Comment mon genre de travail a pu disparaître, par Jacques Seignan

Billet invité.

En repensant à mon parcours d’ingénieur puis de cadre, tout devient clair pour moi en ce qui concerne la disparition du travail.

Après un diplôme d’ingénieur complété par une formation en recherche je m’oriente logiquement vers la recherche industrielle. Mais mon parcours ne fut pas linéaire ! En effet en janvier 1980 après avoir été engagé comme cadre – en CDI évidemment –, je démissionne au bout de quinze jours car le poste ne me convenait pas. Les jeunes de 2014 pourront ne pas y croire mais il m’a suffi de cinq mois pour avoir le choix entre deux postes cette fois-ci dans des centres de recherche industrielle. Et en septembre 1980 je recommence un CDI dans un grand groupe français.

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Le HP 85

Durant ma thèse j’avais appris à programmer mais à l’époque il n’existait pratiquement pas d’ordinateur personnel et l’accès à l’ordinateur du centre supposait d’aller dans un autre bâtiment… Mais deux ou trois ans après, un micro-ordinateur Hewlett-Packard (HP) 85 est installé dans une salle située dans mon bâtiment pour saisir des mesures de traction sur une machine Instron. Mon bureau (oui mon propre bureau !) étant situé au-dessus, je pouvais quasiment utiliser cet ordinateur comme un PC : je programmais et modélisais. Passionnant ! Un collègue m’initia à Visicalc, l’invention ancêtre des tableurs (type Excel) et je pouvais faire des calculs de simulations diverses en changeant un chiffre dans une case. Un grand pas ! Et en passant je fis une « perruque » : mon budget familial…

Pour mon projet industriel, j’avais un petit pilote industriel. Les données étaient relevées à la main et le plus souvent exploitées avec une calculette de type HP 35 non programmable. Mes travaux d’ingénieur de recherche étaient absolument poussifs en comparaison de ce qui pourrait être fait aujourd’hui : acquisition des données en temps réel, logiciels sophistiqués d’analyses statistiques, simulations après modélisation virtuelle etc. Sans compter l’accès illimité à l’information apportée par le Web et Internet. Je me souviens avoir pris une journée pour aller recueillir des informations techniques dans une bibliothèque universitaire à Paris. Ma productivité était très faible car en plus je prenais tous mes congés et mes week-ends sans travailler (enfin presque car parfois une idée trotte dans la tête et, si le travail passionne, il n’y a pas de honte à l’exploiter quel que soit le moment). Toutefois à ma décharge, il faut dire que mon équipe et moi-même furent assez créatifs pour obtenir des résultats concrets (et brevetés). Bien sûr j’imagine aisément qu’un jeune ingénieur rivé à son écran pourra non seulement abattre bien plus de boulot que moi à l’époque mais qu’en plus – nolens volens – il sera capable de travailler partout et tout le temps : durant ses week-ends, le soir tard chez lui et souvent même durant ses vacances… J’ai donc connu une époque où l’on pouvait facilement se déconnecter du travail.

Et il y avait encore des secrétaires. Avec trois ou quatre collègues, une secrétaire « partagée » tapait nos rapports (elle arrivait à lire nos manuscrits !), réservait nos déplacements (et c’était compliqué avant le Web), gérait nos agendas et contacts (sans téléphones portables !) etc. Comme l’a dit un jour Paul Jorion, son emploi n’a pas été délocalisé en Chine mais il a été supprimé : virée ou à la retraite. Encore du boulot évaporé ! Au début des années 2000, dans une autre société j’ai pu taper mes rapports sur Word, réserver mes hôtels et transports, avoir mon PC mais j’ai échappé à l’esclavage du Blackberry : privilège d’un rang subalterne. Mon boulot d’ingénieur était donc plein de temps morts, inutiles – en un mot tabou aujourd’hui souvent « improductif » ; il est donc facile d’imaginer comment un cadre 2014 peut remplacer plusieurs cadres 1980 et leurs secrétaires ! ; or ce n’est pas fini ! Les avancées en intelligence artificielle vont continuer ce processus destructif du travail « intellectuel » car il ne faut pas être arrogant, l’emploi de secrétaire était également intellectuel.

Mon témoignage va sembler passéiste… mais au fond quelles sont les conséquences réelles et pratiques de cette disparition massive du travail pour la majorité immense d’entre nous ? Voilà sans doute des questions que nous devrions impérativement et rapidement nous poser.

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99 réponses à “Comment mon genre de travail a pu disparaître, par Jacques Seignan”

  1. Avatar de Morico
    Morico

    A.Sauvy dans La machine et le chômage (1980) a déjà répondu à cette argumentation.
    Faits: depuis les débuts de la révolution industrielle (1800) la population et l’emploi ont septuplé de pair; pour la population de un à sept milliards. Pour l’emploi 40% de la population en moyenne; l’emploi notamment de subsistance dans les Suds continue à augmenter très vite

    Arguments: la théorie du déversement d’emplois. Les gains de productivité, s’ils évoluent plus vite que la demande (agriculture puis industrie) impliquent une baisse de l’emploi dans ces secteurs au profit des services où la demande augmente plus vite que la productivité.

    Deuxième argument de Jean Fourastié: la baisse du temps de travail (« les 40000 heures » au lieu de 80000). Depuis le XIXème le temps de travail annuel est passé de plus de 3000 heures à environ 1500 heures. Les années de loisirs ( jeunesse et retraite) ont fortement augmenté et correspondent dans les pays du Nord à un peu moins de la moitié du temps: 40 sur 80.

    Compte tenu de 5 siècles d’impérialisme, de deux siécles de développement inégal, les niveaux moyens de productivité et de consommation par macro-région sont très différenciés. Une politique économique, sociale et écologique coordonnée est nécessaire. Promouvoir une langue ethniquement neutre et dix fois plus rapide à apprendre que l’anglais telle que l’espéranto permettrait de redonner un poids plus important au travail face au capital et de revenir ainsi sur les déséquilibres croissants facteurs de crise.

    1. Avatar de timiota
      timiota

      Il y a sûrement du vrai, mais est-ce que l’existence de secteur où « la demande augmente plus vite que la productivité » n’étaient pas des secteurs liés à la mise en oeuvre d’énergie fossile de plus en plus grande (le charbon pour commencer, les pompistes des stations à essence dans les années 60), mais sur ce point, on arrive à saturation, … les « demandes en augmentation », c’est peut être aujourd’hui de tourner plus de télé-réalité ? de faire des Mooc à tout venant ? on est quand même saisi d’un doute.
      Et sur l’espéranto, pourquoi pas localement, mais je serais un peu hagégien, là aussi. On ne fait pas fi d’une mémoire longue comme la langue impunément, un peu pour les mêmes raisons que Todd mentionne dans sa recension de l’évolution des systèmes familiaux, avec une permanence de mémoire qui va bien loin, malgré un mode de vie d’apparence indépendante des affaires de fermes à hériter aujourd’hui.

    2. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
      PIerre-Yves Dambrine

      J’ai des réserves concernant l’espéranto. C’est le mythe de la langue originelle perdue après l’épisode Babel.
      Une langue plus que l’expression d’une ethnie est l’expression d’une culture. Or l’espéranto c’est une langue sans histoire, donc dépourvue de toutes les strates qui lui donnent une épaisseur, la possibilité de conserver en son sein la trace du processus par lequel une culture se transforme et transforme les humains qui en sont les dépositaires et les créateurs.

      Comment pouvons nous relever les Grands Défis si la solution se résume à un simple problème de communication linguistique au sens purement référentiel du terme, au sens où : plus serait grand le nombre de gens qui utilisent une langue commune plus serait grande la capacité d’oeuvrer en commun, et donc, de travailler plus en commun.

      Le langage humain n’est-il pas d’abord la tentative que font sans cesse les êtres humains pour relever les ambiguïtés qui naissent de l’emploi des mots du langage parce que les situations les contextes de langage évoluent dans l’espace et le temps ? Pour preuve l’emploi des mots les plus simples qui suscitent l’incompréhension et nécessitent souvent un questionnement pour faire préciser à son interlocuteur de quoi il parle. Et il ne peut en être autrement si l’on admet que les mots sont l’expression des valeurs d’affect et l’expression de chaînes de signifiants qui elles-mêmes sont déclenchées par les mots chargés d’affect lorsque l’on s’adresse à un autre. Si bien que l’idéal de transparence du langage est juste une vue de l’esprit. Que le langage avant de se référer à des choses, exprime l’état des relations politiques, sociales, familiales, amicales… entre des interlocuteurs. Autant dire que les référentiels sont sujets à une négociation permanente, dont résulte l’établissement de vérités plus ou moins établies.

      Pour oeuvrer en commun il me semble beaucoup plus avantageux, enrichissant, de tirer partie des différences respectives. Car ce sont ces différences de point de vue traduisant des expériences humaines relatives à des histoires particulières qui stimulent l’intérêt réciproque et non la neutralisation de la culture par l’adoption d’une langue neutre.

      Une langue neutre n’est plus une langue (je n’irais donc pas jusqu’à dire que l’espéranto est réellement neutre, elle a son histoire, mais histoire basée sur un artefact.) puisque une langue réellement existante, c’est à dire parlée, autrement dit un langage, produit des significations qui sont composées de signifiants associés à des valeurs d’affect (voir Jorion : Principes des systèmes intelligents.). Bref, la langue neutre c’est au fond celle qui dissocie signifiant et signifié, alors que n’existent que des signifiants ..

      Je serais donc plutôt partisan de l’apprentissage des langues étrangères !
      Parce qu’il ne faut pas confondre langue et langage. Une langue c’est la reconstitution grammaticale, syntaxique de quelque chose qui est d’abord essentiellement vivant avec ses ambiguïtés intrinsèques. D’une certaine façon on se déplace d’une ambiguïté à une autre, parce que la langue ne renvoie pas directement aux choses, mais d’abord aux mots qui la constituent et dont les significations expriment les rapports sociaux.

      1. Avatar de Christian Lavarenne, docteur en histoire
        Christian Lavarenne, docteur en histoire

        Bonjour, je souhaiterais revenir juste sur :
        « Or l’espéranto c’est une langue sans histoire, donc dépourvue (…). »
        La prémisse du raisonnement est en fait fausse car l’espéranto a bien une histoire, dans les deux sens du terme :
        d’une part il s’est passé plus de 125 ans depuis la publication de ses premiers manuels (en russe, polonais, français et allemand dès la première année : Varsovie, 1887) ;
        d’autre part il existe même aussi une histoire de l’espéranto, peu à peu élaborée depuis un siècle :
        – tant par des « amateurs » plus ou moins éclairés (et eux-mêmes espérantistes) que, plus récemment il est vrai,
        – par des travaux universitaires, dont les plus importants en France sont, dans l’ordre chronologique, les mémoires de maîtrise puis de DEA d’Anne-Sophie Markov (Versailles, sous la direction du Professeur Jean-Yves Mollier), le dossier d’habilitation à diriger des recherches du Professeur Jean-Claude Lescure (Sciences-po, 1999, 886 p.), et ma propre thèse (2012, Paris 13, avec félicitations du jury, 1357 p.).
        Inutile donc de nous intéresser ici à la suite du raisonnement (puisque, sans base donc, il s’effondre de lui-même), tout en réaffirmant cpendant en connaissance de cause que, bien qu’elle soit en général totalement ignorée ou ou du moins méconnue en dehors des milieux espérantophones, l’espéranto a bien une culture (comme j’ai pu le montrer – partiellement ! – dans ma thèse).
        Cordialement
        Christian Lavarenne
        (CAPES de Lettres classique et deux doctorats)

      2. Avatar de Thierry Saladin

        @PIerre-Yves Dambrine

        Votre réaction est intéressante et appelle plusieurs réponses.
        Vous dites entre autres : «J’ai des réserves concernant l’espéranto. »

        Je me limiterais, si vous le voulez bien, à un état de fait: Ou bien le monde parlera la langue anglo-américaine dans sa version abâtardie qu’est le global English, – et il est bien parti pour aller dans cette direction, hélas – ou bien ce pourrait être l’espéranto comme langue commune préservant les identités et les cultures, comme c’est déjà le cas au sein du mouvement espérantophone qui a déjà 127 ans ; ce qui n’est pas rien, vous en conviendrez.

        Parler l’anglo-américain, c’est aussi se mettre à la remorque du pays qui fout le bazar dans le monde et qui devient un véritable problème sur Terre.
        Dois-je développer?
        Voilà, j’ai fait court, et reste à votre disposition pour continuer le débat.

        Cordialerment.

        Thierry Saladin

      3. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
        PIerre-Yves Dambrine

        Christian Lavarenne,

        Bonjour,

        Je n’ai rien contre l’espéranto je dis simplement que ce n’est pas une solution, en amont.

