Un temps qu’il fait « un peu bizarre », par Olivier Brouwer

Billet invité. En faisant précéder la retranscription qu’il a faite de mon « Le temps qu’il fait » d’aujourd’hui, d’une lettre, Olivier Brouwer ne s’attendait certainement pas que je veuille la publier. Il a cependant marqué son accord, ce dont je le remercie.

Bonjour Paul,

Après un moment d’hésitation, je me suis décidé à retranscrire aussi ce « Temps qu’il fait un petit peu bizarre », ce qui m’a donné à réfléchir, une fois de plus, sur ce qui me pousse à faire cela. Ce sont bien entendu des « raisons » qui valent ce qu’elles valent, les « véritables raisons » étant peut-être encore ailleurs, mais cela n’a, bien sûr, aucune importance.

Tout d’abord, la chose la plus importante, c’est que ça maintient par l’exercice la mobilité de mes doigts ! ;o)

Blague à part, je me rends bien compte que je m’adonne à un métier disparu : dactylographe. Et, ce qui est intéressant, je trouve, c’est que ce n’est pas par un salaire que je suis rétribué. Je suis rétribué en effet – on est toujours d’une manière ou d’une autre rétribué pour ce qu’on fait, je pense, sinon on ne le ferait pas – par le fait de faire œuvre utile qui va faire contribuer l’humanité à « aller dans le bon sens ». Aider les gens à réfléchir à comment faire pour changer les choses. J’y contribue comme je peux, et on a besoin des compétences (variées) et de l’énergie de tout le monde.

Et puis peut-être bien aussi, le « merci à Olivier Brouwer » que liront un grand nombre de gens, eh bien, ça fait plaisir, bien sûr !

Mais aussi, je sais que je fais beaucoup plus facilement ce qui tout simplement me plaît que ce qui ne me plaît pas. Ceci ressemblerait presque à une tautologie, mais je pense qu’il y a un grand mystère là-derrière. Pourquoi une certaine activité sécrète les hormones du plaisir alors qu’une autre sécrète celles de la souffrance ? Et ce ne sont pas forcément les plus utiles ou les plus valorisantes qui sécrètent le plus d’hormones du plaisir, et de même, ce ne sont pas forcément les moins utiles ou les plus dévalorisantes (voire même plus) qui sécrètent le plus d’hormones de souffrance. Là se trouvent sans doute beaucoup de raisons de nos « ratages ». Comment expliquer, par exemple, que l’avilissement génère du plaisir chez certaines personnes ?…

Bon, je laisse la question posée.

Toujours à propos de rétribution (et ceci peut paraître contradictoire avec ce qui précède mais je ne pense pas que ça le soit), il y a quelque chose liée à la gratuité qui est rétributive par elle-même, si je puis dire, et c’est précisément le fait de l’avoir fait gratuitement ! On ne peut pas dire que tu te ménages, n’est-ce pas Paul, eh bien, je pense qu’une grande part de la « rétribution » de tous ces efforts (qui ne consistent pas uniquement à tenir une chaire dans une université, activité pour laquelle tu touches un salaire), se trouve dans la satisfaction d’avoir fait quelque chose d’utile gratuitement. Et je dirais même plus : la gratuité appelle la gratuité. Par exemple, la gratuité de mes retranscriptions est comme une réponse de « gratitude » à la gratuité de ton engagement et des efforts que par ailleurs tu ne ménages pas. En une formule lapidaire, « la gratuité se paie par la gratuité ». Ceci est loin d’être anodin, parce que c’est peut-être une réponse (la seule ? peut-être bien) à la logique du profit qui nous envoie dans le mur…

Je me considère donc d’ores et déjà comme largement rétribué, rien que du fait que mes retranscriptions m’ont donné l’occasion de cette petite réflexion ! ;o)

Voilà. A bientôt ! ;o)

Partager :

Contact

Contactez Paul Jorion

Commentaires récents

Articles récents

Catégories

Archives

Tags

Allemagne Aristote bancor BCE Bourse Brexit capitalisme centrale nucléaire de Fukushima ChatGPT Chine Confinement Coronavirus Covid-19 dette dette publique Donald Trump Emmanuel Macron Espagne Etats-Unis Europe extinction du genre humain FMI France Grèce intelligence artificielle interdiction des paris sur les fluctuations de prix Italie Japon John Maynard Keynes Karl Marx pandémie Portugal psychanalyse robotisation Royaume-Uni Russie réchauffement climatique Réfugiés spéculation Thomas Piketty Ukraine ultralibéralisme Vladimir Poutine zone euro « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »

Meta