel qu’il ne pouvait plus être fait ouvertement référence à la BCE – afin de préserver son indépendance (et de masquer les désaccords à propos de sa politique) – Nicolas Sarkozy a lancé un appel déguisé en déclarant que “pour faire face à cette crise de confiance, toutes les institutions européennes doivent prendre leurs responsabilités comme chaque État de la zone euro a été amené à le faire”.
Mais il a fort peu de chances d’être entendu par le conseil des gouverneurs de la banque centrale, qui se réunit jeudi prochain, tout à son affaire avec le sauvetage du système bancaire européen, qui continue à donner du fil à retordre et à présenter tous les signes durables d’une profonde crise de confiance. L’analyse des raisons de cette absence manque à l’appel, comme on pouvait s’y attendre, car il faudrait pour cela plonger les mains dans le cambouis et mettre au grand jour de petits mystères.
Romano Prodi, l’ancien président du conseil italien et ex-président de la Commission européenne, ne s’est pas privé pour se demander dans Il Messagero “pourquoi Paris a cessé d’être le ciment de l’Europe”, le devoir de la France étant selon lui de “recomposer l’unité européenne, pas de servir de roue de secours à l’Allemagne”. Pourquoi donc, aurait-il pu ajouter, le président français s’est-il engagé dans une opération de diversion à propos du projet de la taxe sur les transactions financières, prétendant aller résolument de l’avant en solitaire ? Ne serait-ce pas pour marquer sa détermination sur l’accessoire afin de masquer sa vacuité sur l’essentiel ? Quel aveu !
Mario Monti, l’actuel chef du gouvernement italien, a réclamé pour sa part que le renforcement de la discipline budgétaire s’inscrive “dans une approche durable de long terme”, car “il ne s’agit pas seulement de satisfaire la soif de discipline de court terme de certains pays”, mais aussi “d’aller plus loin vers des politiques communautaires communes pour la croissance”.
Mis bout à bout et accompagné du silence actuel du gouvernement allemand, tout cela fait de moins en moins une politique européenne. De nouveaux grands désordres s’annoncent, des reconsidérations sont inévitables.
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