        Je vous accorde que le début de mon texte était excessif. Et relisez-moi, j’avais bien précisé ensuite, certes entre parenthèses : « je n’irais donc pas jusqu’à dire que l’espéranto est réellement neutre, elle a son histoire, mais histoire basée sur un artefact. »

        Je ne crois pas que c’est en substituant une langue véhiculaire à une autre qu’on fait oeuvre d’universalité. Vous partez du principe que la simplification d’une langue, son apprentissage plus facile, sont le gage d’une plus grande universalité. Permettez-moi de ne pas partager cette conception du langage pour les raisons que j’ai évoquées, et auxquelles vous ne daignez vous intéresser.

        Nous n’avons tout simplement pas la même approche de la communication humaine et de la façon dont fonctionne le langage humain. Nos références ne sont pas les mêmes. Et vos arguments d’autorité ne prouvent rien.

        Mes références : Paul Jorion, Henri Meschonnic, Claude Hagège, ou encore Umberto Eco, les auteurs que je connais le mieux. Ils ne disent pas tous exactement la même chose, mais ils se rejoignent à mon sens pour dire que l’idéal de transparence dans la langue est une pure illusion. Et que ce n’est donc pas en visant cet idéal que l’on parviendra à résoudre la violence du monde. Si transparence et simplification il doit y avoir c’est au niveau des institutions, c’est à dire tout ce qui relève de l’extériorité

      4. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
        PIerre-Yves Dambrine

        PS.

        Pour être tout à fait clair : ce n’est pas la pratique de l’espéranto qui me pose problème. Libre aux espérantistes de parler, lire, écrire cette langue et de la diffuser.
        Ce qui me pose prob!ème c’est la conception du langage qu’a impliqué la création de cette langue. Ainsi que sa prétention à résoudre des problèmes humains qu’elle ne peut résoudre, mieux, que ne le feraient d’autres langues.
        Et enfin, surtout, parce que le problème majeur aujourd’hui n’est pas linguistique, mais un problème de répartition des richesses, de complexité du système et environnemental, avec à la clé la substitution d’un nouveau paradigme à l’ancien. La pensée et l’expression du paradigme passent évidemment par le langage, mais la langue commune, n’importe qu’elle langue, ne constitue pas une solution.
        Si toutefois l’on veut aborder la question sous l’angle linguistique, on peut, par contre, évoquer la mémoire. La mémoire en tant qu’elle supporte notre inconscient. Or un inconscient en français, en espéranto, ou en chinois reste un inconscient. C’est sans doute par un travail sur l’inconscient individuel et collectif (c’est tout au moins la thèse qui ressort de Principes des système intelligents de P. Jorion) que pourra émerger le nouveau paradigme.

    3. Avatar de Tigue
      Tigue

      L’ espéranto(en tant que solution ) tombe un peu comme un cheveu sur la soupe dans l’ exposé sur le travail .
      Je ne comprends pas le lien.
      Réunir les éléments séparés de cet exposé en un ensemble significatif pour moi est ce que je n’ arrive pas à faire en l’ occurrence.
      Le problème de l’ induction (« inductive inference » de Hume) est traité avec humour ici : http://downloads.bbc.co.uk/podcasts/radio4/philarms/philarms_20140922-2015a.mp3 )

      1. Avatar de Morico
        Morico

        Par définition de la productivité, l’emploi (N) est égal au rapport production(Y)/produtivité(Pté).
        Il en découle : taux de variation de l’emploi = taux de croissance de Y – tx de variation de la productivité (Pté) horaire + tx de variation de la diminution de la durée du travail.
        Les gains de Productivité sont fonction du progrès technique international et de la nécessité de la compétitivité pour augmenter la production.
        La croissance (de Y) est accélérée par la mise en œuvre du progrès technique mais freinée par les trois mégarentes contemporaines, financière, de pollution et pour le Nord de vieillissement.
        D’où la nécessité de développer une opinion publique internationale pour contrer les politiques libérales conservatrices pro capital financier et pro-pollution et ainsi favoriser un meilleur emploi mieux partagé et le passage au paradigme du développement durable.

        La langue internationale auxiliaire espéranto peut contribuer à élargir cette opinion publique. Elle a été conçue pour la communication internationale à partir des racines les plus fréquentes et d’une grammaire chef d’œuvre de logique et simplicité selon l’Académie des sciences (1923). Elle est écrite et parlée par une communauté linguistique de plusieurs centaines de milliers de personnes répartie dans plus de 150 pays et ceci malgré l’absence de son enseignement officiel. L’espéranto « produit des significations qui sont composées de signifiants associés à des valeurs d’affect » comme n’importe quelle autre langue. L’espéranto a une culture propre : des milliers d’œuvres ont été écrites directement dans cette langue. Il a une histoire relativement brève mais riche, notamment de la résistance aux dictatures. L’initiation à l’espéranto est un tremplin pour l’étude des autres langues.

        Dans le monde actuel polycentrique marqué par le déclin relatif de l’hégémonie anglo-américaine, le rouleau compresseur du « tout anglais » (6% d’anglophones de naissance) fonctionne mal. Afin de défendre la diversité culturelle la communication internationale doit être pluri-linguiste sans exclure l’espéranto. (voir Wikipedia espéranto)

    4. Avatar de Lazarillo de Tormes
      Lazarillo de Tormes

      Faisons d’une pierre deux coups, soit aborder la diversion que constitue la question de la langue ici tout en étayant celle de la disparition du travail: Microsoft Skype lance avant la fin de l’année skype translator. Une démo récente nous montre qu’en l’état il n’est pas parfait mais qui doute de la qualité et de la rapidité de ses performances dans un an? http://www.youtube.com/watch?v=rek3jjbYRLo

      Contrairement à nous il apprend de ses erreurs et deviendra de ce fait rapidement meilleur, moins cher et disponible qu’un interprète humain au lendemain d’une soirée d’anniversaire trop arrosée avec deux heures de sommeil au compteur. Pour mesurer par un cas concret l’étonnant affinage et la puissance colossale des algorithmes de deep learning, un coup d’oeil à celui décrit ici: http://www.kurzweilai.net/can-you-out-think-a-computer-in-judging-photos

      Il permet sur base d’une photo « neutre » d’un quartier x d’une ville y de déterminer avec une forte probabilité de succès la présence d’un Mac Donald à proximité ou le taux de criminalité y règnant. Au passage notons ces exemples qui en disent long sur l’importance du cerveau reptilien.

      Anecdotiquement, il se murmure dans l’entourage de gens comme Ed Boyden ou Hugh Herr du MIT, que dans les deux ou trois prochaines décennies, les progrès dans les neurosciences permettront « d’injecter » les connaissances, donc une langue étrangère, directement dans la zone de stockage du cerveau dévolue aux tâches connexes pour une utilisation immédiate. Ces gens là ne badinent pas avec l’esperanto, c’est le moins que l’on puisse dire…

      Le subterfuge simplificateur mais bien adapté à nos limites humaines « toutes choses étant égales par ailleurs » nuit gravement à la capacité d’imaginer la complexité de ce dont nous sommes capables. En bien comme en mal.

      1. Avatar de Morico
        Morico

        La « disparition » du travail est en fait l’amenuisement de l’emploi sécurisé, type CDI. Il est lié à la dégradation du rapport capîtal/ travail pour les salariés. La semi-mondialisation financiariste libéral-conservatrice en est la cause principale. Le »tout anglais » de fait à l’international exclut, selon les statistiques même d’Eurostat, 75% des Européens non anglophones de naissance et beaucoup plus à l’échelle mondiale. Il est souvent utilisé par les firmes multinationales pour contribuer à précariser l’emploi de la majorité et à aggraver les inégalités facteur de crise

        Une langue de communication internationale auxiliaire sept à dix fois plus rapide à apprendre que les grandes langues plurinationales est un progrès technique et social très important et ceci quel que soit le niveau de progrès technique atteint ou concevable dans les prochaines décennies. Elle contribuerait à rapprocher les peuples, à diminuer le poids des idéologies ultra-nationalistes et donc de mieux défendre l’intérêt général et les biens communs.
        Umberto Eco dans « A la recherche de la langue parfaite » a souligné l’apport positif d’une langue Internationale auxiliaire (notamment pour la grande majorité des 94% non anglophones de naissance), pour des raisons d’équité et de coût horaire et financier d’apprentissage.
        Les utopies de responsables du MIT seraient plus faciles à mettre en oeuvre avec une langue conçue pour l’international, facile , donc simple par le petit nombre d’éléments à apprendre, claire, d’une très grande régularité etc.

  2. Avatar de Cloclo
    Cloclo

    Bien sûr j’imagine aisément qu’un jeune ingénieur rivé à son écran pourra non seulement abattre bien plus de boulot que moi à l’époque mais qu’en plus – nolens volens – il sera capable de travailler partout et tout le temps : durant ses week-ends, le soir tard chez lui et souvent même durant ses vacances…

    et

    il est donc facile d’imaginer comment un cadre 2014 peut remplacer plusieurs cadres 1980 et leurs secrétaires !

    Ah bah la voilà la productivité, là où un vieil ingénieur prenait ses vacances et avançait à son rythme, un jeune ingénieur est corvéable à souhait. C’est le progrès qu’ils vous disent !
    En tout cas si 1 égal 4, on se fout de notre gueule avec le problème des retraites et le fameux ratio actifs/inactifs. Sauf si la productivité part dans la poche des boss…

    1. Avatar de Jacques Seignan
      Jacques Seignan

      Oui Cloclo, cet aspect concernant les retraites est important ! Et vous explicitez parfaitement loù ces gains productivité sont passés… mais en lisant ce blog je suppose que personne n’est plus dupe sur ces histoires d’actifs et retraités…

    2. Avatar de François C.
      François C.

      « En tout cas si 1 égal 4, on se fout de notre gueule avec le problème des retraites et le fameux ratio actifs/inactifs »
      Bien sûr…Petit rappel avec « Le travail – Franck Lepage & Gaël Tanguy – Scop Le Pave – Conférence gesticulée »

  3. Avatar de timiota
    timiota

    En présence des bons instruments, sans bug, la productivité peut en effet être monstrueuse aujourd’hui. Mais bien des jeunes ingés que je
    vois passent leur temps à de la paperasse sur Excel, remplir le rapport truc, mettre le Livrable machin en ligne sur le site de la coopération bidule.
    En réalité, un humain normal a du mal à « nourrir » une station de mesure à l’état de l’art : trop de données. Du coup, on embauche aujourd’hui dans le big data, s’étant rendu compte après coup de gisements ici ou là qu’on ne peut/ne sait traiter en temps réel.
    Sinon, je confirme l’ambiance années 80 (allez, 1988 disons) avec peu de modélisation en terme absolu mais le temps pour réfléchir dessus et des secrétaires dont on appréciait l’intelligence (variable entre elles, fallait faire avec…)

  4. Avatar de Fourvière
    Fourvière

    Ingénieur dans un centre de recherche industriel, tout comme vous, j’ai commencé à travailler alors que le XXème siècle s’achevait. Je fais partie de la génération qui a grandie avec l’informatique balbutiante.
    Les outils aujourd’hui à notre disposition permettent, effectivement, d’accéder, de brasser, d’analyser et de mettre en forme un nombre considérables d’informations. Et pourtant…
    Je passe aujourd’hui une partie non négligeable de mon temps à mettre en forme mes rapports, à éditer mes présentations, à remplir mes feuilles de temps, à m’échiner à comprendre comment planifier mon projet dans le nouveau système de gestion…
    En un mot, le temps dégagé par l’accroissement des performances des outils techniques a été détourné de ce qui devrait être mon métier de base (la recherche) pour être réinvesti dans des activités purement fonctionnelles.
    Ainsi, tous ces gains, au lieu de permettre une recherche plus rapide et plus efficace (ce qui est à mon sens un leurre car notre cerveau a sa propre cinétique qu’il n’est pas si facile de violenter…), tous ces gains de temps, donc, ont été phagocytés par une série d’activités nouvelles purement fonctionnelles, probablement purement dispensables, et qui prennent un temps croissant (reporting, synthèses de synthèses, etc…).
    Au lieu d’avoir plus de temps pour réfléchir, je consacre plus de temps à des tâches qui ne nécessitent aucune réflexion…
    En somme, notre travail de base disparaît, mais nous maintenons l’illusion d’un monde toujours plus rapide en créant de toutes pièces une multitude d’activités de substitutions, en premier lieu, malheureusement, au détriment de personnes « moins qualifiées » qui les réalisaient (secrétariat, réservations de voyages…) et par la suite en s’abandonnant à toutes ces activités de suivi/reporting etc…
    Le problème, bien sûr, est que les outils disponibles ou en développement sont capables d’absorber toutes ces nouvelles activités à un rythme plus important que celui auquel nous les créons, réduisant à peau de chagrin le nombre de gens en activité.
    Il faudra ou bien admettre que le travail est devenu inutile, ou bien s’attendre à une réaction qui ne sera pas tendre…

    1. Avatar de Jacques Seignan
      Jacques Seignan

      Merci Fourvière pour votre commentaire qui montre que mon témoignage n’est pas isolé…
      Il serait intéressant d’avoir des témoignages des chercheurs aussi car à lire les articles nombreux il y a également un très gros malaise : plus de temps pour le « reporting », la communication ‘publier ou mourir!) etc. Ou comment transformer des outils fantastiques (Net et informatique) en outils coercitifs…

      1. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Je peux témoigner que dans la R&D de boites privées, ce sont les chefs de service qui se tapent ces corvées! Les ingés subalternes font le boulot intéressant.
        En fait, les nouvelles secrétaires sont les chefs!

