UNE QUESTION DE PATIENCE UNIQUEMENT, MONSIEUR LE PRÉSIDENT ?

Quand j’ai vu François Leclerc citer le président de la république française disant :

« La reprise va arriver, c’est une question de cycle »

j’ai bien sûr tenu à aller vérifier aussitôt. Mais non, c’est vrai : les choses vont finir par s’arranger toutes seules : tout ça n’est qu’une question de cycle.

Il y a presque un an, je participais à une table-ronde réunie par Jean-Pierre Chevènement. À un moment donné, Jean-Hervé Lorenzi a expliqué : « De toute façon, cela finira par s’arranger ! ». La salle a retenu son souffle. Mon voisin de panel était Christian de Boissieu, nous nous sommes tournés l’un vers l’autre, sans doute pour vérifier que nous étions bien éveillés. J’ignore si mon visage reflétait davantage de consternation que le sien ; ç’aurait en tout cas été bien difficile.

Mais voilà, nous vivons donc en France en plein cauchemar, avec un chef de l’État qui déclare que « La reprise va arriver, c’est une question de cycle » et qui, pire encore, le croit peut-être vraiment.

Ou bien ne faites-vous, M. le Président, que répéter ce que des « économistes » disent autour de vous ? Si c’est le cas, je tiens à vous rassurer : il y a quand même d’autres économistes que cela en France, qui pourraient vous expliquer que la crise dans laquelle nous sommes plongés n’est pas une phase de faiblesse dans un « cycle » mais que les systèmes financiers et économiques sont depuis cinq ans dans un processus avancé de liquéfaction, que rien jusqu’ici n’a pu endiguer.

Oui, il est possible, M. le Président, en faisant preuve de beaucoup d’imagination de voir dans la crise des années 1930, une crise « cyclique », mais savez-vous en quelle année nous sommes alors sortis de ce cycle ? Aux alentours de 1965. Et il a fallu pendant tout ce temps-là, une bonne guerre pour donner un coup de fouet salutaire à l’économie. La différence avec maintenant ? Avec une planète épuisée entre-temps par nos soins, une complexité qui nous dépasse désormais, le travail en voie de disparition, aujourd’hui, c’est beaucoup plus grave.

Partager :

151 réponses à “UNE QUESTION DE PATIENCE UNIQUEMENT, MONSIEUR LE PRÉSIDENT ?

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote BCE Bourse Brexit capitalisme ChatGPT Chine Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grands Modèles de Langage Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon Joe Biden John Maynard Keynes Karl Marx LLM pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés Singularité spéculation Thomas Piketty Ukraine Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta