Prendre l’argent où il se trouve : l’approche non-conventionnelle, par Boris Verhaegen

La Banque Nationale de Belgique vient de publier un rapport, s’appuyant sur une étude d’incidence des baisses des dépenses publiques réalisée par l’OCDE, qui recommande de diminuer le montant des retraites et les frais de fonctionnement – dont les coûts salariaux – de l’État, pour assainir les finances publiques. Ainsi, si le rapport relève qu’une contraction des dépenses productives (enseignement, recherche, investissement) a un effet négatif sur la production à long terme, en revanche : « Pour ce qui est des autres catégories de dépenses, un abaissement induit une incidence positive sur la production à long terme. L’effet le plus important résulte d’une diminution des prestations sociales. une réduction à hauteur d’un point de pourcentage du PIB de cette catégorie entraîne, par un accroissement de la productivité totale des facteurs, une augmentation moyenne de la production à long terme de 0,4%. » Soit.

Avec bien sûr à la clé, par un raisonnement sorti tout droit d’une logique économique implacable, la possibilité induite de travailler pendant plus longtemps pour garantir une pension décente en fin de carrière… Du moins la faire remonter à son niveau actuel.

Comme l’augmentation de l’âge de la retraite n’est pas une chose très bien vue, j’ai comme l’impression qu’ils auraient trouvé le moyen de convaincre les derniers récalcitrants de la nécessité d’une telle mesure : pas de boulot ? Pas de retraite !

On nous avait pourtant dit que l’augmentation de l’âge de la retraite permettrait de la financer correctement. On dirait que ce n’était là que paroles en l’air. Qu’en est-il de cette nouvelle affirmation très sérieuse ? Il semblerait que cette dernière mesure garantirait pendant les prochains mois le rendement imposé par les investisseurs. On trouve donc toutes les manières possibles pour ne pas aller chercher l’argent là où il se trouve, quitte à diminuer l’espérance de vie de manière artificielle (une économie substantielle à la clé).

La deuxième mesure avancée est bien sûr plus classique et par trop banale : diminuer les allocations de chômage pour motiver les gens à aller travailler. Car c’est bien connu, les chômeurs et les retraités sont de gros fainéants dont il serait bon de botter un peu plus le train. En outre, l’affirmation selon laquelle les économies réalisées par ces mesures sont créatrices d’emplois n’est plus à remettre en cause : le taux de chômage des pays du sud (de l’Europe) le démontre chaque jour!

Déjà qu’aux Etats-Unis, des financiers proposent aux investisseurs de couvrir des assurances vies de personnes n’ayant plus les moyens de se les offrir avec de joyeux bouquets « cancer + diabète + dépression chronique »1, on dirait qu’on passe clairement un cap : les riches semblent en avoir définitivement marre des pauvres. Il serait peut-être bon qu’il y en ait un peu moins…

1 Pour des informations complémentaires à ce sujet, je vous propose le documentaire diffusé sur France 3 « Pièces à conviction : Banquiers, ils avaient promis de changer » dont le passage cité ci-dessus se trouve aux alentours de la 31ème minute. Disponible gratuitement sur Youtube ici

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