    2. Avatar de Stéphane Feunteun
      Stéphane Feunteun

      Très juste. J’ai une formule à l’emporte-pièce pour ça: « On ne travaille plus, on fait semblant de travailler ».
      C’est valable pour d’autres secteurs que la recherche, on passe de plus en plus de temps à montrer qu’on fait bien ce qui nous est demandé (et accessoirement à protégéer ses arrières) au détriment de la tâche elle-même. Un effet pervers est qu’on finit par hésiter à prendre une initiative, par peur de lancer une machinerie complexe qui créera une demande supplémentaire de paperasse et qui pourra éventuellement se retourner contre nous. En quelque sorte, l’amour du travail bien fait* est pénalisé. S’ensuit une dé-responsabilisation où chacun est amené à bien surveiller que son parapluie reste bien au-dessus de sa tête.
      Ces tâches administratives (reportings, etc..) visent bien sûr à mieux contrôler l’activité de chacun, à exiger qu’il confirme en permanence sa complète allégeance au système, mais aussi à cerner le périmètre de chaque poste. Le salarié devient ainsi un rouage parfaitement identifié et interchangeable, remplaçable à loisir par un autre salarié ou quelquefois par une machine (ou un logiciel). Le pas est plus facile à franchir quand le salarié a lui-même déjà été transformé en machine, ou presque.

      *: étonnant comme cette expression semble obsolète aujourd’hui ; il n’y a pas si longtemps c’était un critère de la plus haute importance. Le court-termisme y a mis fin.

      1. Avatar de Jean-Luce Morlie

        Bonjour,

        Votre proposition « On ne travaille plus, on fait semblant de travailler » constitue un cadre d’analyse qui mériterait une très grande attention, il me semble en effet qu’il s’agit de faire semblant de faire encore partie « de la famille » .

        Nous savions déjà que les bureaucraties inventent du travail pour augmenter leur assise et maximiser ainsi le nombre de postes hiérarchiques disponibles. Votre remarque va au-delà, bien entendu il reste toujours une petite part de travail techniquement utile, mais pour l’essentiel, l’organisation du travail de bureau vise à construire une image de travail et s’accompagne d’un ensemble de techniques de management de groupe permettant l’adhésion à cette image.
        Pour les travaux matériels, bien entendu il y a production d’un travail réel tangible, toutefois à y regarder de plus près, l’adage « faire et défaire c’est toujours travailler »,mille fois répété par l’ensemble des corps de métier est devenu la règle, le travail partout consiste à préparer sa propre obsolescence par le simple fait de ne pas aller pas au fond des problèmes et les traiter de façon définitive ou durable , un châssis de bois posé dans les règles de l’art fonctionnait 120 ans, aujourd’hui il pourrait durer trois cents ans, dans la plupart de cas les châssis actuellement posés ne dureront pas quarante (cette obsolescence programmée par négligence va s’avérer dramatique pour la transition écologique du bâti ancien de la vieille Europe, compte tenu des sommes gigantesques qui seront nécessaires nous n’avons pas le droit à l’erreur, et pourtant ce sera bâclé , raté, à refaire…) je me demande si pour réussir cette transition il ne faudrait construire rapidement des régies communales autonomes, faisant appel au savoir -faire des artisans, mais ayant également comme base sociale la communauté des désoccupés ; pour ceux dont la robotique rabote la vie , l’expression « les rabotés » renvoyant avec une précision diabolique à la véritable origine indo-européenne de « travail » comme situation d’orphanage, (« orb »- exclus du cercle-) me paraît savoureuse.

      2. Avatar de François C.
        François C.

        « En quelque sorte, l’amour du travail bien fait* est pénalisé. »
        Bien d’accord, quitte à me répéter, seule la quantité compte, plus la qualité (ou rarement).
        Les ‘démarches’ et autres ‘systèmes’ qualités se sont globalement très rapidement transformés en machines infernales, pour mieux surveiller, presser, fixer des délais, comptabiliser/comparer tout et n’importe quoi…

      3. Avatar de Jacques Seignan
        Jacques Seignan

        @ Stéphane Feunteun, J.L Morlie et François C. : vous ouvrez une discussion fondamentale sur la qualité du travail, la détérioration des conditions et finalement aux souffrances induites pour une majorité des gens. La tension permanente volontairement mise en œuvre privilégie systématique un travail rapide et mal fait avec obsolescence rapide au détriment du travail bien fait, durable , avec des délais normaux…
        C’est sûrement en transformant les gens en robots que l’on peut le plus facilement les remplacer…
        J’ai pu observer ce changement dont les effets rappellent ceux de la communication en politique : faire semblant ! Je crois qu’il y aurait un vrai levier faire agir et réagir tout le monde avec un objectif concret : ne plus accepter cette pression sur le temps. Une sorte attitude « slow » comme l’est le mouvement slow food

      4. Avatar de François C.
        François C.

        On nous transforme en ‘robots’ et aussi en ‘ordinateur programmable’…
        Il faudrait alors une contestation collective, car refuser ‘cette pression sur le temps’, c’est quasi systématiquement être catalogué rétif, chacun donc s’adapte comme il peut pour ne par perdre sa place, surtout quand la situation se dégrade…

  5. Avatar de Dominique Gagnot
    Dominique Gagnot

    En 1974, pour ma première embauche CDI ingénieur (il n’y avait pas d’autre option que le CDI !), j’ai seulement du téléphoner à la grosse PME locale, pour obtenir entretiens et embauche dans la foulée, bien que je devais partir faire mon service militaire 6 mois plus tard.

    Fin des années 1980, il devint nettement plus acrobatique de trouver un nouveau job. Les entreprises de « mon » secteur (électronique du divertissement ou domestique et autres) disparaissant quasiment toutes au profit de quelques méga entreprises asiatiques. C’est ce qui m’a poussé à analyser l’évolution du système économique, et ainsi comprendre qu’il ne pouvait que s’effondrer.
    Nous y sommes.

    La théorie du déversement est exacte, mais il arrive un moment ou il n’y a plus de récipient pour recueillir les déversés.

  6. Avatar de G L
    G L

    Prendre pour exemple un activité de recherche me semble assez paradoxal. En effet quand il s’agit de recherche fondamentale le nombre sujets à explorer semble quasiment infini et quand il s’agit de recherche appliquée le nombre de solutions qu’on renonce à explorer « parce qu’on n’a pas le temps » est souvent considérable.

    En réalité si on laissait à chacun le temps de faire les choses « aussi bien que possible » (en particulier dans des domaines tels que la medecine, l’enseignement) et si on évitait de gaspiller les ressources dont nous disposons encore je pense qu’il n’y aurait pas de chômage.

    Malheureusement le critère qui décide de plus en plus souvent de ce qui doit être fait ou pas c’est l’argent que ça va rapporter: c’est de toute évidence un très mauvais critére qui engendre plein de catastrophes!

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Oui, vous avez raison. Mais c’est la logique fondamentale, sur quoi tout repose, du système économique qui veut ça. Dans ce système, le profit à court terme est un impératif, quoiqu’il en coûte dans n’importe quelle autre dimension.
      Pire qu’un très mauvais système, c’est en effet un générateur de catastrophes: sociales, écologiques, et de toutes autres sortes…

      1. Avatar de Jacques Seignan
        Jacques Seignan

        @ GL et Dominique Gagnot : vous avez parfaitement raison et plutôt que de penser comme tout nous y oblige à des responsabilités individuelles il faut une prise de conscience sur les effets systémique mis en place par le néolibéralisme. Il y a en effet une sorte de religion féroce qui implique des sacrifices absurdes (mais profitables à une caste)…et qui surtout est très nuisible pour l’humanité et maintenant la Terre.

      2. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Il serait intéressant d’analyser l’évolution de cette prise de conscience, mais sur quoi la baser?
        Les blogs tels celui-ci, pourraient nous laisser penser que ça bouge énormément, mais est ce vraiment le cas.
        Un autre indicateur est la manière dont les politiques, économistes, etc. s’empêtrent dans les contradictions, a tel point qu’il ne pourront plus ignorer qu’un truc cloche à un niveau beaucoup plus fondamental… Je guette cet instant.

      3. Avatar de G L
        G L

        Selon des travaux de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), un accident nucléaire de type Tchernobyl en France pourrait coûter jusqu’à 5800 milliards d’euros. Si on multiplie cette somme par la très faible probabilité estimée d’un accident dans une centrale, la prolongation de celle de Fessenheim au delà de la durée de vie initialement prévue est financièrement justifiée. Le problème n’est pas que l’un et l’autre chiffres sont faux mais ne prennent en compte qu’une faible part de la question.

        L’envie de s’enrichir rapidement malgré les risques pour la santé de ses clients a forcément habité l’esprit de beaucoup de boulangers de village. C’était peut-être un risque financièrement justifié mais la crainte des représailles encourues s’ajoutant à la satisfaction de faire un travail utile à la communauté la contrebalançait avantageusement aux yeux du boulanger comme à ceux de ses clients (dans la plupart des cas.) Les prêches du curé et les leçons de morales de l’instituteur n’y changeaient pas grand chose et les échanges entre le boulanger et ses clients ne se limitaient pas au prix payé pour le pain.

        La logique financière étant actuellement la seule réellement partagée par l’ensemble de la communauté mondiale (le dollar est l’espéranto de la mondialisation) les catastrophes en cours ne sont pas vraiment surprenantes.

        Le plus difficile ne me semble pas être de se débarrasser de wall street et autres ou d’en contrôler les agissements: tant que nous continueront à tout évaluer en fonction « du prix que ça coûte et de l’argent que ça vaut » (et c’est tellement ancré en nous que nous le faisons souvent sans en être conscient) je ne vois pas bien comment les choses pourraient évoluer autrement qu’elles ne le font.

    2. Avatar de jducac
      jducac

      Malheureusement le critère qui décide de plus en plus souvent de ce qui doit être fait ou pas c’est l’argent que ça va rapporter: c’est de toute évidence un très mauvais critère qui engendre plein de catastrophes!

      Au risque de m’attirer les foudres de nombreux intervenants sur ce blog et ailleurs, je me sens obligé de dire, qu’à mon avis, ceux qui dénigrent l’argent ne rendent pas service à ceux qui sont tentés de les suivre dans cette façon de voir les choses de la vie. Or, la vie est ce qui a le plus de valeur pour une espèce vivante. Surtout lorsqu’elle est née aussi vulnérable que la nôtre.

      La vie est ainsi faite qu’il faut l’alimenter en énergie (nutritive et sous d’autres formes) alors que tout le monde n’y a pas accès directement, ni avec la même facilité, ni avec la même efficacité.

      Notre monde d’humains fonctionne, comme tous les autres, grâce à un système d’échanges. L’étalon de valeur pour notre système d’échanges est l’argent. On peut l’assimiler à une pseudo énergie potentielle. Ça n’est pas de l’énergie vraie, car manger des billets ou des relevés de compte en banque ne nourrit pas son homme.
      Paul Jorion le dit fort justement dans « L’argent mode d’emploi » ou « Le capitalisme à l’agonie » Fayard. « l’argent est un artéfact qui ne vaut que par l’idée qu’on s’en fait »

      Par contre, l’argent permet à ceux ne disposant pas d’un accès direct à l’énergie vraie, indispensable à leur vie, d’en acquérir en échange de biens et de services également utiles à la vie de ceux qui extraient directement l’énergie de leur environnement (agriculteurs, pêcheurs, exploitants de barrages hydrauliques, d’éoliennes, de puits de pétrole, de gaz, etc….)

      En fait, dans nos pays développés, une faible proportion de la population appartient à cette population d’extracteurs directs. Tous les autres, c’est-à-dire la grande majorité, interviennent en intermédiaires au sein d’une infinité de longues chaînes d’échanges. Ils ne vivent que parce qu’ils ont trouvé le moyen de gagner leur vie en réalisant des profits dans les échanges (le commerce) auxquels ils se livrent en travaillant plus ou moins et de façon plus ou moins habile, avec plus ou moins d’efficacité.

      Dénigrer l’argent, c’est ne pas avoir vu le rôle essentiel qu’il joue dans la vie des hommes.

      1. Avatar de G L
        G L

        Entre « denigrer l’argent », ce qui n’aurait effectivement aucun sens, et le remettre à sa juste place, ce qui n’a rien d’évident mais me semble indispensable, il y a une grosse différence!

        Je pense que si le boulanger du village ne gagne pas d’argent il y a très clairement quelque chose qui ne va pas mais que les meilleurs boulangers ne sont pas ceux qui s’efforcent de gagner le plus d’argent possible.

      2. Avatar de espoirsoleil
        espoirsoleil

        L’erreur c’est d’avoir mis l’argent au centre du système…c’est plus qu’un élément d’échange dans notre système…et la prochaine évolution du monde ce serait de remettre l’humain au centre du système…et une des tâches importantes est que l’on fasse comprendre comment fonctionne l’ego des hommes…c’est assez étonnant de voir tout les matières enseignées et qu’une des plus importantes la relation entre humains…comment naissent les conflits, comment les résoudre n’est pas enseignée quand on est petit…car le début d’une mésentente commence par un regard différent sur les choses…et un jeune ne peut voir la même chose qu’un vieux car il n’a pas grandi dans le même environnement…notre vision est déformée par un tas de choses..mais l’important ce n’es pas ce que l’on voit mais de se dire que la vision du voisin est déformée que la nôtre…après c’est plus facile de comprendre que la solution ce n’est pas une vision unique mais un puzzle de vision qui s’assemble…

      3. Avatar de jducac
        jducac

        @espoirsoleil 2 octobre 2014 à 23:44

        L’erreur c’est d’avoir mis l’argent au centre du système…c’est plus qu’un élément d’échange dans notre système…

        Je crois qu’il convient de revenir à l’idée de Paul Jorion « L’argent est un artéfact….Il ne vaut que par l’idée qu’on s’en fait ».
        Pour mieux sortir de la difficulté à comprendre ce que l’argent représente dans le monde des humains,où l’homme est au centre de système, en dépit de que vous semblez ressentir, il convient de se faire à l’idée que la vie, et tout ce qu’elle comporte, peut d’abord se ramener à une consommation d’énergie puisque, sans énergie à consommer, il n’y a pas de vie dans notre monde vivant.
        Sans être de l’énergie, dans notre monde d’humains, l’argent agit comme de l’énergie car il permet à celui qui en possède, d’en faire usage pour alimenter sa vie en le consommant au travers d’échanges avec l’environnement humain.
        Oui, l’argent est plus qu’un élément d’échange dans notre système humain puisqu’il peut aussi être un élément d’accumulation de valeur donc, dans certaines conditions, une réserve de capacité à vivre dès lors qu’il subsiste des possibilités de l’échanger contre de l’énergie vraie, indispensable à l’alimentation et au maintien de la vie.

        …..une des tâches importantes est que l’on fasse comprendre comment fonctionne l’ego des hommes…

        Avec l’égo vous abordez l’idée que l’on se fait de soi, voire même les idées vraies ou fausses que l’on peut se faire, ce qui conduit aux questions de spiritualité et au problème corps-esprit ouvrant la voie au domaine des religions et aux hypothèses de vie possible après la mort, ce qui nous fait sortir de notre monde, celui des vivants.

        https://fr.wikipedia.org/wiki/Probl%C3%A8me_corps-esprit

        ….mais l’important ce n’est pas ce que l’on voit mais de se dire que la vision du voisin est déformée que la nôtre…après c’est plus facile de comprendre que la solution ce n’est pas une vision unique mais un puzzle de vision qui s’assemble…

        Je partage votre vision en considérant que, sans être tout à fait les mêmes, nos visions me semblent converger. C’est l’essentiel pour agir et vivre en harmonie.

        1. Avatar de Paul Jorion

          Je crois qu’il convient de revenir à l’idée de Paul Jorion « L’argent est un artéfact….Il ne vaut que par l’idée qu’on s’en fait ».

          Je crois que vous pensez à un autre « Paul Jorion »…

      4. Avatar de jducac
        jducac

        @ Paul Jorion 3 octobre 2014 à 13:25

        Je crois que vous pensez à un autre « Paul Jorion »….

        Vous avez raison. Je fais référence à un certain Paul Jorion qui s’exprimait un peu comme je le rapporte. La première fois que j’ai retenu cette façon de voir l’argent, c’était entre 2009 et fin 2011. Comme cette image m’avait semblé pertinente je l’ai retenue ainsi que le nom de celui qui me l’avait fait connaître.

        Le temps a passé en quatre ou cinq ans de sorte que Paul Jorion et jducac ne sont plus tout à fait les mêmes, c’est vrai. Ce qui leur semblait vrai à l’époque pourrait ne plus leur apparaître aussi vrai aujourd’hui.

        Pour moi, sur ce sujet, ma façon de voir l’argent au travers de l’éclairage qu’en donnait « l’autre Paul Jorion » de l’époque, n’a pas changé. Je profite de l’occasion qu’il me donne, pour l’en remercier sans chercher davantage dans quel document il a pu s’exprimer ainsi, sur son blog, où dans d’autres publications.

  7. Avatar de MEMNON
    MEMNON

    Juste une petite remarque rigolote :
    Quand on regarde de profil le HP 85, il ressemble à une chaussure !
    D’où l’expression : « Trouver chaussure à son pied » ?

    1. Avatar de Jacques Seignan
      Jacques Seignan

      @ MEMNON : en tout cas j’y ai pris mon pied !
      Blague à part, j’avais commencé à programmer avec un ruban perforé : à chaque erreur (inévitable) il fallait repasser le ruban pour en reproduire un autre… hyperch***. Ensuite il y a eu les cartes : il suffisait de remplacer une carte perforée : super en comparaison. Et puis cette chaussure informatique sur laquelle vous pouvez voir un minuscule écran : et là c’était génial ! On écrivait son code en lettres blanches sur fond noir. bien sûr la souris, les écrans couleurs etc. c’est comme des jouets formidables pour moi …Tout est allé si vite (une vie…) mais encore une fois en avons-nous profité à la hauteur de ce que nous aurions dû en profiter ?
      Pourquoi accepter qu’un Système nous « casse les pieds » à ce point ?

      1. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Je m’en souviens du ruban perforé! J’avais même enregistré le texte d’une chanson paillarde sur un ruban bouclé sur lui même, pour alimenter une imprimante (commune a tout un étage, évidement)!

      2. Avatar de MEMNON
        MEMNON

        @ Seignan
        Pardonnez-moi d’insister, Jacques.
        Mais vous dites que vous avez pris votre pied !
        C’est à dire prendre du plaisir dans la dureté du travail.
        En nous précisant aussitôt, blague à part, que vous n’avez pas pu apprécier à sa juste mesure cette joie de profiter pleinement et à fond de l’objet qui vous occupait.
        Vous avez donc passé votre vie à essayer de rapprocher joie et travail, comme les deux faces d’un miroir.
        Oui, tout va si vite dorénavant, à la vitesse de la lumière, mais elle ne doit pas exclure la joie de prendre son pied au travail. Ce n’est donc pas la blague qu’il faudrait mettre de côté comme ci-dessus sur l’appareil, mais ce Système qui nous casse toujours les pieds.

      3. Avatar de Jacques Seignan
        Jacques Seignan

        @ MEMNON, je pense qu’il y a eu un petit malentendu et sans doute me suis-je mal exprimé… Non mon travail n’a jamais été dur ! je savais que d’une certaine façon ces activités dans ce centre de recherche avec une équipe aussi motivé que moi pouvait représenter une magnifique période de ma vie (car à 30 ans environ) j’en avais déjà connu des très bonnes et des très mauvaises). Mais il est sûr que durant les dernières années — dans un autre boulot — et avant d’être viré, là oui, joie et travail commençaient à devenir bien trop dissociés…

  8. Avatar de fil
    fil

    Il y a eu effectivement une inflation des procédures en tous genres, une bureaucratisation. La RD se résume la plupart du temps à gérer du projet et du document de reporting, plus de temps libre pour laisser l’imagination produire à sa guise.

  9. Avatar de François Lacoste
    François Lacoste

    Je n’étais pas ingénieur mais commercial.
    Ce que vous décrivez est strictement applicable à ce métier, disparition d’une partie des commerciaux parce que la productivité augmente avec l’informatique et la téléphonie dans les voitures, disparition des secrétaires remplacées « elles » aussi par les ordis et les téléphones, disparition d’emplois dans les services de traitement des commandes parce que réalisées par le commercial et le BE, du fait de l’informatique.
    Par contre, suivit « à la culotte » des déplacements (GPS), des contactes client (internet téléphonique) et des résultats de chacun à tout instant.
    Résultat; réduction des salaires et avantages, dans les proportions que l’on connait parce que la pression et le reste…font qu’on la ferme.

    Mais aussi, disparition en nombre, des soudeurs, des assembleurs, des peintres, des caristes, des… des… des… remplacés eux aussi par d’efficaces logiciels intégrées au machines de production.
    Mais aussi de tout les postes disparu parce le transport d’un conteneur de 25 tonnes ne coûte pas plus entre Shanghai et le Havres qu’entre le Havres et Lyon.

    Et maintenant c’est au tour des professions dites protégées, pharmaciens, notaires… pourquoi pas? le monde change.
    Mais au fait, toutes ces chômeurs, ces appauvris, ces non emploi (bref tous ces paresseux incapables de s’inventer un job) ce sont des non clients!
    Tant qu’il y en a moins de 10-12 %, ça va très bien…

    1. Avatar de Jacques Seignan
      Jacques Seignan

      @ François Lacoste, oui il faudrait aussi parler de l’évolution du travail des commerciaux qui préfigure leur disparition: à la base un travail relationnel impliquant de la convivialité… Et j’ai vu arriver ces outils logiciels que vous évoquez.
      Les « anciens » ont tout de suite compris : en plus d’une aide au suivi, on avait un flicage total qui devenait possible ! Odieux ! En fait on peut imaginer in fine une réalisation d’une sorte de contrôle panoptique (cf. Foucault) : un seul patron peut sur son écran surveiller (et punir) des commerciaux en temps réel : chaque minute doit être rentabilisée et faire avancer des % sur des objectifs toujours plus irréalistes.
      En fait il suffit d’avoir des robots vendeurs mis en relation avec des robots acheteurs… Après tout dans les bourses dématérialisées, le HFT, c’est déjà ça, non?

      1. Avatar de François Lacoste
        François Lacoste

        Oui, Jacques, vous avez raison ce métier disparaitra sans doute pour l’essentiel, et je m’aperçois après vous avoir lu et y voir déjà réfléchi que s’il en reste ce n’est pas pour choyer des clients et le fidéliser, le système n’en à cure mais simplement parce que tant qu’un des concurrents utilise des commerciaux, les autres sont obliger de faire de même.
        Mais la rentabilité exige cette réduction de coût.
        Alors cela se fera lentement, en mettant en place les services commerciaux ad hoc sur internet auxquels les clients apprendrons à ce fier puis y trouverons leur intérêt, ne serais-ce que parce qu’ils y gagnerons en parti le coût du commercial éliminé.

        Moi même, lorsque je cherche une pièces technique et d’autant plus qu’elle est très technique, je vais la chercher sur internet pour la raison que c’est précis, rapides, moins coûteux et qu’elle me sera livré à ma porte…

    2. Avatar de François C.
      François C.

      @François Lacoste
      Ce que vous décrivez, comme le décrit Jacques Seignan, est exact et valable aussi, par exemple, pour les métiers de techniciens (itinérants ou pas) auxquels on a d’ailleurs attribués avec le temps beaucoup de tâches ‘commerciales’…
      Tant que seules les ‘catégories ouvrières’ étaient touchées par ces (su)pressions/disparitions, personne, ou presque, parmi les professions dites ‘supérieures’ et se croyant ‘protégées’ n’a réellement manifesté sa désapprobation, et allant même les justifier parfois…

      PS:
      « Tant qu’il y en a moins de 10-12 %, ça va très bien… »
      Vous parlez là du chiffre officiel, qui ne signifie plus grand chose, le chiffre réel doit bien être à 20% voire plus…Quatre à cinq millions de ‘chômeurs’ selon les statistiques, et environ six millions de ‘précaires’ comme on dit…

      1. Avatar de François Lacoste
        François Lacoste

        Vous avez raison François F, en réalité j’aurais du écrire, tant que le système peut faire que la dégradation générale des conditions de vie soit supportable par le plus grand nombre.
        Pour l’instant on tape dans les réserves et on serre les ceintures. Combien de temps ça durera?
        Un ami vétérinaire dans une région particulièrement importante en élevage bovin me disait que son niveau de vie était à la baisse de façon préoccupante. La aussi pour des raisons de rentabilités, d’auto médication et d’auto-traitements préventifs dans les gros élevages. Rien ne doit échapper à la réductions des coût comme l’expliquait à sa manière ce matin sur France un ex premier ministre…un certain François.

  10. Avatar de juannessy
    juannessy

    Pour ce qui concerne le métier qui a été le mien ( ou plutôt les métiers qui passent par bureau d’étude routes et ouvrages d’art , maîtrise d’ouvrage et d’œuvre de grandes infrastructures, ou de constructions de tous types -alimentation en eau ,réseaux d’assainissement, stations d’épuration , aménagements de bourgs …

    1. Avatar de juannessy
      juannessy

      OUPS !

      …établissements de documents d’urbanisme , plans de déplacement ou d’habitat , Anah, bureau d’études en tous genres pour les communes ,construction :gestion de voierie départementales , gestion HLM, diverse activités TP à l’étranger ,suivi de dossiers sur fonds européens…),au delà de la diminution en nombre de postes que j’ai pu déjà évoquer, imputable à  » l’optimisation » dont nous étions en grade parie porteurs de notre propre chef ( et fiers de ça) , je me dis que les autres causes de réductions du nombre de métiers d’abord ,d’emplois ensuite , au moins dans les structures où j’ai eu une place , tiennent à :

      – pour une petite part , à la diminution de la demande sur les domaines de l’espèce,
      – pour une large part à la volonté par les investisseurs privés de s’emparer avec leur propres troupes dociles et normes revues à la baisse ,de domaines où ils pourraient rapidement  » faire la loi » en arguant de l’incapacité réelle de l’Etat à agir compte tenu de l’état des finances publiques.

      Je suis principalement mort ,pas par incompétence , mais parce que Bercy avait besoin de me tuer .

      Apparemment ça n’était pas ça qui plombait le budget outrancièrement puisque ma mort n’a pas suffi à empêcher le presque triplement de la dette du pays depuis mon enterrement.

      Mais le croque mort pense qu’avec une accélération des mises en bière…

      1. Avatar de Jacques Seignan
        Jacques Seignan

        @ merci juannessy pour votre témoignage… on vous lit souvent, c’est toujours intéressant de se connaitre un peu mieux…
        Bien sûr virer (tuer) les gens n’aide en rien à diminuer la dette … au contraire comme le démontre les politiques imposées en Europe…
        en ce qui concerne la disparition du travail, pourriez vous préciser quel est la part due à l’informatisation.
        J’ai eu l’occasion de discuter avec de jeunes architectes qui se servent massivement d’outils informatiques; on peut modifier très facilement un plan avec un clic… En principe un énorme temps gagné ; en pratique c’est n’importe quoi car trop de contraintes, de stress

      2. Avatar de juannessy
        juannessy

        Je réponds avec un peu de retard ( et des difficultés à retrouver ce texte en archives) , avec cet exemple d’évolution entre 1965 et 1995, qui montrerait que , sur le cas choisi , pour une prestation finale équivalente , on a diviser par 3 en 30 ans le nombres d’individus nécessaires.

        Ce résultat me parait pour sa majeure partie imputable à l’informatisation ( je dirais près des 2/3 ), le reste étant imputable à une meilleure organisation du travail en équipes et à la professionnalisation/simplification ( si si , ça existe ! ) des process.

        http://www.pauljorion.com/blog/2014/08/22/robotisation-pas-si-simple-par-daniel-huchette/#comment-440412

      3. Avatar de Jacques Seignan
        Jacques Seignan

        merci juannessy : ça valait la peine d’attendre d’autant que vous remettez un lien avec votre ancien commentaire et ce billet (que je n’avais pas lu étant en vacances et peu connecté).
        Vos chiffres confirment les miens à la louche…
        En repensant la grande proposition de Sismondi, nous reverser une rente grâce aux « robots » qui nous remplacent, on pourrait peut-être ajouter que le temps étant parfois de l’argent, il faut également considérer l’accroissement massif du temps libre dégagé comme partie de la rente (pour eux qui ont déjà des bons salaires). A l’époque j’avais le bonheur d’avoir 4 semaines de vacances à la suite (et SANS connexions!!!) : j’en aurais bien aimé le double tant j’ai toujours bien d’autres choses à faire…qu’un boulot même passionnant dans mes débuts professionnels.

  11. Avatar de TORPEDO
    TORPEDO

    Il semble que la plupart de ces commentaires conduisent à une idée déjà assez répandue sur le forum, idée selon laquelle la seule recherche de rentabilité économique ( et donc de pouvoir sur autrui) dans toute action humaine conduirait finalement notre espèce à sa perte, sous l’influence de cet « opium moderne » que serait devenu l’argent .
    Je pense malheureusement que la cupidité n’est qu’un des effets d’une plaie bien plus grave.
    L’extrême rapidité acquise dans tout les secteurs (rentables) de la recherche scientifique à permis à la science de parvenir à se hisser au dessus des religions, des philosophies, des traditions…
    Et bientôt de l’homme lui-même.
    Cette religion nouvelle est le Scientisme, que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les secteurs de la vie quotidienne, y compris les domaines artistiques.
    Tout ces ingénieurs à l’esprit formaté que nous formons par milliers dans nos pays dits développés constituent déjà l’armée qui nous privera de nos libertés.
    Remettons les scientifiques à leur vrai place, c’est à dire sous surveillance des humanistes.
    Science sans conscience…

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Bien sur, mais les ingénieurs sont formatés en vue d’être utiles au système économique, qui de fait commande absolument tout, y compris les humanistes auxquels il interdit de contrôler quoi que ce soit (sauf éventuellement de beaux discours qui fatalement resteront lettre morte)

      D’ailleurs un ingénieur humaniste est aussi contraint de gagner sa vie, et pour cela accepter de faire ce qu’on lui demande de faire, même si ce sont des trucs inutiles, idiots, nocifs, des bombes, ou n’importe quel truc potentiellement catastrophique.

      Comment voulez vous alors que des humanistes prennent le contrôle du Système, (et pas seulement des ingénieurs)?
      On en revient toujours à la même question…

      Et impossible de résoudre quoi que ce soit sans avoir compris le fond du problème, et les bonnes questions à se poser.

      1. Avatar de Lucas
        Lucas

        « ..sont formatés en vue d’être utiles au système économique, qui de fait commande absolument tout, y compris les humanistes »

        Je ne saurais dire si c’est l(es) ‘œuf(s) avant la poule mais l’inconscient collectif de la multiplicité ne peut pas être dû ‘de façon hégémonique » à l’économie.
        allé je lâche ma trouvaille (qui n’en est sûrement pas une) de l’année : la clef est l’immédiat et cela a remis un petite et modeste dose de ‘libre-arbitre’ dans tout ce réseau.. j’y crois aha, ma poule est un œuf en quelques sortes.

        Même dans notre cas, tout est tellement liés et imbriqués.
        L’économie se trouve certes être un organe vital(?) d’une civilisation malade.
        Où mettons son esprit? (un peu dans ce blog ^.^)

        Aussi il faut donc de ‘grands évènements’ pour que l’on évolue, l’étincelle sera peut être financière mais il y a bien d’autres choses inflammables si j’ose dire.

      2. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        @Lucas

        Je ne saurais dire si c’est l(es) ‘œuf(s) avant la poule mais l’inconscient collectif de la multiplicité ne peut pas être dû ‘de façon hégémonique » à l’économie.

        Je ne suis pas certain d’avoir totalement compris votre propos, mais voici:

        Pour des raisons ancrées dans notre condition d’humain, l’économie détermine nos vie , directement ou indirectement.

        Jusqu’à très récemment, faute d’outils suffisamment productifs, l’homme a du consacrer tout son temps pour produire le nécessaire vital à son existence.
        La société (sauf celle des riches!) s’est donc organisée autour du travail,
        …et ne sait aujourd’hui se réorganiser autour du temps libéré!

        De plus, on refuse de s’intéresser à cette question car cette nouvelle organisation mettrait a bas l’ordre social actuel. Ceux qui sont en haut de la pyramide n’y tiennent pas vraiment, et entretiennent le déni de cette évolution.

        Et donc, faute de volonté politique, ou plutôt si (!), l’économique reste la première contrainte qui détermine nos existence car, en définitive, son universalité est très utile au pouvoir.

        Nous sommes à la veille de connaitre la révolution essentielle de l’histoire de l’humanité: son passage à la civilisation du temps libéré de la contrainte économique, qui ouvrira (si tout se passe bien…) des horizons encore insoupçonnés.

      3. Avatar de Lucas
        Lucas

        @ Dominique Gagnot

        Oui vous avez raison, mais je voulais préciser que (entre autres!)l’éducation, la place du père (saccagé à notre époque soyez en sûr) peuvent par exemple influer sur la pensée économique de notre temps, même si l’argent nous presse (-je crois surtout que nous l’acceptons trop-) . Remettons le ‘vital’ au bonne endroit ! (Entraide…)

        « Nous sommes à la veille de connaitre la révolution essentielle de l’histoire de l’humanité: son passage à la civilisation du temps libéré de la contrainte économique, qui ouvrira (si tout se passe bien…) des horizons encore insoupçonnés. »
        ça, c’est de l’ optimisme 🙂 merci !

      4. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        @ Lucas

        ça, c’est de l’ optimisme 🙂

        Il y a des signes encourageants (comme l’existence de ce blog) et aussi des signes désespérants. Notez le « si tout se passe bien » 🙁

      5. Avatar de Lucas
        Lucas

        Oui en effet, il serait temps de passer de l’homo-économ chépaquoi à l’homo-aïde , j’ai nommé. ^.^

        « Emile Littré[5] cite les anciennes formes françaises de « aide » que sont « aïude », « aïue », « aïde », et « aïe ».
        « Aïe » [6] , mot qui signifiait « aide » ou « à l’aide ». »

    2. Avatar de juannessy
      juannessy

      Pour le cas où vous ne vous en seriez pas aperçu ( mais cela nuirait à la perspicacité universelle d vos observations ) ,les commentateurs de ce blog sont assez nombreux dans la race des scientifiques , et beaucoup ont fait simultanément leurs humanités et possèdent assez bien Rabelais et quelques autres . On peut être assez facilement scientifique sans être hémiplégique .

      Comme on aimerait que science et scientisme ne soient pas confondus.

      Votre propos est donc un propos de facilité ,qui n’est pas celui de l’humaniste philosophe ,ni celui de la science. Relisez ou réécoutez Michel Serres;

      Il est sans doute plus facile de fusiller des scientifiques que de fusiller la spéculation et la privation d’accès aux savoirs ,mais ça ne peut soulager que les esprits de courte vue formatés par leurs propres œillères.

      Pur ce qui est des nuées d’ingénieurs criquets que « nous formons » dans « nos pays » ,regardez mieux ce qui se passe dans le monde et en Asie en particulier ;

    3. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      J’ajouterais que sans doute n’êtes vous pas conscient que vous même êtes soumis au système, si le système vous a permis de faire ce que vous souhaitiez faire. Mais ce n’est pas vous qui l’avez principalement décidé, c’est d’abord lui.

    4. Avatar de corbeau
      corbeau

      En 1909, Tolstoï écrivit De la science, un texte dans lequel il met radicalement en cause la science moderne. Sa critique se fonde essentiellement sur ce qu’il nomme l’inutilité et la vanité des recherches fondamentales, la nocivité de la science appliquée qui sert les classes dominantes en asservissant le peuple et en consolidant l’ordre établi.
      « Maintenant, dans l’organisation capitaliste de la vie, écrit-il, les résultats obtenus par toutes les sciences appliquées, la physique, la chimie, la mécanique etc., ne font qu’augmenter inexorablement le pouvoir des riches sur les travailleurs asservis et renforcent les horreurs et les crimes commis dans les guerres. Et c’est pourquoi toutes les connaissances appliquées peuvent être reconnues comme des maîtrises et des théories de différents métiers, mais en aucun cas comme relevant de la science. » Jamais estime t-il, cette science n’aide les hommes à mieux vivre, et la seule science vraie est celle qui procure le bien aux hommes, autrement dit la « connaissance de ce que chacun doit faire afin de vivre le mieux possible dans ce monde le bref moment de vie qui lui est fixé par Dieu, le destin, les lois de la nature, appelez ça comme vous voulez. »
      (Du suicide, p.66)
      Tolstoï apprit à parler l’esperanto en 2 heures seulement, mais il parlait déjà plusieurs langues.

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        Comme je suis un fan de Tolstoï , je me sens à l’aise pour dire qu’il n’est pas étonnant que le plus talentueux et fertile des anarchistes n’apprécie ni la science , ni les philosophes , ni les religions ( ou du moins les églises) d’ailleurs . Son propos contre  » la science » est à replacer dans un cadre de réaction au scientisme ( précisément) et le positivisme .

        Il est , pour moi , celui qui a le mieux rendu à ce jour la tension et l’interaction nécessaire entre l’ego et le sociétal, pour que le mieux vivre soit là, à ce chiasme de toutes « nos et ma » responsabilités .

      2. Avatar de MEMNON
        MEMNON

        @ juannessy

        “Qui dégrade autrui me dégrade
        Et rien ne se dit ou se fait, qui ne retourne enfin à moi.”
        Walt Whitman

    5. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
      PIerre-Yves Dambrine

      Vous évoquez d’abord les scientistes puis les scientifiques. C’est donc que cela recouvre deux réalités bien différentes et que vous placez les seconds à un meilleur niveau.

      Lorsque vous dites « remettons les scientifiques à leur vraie place, c’est à dire sous surveillance, des humanistes. » vous supposez néanmoins que les scientifiques ne pourraient être humanistes et inversement.
      Pourtant, un des plus célèbres penseurs de l’humanité, Aristote, en lequel nous reconnaissons celui qui a mis à jour les principes fondamentaux sans lesquels la science telle que nous la connaissons en Occident ne se serait pas développée, articulait dans son système philosophique, éthique, politique, physique, logique et métaphysique, autant de disciplines qui constituaient pour lui autant de sciences et qui s’ordonnaient dans un seul but : la vie bonne et la contemplation de la vérité, les deux choses n’en faisant en réalité qu’une , dans son système finaliste.

      Je dirais donc que notre époque souffre non point de ne pas faire assez de science, mais plutôt de n’en point faire assez. Si toutefois l’on conçoit que ce qui définit une science ce sont les principes et les prémisses sur lesquelles elles s’établissent, et ce avec toujours en vue l’articulation de ces principes et prémisses aux autres sciences.

      Beaucoup de scientifiques s’intéressent aux sciences qui ne sont pas les leurs et écrivent même des livres pour exposer leurs réflexions personnelles. Je ne vous les cite pas, vous les connaissez. Ce qui cloche plutôt c’est l’inféodation des sciences aux impératifs financiers et économiques, qui justement compartimentent les sciences et les coupe du même coup des préoccupations humanistes.

      Si formatage il y a c’est dans ce sens, il me semble.

      1. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
        PIerre-Yves Dambrine

        il fallait lire : je dirais donc que notre époque souffre non point de faire trop de science, mais plutôt de n’en point faire assez »

    6. Avatar de Lucas
      Lucas

      @TORPEDO

      « à permis à la science de parvenir à se hisser au dessus des religions, des philosophies, des traditions… »
      C’est rapide ! Et ensuite, quoi d’autre que la science, la magie? (la poésie et l’art donne déjà beaucoup =) )

      Quelle science ? Pour quoi faire ? Que nous dit-elle ?
      Je ne sais pas si c’est du scientisme, mais moi ça m’intéresse..

  12. Avatar de TORPEDO
    TORPEDO

    Je pense que les esprits libres (scientifiques ou non) auront compris mon propos et ne s’offusqueront point de mes réserves quant à l’omniprésence de pseudo- « démarche scientifique » dans tous les débats et même ceux non scientifiques . Comme si les scientifiques ne se trompaient jamais…
    Mon trait ne visait bien sûr que les scientistes (sans majuscule), qui eux sont toujours persuadés de détenir la vérité.
    L’hémiplégie (sic) n’est jamais facile à éviter, à fortiori pour les ultra-spécialistes que l’on forme aujourd’hui en leur décernant de flatteurs diplômes d’ingénieurs en « n’importe quoi » pour leur faire oublier leur prochain remplacement par les machines qu’ils conçoivent. Les écoles d’ingénieurs n’enseigne aujourd’hui plus aucune notion philosophiques, morales ou même déontologiques et c’est ainsi que les consciences se sont endormies… Et si seulement ce n’était que les écoles d’ingénieur..!
    Nos chômeurs d’aujourd’hui ont été licenciés par leurs propres enfants devenus DRH!
    Science sans conscience vendrait père et mère.

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Oui, et comprenez vous pourquoi c’est comme ça ?
      Voici:
      Dans CE Système, les entreprises se doivent d’être toujours plus financièrement compétitives que leurs concurrentes (peu importe ce qu’elles fabriquent),
      => elles choisiront de préférence certains profils d’employés,
      => les écoles formatent les profils (que vous critiquez à juste titre) que demandent les entreprises.

      Alors que l’on pourrait décider de tout autre chose.

      Par exemple, que le Système,en instituant de nouvelles règles (il n’y a pas de fatalité!) conduise les entreprises à remplir certains objectifs (écologiques et sociaux) à définir. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’inventer un « jeu de société ».
      On pourrait instituer une « Education populaire » (voir Franck Lepage), afin de répandre de nouveaux paradigmes. Etc…
      Hélas, ce n’est pas du tout le chemin pris…
      En conséquence, le Système est abandonné aux plus malins, et vous en constatez le résultat.

      1. Avatar de François C.
        François C.

        ‘Aux plus malins’ c’est encore assez gentil, ou alors c’est ‘malin comme un diable’…!
        Des torves, sans scrupules, narcissiques et dominateurs, ripoux, etc…
        Et ça peut dériver rapidement, car ce ‘système’ comme vous dites, dans un même milieu, nous met souvent ‘les uns contre les autres’, et qui ne s’est pas dit parfois:
        « mais qu’est-ce que je suis en train de faire ?! »

    2. Avatar de Jacques Seignan
      Jacques Seignan

      @ Torpedo : dont acte ! En effet le scientisme est totalement nuisible, un envahissement qui se traduit par des dérives terrifiantes où tous les êtres humains sont évalués comme des chiffres et par ailleurs la réalité réduite à des modèles bidonnés… Je me permets de suggérer la lecture du livre de Paul Jorion : http://www.amazon.fr/Comment-v%C3%A9rit%C3%A9-r%C3%A9alit%C3%A9-furent-invent%C3%A9es/dp/2070126005/ref=pd_bxgy_b_img_b

    3. Avatar de juannessy
      juannessy

      J’aurais effectivement du préciser  » hémiplégie du cerveau » , ce qui au cas présent signifierait qu’un scientifique est paralysé du cerveau droit .

  13. Avatar de Mlepoivre
    Mlepoivre

    Au sujet du dernier point, le rôle de la science ou plutôt de l’idéologie scientiste dans l’obsolescence de l’homme remplacé par des machines ou des robots, le débat est confus et les termes du problèmes sont un peu faussés. Mais il faut bien admettre qu’en amont, à l’origine des processus, c’est la recherche de type scientifique (les sciences dites dures), orientée bien sur sur des applications, qui est en cause, et donc les scientifiques et les ingénieurs ont une responsabilité. C’est déjà ce dont avait pris conscience Einstein suite au largage de la bombe atomique, qui l’a amené à regretter la mise en place du projet Manhattan. Les savants ne se reconnaissaient guère de responsabilité, se reportant sur les politiques et les militaires, auxquels ils ne faisaient qu’obéir. Sans s’interroger sur leur recherches même et leur activité de chercheur.
    C’est ensuite qu’interviennent les techniciens et les industriels, les capitalistes, puis la population. Mais sans la découverte et la mise au point de procédés scientifiques par des chercheurs, il n’y aurait rien de tout cela. L’existence d’un simple I-phone démontre le rôle écrasant et sur-déterminant de la science dans notre société.
    Le problème, c’est qu’une fois qu’on a posé cela, on est alors amené à tirer des conclusions radicales, dont certaines confineraient au terrorisme. Des groupes tel que Pièce et main d’oeuvre ou le groupe Oblomoff, formés d’anciens ingénieurs, appellent carrément à ne pas faire d’études scientifiques. Surtout, on a en mémoire Unabomber, qui partant du principe que la société industrielle et technologique menait l’humanité à une impasse et que c’est la science qui l’alimente, avait décidé de mettre en place des actions terroristes visant à assassiner des scientifiques.
    Le problème se pose ainsi: faut il arrêter ou freiner certaines recherches scientifiques? peut-on le faire? Après tout, c’est ce que préconise Jacques Testart, père du bébé éprouvette, qui a arrêté ses recherches dans le domaine génétique…

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      faut il arrêter ou freiner certaines recherches scientifiques? peut-on le faire?

      Freiner, (ou encourager) certainement, mais pas arrêter, car jamais on empêchera l’homme de réfléchir, et il s’en trouvera toujours pour réfléchir à des choses qui ne plaisent pas à tout le monde.
      S’interdire de chercher, c’est laisser un autre le faire à la place. Quel intérêt?
      Par contre, nous nous devons de gérer le progrès scientifique, comme la société en général, à l’aide d’une entité supérieure, qui pourrait être … l’Etat.

  14. Avatar de Stéphane Feunteun
    Stéphane Feunteun

    Une composante jusqu’à présent négligée dans la robotisation est la consommation d’énergie.
    Prenons le cas du travail des métaux. La performance des machines réside principalement dans leur vitesse d’exécution ; mais il est un paramètre qui augmente encore plus vite, c’est leur consommation d’énergie, comme l’indique ce graphique comparant différentes techniques de découpe de tôles:
    http://krisdedecker.typepad.com/.a/6a00e0099229e8883301a73d9158bc970d-pi

    Il est intéressant de noter que l’augmentation de puissance est requise bien sûr pour des raisons mécaniques, mais aussi par le degré d’automatisation, dans une proportion comparable. Ce qu’on pense « dématérialisé » est loin de l’être (sans même parler de la fabrication des microprocesseurs et autres composants) et d’autant plus fragile qu’on augmente le degré de complexité. Personnellement je ne crois pas au remplacement des humains par des machines.
    Pour ceux que ça intéresse, l’article complet en Anglais:
    http://www.lowtechmagazine.com/2014/03/how-sustainable-is-digital-fabrication.html

    1. Avatar de François Lacoste
      François Lacoste

      Vous soulevez le principal problème, pour l’instant sans solution à long terme, de la consommation énergétique par habitant sur notre planète.
      L’exemple le plus remarquable et trivial qui me vient à l’esprit est celui d’un outils électroportatif fabrique en Chine et vendu en France depuis des années, 30 euros, dans toutes le grandes surfaces de bricolage. Il s’agit d’un marteau burineur (un petit marteau piqueur) d’1 kw environ et pesant environ 3 ou 4 kg, composé de pièces d’acier traitées, de carters d’aluminium, de roulements à billes, de cuivre et de plastiques divers. Je ne sais pas combien de kw/h sont nécessaires à sa fabrication mais je suis certain que s’il était produit en Europe cet outils (de qualité moyenne certes mais ne demandant pas moins d’énergie pour le réaliser qu’un produit équivalent de grande qualité) aurait un coût de revient énergétique supérieur à 30 euros.
      Peu importe le prix d’ailleurs, cette énergie et prélevée sur une ressource fini.
      On l’utilise puis il tombe en panne et on le jette.
      Sa récupération, son tri, la réutilisation des matériaux le composant nécessitera un apport d’énergie considérable, probablement autant qu’il n’en a fallu pour le produire.
      Cette constatation que nous pouvons étendre à tous les produits que nous utilisons, sans exception, nous ne voulons ni la voir, ni l’entendre.
      Pourtant, il est évident, sans être un savant et sans faire le moindre calcul, qu’un jour nos descendants seront à court de ressources. Bien sûr nous nous disons qu’ils inventerons des ressources énergétique nouvelles, la mer en bouteille et le soleil en boite mais cela est loin d’être certain et sans doute est bien improbable.
      Nous vivons en parents « gâtés ». C’est con et surtout dégueulasse…

      Comme dit Paul et bien d’autres personnes, l’espèce humaine n’est pas immortelle et notre bonne vieille terre en a vu bien d’autres, des espèces…

      1. Avatar de Stéphane Feunteun
        Stéphane Feunteun

        Nos descendants? vous êtes bien optimiste. Je ne détaillerai pas trop mon point de vue ici, ce n’est pas le sujet, mais en gros je pense que nous sommes déjà à court de ressources.
        L’économie a besoin en quantité d’énergie bon marché et de ressources accessibles pour assurer sa croissance. Depuis quelques années les coûts d’extraction augmentent exponentiellement et malgré cela les volumes ne parviennent que très péniblement à suivre. Pour se maintenir les compagnies d’extraction réduisent leurs investissements, mettant ainsi en péril l’approvisionnement à moyen terme. La croissance est financée par de la dette, l’économie s’affaiblit et peut de moins en moins acheter de l’énergie dont les coûts eux continuent d’augmenter. Les gains technologiques d’efficacité énergétique sont de l’ordre de 1% par an, c’est très insuffisant pour compenser l’affaiblissement (et de plus nécessitent un investissement, freiné par le taux d’endettement). Les stimulations financières (QE, ZIRP,…) atteignent leurs limites ; peut-être nous sortiront-ils un énième lapin de leur chapeau, mais je ne vois pas par quel miracle on pourrait espérer une rémission durable (et en poussant à l’extrême: l’argent ne se mange pas, à partir d’un certain point il devient inutile d’en injecter davantage). Pour résumer, nous avons déjà franchi le pic de l’énergie bon marché, et au lieu de redescendre doucement (ce dont je doute de la faisabilité) nous construisons un gigantesque Ponzi.
        Pour appuyer le commentaire de Fourvière ci-dessous, j’ai lu qu’il était prévu de décupler (x10) le trafic digital entre 2013 et 2020, principalement à cause de « l’internet des objets » ; je ne pense pas que ça arrivera, faute d’énergie suffisante.

    2. Avatar de Fourvière
      Fourvière

      D’ailleurs il me semble que les émissions de CO2 liées à internet ont dépassé celles du transport aérien. Si ce n’est pas encore le cas, cela ne saurait tarder…

      Et les problèmes liés à l’approvisionnement en énergie ne sont pas minces, n’en déplaise à Mr Jeremy Rifkin qui semble croire que l’énergie sera bientôt abondante et gratuite en s’asseyant un peu sur le coût de construction et d’entretien des moyens de la produire (et je ne parle même pas des éléments nécessaires qui se raréfient à vitesse grand V).

    3. Avatar de nounours
      nounours

      Les robots ont besoins d’énergie pour fonctionner, de matériaux de toutes sortes, d’acier…etc et subiront les mêmes limitations que l’industrie, que ce soit la raréfaction de matériaux, les ressources de toutes sources et l’énergie fossile. Il y aura forcément une limite à la robotisation avec malheureusement beaucoup de casse sociale.
      Voir le livre de Ph Bihouix  »l’âge des low tech »
      Ph Bihouix est ingénieur. Spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique, il est coauteur de l’ouvrage Quel futur pour les métaux ?., 2010.

      1. Avatar de Tigue
        Tigue

        La différence de masse entre l’ ordi HP ci dessus et n’ importe quel smartphone montre a quel point les besoins en matières premières peuvent varier (si demain les ordi deviennent biologiques et utilisent la photosynthèse, il n’ y a plus besoin de métaux ).
        Fonder un credo sur ce genre de trucs qu’ on substantialise en dehors de nous, sans se demander ce qu’ on fait pratiquement avec le truc, en quoi il fait sens avec nous, est pure dinguerie (ceci sans même se fatiguer à délibérer sur le sens que peut prendre  » fonder un credo » ).
        Quelque soit le prochain truc a partager/disputer, il se trouvera la question de ce qu’ on fait avec le truc et comment on se comporte avec les autres et soi même.

  15. Avatar de TORPEDO
    TORPEDO

    Je pense que tout le monde ici est d’accord sur ce que promet à cours terme l’accéleration de la course à la production pour « La Survie de l’Espèce » ! Alors cessons maintenant de nous cacher derrière le « système ».
    Le citoyen responsable a été tué par le « Consommateur », au nom de la Sacro-Sainte Economie de Marché qui nous écrase.
    Il appartient à chacun d’entre nous de refuser de jouer, de cesser d’alimenter de notre énergie (tellement renouvelable) un système qui détourne pour son élite toute richesse produite et qui nous laisse à peine assez pour nous laisser croire que nous sommes utiles.
    En vérité, chacun sait bien ce qui fait défaut pour lui-même, et c’est souvent bien loin de toute consommation mercantile.
    La vie en société impose à chacun le devoir de respecter l’autre et ce d’autant que comme nous, et grâce à nous, il est très bien armé !
    Alors, de grâce, commençons par cesser d’acheter le plus gros 4×4 possible pour épater le voisin, ça va finir par l’énerver ! Et puis en plus, le diesel, avant de poluer, ça pue!
    Regardez donc comme General motors reprend des couleurs! La planette? Pfff!
    Allez, un peu de gaz de schiste et c’est reparti pour dix ans!
    Il nous faut dire NON à cette logique dès maintenant. C’est de cela qu’il faut parler et il ne s’agit nullement d’une régression.

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Il nous faut dire NON

      S’il suffisait de dire Non quand il le faut, il ne serait pas nécessaire d’écrire des lois pour prélever des impôts par exemple. Il suffirait de dire Non à la fermeture des services publiques, et chacun s’acquitterait de la redevance nécessaire… (?)
      Vous voyez bien que ce n’est pas si simple, et qu’il faut donc écrire des règles. Des règles pas nécessairement contraignantes, mais qui fassent que chacun trouve un intérêt personnel à dire Non. Autrement dit, établir un cercle vertueux.
      Et cela passe par un changement radical de système économique, puisque l’actuel est vicieux.

  16. Avatar de laura
    laura

    Bon. J’espère que le billet est faussement innocent et que l’ouverture des commentaires sert de soupape à la messagerie de Paul Jorion….

    quelles sont les conséquences réelles et pratiques de cette disparition massive du travail pour la majorité immense d’entre nous ? Voilà sans doute des questions que nous devrions impérativement et rapidement nous poser.

    Les questions ont été posées par plusieurs auteurs, depuis quand même pas mal d’années….

    Je suis également ingénieur, avec thèse, mais dois avoir une bonne quinzaine d’années de moins que M. Seignan. Il parle donc d’un monde que je n’ai jamais connu, une ambiance et une innocence qui maintenant, je dois dire, m’agacent au plus haut point : les « belles histoires » de la période des 30 glorieuses… stop please.
    De longues & violentes discussions avec mes parents qui ne comprenaient pas, maintenant, c’est bon, comme on en parle à la télé, et comme mon frère, à 40 ans, a connu un an de chômage malgré son bac+5, ils ont compris. C’est bien.

    Alors c’est quoi notre travail tous les jours, quand le travail disparaît ?

    Après les premières années d’euphorie, on réalise vite que notre travail d’ingénieur consiste à rationaliser/optimiser le travail de l’autre. Après le saut mental pour comprendre que cela va arriver à toutes les activités, n’est quand-même pas difficile à faire. On comprend aussi qu’il faut passer 1/3 de son temps à vraiment bosser, 1/3 à détruire le travail de l’autre et 1/3 à développer son réseau, pour passer au poste d’après. C’est à ce jeu qu’on peut progresser dans l’entreprise : une ambiance de cour royale.

    Alors en conséquence, c’est quoi l’éducation de nos enfants de tous les jours, quand le travail disparaît ?

    et c’est là qu’on devient désespérés. On cherche le sens à tout cela, et on ne trouve pas. Que dire à notre ado quand il dit « moi, j’aimerais un monde plus libre, là on a l’air, là, d’être tout enfermé » ou encore « ça n’a pas l’air drôle ton travail » ou bien encore « c’est qu’ils veulent m’apprendre à penser comme ils le veulent, je ne veux plus y retourner « . (extrait de conversations entre parents qui se questionnent). On ne peut même plus lui dire « Travaille et tu réussiras… » naaannn… ça c’était avant, quand tout marchait tout seul, le monde étaient accueillant ; après on s’étonne de l’intégrisme, de l’extrémisme… Chacun cherche une place.

    1. Avatar de octobre
      octobre

      BERNARD STIEGLER : L’EMPLOI EST MORT, VIVE LE TRAVAIL !
      Réinventer le travail à l’ère de l’automatisation.

    2. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
      PIerre-Yves Dambrine

      laura,

      A l’ado impatient peut-être lui-dire : ouvre ta fenêtre, regarde comme le ciel est bleu, et les merveilleux nuages qui passent, et quand la nuit vient, regarde les étoiles. (je plaisante)

      La réponse est certainement dans vos questions. Entre parenthèses, j’ai beaucoup apprécié votre commentaire, même si je vous trouve un peu injuste à l’égard des anciens, car j’ai beaucoup d’estime pour tous ces retraités qui se sentent concernés par la façon dont le monde évolue. Beaucoup d’entre eux, sans doute pas assez, emploient beaucoup de leur temps à faire ce que les jeunes, trop absorbés par ce qu’exige d’eux le système, ne peuvent pas faire : prendre du recul et le cas échéant agir.

      Commencer donc à ne plus raisonner avec les mots du système. Se désintoxiquer de la novlangue. Se déculpabiliser si l’on ne trouve pas de travail ou qu’on gagne pas les sous qui faudrait pour « avoir une situation ».

      Car il n’y a plus de situation à avoir (sauf bien sûr si l’on se considère comme faisant du petit club des gagnant aux dépends de tous les autres.) puisque la situation globale fait que le travail disparaît.
      Il y a donc déjà une alternative à vivre : partager avec les autres la façon dont on perçoit cette situation, et côtoyer des personnes qui dans leur tête ont déjà fait le deuil de ce système infernal.

      Lui dire peut-être à l’ado que si le monde actuel paraît sans issue c’est qu’il y a tout à construire en dehors des « mûrs » dans lesquels nous enclôt le système. IL n’y a pas de solution individuelle, mais la prise de conscience, elle, se fait toujours individu par individu. Le système ne fera jamais de lui-même cette prise de conscience.

      Je ne vous dis pas cela comme une vue de l’esprit. Il y a du chômage de masse, mais il y a tant à faire. C’est le grand paradoxe. Et certains chômeurs, ceux qui justement ont fait ce deuil des règles du jeu du système, sont peut-être plus actifs, au sens où ils oeuvrent déjà à la construction d’un monde meilleur, pour eux-mêmes et pour toute la collectivité, que bien des personnes qui ont une activité professionnelle et dépensent beaucoup de leur énergie pour des activités futiles et au final destructrices.

      Le seul problème de ces chômeurs déculpabilisés, c’est qu’ils doivent se contenter de peu, à la limite du seuil du pauvreté, et même en dessous pour un certain nombre. Ce n’est donc pas une solution en soi, une alternative collective dans l’état actuel des choses, mais en tout cas c’est ce me semble un passage obligé que celui qui consiste à se projeter dès maintenant dans le paradigme d’un autre monde possible. C’est avoir la certitude au fond de soi que l’on fait le bon choix, que rien ne serait pire que de continuer à jouer le jeu comme vous le dites très bien, dans ce monde de la complétion et de l’abrutissement. A un moment donné, il faut dire stop. Et ne plus se retourner vers le miroir aux alouettes. Certains le font très tôt dans la vie, d’autres prennent beaucoup plus de temps, il n’y a à blâmer personne. De toutes façon le système se déglingue alors autant nous préparer pour faire en sorte que ce qui en sortira sera meilleur.

    3. Avatar de Jacques Seignan
      Jacques Seignan

      Chère Laura,
      J’espère que vous lirez ma réponse : je vous remercie d’avoir écrit ce commentaire détaillé et j’aimerais préciser quelques points.

      Oui j’imagine que la messagerie de Paul Jorion doit être bien pleine et en tout cas son travail n’est pas en voie de disparition : imaginez qu’il y a aussi la modération à faire sur ce fil de discussion 🙂

      Cela étant le billet n’est pas faussement innocent : c’est simplement un témoignage concret qu’il m’a proposé de publier et qui a permis de vérifier combien mon cas pouvait illustrer un certain tournant quant au travail. Bien sûr ces questions ont été posé par maints auteurs et depuis plusieurs années mais il me semble que tout s’accélère dans ce processus de disparition du travail (et d’autres apparemment sans liens comme la disparition des abeilles, des éléphants … mais on peut imaginer quelque cause commune en amont…)

      En fait je crois que mon billet pourrait servir à une participation à la lutte contre le TINA : There Is No alternative que Thatcher a inventé pour justifier la mise en place du néolibéralisme et qui est repris ad nauseam par les médias stipendiés. Je suis vraiment désolé si mon discours apparait comme « les belles histoires des 30 glorieuses » ! Je comprends la discussion avec vos parents : il faut simplement rappeler qu’il n’ y a pas de raisons que les choses soient telles quelles sont si ce n’est une volonté délibérée de choisir une stratégie inepte et féroce : celle du néolibéralisme.
      J’aimerais donner un exemple concret sur ce TINA. Après les années 2000 quand j’ai eu mon un PC portable je me suis trouvé dans l’obligation d’effectuer quelques connections (au début dans un cyber-café !) pour lire mes messages professionnels car sinon c’était la double peine : le jour de retour de vacances pas si drôle j’avais compris que j’aurais des centaines de mails en plus… et pour la plupart inutiles… Ce que je veux dire c’est qu’il n’y a AUCUNE raison d’avoir ce flot imbécile de mails qui est lié à la sur-communication et à la surveillance implicite des employés fussent-ils « cadres ». D’ailleurs il est époustouflant de voir que des grands groupes allemands (je ne me souviens plus lesquels) ont commencé à mettre en place des limites à ces mails après 18 h ou en vacances. Ils ont vu que finalement ça devenait contre-productifs. Je suis rassuré dans 10 ans nos gouvernants français vont imiter l’exemple allemand… voilà un TINA qui montre sa fausseté…
      Oui la question est bien que faut-il faire dans notre travail quotidien (si on a en un…) ou comment éduquer nos enfants…
      Je n’ai pas de réponses précises à vous donner sur les interrogations finales mais je devine que si vous venez visiter le blog de Paul Jorion et lire ses billets (et ceux des invités) vous avez espoir de trouver un sens à ce qui nous arrive ; comprendre aide à ne pas se résigner et ensuite agir…

    4. Avatar de Lazarillo de Tormes
      Lazarillo de Tormes

      Laura,

      Votre commentaire m’interpelle par les analogies qu’il présente avec mon propre vécu, j’y retrouve bon nombre de mes réflexions. A votre pensée:

      on réalise vite que notre travail d’ingénieur consiste à rationaliser/optimiser le travail de l’autre. Après le saut mental pour comprendre que cela va arriver à toutes les activités, n’est quand-même pas difficile à faire

      ma conclusion est que oui, que c’est très difficile pour la majorité. La capacité de déni est immense, pas par manque de clairvoyance mais, je soupçonne, par peur car imaginer quelque chose c’est déjà un peu lui donner vie.

      Ces derniers jours je me posais la question de ce qu’étaient les vies des pilotes d’Air france, des notaires, des pharmac.iens battant le pavé -la mienne aussi en passant- quand les mineurs et sidérurgistes faisaient de même dans les années ’80.

      Sept ans après le déclenchement de la crise des subprimes en Grèce, 6.3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté ou en risque imminent d’y basculer, soit 57% de la population. Face à ce chiffre terrible, le parti Syriza symbolisant l’alternative principale aux politiques d’austérité menées depuis représente 24% à 36%, selon les sondages, des intentions de vote.

      Ce découplage c’est le déni de réalité de ceux qui sont déjà touchés. Qu’espérer alors de ceux qui s’accrochent encore à la falaise, qui s’éffrite elle-même, l’index dans un interstice de la profondeur de la première phalange tout en psalmodiant Coué?

      Chaque jour le déni est décliné dans toutes ses formes sur le blog de Paul Jorion mais la soupape que vous mentionnez s’assimile peut-être à la parole pour se libérer des emprises dont notre hôte discutera avec des psychiatres demain.

      Peut-être en aurons-nous d’une façon ou d’une autre un écho qui s’ajoutera à notre boîte à outils pour poursuivre notre quête de liberté.

      1. Avatar de laura
        laura

        Vous avez raison, les gens ont peur. Je tente parfois en réunion ou lors du déjeuner une question politiquement non correcte (comprendre hors stratégie du lieu de travail en question), souvent une question de bon sens qui pointe du doigt une contradiction interne (c’est facile…), parfois sur le sens global d’un sujet par rapport à la société. Bon et bien l’expérience montre que c’est simplement interdit de donner un avis non conventionnel. Bien sûr, j’ai appris aussi à ne pas aller trop loin maintenant… (du darwinisme ….?)

        Alors je ne sais pas où se trouvent les 80% dont parle M. Jorion, mais personnellement j’ai du mal à les croiser en vrai.

        Donc je prends cet argument de peur, que personnellement j’avais mis sur le compte de la survie – et c’est lié. L’on commence à être dans l’autocensure totale (mais c’est peut-êre normal dans ce contexte actuel), un climat délétère, nuisible de par l’éducation que cela impose sur nos enfants. J’ai une collègue qui interdit facebook à ses enfants, car « tu comprends, plus tard, si un recruteur tombe sur des photos… ». Encore une fois, on revient à cela, le lien mauvais est là.

        Ce que je ne sais pas c’est si cela a toujours été comme ça ; dans certains milieux très favorisés sans doute, y avait-il des contraintes pour de la préservation de son rang, mais aussi répandu dans la société et pour des raisons de « peur », je ne sais pas. Les conséquences on les voit.

    5. Avatar de juannessy
      juannessy

      La vraie question que vous pose votre fils (il peut aussi la poser à son père et à ses grands parents) n’est pas « qu’est ce que je vais faire ?) , c’est  » pourquoi je vis ? »

      Dans la même situation que vous , j’avais essayé de le dire à mes enfants ,en écrivant un poème inspiré de Rudyard Kipling, qui tentait de leur dire à la fois pourquoi j’avais fait les choix qui étaient les miens, et la place qu’eux et nos propres p

      1. Avatar de juannessy
        juannessy

        OUPS BIS !

        …parents avaient dans ce récit.

        Par d’autres biais ils m’ont confié qu’ils avaient ( et ont encore ), avec leurs propres enfants ,ce style  » d’explications » quine s’arrêtent ,et de loin , pas au travail .

        La société ne mourra pas de la moindre importance du travail , ou d’un moindre « confort » capricieux.

        Elle meurt de l’absence de sens sociétal et individuel .

  17. Avatar de PIerre-Yves Dambrine
    PIerre-Yves Dambrine

    Magnifiques tous ces commentaires, en y réfléchissant je regrette un peu mes propos sur l’espéranto, bien dérisoires après tout, car dans espéranto il y a espérance, et c’est sans doute ce qui compte d’abord. C’est une utopie, parmi d’autre, sans doute nécessaire quand on nous dit que le monde ne peut être autrement qu’il n’est.

    Renversons la statue du cadre dynamique érigée au XX ème siècle !

    Cela ne sera pas difficile elle se fissure déjà de partout.
    Il n’y a plus qu’à la pousser de son socle, et l’affaire sera réglée.

    Ce système n’a plus aucune dynamique sinon celle de sa propre destruction.
    Le discours de la religion féroce s’entend encore dans les écoles de commerce et autres lieux où l’on enseigne ou propage l’art de dominer ses congénères, de faire des profits au détriment de l’humanité et des ressources que nous offrent notre bonne vieille Terre, mais chaque chose fait son temps.

  18. Avatar de TORPEDO
    TORPEDO

    Nous sommes donc tous d’accord pour admettre que nos malaises à tous (et le malaise commun que nous appelons « crise »), sont de nature existentiels. Ils résident dans notre incapacité à refuser d’avancer dans un sens que nous sentons néfaste. Et chacun se persuade (pour supporter le mal-être) que « l’autre » est responsable de la situation.
    Celui que j’appellerai « le citoyen Responsable » doit être capable, à l’opposé de la souris qui fini par tuer son partenaire, d’identifier à la fois, la cause de son inconfort (le plancher de la cage, métallique est parcouru par de fortes décharges électriques), et l’auteur de la nuisance ( le sadique laborantin), pour avoir une chance de la faire cesser en se retournant contre la véritable cause de son mal-être.
    Il va de soit, que dans toutes les « cages » de notre société, la même conscience individuelle est indispensable pour éviter la Grande Boucherie Finale.
    C’est donc bien là que réside le seul espoir pour notre société, qu’un peu partout, dans tous les secteurs de nos activités, quelques personnes peut-être un peu naïves, se dressent
    pour montrer aux autres les câbles qui courent sous le plancher.
    Mais si il ne s’agissait que de forcer ensuite les portes de la prison pour en finir avec les problèmes de domination…
    Reste ensuite à ré-apprendre à vivre tous ensembles…
    Encore un peu de travail pour y parvenir…
    Mais du travail individuel avant tout.
    Et le blog de PJ grâce à la qualité de ses intervenants est à mon sens tout à fait apte à promouvoir une telle évolution des consciences…
    L’humanisme est plus puissant que le scientisme. Et si je n’en étais pas convaincu, je ne serais qu’un… animal?

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      L’humanisme est plus puissant que le scientisme. Et si je n’en étais pas convaincu, je ne serais qu’un… animal?

      Dans le monde actuel, au dessus du scientisme et de l’humanisme, il y a l’économique.
      Pour s’en persuader, il suffit de ne plus rien posséder, et de brûler le chéquier.

      Ce qui veut dire que ceux qui ont le pouvoir suprême sont ceux qui contrôlent l’économie, et certainement pas les scientifiques ou les humanistes.

      Et si vous souhaitez que les humanistes prennent le dessus, il leur faudra nécessairement prendre le contrôle de l’économie!

      1. Avatar de Lucas
        Lucas

        Il faut vivre plus lentement, freiner, pour ôter un peu de son emprise sur nous, à cet argent..

      2. Avatar de Dominique Gagnot
        Dominique Gagnot

        Il faut vivre plus lentement, freiner, pour ôter un peu de son emprise sur nous, à cet argent..

        Ceux sur qui l’argent à le plus d’emprise, sont ceux qui n’en ont pas!…
        Ils vivent déjà très lentement, puisqu’ils ne peuvent simplement pas vivre.

        De toute évidence, il ne suffit pas d’être humaniste pour résoudre LEUR problème, qui est aussi le nôtre… Que faire donc, si ce n’est changer radicalement le système économique? (inadapté au contexte économique actuel…)

      3. Avatar de Lucas
        Lucas

        Il n’est pas très logique de résonner comme ça, mais si tout ceux qui le font arrêtaient d’acheter des iphones aussi régulièrement, bah ça ferait beaucoup de bien. Raah

  19. Avatar de TORPEDO
    TORPEDO

    La question n’est pas « ce que je souhaite ».
    Pour ma part, mon entourage proche,et dans ma vie de tous les jours, je suis parvenu, petit à petit à ce que j’ai toujours souhaité.
    La famille est un des premiers maillons d’une société. Elle peut être aussi le siège de tous les conflits de sociétés plus larges.
    Sur nos micro-sociétés que sont nos familles, chacun peut agir lui-même pour faire que tout aille bien, et naturellement en ayant bien évidemment le contrôle sur « l’économique » sans pour autant vivre sur un grand pied.
    Il en est des familles comme d’autres associations humaines. Elles sont toutes aptes à faire le bonheur ou le malheur de leurs membres. L »économie » et Le » Système » ont bon dos!

    Je ne souhaite qu’une chose ( trois fois rien): que chacun puisse découvrir en lui-même ce à quoi il aspire vraiment, et qu’il l’assume.

    Dans les temps agités qui sont les nôtres, ce n’est pas d’économie dont l’homme ont besoin, mais d’exigences d’Humanité.
    On peut l’y aider dès maintenant.

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Pour ma part, mon entourage proche, et dans ma vie de tous les jours, je suis parvenu, petit à petit à ce que j’ai toujours souhaité.

      Et pourquoi êtes vous parvenu à faire ce que vous avez toujours souhaité, alors que l’immense majorité des humains vivant sur cette planète, ou même en France, n’y parvient pas ?

      Voici :

      Vous êtes né au bon endroit, au bon moment, avec des aptitudes économiques adéquates pour vous faire une place dans CE système économique.
      Il suffirait que l’une de ces 3 conditions (lieu, moment, aptitudes) ne soit pas remplie, pour que vous soyez dans la galère. Etes vous d’accord sur ce constat ? Si oui, vous admettez avoir, au préalable, eu beaucoup de chance pour pouvoir valoriser vos qualités.

      Avez-vous lu ce témoignage d’Ancestral:
      http://www.pauljorion.com/blog/2014/10/02/ou-est-lespoir-par-ancestral/
      Qu’auriez vous à lui dire?

      S’il était relativement aisé durant les 30 glorieuses en Occident de « s’en sortir », cela devient depuis toujours plus difficile.
      Comment expliquez-vous la montée de la pauvreté, si ce n’est que le « système » ne permet pas/plus à chacun de trouver une place économiquement viable ? (en occident, car je ne parle pas des pays ravagés depuis toujours…)

      Croyez vous qu’il « suffise » d’exiger plus d’humanité, (point sur lequel nous sommes tous évidement d’accord),
      Mais encore, à qui, comment, par quels moyens, qui ne remettent en question le « système » ?

  20. Avatar de TORPEDO
    TORPEDO

    Je viens de lire le témoignage d’Ancestral, et il y aurait tellement à dire!
    Bien sûr « la donne » n’est pas la même pour chacun, mais l’égalité des chance dont on nous rebat les oreilles (surtout les enseignants!) est à mon sens une tromperie.
    J’ai sans aucun doute eu mille fois plus de chance que le plus malheureux des hommes, mais je connais aussi bon nombre d’hommes plus chanceux que moi, plus fortunés aussi, et qui sont bien plus malheureux que moi.
    Je pense qu’à chaque étape de nos vies, des choix s’offrent à nous qui nous permettent d’ esquisser puis de modeler le chef-d’oeuvre unique que peut-être l’existence.
    Ce chef-d’oeuvre ne s’expose pas, ne peut être copié, ni revendu, il nous appartient, nous représente et nous permet d’accepter la fin.
    Je ne crois en aucun dieu, et je sais comme « Ancestral » que l’enfer existe sur cette terre, alors pourquoi termine-t-il son texte en disant que nous payons tous pour nos erreurs passées, serait-il convaincu que son sort est mérité? Croit-il à une punition collective du Grand Patron?
    Personne ne paiera pour des erreurs qu’il n’a pas commis.
    Chacun paye pour ses propres erreurs et le plus souvent chacun s’inflige soi-même la punition.
    L’homme devrait vivre sans craindre le mal qu’on pourrait lui faire mais plutôt celui qu’il peut causer à lui-même comme à autrui.
    Le libre arbitre est notre richesse la plus précieuse, et notre salut est de lui obéir toujours quelque soient les pressions extérieures. Et quand je parle de pressions, je ne parle pas de torture… Le qu’en dira-t-on suffit bien souvent !
    Enfin j’ai la conviction d’être né effectivement juste au bon endroit, et juste au bon moment et même la misère matérielle ne saurait me convaincre du contraire.
    La pauvreté est un mot que je déteste car on ne sais jamais ou elle commence ( je crois vaguement savoir ou elle finit ).
    Elle est effectivement en augmentation, ma femme m’a demandé hier:  » on ne paiera encore pas d’impots sur le revenu cette année (comme depuis 5 ou 6 ans d’ailleurs), est-ce que ça veut dire que nous sommes pauvres?
    Je lui ai demandé si elle se sentait pauvre, l’ai embrassée et lui ai dit que je l’aimais. Elle a rigolé.
    C’est peut-être ça finalement « être pauvre »?

    1. Avatar de Dominique Gagnot
      Dominique Gagnot

      Très bien, mais que diriez vous alors à Ancestral pour lui redonner espoir, compte tenu de la manière dont son avenir s’annonce et, d’une manière générale à ceux, toujours plus nombreux, qui sont dans une galère comparable à la sienne ?

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